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GESCHIEDENIS DER KRUISHEREN
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A. DURAND, Le prieure de Saint-Ursin . Dr. J. M. HAYDEN, Th ugland T. J. GERITS, De Y
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France .
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KRONIEK. (1961-61) .:....•".
TWEEENTWINTIGSTE 19 6 4
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91
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119
CLAIR-LIEU"
iedenis der Rruishereti Verschijm la, ■,■/• jaar op ongeveer Ptjftig bladzijden per nummer ; of eenmaal Op ongeveer honderd bladzijden. Ariikels en mededelihgen adn de redaktie gelieve men te zen'deii aan Dr. A. Ramaekers, Penitentienenstraat 1.5, Leuven; voor de rnbrnk
ltTeksten" aan Dr. A. van Asseldonk, I rue de Crehen, Hanntit (Liege).
Geschiedkundige Kring ,,Clair-Lieu",
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Dr. J. Michael HAYDEN, University of Detroit, 4001 West McNichols Road, DETROIT 21, Michigan, U.S.A. Eerwaarde
Heer
Trudo
J.
GERITS,
o.
praem.,
Abdij,
Belgie.
Cum permissu Superiorum et Ordinarii
AVERBODE,
CLAIRLIEU TIJDSCHRIFT
GEWIJD
AAN
DE
GESCHIEDENIS DER KRUISHEREN
TWEEENTWINTIGSTE 19 64
JAARGANG
LICHTLAND
—
DIEST
LES CROISIERS AU MAINE
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN A LIGNIERES-LA-DOUCELLE (Mayenne)
LES ,,PERES CROISIERS" EN FRANCE
Inutile de chercher a l'heure actuelle un ,,Croisier" en France; alors que cet Ordre religieux possedait une douzaine et demie de prieures en ce pays dans les siecles passes, la Revolution Frangaise a tout balaye sur son passage. Inutile egalement de chercher un Frangais qui soit ,,Croisier", malgre l'essor de l'Ordre ces dernieres decades. Avant
de
nous
attarder
sur
les
„Croisiers
dans
1'Ouest de la France", et specialement sur ceux du prieure de Saint-Ursin, a Lignieres-la-Doucelle, dans la Mayenne, il est bon de dire quelques mots sur Torigine et le developpement de l'Ordre des Croisiers, connu presque uniquement dans nos regions par l'indulgence dite des ,,Peres Croisiers" *. L'histoire de l'Eglise presente plusieurs institutions religieuses dont les membres portent le nom de croisiers (cruciferi, crucigeri). Ce sont geographiquement: les Croisiers de Jerusalem ou chanoines reguliers du Saint-Sepulchre, fondes en 1114 ; les Croisiers 1 Une indulgence de 500 jours a £t£ accordee par Leon X, le 2o aout 1516, a tout fidele, chaque fois que, faisant usage d'un chapelet beni par le g6ntol de l'Ordre des Chanoines reguliers de Sainte-Croix, il r^citerait d^votement un Pater ou un Ave. En vertu d'un resent est attachee ipso facto aux chapelets reliques de la Terre Sainte. Cfr. A. Diet, de droit canonique,, t. 4, Paris,
du 23 rnai 1921, l'indulgence des Croisiers mis en contact avec les Lieux Saints ou les Ramaekers, L'indulgence des Croisiers, dans
1948, col. 814-816.
portugais ou chanoines reguliers de Sainte-Croix de Coimbre
(1131); les Croisiers italiens institues comme ordre hospitalier (1169) ; les Croisiers de Boheme avec 1'etoile rouge (apparus en 1323) ; les Croisiers polonais, porteurs d'un cceur de couleur rouge (1236) ; les Croisiers beiges (1211), qui nous interessent presentement.
Axent leur devotion sur la Sainte-Croix et sont d'origine plus recente : la Congregation de la Sainte-Croix de la Propagation
de la Foi, fondee en France en 1622 ; la Congregation des clercs dechaux de la Croix et de la Passion (Passionistes, reconnus en 1769) ; enfin, les Pretres de Sainte-Croix, institues a Sainte-Croix, pres du Mans, en 1833.
Saint Louis qui intervint dans l'etablissement des
crosiers a Paris
L'Ordre qui nous interesse est le seul, au sens strict, qui soit d'origine beige, et E. de Moreau,2 a raison de dire qu'il est le plus desherite quant a la documentation qui le concerne, et nous pouvons ajouter, specialement en ce qui touche la France.
Les documents placent l'origine en 1210 ou 1211, quelques-uns en 1230. Celui que la tradition la plus courante attribue comme
fondateur est le bienheureux Theodore de Celles, du nom de sa localite natale : Celles-lez-Dinant, dans la principaute de Liege. II prend le chemin de la troisieme croisade en 1189, en compagnie de l'eveque de Liege, Raoul de Zahringen, et y fait la connaissance
des Chanoines du Saint-Sepulcre de Jerusalem. Chanoine a Liege depuis 1191, Theodore de Celles part en 1209 pour le Midi de la France, afin d'y precher la Croisade contre les Albigeois ; la, il gagne 1'amitie de saint Dominique. De retour au pays en 1210, il abandonne sa prebende et se retire a CLAIR-LIEU, pres de Huy (Belgique), avec cinq compagnons, vivant avec eux comme chanoine regulier et prechant la Croix dans les environs. La fondation de l'Ordre, a Clair-lieu (diocese de Liege) est approuvee le 3 mai 1216 ; mais ses constitutions, d'apres celles redigees par saint Raymond de Pennafort, ne le sont qu'en 1248.
Trois periodes sont a considerer dans 1'histoire generate de l'Or
dre des Croisiers :
a) - Lexpansion, 1248-1517
De Clair-Lieu, l'Ordre se repand rapidement en Belgique, en
France, en Angleterre, en Allemagne et en Hollande.
Nous arretant seulement aux fondations beiges et frangaises, voici, selon le Dictionnaire d'Histoire et Geographie Ecclesiasti-
ques, le nom des prieures Croisiers3 :
* E. de Moreau, s.j., Histoire de I'Eglise en Belgique, III, p. 462
3 M. Vinken, art. Croisiers, dans Diet. d'Histoire et de Geographie lecelesiasti-
ques t. 13, Paris, 1956, col. 1042-1061 - Sur 1'Ordre des Croisiers, voir aussi •
A Ceyssens, art. Regie des Croisiers, dans Diet, de droit canon*que, t. 4 Paris* 1948, col. 799-814 ; M. Vjkken, art. Croisiers, dans Diet, de Spirituals aseetique
et mystique, t. 2, Paris,
1953, col. 2561-2576 ; Catholicisme. Hier, aujourd'bui
domain, Paris, t. 2, 1949, col. 915 ; t. 3, 1952, col. 321. - Sur les prieures croisiers, voir : L H. Cottineau, Repertoire Topo-bibliographique des Abbayes
et Prieures, Macon, 1939 (mais incomplet et beaucoup d'erreurs, cfr. Clairlieu, '• o
\-*--'^^'/> p» 82}.
6
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
BELGIQUE:
Clair-Lieu (Huy)
1211-1796
Namur La Chantoire (Verviers)
1249-1779 1250-vers 1400 (?)
Liege Tournai Suxy (prov. de Luxembourg) Virton (prov. de Luxembourg). Kerniel (prov. de Limbourg) Maaseik (prov. de Limbourg)
1273-1796 1294-1784 1286-1796 1366-1796 1438-1796 1476-1796, restaure en
1855
Dinant Louvain
1490-1796 1498-1617
FRANCE:
Toulouse-saint-Orens Paris, Rue de la Bretonnerie
12 56-1789 1258-1789
Caen (Calvados, diocese de Bayeux), avant 1290-1789, etant donne que les religieux de Saint-Ursin proviennent de ce couvent, malgre la date de 1375, donnee par le dictionnaire precite.
Condren-Saint-Eloi, (Aisne, Arr. de Laon, diocese de Noyon), 1280-1487. Chauny (ou Chaulnes), (Aisne, Arr. de Laon, dioc. de Noyon), ...-1789. Ces deux prieures, situes pres Fun de l'autre, se sont unis au 15° siecle. Banet (Nord) 1292-av. 1596 Saint-Ursin (Mayenne, Arr. de Mayenne, diocese du Mans), 1302-1770. Le dictionnaire ne donne aucune date sur Saint-Ursin, tandis que le premier historien des Croisiers, Henri Russelius,4 indique celle de 1366 pour la 4 Chronicon Crucrferorum she Synopsis memorabilium sacri et canonici ordinis
sanctae cruets, auctore R.P.F. Henrico Russelio, pr'tore Succiacensi ord. sanctae cruets, Coloniae apud Henricus Kraft, 1635 (Succiacensis : Suxy en Luxembourg ; Coloniae :
Cologne
en
Allemagne).
Ouvrage
de
(XXIV)-203
pages
en
latin,
r£imprim£ en photo-offset par les soins du Monastere Sainte-Helene d'Amersfoort, Hollande, en 1964. - Autres ecrits plus recents sur les origines : H. van Rooijen,
De oarsprong van de Orde der Kruisbroeders of Kruisheren, Diest, 1961 ; ID., Les origines des Croisiers, dans Bulletin de la Soeiete d'Art et d'Histoire du Diocese de Liege, Liege, t. XLII, 1961, p. 87-113 ; E. DE Moreau, s.j., Origine des Croisiers beiges, dans Clairlieu (revue consacree a l'histoire des Croisiers), Diest, t. 3, 1945, p. 7-12.
LES
,,PERES CROISIERS"
EN
FRANCE
7
fondation de Saint-Ursin et 1357 pour Sainte-Croix de Caen: Conventus Cadomensis in Normannia, 1357; S. Ursini, dioec. Cenomanensis, 1366. Salvias (Diocese de Sarlat} apr. 1317-av. 1596 Laine-aux-Bois (Aube, Arr. de Troyes, diocese de Troyes) 1343-1670.
Salignac, (Dordogne, Arr. de Sarlat, diocese de Cahors) 5 1337-... ?
Carignan, (Ardennes, Arr. de Sedan, diocese de Treves) 1346-1789. Saint-Georges de Saint-Pere (Cotes-du-Nord, Arr. de Dinan, diocese de St-Malo) 1346-1789. Varenne-sur-Allier (Allier, Arr. de la Palisse, diocese de Clermont) 1391-1789. Buzangais (Indre, Arr. de Chateauroux, diocese de Bourges) 1419-1789. Lannoy (Nord, Arr. de Lille, diocese de Tournai) 1474-1792. Le Verger, Seiches (Maine-et-Loire, Arr. de Bauge, diocese d'Angers) 1493-1790. Wateny (Nord) 1490-1534
Verteillac (Dordogne, Arr. de Riberac, diocese de Perigueux), fonde seulement au I6me siecle. Soit une douzaine et demi de couvents ou prieures disperses en France, la plupart dans les regions desertiques, mais dependant
de trois villes principales ou eurent lieu les premieres fondations : Toulouse, Paris et Caen.
Faute d'etudes sur les prieures frangais, les dates que nous
donnons peuvent fort bien ne pas etre tout a fait exactes, et en general elles ne correspondent pas avec celles donnees par l'historien Russelius. Voici ce qu'il dit les fondations frangaises : Con ventus Tholosanus (Toulouse), 1248; Condrensis S. Eligii (Condren-St-Eloi), 1280; Parisiensis cum reliquis in Francia (Paris), 1281 ; Banetensis (Banet) dioec. Monensis, 1292; Lanis ad nemus (Laine-aux-Bois), dioec. Trecensis, 1343; S. Georgii (SaintGeorges) prope Trediar in Brittania, dioec. Maclouiensis, 1366; Sahiacensis (Salviac) dioec. Sarlatensis; de Warenis (Varennes) 6 II est possible que Salignac et Salviac soient le meme prieure. Russelius
ne parle que de Salviac ; le DJi.G.E. parle des deux.
8
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
dioec. Claremontensis; Calniacensis (Chauny) in Francia dioe. Nouiomensis, 1487. II est aussi question de Viridarii in Francia, 1490. Est-ce le Verger ?
La plupart des prieures allemands sont fondes entre 1300 et 1500 ; un certain nombre disparaissent en 1802 et 1804, les derniers en 1811-1814. La premiere fondation neerlandaise a lieu a Asperen en 1315, mais les prieures hollandais naissent surtout au 15me siecle et plusieurs disparaissent deja au I6me. Au bout
de trois siecles, l'Ordre compte environ quatre-vingt maisons et pres de quinze cents membres. Parfois, aussi bien en Allemagne qu'en France, - Saint-Georges a Saint-Pere et Saint-Ursin a Lignie-
res-la-Doucelle pour ne parler que de l'Ouest, - les Croisiers pren-
nent en charge des maladreries ou leproseries. Au moment du schisme d'Avignon, l'autorite de l'Ordre des Croisiers est fortement ebranlee : les couvents frangais prennent parti pour Clement VII; les autres maisons, Huy y compris, se
rangent aux cotes d'Urbain VI.
b) - La decadence exterieure, 1517-1840 Vient la Reforme qui amene la stagnation totale, puis la deca
dence. En 1538, tous les couvents anglais doivent fermer leurs portes ; il en est bientot de meme pour quelques fondations neerlandaises et allemandes. Au I6me siecle, les maisons de France se retirent du reste de l'Ordre.
Grace a sa vigueur et en depit d'importantes difficultes materielles, l'ordre connait au temps de la Contre-Reforme
(17me
siecle) une nouvelle periode de splendeur. A la fin du 18me siecle la politique de Joseph II, puis la Re
volution frangaise et Napoleon reglent le sort de presque toutes les autres maisons. Depuis 170 ans, il n'est plus un seul Croisier en France, ni un Frangais croisier.
Au debut du IS)1™5 siecle, l'Ordre agonise : il ne reste plus que deux maisons, Sainte-Agathe et Uden en Hollande ; de plus, un arrete de Guillaume ler, roi de Hollande, interdit l'admission de novices.
c) - Le renouveau, 1840-...
Guillaume II leve cette interdiction le 28 novembre 1840. Les Peres Croisiers ne sont plus que quatre, quatre vieillards. L'Ordre
LES
,,PERES
CROISIERS"
EN FRANCE
9
se releve grace a Faction de Mgr Van den Wijmelenberg, devenu
maitre general en 1853, et compte une centaine de religieux a la
fin du 19me siecle. De plus en plus florissant a il denombre maintenant pres de 750 religieux d'abord en Hollande (treize maisons), Belgique Allemagne (cinq maisons) ; puis depuis 1910
partir de 1920, dans le monde, (sept maisons), aux Etats-Unis
(cinq maisons) ; 1920, une mission au Congo-Leopoldville (dio cese de Bondo) ; 1926, une autre a Java (diocese de Bandung) ; 1934, le Bresil (sept maisons) ; 1958, une mission en NouvelleGuinee. Une procure a ete installee a Rome en 1921. Le maitre general (depuis 1946, Mgr. Wilhelmus van Hees), habite Amersfoort en Hollande. Les Chanoines reguliers de la Sainte-Croix ou Croisiers ont adopte des le debut la regie de Saint-Augustin et leurs Constitu tions sont empruntees aux statuts dominicains. L'Ordre ne compte que des couvents ou prieures, avec a la tete un p r i e u r , autrefois elu a vie, et chaque maison pouvait, avec le permission du general, admettre des candidats au noviciat et a la profession, et fonder des filiales. A l'encontre des dominicains, les croisiers conservaient une certaine stabilite de lieu ; on faisait profession pour une maison determinee, mais au nom du general
et de
l'Ordre. L'Ordre de Sainte-Croix est un ordre exempt avec les trois voeux solennels.
L'Ordre fait penser aux Croisades : le nom, la fondation retour d'une croisade, la croix sur l'habit, et le fait que Tun leurs tout premiers couvents est fonde a Toulouse, au centre Theresie albigeoise. La devotion est tres rapidement centree sur Sainte-Croix et la Passion du Sauveur.
au de de la
Les Croisiers sont des chanoines reguliers accordant a Toffice
divin la priorite sur l'apostolat: avant la Revolution l'office est chante chaque jour et l'office nocturne a lieu a minuit. Les reli gieux jeunent et pratiquent l'abstinence la moitie de l'annee, et la coutume de l'abstinence les mercredi, vendredi et samedi de chaque semaine est encore conservee a Theure actuelle.
Ces chanoines reguliers ressemblent aux Mendiants dans 1'organisation juridique de leur vie religieuse ; cependant ils obtiennent en 1248 le droit de la possession des biens en communaute 'y
10
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
en 1318, ils possedent les privileges des Mendiants touchant la predication, la confession et la mendicite. Les couvents ne sont jamais une abbaye, mais simples prieures au gouvernement tres centralise. Tout en etant chanoines, les membres portent le nom presque exclusif de Freres (Fratres sanctae Cruets). Le costume des Croisiers comprend la tunique ou soutane blanche ; le camail, ceinture et scapulaire noirs ; une croix (pattee a extremites evasees) pectorale rouge et blanche sur le scapulaire.
La partie verticale de la croix est rouge et rappeile le sang verse
par le cceur du Christ; la partie horizontal^ blanche, en souvenir de l'eau jaillie de son cote a la suite du coup de lance. Ces quelques lignes sur les Croisiers vont mieux nous faire comprendre ce que fut l'Ordre, et quelles furent ses activites en France, specialement a Saint-Ursin. Jusqu'a present presque rien n'a ete ecrit sur les Croisiers fran-
gais, a part quelques etudes recentes : la fin du prieure de Ca-
rignan dans les Ardennes6, une notice biographique de Teveque
d'Avranches (1719-1746) Cesar le Blanc7, l'histoire du prieure
de Lannoy dans le Nord8. Ayant vu recemment par hasard les ruines de Saint-Ursin nous avons fait des recherches aux archives departementales de Laval, du Mans et d'Alengon. Surtout au Mans, la documentation s'est montree fructueuse, et l'idee nous est ve8 E. Fontaine, Mgr. Jacques Dubais et la Fin du Prieure de Carignan, dans Clairlieu, t. 8, 1950, p. 49-66. 7 L. Heere, Cesar Le Blanc OS.C, bisschop van Avrancbes 1719-1746, dans Clairlieu, t. 11, 1953, p. 30-35. 8]. van DEN Bosch, Le Couvent des Croisiers de Lannoy (1474-1792), dans Clairlieu, t. 13, 1955, p. 3-27 (edition corrigee et augmentee du meme article, paru dans Bulletin du Comite jlamand de France, Lille, 1954).
LES ,,PERES CROISIERS"
EN
FRANCE
11
nue alors d'ecrire Fhistoire du Prieure de Saint-Ursin. En juin 1964, une visite d'une semaine vers les couvents d'Amersfoort et de Louvain, nous a permis de mieux connaitre l'Ordre des Peres Croisiers, et de porter nos recherches un peu plus loin, sur VOuest de la France: Saint-Ursin, en Mayenne; Sainte-Croix de Caen, dans le Calvados ; Saint-Georges de Saint-Pere, dans les Cotes-du-Nord ; Le Verger, dans le Maine-et-Loire.
Filiale du couvent de Tournai, fonde en 1284, celui de Lannoy (1474-1792) est d'apparition assez recente en France. A la demande de Jean, seigneur de Lannoy, et avec l'autorisation de Ferry de Cluny, eveque de Tournai, Nicolas d'Harlem, Maitre General de l'Ordre Sainte-Croix (1473-1482), fonde Lannoy le 16 aout 1474. II est permis aux religieux d'avoir et sonner une
cloche; ils sont exempts ainsi que leurs domestiques de la juri-
diction du cure de Lys, quant a 1'administration des sacrements et a la sepulture. Leur eglise possede trois autels et un clocher, un cimetiere, un cloitre, le refectoire et tous les batiments claustraux. En principe le couvent est habite par cinq Peres ; ce nom-
bre pourra etre depasse en 1481, et les religieux sonnent trois cloches pour leur office divin. Au moment de la Revolution, pres de dix religieux seront encore a Lannoy. Si nous insistons sur ces quelques details, c'est parce qu'il n'en
sera jamais de meme pour les religieux de Saint-Ursin, toujours en butte et en lutte avec les Cures de Lignieres-la-Doucelle, forts jaloux de tous leurs droits et prerogatives. L'article cite nous permet de connaitre le portrait - le seul presentement connu de Croisiers frangais - de Charles Verier■, prieur des Croisiers de Lannoy de 1694 a 1704, et de nous figurer un peu ce que furent les moines de Saint-Ursin et du reste de la France.
Cette etude-ci sera la seconde sur les prieures de Croisiers en France, centree surtout sur Saint-Ursin de Lignieres-la-Doucelle.
Puisse-t-elle permettre a d'autres historiens locaux de pouvoir se pencher sur les documents - ils existent certainement - concer-
nant les differents prieures de France, faisant suite aux etudes tres serieuses ecrites ces dernieres annees sur les prieures de Croi siers en Allemagne.
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
12
LA MOTTE-FOUQUET
SAINT-PATRICE-du-DESER
L'Ermitage 8
Souchetay
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T
La#Patrici^re .St-Maurice
La
Bitouziere
SAINT-AIGNAN-de-COUPTRAIN
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La
Totiche
La/Touchefonilli^re
^pvBESNEI Le Moulin-Lassue
t
SAINT-URSIN
Aucun ouvrage n'a ete publie sur le prieure de Saint-Ursin. Les
seuls travaux dignes de valeur sont d'abord une notice manuscrite sur Lignieres-la-Doucelle,
ecrite vers
1865
par
M.
Hippolyte
Sauvage alors juge de paix a Couptrain, travail que nous avons
cherche tres longtemps, et que nous avons decouvert seulement le 12 septembre 1964, grace a Tamabilite de M. Rene Bansard, erudit
de la Ferte-Mace (Orne), a la bibliotheque municipale de cette ville*; puis l'article d'une page et demie que consacre le grand historien mayennais qu'est Tabbe Angot dans son Dktionnaire de
la Mayenne 2. Nous avons eu le bonheur de retrouver aux Archives Departementales de Laval un certain nombre de notes manuscrites du meme abbe Angot sur Saint-Ursin ou ses possessions. Le gros de la documentation se trouve aux Archives Departe mentales de la Sarthe, au Mans : le Chartrier de Saint-Ursin, confie en 1790 a M. Piales, avocat a Paris, et rendu par lui a la Chambre du Clerge du Mans. Le Chartrier s'est trouve reparti en trois depots: 1 M. Hippolyte Sauvage, ne a Mortain (Manche) le 4 avril 1823, ancient juge de paix a Couptrain (Mayenne), decede a Paris plus que nonagenaire, a
2 Dktionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, quatre
forts volumes, Laval, Goupil, 1900-1910. Art. Saint-Ursin, III, 680-681 ; IV, 861.
14
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
*- aux Archives de la Sarthe, fonds municipal Lignieres; - au Cabinet Briere, au Mans ; - a la Bibliotheque des Sciences et Arts de la Sarthe. Bon nombre de documents sont alors passes dans la collection de l'abbe Esnault; deposees dans la suite aux Archives Departementales de la Sarthe, les collections Briere, Esnault et de la Bi
bliotheque des Sciences et Arts, au total plusieurs centaines de parchemins ou papiers du 15° au 18° siecles, font partie du fonds municipal de la ville du Mans, cote 802 bis- 181, tandis que cer tains elements de la collection Esnault sont alles vers la Biblio theque municipale de la Ferte-Mace, en particulier pieces des 14° et 15° siecles. On y retrouve bon nombre des originaux transcrits en 1510 par le Frere Guillaume Onfroy, prieur de Saint-Ursin, dans le
Quartenier et Censif de ce Couvent de St. UrsinQ et que nous appellerons communement Quartenier Onfroy, document capital pour connaitre l'histoire du prieure des origines jusqu'a cette date. Cest un manuscrit de 279 pages, d'une bonne ecriture, serree et soignee. La signature ONFROY se trouve a la page 253, avec
le nom des trois autres religieux et la date: Finis... anno 1510, 9 Le Quartenier Onfroy comprend quatre parties : 1° - Fondation, augmentations et appartenances a
Lignieres, pages
1
a 136.
(Fondation, chartes, 1-10 ; Courbesnu, Martiniere, Fosse-Gasnier, 10-20 ; Made leine, 21 ; Fondation, ratifications, 22-37 ; Confirmation papale, 38 ; Messes de fondation Louis de Rohan, 1507, 40 ; Fosse-Gasnier, 41-42 ; Terres des Maulnourieres, 45-51 ; Terres de la Gaumerie, 52-57 ; Terres de Jehan Hubert, 58-63 ; Clos des Hunaults, 64-65 ; Clos des Nooz,
66-71 ;
Autres
terres et rentes sur
Lignieres, 72-82 ; Boisseaux de ble sur le lieu de la Georgettiere, 83-86 ; Boisseaux sur la Vannerie, 87-88 ; Boisseaux sur la Godardiere, 89-90 ; Vannerie
et Godardiere, 91 ; Autres boisseaux de bl£, 92-102 ; Rentes pour pain benit, Touchefouillere,
103-104 ;
Barbelinge,
105-108 ;
Pre
de
Doucelle,
Benaischere,
109-110 ; Moulin La Sue, 112-114 ; Plingere, 114-115 ; Divers boisseaux de ble, 116-128 ; pages manquantes (dimes et ennuis avec les cures de Lignieres), 129-136).
2° - Appartenances de ,,Corpoutrain" (Couptrain) et metairie de la Madeleine,
pages
137
a
218.
(Clos au Savetier, de la Garenne, Pelet ; pres de la Chapelle, du Breil ; chapelle de la Madeleine et oblations ; droits d'etalages et foire de la Madeleine a Couptrain, etc..)
3° - Appartenances en la paroisse de ,,St-Kalles" (Saint-Caiais-du-Desert), pages 219 a 246. (La Frette, Pres du Fay, divers boisseaux, etc..)
4° - Appartenances a Saint-Leonard-des-Bois (Sarthe)
et la Pallu (Mayenne),
pages 247 a 253. Signature ONFROY, au bas de cette derniere page. Puis copie d'une autre Ecriture posterieure, de chartes omises ou nouvelles, ainsi : donations et messes, 254-262 ; possessions en la foret de Monnaie, 262-264 ; les Souchets, 268-269 ; les Vallees, 276-279.
SAINT-URSIN
15
prioratus dicti prioris \anno\ sexto. La redaction de frere Onfroy
se termine par ces mots : suppliant qu'il soit supporte en les defautes de cest ceupvre et en tous aultres, en faveur de vharite fraternelle, 30 juin 1310. A la derniere page, on peut lire : Ce livre avec sa table contient 146 feuillets ce 15 Xbre 1708... il le faut bien conserver... Cest un tresor pour cette maison et n'en faut permettre la lecture aux
gens du dehors, ny mesme aux indiscrets s'H y en avait dans la maison et ce pour raisons pertinentes.
Nous serons de ces indiscrets, nous moquant de ces ,,raisons pertinentes*' et frere Guillaume Onfroy, du haut du ciel, ne nous en voudra pas sans doute de livrer au public l'histoire de son cher Prieure de Saint-Ursin. Par la meme occasion nous tenons a dire toute notre gratitude a Monsieur Andre Bouton, Laureat de l'lns-
titut de France, President de la Societe d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, eminent historien du Maine, gardien du precieux manuscrit4, d'avoir bien voulu nous le communiquer, et a Mon sieur Henry Chanteux, archiviste-paleographe et directeur des Archives Departementales de la Mayenne, dont l'aide nous a ete tres utile pour dechiffrer de nombreux passages du Quartenier.
Manuscrit, petit in-folio de 280 pages, a la Bibliotheque de la Societe d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, au Mans, N° 3711 du Catalogue.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
I. - AU DEPART, UNE SOURCE CURATIVE ET DES ERMITES...
Saint Ursin n'est plus qu'un simple village de la commune de Lignieres-la-Doucelle1, canton de Couptrain, departement de la Mayenne. Avec Orgeres-la-Roche, Lignieres-la-Doucelle est la commune la plus septentrionale et orientale du departement, en somme une enclave dans la Normandie et le departement de l'Orne, qui l'entourent sur les trois quarts de son territoire, le dernier quart etant la foret de Monnaie qui l'isole completement, physiquement et humainement de la Mayenne. Saint-Ursin est situe a cinq kilometres sud-est du bourg de Lignieres, dans une clairiere entre la foret de la Motte (Orne) et celle de Monnaie (Mayenne), a cinq cents metres de la Norman die, sur le versant nord du synclinal de Basse-Normandie, partant
de la region de Mortain (Manche) a la foret de Monnaie, par les regions elevees de Domfront et Bagnoles-de-1'Orne. De tout temps, ce synclinal a ete couvert d'epaisses forets : de la Lande-Pourrie,
d'Andaine, de la Motte, de Monnaie, et plus loin d'Ecouves. Du point de vue geologique, la region de Saint-Ursin se trouve sur des terrains du debut de Tepoque secondaire : Tinfra-Jurassique (Lias), et l'emplacement du prieure a la limite de deux couches. Au nord-est, du gres de May; au sud-est, du gres liasique, avec
cinq niveaux differents de minerai de fer, separes entre eux par des schistes dits a Calymene Tristani. Ce qui explique les vertus curatives et therapeutiques de l'abondante source, dite de SaintUrsin, indiquee comme source thermale sur les anciennes cartes du Maine. Le ruisseau de Saint-Ursin, 810 metres de longueur,
rejoint la Gourbe dans le departement de l'Orne. Situe a 253 metres au-dessus du niveau de la mer, Saint-Ursin
fait partie d'une ligne de cretes, en general de plus de 300 metres,
et dont la plus haute est le Mont des Avaloirs, All metres, point 1 Lignieres-la-Doucelle, a 10 kms de Couptrain, 44 de Mayenne, 74 de Laval, ou existe deja une eglise au X° siecle (Linaria cum ecclesia 940-960, Actus Pontif. Cenom., p. 296), vaste territoire de 3.483 hectares, entre deux massifs, Tun au nord-est, Monthard (325, 370 metres), l'autre au sud, foret de Monnaie, (300, 321 metres). Un intendant de Tours signale les eaux mine"rales de Lignieres
en 1690. Population de 2.600 habitants en 1803 ; 2891 en 1841 ; 2.392 en 1871 ; 1.620 en 1898 ; 915 au recensement de 1962.
Charles Ferier
Prieur des Croisiers de Lannoy (1694-1704) (Peinture a I'huile, 0,93x0,67 sans cadre, chez G. Droulers, Lille)
SAINT-URSIN
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culminant de l'Ouest de la France, a une dizaine de kilometres
sud-est de Saint-Ursin, et place sur un autre synclinal. Ce pays des plus escarpes, des plus boises, touristique au demeurant, que Ton appelle communement le Desert*, n'etait pas sans
attirer des ermites, desireux de beaux paysages, de solitude et de priere, desireux egalement de christianiser une region paienne ou etait tenace la croyance aux fees (Bagnoles de l'Orne, Orgeres-laRoche, Carrouges)3. A treize kilometres a l'ouest, il y eut Saint Ortaire a Bagnoles, cite thermale fort connue pour la guerison des phlebites et mala
dies de la circulation. Deja saint Ortaire etait invoque pour la guerison des rhumatismes et de la lepre. De bonne heure, il y eut des ermites pres de la source bouillonnante et dediee a une divinite paienne, sise a Saint-Ursin, christianisee par eux. Dans la chapelle de Saint-Ursin, elevee dans la suite, il y avait trois statues : saint Ursin, saint Come et saint Damien. II est curieux de remarquer que deux furent medecins. Le docteur Dom Fournier, benedictin de Solesmes, les a notes sur la liste des saints medecins martyrs, dressee d'apres les Ada
Sanctorum: Saint COME et son frere Saint DAMIEN confessent la foi au troisieme siecle. Us etaient appeles les Saints Anargyres (Anarguros, sans argent, sans honoraires), parce qu'ils pratiquaient la maxime evangelique gratis accepistis, gratis date.
C'est Pitard, issu d'une famille Bas-Normande bien connue dans le Passais, chirurgien du roi Saint-Louis, qui a pris Initiative de * Le pays du Desert est a cheval sur l'Orne et la Mayenne. Les communes
voisines de Saint-Ursin temoignent du caractere desertique ou boise de la region : Saint-Patrice-du-Desert, Magny-le-Desert, Joue-du-Bois, Saint-Ellier-les-Bois, SaintMartin-des-Landes, dans l'Orne ; Saint-Calais-du-Desert dans la Mayenne. Face a Saint-Ursin, au-dela du ruisseau de Cadin, a trois kilometres et sur le territoire d'Orgeres-la-Roche, se trouve la Roche d'Orgeres, amas considerable de gres entremets de broussailles, qui constituent une des curiosites naturelles du pays. La fee Quasnon y habitait au temps jadis dans une grotte avec ses compagnes. Elle ecoutait tous les vaux. Un ouvrier perdait-il son outil, une menagere un de ses ustensiles ? L'un et l'autre n'avaient qu'a dire : Ah ! si j'avais celui des fees de la Roche ! II etait exauce. Le laboureur qui manquait pour le lendemain d'une paire de boeufs pour son labour, allait a la Roche la veille au soir, faisait sa demande a haute voix, et le matin venu trouvait dans son champ deux boeufs noirs, infatigables, auxquels il ne fallait donner aucun nom sous peine de les voir devenir retifs, et qu'il ramenait le soir aux fees, laissant une
piece de monnaie sur le joug.
(H. Sauvage, notice manuscrite sur Orgeres ;
Angot, Diet, de la Mayenne, III, p. 425-6).
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
reunir les chirurgiens dans une corporation, et de donner pour
patrons a la confrerie, saints Come et Damien. Avait-on attribue des le debut des proprietes curatives a cette source sur laquelle on avait construit le pignon de la chapelle ? L'eau, d'apres les habitants du village, meme epandue dans les prairies environnantes, ne gele pas pendant Thiver 4. Avant nous, tous les historiens locaux mayennais et en particulier le docteur Morisset ont cru que Saint Ursin etait egalement
medecin, martyrise a Ravenne sous Neron en Tan 67. De fait,
le martyrologe romain nous donne a la date du 19 juin : Ravennae Sancti Ursicini, martyris. Le meme martyrologe indique par ail-
leurs deux autres Ursinicus, Tun et l'autre eveques, aux 24 juillet et ler decembre. Regulierement Ursinicus devrait donner Ursinien, et la source aurait alors pour nom, saint-Ursinien.
Saint-Ursin ne peut provenir que du mot Ursinus, et en feuilletant le martyrologe nous n'avons trouve qu'un seul saint de ce
nom, eveque de Bourges (Ursinus, episcopus Bituricensis), dont
la fete est celebree le 9 novembre: Apud Bituricos, sancti Ursini
Confessoris, qui Romae ordinatus a successoribus Apostolorum, primus eidem Urbi destinatur Episcopus; saint Ursin, premier eveque de Bourges, ordonne par les successeurs des Apotres, en somme Tun des premiers apotres de la Gaule. Et si nous feuilletons les Vies des Saints des Bollandistes5, nous apprenons que saint Ursin fut eveque de Bourges au second ou au troisieme siecle, que son corps fut retrouve en Fan 558 et la translation faite le 29 decembre de la meme annee a l'abbaye Saint Symphorien, pres de Bourges. Une seconde translation eut lieu le 14 juin 1239, et la fete fut denommee Saint Ursin des Roses en France (14 juin). Depuis cette date, notre saint repose a la cathedrale de Bourges.
Son culte a du s'etendre rapidement en Normandie : il est le second patron de la cathedrale de Lisieux, fete solennellement le 14 juin avant la Revolution ; il Test egalement a la cathedrale de Bayeux aux dates du 17 juin et 29 decembre. Nous verrons que le
p.
4 Docteur Martial Morisset, Voyage autour de la Mairie de Mayenne, Tome I, 169, Laval, 1931 avec deux photographies de la source et des statues de la
chapelle St-Ursin, prises a cette epoque.
5 Vies des Saints, Tome III, p. 404-405, £dit. de 1704.
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Saint-Ursin de Lignieres-la-Doucelle etait celebre le 11 juin, jour de la Saint-Barnabe. Les premiers ermites arrivent dans le pays du Desert au VIme siecle. Andre-Edgar Poessel6 cite pour cette region saint Antoine, saint Ortaire, saint Ursin et saint Patrice. Le premier ermite avait-il pour nom Ursin, que la piete populaire aurait transforme en SaintUrsin ; ou aurait-il donne au lieu, le nom de l'illustre eveque de Bourges ? La question reste a elucider. A un kilometre au nord, au-dela du ruisseau de Saint-Ursin, subsiste sur la commune de Saint-Patrice-du-Desert, un village nomme VErmitage. A la suite des invasions normandes, d'autres ermites ont du revenir sur ces lieux enchanteurs ; nous le savons par la premiere charte de fondation de Saint-Ursin en 1302 \ De bonne heure, ils se sont rattaches a l'abbaye de Beaulieu, de Tordre de SaintAugustin, fondee le 9 octobre 1124 dans la paroisse de la Made leine, au Mans, par Bernard de Sille, qui laisse en particulier sa terre de Saint-Fraimbault-sur-Pisse (Orne), franche et quitte de toute redevance. L'abbaye possede de nombreux prieures dans le nord-est de la Mayenne, specialement dans la region de Villainesla-Juhel. Disparue a la Revolution, l'abbaye a fait place au Couvent du Bon Pasteur, au Mans8.
6 Andr£-Edgar Poessel, L'Orne et I'Histoire, Editions Essor, 1963, p. 78. 7 Quartenier ONFROY, 1-2. Voir pieces justificatives.
8 Bibliographic : F. Legeay, Documents pour servir a Vhhtoire de I'ancienne abbaye de Beaulieu, Le Mans, Monnoyer, 1888 ; Froger, Inventaire des litres de I'abbaye de Beaulieu, 1124-1413, Le Mans, 1907.
\
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
II. - ...ET LA FAMILLE DE DOUCELLE
Directement vassale des Vicomtes du Maine, la famille de Doucelle\ lignee d'antiques chevaliers eut peut-etre son role plus important dans le Haut-Maine que dans la region du Desert; cependant par alliance ou par infeodation, elle y possede de grands domaines et une influence considerable. Les trois premiers degres sont les plus historiques, et les mieux connus, grace au Cartulaire de Saint-Vincent du Mans. Les de Doucelle obtiennent la suzerainete de la foret de Pail, sont plus puissants que la famille de chevalerie voisine de Prez. Ce qui est surtout a noter dans Thistoire des de Doucelle, cest le grand nombre d'eglises qu'ils possedent: ils ont celle de Dou celle (Sarthe) de l'eveque Avesgaud, par intermediate; les eglises de Saint-Longis (Sarthe), de Saint-Calais, du Ham et de Lignieres-la-Doucelle en Mayenne, par donation ou alliance. Les sieurs de Doucelle possedent a Saint-Calais-du-Desert, sur la rive droite de la Mayenne, tres escarpee, un chatelier imposant
face a la Normandie, dont les retranchements et les fosses sont assez bien conserves. D'apres les recherches de M. le vicomte Menjot d'Helbenne, les de Doucelle avaient un ecu charge d'une croix ancree.
- le premier connu est Herve de Doucelle (av. 1050-av. 1068). - le second, Guillaume 1° de Doucelle (av. 1068-1080), admis par les moines de Saint-Vincent a la profession religieuse in ex tremis.
- le troisieme, Guillaume II de Doucelle (1080-apr. 1098).
- puis, ce sont des noms isoles, sans precision sur le lien 1148, 1187 ; Raoul de Doucelle, 1148, 1178 ; Guillaume de Doucelle, 1195, 1212, 1244 ; genealogique, tels Herve de Doucelle, Philippe de Doucelle, chevalier.
- enfin, le dernier connu, Guillaume de Doucelle, executeur testamentaire de Guy VIII de Laval en 1295 et le fondateur du prieure Sainte-Croix de Saint-Ursin. On lui connait deux filles :
Tiphaine, epouse de Gauguelin, sire de Ferrieres, et de Bernard de 1 Abbe A. Angot, Genealogies feodales mayennaises du XI° au XIII0 siecle,
Laval, 1942, pages 126-135, Famille de Doucelle.
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la Ferte, auxquels elle communique le privilege des sires de Doucelle de porter l'eveque du Mans a son intronisation, fonction jalousement conservee dans les families feodales les plus anciennes ; Jeanne, femme de Patry de Chourses. Guillaume est le frere de Nicolas de Doucelle, chanoine de Saint-Simplicien, a MartigneBriant (Anjou). Autant de noms que nous allons retrouver dans les premieres annees de vie de Saint-Ursin. La famille de Doucelle possede la seigneurie et chateau de Resne2, a partir du XIm* siecle, a titre de sous-infeodation des barons de Mayenne. Cette seigneurie est situee sur le versant nord de la foret de Monnaie, a deux kilometres au sud de Lignieresla-Doucelle, a trois a Test de Saint-Ursin. A mi-chemin entre Resne et Saint-Ursin, la famille de Doucelle fonde le prieure de Saint-Maurice de Resne, donne a l'abbaye de Tyron, dans le Perche, fondee en 1109 par saint Bernard de Tyron, ancien ermite des collines du synclinal de Basse-Normandie. II n'est pas du ressort de cette etude de faire l'histoire de Saint-Maurice; notons seulement que le prieure est confirme a Tyron en 1147 par le pape Eugene III, et a nouveau en 1175 par Alexandre III. La chapelle
du prieure sert encore au culte en 1636, et le nouveau titulaire la
trouve toute demolie en 1723 3.
Les seigneurs de Resne, protecteurs de Saint-Ursin, conservent la chatellenie par lignee feminine : on y voit ainsi, Bernard de la Ferte, Jean d'Usage, Guillaume de Montauban, puis des 1480, Louis de Rohan, epoux de Marie de Montauban.
Les de Rohan, puissante famille de Bretagne, sont intimement meles aux grands evenements de l'histoire de la province (allies aux du Guesclin), de la France (affaire du Collier de la Reine) et de l'Eglise (eveques et cardinaux). On les retrouve dans l'histoi re et la fin de Saint-Ursin ; dans la fondation et l'histoire du prieure de Sainte-Croix du Verger, dans le Maine-et-Loire. Peutetre des recherches sur les autres prieures de Croisiers de France les feraient-ils reapparaitre a la surface. Sur la chatellenie, les seigneurs de Resne, commune de Lignieres-la-Doucelle, ainsi que le prieure et les prieurs de Saint Maurice, cf. Angot, Diet, de la Mayenne, III, 401-402 ; IV, 776. Seules des douves subsistent autour de 1'ancien chateau, le long de la riviere dite la Doucelle ou le TilleuL
3 Ecclesia. Sancti Mauricii juxta Cortpoltrain, 1147 (Cartulalre de Tiron, t. II,
p. 62). Simple village d'une dizaine de feux, sur la route de Couptrain.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
III. - FONDATION DE SAINTE-CROIX DE SANT-URSIN (1302)
La
famille de Doucelle a-t-elle participe
aux Croisades ?
L'histoire ne permet pas de l'affirmer, mais la chose est tres possible et meme plausible, quand on songe que ces chevaliers pensent a un Ordre issu des Croisades pour Tun de leurs ermitages en foret de Monnaie. Cest sur Intervention du roi saint Louis, apres la 7me croisade, que les Croisiers ont fait leur apparition a Paris, au prieure Sainte-Croix, rue de la Bretonnerie, en 1258. Le couvent Sainte-Croix de Caen est fonde dans les decades suivantes, certainement avant Tan 1290, puisqu'en 1291 les Freres
de Sainte-Croix de Caen regoivent du Pape Nicolas IV des indul gences a gagner par les fideles dans leur eglise aux fetes de saint Augustin, de saint Thibault (patron de la maison-mere de Huy) et de la sainte-Croix\ Une rue des Croisiers existe toujours a Caen.
Guillaume de Doucelle fait done appel au couvent de Caen d'ou Ton tire quatre religieux pour Saint-Ursin. Mais l'ermitage depend de l'abbaye de Beaulieu, et n'est pour elle qu'un domaine eloigne et improductif: 1'acheter est done chose relativement fa cile. Les religieux de Sainte-Croix s'adressent d'abord a Robert de Clinchamp, eveque du Mans (1299-1309), pour avoir son assentiment, sans pouvoir en obtenir un qui fut ecrit. En definitive, accord est conclu entre frere Egedius, humble abbe du monastere de Beaulieu, Teveque du Mans, et Guillaume de Doucelle, le lundi 10 septembre 1302 2. Moyennant une rente de 20 sols, assise en bon lieu pres du Mans, Guillaume obtient facilement le do maine de Saint-Ursin avec toutes ses dependances. Une note du
XVIIme siecle, ecrite a la suite de la premiere charte du Quartenier
Onfroy, dit en substance: Les religieux de Sainte-Croix habitaient cette maison aussitot apres cette acquisition de 1302. Cependant les Peres Croisiers n'ont pas d'existence officielle a Lignieres-la-Doucelle. Guillaume de Doucelle, chevalier, sire de
Resne la leur confirme le 5 juillet, mercredi apres la fete saint1 Henri van Rooijen, Les Origtnes des Croisiers, p. 97. 2 Yoir Pieces justificative, I.
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Martin d'ete, I'an de grace 1307*. Leur bienfaiteur leur assure la possession du manoir de S. Ursin, desservanz la chapelle acquis par echange de Gilles (Egedius) Gaudin, I6me abbe de Notre-
Dame de Beaulieu (vers 1300-vers 1325) ; il leur donne cent sols de rente sur sa prevote de Lignieres, moitie a la fete de Nostre Dame Angevine (8 septembre), moitie a chescune feste de Pasque; quatre chenes bons et suffisans a mesoner... a edijfier et apareiller la chapelle et la meson dudit lieu a prendre dans la foret de Monnaie ; douze pores francs et pessans, douze vaches a I'herbage franches, tout mort boys et toute branche volee. En contrepartie, les religieux de Saint-Ursin sont tenus a chan ter dans leur chapelle trois jours par semaine une messe pour la
remission de Tame de leur bienfaiteur, de Jehanne sa femme et de ses ancetres, sauf les mois de septembre et d'octobre, employes par les freres de Sainte-Croix a queter. En cas de depart des religieux de Saint-Ursin, le prieure retournera aux mains des descendants du sire fondateur. Le domaine comprend 25 journaux de terre pres du chemin d'Ecouche (Orne) a Couptrain. Les religieux ont droit de coustume, estalage, persage de tonneaux et autres vaisseaux, tant cidre
que vin, au jour et feste de Saint-Ursin (11 juin), et en toute assemblee qui s'y pourroit tenir. Le seul cure de Lignieres dont nous connaissions le nom au XIVme siecle est Lucas; ce n'est pas d'un bora ceil qu'il voit s'installer dans sa paroisse cet Ordre de mendiants, et en cela il
rejoint la fagon de penser de nombre de ses successeurs. Les re
ligieux n'obtiennnent leur existence canonique que le vendredi apres la Toussaint de Tannee 1316 (5 novembre), et e'est pour-
quoi bon nombre d'historiens manceaux ou mayennais font remonter la fondation de Saint-Ursin a cette annee-la4. Depuis longtemps les freres de Sainte-Croix s'adressent a Pierre
Gougeul, eveque du Mans de 1309 a 1326, et le supplient de bien vouloir les confirmer dans leurs possessions et les autoriser a * Voir Pieces jtistificatives, II. 4 Voir Pieces justificatives, III ; Dom PiouCN, Uistoire de I'Eglise du Mans,
Tome IV, pages 603-4, donne un extrait de la charte de fondation, publiee £galement dans le Pouille du Mans de 1677. Dom Piolin dit quelques mots sur
la fondation de Saint-Ursin, IV, pages 475 et 490 ; de meme, Le Paige, Dictionnasre, 1777, T. I, p. 275 ; ainsi que Antoine LE Gorvaisier de Courteilles, dans L'Histoire des Evesques du Mans, Paris, 1648, pages 559-566.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
celebrer les Saints Mysteres. Malgre les oppositions tres vives du cure de Lignieres, ils demandent de pouvoir faire une residence reguliere dans leur ermitage, persuades qu'ils pourront s'y livrer a tous les exercices de leur piete, sans nuire en rien aux attributions
curiales.
L'Eveque leur donne un reglement qui determine les conditions dans lesquelles chaque partie devra a 1'avenir se tenir retranchee. Sur presentation de Guillaume de Doucelle, deux chanoines de Sainte-Croix seulement devraient desormais resider dans l'ermitage, Les religieux sont astreints, en ce qui regarde Texercice du culte,
a une foule de restrictions ayant pour but de sauvegarder les pre
rogatives du cure de Lignieres.
Cest ainsi qu'ils ne pourront jamais celebrer les dimanches et jours de fete avant l'heure de tierce, dans leur chapelle, ni y avoir de cloche suspendue; interdiction leur est faite de benir solennellement l'eau ou le pain, d'admettre des paroissiens de Lignieres aux sacrements ou a la sepulture ecclesiastique, y compris les serviteurs du prieure ou les religieux, sans solder au cure les droits accoutumes ; obligation est formulee aux religieux de verser integralement entre les mains du cure, les oblations faites dans leur chapelle ainsi que les dimes de leurs terres. Les religieux de Saint-Ursin auront du mal a se soumettre a un tel reglement, ce qui sera la cause frequente de chicanes et proces entre eux et la paroisse de Lignieres. Cependant Guillaume de Fontenay et Raoul Alain, pretres, profes de l'Ordre de SaintAugustin, religieux de Saint-Ursin, pretent entre les mains de
l'eveque le serment d'accomplir les devoirs de toutes leurs pres criptions et ils en regoivent immediatement leur investiture. Restent les confirmations papale et royale. La premiere est donnee par Jean XXII, pape en Avignon, aux kalendes d'octobre 1319, quatrieme annee de son pontificat (1316-1334)5; la seconde, par Philippe de Valois, au Gue-de-Mauny6, le ler fevrier 1327. Philippe de Valois devient Roi de France de 1328 a 1350 sous le nom de Philippe VI le Hardi, et avec lui debute la Guerre de Cent Ans. Saint-Ursin n'etait plus sous la domination des rois d'Angleterre depuis l'annee 1204. 8 Voir note pre"c£dente.
6 Manoir et chapelle royale au Mans. Le chapitre royal du Gue*-de-Mauny, fonde en 1329, a ete reuni en 1741 a celui de Saint-Pierre-de-la-Cour, au Mans.
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IV. - DOTATION ET PRISE EN CHARGE DE LA LEPROSERIE DE COUPTRAIN
(Chapelle de la Madeleine), 1302
On designait autrefois sous le nom de Maladrerie ou de Caquinerie, l'hopital des lepreux, situe autant que possible assez loin
de la demeure du seigneur. La lepre, maladie contagieuse a allure chronique, qui envahit la peau et les muqueuses et affecte souvent le systeme nerveux, est d'origine asiatique. Introduite en Gaule par les armees romaines et les invasions musulmanes, elle
se developpa en France, a la suite des fameux pelerinages en Terre Sainte qui se succederent du VIme au IXme siecles, et surtout
aux siecles suivants, apres le retour des Croises. La maladie sevit avec rage aux XIIme et XIIIme siecles, et ne s'eteint seulement dans la region bas-normande qu'au milieu du XVIrae siecle. La Maladrerie de Couptrain est la propriete de la famille de Lamboul, d'antique chevalerie, seigneur de Couptrain et proprietaire de la terre de Lamboul (actuellement Lamboux), situee a mi-chemin entre Saint-Aignan-de-Couptrain et Couptrain. La Ma
ladrerie, etablie pourtant aux portes de Couptrain, est situee sur le territoire de la paroisse de Saint-Aignan.
La famille de Lamboul porte: d'azut a 3 etoiles d'or en pal.
En 1301, Michel de Lamboul est au nombre des nobles protestataires contre les pretentions de Charles de Valois. Certains de ses
descendants, Robin et Huet de Lamboul sont ecuyers dans la
compagnie de Jean de Landivy, 1378 et 1386. Au cours de la seconde moitie de la Guerre de Cent Ans, Guillaume de Lamboul est bienfaiteur insigne de Saint-Ursin. Guillaume de Doucelle, seigneur de Resne, Lignieres et SaintCalais, qui vient d'acquerir de son voisin de Couptrain1, la matson de la maladrerie de Courputrain, sen trouve bien embarasse, et e'est sans doute la Toccasion pour lui de faire appel aux chanoines reguliers de Sainte-Croix, qui notamment en Allemagne gerent de tels etablissements. La leproserie n'est qu'a cinq kilo1 Quartenier Onfroy, p. 21-23 : le samedi feste de St-Martin d'Este (4 juillet)
1366, ratification de Tacquisition faite autrefois de la Madeleine de Couptrain
par Mr de Lignieres sur Guiot de Lamboul.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
metres de Saint-Ursin, de l'autre versant de la foret de Monnaie, assez pres des bords de la Mayenne naissante.
Done, le jeudi avant la Saint-Barthelemy de Fan 13022, les religieux de Saint-Ursin (il n'est pas precise dans l'acte qu'ils sont de Sainte-Croix) regoivent en heritage la Maladrerie de Couptrain, avec tous usages en la foret de Monnaie, branche volee et arbres morts, droits de pacage en foret pour leurs betes de la mi-janvier a la mi-avril, ainsi que trois chenes annuels. En retour, les ,,freres" de Saint-Ursin sont tenus a un service annuel pour le repos de Fame de Guillaume de Doucelle. Attenante a la Maladrerie, et assez pres du ruisseau toujours denomme le ruisseau au Ladre (un nom tres significatif !), existe une chapelle dediee a la Saincte Magdelaine. Les pauvres freres mendiants de VOrdre de Saincte-Croix de Saint-Ursin la regoivent en pure et perpetuelle aumone le mardi apres la Saint-Barnabe de Tan 1308 (18 juin). L'acte est passe a Resne en presence de Jehan de Sainte-Marie, ecuyer et de messire Pierre Ligoult, aumonier personnel de Guillaume de Doucelle. En plus du manoir, terre et appartenances, les religeux ont la faculte de choisir tous les ans en foret de Monnaie trois chenes pour 1'entretien de la chapelle ou des batiments de la leproserie3. Des actes posterieurs nous apprennent que les religieux sont tenus a la suite de cette dotation, a trois nouvelles messes par semaine pour la famille de Doucelle.
D'une fagon generale les actes du XIVmte siecle parlent de la leproserie ou maladrerie de Couptrain : Leprosaria ville de Com-
putronio, 1365 ; Maladrerie de Courpoutrain, 1366; Leprosori de Corputrain, 1408. Sur les copies du Quartenier de frere Guil laume Onfroy, ces termes sont remplaces par chapelle de la Magde laine, et il en est ainsi d'une fagon generale dans les actes du XVme siecle et au-dela. Tout porte a croire que les lepreux
disparurent au debut du XVme siecle, et que la chapelle de la Madeleine ne fut plus qu'une dependance du prieure de SaintUrsin4.
Pourquoi cette denomination de Madeleine ? Le culte de Saintea Voir Pieces justificatives, VII. a Voir Pieces justificatives, VIII. 4 Lieu de la Madeleine, Abb6 Angot, Diet, de la Mayenne, II, 743.
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Marie-Madeleine en Occident a ete etudie recemment par l'abbe Victor Saxer, docteur en theologie : il est curieux d'y remarquer qu'au Moyen-Age on place assez facilement les leproseries sous le vocable de la Sainte, soeur de Lazare, ressuscite par le Christ. Cela ne nous donne pas la raison de ce patronage. II faut la chercher dans le fait que TEvangile nous fait mention d'un autre Lazare, ^ssis pres de la maison du riche ; le pauvre Lazare, couvert
d'ulceres, au corps leche par les chiens. Le pauvre Lazare a pu etre confondu avec le Lazare ressuscite. Et Tauteur cite la leproserie d'Argentan (situee a une trentaine de kilometres de Saint-Ursin), placee sous le vocable de SainteMarie-Madeleine des 1226 ; il est jusqu'a une chapelle du titre de la meme Sainte, mentionnee en 1249, a la leproserie SaintLadre, a Huy (Belgique) : la ou a ete fonde l'Ordre des Croisiers ! 5
La dotation de 1302 et 1308 est confirmee le 26 septembre 1362 dans le testament de Tiphaine de Doucelle, fille du fondateur, mais en laissant la jouissance viagere de la chapelle a Guiot Halbrot, pretre, qui l'avait regue precedemment a ce titre de Bernard de la Ferte, son mari. Thiphaine de Doucelle laisse a sa mort vingt livres tournois sur ses terres de Saint-Calais et Lignieres-la-Doucelle pour messes pour elle et sa famille6. Quelques jours plus tot, le mardy avant la Nativite de NostreDame Saincte Mere (6 septembre), au chastel de Resne, en pre sence de Jehan de Louvigny, ecuyer ; Durand de la Fontaine; messire Robillon, pretre ; Beatrix Ferte et Guillemette de Belleau, ma damoiselle, elle donne au prieur de Saint-Ursin sa robe de sole et autres vestements pour etre convertis en ornemens a leur dicte yglise, comme chasuble, dalmatique pour prestres, diacre, 6 Victor Saxer, Le Culte de Sainte-Marie-Madeleine en Occident, 1959, p. '202 et 220.
6 Do et lego fratribus S. JJrsini per predecessores meos fundatis... in' totum jus... leprosarie ville nostre de Computronio, tamen post mortem seu demissioneffl Guidonis de Allebro (Guiot Halbrot) ...et quia dict't fratres S. Ursini non babere possunt de presenti... saisinam dicte leprosarie... volo quod incontinenti post decessum meum ad celebrandum tres missas (pro salute) doming et patris met et defuncte Alicie, sororis meae... percipiant summam XX livres turon. redditus, quindecim super omnibus redditibus no bis factis in parochia Sancti Karillefi (SaintCalais) et centum soldos... de IJgneriis la Doucelle. Collection Esnault, Arch, de
la Sarthe, fonds municipal du Mans, 802bis-181 ; traduction Quartenier Onfroy,
p. 27-28.
28
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
soub-diacre... Ladite dame decede en 1363, et le dymanche que Von chante en Saincte Eglyse: Cantate... de Fan 1365 (11 mai)<> Bernard de la Ferte trouve agreables les dernieres volontes de sa femme et les confirme en son chastel de Resne7. Le lieu de la Madeleine est enfin confirme aux religieux de Saint-Ursin par le Pape Gregoire XII, en 14088.
HABIT RELIGIEUX DES CROISIERS d'apres une miniature du 16e siecle
(Graduate de Joannes van Deventer, o.s.c. conserve au couvent de Saint-Agathe, Cuyk, Pays-Bas.)
7 Original parchemin, 22 X 12, et cachet, a la Bibliotheque municipale de la
Ferte-Mace. Quartenier Onfroy, p.
29-30.
8 Gregoire XII (1406-1417), pape oblige d'abdiquer en 1409. Datum Laterano ...februarii pontificatus nostri anno secundo, Quartenier Onfroy, p. 39-40.
SAINT-URSIN
29
V. - PRIEURS ET DOTATIONS DU XIVmle SIECLE
Aux XIVme et XVme siecles l'usage prevaut dans notre region
de commencer l'annee le jour de Paques; ainsi les annees varient en duree de onze a treize mois selon la date de Paques, et lorsque certains documents sont dates de mars ou avril, nous avons toujours trouve mentionne avant Pasques ou apres Pasques. Nous sommes oblige de retablir les annees reelles selon la chronologie qui suit: ainsi un acte date des premiers mois ou avant Pasques 1350, est en realite de 1351. En d'autres regions voisines de SaintUrsin, l'annee commence le 25 mars, jour de l'Annonciation, ainsi pour celle de la celebre abbaye de Savigny (Manche, aux confins de la Normandie, Bretagne et Maine), comme l'a remarque le tres erudit historien et archiviste Ernest Laurain, tandis que dans une bonne partie de la France l'annee debute le ler avril. Cest un edit de 1563-1564 du roi Charles IX qui la fait com mencer le rr Janvier; au Bas-Maine, il faut attendre 1567.
Le blason de Saint-Ursin: Le prieure porte d'azur au baton prieural d'or accoste des deux lettres S. U. d'argent1, ecu excessivement simple : baton du prieur et les initiales de 5aint-J7rsin, tandis que Fabbaye de Beaulieu est d'azur a un mouton d'argent pose sur une tenasse de sinople et surmonte d'un atgle qui le bequete sur la tete. ler Prieur: Guillaume de FONTENAY, 1316. Nous ne connaissons pas les noms des quatre premiers religieux de Sainte-Croix venus du couvent de Caen en 1302. Peut-etre y avait-il parmi eux Guillaume de Fontenay et Raoul Alain, signales dans l'acte de fondation canonique, 1316. 2me Prieur connu : Raoul CHRETIEN, 1350.
Comme pour le precedent il est impossible de donner les dates extremes de priorat; cependant les documents sont un peu plus loquaces sur les nouveaux legs et charges correspondantes s'ajoutant aux dons primitifs. ^ * D'H-ozier, Armorial general,
d'Alencon.
mss. Bibliotheque Nat.,
volume :
Generalite
30
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
Le vendredi apres la Saint Jacques et Saint Philippe 1333 (7 mai), Colin le Pronost, paroissien de Lignieres, vend a Robin Boessel, seigneur de Boulay2, vingt sous de rente ; ce dernier
la donne a Saint-Ursin avec obligation d'un anniversaite perpetuel pour le repos de son ame en 1339. Robin Boessel augmente bientot cette fondation avec une messe basse hebdomadaire, puis une messe mensuelle; l'anniversaire sera de trois messes et vigiles des Trepasses au jour Saint-Gervais d'ete (19 juin). Trente livres sont donnees en une fois au prieure, ainsi qu'une rente annuelle de soixante sous sur le lieu de la Gombaudiere, en Saint-Leonarddes-Bois (Sarthe). Apres proces et par sentence portee au Mans le 4 mars 1444,
la rente de 20 sous reste entre les mains du prieur, qui achete deux pieces de terre le 27 juillet suivant et que Philippe Bouvier, prieur, bailie le 11 mai 1450 a Gervaise Manson, de Lignieres 3.
Une donation importante est celle de fevrier 1347, en effet: en cour de Reisgne, par present noble homme et seigneur d'eglize misseir Nicolas de Doucelle, prebtre, chanoigne en l'eglize de Sainct-Simplice de Martigne-Briant,
(Maine-et-Loire)
sur l'archidiacone d'Outre-Loire,"
sont donnees
,,entre vifz
aux
religious dud. prioure les chouses qu'il ha soubs la sgrie de Resne :
- 12 journaux de terre es feages du Moulin La Sus, 2 journaux es lieux de la Beuneschiere,
-
6 journaux de pre, nomm£ le pr£ Doucelles,
- 5 sols a prendre a hault-Lignieres, sur la Buffeliere et la Tonnerie, - 3 sols sur la Vannerie, fermier Vannier, - 2 sols sur la Huttiere, fermier Huttier, - 2 chapons sur le lieu de Mesmelle, fermier Mesmel,4 pour que sa place de sepulture luy soit gardee en lour moustier et que eulx et leurs successours soient obliges dire par chescuns ans 48 messes basses en leur prioure a. l'intention dudit donnour... et specialement des sires Gme de Doucelle, son frere, sgr dudit lieu de Resne, lequel sire pour qu'il est fondateur dud. priour£ a consenty ceste donnaison. Faict le samedy apres la Chandeleur N. D.
Ian de
grace M CCC IIXX VI.
2 Commune du canton de Pre-en-Pail (Mayenne). 3 Quartenier Onfroy, pages 75 a 83. 4 Le journal, mesure de surface, vaut 40 ares dans le pays ; a l'epoque des defrichements des Xlllme et XlVme siecles, les fermes prennent le nom du
premier detenteur ; le Moulin-Lassue est une ferme de Lignieres, le long de la riviere la Doucelle, pres du Pre Doucelle, au pied de la foret de Monnaie, route de Pre-en-Pail ; la Vannerie est un village tres important de Lignieres, a. 1.500 metres de Saint-Ursin ; la Beuneschiere et la Buffeliere, villages depuis longtemps
disparus de Lignieres ; la Tonnerie est devenue la Tonderie, legerement en amont du Moulin-Lassue, disparue a une epoque plus recente tout comme le moulin de la Fonderie situe au meme endroit ; la Huttiere, village de Saint-Calais-duDesert; Mesmelle, lieu disparu, meme commune.
SAINT-URSIN
31
Un vidisse du testament fait en 1356 confirme cette donation le l8r mai 1357, Guy Marus etant archidiacre d'Outre-Loire5. Les pres de la Gaumerie sont aumones au prieure le samedi apres la Nativite N. D. 1349 (12 septembre), par Mace Gaumer et sa femme.
Le mardi apres la Saint-Barnabe 1350 (15 juin), Robert de Saint-Julien, ecuyer, donne par testament a frere Raoul Chretien,
prieur, et a frere Philippe Lamarchant, consort dud. prieur, 25 sols sur le moulin de la Pallu pour une messe chaque samedi en Thonneur de Dieu et de la Vierge Marie pour le remede et salut des ames desdits Robert et Jeanne de la Chapelle, son epouse ; pour l'amortissement de ces 25 sols, cette derniere cede tout ce que tient d'elle Robert Alixandre, et les rentes dues par Mace Gaumer et Etienne Druet6.
3m* Prieur connu : Nicolle Le COUSTELIER, 1373. Cest bien Nicolle Le Coustelier, alors que l'abbe Angot et Hyppolite Sauvage l'appellent Michel Le Coustelier, connu par le don en cour de Bourgnouvel le 3 mai 1373 de Guillaume Levaier, paroissien du Horps, qui laisse au prieur et au couvent 25 sols de rente par le prix de vint cinq frans dor et bon hor et
de bon pris dou coign dou roy, nostre sire et de la marche de france... a toute exception de fraude, de barot, de tricherie... au jour de mescredi feste saincte crouez en may, Ian de grace mil troys cen cessante et traize 7.
Nous avons deja fait connaissance de Tiphaine de Doucelle, a l'occasion de la Madeleine de Couptrain. Son premier mari, Gaugain de Ferrieres, chevalier, seigneur des Ferrieres8 et jadis de Doucelle, avait deja fait don de ses fiefs de Courbesnu et de la Martiniere, en Saint-Calais, vers les annees 1340 a 1350. Le jeudi apres Noel 1363 (28 decembre), Bernard de la Ferte, second mari et depuis quelques semaines veuf de dame Tiphaine, confirme les B Quartenier Onfroy, p. 257-259. 8 Quartenier Onfroy, p. 52-59. La Gaumerie, lieu disparu, sans doute de La Pallu, paroisse la plus voisine de St-Ursin. Le nom de famille Gaumer a naturellement donne Gaumerie.
7 Quartenier Onfroy, p. 57-59.
8 Les Ferrieres, au pied de la foret de Monnaie, proche Resne ; lieu inhabit^
ou Ton trouve quantite de scories de fer provenant d'anciennes forges.
32
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
aumones de messire Gaugain. Les fiefs de la Martiniere et de Courbesnu dependent desormais du prieur de Saint-Ursin 9. Parmi les liasses d'aveux sur parchemin, concernant ces deux fiefs, et actuellement aux Archives Departementales de la Sarthe, se trouve une piece noircie entierement indechiffrable, datee du
28 decembre 1357, et sur le dos de laquelle une ecriture du XV™* siecle indiquant ceci: Geoffroy Martin dormant tons ses biens aux religieux du Couvent de St-Ursin. Le 17 Janvier 1370, Laurent Fromont, pretre, abandonne ses terres de Lignieres (maisons, pres, bois, friches, patures, mares, etc.} au couvent et 50 sous de rente sur des terres baillees plus tard par les religieux a Michelle la Normande10.
Le mardi apres ]udica (apres la Passion), en 1374 (21 mars), Robin Cordon, sieur de Montguyon, fonde avec son frere Colin Cordon, de la ville de Couptrain, quatre messes annuelles
dont on ne retrouve plus trace en 1510, pour etre
enterres au couvent, et estre acuyllis, eux et Thomasse leur mere,
es bienfaiz, prieres et oraisons du moustier. Pour ce, les religieux regoivent quatre sous de rente et deux boisseaux de seigle, mesure de Couptrainia.
9 Quartenier Onfroy, p. 34-35. Archives de la Sarthe, fonds municipal du Mans, 802bis-181 : liasse de 27 aveux de la Martiniere avant 1572, et un bon nombre pour Courbesnu, ou le prieur de St-Ursin se deplace en recevoir
de
nouveaux.
Onfroy
de
Cour-Benu,
de
Curia Bernul,
1666 pour en
est
caution
du
don de l'eglise de Saint-Calais a 1'abbaye Saint-Vincent du Mans, 1098 (Angot, Diet, de la Mayenne, I, 777). 10 Original parchemin 28 X 18, avec sceau de cire noire du garde aux obli gations de la chatellenie d'Alengon, et cachet encre Anatole de Coetlegon, a la Bibliotheque municipale de la Ferte-Mace. Quartenier Onfroy, p. 72-75. 11 Quartenier Onfroy, p. 143-144. Montguyon, chateau, commune de Saulges (Mayenne).
SAINT-URSIN Restes
actuels
chevet
(au
de
premier
la
chapelle,
plan)
et
avec
la
la
maison
source
de
prieurale
Saint-Ursiii
au
(au
pLm
second
pied
a
de
son
gauche).
SAINT-URSIN
33
VI. - PRIEURS ET DOTATIONS DU XVm* SIECLE 4me Prieur : Nicole TOUCHARD, 1410.
Les donations en faveur de Saint-Ursin se rarefient au cours de la Guerre de Cent Ans, specialement entre 1375 et 1450. Le roi Edouard III d'Angleterre, debarque dans le Cotentin le 12 juillet 1346, ravage la Basse-Normandie avant d'aller battre le roi de France, Philippe VI de Valois, le 23 aout suivant a Crecy. En 1354, le Prince Noir fait un raid dans la region d'Argentan. Le Connetable Bertrand du Guesclin passe et repasse dans la region de Briouze, Argentan, Alengon a partir de 1357. En 1380, le pays du Desert, completement ravage, est libere de Ternprise anglaise. En 1417, une armee anglaise s'abat sur la region et s'en empare.
Si Jeanne d'Arc delivre Orleans le 8 mai 1429, en compagnie de hardis capitaines de la region, tels Ambroise de Lore, Robert de Carrouges, Jean de Gaulle (un lointain ancetre du General), le pays de Saint-Ursin vit toujours sous le joug anglais, et ce jusqu'en 1449 ou 1450.
Depuis 1410, le chapitre general des chanoines reguliers de Sainte Croix se reunit tous les ans a Huy, sous la presidence du prieur-general, celui de Huy. On s'y plaint de ne jamais y rencontrer le prieur de Saint-Ursin. La raison se trouve dans Tinsecurite reelle des voyages a cette epoque. Le chapitre general ordonne en 1464 que le prieur de SaintUrsin sera tenu d'aller tous les ans au chapitre de Huy, en Bel-
gique, ou a defaut, deputera le prieur du monastere de Caen et mettra ce prieur au fait d'etat spirituel et materiel de son mona stere \
Le prieur du debut du XVme siecle ne nous est connu que par
l'achat le 28 decembre 1410 des terres des Maulnorieres, sur Jeanne, veuve de Martin Guymard, paroissienne de Saint-Calais. Ces terres baillees a Jehan Maulnoury et a Martin Guymard le lundi fete Saint-Martin d'ete (4 juillet)
1408, sont affranchies de 20
sols de rente le 25 aout 1442 2. 1 A. v. d. Pasch, o.s.c, De Definities van de Generate Kapittels, 2 Quartenier Onfroy, p. 45-52. Les Maulnorieres, lieu disparu.
manuscrit
34
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
5me Prieur : Jean LUCAS, 1431.
Le 24 novembre 1431, Jehan Hubert, paroissien de Bais, mais seigneur de Montfriloux, en la Pallu, fonde une messe le lundi
de chaque semaine et une messe annuelle le jour Saint-Laurent (10 aout), et pour ce legue a frere Jehan Lucas, prieur et J. Bouvier, sous-prieur, ung domaine sis en la Haye-Giroudet, joignant dudit hostel de Saint Hoursin. Le don comprend 40 journaux de terre. II est amorti le 18 novembre 1457 par Olivier de la Chapelle, chevalier, seigneur de l'Eschine, Saint-Christophe-du-Luat et du Bois-Hamelin, a charge d'un denier a TAngevine a la recette du Bois-Hamelin3.
Jean LUCAS quitte Saint-Ursin pour le couvent de Caen, simple religieux mais gardant toujours le titre honorifique de prieur de Saint-Ursin. II est present en 1438 pour la ratification d'une donation faite aux Croisiers de Caen par Pierre Edouart, bourgeois de cette ville4. 6me Prieur : Philippe BOUVIER, 1433-1461. Jehan du Chemin, paroissien de Lignieres, le 5 juin 1437 laisse 24 boisseaux de ble sur le lieu de la Georgetiere, acquis 7 livres tournois par frere Philippe Bouvier, prieur, en avril 1438 sur Guillaume, Patrice et Jehan Morisset, dits Bodin, de Lignieres. Par le meme prieur et Jehan Halaine, son compagnon, la Geor getiere est baillee 24 boisseaux de rentes a Guillot Lamy, le 6 juillet 1447 5. A son tour, Jehan Brossin de Heaulx, le 6 decembre 1440 laisse au prieure 8 sols de rente sur ses heritages, devenus 10 sols en Janvier 1470 apres sa mort6.
Le couvent acquiert le 14 fevrier 1444 une rente de 20 boisseaux de ble sur Patrice Tripnel. Huit de ceux-ci sont transposes le 24 aout 1451 sur le lieu de la Godardiere, terme de Saint-Andre; a Original parchemin 30 X 8 et cachet, Bibliotheque municipale de la FerteMace". Quartenier Onfroy, p. 59-61. Montfriloux, a 500 metres du bourg de La Pallu, n'est qu'un lieu-dit, vestige d'un ancien chatellier du Xlme siecle, et la le"gende ajoute qu'une barrique pleine d'or est enterree dans la butte (Angot,
Diet., Ill, 87). La Haie-Giroudet, village disparu de Lignieres. Le Bois-Hamelin, fief de Neuilly-le-Vendin, vassal de Resne, s'etendant sur Neuilly, La Pallu et Saint-Calais, en Mayenne, et Saint-Ouen-le-Brisoult, dans l'Orne. 4 Archives du Calvados, D. 615. B Quartenier Onfroy, 83-87. La Georgetiere, village de Lignieres disparu. 6 Ibidem, 104-108.
SAINT-URSIN
35
et les douze autres sur la Vannerie (Jehan Normand), le 27 avril 1454. Le pre de Doucelle et le Moulin-Lassue sont bailies 35 sols le 27 avril 1449 7.
Les ravages de la Guerre de Cent Ans sont termines. Frere Philippe Bouvier a pu gouverner sans trop de mal son prieure.
Le 3 octobre 1433, il avait pu obtenir du due de Bedford une sauvegarde pour une annee8.
Saint-Ursin devient un prieure prospere, car nous entrons surtout apres 1450 dans l'ere des acquisitions de terres, ainsi le 25 Janvier, quatre journaux de terre au fief de la Bitouziere,
paroisse de Saint-Aignan-de-Couptrain, en echange de 15 sols de rente dus par le vendeur®.
Cependant le 13 mars 1452, Guillaume, seigneur de Lamboul, ecuyer, Guillemette sa femme et Jehan son fils aine, donnent au prieure le champ de la Garenne, alias la Salette, a charge d'ung
petit denier rendu et delivre en la chapelle de la Magdeleine de Couptrain, pour faire son oblation ou celle de sa femme*0. D'apres Facte de fondation, les religieux n'ont pas droit au
pain benit. Philippe Bouvier passe sur cette restriction et accepte le 19 mai 1455, en cour de Resne, et en presence de Jehan Le Marchant, pretre a Lignieres, la rente de 12 deniers assise sur
le lieu de la Touchefouillere, en Lignieres, par Colette, veuve de Guillaume Le Provoust, pour qu'il y ait pain benit le lundi de Pasques en la chapelle du moustier de S. Ursin, a la grande messe, a tous les habitans dud. lieu de S. Ursin ".
II semble que frere Philippe Bouvier ait donne sa demission de prieur en 1461 ; les documents posterieurs indiquent en general Jehan de Hallaine, prieur, tout en conservant parfois ce titre a Philippe Bouvier, sans doute a titre honorifique, et qui parait pour la derniere fois dans un acte de 1477, ce qui le fait mourir largement septuagenaire.
7 Ibidem, 87-102 et 108-110. La Godardiere, village de Lignieres.
8 Archives nationales, KK, 324.
0 Arch, de la Sarthe, fonds municipal du Mans, 802bis-181. Achat du Cloux
au Moulnier, 31 mai 1460, Quartenier Onfroy, 184-188.
10 Quartenier
11 Ibidem,
Onfroy,
102-104.
140-143.
36
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
7me Prieur: Jehan de HALLAINE, 1461-1480. Le nouveau prieur est deja connu comme religieux en 1441 et 1447, sans la particule.
Chapelle de Saint-Ursin. Aucun document ne nous parle de la construction de la chapelle du prieure. Ce sont certainement frere Philippe Bouvier et frere Jehan de Hallaine qui ont eleve l'edifice a la place d'un autre en ruines. A deux reprises dans le Quartenier Onfroy on trouve la note suivante en ecriture 17me siecle : Dedkace de notre eglise, 19 9bre 1464. (19 novembre 1464). II est possi ble de nous figurer les fetes grandioses en ce jour historique pour le prieure, habite par quatre a cinq religieux. Un document de 1477 donne, en plus du prieur et de Phlippe Bouvier, les noms de frere Guillot Le Normand, frere Gervese Bouvier, frere Jehan Ler. En 1470, ils ne sont que quatre religieux qui tons les jours
vont a I'aumosne, certainement pour subvenir aux frais engages dans la chapelle12.
M. Hippolyte SAUVAGE a connu ce lieu de culte voici cent ans et nous le decrit ainsi: ,,La chapelie de Saint-Ursin etait batie sur l'emplacement meme d'une source chaude qui passe dans le pays pour jouir de vertus miraculeuses. Cette source, tres abondante, jaillit encore au chevet de l'£glise ; on y descend par quelques degres. ,,Le chevet de 1'eglise laisse voir deux fenetres geminees dans le style ogival du commencement du XlVme siecle, simples et sans ornements ; au-dessus est un cul-de-boeuf. Le reste de l'edifice dont les murailles ont du etre en partie refaites, n'a rien de caracteristique. A l'interieur dans les embrasures de fenetres, on remarque diverses traces de fresques, simulant des tentures et des draperies rouges. Nulle inscription, nulle tombe dans cet oratoire qui sert maintenant d'etable et de fenil". 3-3
Trente ans plus tard, l'abbe Angot a trouve la chapelle convertie en grange, a la reserve d'un petit sanctuaire avec autel en
bois, adosse au pignon est, et comme statues trois mauvais platres.
D'apres les restes des fondations il semble que la chapelle, de forme rectangulaire, avait environ vingt-six metres sur huit. Depuis longtemps il se tient deux jokes par an a Couptrain, a proximite de la chapelle de la Madeleine, Tune le jour de la
fete patronale, l'autre a la Saint-Martin d'ete, la totalite de la 12 Original parchemin 21 X 16, 1° avril 1470, Bibliotheque municipale de la
Ferte-Mace. Quartenier Onfroy, p. 72 et 128, 91-92 et 215.
13 H. Sauvage, manuscrit sur Lignieres ; extraits publies dans le Bull, de la
Commission Hist, et Arch, de la Mayenne, 1885, T. IV, p. 48-51.
SAINT-URSIN
37
prevote de la premiere foire appartenant au prieur de Saint-Ursin. Pour la seconde il est fait accord entre le seigneur de Couptrain et le prieur, le 26 juin 1465 : chacun aura droit a la moitie de la coustume et droit de prevouste14. Frere Jehan de Hallaine achete en compagrie de son predecesseur une piece de terre, nominee La Noe, en Lignieres, sur Jean Bergier et sa femme. Les heritiers, trouvant que 9 livres tournois c'est trop peu pour quatre journaux, engagent un proces : le prieur doit payer 10 sols de supplement le 15 juin 1483. Autre acquisi tion en Lignieres, les pres des Huriaux, 11 livres ; Mahe Girard, fils du vendeur, veut faire retrait de vente et est deboute le 27 septembre 146515. Venerable homme frere ]ehan de Hallayne s'enrichit encore du Clos au Savafter, le 25 juillet 1471 ; des Cloux de la Clergesse, 17 juillet 1462 ; d'heritages et maisons au lieu de la Frette, en Saint-Calais, sur Jean Le Cucuel, et Jeanne, sa femme, 22 novembre 1472 ; et diverses autres pieces de terre qu'il serait fastidieux d'enumerer16. II est assez souvent traine devant les tribunaux par les heritiers des vendeurs, et en 1480, annee ou il est oblige de donner sa demission, nous voyons frere Jehan Melun, prieur de Saint-Calais ; Richard Le Portier, cure de Ciral; Nicolle Fontaine, cure de Lignieres et Jehan Le Marchant, pretre au meme lieu, etre obliges d'intervenir comme arbitres dans un differend entre le prieur de Saint-Ursin et les nommes Patrice17. Jehan de Hallaine, ancien etudiant en TUniversite de Paris, laisse la place de prieur a Gervais Bouvier, et termine ses jours a Saint-Ursin ou il meurt en 1483. 8me Prieur .
Qervaj[s BOUVIER,
1480-1502.
Precedemment religieux a Saint-Ursin, le nouveau prieur aurait eu parmi ses compagnons, selon A van de Pasch : Wilhelmus 14 Original
parchemin
29 X 17,
et
cachet,
Fert<§-Mace. Quartenier Onfroy, p. 215-216. 16 Ibidem, 64-72.
Bibliotheque
municipale
de
la
M Clos Savatier (Quartenier Onfroy, 158-170) ; Cloux a la Clergesse (ibidem,
144-158) novembre Terres et 210-211).
; La Frette, actes en cour de Resne, 17 avril, 19 mai, 2 octobre et 22 1472. Vente, 45 livres et 10 sols en vin de marchS (ibidem, 219-228). landes au Brail (Bray, St-Aignan-de-Couptrain), 4 juin 1476, (ibidem, Terres pres de la Madeleine (pre Contempt), 24 juin 1462 ; 30 avril
1475 (ibdem, 195-201). 17 Arch, de la Sarthe, fonds municipal du Mans, 802bis-181.
38
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
(Guillaume) Cathuel, 1479; et Wilhelmus Leckmel, 1483. Personnellement, nous n'avons rencontre que Guillaume Le Cocuel, 1482, 1500, 1503 ; Jean Ler, 1477, 1500, 1502 ; et J. Bouvier, 1502.
Guillaume Le Cocuel est sans doute originaire de Saint-Calaisdu-Desert; il pourrait etre le fils de Jean Le Cocuel, et de Jeanne, dont le lieu de la Frette passe aux mains des religieux en 1472. Serait-il le Wilhelmus Cathuel de van de Pasch18. Le nom de Bouvier revient frequemment dans les noms de prieurs ou de religieux : tout porte a croire qu'ils sont issus de families locales plus ou moins en relation avec Saint-Ursin. Frere Gervais Bouvier, prieur, apparait comme tel fin avril 1480, a l'occasion de l'achat de quatre journaux de terres, dites
le Pastis de notre Magdelaine, au prix de 65 livres tournois et 70 sols de vin de mardhe. D'autres achats au meme lieu se font sous son successeur le 5 fevrier 1503. Cependant Jehan de Hallaine est encore qualifie de prieur le 15 mai 1481, lors de 1'acquisition de landes au Bray, en St-Aignanw.
Desormais l'histoire de Saint-Ursin est liee a la tres celebre
famille de ROHAN, tout comme le prieure Sainte-Croix du Ver ger, dans le Maine-et-Loire, fonde par la meme famille. Est seigneur de Resne a partir de 1454, Jehan de Montauban, amiral de France: le 8 fevrier 1455 il confirme au couvent de Saint-Ursin la jouissance des fiefs de la Martiniere et de Courbesnu20. Marie de Montauban, (sa fille ou sa sceur ?), epouse des 1443 Louis de Rohan, que Ton trouve vers 1480, seigneur de Guemene, Guingamp, la Roche-Maison, Montauban, baron de
Lanneaulx (seigneuries bretonnes), et aussi seigneur de Lignieres, Resne, Saint-Calais, etc...
Le 17 fevrier 1481, Frere Gervais Bouvier lui fait ratifier en son chateau de Guemene tous les droits et possessions de Saint-Ursin : donations de Guillaume de Doucelle, legs de Thiphaine de Dou celle, de messire Nicole de Doucelle, les droits en foret de Mon38 L'acte de vente du 22 novembre 1472 donne Jean Ecucuel comme nom de vendeur (Quartenier Onfroy, et Livre Rouge, f° 121, N° 247 de la Bibliotheque Municipale du Mans) ; le lieu est la Frette selon Onfroy, la Freze selon le livre rouge. Le religieux de St-Ursin est Guillaume Le Cocuel selon le Quartenier. Cf. A. van de Pasch, o.c, voir note 1. 19 Quartenier Onfroy, 188-194 (Pastis) - 212-215 (Bray). 20 Iibidem, 9-10.
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naie: quatre chesnes, mort boys, boys emprise, pacage de vingt vaches et vingt pores, droit de pelcherie en la riviere des Estinoux, du moulin de Resnay au moulin de Cordouan, droit de mouldre franc et mesme d'avoir un moulin a eulx, etc... Aux six messes hebdomadaires pour les fondateurs, Louis de Rohan en ajoute une septieme pour laquelle il accorde soixante sols de rente sur sa seigneurie de Lignieres pour la participation que fay recue
de Monsieur le General et Definiteur dudit Ordre, aux prieres de I'Ordre. En accord avec le chapitre general de Sainte-Croix, les
sept messes hebdomadaires pour les fondateurs sont confirmees respectivement les 8 fevrier et 7 septembre 1507 par le meme Louis de Rohan21.
Le prieure regoit de nouvelles fondations de messes : le 11 fe vrier 1483, Philippe Viel laisse trois sols quatre ieniers de rente sur le lieu de la Plingere, en Lignieres pour une messe et Libera le vendredi d'avant Pasque fleurie (Rameaux)22. Dans le passe un champ de Fosse-Garnier, tout proche de SaintUrsin, a ete donne par les Couppes et Fromont, ainsi que trois sols de rente a Noel pour une messe basse dhaque lundi de Careme. A la suite d'un proces engage, Louis de Rohan renouvelle la possession du champ et l'obligation de la messe, les 12 fevrier 1484, et 22 octobre 1485, en presence de Guillaume Brossin, pretre23.
Les religieux ont egalement des ennuis avec leurs sujets: Jehan Boudier a Courbesnu, Robin et Jehan Martin a la Martiniere.
Sont dus 30 sols tournois et 24 boisseaux d'avoine sur le premier fief; 35 sols et trois chapons sur le second. Le 12 avril 1484, le seigneur de Resne met ordre a tout cela ; les detenteurs avaient
deja ete condamnes en cour de Resne le 27 avril 147024.
Frere Gervais Bouvier fait de nombreuses acquisitions de terres sur le Fay, en Saint-Calais, et des heritages sur Guillaume Le
Gourdelier, 16 Janvier 1489 et 20 septembre 1501 ; de meme sur
Jean Amy le 20 avril 1499, moitie du Clos de la Garenne (3 jour21 Ibidem, 23-40 et Arch, de la Sarthe, fonds municipal Le Mans, 802bis-181. Vidisse du 23 Janvier 1482 (v.s.), parchemin 68 X 19 avec cachet a. la Bibliotheque municipale de la Fert£-Mac£.
22 Original parchemin 32 X 18 avec sceau, Bibl. de la Fert6-Mac6. Quartenier Onfroy, p. 114-116. 23 Quartenier Onfroy, 10-11 et 44-45. 24 Ibidem, 12-21 et 218.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
naux), en la seigneurie de Lamboul, moyennant 18 livres tournois, et diverses pieces proches de la Madeleine, des annees 1498 a 1502. Par ailleurs, une sentence rendue aux assises de Gien, de-
boute les religieux de la propriete et jouissance du fief des Bouillons, d'une contenance d'environ 20 journaux, 25 juillet 1482 25.
La derniere fondation sous le priorat Gervais Bouvier est celle de Messire Jehan Le Marchant, pretre a Lignieres, deja temoin dans plusieurs actes concernant Saint-Ursin. Le 14 avril apres Pasques 1502, il transporte au prieure 20 sols sur Marin Triton et 2 sols sur la Challerie, pour neuf messes annuelles : trois du Saint-Esprit dans l'octave de la Toussaint; trois de beata dans Toctave de Notre-Dame Angevine (8 septembre) ; et trois des Trepasses entre Quaresme prenant (Mercredi des Cendres) et My-Quaresme. Dans les memes conditions, avec 20 autres sols sur Marin Treton, Jehan le Marchant fonde douze messes en l'eglise de Lignieres, quatre de chaque espece au lieu de trois26. Le prieur de Saint-Ursin se trouve a Caen en 1483, lors de la vente d'une rente sur Jean Fenisse, de Luc-sur-Mer (Calvados)27.
25 Quartenier Onfroy, 228-232 et Arch, de la Sarthe, fonds municipal Le Mans,
802bis-181. Les Bouillons, ecart de la Pallu, mixte avec la Ferte-Mace, inhabite
au 19° siecle.
28 Quartenier Onfroy, 116-128. Rente de 20 sols acquise par Jehan Le Marchant
sur Marin Treton, le 10 octobre 1458, et de 2 sols sur la Challerie le 12 Janvier 1486. La Challerie, village disparu de Lignieres. 27 Archives du Calvados, D. 582.
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VII. - PRIEURS ET DOTATIONS DU XVIme SIECLE
9m* Prieur: Jehan LAIR ou LER, 1502-1503. On trouve les deux orthographes, et comme son successeur, il ne fait que passer a la tete du Couvent. On le rencontre comme religieux a Saint-Ursin des 1477. Le 19 avril 1503, Jehan Lair etant prieur et Jehan le Bouvier
procureur, Gillet Gaudemer, paroissien de Villepail, fonde une messe par semaine pour laquelle il laisse diverses terres en Saint-
Calais, ferme du Fay1. Le 31 mars precedent, il a acquis les Cloux Pelet, de Jehan Gerard, au prix de 80 livres et 35 sols en vin de marche ; en cour de Bourgnouvel, il est oblige le 31 mai 1503 d'ajouter 39 livres et 12 sols en vin de marche a la somme initiale2. 10me Prieur: Jehan Le BOUVIER,
1503-1504.
Accompagne d'un notaire, frere Jehan Le Bouvier, prieur de Saint-Ursin, vient lui-meme a la foire de la Madeleine le 22 juillet 1504. II y pergoit son droit d'etalage en nature, prenant ung lacz
de cuir de chaque mercier, un milouey (miroir) d'un autre, une feuille de papier du suivant, un denier de chacun des sept tanneurs, de trois cordonniers et d'un sellier, une ecuelle de bois et un pot de terre de deux potiers, enfin un denier de chaque boucher,
boulanger et autres. Le 9 octobre 1504, il engage des procedures sur ses terres de la Madeleine3. llme Prieur: Guillaume ONFROY, 1504-1510.
Cest Tun des prieurs les plus celebres, connu par son fameux Quartenier si precieux pour l'histoire des deux premiers siecles
du monastere, qu'il signe le 30 juin 1510, sixieme de son priorat. Un certain nombre de religieux Croisiers s'etaient faits copistes :
Saint-Ursin a eu le bonheur d'en posseder au moins un.
L'un de ses successeurs a ecrit ces mots a la fin du Quartenier : Le Quartenier et Censif de ce couvent de St-Ursin fait par d'heu1 Quartenier Onfroy, 233-234. 2 Ibidem, 170-184 et 233-234.
3 Ibidem, 201-204 et 216-217. Abbe Angot, Epigraphie de la Mayenne, II, 159,
Laval, Goupil, 1907.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
reuse memoire frere Guillaume ONFROY, prieur en Van 1510. Ce livre est un tresor pour cette maison. Ce R. P. est mort prieur de Caen en 1519, d'oii il itait profes, prieur de cette maison (de St-Ursin) depuis 1504 jusqi/en 1510. De fait on ne le rencontre pas en dehors de ces dates, et alors qu'il n'a pas eu le temps de terminer son enorme travail, il note
le 30 juin 1510 le nom des trois religieux qui occupent le prieure et dont les deux premiers etaient pretres: Jehan Bouvier, sacriste
(precedent prieur) ; Jehan Richard, procureur (son successeur) et Jehan Thebault, dispensator. Divers actes nous font connaitre la presence de Jehan Gouion et Bab. Bernard en 1505 ; Guillaume Onfroy ajoute toujours a son titre de prieur, celui de licencie en theologie.
Frere Onfroy est present le 3 mai 1507 au chapitre general de l'Ordre, tenu apud Huyum (Huy), par frere Cornelius de Cloetinghue, maitre-es-arts, professeur de theologie, prieur du couvent de Huy, au diocese de Liege, Dei patientia totius ordinis pater et magister generalis. Sont presents les prieurs (definiteurs) Sebastien Aquensis (Aix-la-Chapelle), Gme Leodiensis (Liege), Jean Coloniensis (Cologne), Jacques Namurcensis (Namur), et frere Onfroy leur fait mention des services auxquels le prieure Saint-Ursin est tenu : -
3 3 1 1 1 3
messes par semaine pour la fondation premiere ; pour 1'annexion leproserie de Corputrano ; pour Louis de Rohan, semper adjuncta ; le lundi pour les defunts par J. Hubert et une le jour de St.-Laurent ; par semaine pour Gilet Gaudemer ; messes annuelles avec matines des morts pour les seigneurs des Erses ;
-
3 messes annuelles pour les seigneurs du Boulay ;
- 48 messes pour les terres du Moulin Lassus ; -
9 messes annuelles pour J. Marchant, pretre ;
-
1 par semaine et I par mois pour les seigneurs du Boulay ;
-
1 messe annuelle pour Philippot Riel ;
Le chapitre generale accorde au prieure permission de faire l'office de Saint-Ursin, in toto duplex quoique sa fete arrive le jour de Saint Barnabe (11 juin), et memoire quotidienne dudit
patron dans l'office prive, post alias memorias4. 4 Arch, de la Sarthe, fonds municipal Le Mans, 802bis-181 (ancienne collection Esnault). Original parchemin, 29 X 10, a la Bibliotheque municipale de la Fert£-Mace.
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Parmi les pieces justificatives, nous donnons a la fin de ce travail la liste des messes de fondation en Tan 1510. Le total donne 659 messes annuelles obligatoires, de quoi occuper largement deux des religieux de Saint-Ursin, les deux ou trois autres conservant la liberte de leurs honoraires. La messe conventuelle est celebree chaque jour pour les seigneurs fondateurs : en general messe basse, et parfois chantee si le cceur en dit aux religieux. Par Guillaume Onfroy nous connaissons le nombre des rentes et cens dus annuellement au Convent, tant sur Lignieres que SaintCalais, Couptrain, La Pallu et Saint-Leonard-des-Bois: - 29 livres toumois ;
- 40 demeaux d'avoine, mesure de Resne ; - 15 demeaux d'avoine, mesure de Couptrain ; - 3 boisseaux de seigle ; -
6 chapons ;
ainsi qu'une carpe tous les deux ans sur la mare de Logriere, en la Pallu.
N'oublions pas les charges annuelles (rentes et devoirs) de Saint-Ursin, d'une valeur d'environ 9 livres tournois et 14 boisseaux d'avoine, mesure de Resne: -
le le le le le
Cure de Cure de Seigneur Seigneur Seigneur
Lignieres, a Paques, droit curial de 4 livres 5 sols ; Saint-Aignan, a la Madeleine, pour la chapelle, 20 sols ; du Bois-Hamelin, 7 sols, 7 deniers ; de Lignieres, (Resne), 19 sous et 14 boisseaux d'avoine ; de la Metairie, 22 sols, et tous les deux ans, une corvee en aout
et un chapon a Noel ;
- le Seigneur de Lamboul, 4 sols, 22 deniers ; - le Seigneur de la Bitouziere, 11 sols, 6 deniers ; - le Seigneur de Monthavoust, 4 sols.
Ainsi en 1510, soit deux siecles apres la fondation, des 20 jour naux primitifs, le domaine de Saint-Ursin, a la suite de donations, heritages et achats, se compose de plus de 200 journaux de terres, soit environ 90 hectares. Un siecle plus tard, ce seront plus de 120 hectares, sous la coupe du prieur de Saint-Ursin, gros proprietaire dans le pays5.
Le 6 avril 1506, Guillaume Onfroy passe un bail en latin du pre de Doucelle, il y prend la qualification &humtlis prior. Dans le courant de 1507, il soutient un proces aux assises de Mayenne contre Guillaume Foucqueriau, de Saint-Aignan, et fait diverses acquisitions dans le fief de Lamboul, meme paroisse. 6 Voir Pieces justificatives IX, X et XL
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
Le 20 octobre 1508, l'eveque du Mans, Philippe de Luxem bourg, regie avec le prieur et Simon Le Maire, cure de SaintAignan-de-Couptrain, les droits de ce dernier sur toutes les obla tions du jour de la Madeleine, a savoir 20 sols par an. A l'instar
de ses predecesseurs, le prieur ne semble pas tellement chercher a augmenter le temporel de son couvent6. 12rae Prieur: Jehan RICHARD, 1511, 1520.
Le Quartenier Onfroy nous fait desormais defaut; il est dif
ficile de connaitre les dates extremes de certains priorats ; seuls des achats de terres nous permettent de connaitre les religieux, et sauf lorsqu'elles ne sont pas tirees du fonds municipal du Mans 802 bis-181, aux archives de la Sarthe nous n'indiquons plus nos sources.
Jehan Richard est deja procureur sous son predecesseur. En compagnie de Jehan Bouvier, Jehan Thibault et Jehan Boulard, il donne a ferme le 6 novembre 1513 une place de maison du bourg de Couptrain, au prix de 15 deniers. Le 10 mai 1517, une rente de 2 sols 6 deniers, faisant partie de 20 sols sur Jean Drouet, est payee en capital. La meme annee, il y a arrangement avec les
heritiers de Jacques Lioust, prieur de Saint-Calais-du-Desert, au sujet des 10 sols de rente fonciere sur le lieu de la Moisiere, en St-Calais, legues au couvent de St-Ursin par testament redige en latin par Robert Lioust et Jeanne, sa femme7. En 1518 et 1519, il acquiert divers terrains pres de la Madeleine. Le 8 Janvier 1520, Michel Regnard et Yolande, sa femme, donnent a perpetuite au prieur 20 sols de rente sur le lieu et metairie du Petit-Bois, paroisse de Saint-Aignan, a la charge de celebrer chaque annee le mardi de la Pentecote une messe haute, avec vigiles et un Ltbera.
Le 14 septembre 1524 Raoulin Aubree et Guyonne, sa femme, paroissiens de La Pallu, cedent aux religieux une rente perpetu-
elle de 4 sols 6 deniers pour raison d'un quart de journau de terre
et jardin plante d'arbres fruitiers, sis au lieu de Cahodon, en La Pallu, proche la foret de la Motte. Reconnue a diverses epoques, cette rente Test encore le 26 novembre 1726 par Jean 6 Quartenier Onfroy, 136-140. Texte latin ; premiers accords en mars. 7 Parchemin original 55 X40, Bibl. mimic, de la Ferte-Mace.
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Chemin, fils de Jean Chemin, fils de Jean, chirurgien a la FerteMace, et Charles Chemin, de Neuilly-le-Vendin, coheritiers en qualite de titulaires et possesseurs de la chapelle et prestimonie de la Chenevrie, en Saint-Ouen-le-Brisoult8. 13me Prieur: Francois LECOMPTE, 1534, 1537. Le 24 septembre 1534, frere Frangois Lecompte, prieur, Jehan Boulard, Jehan Brenoust procureur et Jehan Gueriel, pretresreligieux, achetent une maison et un jardin, au lieu du Bois, en
Saint-Calais, sur Jeannin Blandin et Jacquine sa femme. Devant J. Gaudemer, notaire, une piece de terre est acquise le 19 Janvier 1535, a Fosse-Gamier (Lignieres), moyennant 2 sols 6 deniers de rente.
Saint-Ursin connait un drame a cette epoque : le 2 mars 1536, le prieur comparait devant l'official du Mans pour faire condamner aux censures ecclesiastiques un nomme Jean Perier, du vil
lage de la Patriciere, proche le prieure. Cet homme avait battu et outrage deux de ses religieux ,,jusqu'a effusion de sang". II les avait ,,fort excedes et avait attente a leurs personnes." Pour reparation, la cour episcopale du Mans le condamme a payer une assez forte somme d'argent. Mais pour eviter un appel de cette sentence devant l'archeve-
que de Tours, Perier, reconnaissant d'ailleurs sa faute et pour avoir part aux prieres des moines, comparait avec le prieur devant Jean Gandenier, residant en la dite ,,ville de Coupetrain". La, il consent au profit de Francois Lecompte et de ses successeurs, Tabandon d'une piece de terre nominee ,,le champ de la Croix", d'une contenance de trois journaux, du fief des Bouillons, sise a la Patriciere. Les religieux promettent en retour de dire a Tintention du donateur une messe basse la deuxieme semaine de chaque careme pour le repos de son ame. A ces conditions, Perier pourra ,,demeurer pardonne et absous de son exces". Les depens
du proces s'elevent a 60 livres tournois, et Simon Pallory, prieur et provincial, jouit toujours de la piece de terre en fevrier 1595®. Le 20 novembre 1537, le prieur Francois Lecompte se fait reconnaitre le ,,droit de mettre des pores en la foret de Monnaie, 8 Bibl. munic. de la Ferte-Mace, divers parchemins. 6 H. Sauvage, notice manuscrite sur Lignieres et St Ursin.
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douze a cause du prieure de Saint-Ursin, et douze a cause de la Madeleine"10. I4me Prieur: Michel BLANDIN, 1556, 1560.
Le 14 decembre 1556, devant F. Bourges, notaire, frere Michel Blandin, pretre-religieux, prieur, acquiert deux journaux de terre et une maison a Fosse-Garnier. Une note de 1560, nous apprend
que les religieux de Saint-Ursin portent a leurs habits une enseigne
de croix rouge et blanche, seul detail que nous ayions rencontre sur leur costume. Deja a cette epoque Ton connait la description
courante des Croisiers: A une petite abbaie
Que I'on apele Saincte-Crois les freres metent les Partie a blanc et a vermeil.
Dont
crois
15me Prieur: Jehan GUERIEL, 1567, 1573.
Depuis un quart de millenaire que Saint-Ursin est un havre de priere et de solitude au coeur de la foret de Monnaie, au milieu des betes sauvages et des loups (le dernier loup a ete tue en 1878 par M. du Rozier, pres du Petit-Jard, en St-Patrice-du-Desert, a
moins de deux kilometres de Saint-Ursin), on ne trouve jamais le nom d'un cure de Lignieres dans Thistoire de ce que les registres paroissiaux de Saint-Calais-du-Desert vont bientot appeler I'abbaye de Saint-Ursin, 1630.
Et pourtant, a certaines dates non connues, des accords ont ete conclus au sujet des droits du cure de Lignieres sur les oblations faites dans la chapelle, (4 livres 5 sols, nous dit Guillaume Onfroy) et les dimes. Voila le mot qu'il n'aurait pas fallu ecrire ! et qui va faire valser en fort peu de temps quantite de cures de Lignieres-la-Doucelle !
Apres la mort de Jean Taron, cure de Lignieres (1552), nous voyons successivement occuper le meme poste: - Jacques de la Mare, du diocese de Rouen, 20 mars
1552, resigne au bout
de quelques mois. - Ren£ Le Vallois, du meme diocese, nomine le 28 juin 1552. - Pierre Congnecyviere, du diocese de Chartres, se demet en 1554.
10 Original parchemin 18 X 8, Bibl. munic. de la Ferte-Mace.
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4?
- Nicolas Pitard, chanoine du Mans, 26 novembre 1554, quitte tres vite le pays. - Nicolas Pitard le Jeune, 1555.
- Benoit Grandis, demissionne en 1558.
- Vincent Ferrand, novembre 1558, se demet en 1560. - Mathurin Bourdin, bachelier en decrets, ler aout 1560, permute en
1564.
- Francois de Saint-Frangois, 20 mars 1564, quitte en 1565.
- Pierre Leblanc, en proces avec Mathurin Bourdin en 1567, quitte Lignieres en 1570 pour devenir doyen de la Roche-Mabile (Orne).
Comptez bien : dix cures en dix-huit ans, et dont le dernier
seulement arrivera en 1569 a faire accord avec le prieur de SaintUrsin, pour determiner leurs droits respectifs sur les dimes.
Quels etaient les accords conclus dans le passe ? Us ont disparu
a tout jamais, quoique mentionnes par Guillaume Onfroy dans son Quartenier1X. Une note nous dit ceci: // manque ici quatre feuillets qui apparemment ont ete volez, et a la toute derniere page : II fen trouve, outre ce nombre (de 146 feuillets), quatre qui sont defaillants au 7me cahier qui apparemment ont este volez dans I'egarement qui est autrefois arrive a ce livre, en lesquels etait contenu la prevication de nos dixmes avec Mr le Cure de Lignieres pour 4 livres 5 s. par an12. Les Archives de la Sarthe conservent les debats tres longs, tres epineux et tres orageux entre les differents cures de Lignieres, specialement les cures Leblanc et Bourdin, et le prieur de SaintUrsin au sujet des dimes a percevoir sur les biens du prieure. Des centaines de pages d'une mauvaise ecriture souvent illisible nous
font connaitre les enquetes chez chacun des sujets de Saint-Ursin, et les reproches vehements des deux parties, toujours ecrits en
latin s'il vous plait, ce qui donne plus de courtoisie a certains
termes de reproches, intraduisibles certainement dans la langue de Ciceron ! L'Eveche du Mans est oblige des 1567 de se poser en arbitre de la situation, face a frater Johannes Gueriel, prior, et frater Johannes Viellepeau, religieux. Le ler septembre 1568, Mathurin Bourdin, chanoine de Saint-Pierre-de-la-Cour, au Mans, et precedemment cure de Lignieres, cede ses droits de dimes sur le temporel de Saint-Ursin a Pierre Leblanc, actuel cure. Ce dernier obtient un accord partiel avec le prieur en 1569. 31 Quartenier Onfroy, p. 129-136.
12 Ibidem, p. 279, note posterieure en bas de page.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
Le proces, depuis longtemps deja en cours, ne se termine que le 22 juin 1573, par sentence rendue a Lyon, adjugeant definitivement au prieure les dimes a percevoir sur ses terres, apres transaction passee devant Julien Le Breton, notaire a Couptrain, le 25 avril precedent, entre le prieur et Charles Levannier, cure de Lignieres (originaire de Saint-Calais-du-Desert)13. Le prieur Jean Gueriel apparait dans deux acquisitions de terres avec ses religieux, en 1568 et 1573 ; ceux-ci sont: Guillaume Le
Bedel, Jacques Dupont et Francois Taupin. La premiere fois c'est une piece de terre a Fosse-Gamier, sur Jean Leveille, pretre (qui etait en 1551, en Veveche de Paris), demeurant a la Louvetiere, en La Pallu ; la seconde, le 21 mai 1573, devant Julien Le Breton, notaire royal et Michel Treton, notaire de la Cour de
Resne, lorsque Marin Nepveu, serviteur au chateau de Carrouges, vend aux religieux un arpent de terre et des bruyeres a FosseGarnier, moyennant 70 livres et 60 sols en vin de marche. Le 30 aout 1530, par acte passe au chateau de Guemene, AnneMarie de Rohan et Louis de Rohan, son fils, majeur et en lien de manage, vendent la terre et chastellenie de Resne, Lignie res et Saint-Calais pour 20.000 livres a Jean Le Veneur, cheva lier, seigneur de Houlme, Carrouges, Lambreville, capitaine de Vire, et a Gillonne de Montejehan, sa femme14. Les religieux de Saint-Ursin dependent desormais de cette importante famille Le Veneur, comtes de Tillieres et de Carrouges, etc... tandis que la famille de Rohan conserve ses droits de fondateurs sur le prieure. Tanguy le Veneur, seigneur de Carrouges et de Lignieres, fils de Jehan Le Veneur, pour racheter les droits des usagers qui, dans la pratique, tendent a detruire la foret de Monnaie, abandonne en 1570 au prieur de Saint-Ursin, dou2e arpents de cette foret15. 13 Quartenier Onfroy, p. 279, en note.
14 Abbe Angot, Diet, de la Mayenne, III, 402. Copies sur parchemin et papier de 1'acte de vente a la Bibl. munic. de la Ferte-Mace. 15 Le chateau de Carrouges, monument historique a. 5 kms de Lignieres, jusqu'a ces dernieres annees propriete de la famille Le Veneur, est visite par de nombreux touristes. Le roi LOUIS XI, en pelerinage vers le Mont-Saint-Michel, y a couche le 17 aoiit 1473 : tout porte a croire qu'il est passe le lendemain sur le territoire ou du moins tout pres de Lignieres et St-Ursin. II y aurait tant a dire sur cette famille Le Veneur, seigneur de Lignieres et Resne jusqu'a la Revolution. Cest ce Tanguy Le Veneur, ambassadeur de France a la cour d'Angleterre qui entame les negociations qui aboutissent au mariage de Charles ler Stuart, avec Henriette de France, fille d'Henri IV. Son oncle, Jean
le Veneur, eveque de Lisieux de 1505 a 1539, cree cardinal en 1533, couronne
STALLES DE SAINT-URSIN Actuellemeut dans I'eglise de Couptrain
SAINT-URSIN
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I6me Prieur: Jacques DUPONT, 1581-1591. Les documents sont fort rares en cette seconde moitie du XVIme
siecle. Depuis 1530, le Protestantisme a fait de tres nombreux adeptes en Basse-Normandie, suivi bientot des Guerres de Re
ligion; a partir de 1562, les bandes protestantes du comte de Montgomery (un lointain ancetre du marechal Montgomery, comte d'El-Alamein) ravagent la region et I'Alengonnais ; au printemps
1589, ce sont les troupes du due de Mayenne qui sement la terreur, la panique et la desolation.
Une note posterieure du Quartenier Onfroy, nous apprend : 1590, faut remarquer qu'on a perdu bien d'autres titres qtfon avoit
icy, lesquels ont ete pris et pillez du temps des guerres et des ligues, arrivees en ce royaume, au commencement du I6me siecle (sic), et meme le P. Jacques du Pont, pour lors prieur, jut enleve et pris, suivant qu'il parait par les informations de cet enlevement et par un vieil monitoire™.
Les 5 juillet 1583 et 4 avril 1585 sont acquises des bruyeres au fief des Bouillons, seigneurie du Bois-Hamelin, sur Guillaume
de la Haye et Jeanne Ripault, sa femme. Se trouvent religieux a Saint-Ursin en 1591, Guy Ferrant et
Jean Gilles. 17me prjeur: Simon PALLORY, Provincial, 1595.
II est dommage de noter si peu de chose sur le seul Provincial de TOrdre de Sainte-Croix, qui ait ete en meme temps prieur de Saint-Ursin. Par une simple note, nous savons qu'il jouissait
en fevrier 1595 du champ de Jean Perier, de la Patriciere, et qu'il residait au prieure.
& Saint-Denis la reine Claude, epouse de Francois Iep, et procede le 7 juillet 1530 au second mariage de Frangois ler avec Eleonore de Portugal. C'est sous
l'influence directe du Cardinal de Carrouges que Jacques Cartier prend possession le 24 juillet 1534 du CANADA au nom du roi de France. 18 Quartenier Onfroy, 218.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
VIII. - LE PRIEURE SAINT-URSIN AU XVIIme SIECLE 18me Prieur : Anthoine JUPIN, 1601.
Le 18 juillet 1601, transaction est realise entre frere Anthoine Jupin, prieur de Saint-Ursin, et Marin Treton, sieur de Fief-Gerard, pour la rente de 22 sols des neuf messes a la decharge de messire Jean Le Marchant, pretre, pour laquelle les religieux ont le pre du Ponceau. 19m Prieur: Jacques DUPONT, 1604.
Ce prieur est sans doute celui qui fut enleve quinze ans plus tot par les Protestants. Madame de Cossen vend le 20 novembre 1604 sa ferme des Vallies, proche Saint-Ursin, et laisse aux reli gieux droit d3usage et paissage dans sa foret et bruyeres de la Motte \
Le roi Henri IV expedie au prieur et aux religieux du couvent
de Sainte-Croix de Saint-Ursin, dependant de Vabbaye de SainteCroix de la Bretonnerie, a Paris, des lettres patentes, datees du 10 mai 1606, portant attribution directe de leurs proces aux Chambres des Requetes de son Parlement, preuve certaine de sa haute bienveillance. 20™ Prieur: Nicolas HEBERT, 1611-1612.
Nous avons trouve venerable et discrete personne Nicolas Hebert prieur, en 1611, les 14 septembre et 23 novembre, dans son prieure conventuel, passant des baux des moulins de Saint-Ursin, ainsi que du pre de Doucelle. Est religieux avec lui, Nicolas Jouanne.
Le 24 fevrier 1611, Hercule de Rohan, due de Montbazon, pair et grand veneur de France, accorde la permission au prieur et aux
religieux du couvent de Saint-Ursin de porter et de tirer de I'harquebuze tant sur leurs terres, dependances de ladite prieure qu'aux environs d'icelle a toutes sortes de gibier non dejendu par les
edits et ordonnances de Sa Majeste. Une confirmation autographe est faite le 22 decembre 1662 par Louis de Rohan, fils de Her cule. 1 Quartenier Onfroy, 276, note.
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Le 3 juillet 1612, devant Gervais Le Roy, notaire a Couptrain,
frere Nicolas Hebert, prieur, quitte F. Dugrac comme ce jourd-huy faisant la recepte de la coustume de prevote du marche de Couptrain... du droit de doublaige de lad. coustume de Couptrain, a raison de la jeste de la S. Martin d'este que led. prieur dit appartenir a lad. abbaye de S. Ursin. Vabbaye s'enrichit ce jour-la de 50 sols tournois 2.
21m* Prieur : Laurent d'ESCOUBLEAU, 1612-1618. Laurent d'Escoubleau apparait comme prieur de Saint-Ursin sur un acte du 8 decembre 1612. Vivent en sa compagnie cette
meme annee les freres P. Moreau et P. Gobidin. II est inhume en I'abbaye en 1620. Le prieur est le contemporain de Frangois
d'Escoubleau, cardinal de Sourdis, mort archeveque de Bordeaux :
peut-etre etait-il de la meme famille. 22ra* Prieur : Frangois HUNOUST, 1618-1620, ,,Abbe de SaintUrsin".
Ce titre d'abbe a ete donne a plusieurs superieurs de cette
maison. Le 19 novembre 1620, frere Francois Hunoust, abbe de ce lieu est ensepulture dans son abbaye de Saint-Ursin par Charles-Julien Levannier, cure de Lignieres 3. Vivent comme religieux en 1618, Frangois Robieu et Mathurin Lemercier. 23m* Prieur: Frangois ROBIEU, 1620-1625. Le 15 septembre 1622, en compagnie de frere David Gaultier, pretre et frere Antoine Foret, diacre, il bailie des pres pres du
Moulin-Lassue, moyennant 40 sols et quatre chapons par an. En compagnie de Antoine Caillet et Philippe Frangois, religieux de St-Ursin, il achete une portion de terre a Fosse-Gamier, le 29 mai 1625. Cependant, le chapitre general de 1624 signale comme ancien prieur a Saint-Ursin, Michael Marnye, decede depuis le cha pitre de 16204. Hyppolite Sauvage signale comme prieur en 1629, Sebastien de GUYNE (qu'il confond peut-etre avec Sebastien de Guimel 2 Ibidem, 218, note. 3 Etat civil de Lignieres-la-Doucelle. 4 C. R. Hermans, Annales Canonicorum Regularium S. Augustini Ordinis S. Cruets, Silvae-Ducis, 1858, III, 139.
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que nous retrouvons plus loin) et comme religieux, Jean de Fontenay.
Les prieurs qui suivent n'ont en general d'autres pensees que celles de recueillement. Dans de nombreux aveux et baux, les
rendants leur donnent la qualification de Monseigneur: le prieur Antoine Caillet est aussi ainsi appele dans une reconnaissance du 30 juin 1666.
24me Prieur : Pierre GLORON, 1636-1642.
Le chapitre general de 1652 signale parmi les defunts depuis
le chapitre de 1648 le R. P. Pierre Gloron du monastere de Caen,
quondam procurator ac prior Sancti Ursini. On ne le rencontre plus a Saint-Ursin apres 1642 ; il doit precisement plutot se trouver a Caen en 1652 5; en consultant les archives du Calvados, nous
l'y avons trouve a differentes reprises : en 1634, etant procureur du couvent de Caen, il fait transaction au sujet des limites du jardin avec Richard Sambourg ; en 1646, il est present a une donation de 30 livres de rentes et quatre obits, etc... En 1613, il n'est que simple religieux 6.
Le 2 avril 1637, frere Pierre Gloron, prieur, achete une doserie du lieu des Vallees, sur Philippe du Mesnil-Berard la Chaire, ecuyer, sieur de la Pellerie, et demoiselle Gabrielle de Prez, sa
femme, veuve de Matthieu de Saint-Patrice, ecuyer, sieur du Rocher ; et sur Julien de Saint-Patrice, ecuyer, sieur des Vallees,
tous demeurant a la Motte-Fouquet (Orne): Le prieur paie 1.150 livres et 60 sols en vin de marche, avec la charge d'une messe annuelle le samedi de la Passion pour les vendeurs. Le 13 juin
suivant Madame de la Chaux verse une indemnite sur cette vente pour l'octroi d'une grand'messe de Requiem avec Vigiles le 14 juin, pour les seigneurs et dames de la Chaux 7.
En 1641 et 1643, nous trouvons religieux au prieure Michel Letoure. 5 Ibidem, III, 227. 8 Archives du Calvados, D. 582, 596, 622, 636. 7 Bibliotheque municipale de la Ferte-Mace : toute une liasse dont quatre parchemins concerne les Vallees de 1458 a 1707. Quartenier Onfroy, fin ; et Archives de la Sarthe, fonds municipal du Mans, 802bis-181. La Chaux, petite paroisse de l'Orne, a 10 kms nord de St-Ursin.
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25me Prieur: Sebastien de GUIMEL, 1643-1648. Comme beaucoup, il n'est connu que par des baux de terres dependantes de Saint-Ursin. Vivent avec lui en 1648, Georges Bonvoisin et Guillaume des Isles, religieux.
26me Prieur : Antoine CAILLET, 1651, 1670.
Avec Antoine Caillet, nous rencontrons freres Paul Bertrand et Frangois Drouin en 1653 ; Charles Letissier en 1655 ; Nicolas Le Meusnier en 1659, 1668 ; frere Jacques de Guespel en 1670. Le 29 octobre 1659, le prieur fait bail a Jehani Nepveu, du village de la Touche, en Lignieres, moyennant 20 sols en argent et huit boisseaux d'avoine. Ce que nous n'avons pas remarque dans nos recherches, mais que signale Hyppolite Sauvage dans sa notice sur Saint-Ursin,
cest ,,que par une circonstance assez etrange, Antoine Caillet a employe sur un acte du 21 juin 1660, un cachet qui porte l'empreinte des armoiries bien connues du blason du Cardinal Mazarin. Le celebre ministre ne mourut que l'annee suivante ; nous ne saurions nous expliquer quels rapports il pouvait y avoir entre lui
et le prieur de Saint-Ursin. Mais quant au fait materiel, il existe
(voir a la Bibliotheque du Mans, ,,actuellement aux Archives de la Sarthe"). Nous avons du reste, ete plus surpris encore en retrouvant une autre empreinte de ce meme cachet sur un acte du
27 decembre 1671, passe devant Guillaume Le Musnier, notaire a Saint-Samson. Le cachet porte non seulement les armes blason-
nees du Cardinal, mais encore le chapeau, les lambrequins et les insignes episcopaux".
27™ Prieur: ... LE MENSIEUR, 1673.
Le chapitre general de 1673 signale le deces depuis le chapitre
precedent du pere Le Mensieur de Saint-Ursin en France. Fut-il prieur ?8
28m* Prieur : Louis LARGILLIERS, 1677, 1678. Avec lui nous rencontrons Jacques de Guespel, Francois Drouin
et Antoine de Saint-Remy. 8 Hermans, o.c, III, 257.
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La chapelle de Saint-Ursin s'enrichit en 1675 de douze stalles en chene, bien traitees et ornees de larges feuilles d'acanthe, dont l'enroulement forme l'accoudoir et la remontee. Elles sont datees et ont ete transportees vers 1820 dans l'eglise de Couptrain ou
elles sont toujours visibles, de meme qu'un tableau de la meme epoque (lm05 x Om65) representant le Christ en Croix avec la Madeleine a ses pieds. Cette toile, qui provient d'un ancien prieDieu de Saint-Ursin, se trouve a la sacristie et a ete restauree le 11 octobre 1936 par Mademoiselle Moreau-Wolf, de Paris (t 1940)°.
29m* Prieur : Michel FRONTIN, 1680-1683.
Connu uniquement a Saint-Ursin par des baux, mais nos recherches sur le couvent de Caen nous permettent de dire un peu plus a son sujet: etant religieux et procurateur, il y fait aussi des baux en 1658 ; puis en qualite de prieur, il fait bail en 1670 d'une maison, paroisse Saint-Pierre, carrefour de l'Epinette, a Jacques Louvel, ecrivan-jure en la ville et universite de Caen10. Devenu prieur de Saint-Ursin, il fait le 15 octobre 1682 commettre une citation a Frangois Filoche, son meunier de Saint-
Ursin, a comparaitre devant le bailli de Lignieres, pour injures graves contre sa propre reputation. Les suites de ce proces ne
nous sont pas connues; mais le 30 mai 1683, le prieur passe un
bail des memes moulins a un autre fermier. Antoine de Saint-Remy, de la famille des seigneurs de la MotteFouquet, est religieux a Saint-Ursin du temps de ce prieur. 30mte Prieur : Jacques de GUESPEL, 1683-1688.
Originaire de Trun (Orne), frere Jacques de Guespel, profes de Saint-Ursin, regoit le diaconat le 16 septembre 1670 en la cathedrale de Seez, des mains de Monseigneur Francois Rouxel de Medavy. Nous aurions pu obtenir de pareils renseignements sur les origines et ordinations de quantite de prieurs et religieux de Saint-Ursin. Pour cela, il aurait fallu depouiller tous les registres d*Insinuations Ecclesiastiques des dioceses du Mans, Seez, Bayeux et Lisieux, travail tres long et fastidieux. 9 Chroniques paroissiales manuscrites de Couptrain, 217. 10 Archives du Calvados, D. 592.
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Le 29 juin 1684, Jacques de Guespel, prieur, Francois Drouin et Antoine de Saint-Remy, religieux, et Pierre Foucqueriau, sous-
diacre, font bail a Julien Colin, du Moulin de Saint-Ursin (MoulinLassue), au prix de 32 boisseaux de bled seigle mesures au boutsseau desdits religieux, plus six poulets a la Saint-Jean et quatre
chapons a Noel, avec necessite de bien entretenir l'etang.
31me Prieur: Frangois DROUIN, 1688-1691. Le prieur est quelqu'un du pays, et nous pouvons presque assu
rer, de Lignieres. Ce nom revient souvent dans les baux du Moulin-Lassue: Olivier Drouin, le 23 mai 1660 ; Jacques Belloche et Sebastienne Drouin, sa femme, le 21 fevrier 1649 sous frere Sebastien de Guimel; Pierre Colin, meunier, et Marie Drouin, sa femme, le 8 mai 1721, moyennant 25 livres en deux fois, Toussaint et Saint-Michel de printemps (8 mai), deux cha pons a Noel et un gateau d}etrennes ainsi que tous les autres fermiers desdits bailleurs. Francois Drouin a fait profession a Saint-Ursin, entre les mains de frere Antoine Caillet, prieur, le 15 juin 1653. Nous en donnons le texte, toujours en vigueur (sauf quelques variantes) dans TOrdre des Croisiers :
Ego frater Franeiseus Drouin facio professionem et promitto obedientiam Deo, beatae Mariae et beato Augustino et tibi fratri Caillet, priori Sti Ursini, vice reverendi Patris Nicolas de Hanef, prioris Sanctae Crucis Huyensis (Huy), ordinis generalis et successorum ejus secundum regulam
b. Augustini et institutiones,
quod ero obediens tibi suisque successoribus usque ad mortem, teste chirographo apposito anno Domini 1653, 15 junii. Sig. Frater Franeiseus Drouin X1
De son temps, la Comtesse de Tillieres gere souvent les affaires du prieure.
11 Bibl. munic. de la Ferte-Mace.
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IX. - LE PRIEURE SAINT-URSIN AU XVIIImte SIECLE 32me Prieur : Michel-Denis FEYDEAU DE LA LANDE, 16911727.
Un bieo grand nom que celui-la et qui fait honneur au prieure de Saint-Ursin, plus ou moins tombe en decadence depuis un demi-
siecle.
Le frere Sylvestre Jupin, son socius, parle de lui avec un attendrissement communicatif: // ne m'est pas possible de retenir mes larmes, ecrit-il, au souvenir de toutes les bontes qu'il a eues pour moi. Nous avons vegu trente-huit ans ensemble dans une etroite conjiance et fidele amitie. II ne craignoit rien tant que de me survivre, et favois la meme apprehension dans la crainte qu'il jut mal soigne, pane qu'il en avoit besoin. La Chapelle de la Madeleine. Le nouveau prieur trouve la chapelle de la Madeleine en mines. Pendant des annees, il la remet en etat. Ecoutons le frere Jupin : Le prieur de Saint-Ursin
la fit rebdtir vers 1700 aux depens et secours de son illustre famille) se privant des choses necessaires pour epargner de quoy la remettre en sa perfection.
Les travaux se continuent jusque vers 1723, et en souvenir de la restauration, le frere Sylvestre Jupin fait graver sur pierre l'inscription suivante qui rappelle en meme temps les debuts de la chapelle :
t CETTE.CHAPELLE.SANS.AUTRE.REVENU.QUE / SES. OBLATIONS.LE.DROIT.DE.FOIRE.&.DE.COUTUME / EN.CE.LIEU.LA.VIGILE.&JOUR.DE.Ste.MAGDELAINE / CELUY.DE.PREVOTE.&.DE.LA.MOITIE.DU.DROIT.DE. COU / TUME.LEJOUR.ST.MARTIN.DETE.4.JUILLET.EN. LA.VIL / LE.DE.COUPTRAIN.FUT.AVECLE.PEU.QUI. LORS.EN.DE / PENDOIT.ANNEXEE.&JOINTE.AU.COUVENT.DE.Ste f / DE.ST.URSIN.PAR.H.&.P.D.MADAME. THEOPHAINE / DE.DOUCELLE.DAME.DE.FERRIERRE. &.DE.RESNE.EPOU / USE.DE.HT.&.P.S.BERNARD.DE. LAFERTE.LE.MARDY.AVA / NT.LA.NATIVITE.DE.N. DAME.LAN.DE.G.1362.&.CONFIR / MEE.PAR.N.ST.P.LE. PAPE.GREG. XII.ET.FUT.REB(atie).EN.1723
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Cette inscription de 2 metres sur Om85, avec lettres en relief de six centimetres sur granit, a la suite de la destruction complete de la chapelle en 1824, a ete transportee a la fin du siecle der nier pour former le soubassement d'une croix stationale, a la sortie de Saint-Aignan-de-Couptrain, route de Javron. Une cloche de neuf pouces et demi de diametre est benite en
1727 et la petite chapelle de devotion se trouve ainsi dans une
decoration a oter tout scrupule a ce que les pretres puissent y dire la messe. Cassini Tindique sur sa carte. Frere Feydeau et sa famille. Monsieur Hippolyte Sauvage a trouve dans les mines de la chapelle de la Madeleine une inscrip tion peinte sur une planche de bois servant de dossier a la chaise ou jauteuil destine aux ecclesiastiques, qu'il a deposee au Musee de Mayenne, et qui n'est pas sans interet au sujet du prieur et de son illustre famille. A signaler que les 38 annees de priorat indiquees dans Inscription, feraient debuter celui-ci en 1689. II peut
se faire que frere Michel-Denis Feydeau de la Lande, en realite veritable prieur des 1688, ait laisse par courtoisie ou humilite ce titre a frere Francois Drouin, de loin son aine dans le prieure et connaissant fort bien les gens du pays avec qui il est en relations pour la confection des baux.
Voici le texte de cette inscription : On a mis icy sur les armes de l'ordre des chanoines reguliers de Sainte-Croix l'ecusson de ceiles de l'illustre dom... Reverend Pere Michel Denis Feydeau, religieux dudit ordre et profes de la maison de Ste-Croix de la Bretonniere a Paris, qui a £te prieur pendant 38 ans du couvent de S. Ursin d'ou cette chapelle depend qu'ilz vient de faire rebatir et orner, aux depens des secours de sa famille et les fonts de F. Silvestre Jupin, son cher et fidelle religieux, qu'il avait regu a profession en 1688, apres son arrivee audit couvent. Apres quoy Dieu en a dispose le 8 octobre
dernier 1727 et son corps repose au choeur de l'eglise dudit couvent du cote de l'evangile. Ce venerable defunct avait pour freres Mre Rene Feydeau, sr de Calendre, president de la 4me chambre des enquestres, et Fran gois Feydeau, sr du Plessis St Antoine, Me des requestes, intendant de Pau en Bearn, et pour cousins germains Monseigneur Henry Feydeau de Brou, eveque d'Amiens. Mre D?nis Feydeau de Brou, Me des requestes ordinaires de 1'hotel, intendant a Montauban puis a Rouen, ensuite conseiller au grand conseil. Me Feydeau de Brou, son fils, intendant a Alengon et presentement en Bretagne. Monsieur de Mesme, premier president au parlement.
Mre Dreux Louis du Gue de Bagnols, Mre des requestes, intendant pour le roy tres Chretien et catholicque de l'lsle en Flandre, et pour neveus Mre Alexandre Franqois Feydeau de Calendre, conseiller au grand conseil, grand rapporteur de France et grand reviseur des lettres de chancellerie ; Mre Henri Feydeau de Calen-
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dre, president a la 3me des enquestes. Mre Denis Feydeau, sr de Calendre, con-
seilleur au parlement, qui fut exile a Oleron pour avoir soutenu avec Mrs de Blamont et de Sainct Martin, les interest du bien publicq ; Mre Frangois Auguste Paul Feydeau, Sr du Plessis, conseiller au parlement ; Mre Henri Feydeau de Transcault, son frere, president a. la 4me des enquestes et plusieurs autres parents de cette distinction. Cependant il les a tous abandonnes pour porter sa croix et se donner au Seigneur. Requiescat in pace. Amen. Cher lecteur priez pour eux s'il vous plaist.
Qu'ajouter a un texte aussi explicite et a des details deja si circonstancies ? La famille Feydeau etait originaire de Moulins. Le document que nous citons est precieux pour son histoire. MichelDenis etait fils de Charles Feydeau et d'Anne Charpentier. Les armes de la famille sont: d'azur au chevron d'or, accompagne de 3 coquilles de mesme \ Se trouvent religieux au prieure, en 1707, Francois Drouin; en
1710, Thomas-Pierre Poulain de Vallee, diacre; et depuis 1688, Sylvestre Jupin, qui suit Nomme le 17 avril 1716 au prieure-cure de Villepail des chanoines reguliers de l'abbaye de Beaulieu, frere Poulain de Vallee s'en demet le 26 juin suivant2. 33me Prieur : Sylvestre JUPIN, 1727-1738. Frere Sylvestre Jupin, grace a qui nous connaissons si bien le
prieur precedent, fait profession a Saint-Ursin en 1688. Le 21
septembre 1691 il est tonsure par Mgr. de Tressan, eveque du Mans, en la chapelle du palais episcopal. A la suite d'une mesure disciplinaire de Teveque du Mans qui suspend toutes les concessions de chapelles privees, frere Sylvestre Jupin, humble prieur de Saint-Ursin dans une lettre adressee a l'eveque, le supplie de pouvoir comme dans le passe celebrer solennellement dans la chapelle de la Madeleine, les premieres vepres la veille de la Ste-Madeleine, et la messe le jour de la fete.
Toujours prieur de I'abbaye de Saint-Ursin3, en 1733, frere Jupin cede la place en 1738 : le 23 octobre a l'occasion du bail des pres de Doucelle, qu'il consent en compagnie de frere Frangois Lechat, il est signale comme ancien prieur, tandis qu'il y a vacance de prieur jutur qui y sera nomme par le Superieur ma]eur. 1 Abbe Anoot, Diet, de la Mayenne, II, 743 ; Abbe Angot, Epigraphie de la Mayenne, II, 159-162. (Une erreur d'impression donne 1724 comme date de la mort). 2 Abbe Anoot, Diet, de la Mayenne,
8 Registres paroissiaux de Saint-Calais.
III, 900.
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34me Prieur : Jean-Baptiste GAILLARD, 1738, 1746.
Apres quatre siecles de gloire, Saint-Ursin connait le decadence ; a certaines epoques nous ne savons pas exactement qui est prieur,
et certains apparaissent fort peu au prieure, se plaignant meme qu'on n'inscrive plus le nom du prieur sur le catalogue de la RocheMabile4.
Frere Jean-Baptiste Gaillard, apparait comme prieur en 1738, en compagnie de Sylvestre Jupin ci-devant prieur et Francois Lechat
de Cerise; il est possible que ce dernier soit originaire du village de Cherize, situe dans un cadre splendide a l'extremite nord d'Orgeres-la-Roche. En 1746, nous trouvons frere Jean-Baptiste Galibert, chanoine regulier, prieur de Saint-Ursin, pourvu de la cure de Villepail, dont il se demet l'annee meme. L'analogie de prenom et presque de nom, nous fait croire que nous sommes en presence du meme personnage, ce que pense egalement l'abbe Angot5.
35me Prieur : Louis-Jean de la BOUESSIERE, 1739, 1742. En 1742, le lieu de la Madeleine est arrente par Louis-Jean de
la Bouessiere, prieur de Saint-Ursin, Frangois Le Chat, ex-prieur, et N. Bisson, pretre, a Frangois Jouanne, marchand, et Jacques Jouanne, pretre, ancien cure de La Pallu, son fils, pour 100 livres, deux diners chaque annee a quatre religieux, et 20 sols de rente au cure de Saint-Aignan6.
36me Prieur : Pierre-Nicolas BESNIER, 1746-1769.
Un bien grand nom, puisque Pierre-Nicolas Besnier est le fils d'un echevin de Paris, le constructeur de la maison priorale que Ton voit encore en partie ; un nom qui voit la decadence et la chute du prieure, dans lequel il reside peu, complice du scandale du Marquis de Flers, ex-religieux de Saint-Ursin. Cest par un long proces termine en 1756 que Ton connait la date de construction de la maison priorale en 1746, done des son 4 La Rocbe-Mabile, petite commune de l'Orne, au sud-est de Lignieres, avant la
Revolution, siege d'un
important doyenne
du diocese du Mans,
dont dependait
Lignieres-la-Doucelle. La Roche-Mabile compte actuellement un peu plus de 200
habitants.
6 Abbe Angot, Diet, de la Mayenne, III, 681 et 901. 6 Ibidem, IV, 580.
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arrivee. De nombreux chenes sont abattus sur les dependances
du prieure, et certains ont ete vendus au sieur Perroche, marchand de bois a Javron. Les religieux sont accuses d'avoir distrait et fait decharger dans la cour de leur prieure une partie des bois ven dus.
Les officiers de justice au cours d'un interrogatoire a SaintUrsin le 11 fevrier 1756, n'y trouvent que Frere Augustin-Armand Gardelle, actuellement seul religieux conventuel de la maison, et Jean Paquet, frere donne. Le prieur, parti a Paris en juillet 1755, ne peut etre interroge qu'a son retour, le ler mars 1756. Frere
Besnier, age de 35 ans, declare ne comparaitre que pour obeir a la justice et ne cesse de protester contre la procedure criminelle engagee contre lui; acte lui est donne de la persistance de ses reponses, reflet de la verite7.
Un autre temoignage de la presence a Paris du prieur est le
bail des pres de Doucelle, passe le 23 aout 1748, devant Louis de Fourneaux, notaire royal d'Orgeres, demeurant en son etude au
Gascel. L'acte primitif est passe quelques semaines plus tot a Paris, ou Pierre-Nicolas Besnier a fait venir Anne Ripault, epouse
de Jerome Buisson, marechal a Lignieres ; celle-ci loge quelques jours Rue de la Bretonnerie. L'acte nous apprend que frere Augustin Gardelle est deja religieux a Saint-Ursin, mais aussi que le prieur de Sainte-Croix de Paris est messire Etienne Simon de Gamacher, vicaire general dudit Ordre en France, associe honoraire de l'Academie Royale des Sciences.
Dans les clauses, il est specifie que ce Pre de Doucelle (6 journaux), proche le Moulin-Lassue, ne pourra etre fieffe a l'avenir qu'aux aines males de la descendance en ligne directe de Jerome Buisson, et jamais a aucun des collateraux. Au lieu de dix bois-
seaux d'avoine comme precedemment, il faudra payer a la Saint-
Martin d'hiver dix boisseaux de bled seigle, mesure de Carrouges, bon grain loyal et marchand comme bled de semence, pesant chaque boisseau soixante livres, poids de seize onces, et le mare chal soignera gratis sa vie durante les chevaux dudit convent de Saint-Ursin, sauf neanmoins le remboursement du prix des dro gues.
7 Archives de la Sarthe, B, 53.
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On voit en 1755 le prieur de Saint-Ursin reconnaitre au cure de Lignieres, Paul Baucourt, la rente de 4 livres 5 sols. En 1757 et 1758 de nombreuses plaintes emanent de frere Antoine-Denis Poidevin, religieux, contre le sieur de la Chevallerie®. La maison regoit souvent comme pensionnaires des personnages atteints d'alienation mentale ; quelques autres y sont envoyes par
forme de correction, comme le Pere Laigneau de Langallerie, le seul religieux de Fontevrault qui eut appele de la bulle Unigenitus contre les Jansenistes. Ne a la Fleche (Sarthe), le Pere Laigneau passe dix ans chez les Cordeliers de Laval ou il fait des proselytes, soit dans la ville, soit parmi les jeunes religieux, ce qui oblige le Pere Deroy, gardien de la maison, a le faire eloigner par lettre
de cachet. Cest ainsi qu'il est transfere au prieure de Saint-Ursin, au milieu des bois ou il se deplait a mort et reste assez peu de
temps ®.
Un pensionnaire mort dans cette meme maison le 23 decembre 1771, y a peut-etre ete amene pour des causes identiques ou pour
raison de sante : son nom est Dominique Gaillard. Ne au bailliage de Miesle, en Lorraine, il est age de 69 ans lorsqu'il est inhume en presence du mandataire du Prince de Rohan, En 1750, un vieux soldat invalide, Michel Guesnoust est garde a 1'ab-
baye1*.
La maison regoit egalement en 1766 le Marquis de Flers, jeune religieux malgre lui, parrain le 13 juin dans un bapteme administre par son prieur a Couptrain ; etant donne la personnalite de ce Marquis et la fermeture du prieure, a laquelle il n'est certainement pas etranger, un chapitre special lui est consacre.
A la suite de scandales dans la maison, frere Pierre-Nicolas Besnier, est oblige de quitter Saint-Ursin pour le prieure de SaintPierre de Beaumont, au diocese de Beauvais, tout en demeurant a Paris, rue du Temple, palais de Strasbourg. II reclame en 1774
le remboursement de toutes les depenses effectuees pour Tamelioration de Saint-Ursin du 24 juillet 1753 a Paques 1769. Cette somme, arrete par Frere Lefebvre, chanoine de Sainte-Croix, prieur
de Salignac, au diocese de Cahors, fonde de pouvoirs de M. Teste 8 Archives de la Mayenne, B, 1621, 2059. Paul Baucourt, cure de Grenoux,
nomme a Lignieres le 31 Janvier 1752, y meurt le 3 septembre 1758.
0 Dom Piolin, Histoire de I'Eglise du Mans, Tome VI, page 474. 10 Etat civil de Lignieres-la-Doucelle.
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de Balincour, provincial dudit Ordre, s'eleve a 14.987 livres 2 sols 4 deniers. Le prieur de Beaumont reclame egalement nantissement pour 6.000 livres de mobilier et 6.000 livres de dot qu'il a apportees en entrant dans l'Ordre et dans les divers prieures ou il a vecu depuis 1736.
Pierre-Nicolas Besnier, qualifie d'ancien prieur de Saint-Ursin, se trouve en 1771 au monastere de Caen, pour ceder a l'eveque
de Bayeux les biens de Robert Moulinet, profes de Caen, dont il est le fonde de procuration n. Malgre ses frequentes absences de Saint-Ursin, le prieur avait pourtant essaye d'y jouer un role social. II suffit d'ecouter LouisJoseph-Auguste ANSART, chanoine a Tabbaye de Beaulieu, benedictin de la Congregation de France (ne le 22 mai 1748 a Aubigny,
Sarthe) : II etoit reserve au dernier prieur de changer ce repaire d'animaux malfaisants en habitations humaines. II imagina de construire a ses frais douze cabanes de paysans ; il plaga un menage dans chaque cabane et donna a. chaque manage douze arpens de terre qui furent bientot en culture. II allait construire douze autres cabanes quand sa maison fut detruite par I'eveque diocesain... Qu'est devenu ce religieux-cultivateur ?... Cherchez-le aux Quinze-Vingts (Paris), vous le trouverez dans une simple cellule.12
DESTURSINPARH-* PDMADAMETHEOPHAINE
DEDOUCELLEDAMEDEFERRI ENg&DE-R ESNE'EPOV
USEDEHT^PSBERNARDDELAFERTELEMAKDyAVA NTLANAT|VITEDENDAMELAN-DEC^C2ACONFIR
MEEPAKMSTPLEPAPEGREGyilLTFVTREB-EN'1723 Inscription de Vancienne chapelle de la Madeleine, composee lors de sa restauration, 1723. Elle eut ete bien plus a sa place au Calvaire de la Madeleine,
a
Couptrain,
qu'a
celui
de
Saint-Aignan-de-Couptrain,
avec
qui il a de nombreuses ressemblances : statues de pieuses jemmes de chaque cote de la Croix.
11 Archives du Calvados, D. 583. 12 Ansart, Vues d'un solitaire pairiote, manuscrits, T. II, p. 175.
SAINT-URSIN
63
X. - LE MARQUIS DE FLERS ET LA FIN DE SAINT-URSIN, 1770.
Pierre-Frangois-de-Paule de la Motte-Ango, Marquis de Piers, religieux de Saint-Ursin.
La famille Ango de la Motte-Ango, anoblie en 1639 porte: d'azur a trois annelets d'or et a pour devise : Deo duce} comite
gladio \
Devenus Comtes de Flers par alliance Pelleve en 1717 et ex tinction de cette derniere famille dans la leur en 1736, les de la Motte-Ango portent alors : aux premier et quatrieme, de gueules,
a la tete humaine d'argent, le poil leve d'or (qui est de Pelleve) ; aux deuxieme et troisieme, de gueules a neuf macles d'or (qui est de Rohan) ; sur le tout, d'azur, a 3 annelets d'or (qui est de la Motte-Ango).
Les quartiers 2 et 3 viennent d'Isabeau de Rohan, femme en 1593 de Nicolas de Pelleve, seigneur de Flers. Le jeune chanoine de Saint-Ursin est le fils de Ange-Hyacinthe de la Motte-Ango, chevalier, comte de Flers, baron de Larchamp, chatelain de la Lande-Patry, seigneur de la Fresnais, les Letiers et autres lieux, epoux le 9 juin 1744 de Marie-Madeleine-Char lotte de Chertemps de Seuil, baronne de Reaux, de Saint-Maurice et de Rochefort, en Saintonge. Le Comte et la Comtesse de Flers ont de leur mariage sept
enfants dont trois fils et une fille survivent. Dans la famille, il y a de nombreux pretres et religieuses, et jusqu'a un Saint, fondateur de l'Ordre des Minimes : Francois de Paule, (ne en 1436, mort a Plessis-les-Tours en 1507), que l'Eglise fete le 2 avril. Bon nombre de membres de la famille portent le nom du saint parmi leurs prenoms, et parmi eux notre religieux de SaintUrsin.
Celui-ci a deux tantes, soeurs de son pere, tres saintes religieuses Ces armes peuvent se voir sur une taque de cheminee au village de la Reveillere, en Saint-Calais. Est-ce par pur hasard qu'on les rencontre a moins de trois kilometres de St-Ursin ?
La famille a pour auteur Jean Ango; cite administrateur de l'hotel-Dieu d*Argen-
tan en 1523, et tire son nom de la terre de la Motte, en Joue-du-Plain,
pres
d'Ecouche (Orne), acquise de la Maison de Montgomery par Nicolas Ango, le
26 octobre 1641.
64
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
du couvent de la Visitation a Rouen, decedees Tune en 1737,
l'autre en 1769 ; deux de ses oncles sont Chartreux ; deux grand' tantes furent religieuses benedictines en 1'abbaye royale d'Almeneches, et une autre carmelite, toutes edifiantes dans leurs communautes. Le Comte et la Comtesse de Flers vont avoir la voca
tion pour leurs enfants : 1° - Pierre-Frangois-de-Paule, le fils aine, religieux malgre lui. 2° - Louis-Charles de la Motte-Ango, vicomte de Flers, baron de Larchamp, general d'armee, guillotine en juillet 1794 sous Robespierre 2.
3° - Ange-Joseph, dit l'abbe de Flers, vicaire general de Lombez, dans les ordres malgre lui, decede en 1834. 4° - Agathe, n'arrive pas a se resigner au role de chanoinesse et
finit par epouser le 12 juin 1771, Louis-Gabriel Pitard, comte de^ la Brizoliere.
Pourquoi toutes ces vocations forcees ? Si incroyable que cela
puisse etre, il y a l'influence indirecte de Voltaire, le patriarche de Ferney !
Le Comte de Flers achete a partir de 1764 les seigneuries de la Ferriere et de Saint-Andre-de-Messei, tout en menant grande vie ; a propos de la terre de Flers, les gens disent alors plaisamment: ,,Flers n'est pas une seigneurie,
c'est une province !".
Ange-
Hyacinthe de la Motte-Ango, grand ami de Voltaire, s'etait trou-
ve oblige precedemment de lui emprunter des sommes conside
rables qu'il ne pouvait plus rendre : Tun des solutions, pour diminuer les depenses et garder intacte la terre au cadet, consiste a envoyer les autres enfants au couvent !3 2 Colonel
en 1792,
il
prend part a la campagne de Belgique.
General
de
brigade, il suit Dumouriez en Hollande et doit capitukr devant Breda en 1793. Commandant en chef de 1'armee des Pyrenees-Orientales, il est battu par les Espagnols au Mas-d'Eu, puis a Villefranche. Pourtant revolutionnaire ardent, il paie de sa tete ses defaites.
3 Extraits de lettres de Voltaire a M. de Cideville : ,,Cet Ango doit etre furieusement grand seigneur ; car non seulement, il ne paie point ses creanciers, mais il ne daigne pas leur faire civilite" ; 10 novembre 1758. - ,,11 faut tarabuster le Marquis Ango et lui faire sentir que quelquefois les grands seigneurs ne laissent pas d'etre obliges de payer leurs dettes, malgre les grands services qu'ils rendent a l'Etat... Je ferai breche a son tresor, car je batis une terre, non pas un marquisat comme La Motte, non un palais comme le palais Ango, mais une maison commode et rustique ; ...j'ai des machicoulis et des meurtrieres et mes vassaux feront la guerre a La Motte-Ango..." decembre 1758. - ,,Notre odoriferant marquis
Jin*
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QUARTENIER ONFROY Avec la signature du prieur en la croix des Croisiers
du O majuscule de Onfroy (p. 253).
a. l'interieur
66
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
de mes jours, soit de me transporter aux iles d'Amerique. Ces menaces, qui m'etaient transmises de la part de mon pere, m'ayant saisi d'epouvante, me d6terminerent a faire tout ce qu'on voulait. Je pris l'habit et fis profession1. En agissant ainsi, mon pere et ma mere, continue le jeune profes, ont em ploye un systeme de pression, dont je ne suis pas le seul de leurs enfants a se plaindre (allusion a 1'abbe et a la chanoinesse). Je proteste devant Dieu et devant les hommes contre la violence dont on a use envers moi, pour me faire prononcer mes voeux.4
La profession religieuse de Pierre-Frangois-de-Paule avait eu lieu le 2 fevrier 1767. Son pere et sa mere, prevoyant les suites de Tabus qu'ils faisaient de leur autorite, s'etaient premunis en exigeant qu'il signat un acte par lequel il affirmait n'etre entre en religion que de son plein gre, sans contrainte aucune. Ces faits furent livres a l'appreciation de l'autorite ecclesiastique. Us ressortaient de quatre actes passes en suivant 1'ordre dels dates : le premier devant Jean-Charles Racinet, seul notaire royal hereditaire de la Cour royale du Mans, au faubourg de Monsort, paroisse de Saint-Paterne, pres d'Alenfon, le 18 fevrier 1767 ; le second, devant les conseillers du roi, notaires au Mans, le 19 septembre de la meme annee; et les deux autres, quelque temps apres, devant le notaire Racinet. Le plaignant etait qualifier marquis de Flers, titre que nous lui avons conserve. La violence morale subie par le jeune religieux ne pouvait etre contestee. II y avait eu concert entre les parents et le prieur de
Saint-Ursin, Pierre-Nicolas Besnier. Leur fourberie eclatait aux yeux. Un pretre d'Alenfon, docteur en Sorbonne, GuillaumeFrangois de la Riviere, qui figurait comme temoin a l'acte du 18
fevrier 1767, nous semble avoir ete le conseiller devoue de la
victime, dans la poursuite en nullite de ses voeux. Et pourtant la fortune ne manquait pas a la famille de Flers, il s'agissait de la reserver entiere pour 1'enfant prefere : LouisCharles de la Motte-Ango. La disparition d'un fils ou d'une £ille> a laquelle on donnait une faible dot pour entrer au couvent, augmentait la part des autres, car le profes etait un homme mort au monde et sans droit dans la succession de ses parents. Plus heureux ou plus resolu que bien d'autres, Pierre-Frangois-
4 Deposition a I'evech6 du Mans, Archives de la Sarthe, G, 409, Insinuations ecclesiastiques, Tome LXX, 1769, F° 9. - Cf. Premier volume des manuscrits de Jean-Baptiste-Almire BERNARD, ancien notaire a Ambrieres, conserves a la Bibliotheque de la ville de LAVAL. - GROSSE-DUPERRON, Souvenirs du VieuxMayenne, 1900, Poirier, Mayenne, 140-144.
SAINT-URSIN
61
de-Paule de la Motte-Ango put recouvrer la liberte. Les liens re-
ligieux, contractes par lui dans la crainte d'etre enferme a la Bastille, sont brises, et il epouse le 22 aout 1777 au Mans, Jacquine-Louise-Rosalie Le Goue de Richemond. Marie contre la volonte de ses parents, notre ancien religieux attend la mort de son pere, 25 avril 1788, pour revenir habiter le
chateau de Flers, en compagnie de son epouse et de son fils, Hyacinthe-Pierre-Frangois-de-Paule-Jacques, ne le 28 juillet 1778 au Mans5. Aux mauvais jours de la Revolution, Pierre-Frangois-
de-Paule se refugie a Caen, section de l'Egalite. La dame de Flers,
ardente royaliste, reste au chateau, qu'elle met a la disposition des chefs insurges. A la suite d'une denonciation, les deux epoux sont arretes et enfermes aux prisons de Caen, le 3 fevrier 1796. Completement mine apres la Revolution, l'ancien religieux de Saint-Ursin se retire a Versailles ou il meurt le 23 mai 1802. Sa
veuve est decoree le 27 novembre 1814 par Louis XVIII. Le fils vend le chateau de Flers et tout ce qui en depend, (3.528 Ha de biens) le 27 Janvier 1806 pour 1.099-990 francs, et meurt pauvre et ruine le 24 Janvier 1835 a Tourlaville (Manche).
La fin de Saint-Ursin, 1770. A la suite d'un tel scandale et s'appuyant sur les Lettres Pa-
tentes du 14 octobre 1769 autorisant les eveques et archeveques a proceder a la suppression et union des monasteres de Croisiers qui se trouveraient dans leurs dioceses, Feveque du Mans revoque le
prieur Besnier de ses fonctions ; celui-ci quitte le prieure, non
sans y avoir fait quelques degats, comme nous allons le voir. II est remplace par M. Lechevin, chanoine regulier de Sainte-Croix
de Caen, qui apres la suppression de droit du prieure en 1770, conserve son titre de prieur jusqu'en 1790, epoque ou nous le rencontrons a Paris. D'autorite, en 1770, l'eveque du Mans, sup-
prime la conventualite a Saint-Ursin, et tous les revenus de la
mense, affectes desormais au Seminaire de Domfront6, tenu par B Dans un aveu du fief de la Chauviniere, en Saint-Baumer
(Orne), notre
religieux se qualifie le 3 septembre 1788 : Haut et puissant seigneur messire Pierr^-Francois-de-Paule de la Motte-Ango, chevalier, seigneur-comte de Flers, baron de Larchamp, marquis de Messey, comte de la Ferriere, et aussi seigneur du fief du Fougeray, en St-Bomer, et autres lieux... (A. Surville, Histoire feodale de Saint-Baumer, Pays-Bas-Normand, T. Ill, 225). 0 LE PAIGE, Dictionnaire, 1777, I, 275.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
les Eudistes, ce qui va etre 1'occasion de longs debats entre l'eveche du Mans et la famille de Rohan.
Nous avons rencontre precedemment Louis de Rohan, cheva lier, seigneur de la Chatellenie de Resne 7. Le Cardinal de Rohan, eveque-prince de Strasbourg, landgrave d'Alsace, prince du SaintEmpire, grand aumonier de France, titulaire du prieure de SaintMars-sur-la-Futaie (Mayenne), prend possession de ce dernier par procuration en 1730 8. A partir de 1769, nous faisons connaissance avec un autre membre de la famille de Rohan, et des plus celebres,
futur eveque et cardinal de Strasbourg, pour le moment LouisRene-Edouard de Rohan-Guemene, eveque titulaire de Canope, coadjuteur de Strasbourg, heritier et representant de Guillaume de Doucelle, fondateur de Saint-Ursin. Lui et les religieux de Saint-Ursin font opposition violente aux decisions arbitraires de l'eveque du Mans9.
Se prevalant de l'acte de fondation stipulant qu'en cas de sup pression du prieure, Saint-Ursin reviendrait aux heritiers du seigneur de Doucelle, et prevoyant la decision du Mans, l'evequecoadjuteur de Strasbourg aliene purement et simplement le prieure. Les actes de spoliation prennent leur source dans un traite fait le 8 octobre 1769 entre frere Pierre-Nicolas Besnier se disant encore prieur de ladite maison et faisant tant pour luy que pour les autres religieux de cette maison au nombre de trots ou quatre et Mgr de Rohan-Guemene, heritier de Doucelle. En foi de quoi, a la suite de I'homologation excessivement rapide de ce traite par un arret de la Cour du Parlement de Paris le 30 Janvier 1770, des immeubles, vases sacres et ornements sont alienes, ou sequestres des cette meme annee par le coadjuteur de Strasbourg. Au cours d'une seance extraordinaire de la Chambre Ecclesiastique du Mans, le lundi 13 avril 1772, Monseigneur Louis-
Andre de Grimaldi, des Princes de Monaco, eveque du Mans, s'oppose avec la plus grande vigueur contre l'arret du Parlement
de Paris, dont il exige de toutes ses forces la nullite, ainsi que celle de toutes les ventes et alienations deja realisees sur Saint-
Ursin. Sans tarder, il nomme un regisseur-econome de Saint7 Archives de la Sarthe, H, 213. 8 Archives de la Sarthe, G, 386. Famille de Rohan, B, 1496. 0 Archives de la Sarthe, G, 433.
SAINT-URSIN
69
Ursin, charge de recuperer tout ce qui a ete distrait, de regir tous
les biens du monastere et de rendre compte de sa gestion tous les trois mois a son eveque. Un tres long proces s'engage entre le tres puissant eveque du
Mans, des Princes de Monaco, et le tres puissant cardinal-eveque de Strasbourg, Prince de Rohan. Un long memoire de l'eveque du Mans contre celui de Strasbourg nous apprend que c'est sur le point d'etre fait enfermer par le premier a la suite de sa vie scan-
daleuse, que le prieur Besnier a reussi a s'enfuir de justesse de Saint-Ursin et se mettre sous la protection du second, en 1769. C'est en son nom et en celui des religieux tant presents qu'absents de Saint-Ursin, que le prieur Besnier, malgre l'opposition du seul frere Chazel, abandonne par le traite du 8 octobre 1769 tout le prieure avec ses dependances a Monseigneur Louis de Rohan-Guemene. Celui-ci en prend possession a la date du 1° avril 1770, en pergoit les revenus et fermages, promet d'assurer les
messes et fondations, et s'oblige de verser chaque annee 300 livres de rente viagere a chacun des freres Rene Le Plesseur, Jean Vaudron, Jacques Lechevin, et Nicolas Chazel; 100 livres au frere Denis Poitevin et pareille somme a chacun des nommes Pierre de Laval et Jacques Vauloup, freres donnes. En juillet 1770, le Provincial de l'Ordre, mecontent de ces agissements, nomme le frere Chazel afin de regir au nom du Con vent de Saint-Ursin, gouverner et administrer les biens et affaires
en dependant, recevoir toutes les sommes qui etaient ou seraient dues a Vavenir et faire tout ce qui conviendrait pour cette admi nistration. Besnier, prenant immediatement la qualite de prieur titulaire de Saint-Ursin, nomme alors Dubut, cabaretier a Lignieres, pour recevoir tous les fermages, dus et rentes de prieu re.
Le cabaretier s'en tire si bien que le frere Chazel, incapable de pouvoir regir le prieure, se voit oblige de se pourvoir au siege
de la Marechaussee du Mans qui lui donne raison le 23 Janvier 1771. Mais le frere Chazel est oblige de ceder face au puissant coadjuteur de Strasbourg, en possession de lettres de cachet pour le faire enfermer : cinq cavaliers de la Marechaussee d'Alengon enlevent le pauvre frere le 27 avril, tandis que les envoyes du coadjuteur prennent de force le frere Vaudron, indesirable a leurs
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
yeux, pour le transferer a l'hopital, puis aux prisons d'Alengon. Dans ces entrefaites, les fondes de pouvoir de Mgr de RohanGuemene, traitent avec le cure de Saint-Calais-du-Desert et son pere pour le rachat d'une rente de 18 boisseaux de seigle, au
prix de 3.000 livres et 8 louis d'or de pot de vin, et la vente de la ferme du Fay et des fiefs de la Martiniere et de Courbesnu pour la somme de 6.600 livres et 16 louis d'or de vin10. Horrifie de la fagon de faire de la Maison de Rohan, Teveque du Mans se voit oblige de prendre la defense de Saint-Ursin et charge Maitre Baudron, syndic de l'eveche du Mans, de poursuivre la restitution du prieure. Un premier concordat sans beaucoup de resultat est signe en 1779 entre le sieur Connet, procureur de son Eminence le Cardinal et le sieur Julienne, procureur du sieur Maulny, syndic du clerge du diocese du Mans. Le 14 juin 1782 est signee a Paris une transaction entre l'abbe
de Villefond, fonde de pouvoirs du Cardinal et M. Prodhomme de la Broussiniere, depute de la Chambre ecclesiastique du Mans. Le lendemain, 15 juin, la Chambre ecclesiastique du Mans reunie a la suite de cette transaction, autorise le sieur Fay, receveur des
decimes du diocese a payer a Son Eminence la somme de 4.000 livres pour sa non-opposition, ainsi que tout ce qui peut etre du
au prieur Besnier; tout le mobilier doit etre remis aux mains du Cardinal, qui depossede desormais de Saint-Ursin, regoit de l'eve-
che du Mans une indemnite de 12.000 livres, payable la moitie le rr juillet suivant, et l'autre au ler octobre. Le grand gagnant de Taffaire est l'eveque de Strasbourg, mais tout n'est pas termine pour autant.
,
Doivent paraitre ensuite des Lettres Patentes confirmatives du
decret de suppression et union de la maison de Saint-Ursin, avec
ses biens et revenus, au Seminaire de Domfront-en-Passais. En temoignage de son action au service du diocese du Mans, M. Jacques-Pierre Prodhomme de la Broussiniere, est nomme fin 1782, prieur de 1'abbaye de la Couture, au Mans.
A la suite de I'affaire du Collier de la Reine, ou est implique notre Cardinal de Rohan, Faction de Saint-Ursin s'eteint d'ellememe. Nous avons retrouve aux Archives du Mans cette lettre de 10 Archives Nationals, liasse G 9, 514, N° 84.
SAINT-URSIN
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Maitre Pioles, avocat a Paris, envoyee le 13 novembre 1785 a M. Prodhomme de la Broussiniere: Vous ne pouvez pas ignorer la banqueroute de 36 a 38 millions de M. le Prince de Guemene, ni l'etat actuel de M. le Prince Cardinal de Rohan, detenu prisonnier a la Bastille depuis pres de trois mois. On assure qu'il doit 8 millions de son chef. En consequence, je pense qu'il n'y a plus esperance de faire aucun arrangement solide avec cette Eminence au sujet du prieure de Saint-Ursin. Ii serait done inutile de laisser les pieces entre mes mains.
Paris,
13
9bre
1785 ^
Cette meme annee 1785, Rene-Julien Esnault, est regu a Li-
gnieres comme garde des bois, chasse et peche du prieure12, tandis que le brillant Cardinal, a la suite de l'affaire du Collier, va bientot vivre son exil a Tabbaye de la Chaise-Dieu (Haute-Loire). Ce
prelat, fort peu devot, fort adore des femmes, vetu d'habits d'une richesse telle qu'on ose a peine y toucher, parait aux moines si scandaleux qu'ils refusent de le recevoir et lui font batir en hate une maison en dehors de 1'enceinte.
- Les derniers religieux. Si Ton en croit un document des Archives Nationales, le prieure
de Saint-Ursin compte neuf religieux en 1769 : chiffre gonfle par la menace de fermeture de la maison sans doute. En realite, ils ne sont que trois ou quatre presents, les autres etant soit dans des
couvents de l'Ordre, soit dans leur famille. II est possible que tous aient fait profession au nom de Saint-Ursin. Ce sont: 1° - Frere Pierre-Nicolas Besnier, pretre, prieur apres sa re
signation du prieure de Pioussay; etant in extremis a. fait pro fession a Paris le 9 septembre 1736, age de seize ans. 2° - Frere Denis Poitevin, pretre, prieur de Saint-Orens de
Toulouse et avant prieur de Salignac et desservant de Saint-Antoine, douze ans de profession, age de 44 ans. 310 - Frere Jean Vaudron, frere de choeur, absolument aliene depuis un an et plus, onze ans de profession, age de 40 ans, originaire de Paris. 4° - Frere Nicolas Chazel, acolythe, chez ses parents dans la u Archives de la Sarthe, G, 433 ; fonds municipal du Mans, 802bis-181. -
Archives Nationales, Liasse G 9, 514, N° 84 : Memoire de l'Eveque du Mans contre l'6veque-coadjuteur de Strasbourg.
u Archives de la Mayenne, B, 2083.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
Lorraine allemande, en dehors de la maison depuis sept ans, dix ans de profession, age de 29 a 30 ans. 5° - Frere Jacques ou Jean Lechevin, clerc tonsure, a demi paralytique, et tres faible d'esprit, dix ans de profession, reside a Chauny, en Picardie, age de 33 ans, originaire de Versailles. 6° - Frere Rene Le Plesseur, frere convers ou de travail, dix ans de profession, age de 35 ans, originaire de Neuilly-le-Vendin, au Maine.
7° - Frere Pierre-Frangois-de-Paule de la Motte-Ango, clerc tonsure, deux ans et demi de profession, se trouve chez les Jaco bins du Mans, jusqu'a la fin de son proces, age de 23 ans. 8° - Frere Jacques Vauloup, frere donne engage seulement devant notaire, originaire de Saint-Ouen, au Bas-Maine, age de 36 ans.
9° - Frere Pierre de Laval, frere donne egalement, natif du diocese de Chartres, pres de Cucey, age de 33 ans. Tous les deux ne sont a Saint-Ursin que pour leur nourriture et vetements et sont affectes a la grosse besogne.
Depuis quatorze ans il y a un vieux pretre infirme, Dominique Gaillard, nourri et loge pour sa messe. Un autre pretre vient dire sa messe les dimanches et fetes, y est nourri ces jours-la et regoit une gratification a la fin de l'annee 13. Devenu prieur titulaire de Saint-Ursin, le frere J. Lechevin vit a Paris et regoit une rente viagere de 350 livres de la part du Cardinal de Rohan ; apres l'affaire du ,,Collier de la Reine", il est oblige de proceder contre la Maison de Rohan ; apres 1788, c'est le Seminaire de Domfront qui le prend en charge, sur les revenus des biens de Saint-Ursin. Nous connaissons un peu mieux le frere Nicolas-Louis Chazel, inhume le 19 decembre 1775, sur les cinq heures du soir, dans 1'aile de la Trinite de l'eglise des Jacobins, au Mans, par le R. P. Luc Cottereau, predicateur general, religieux de la maison des Jacobins. L'ancien religieux de Saint-Ursin est age de 39 ans. Le meme jour, les scelles sont apposes chez la Vve Sille, car-
tiere au Mans, paroisse du Crucifix, en 1'appartement qu'occupait le defunt, un de ceux qui habitaient la maison des Ursins en ce diocese. 33 Archives Nationales,
ibidem, N°
83.
SAINT-URSIN
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Le 30 Janvier 1776, Frere Jean-Dominique Testu de Balincour, pretre chanoine regulier de Ste-Croix de la Bretonnerie, provin
cial et vicaire general de tout I'Ordre des chanoines reguliers de Ste-Croix, Ordre de Saint-Augustin, en France, demeurant a la maison dud. ordre, etabli a Paris, Rue des Billettes, paroisse de St-Jean, se trouve a la levee des scelles.
La servante du religieux, Julienne Charpentier, fait alors oppo sition et reclame sur l'heritage une creance de 424 livres 16 sols, pour linge fourni au religieux : matelas, traversin, couverture de laine et argent prete a differentes reprises. Sont a elle une rotissoire en fer-blanc, une table couverte d'un tapis, etc... Le religieux a vecu dans la plus grande pauvrete et le provincial est oblige de retourner a Paris sans avoir pu obtenir tout l'heritage escompte14.
Malgre le depart des religieux de Sainte-Croix a partir de 1770, nous trouvons comme desservant de la chapelle en 1778, un cer tain Drouet, age de 71 ans. Nous aurions voulu parler davantage des activites des differents religieux de Saint-Ursin au cours des siecles, et pas seulement nous etendre sur leurs acquisitions ou leurs biens : 1'historien ne
choisit pas ses documents, il n'utilise que ce qu'il trouve. Dieu seul connait tous les merites des ermites et religieux qui ont sanctifie jadis la foret de Monnaie, et qui n'ont pas ete sans se rencontrer parfois dans le site magnifique du Saut-d-la-Biche, a la limite de Lignieres et Saint-Calais, au centre de divers prieures : freres Croisiers, de Saint-Ursin ; religieux de Saint Bernard de Tiron, de Saint-Maurice (Lignieres) ; religieux benedictins du prieure de Couptrain ; religieux de Saint-Vincent du Mans du prieure de Saint-Calais.
M Archives de la Sarthe, B, 944.
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LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
XL - LE SORT DE SAINT-URSIN APRES LA VIE CONVENTUELLE
Sous la Revolution Frangaise. De 1791 a 1801 le grand maitre de Saint-Ursin est Jean-Baptiste-
Thomas-Frangois Juliot-Lerardiere, ne en 1746, avocat a Pre-enPail, devenu juge a Lassay en 1791, alors que le Cahier de Doleances de la paroisse de Lignieres demande en mars 1789 l'attribution des biens de Saint-Ursin, a un hopital.
La vente nationale sur le Seminaire de Domfront a lieu le 7 fe-
vrier 1791 en l'eglise Saint-Georges de Villaines-la-Juhel: tous les biens de Saint-Ursin, en Lignieres, sont adjuges pour plus de 47.000 livres au citoyen Juliot-Lerardiere : - Maison monacale de Saint-Ursin, batiments, dependances, 6tang du moulin, etang des Souchets, diverses pieces de terre, etc... et les cloches reposantes dans l'eglise dudit St-Ursin, 8.400 livres. - Fermes de Saint-Ursin, 16.600 livres.
-
Bordage des Vallies, 4.600 livres. Bordage de la Maison-Neuve, 6.500 livres. Ferme des Souchets, 9.900 livres. Pieces de terre a Fosse-Garnier, 2.000 livres.
Sont aussi vendues des metairies a la Touchefouillere, et a la Touche, etc... Parmi les acquereurs, un sieur Catois, sabotier a Lignieres \
Au 19me Siecle.
Le sieur Juliot-Lerardiere, oblige de venir habiter a Saint-Ursin
lorsque les fonctions que la Revolution lui avait confiees lui echappent, se trouve dans la necessite de revendre tous ses biens en 1801 a Maitre Guernon, avocat a la Cour d'Angers; celui-ci
etablit dans la maison prieurale une verrerie, qu'il abandonne au bout de quelques annees de fonctionnement. L'administration departementale signale en 1804 la chapelle de Saint-Ursin dont la conservation parait utile; le lieu de culte est
definitivement abandonne de 1815 a 1820, tandis que se deroule encore assemblee et pelerinage le 11 juin, fete de St-Ursin et St-Barnabe. 1 Archives de k Mayenne, Q, 730.
SAINT-URSIN
75
Rene-Jean-Baptiste-Aime Guernon, vend a Monsieur Rene Ca-
tois, de Ranes (Orne) en fevrier 1824, ainsi qu'a Victor Alexandre, son ancien jardinier de Saint-Ursin, epoux de Frangoise-Charlotte-Gabrielle Besnier;
ces derniers obtiennent la totalite de
Saint-Ursin en 1827, sur Rene Catois. Depuis l'ancien prieure se
trouve aux mains de la meme famille, souvent par branches feminines; actuellement, Monsieur Arsene Sassier, proprietaire-ex-
ploitant, par son epouse, nee Victorine Ripault. Ils habitent la maison prieurale, du moins la moitie, puisque la partie ouest a ete completement abattue en 1848. Au rez-de-chaussee etaient la cuisine, les offices ,le refectoire commun, le salon du superieur, et au premier etage les appartements ou cellules des religieux. Cuisine et refectoire n'existent
plus; cheminee et evier sont en partie conserves dans un mur
d'enceinte. Peu de modifications ont ete apportees dans la partie habitee: cheminees en granit 18° siecle, carrelages ou dallages. En avant et en arriere on avait menage des jardins a cascades, des
promenades, des salles vertes. La premiere piece de terre en arriere est toujours appelee le Parterre, et celle au-dessus dans laquelle subsiste la tonnelle du prieur : le Jardin. A l'etage du prieure, sur la cheminee d'une chambre de reli gieux (sans doute celle du prieur), on peut toujours voir une grande croix-croisier, et en dessous cette inscription peinte: QUID.PRODEST.HOMINI.SI.TOTUM.MUNDUM.
LUCRETUR.ANIMAE.VERO.SUAE MENTUM.PATIATUR2.
(
)
DETRI-
que nous traduisons en gros : Quel profit en effet aura Thomme, s'il gagne le monde entier, mais perd son ame ? Au 20™ siecle.
La chapelle, servant depuis longtemps de fenil et d'etable, s'est effondree a deux heures du matin dans la nuit du 24 au 25 decembre 1929. En cette annee 1964, nous aurions pu feter le demi-millenaire de sa dedicace (1464-1964). Ne subsiste que le pignon aux fenetres geminees, juste au-dessus de la source. Comme nous 1'avons dit, les douze stalles de 1675 sont dans Teglise de
Couptrain, ainsi que le tableau de la Crucifixion, ce dernier ayant • CL Matthieu, XVI, 26 ; Marc, VIII, 36 ; Luc, IX, 25.
76
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
ete place aux fonts baptismaux de Lignieres-la-Doucelle pendant la majeure partie du 19me siecle. Vers 1820, un calice et quelques chasubles ont ete donnes a 1'eglise paroissiale de Lignieres : nous n'en avons trouve trace. Un benitier en granit se trouve a terre a 1'entree de la maison prieurale. La source, qui jaillit et bouillonne au chevet de la chapelle, a
fait ainsi que cette derniere, 1'objet d'une demande en expropria tion par la commune de Bagnoles-de-rOrne (Orne) en vertu d'un decret du 2 decembre 1923 d'interet public. Le jury d'expropriation a ete convoque le 9 novembre 1925 pour evaluer l'emprise. Depuis, source et chapelle sont la propriete du Syndkat intercommunal des eaux de Bagnoles-de-VOrne - Tesse-la-Madeleine, Villa Saint-Ursin, a Bagnoles. A l'epoque, la Commission des Sites et Monuments de la Mayenne a emis vceu pour la conser vation des vestiges de l'anrien prieure. Le Syndicat des Eaux a promis depuis longtemps la restauration de la chapelle; rien n'a ete fait et les pierres de 1'ancienne chapelle sont toujours en tas. Les statues des saints Ursin, Come et Damien sont toujours conservees religieusement par la famille Sassier, de Saint-Ursin. Depuis 1927, grace aux mesures radicales prises par le docteur Le Muet, maire de Bagnoles, l'eau de Saint-Ursin coule dans la cite thermale. M. Auguste Bruneau, ingenieur distingue de Couterne, a reussi un coup de maitre en faisant arriver cette eau
jusqu'a Bagnoles, distante de 13 kilometres, uniquement par gra vitation naturelle, sans le secours d'aucun appareil de pompage, alors que la difference de niveau n'est que de 13 metres ! Le point de captation, propriete de Bagnoles, a une surface d'un hectare et demi; la source dont le debit accuse en moyenne 800 metres cubes en 24 heures, est desormais cachee aux yeux par des dalles de ciment. Avec l'augmentation des curistes bagnolais, la municipality de cette ville a du ces dernieres annees perfectionner sts installations de Saint-Ursin. Actuellement trois sour ces sortent de l'ancien prieure designees par les lettres A.B.C., selon leur ordre de captation, A designant la source du chevet
de la chapelle, B et C les deux autres qui sourdent dans un terrain spongieux a quelques deux cents metres de A. Deux moteurs electriques envoient, par pompage, leur contenu
dans quatre filtres metalliques contenant du gravier, du sable
SAINT-URSIN
77
moyen et du sable crible qui absorbent les corps etrangers. Filtrees, les eaux passent ensuite, dans un bassin d'environ 250 me tres cubes, dispose en quatre compartiments, et renfermant de la ,,neutralite" en proportions exactement calculees pour que toute acidite entierement supprimee, elles empruntent, a leur sortie, la canalisation qui les conduit au reservoir de distribution de Ba gnoles. La, elles sont javellisees dans une proportion infinitesimale.
Elles regoivent, en effet, un dizieme de milligramme de chlore par litre alors qu'elles pourraient en supporter quinze fois plus. L'operation est automatique. Elle se reproduit toutes les 128 secondes. D'une puissance moyenne journaliere de 1.100 metres cubes,
l'eau des trois sources de Saint-Ursin est utilisee pour l'alimentation et les besoins domestiques de la grande cite bagnolaise ;
la moyenne de juin 1964 a ete de 1.080 metres cubes, et le 23 juillet, jour ou nous avons termine cette etude sur le Prieure de Saint-Ursin, la fontaine a produit 949 metres cubes d'eau sortant a une temperature de 14°63.
II s'en est pourtant fallu de peu pour que l'eau de Saint-Ursin n'aille pas alimenter Bagnoles. De serieuses complications administratives surgirent du fait que la source se trouvait dans un
departement voisin. Le Prefet de la Mayenne se montrait excessivement intransigeant. Cette annee-la le President Edouard Herriot
vint en cure a Bagnoles. Sa presence dans la station, son autorite
dans les milieux gouvernementaux, ses relations amicales avec le docteur Le Muet eurent tot fait d'arrondir les angles et d'arranger 8 Les resultats des analyses effectives par les services de la Prefecture de la
Seine,
donne :
sur un
echantillon
d'eau
preleve
a
Saint-Ursin
le
4
fevrier
1959
ont
a) - Analyse physique : Temperature : 14°6 ; Turbidite, I ; resistivite electrique (en ohms a 18°) : 20.500 ; pH : 4, I ; pH apres marbre : 6,7. b) - Analyse chimique (milligrammes par litre) : Matieres organiques en oxy-
gene : 0,10 ; Azote nitrique, 0,10 ; Alcalinite apres marbre : 27, Alcalinite* en CaO : 1,2 ; Chlore des chlorures : 10,5 ; Sulfates en SO3 : 5,7 ; degre hydrotimetrique total : 1°25 ; Silice en SiO2 : 13 ; Chaux en CaO : 5,2 ; Magnesie en MgO : 1,3 ; Gaz carbonique en CO2 : 49 ; Sodium en Na : 6 ; Potassium en K : 1,7. c) - Analyse biologique : nombre total de germes par cm3 : 6 ; nombre de
liquefiants par cm3 : 2. (Aimablement communique par le Syndicat des Eaux de Bagnoles-Tesse-la-Madeleine). Le volume quotidien d'eau descend a 850 M3 en periodes seches d'aoiit.
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
78
les choses. Grace a 1'intervention de cet homme eminent, les obsta
cles fondirent comme neige au soleil et les autorisations indispensables obtenues en un tournemain4. Avec la captation ont disparu les coutumes locales de venir, a jeun, plonger la chemise des nouveaux-nes ou enfants atteints de convulsions ou de maladies de peau, ou son propre linge de corps pour se preserver des maladies, tant on avait confiance dans ses proprietes therapeutiques.
Albert DURAND
HABIT RELIGIEUX DES CROISIERS d'apres une miniature du I6e siecle (Graduate de Joannes van Deventer, o.s.c. conserve au couvent de Sainte-Agathe, Cuyk, Pays-Bas)
4 La source de St-Ursin, article de Dans le bain, N° 13, curiste bagnolais.
1964, Journal du
SAINT-URSIN
79
PIECES JUSTIFICATIVES
1.
Acquisition sur Vabbaye de Beaulieu de I'ermitage de Saint-Ursin par Guillaume de Doucelle, chevalier. 10 septembre 1302
Bibliotheque de
la
Societe*
d'Agriculture,
Sciences et Arts
de
la
Sarthe-
au Mans, QUARTENIER ONFROY, N° 3711 du catalogue, 1° charte, pages 1-2. Archives Departementales de la Sarthe, fonds municipal du Mans (collection Esnault) cote 802 bis- 181.
Copie collationnee par Chapelain, e*cuyer, secretaire du roi, maisons, couronne
de France et de ses finances. Sur un vidimus de l'official du Mans du mardi
apres la fete Ste-Marie-Madeleine 1326.
Universis... frater JEgedius, humilis abbas monasterii B. M. Belliloci, propre Cenomanum [Beaulieu, pres Le Mans], totusque ejusdem loci conventus, salutem in Domino. Notum facimus quod nos de communi assensu nostro, pensata utilitate monasterii nostri, quamdam domunculam nostram vulgo vocatam eremus Sancti Ursini, cum pertinenciis ejus, sitam in decanatu de Passayo [doyenne du Passats], in foresta quadam, in parrochia de Ligneriis la Doucelle, nobis non multum utilem, cujus proventus seu facultates nobis erant quasi inutiles et valde tenues, tradidimus et concessimus nobili viro domino Guillelmo de Doucellis, militi, possidendam, habendam et explectandam jure hereditario, sive heredibus suis et successori-
bus quibuscumque a modo in perpetuum, in scambium seu presentationem viginti solidorum turonensium [20 sols tournois\ annuite perpetui redditus quern nobis acquisivit propre Cenomanum in foedo nostro, conditionem monasterii nostri meliorem faciendo, et de quod redditu nos tenemus perpetuo pro pagatos et nobis et monasterio ex parte dicti
militis confitemur
fuisse sufficienter
assignatum,
transferentes in dictum militem et ejus successores quoscumque quidquid juris proprietatis, possessions quod in dicto heremitagio habebamus et habemus, seu habere possumus et in ejus pertinenciis aliqua ratione ; promittentes eis nos serviturum et defensurum eidem et suis successoribus dictam traditionem quantum jus dictabit, et quod contra non veniemus in futurum. Renuntiantes... In cujus rei testimonium presentes litteras eidem militi concessimus sigillo R. P. DD. Roberti, Dei gratia Cenomanensis episcopi, una cum sigillo nostro, sigillatas. Et Robertus, divina permissione Cenom. epus, inquisitione facta legitime supra his et comperto quod premissa cedunt ad utilitatem dicti monasterii ac decernimus perpetuo robore valitura et traditionem predictam approbantes et
nostra auctoritate cum interpositione nostri decreti eamdem confirmantes, in cujus
rei testimonium sigillum nostrum una cum sigillo dictorum religiosorum presentibus
duximus apponendum. Datum anno Dni M° CCC° 11°, die lune post festum Nativitatis B.M.V.
80
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN 2.
Donation du manoir, cbapelle et appartenances de Saint-Ursin aux Frbres de Sainte-Croix de Vordre de Saint-Augustin, par Guillaume de Doucelle, chevalier, a charge de prieres pour le repos de son ante. 5 juillet 1307
Bibliotheque de la Societe" d'Agriculture du Mans, et Archives Departementales de la Sarthe, memes origines. QUARTENIER ONFROY, 2° charte, pages 2-5, et pages 30-33.
Copie collationnee avec l'abbe de Beaulieu. A tous ceux qui ces presences verront et orront, Guillaume de Doucelles, che valier, sire de Resne, salut en noustre Seigneur... Sachent tous que je en lonneur de Dieu et pour le salut de mon ame et de Jehanne [de Montauban, Quartenier, note du XVII0 siecle], ma femme et de mes ancessours, ay donne et octroye et doains et octroye desorendron a toujours mes a Dieu et aux freres de Ste-Croix de l'ordre de S. Augustin, demeurans au manoir de S. Ursin et deservans la chapelle doudit lieu de S. Ursin au desert en la paroisse de Lignieres la Doucelle, que je acquis par eschange de l'abbe Gaudin, couvent de noustre dame de Beaulieu, jouxte Le Mans, si comme il appert par la charte ausdit abe du cou vent, confirmee par l'evesque du Mans et scellee de leurs sceaux. Cest assavoir
le devant dit manoir et la dite chapelle en toutes leurs appartenances si comme ils se comportent et demeurent, en loue et en le de toutes parts ce tenir et aveir
...ans devant dits freres et a. leurs successours ou a ceux qui cause auroient deux, bien et en prez, franchement et quittement, en pure et perpetuelle aumousne. Item, je leur doains et octroy cent soulz de tournois ou de monnaie courante, damnel rente a prendre des ore en avant sur mes rentes de ma terre de Lignieres par la main de mon prevoust et de mes hoirs dudit lieu ausdits freres et a leurs successours ou a qui aront cause d'eux. Cest assavoir cinquante souls chascune
feste de Nostre Dame Angevine et cinquante solz a. chescune feste de Pasque ensuivant ; de quatre chesnes bons et suffisans a mesoner en ma forest de Monnaye, a. livrer ausdits freres ou a. ceux qui cause avont deux chescun an a. la sainc Jehan par la main de mon ventour et des ventours a. mes hoirs qui seront par le temps, a. ediffier et apareiller la chapelle et la meson dudit lieu sans qu'ils en puissent proaint, vendre, ne mettre poaint hors doudit lieu se nestoit pour la pourveance dudit lieu et des freres, et douze pores francs et pessans et douze vaches a. 1'herbage franches en ladite forest le temps que les bestes aus feez et vont tant seulement et tout mort boys et toute branche volee a leur user audit lieu en la maniere que mes hommes coustumiers de Lignieres ne paient ausdits freres la cent souldees de rente aus termes dessusdits que les dits freres pussent avoir et lever douze deniers tournois ou de monnaie courante de paine par
chescune sepmaine qu'il sa deffendroit l'octave passee desdits termes et de chescune d'iceux sur lesdites rentes de Lignieres, aussi bien comme le principal sans ce que moi ne mes hoirs en puissent aler encontre. Et ay faite cete presente donnaison ausdits freres en telle condicion qu'ils sont tenuz chanter ou fere chanter une messe en ladite chapelle par trois jours en la semaine en remission de l'ame de moy et de ladite Jehenne et de mes ancessours, exciepte le moays de septembre et le moays ensuivant pour leur queste fere qu'ils pourront chanter lesdites messes ailleurs,
la
ou
ils
seront
sans
contredit
de nul ;
et
ce
ainsi
est
que
eux
ne
feissent leur deveir en la maniere dessusdite lesdit usage sesseroit, et sil aveneit par aucune aventure que lesdits freres delessassent ledit lieu dou tout en
SAINT-URSIN
81
tout, toutes les chouses dessusdites retourroient et reviendroient franches et quittes a mei et a. mes hoirs.
Et a toutes ces chouses dessusdites garder et entretegnir bien et beaument ausdits freres et a leurs successours ou a ceux qui cause aront deux. Je ledit Guillaume oblige mei et mes hoirs et tous mes biens moubles ou immoubles, presens et avenir en quelconque lieu qu'ils soient et leur en ay donne ces presen tes lettres selles de mon propre seel en temoignage de verite. Ce fut par moy ordonne le mercredi apres la feste S. Martin d'Este l'an de grace 1307.
3.
Charte de jondation canonique du prieure Sainte-Croix de Saint-Ursin, par Pierre Gougeul, eveque du Mans, reglant les droits respectifs des religieux et du Cure de Ugnieres-la-Doucelle. 5 novembre 1316 Archives Departementales de la Sarthe, memes origines.
Imprime dans : Dom PIOLIN, Histoire de I'Eglise du Mans, 1865, Tome IV, pages 603-604 ; Pouille de I'Eglise du Mans, 1677 ; Bulletin de la Commission Historique et Archeologique de la Mayenne, 1° Serie, Tome IV, p. 109-112, annee
1885.
Universis presentes litteras inspecturis, Petrus divina permissione Cenomanensis episcopus salutem in Domino.
Notum facimus quod ad nostram accedentes providentiam quidam religiosi Sancti Augustini de Monasterio Sancti Crucis de Cadomo Baiocentium diocesis, [Monastere Sainte-Croix de Caen, diocese de Bayeux], ut dicebant qualiter institutio duorum fratrum ordinis Sancte Crucis de Cadomo in Heremo Sancti Ursini in Parrochia de Lineriis spectat ad dominum episcopum. Nobis humiliter supplicaverunt quod cum dudum bone memorie Guillelmus quondam dominus de Doucelles, miles, habens devotionem et caritatis affectum ad religionem et fratres ordinis supradicti, quemdam locum juxta forestam ipsius ordinis
militis que vocatur Moneta [Monnaie]
nostre diocesis, in quo quidem loco erat et adhuc est quedam capella constructa in beati Ursini confessoris memoriam et honorem,
qui
locus
hermitagium
Sancti
Ursini
nuncupatur,
in
parrochia
de
Lineriis la Doucelle situatus, deppendens a monasterio Belliloci propre Cenomanum
et membrum ipsius monasterii existens ab abbate et conventu dicti monasterii legitime et canonice acquisiissent quatorque fratres dicti ordinis de conventu
prefati monasterii Sancte Crucis ad augmentum divini cultus auctoritate et assensu felicis recordationis Roberti quondam Cenomanensis episcopi predecessoris nostri intervenientibus ut dicebant quod tamen non probabant constituisset ibidem do minus pro salute animarum ipsius militis et Johanne conjugis ipsius cunctis ac
temporibus presentes Scripturas vellemus eisdem religiosis dictum locum auctoritate ordinaria confirmare ac permittere et concedere ut ibidem divina celebrantes et domino famulantes perpetuo morarentur, Luca, rectore de Lineriis ecclesie La Doucelle se opposante ne permissa eisdem concederentur cum ipsa si fierent in ipsius et ecclesie sue predicte successorumque ipsius ut asserebat prejudicium redundarent nos tandem ne divinum cultum minui contingeret quern desideramus potius augmentari de assensu dicti rectoris de Lineriis dictis religiosis duximus misericorditer concedendum quod duo fratres ordinis supra dicti tan turn a nobis et successoribus nostris de dicto monasterio Sancte Crucis assumendi et per nos
82
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
et successores nostros instituendi in dicto hermitagio de cetero sub infrascriptis modis et conditionibus commorentur ibidem juxta desiderium et affectum predicti militis domini Guillelmi statuimus autem imprimis quod in festis annualibus dicte ecclesie parrochialis in capella dicti loci nullatenus divina celebrabunt item et quod diebus divinis et festivis in eadem capella ante horam tertiam celebrare non poterunt quoquomodo. Statuimus insuper quod quotiescumque dicti fratres et eorum successores diebus aliis in dicto loco contingerit celebrare non eis liceat aliquem parrochianum dicte parrochie seu cuiuscumque alterae admittere ad eccle-
siastica sacramenta. Item in predicta capella seu in dicto loco eisdem fratribus non liceat pendentem habere campanam non licebit etiam eisdem fratribus vel
eorum successoribus panem benedicere seu aquam benedictam solemniter spargere ecclesiis parrochialibus et in diebus dominicis sicut consuetum. Tene-
prout in
buntur insuper dicti fratres omnes oblationes que fient in capella predicta dicto et easdem integre assignare. Item ut quod de omnibus terris suis quas collunt seu colli faciunt infra methas dicte parrochie et de aliis fructibus et rebus aliis quibuscumque de quibus decima persolvi consueverit decimas reddere et solvere tenebuntur rectori parrochialis ecclesie supra dicta nee dictis fratribus seu eorum successoribus licebit in dicta capella aliquem inhumerare et quod ipsi et eorum servientes et famuli in dicto loco degentes dicto rectori et suis successoribus in omnibus juribus parrochialibus dicte ec
rectori reservare
clesie sunt subjecti quaecumque privilegia a sede apostolica seu aliquo superiore
nostro dicti fratres contra premissa aut aliquod premissarum nullatenus impetrabunt per se vel per alium in futurum nee etiam utentur privillegiis contra hoc impetratis seu etiam impetrandis quod omnia et singula facere, servare et adimplere sub forma predicta jurare tenebuntur in institutione sua quicumque a modo per nos aut successores nostros ad dictum hermitagium assumentur seu in eo instituentur nos vero de predictis religiosis fratres Guillelmum de Fontenayo et Ranulphum Alani [freres Guillaume de Fontenay et Raoul Alain}, presbyteros et professos
in
ordine predicto
ad dictum
hermitagium
eligentes
et
assumentes
ipsos instituimus in eodem qui juraverunt ad sancta Dei Evangelia coram nobis se premissa et singulas per omnes articulos quondam in dicto loco manserunt servaturos.
In
cujus
rei
testimonium
sempiternum
presentibus
litteris
sigillum
nostrum
duximus apponendum.
Datum
die veneris
post
festum
trecentesimo decimo sexto. Haec collatio facta ex
originali Signe BIRAUDET et JEYER
omnium forma
Sanctorum anno integer
die
et
domini
millesimo
anno presentes ante. Signature LEFEBVRE
4.
Bulle de Jean XXII,
Pape
en
Avignon,
conformant
la
fondation
du
prieure
Sainte-Croix de Saint-Ursin-au-Desert.
1 octobre 1319 ORIGINAL :
parchemin,
Bibl.
Mun.
de
la
Ferte-Mace\
COPIE : Bibl. de la Soc. d'Agriculture du Mans et Arch. Dep. de la Sarthe, memes origines. QUARTENIER ONFROY, 3° charte, pages 5-6.
Johannes episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Priori et fratribus domus sanctae Crucis de Sancto Ursino in d&erto, ordinis sancti Augustini, Cenomanensis diocesis, salutem et apostolicam benedictionem. Cum a nobis petitur
SAINT-URSIN
83
quod justum est et honestum tam vigor equitatis quam ordo exigit rationis ut id per
sollicitudinem officii nostri ad debitum perducatur effectum. Sane petitio vestra nobis exposita continebat quod quondam Guillelmus de Doucellis, miles dicti diocesis, cupiens terrena pro celestibus et transitura pro eternis felici commercio commutare, quasdam terras, possessiones cum quadam domo sita in dicto loco de Sancto Ursino in Deserto, tune ad ipsum militem pertinentes cum omnibus juribus et pertinentiis eorum pro suo ac parentum suorum animarum remedio, vobis et domini vestri in perpetuam eleemosinam pia et provida liberalitate concessit, prout in patentibus litteris inde confectis dicti militis sigillo munitis plenius dicitur contineri. Nos itaque vestris supplicationibus inclinati, quod super hoc pie ac provide factum est ratum et gratum habentes, id auctoritate apostolica confirmamus et presentis scripti patrocinio communimus. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam nostre confirmationis infringere, vel ei ausu temerario contraire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit indignationem Omnipotentis
Dei et beatorum Petri et Pauli, apostolorum ejus, se noverit incursurum. Datum Avinione Kalendas Octobris, pontificatus nostri anno quarto.
5.
Vidimus de la Bulle du Pape Jean XXII, par V official du Mans ; Thomas Regis, clerc, n(o)t(ai)re apostolique. 31 Janvier 1327
ORIGINAL : parchemin 25 X 25, seel perdu, Bibl. municipale de la Ferte-Mace. COPIE : aux Archives Departementales de la Sarthe, fonds municipal du Mans, 802bis-181 (Collection Esnault).
Die ultima mensis januarii scilicet die sabbati post festum beatissimi Juliani
[27 Janvier, patron du diocese du Mans], anno millesimo CCC vigesimo sexto. Presentatum Mgro Johanne de Cuisseyo, rectore ecclesie sancti Hilarii des Landis et Nicolas Salonis, clerico.
6.
Confirmation de la fondation de Saint-Ursin par Philipppe de Valois, comte du Maine.
1 fevrier 1327
ORIGINAL : parchemin 23 X 9, Bibl. mimic, de la Ferte-Mace. COPIE : a la
Bibliotheque de la Societe d'Agriculture du Mans, et Archives Departementales de la Sarthe, memes origines. QUARTENIER ONFROY, pages 8-9. Nous Philippe, comte de Valois, d'Anjou, du Maine, de Chartres et du Per-
che, faisons savoir a. tous ceux qui ces presentes lettres verront et oiront que avons de grace et service de partir aux biens qui dores en avant seront faicts en la chapelle de Saint Ursin du Desert, voulons, octroyons et consentons que les freres de Sainte-Croix qui en ladite chapelle desservent, et leurs successeurs, puissent tous jours mes tenir cent souldees acoutu de rente qu'ils ont si comme ils dient sur la presvote de Linieres et promectons pour nous et pour les nous successeurs que nous ne eus ne contraindrons jamais, ni ne ferons contraindre lesdits freres ni leurs successours a mettre ladite rente hors de leur main ni
84
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
a en finer devers nous sauf nostre droit ou en autre cas sur la dite rente et
l'autrui pour tout.
Donnee au Gut de Mauny la mil CCCXXVII le premier jour de fevrier. Pr Mgr Robert.
7.
Don de la Mdadrerie de Couptrain aux religieux de Saint-Ursin par Guillaume de Doucelle, seigneur de Resne. 23 aout 1302
ORIGINAL : parchemin 18 X COPIES a la Bibliotheque de la partementales de la Sarthe, memes Pas de signature. Fragment de
8 et sceau, a la Bibl. munic. de la Ferte-Mace. Societe d'Agriculture du Mans, et Archives Deorigines. QUARTENIER ONFROY, pages 25-26. sceau en cire brune sur queue double. La copie
rapportee au Manuscrit ONFROY, confirmation de L. de Rohan, 1506, est un peu differente.
A tous ceux qui verront et oront ces presentes, Guillaume de Doucelle, seigneur de Resne, salut en Nostre-Seigneur. Sachent tous presens et a venir que je donne et aumosne a tous iours mes a Dieu, de la maison de la Maladrerie [de la Made
leine, mss. Onfroy, confirmation par L. de Rohan, 1306} de Courputrain, aux freres demeurans audict lieu, tous usaiges en ma forest de Monnaye, cet assavoir la branche vollee et arbres morts... troys chesnes par chescun an prins a Monnaye. Item pour l'ame de moy de chescun an dire un service. Item ay octroye tous usaiges a leurs bestes que aront audict lieu cet assavoir des my Janvier jusques my le moys avril des tous usaiges en ladicte forest en la maniere que mes homines de ma terre de Lignieres et de Sainct Calles aront de branchage et promect ceste presente donnaison et aulmosne tenir ferme et ensemble garder au lieu et ausdits freres a tous jours mes fidellement et hereditairement en pure et perpetuelle aulmosne. Je... Guillaume de Doucelles... oblige tous mes biens moubles et immoubles.
Ce fut faict et donne au jour du jeudy avant la feste Sainct Barthelemy apostre, en Ian de grace mil troys cens et deux ans. Presens de ce, Me Loys Dupin et Loys de Saincte-Marie, escuier.
8.
Don de la chapelle de la Madeleine, paroisse de Saint-Aignan de Couptrain, attenante a la Maladrerie de Couptrain, aux religieux de SaJnte-Croix de SaintUrsin, par Guillaume de Doucelle. 18 juin 1308
Archives Departementales de la Sarthe, memes origines.
Cette piece qui est signee des deux notaires susdits semble d'une ecriture bien post&ieure. Elle porte un debris de sceau en cire verte sur queue double. (Note Abbe Angot).
Au nom de Ntre Seigneur,
Sachent tous... que devant nous Jehan ...et Jacques Jayel, clers, notaires du roy nre Sire, fut personnellement estably hault et puissant seigneur Guillaume de Doucelles, lequel a confesse par devant nous que en l'honneur de Dieu et de la Vierge Marie et de tous les Saincts de paradis il donne en pure et perpetuelle
SAINT-URSIN
85
aumosne aux
pauvres freres mendiants de l'Ordre Saincte-Croix, demeurans au manoir de Sainct-Ursin en sa sgrie de Ligniere-la-Doucelle, la chapelle de la Saincte Magdaleine en la paroisse Sainct Agnien pres Courputrain, avecques son
manoir, terres et appartenances comme il la acquist du sieur de L'Amboult, sieur
de Couppetrain et ce pour la dotation et augmentation de la premiere fondation qu'il a naguere faicte ausdits religieux de troys messes par sepmaine et pour estre participant, luy, Jehanne sa femme et ses ancessours aux prieres
dictes en
l'Ordre Ste Croix pour la chrestiente ; aultre, donne tous les ans troys chesnes en sa forest de Monnaye pour entretenir ladicte chapelle et bastiment de la Magdaleine qui seront choisis par lesdicts religieux et marquez par les mains de ses ventours et de ses hoyrs et ayans cause de luy, et d'icelluy boys lesditz religieux en pourront vendre pour leur ne"cessite seulement. Et promet garantir ....bien et loyalement ausdictz freres et en leurs successeurs religieux de Ste-Croix demeurans a St Ursin.
Fait a Resne" ce mardy apres la St Barnabe Ian de grace mil troys cens et
huict en presence de Jehan de Ste Marie, escuyer et Me Pierre Ligoult, aumosnier dud. sieur, temoins. 9.
Rentes et cens dus annuellement a Saint-Ursin en
1510.
Bibliotheque de la Societe d'Agriculture, Sciences et Arts QUARTENIER ONFROY, pages preliminaires (non cotees).
de
la
Sarthe,
Sensuyt le nombre des rentes et cens deubz annuellement a ce Couvent de Sainct-Ursin. Ce faict Ian M. cinq cens et onze par Fre Guillaume ONFROY, p(ri)eur de cyens.
Premierement en ceste parr,
de Lignieres.
- Sur la recepte de cette terre de Lignieres pour notre premiere fondation au terme de Pasques et de ma Dame Angevinne, moitie par moiti6, comme il appert
par
chartes
5
livres
t
[ournois]
- Item sur lad. recepte ausdits termes et par moit[/V] par augmentation . 3 livres - Item sur les hoirs Gervese Manson defunct pour terres a luy baillees a perpetuite par nos pre*de*cesseurs au terme de Noel 15 s. - Item sur le lieu de la Georgettiere [lieu disparu a Lignieres'] par baillee de nos prede*cesseurs au terme de sainct Remy premier jour d'octobre . 24 s. - Item sur le lieu de la Vannerie, rente fonsiere transported cyens par eschange de Michelle la Normande au terme de Toussainctz . . . . 12 s. - Item sur ledit lieu de la Vannerie par Nicole de Doucelle, prebtre, et est devoir seigneurial audit terme de Toussainct 3 s. - Item sur la moitie du fie" de la Godardiere rente fonsiere transported cyens avecques et comme lesdits 12 sous de la Vannerie, au terme St Andre . 8 s. - Item sur Grand Jehan Brossin de Heaulx, rente fonsiere a l'Angevine . 10 s. - Item sur Marin Treton pour baillee de cyens a son pere a troys viez \mesure
locale de surface ?] audit terme de l'Angevine . - Item sur ledit
Treton
a raison
.
.
.
4 s. 6 d.
de neuf messes que disons pour Jehan Le
Marchant, rente fonsiere audit terme de Noel 20 s. - Item sur le lieu de la Challerie \lieu disparu a Lignieres] t a. raison desdites neuf messes, rente fonsiere au terme de Toussains . . . . 2 s.
- Item sur Us Hermans par ledict de Doucelle, prestre, a l'Angevine .
2 s. 6 1
86
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
- [Addition posterieure] Item Nicollas Perier, dit Cosmier, au terme de Saint Gille doibt a cause de sa maison et jardin par acquest faict par les prieurs
de ceans 7 s. 6 d. - Item sur Gervais Huchet par baillee a luy faicte de cyens a trois viez de terres et prets au terme de Toussaint
19 s. 6 d.
- Item Jehan Fourret du Moulin la Sue par bailee de nous audict a troys viez aud. terme de Toussaint 20 s. - Item sur le lieu de la Patricihe, rente fonsiere au terme de Noel . 10 s. - Item Julien le Bedel, alias Hutiere, pour ung lotereau de pre" siz es Neoz a luy baillee nouvellement par nous a tous jours mes a Noel . . . 20 d. - Item Jehan le Tripnel au terme saint Michel de Gargame [8 mat\ . 10 s. - Item ledit Tripnel rente fonsiere transported cyens par vendition des B(er)sons au
terme
de
l'angevine
2
s.
- Item sur le lieu de la Plaigiere [Plinghe], par le don Philippot Ryel pour une messe le vendredi d'avant Pasque fleurie audit terme et jour . 3 s. 4 d. - Item sur le lieu de la Touchefouyere pour notre pain beneist du lundy de Pasques au terme St Jehan Baptiste
12 d.
- Item sur Colin Drouet par engagement a grace de retrait au terme de l'Exaltation
Ste
Croix
SOMME de nos dites RENTES en LIGNIERES .
9
.
s.
16 livres 18 s. tournois
Sainct KalUs
- Premierement sur notre fie de Courbenou, au terme de l'angevine . 30 s. et au terme de Noel a la mesure de Resn6 . . . . 24 b. d'aveine - Item sur notre fie* de la Martiniere au terme St Christophe . . 5 s. de devoir nomine Chevallaige et audit jour ung chapon. - Item sur ledit fie de la Martiniere au terme de Toussaint . . . 35 s. et
troys
chapons.
et suymes seigneur desdits fies de Courbenou et de la Martiniere et a. nous appartiennent tous proffictz desdits fies.
- Item Guillaume Maret, pour ung journal de terre a. luy baillee de cyens a perpetuite, cy en notre dit fie de Courbesnou a. l'Angevine . . . 5 s. - Item sur le lieu de la Boessiere {Boissiere'] auz termes de St Jehan et Noel, moitie par moitie 20 s.
- Item sur les hoirs Guerin le Charpentier et Jehan ChasteaU o lieu du Fay que font a present lesdits Charpentier Jacquette, veufve du Barillet et Gymar, acquereur, rente fonsiere a la Toussaint 15 s. et a. la mesure de Corpoutrain 16 demeaux d'avainne. - Item sur le lieu de la Huttiere oh demeure ledit Gymar a l'Angevine . 2 s. - Item sur les hoirs feu Jehan Geslin, texier [tisserand] et par vendition que
nous en fuist Ambroys Lioust, rente fonsiere que fait a present Jehan Viol a la Toussaint 18 s. 9 d. - Item sur la maison M. Jacques Lioust, prebtre, pour une haute messe cyens pour ledict au jour St Jacques et Philippe a payer celuy jour . . 5 a - Item Pacquier Cochin pour ung courtil a. chenerieres [chanvre] a. luy bailie de cyans a perpetuite a l'Angevine 2 s. 6 d. - Item sur le lieu de {Menelle ?] au terme de Toussaint . . deux chapons. Corpoutrain.
- [Addition posterieure] Item pour ung jardin ballye"e a rente et pour messe le lundi de Pentecouste pour Pierre Appert . . . .
ungne 10 s.
SAINT-URSIN
87
- [Addition posterieure] Item le mardy de ferie de Pentecouste sur le petit bouays pour ungne messe 20 s. - Preincrement la moitie* des deniers de la coustume de la foire Saint Martin d'Este qui vaut environ par an
- Item Jeban du Boys,
7
s.
bourgeois de ladite ville par nouvelle baillee d'ung
courtil au terme de l'Angevine
2 s. 6 d.
- Item sur le pre des Prateaulx appartenant a Des Broces, sy pr£s le pont de Richaut
[Rican]
au
terme
St
Matthieu
12
s.
- Item le mardi des feries de Pentecouste sur le petit boys pour une grande messe
20
s.
La Pdlu,
- Premterement sur le lieu de la FilocbUre au terme sainct Denis pour l'obit du seigneur d'Erces a la mesure de Corpoutrain marchande . troys boisseaux de saigle.
- Item le mardy de ferie* de Pasques pour la rente de Roullin au Bray pour
ungne messe basse
4 s. 6 d.
- Item Jehan Robin, les Couppes de ladite paroisse par la baillee de notre champ de Fosse-Gamier [en Lignieres'] a perpe*tuite a Noel . . 3 s. - Item sur la mairre [mare'] de Logriere appartenant ausditz Couppes en deux ans
ungne
carpe.
- Item Tiennot Ferrequin, rente acquise sur sa maison et champ au terme de la The'ophanie [Epiphanie] 40 sols (rayes) Nota - La rente de Ferrequin a ete employee en notre second clos des Frettes
au Fay, lequel clos nous a couste le prix et somme de 55 livres 15 sols. - Item ledit Ferrequin pour son heritaige de St Cir .... (rien) - Item en la paroisse de St Louennard-des-Boys [St-Leonard-des-Bois, Sartbe], sur le lieu de la Gonbauldiere qui tiennent les Seurres pour l'obit du defunct sieur du Boullay, au terme de St Jehan et Noel moytiennement et est la rente
fonsiere comme il appert par lettres 60 s. Nota - qu'il a et fait nouvelle baillee dudit lieu de la Gombaudiere a 62 sous ainsi qu'il appert part lettre ...desdits festes et passe* par P. Bouges. Somme de toutes nos rentes environ - 29 livres tournois
- 40 dem. d'aveinne mesure de Resne pur - 15 dem. d'avoinne mes. de Courpoutrain
-
3 b[oisseaux]
-
6 chapons.
de saigle
- Item, nous avions par notre fondation usaige des chesnes en la forest pour boys, herbaiges, possons,
etc.
et
franchises
de moulture auxquels moulin
qu'il
nous plaira, ainsi que plus a plein appert par nos chartes et par aultres lettres au regard de nos dits cens et rentes.
88
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN 10.
Rentes et devoirs dus annuellement par Saint-Ursin en 1510.
Bibliotheque de la Societe d'Agricultures, Sciences et Arts de la Sarthe
QUARTENIER ONFROY, pages preliminaires (a la suite).
Sensuyvent les rentes et debvoirs que nous faisons annuellement a plusieurs.
Premierement,
- au Cure de ceste Lignieres pour notre eglize a Pasques ... - au Seigneur du Boishanuelin,
2 livres 5 s.
- pour nos terres du fie de la Ganniere [Gaumerie ?] et celles qui furent
Robert Alixandre le tout contenant 40 journaux de terre ou environ a
-
-
I'Angevine ung denier requerable Item pour nos terres du fie" des Maulnorieres, contenant 20 journaux ou environ aud. terme de I'Angevine 3 s. 5 d. Item pour nos terres qui furent Jehan Hubert contenant 40 journaux ou environ audit terme de I'Angevine, pour tout debvoir . . ung denier Item pour notre Cloux des Hureaulx, contenant 7 journaux ou environ audit terme de I'Angevine 12 d. Item pour notre Cloux des Nooz contenant 7 journaux ou environ audit terme
3
s
Somme audit Sgr pour chascun an 7 sous, 7 deniers. - au Seigneur de Lignieres, pour toutes nos terres de St Kalles, nous faisons en somme par denier environ
19
et en aveine, mesure de Resn6, environ quels devoirs nous avons payes a Thomas Lioust, recepveur. -
sous
14 boisseaux.
au Seigneur de la Mettairie,
- pour notre portion de 60 soux tournois qu'il prent sur le fii de Courtenon
dont nous tenons douze journaux ou environ auz termes St Hilaire et St Martin d'hiver moyiennement pour notre dite part . . . 20 s. - Item ausditz pour notre Cloux des Frettes contenant 5 journaux ou environ au
terme
de
I'Angevine
et en deux ans et en deux ans
\Suivent trois paragrapbes rayes]
2
s.
ungne courv£e d'Aoust ung chapon a NoeL
- Item pour les cens de notre dite place de bourgeois environ . . (rien) - au Cure de St Agnien pour notre chapelle de la Magdeleine, au jour et terme de la Magdeleine 20 sous - Pour les terres de notre me"tairie de la Magdeleine, au seigneur de Lamboul, pour notre Cloux de la Garenne, alias de la Sallette, contenant 4 journaux et environ au terme et feste de la Magdeleine, pour faire l'oblation dudit seigneur en notre dite chapelle
ung petit denier.
- Item pour notre petit Cloux au Savatier contenant deux journaux ou environ audit terme de I'Angevine 4 sous - Item pour deux journaux ou environ que tenons o petit Cloux de la Garenne duquel les haiez appartiennent audit seigneur comme il dit au moyen qu'il les
doibt entretenir, au terme St Denys, environ .... 5 deniers qui est portion de 5 soulz que les Rigaulz R. Couesnon, etc. font avec nous pour 20 aultres journaux de terres contribuables conjoinctement. - Item audit seigneur pour ung de nos Cloux Pelet contenant 5 journaux ou environ qui fust Frouyn audit terme de I'Angevine .... 8 den.
SAINT-URSIN
89
- Item audit seigneur de Lamboul pour notre aultre Cloux Pelet contenant 5 journaux qui fust audit Frouyn audit terme de l'Angevine . . 8 den. - au Seigneur de la Bitouziere pour notre Cloux au Maulnier contenant 5 jour naux ou environ audit terme de l'Angevine .
.
.
.
2
ou
3
sous
(le censif dudit seigneur ne met que deux sous, mais notre derniere declaration met troys sous).
- Item audit seigneur de la Bitouziere pour le bas de notre Fastis de la Mag-
deleine, scavoir le bas de Vert Maidre contenant 2 journaux ou environ, Tung que nous [avons] acquis de Jan Le Templier et 1'aultre de R. Bariller et
...pour lesdits
2
journaux au
terme de l'Angevine
.
.
.
2
s.
- au Seigneur de Courtcordon, pour 1'aultre bout de notre dit Patis, scavoir le bout devers notre dite chapelle acquis sur ledit Templier avecques le journal dessus dit audit terme de l'Angevine 2 s. 6 d. (qui est portion de 12 s. 2 d. deubz pour ce et les aultres heritaiges des Templiers).
- Item audit pour notre champ nomme le Cloux a la Clergesse contenant 15 journaux ou environ audit terme de l'Angevine . . . . 5 s. - au Seigneur de Monthavoust, pour nos prez de notre dite Magdeleine, nommes les prez Coutent et des environs, contenant 7 journaux ou environ audit terme de l'Angevine 4 s.
Somme des rentes et debvoirs dessus dits que faisons annuellement aux seigneurs dessus dits, environ 9 livres tournois. [Ecriture posterieure} Plus nous sommes tenus de payer au seigneur de Lignieres pour 12 journaux que nous tenons a fieffe dans les brieres de Fosse-Gamier
de M. Tanneguy Le Veneur, comte de Tillieres, a. deux sols par journaux, qui font en somme 24 sols au terme de Decollation de St Jehan, par contrat rec.u devant
Michel Treton, notaire des baillages de Lignieres le dernier aoust 1578 . 24 s. - Plus aultres journaux de brieres a. Fosse-Garnier ...... ,
1582
3
s.
4
d.
11.
Messes de jondation
au
couvent Saint-Ursin
en
1510.
Bibliotheque de la Societe d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, QUARTENIER ONFROY, pages preliminaires (a la suite). Sensuyvent le nombre des messes ordinaires et perpetuelles de cyens pour nos fondateurs et augmentateurs, - Preincrement, ungne messe chascun jour de la sepmaine scavoir ay troys pour
notre fondation de cyens, troys a raison de notre Magdeleine, et la septieme par l'augmentation de M. de Guemene et de Lignieres, et avons coustume que cette messe quotidienne soit nostre messe conventuelle, et estre dicte par le sepmainier sans la chanter a notes, sy ce n'est a notre devotion. - Item une basse messe annuelle pour nosdits fondateurs chacun premier lundy de Quaresme pour le champ de Fosse-Garnier que les Couppes tiennent de nous a. troys sous de rente au terme de Noel.
- Item quarante-huict basses messes chacun an pour feu Messire Nicole de Doucelle, prestre, a. raison du pre Doucelle, des terres du Moulin La Sue, etc...
- Item une basse messe septimanale pour deffunct Robin Boessel, sgr du Boullay et ungne par chascun moys et ung anniversaire de troys messes et vigilles des
Trespasses le jour St Gervais d'este [29 juin] lequel Boessel donne cyens tren-
90
LE PRIEURE DE SAINT-URSIN
te livres une foys payer et soixante sous de rente sur le lieu de la Gombauldiere en la paroisse St Louennard des Boys. II y souloit avoir 70 sous. - Item ung annhersaire par an pour Jehan et Robin Boessel lequel faisons la proxaine [prochaine] ferie vacante d'avant Noel, partant que le payment de no quinze sous de rente sur Gervais Manson de Lignieres pour cedit anniversaire eschiet eudit terme de Noel. II y souloit avoir 20 sous. - Item une basse messe septimanale pour deffunctz Robert de St Julien [hemie ?] des Chapelles, sa femme, a raison de nos terres qui furent Robert Alixandre et de l'affranchissement de notre Gaumerie. - Item une basse messe septimanale chascun lundy et ungne chascun jour de St Laurens [20 aout\ pour deffunct Jehan Hubert a raison d'un domaine de terre contenant 40 journaux amortis par ung denier fais... - Item une basse messe septimanale pour Gillet Gaudemer a. raison d'auculnes choses heritaux qu'il nous transporta siz o lieu du Fay. - Item ung anniversaire de troys messes et vigilles o lundi de la Passion pour deffunct Gervais d'Erses, paroissien de la Pallu qui nous donna demye-somme scavoir troys boisseaux de saigle mesure de Corpoutrain de rente sur le lieu de la Filochiere. - Item neuj basses messes annuelles a. l'intention de deffunct M. Jehan Le Marchant, prestre, scavoir : trois de Requiem entre la Quinquagesime et My-Quaresme,
troys de Beata dedans les octaves de la Nativite Notre-Dame, et troys aultres du Saint-Esperit dedans les octaves de la Toussainct a raison desquelles neuf messes nous prenons 20 sous de rente sur Marin Treton et 2 soulz sur le lieu de la Challerie.
- Item une basse messe annuelle avecques le repons Libera me en la fin le vendredi d'avant Pasque fieurie pour deffunct Phelippot Riel qui nous donna troys sous quatre deniers de rente sur les heritages de la Plaigiere. - Item ungne messe annuelle a, note [chantee] o jour St Jacques et Philippe [2 mail pour maistre Jacques Lioust, prestre, qui nous a donne cinq sous tournois de rente sur sa maison scituee au lieu du De*sert en la paroisse de St Kalles. - Item nous avons accoustume dire une basse messe annuelle chescun an premier
vendredi de Quaresme pour les coheritiers du lieu de la Vannerie, sur lesquels nous prenons troys sous de rente au terme de Toussainct. - FINIS -
[Additions posterieures\ — Item deux messes basses pour damoiselle Ambroise de Lamboul, dame du lieu de Lamboul, veufve de noble homme Ambroise de Beaurepaire, ecuyer, en son vivant seigneur de Jouay-du-Boys [Orne, pres LJgnieres] pour satisfaire a une transaction de pacification d'un different passe par Duchesne le 7 juin 1613, scavoir une le jour de St Marc [25 avril], evangeliste, l'autre le jour des Trepasses ; nous disons celle de St Marc a. la chapelle de la Madeleine a cause que c'est un des patrons, quoyqu'il ne le soit dit par l'acte.
THE CROSIERS IN ENGLAND AND FRANCE
The Canons Regular of the Order of the Holy Cross at one time or another in their history have seen their right to use every
word in their title called into question. Even their popular name, Crosier Fathers, has not gone unchallenged. This is the more striking in that so little has been written about the Crosiers either by themselves or others. That a consistently small, at times almost non-existant, order has been confronted with continual doubts
about its name, its origin, and its purpose, and yet has managed not only to maintain itself for over 700 years, but to foster the
ideals it supposedly has no right to, is a phenomenon that is intriguing to an historian.
For the historian so intrigued the general incompleteness of
documentary sources poses an immediate problem. For centuries the Crosiers were little interested in literary production. For the most part they limited themselves to answering the attacks of
critics and failed to make much impression on the world at large. Many of the foundation charters, letters, and general chapter minutes that should exist have not survived the revolutions and wars that troubled the lands in which the order grew. Reformers within the order destroyed precious records in an attempt to blot out the past. The small body of documents that is left to the historian contains little other than the questions of critics and the ineffective defense of the Crosiers based on meager historical proof.
This state of affairs does not lessen the attraction of the pro blem. But the lacunae in the documentation make theorizing about the relationships among the available facts essential if any further
knowledge about the nature and growth of the order is to be gained. What follows is a response to the phenomenon of the
92
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
Crosiers. It is an arrangement of the facts that are known about the Crosiers in France and England in such a way that as much sense as possible can be made from them. It is to be hoped that historians will continue to search for the vitally necessary docu ments and that the hypotheses presented here will be tested to see if they point in the direction of truth. Though it can be truthfully said that little has been written about the Crosiers, it is amazing how many passing comments
about them are to be found hidden here and there in works of all types. Just as striking is the variety of theories about the origin
and original form of the order. Crosier historians all agree that their spiritual ancestors were always canons regular, but place the
date of origin anywhere from the first century to 1248, though 1211, 1215, or 1216 are often cited. Dom Knowles, the most eminent of English historians of religious orders, considers the Crosiers to have been friars as do most other English historians except Bulloch. Knowles places the foundation date in 1169, but there is general disagreement about the date. The most recent
American historian of medieval friars, Richard Emery, thinks that the Crosiers were founded shortly before 1247 and that they developed along mendicant lines until the decree of the Second Council of Lyons of 1274, Religionum diversitatem. This decree ordered the abolition of religious orders founded without express papal approval since 1215. It also abolished the
mendicant orders founded with papal approval since 1215. After this decree, says Emery, the Crosiers transformed themselves into canons regular to escape dissolution. Emery further doubts that Theodore of Celles was a canon. He thinks that he may have been made a canon posthumously to bolster the order's claim to be canons regular. Since Dom Knowles has indicated in his notes on revision of his earlier work that he will accept Emery's con clusions, it can be said that Emery's view is the preponderant one at present among non-Crosier historians1. 1 David Knowles and R. Neville Hadoock, Medieval Religious Houses in England and Wales (London, 1953), pp. 204-205 ; Egerton Beck, The Order of the Holy Cross (Crutched Friars) in England, in Transactions of the Royal Historical Society, Third Series, VII (1913), 191-208 ; James Bulloch, The Crutched Friars, in Records of the Scottish Church History Society, X, pt. 2 (1949)
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
93
Father van Rooijen has opened a new area of speculation with his theory that the first house of the Order of the Holy Cross was not at Huy, but at Clairlieu near a place called Seyl seven
and one half miles from Huy on the Meuse. His reading of the letter of Pope Innocent IV of October 1, 1248 seems the correct one. Clairlieu at Seyl was the first house of the order. However, this letter, Religiosam v'ttam eligentibus, raises another problem. Van Rooijen says that it was a form letter always preceded by another letter from the pope, Cum a nobis petitur, the first con firmation, which he thinks must have been given in 1216. Though the point is a disputed one it can be said that this sequence of letters was often, but not always followed. So the letter Cum a nobis may have existed. Perhaps Innocent III orally approved the order as the thirteenth century poem says and his chancellery never got around to putting it into writing because of the trouble the papacy was having with Frederick II. It is certain that comparati
vely little is preserved in the papal registers for the period 1213 to 1216. Then too the death of Innocent III in 1216 may have interfered with the sending of the letter. At any rate, though the
date 1216 does not seem as certain as Fr. van Rooijen holds, there is an abundance of evidence that the date of foundation came well before 1248. There had to be time to get settled at Seyl and in the other places mentioned in Religiosam vitam before the
house at Huy was established in 1248 2.
The most serious objection to Fr. van Rooijen's hypothesis is the unknown fate of Clairlieu. He simply lets it disappear some time before 1270. There has to be a reason for this disappearance. To understand why Clairlieu ceased to exist it is necessary to (this article was available to me only in a privately reproduced form, therefore, the page citations below do not refer to the article as it was originally printed) ; H. F. Chettle, The Friars of the Holy Cross in England, in History, the Journal of the Historical Association, XXXIV (October, 1949), 204-220 ; Richard W. Emery, The Friars in Medieval France, a Catalogue of French Mendicant Coni vents 1200-1^0 (New York,
1962), p.
12 ; Richard W. Emery, The Second
Council of Lyons and the Mendicant Orders, in Catholic Historical Review, XXXIX (October, 1953), 262-264 ; David Knowles and R. Neville Hadcock, Additions and Corrections to Medieval Religious Houses : England and Wales, in English
Historical Review, LXXII (January, 1957), 73.
2 Henri van Rooijen, O.S.C., A History of the Crosier Order (Fort Wayne, 1962), pp. 28-57 ; M. Tangl, Die papstlichen Kanzleiordnungen (Innsbruck, 1894), p. 233 ; Innocent III, Opera Omnia, Vols. CCXVI-CCXVII of Patrologia Latina, edited by J. P. Migne, 217 vols. (Paris, 1891).
94
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
realize what type all the houses of diocese of Liege, Oignies, included
of monastery it was. Van Rooijen shows canons regular that predated Clairlieu in Flone, St. Giles, Neufmoustier, Rolduc, in their membership canons, laymen, and
that the and Be-
guines and that they all maintained hospices. He mentions that one of the islands in the Meuse at Seyl is known as the Island of the Canons and that a peninsula on that island is called the Peninsula of the Beguines. Further he notes that at a later date it was necessary to explicitly prohibit women from joining the
order. All of this points to one thing, the original monastery at Seyl was a mixed house like the other houses of canons regular in the diocese of Liege. The maintenance of a hospice of some sort would seem natural not only because of the tradition among canons regular in Liege, but also because of the experience of Theodore and his companions in the crusades. Professor McDon nell has shown that the famous Beguine, Mary of Oignies, had a definite influence on Clairlieu and possibly on Theodore him self 3. All of this leads to a conclusion that Fr. van Rooijen does not make. The house at Clairlieu was a loosely organized group
of canons, laymen, and laywomen who lived a liturgical life, practiced hospitality, and quite possibly engaged in other forms of active ministry as did many others influenced by Mary of Oignies such as Jacques de Vitry. This indicates a possible ex planation for the disappearance of Clairlieu. In the late 1240's Peter of Walcourt began the formal organization of the order. For this purpose he adopted at least part of the Dominican sta tutes and insisted on a canonical way of life. Thus Russelius is right even if he did put words into Peter's mouth. The new way of life was quite different from that practiced at Clairlieu. I sug gest that those who favored the new way went with Peter to die new house at Huy ; those who favored the old way remained at Clairlieu which, like others of its type, eventually died out because of lack of organization and central purpose. More proof for this hypothesis is to be found in the way of life practiced by the Crosiers who arrived in England before 1248. 8 Van Rooijen, pp. 21, 24-28, 37-39 ; Ernest W. McDonnell, The Beguines and Beghards in Medieval Culture (New Brunswick, N. J., 1954), pp. 53-58, 382.
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
95
They began their work as hospitalers ; that is they maintained the way of life of Clairlieu, the house that they had come from. Then, too, the Brethern of the Cross, as the Crosiers of Huy con tinued to call themselves, did not adopt a life that was totally devoted to canonical duties. They kept some of the spirit of Clairlieu in their name brethern rather than canons, and in their
partially mixed way of life. There is even evidence that the Cro siers kept some contact with the Beguines, serving them as spiri tual directors4. The tendencies in the early Crosiers toward a mendicant way of life that are pointed out by historiens such as Haass and Emery as proof of the thesis that the Crosiers were not originally canons regular are explained. These tendencies were simply a limited expression of the original way of life at Clair lieu. They reflected the customary way of life of twelfth century canons in the diocese of Liege, not that of the mendicants of France and Italy of the thirteenth century. The Crosiers under Peter of Walcourt rejected the whole basis of the mendicant way of life by not accepting the section of the Dominican rule that forbade the holding of property in common. What the Crosiers did accept from the Dominicans was their superior method of organization. This enabled the order to spread and yet maintain a common spirit. Peter of Walcourt maintained the spirit of the
founders, but saved the order from disintegration into completely seperate houses or complete disappearance which was the fate of the other houses of canons regular in Liege including Clairlieu. In 1410 the Crosiers adopted to an even greater extent the centialization of the Dominicans to aid the effort of reformation of the order. This would alienate the French houses and helps to explain the later history of that branch of the order. There were many other orders founded in the late twelfth, early thirteenth centuries. The history of some of them - the cruciferi in Italy, Bohemia, Poland, and Portugal and the two orders of Friars which were suppressed by the Second Council of Lyons, the Pied Friars and the Friars of the Sack - may throw new light on the early history of the Crosiers. Unfortunately, too little is known about the various groups of cruciferi to permit any 4 M. Vinken, O.S.C., The Spirituality of the Crosier Fathers, trans. Bernard
van Gils, O.S.C (Syracuse, Ind., 1958), p. 13.
96
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
definite conclusions. But it is possible that the similarities of the
accounts of foundation of all of the Orders of the Holy Cross indicate that there was some common inspiration. All of them were approved by Rome in the late twelfth, early thirteenth centuries and all traced their origins to the Holy Land. Since the eighteenth century historians have held that these accounts of foundation in the Holy Land were legendary. Yet M. Frolow has shown that the order described in the old accounts as an Order of the Holy Cross in Syria actually did exist and that it was known to the Crusaders because its members preserved part of the True Cross. It is possible that some crusaders like Theodore of Celles were impressed by the life of these Orthodox Crosiers and decided to imitate them when they returned from the Crusades. Most of the crusaders so inspired were canons or adopted the canonical way
of life when they returned to Europe since this was the ordinary means of reform at the time. Also inspired by their experience in the Crusades they decided to open some type of hospice or hospital. Thus there grew up in Europe a number of Orders of the Holy Cross, all of them following a way of life that had the same elements as that of the early Crosiers. More importantly, all of these cruciferi escaped the condemnation of 1274, not
because of luck or because they changed their way of life from mendicant to canon regular, but because they had always been something other than mendicant. They were descended from an older way of life and had only adopted mendicant organization.
That this was the case is further supported by the fate of the two properous orders founded in direct imitation of the Domi nicans and Franciscans in the middle of the thirteenth century,
the Pied Friars and the Friars of the Sack. These two orders were suppressed in spite of their continuing growth because they were
definitely mendicant. The cruciferi were not suppressed, even though they were all small orders and therefore more easily dissolved, because they were not mendicant6. 5 A. Frolow, Recherches sur la deviation de la IV" croisade vers Constantinople (Paris, 1955), p. 68 ; Steven Runciman, A History of the Crusades (Cambridge,
1954), III, 68 ; Van Rooijen, p. 62 ; Emery, Council, pp. 261-262 ; Richard/ W. Emery, The> Friars of the Blessed Mary and the Pied Friars, in Speculum, XXXIV (April, 1949), 228-238 ; Richard W. Emery, The Friars of the Sack, in Speculum, XVIII (July, 1943), 323-334 ; Bulloch, p. 2 ; Helyot, Diction-
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97
Little more is known of the history of the Crosiers in England than is known about the cruciferi or the Pied and Sack Friars. Though they disappeared from England some 400 years ago a few remnants of the Crutched Friars still remain. The best known is Crutched Friars Lane on a hill just above the Tower of London. There at least a bit of the Crosier spirit lives on in the Friars Snack Bar. The Crosiers may have left long ago, but potus has not yet died. English historians mention the Crosiers in all se rious works on medieval religious life and a few individual articles have been devoted to them. For the most part though the Crutched Friars have been dismissed as a minor order of friars. The usual attitude of English historians is best described in the words of two historians of London churches. ,,Riches accumulated to the monasteries, and along with ,,riches, power ; also suspicion and unpopularity. In the 1220's ,,the Friars arrived. As mendicant preachers they were greeted ,,enthusiastically by everyone but the monks. First and most important come the Dominicans and Franciscans... then ,,the Carmelites... the Augustinian Friars... and the dim little ,,orders of the Crutched Friars... and the Friars of the Sac *. Since most Crosier historians have been Dutch or French speaking they have not paid enough attention to what has been written on the order in English. Even if all the accounts of the
Crosiers in England are taken into consideration, however, not enough can be learned about them because not enough documents have been unearthed. The amount of work to be done on Crosier history in England and the fact that the language of research
for this topic is English points to what should be the task of American Crosier historians - to make of the Crutched Friars more than the dim little order.
Perhaps the greatest problem with regard to the Crosiers in England is establishing the date of their arrival. This question is tied up with the further questions to what part of England did they first come and why did they come. The earliest foundation naire des ordres religieux, eds. M. L. Badiche and J. P. Miene (Paris I, cols. 1153-1169.
6 Elizabeth and Wayland Young,
p. 19.
Old London
Churches
(London,
I860)
1956),
98
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that Knowles will allow, after having accepted Emery's modi fications, is 1246 at Whaplode, the next would be in London in 1249 or 1269. However, Fr. van Rooijen has proven that the Crosiers were invited by a knight, Robert d'Oiri, to occupy a cha pel and other buildings at Whaplode shortly after 1238. This immediately raises the problem, how did d'Oiri know of the
existence of the order ? It is not probable that he would have imported them from Belgium himself. This means, I think, that the Crosiers must have been in England before 1238. Chettle has shown that a hospital in Colchester was founded for the Order
of the Holy Cross between 1233 and 1235, perhaps as early as 1230. There is also the problem of the Hospital of St. Mary founded in Ospring in Kent before 1234 for the Order of the Holy Cross. It was one of four hospitals attributed to the Order
of die Holy Cross in fifteenth century documents. Three of these can be accounted for in other ways, but St. Mary can not be ex plained away except by saying that the Crosiers could not have been in England in 1234. But to say that they could not have been in Ospring in 1234 or in Colchester in 1235 and yet admit that they could have been in Whaplode shortly after 1238 makes no sense. It especially makes no sense when you consider the fact that d'Oiri had to have some place to find his Crutched Friars.
Further proof is to be found in the fact that both Colchester and Ospring were hospitals and Ospring at least was a mixed foun dation of brethern of the Order of the Holy Cross and secular clerks - in other words exactly the type of house that Clairlieu
was. Thus not long after the organization of Clairlieu some of the brethern went to England to found houses just like Clairlieu. Both of these foundations ceased to exist at an early date, Col chester in 1392 and Ospring in 1407 (though Colchester was re-
founded in 1496) ; they suffered the same fate as Clairlieu. The dates of their disappearance are important also as will be seen. The location of these foundations also makes sense, both were near the eastern seacoast of England, the part of England that
was at that time in close contact with Belgium because of the
wool trade. Either the founders of the order in England could have been Englishmen who had gone to Belgium, associated them selves with Clairlieu and then returned to England ; or the brethern
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99
at Clairlieu, deciding to come to England, naturally would come to the area in closest contact with their homeland.
One further problem is the bull Religiosam vitam. Why were Colchester and Ospring not mentioned ? The answer could well
be found in Pope Innocent's words that he wished to explicitly mention only some of the places the order held. I think, then,
that it is highly probable that the first Crosiers reached England sometime between 1230 and 1234 and that they took up the same sort of religious life as that practiced at Clairlieu7.
It is important to establish as fact that the early English Cro siers practiced the same form of life as their brethern at Clair lieu. Some historians have accepted the fact that the Crosiers had
hospitals in England, but the significance of this is not seen. The
Crutched Friars had hospitals not because they were friars, but because they were influenced by the canons regular of Liege and the Crusades. There is also the problem of the number of houses the Crutched Friars had in England, but this can not be settled until there are more documents available. Especially intriguing is the constant rumor of Crosier houses in Scotland and Ireland. They are refered to in various documents, but they were never named nor have they been discovered. Then there is the opposition of the English bishops, espec ially Grosseteste and Greenfield, to the Crosiers. This is usually
attributed to the opposition of English bishops to the small orders of mendicants. Another reason is the hostility of the English to foreigners, since the Crutched Friars seem to have maintained con tact with the foreigner resident in England until the end. The opposition of Grosseteste can be further explained by his firm belief in the right of episcopal visitation. He had no use for small groups of religious who claimed exemption. It is true that the name Crutched Friars popularly given the Crosiers did not help. Right up to the time of suppression in 1538 even the govern
ment considered the Crosiers to be friars - a mistake that most probably came from the way of life that the Crosiers followed, at 7 Knowles, Religious Houses, pp. 204-205, 297 ; Knowles, Additions, p. 73 ;
van Rooijen, p. 85 ; Beck, p.
205 ; Chettle, pp. 209-210 ; Henri Pirenne,
Economic and Social History of Medieval Europe, trans. I. E. Clegg (New York, n.d.), p. 151.
100
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least in the beginning. The way of life of Clairlieu seemed to be
mendicant to the English who knew nothing of Liege8.
A striking fact in the history of the Crutched Friars is that until the fifteenth century they were often despised in England, especially after 1348. Then in the fifteenth century they suddenly became quite well liked. As a matter of fact the author of the Oxford history of the fifteenth century says that wills of that century show that the Crutched Friars received bequests propor
tionately more often than the Franciscans, Dominicans, Carmelites or Austin Friars. This popularity coincided with the disappearance of such characters in the order as the thief-prior of London. To explain this development it is necessary to return to the continent
and the reformation of the order in 1410. As both Fr. van Rooijen and Fr. Rausch agree, if for different reasons, 1410 marks a di viding point in the history of the Crosiers. In 1410 the order became more centralized and lost even more of the way of life of Clairlieu than had been lost in 1248 9. The English Crosiers seem to have been little affected by the reform of 1248, but the reform of 1410 had very positive effects. The centralization and the resulting reform efforts did away with the causes for many abuses in England, the abuses that always threatened houses like Clairlieu - thief-priors, wanderers, lack of any definite rule to form the spiritual life of the members. Undoubtedly these abuses had been intensified by the Black Death in the middle of the fourteenth century. That a strong effort to do away with this older and now abuse-ridden way of life was made can be seen in the constant reform efforts undertaken by the Masters General in England in the fifteenth century. That the reform worked and the Crosiers of England took the reform to heart can be seen in the fact that after 1426 the Crutched Friars were represented in the general chapters, whereas before they had not been. The English people responded to the ,,new" Crutched Friars as is indicated by their wills. But it must be noted that the 8 D. E. Easson, Medieval Religious Houses : Scotland (London, 1957), p. 119 ;
C. R. CHENEYy Episcopal
Visitation of Monasteries in the 13th Century
chester, 1931), pp. 33-35 ; Victoria County History of London, p. 515. 0 E. F. Jacob, The Fifteenth Century, 1399-1485 (Oxford, 1961), pp.
(Man
296297 ; Eileen Power, Medieval People (New York, 1956), p. 178 ; Victoria County History of London, p. 515 ; Chettle, pp. 214-215 ; van Rooijen, pp. 138159; Jerome W. Rausch, O.S.C., The Crosier Story (Onamia, Minn., I960), pp. 6-7.
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English Crosiers still kept part of the old spirit of Clairlieu even after 1410. The seal of the London monastery in 1526 included the words sigillum Fraternitatis Fratrum Cruciferorum, they were still the Brethern of the Cross10.
At the time the Crutched Friars were dissolved in 1538 there were only five houses left in England out of the ten or more that had at one time existed. It is usually said that in 1538 there were no more than fifteen Crosiers in England and that all the houses were poor. This does not seem to fit with the fact that the Crosiers remained popular with the people until the end. To take the least important aspect first, that of income, it is found that the house in London which had an income of $ 52 13s 4d was in the same category with thirty-five per cent of the religious houses of England. The other two houses for which there are statistics, Colchester and Donnington, fall into the lowest category sharing it with nine per cent of the monasteries, but both of these houses
had been founded as small houses and remained so. As for size, the London house, the largest, had only six conventuals in 1538. But this house had been in strong opposition to Henry VIII at least since the prior John Dryver called him Destructor Fidei in 1532. Originally the house had held at least thirteen Crosiers. In 1536 four London Crosiers were forbidden to hear confessions because they adhered to ,,the old doctrines." Based on the ex perience of other monasteries it is quite possible that John Dryver and the four others had been forced to leave the monastery making the probable total for the London house eleven. Taking this into consideration and comparing the London house with the average size of monasteries of other orders in England the London house was not that small. The fifty largest Benedictine monasteries in 1500 had an average of only thirty members, the average for the Norbertines at the same time was only fifteen. It must be realized that all of the Crosier monasteries that died out in England disappeared before the reformation of 1410. At the time of the reformation of the order there were very few Crosiers in England or very few who accepted reformation. The damage had already been done. After 1410 the order had one good sized house in 10 van Rooijen, pp. 166, 196 ; Victoria County History of London, p. 514.
102
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London with a fair income and three other houses that had been founded as small houses and remained so. If statistics could be found for the period after 1410 more could be said. But it does seem that the Crutched Friars were not in a state of decline. Actually the order was growing in England. A fifth house was added in 1496 when the hospital in Colchester was reopened and staffed with four Crosiers. In passing it might be noted that if the proportion of English Crosiers to the total English population in 1500 is compared with the proportion of American Crosiers today to the number of American Catholics only, then there would have to be 160 American Crosiers to equal the relative strenght of the English Crosiers in 1500. The fact that there are about 195 American Crosiers today indicates that the Crutched Friars were doing quite well. The number of bequests to the Crutched Friars in the fifteenth century show that they were well regarded. The Crosiers of France were on the verge of extinction in 1789, the Crutched Friars had to be forced out of existence in 1538. Their reputation was so high that a false story about the evil life of the London house had to be concocted to avoid popular resentmentia.
The history of the Order of the Holy Cross in France is so
different from that in England and the Crosiers of France were so unlike those of England that at times it is hard to believe that the Crutched Friars and the Crosiers belonged to the same order. Even in the periods of greatest abuse the thief-prior and the wan derers of England seem more appealing than the avaricious bene fice holders of France. The Crosiers of Paris have also left behind a street named after them, but there is no Friars Snack Bar in the rue de Ste Croix de la Bretonnerie; the only establishment of any interest nearby is a very dingy department store. In discussing the history of the Crosiers in France it is necessary to make a distinction between the French speaking houses and those that were actually in France as it is known today. Only those
that were actually in France will be treated here because this 11 David Knowles, The Religious Orders in England (Cambridge,
15,
248,
309 ;
Chettlb,
pp.
213-214 ;
Jacob,
pp.
293-294.
1959)
Victoria
III,
County
History of London, p. 514 ; Abbot Gasquet, O.S.B., Henry VIII and the Eng lish Monasteries (London, 1910), pp. 125-126.
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103
group acted together at least after 1518. For this reason the houses at Lannoy and Ivoy-Carignan will also be excluded because they
gave their allegiance to the monasteries of the Lowlands. Disregard ing the houses that had only a short existence that leaves twelve houses that form some sort of unit12. The first houses of the order known to have existed in France were those of Toulouse and Paris, though one or more of the
houses mentioned in the bull Religiosam vttam of 1248 could have been in France. If so, they soon disappeared and were thus most probably houses like Clairlieu or Ospring. Both Paris and Toulouse seem to have been houses of the post 1248 type ; that is, founded after the time of Peter of Walcourt's reorganization. The Paris house was founded at least as early as 1258 when Louis IX allowed the Crosiers to establish themselves in rue de la Bretonnerie after they had agreed to allow Robert de Sorbonne to have some property they held on the left bank to be used for the founding of the Sorbonne. However, since there were buildings on the property given to Sorbonne perhaps the Crosiers had already established themselves in Paris. This would explain the claim of the Crosiers in 1568 that the Paris house was not a royal foundation. The eighteenth century historian Jaillot claims that the Crosiers arrived in Paris in 1250, this seems likely. The first documentary evidence for the house in Toulouse dates from 1256, though Russelius gives 1248 and there is a tradition that Theodore of Celles himself founded the house in the 1220's. This may have grown out of the legend that Theodore was in Toulouse preaching against the Albigensians. Actually Toulouse was a logical place for the Crosiers to make a second foundation in France. The Do minicans had established themselves there in 1215, the Franciscans
in 1222, the Trinitarians in 1237, the Mercedarians in 1251. The Friars of the Sack would come in 1262, the Carmelites in 1263, the Augustinians and the Pied Friars in 1267. So, since everyone
else was going there, the Crosiers established themselves in Tou louse sometime between 1248 and 125613. 12 van Rooijen, pp. 106-110 ; Emery, Friars Medieval France, 28, 30, 41, 51, 64, 75, 76, 88, 91, 97, 109.
pp.
24,
25,
13 Paris, Archives Nationales S. 6213 (letter of Louis IX) ; Michel Felibien, Histoire de la ville de Paris, ed. Guy-Alexis Lobineau (Paris, 1725), II, 1257 ; S. Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris... (Paris, 1775), II, 31 ; Emery, Friars Medieval France, p. 64.
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THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
The historian of the French Crosiers is faced with the problem of too much and too little. There are vast numbers of documents about the French Crosiers preserved in the French archives as can be seen from the catalogue of the Archivum Photographicum Historicum Ordinis Sanctae Cruets. I found others myself, and there are probably many others still buried in the archives. However, almost all of these documents are concerned with the property and lawsuits of the Crosiers. This is not as bad as it sounds. The documents in great part are official government records which are always concerned with these things, and they were preserved by the government not the Crosiers. The French Crosiers seem to have been as silent as the Crosiers of other countries in writing about themselves and their special way of life. All of the documents available have not been utilized for this study. Perhaps a thorough reading of them will permit the drawing up of a fuller picture of the life of the French Crosiers before the sixteenth century.
What seems to stand out now is that the events of the Hundred Years' War and the Western Schism disrupted monastic life and helped develop a sence of separatism among the French Crosiers. All other orders suffered greatly at this time in France and it is known that the French Crosiers had their own master general
during the schism since they followed the pope of Avignon. In the last period of these troubles came the great reform of the order in 1410. It would seem that this reform had as its basis a fuller adoption of Dominican statutes leading to the centralization
of the order under the Master General-Prior of Huy and the in fusion of the spirit of the Devotio Moderna into the Order. The French Crosiers reacted against this centralization in 1518. Also
there is no evidence that the Devotio Moderna had any attraction for the French Crosiers. But 1518 seems a rather late date to
begin a reaction against reforms enacted in 1410. Part of the answer might be found in the Hundred Years' War. Conditions
in France were too chaotic until the middle of the fifteenth cen tury to permit a serious attempt to introduce the reform. Fr. van Rooijen's hypothesis that the Crosiers of Namur and France seemed to have always held to the more canonical, less Dominican way of life prevalent in the order before 1410 is interesting. If Namur
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105
was originally an independent house of canons which joined the
Order of the Holy Cross in 1249, as he believes, perhaps they passed on their canonical spirit to France. Perhaps the French houses were founded by brethern from the house at Namur14. For now at least this must remain in the realm of speculation,
but it is known that by 1518 the French Crosiers were in active revolt against the spirit of centralization. That the revolt should become active at that time was not strange. France was gaining more and more of a sence of apartness from the rest of Europe. The Concordat of 1516 had given the French king a predominant voice in the government of the French church. The Crosiers were in need of reform in 1518, they themselves admitted this ; indeed all the orders in France needed reform. The type of reform advocated in France was a reform carried out under the guidance of French churchmen. This spirit would be enacted into ecclesiasti cal law in the Council of Sens in 1528 and into civil law by the Ordinance of Orleans of 1561. It is not strange that Michel Mulot, the Crosier prior of Paris, and three of his confreres should lead a long battle between 1518 and 1530 to restrict the power of the master general, especially in the matter of visitation. Tey also
worked to establish a province of the order in France15. When the French Crosiers next attracted attention in the early seventeenth century it was again by attempting to reform them
selves apart from the rest of the order. The French Crosiers, or at least those of Paris, promised in 1641 to live in common, fol low their rule, and wear their habit. They did so because their
benefices were threatened by the new group of canons regular which had been organized by Cardinal de la Rochefoucauld in 1624. The Congregation of France had been formed from a number of small orders of canons regular to restore religious observance. From the beginning the French Crosiers had been one of Cardinal de la Rochefoucauld's targets and in 1641 it appeared that his followers led by the Abbey of Ste. Genevieve 14 van Rooijen, pp. 94, 101, 103, 111, 156-157 ; Rausch, p. 6. 15 Roger Doucet, Les institutions de la France au XVIe siecle (Paris, 1948),
II, 764-765 ; Paris, Bibliotheque Nationale, MS Dupuy 626, fols. 79r-83v (re formation statute of 1530) ; Paris, Bibliotheque de 1'Arsenal, MS 2128, fols. lr-50r ; van Rooijen,
206-209.
106
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
would be successful. They even moved into the Crosier monastery in Paris. But within three months the Crosiers got Louis XIII to
remove them after faithfully promising to reform. The claims
of the Congregation of France would remain a problem at least through the first half of the eighteenth century and the concern of the Crosiers would remain the same, fear that they would loose some of their curial benefices. The many pamphlets written during this long battle show that the Crosiers in France, for all practical purposes, had become secular canons. This process had
begun as early as the late sixteenth century and probably earlier, because one of the concerns in 1518 was the power of the French priors to alienate the land of the monasteries. Important, too,
is the fact that in his reform movement Cardinal de la Roche
foucauld thought nothing of absorbing the French part of orders of canons regular into his new order. Many other orders faced the same attack as the Crosiers of France and many succumbed. In other words the idea of a French national reform, evident in 1518, was well established by the early seventeenth century. It is
no wonder that the French Crosiers were nationalistic. It would have been hard to have lived in France during these years and not be16.
If the French Crosiers were definitely living like secular canons
in the first half of the seventeenth century and then again by 1717, thus carrying to an extreme the canonical spirit that had always
existed among the French members of the order, it does not mean that they followed this tendency throughout the whole seventeenth century. The fact that a new monastery was founded at Verteillac during the last half of the seventeenth century, that the French branch of the order produced at this time some scholarly
works, that there is evidence that some members held doctorates
from the Sorbonne, and that a number of famous and even lear ned men chose to be buried in the Crosier house in Paris during
the same period indicates that the late seventeenth century may M Paris, Bibliotheque Nationale, f° F 3, no. 15347 ; Felibien, II, 635-636 ; Leopold Willaert, S.J., La restauration catbolique, 1363-1648, Vol. XVIII, pt.
1 of Histoire de I'Eglise, eds. A. Fliche and V. Martin, 24 vols. (Paris, 1950 -),
pp.
103-105.
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
107
have seen a revival of religious life among the French Crosiers1T. Even if there was a sincere reformation it had definitely run its course before the end of the first quarter of the eighteenth century. From then to the French Revolution the history of the Croisiers is one of continual decline. But, faced with the new thought of the Scientific Revolution and the philosophes, all the religious orders in France were declining ; the spirit of the cen tury was do, not contemplate and pray. The Church was not prepared for this onslaught and had no defense except the Jesuits who disappeared in 1763. The various groups of canons regular seemed to have felt the attack the most, perhaps their ideal was
and is the least understood and appreciated by the modern world. But this does not excuse the French Crosiers, especially since their special vice, acting like secular canons, had originated as early as the sixteenth century. They also seem to have escaped the evil that caused the decline and corruption of many other monasteries - priorships held in commendam. So if the century was at fault, so too were the Crosiers of France18.
In March of 1768 came the final step of a movement that had been developing in the French government and the French church since the early sixteenth century. The newly formed Commission of Regulars, composed of six laymen and six bishops and meeting under the orders of Louis XV, declared that the age for taking vows would be raised to twenty-one for men, to eighteen for women, called for the drawing up of new constitutions by all
orders and congregations, and decreed that all monasteries in Paris had to have at least twenty members, those in the provinces at least nine. If these conditions were not met then the orders were to be forbidden to receive new members19. 17 Paris, Bibliotheque Nationale, f° F 3, no. 15347 ; van Rooijen, p. 227 ; Abbe* Le Beuf, Histoire de la ville et de tout le diocese de Paris, ed. M. Bournon (Paris, 1883), p. 64 ; Paris, Archives Nationales, LL 1481, fol. 28V ; Felibien, II, 1257 ; E. Raunie, Epitapbier de vieux Paris, (Paris, 1890, 1901), I, 457, III, 447.
Histoire generate de Paris
18 Jean Leflon, La crise revolutionnaire, 1789-1846, Vol. XX of Histoire de VEglise, eds. Fliche and Martin, pp. 23, 27-28 ; E. Preclin and E. Jarry, Les luttes politiques et doctrinales aux XVII* et XVIII0 siecles, Vol. XIX, pt. 2 of Histoire de 1'Eglise, eds. Fliche and Martin, pp. 462, 478, 482 ; Abbe* Delarc, LEglise de Paris pendant la revolution jrancaise, 1789-1801 (Paris, n.d.), I, * Delarc, I, 34-35 ; Leflon, pp. 23-24.
108
THE CROISIERS IN ENGLAND AND FRANCE
Nine orders would disappear in France in the next twenty-two years, their demise at least hurried along by the decree of the Commission. The Crosiers had not yet disappeared by 1790, but it was only a matter of time. One of the members of the Commis sion of Regulars, Lomenie de Brienne archbishop of Toulouse, met with the general chapter of the French houses of the Crosiers between September 12 and September 15, 1769. He gave the Cro siers a choice either conform to the edict of March, 1768, or be condemned to die out. The twenty-one Crosiers present represented all twelve houses of the French province which then had forty-seven members counting the cures and the lay brothers. After delibera tion the answer of the Crosiers was that they would have to ac cept gradual extinction, not because they would not like to revive the observance of their rule, but because of ,,the unhappy result of the circumstances in which we find ourselves." The circum stances were that there would have to be too great a change of
life - giving up positions as cures, living in common and com bining some of the monasteries. This would result in a way of life unlike the one they had vowed to follow, and it would be too
hard on the members since so many were already quite old20. There is not much else to say about the French Crosiers. Unable
to reform themselves after so long a decline they had sealed their own doom. In 1785 there was only one Crosier monastery left in France. The Paris house had only six members out of the original
fourteen living there in 1769. There were also eight other Crosiers scattered throughout France. All fourteen lived on a pension assigned by the government, but the Paris Crosiers made some money on the side by continuing to rent rooms in the monastery. In 1786 the Bishop of Paris ordered the Paris house turned over to the Chapter of St. Marcel. But a law suit brought by Yvelin, former prior of Caen, to the effect that he should share the pen sions of the Paris Crosiers since he had originally been a con ventual of that house, halted the change. In the spring of 1789,
while the rest of France was preparing for the meeting of the 20 Paris, Archives Nationales, G° 14, nos.
the number brothers.
as
thirty-nine.
His
source
14-15 ; van Rooijen, p. 216 gives
must
not
include
the
cures
or
lay-
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109
Estates General, the Paris Crosiers were still fighting Yvelin's
claim. In February, 1790, the National Constituent Assembly ordered the dissolution of the Paris house. In January of 1791 one member of the Paris house took the oath in support of the Civil Constitution of the clergy even though he was not required to do so. Evidently he hoped to win favor with the new government. The last mention of the Croisiers that is to be found is the request of the five remaining members on May 20, 1791, that they be supported by the government21. In one sense the French Crosiers were the victims of the royal government whose aims they had supported in 1518, but to an even greater extent they were the victims of their own betrayal
of the mixed way of life that had always been the Crosier way. Through their separatism and over-emphasis of the canonical life they had robbed themselves of their strength. The Crutched Friars had done this in the period before 1410, going too far in their acceptance of the pre-1248, Clairlieu way of life. But the Crutched Friars returned to the rule of the whole order and had to be
forced out of existence by the Protestant Reformation. The French Revolution plays no such role in the history of the Croisiers; it was only a minor incident for them, mercifully speeding up by a few years the death they had prepared for themselves. University of Detroit Dr. J. MICHAEL HAYDEN
Assistant Professor of History
21 Paris, Archives Nationales, G° 15, nos. 20-22, 34 ; Delarc, I, 237-238, 388. It would be interesting to know what pressing business kept the Paris Crosiers from the preliminary meetings for the Estates General of 1614 to which they had been invited along with only a few of the religious communities of Paris. They were the only order invited that did not appear at any of the sessions even though the meetings were held only a few blocks from the monastery. Cf. Paris, Archives Nationales, H 1797, fols. 79r-356r ; H 1798, fols. 26V-255V.
DE KRUISHEREN VAN VENLO EN DE ABDIJ VAN AVERBODE IN HET BEGIN DER XVe EEUW
In de overgangsjaren van de XIV^-XV* eeuw, stichtten de Kruisbroeders van St Agatha-Cuyck een klooster in het gebied van de St Martinusparochie te Venlo1, waar de premonstratenzersabdij van Averbode, sedert 1259, krachtens een schenking van Goswin van Milne, het patronaatsrecht uitoefende en de grote tienden inde2.
De Kruisbroeders vestigden zich bij de Sint-Nikolaaskapel, gebouwd buiten de stadsmuren op de Laer. Deze bidplaats, in steen opgetrokken na 1381 en ingewijd op 12 juni 1391, hoorde toe aan de konfraterniteit van St Nikolaas. Rond 1394, jaar waarin de gewelfbouw van de kapel voltooid werd, moeten de eerste pogingen van de Kruisbroeders gesitueerd worden, om de St Nikolaaskapel in bezit te krijgen. Verzoekschriften werden gericht aan de magistraat van Venlo en aan Willem I, hertog van Gelre 1 Bibliografie over het Kruisherenklooster van Venlo : C. R. Hermans, Annales
canonkorum regularium Sancti Augustini ordinis Sanctae Cruets, 3 din, 's Hertogenbos, 1858, passim ; P. Doppler, Bijdrage tot de geschiedenis van het Kruisherenklooster te Venlo, in De Maasgouw, XIX, 1897, bl. 29 e.v. ; L. HEERE, De Kruisheren te Venlo, in De Maasgouw, LXXII, 1953, kol. 149-156 ; IDEM, Het Kruisherenklooster te Venlo, in Publications de la societe historique et archeo-
logique dans le Limbourg, XCII-XCIII, 1956-1957, bl. 255-368 en XCIV-XCV, 1958-1959, bl. 209-267 ; deze studie bevat een bijlage van A. Ceyssens over de bibliotheek van het klooster (bl. 268-288) en een namenlijst van de kloosterlingen (bl. 289-300). M. Golson, De Kruisheren van Venlo tijdens de Franse Revolutie, in Clairlieu. Tijdschrift gewijd aan de geschiedenis der Kruisheren, XIII, 1955, p. 49-79 ; XIV, 1956, bl. 3-59 (afzonderlijke uitgave : Venlo-Diest, 1956). 2 Origineel, Archief Abdij Averbode (~AAA), Sektie I, Charter 201. Deze schenking werd in oktober 1260 bevestigd door Hendrik III van Gelre, prinselekt van Luik, door het charter Noveritis nos litteras (AAA., I, Charter 206).
Ze werd bekrachtigd en goedgekeurd door paus Urbanus IV in de bul Religiosam vitam eligentibus van 28 mei 1262 (AAA., I, Charter 214). Cfr. J. Linssen, Venlo en de Graven van Gelre, in De Maasgouw, LXXX, 1961, kol. 2-3.
112
DE KRUISHEREN VAN VENLO
(1371-1402), om de nieuwe stichting te bevorderen3. Op 26 juni
1399 werd dan een akkoord bereikt tussen Lubertus Jansen Van Bommel, prior van St Agatha, en het stadsbestuur. Samen met een stuk grond, werd de kapel afgestaan aan de Kruisbroeders4. Al-
vorens de kapel in bezit te nemen moest de pastoor van Venlo
gehoord en moesten de kerkrechterlijke verhoudingen geformuleerd worden, tussen de toekomstige kloosterkommuniteit en de pastoor, omtrent de kerkdiensten en de zielzorg te Venlo. Om de parochiekerk in haar inkomsten en de pastoor in zijn rechten niet
te benadelen, werden volgende voorwaarden gesteld.
Behalve op de vier hoogfeesten, mogen de Kruisbroeders dagelijks, in de vroege morgen, een Mis celebreren. Hun laatste
gezongen Mis zullen ze omstreeks 9 uur opdragen, volgens de vereisten van de seizoenen, in de zomer wat vroeger en in de winter wat later. Behalve in de vroegmissen op de vier hoog feesten en tijdens de hoogmis op de zondagen in de parochie kerk, mogen de Kruisbroeders vrij preken. Ze mogen biecht horen, in zoverre het kerkelijk recht hun dit toestaat. Zonder de pastoor of zijn vikaris zullen de Kruisbroeders geen dodenofficies zingen, waarvoor zij een honorarium ontvangen. Van de uitvaart-
missen, die zij celebreren voor hen, die in het klooster hun begraafplaats kozen, uitgezonderd de eigen confraters, krijgt de pastoor van de parochiekerk de helft van het offergeld. Ingeval een parochiaan van Venlo buiten zijn parochie overlijdt en begraven wordt in de Kruisbroederskerk, dan ontvangt de pastoor de helft van de offergiften. Voor een parochiaan van Venlo zullen de Kruisbroeders geen tweede uitvaartmis celebreren, tenzij eerst,
volgens de heersende gewoonte, een plechtige dienst geschied is door de pastoor van de parochiekerk. Dertigsten en jaargetijden voor giften zullen ze niet houden, tenzij deze eerst in de parochie
kerk hebben plaatsgehad. Uit de opbrengst van de overige offer giften, legaten of schenkingen, die aan de St Nikolaaskapel zul len gebeuren, zijn de Kruisbroeders gehouden, jaarlijks, aan de 8 L. Heere, a.c, in De Maasgouw, LXXII, 1953, kol. 149-150. L. J. Van Bommel was de eerste prior te Venlo, die het klooster waarschijnlijk bestuurde
van
1399-1410.
Cfr.
L.
Heere,
a.c,
bl. 331. 4 Hermans, o.c, II, bl. 177-179.
in
Publications...,
XCII-XCIII,
1956-1957,
EN DE ABDIJ VAN AVERBODE
113
pastoor van Venlo, op Sint-Jansdag (24 juni). vijf rijnsgulden
boni auri et justi ponderis af te staan 5. In die jaren was fr. Theodoricus van Bekerdyck, premonstratenzer van Averbode, pastoor te Venlo6. In een schrijven van 26 juni 1399, deelt hij mede aan Jan VI van Beieren, prins-elekt van Luik (1389-1418), waaronder de parochie Venlo toen ressorteerde, dat hij, op verzoek van de hertog van Gelre, de toelating verleend heeft, om een Kruisbroedersklooster op te richten binnen de grenzen van zijn parochie7. Na de toelating van de pastoor en de stipulatie der juridische verhoudingen tussen klooster en parochie, kon de nieuwe stichting bij de Orde ingelijfd worden. Dit gebeurde door het Generaal Kapittel op 1 juli 1399 8. De prins-elekt van Luik keurde, door een charter van 8 augustus 1399, de kloosterstichting goed en bestemde de inkomsten van de St Nikolaaskapel voor het nieuw
konvent. Hij gaf tevens opdracht aan zijn wijbisschop, het kloostergebouw, de altaren en het kerkhof te wijden. De kerkrechterlijke beslissingen, getroffen in het kontrakt van 26 juni 1399, werden gewijzigd en nader gespecificeerd.
Krachtens de nieuwe verordening, mogen de Kruisbroeders vrij
beschikken over de giften en legaten, die het klooster reeds ontving of in de toekomst zal toegewezen krijgen. De geldgiften, die door de gelovigen in de kloosterkerk gestort worden, komen toe aan de kommuniteit. Van de gronden, die de religieuzen door hun handarbeid in kultuur brengen, en van het vee, dat ze binnen het kloosterdomein onderhouden, moeten ze noch novaal-, noch veetienden leveren. De gelovigen kunnen bepalen, bij de Kruis broeders te worden begraven. Deze moeten dan een vierde van het offergeld, als portio canonica, afdragen aan de pastoor van Venlo. Bij het biechthoren en de predikatie zullen de Kruisbroeders zich houden aan de apostolische konstitutie van Paus Joannes XXII 5 Hermans, ibidem ; L. Heere, a.c. in Publications..., XCII-XCIII, 1956-1957,
bl. 265.
6 Theodoricus Van Bekerdyck was pastoor te Venlo van voor 1394 tot aan zijn dood in 1410, zoals blijkt uit een nota uit AAA., I, Reg. 160, fol. I4r° : Anno ccccx mensis marcii viii die persolvimus sigillifero leodiensi iiii jrancie in redemptione bonorum mobilium curati de Venle fratris theoderici de bekerdijc per henricum de ruckelingen. In het necrologium van Averbode wordt zijn overlijden herdacht op 23 februari. AAA., I, Reg. 107, fol. l4r"°. 7 Hermans, o.c, II, bl. 179-180.
8 Hermans, o.c, II, bl. 180-181.
114
DE KRUISHEREN VAN VENLO
(1316-1334)°. Een aflaat van veertig dagen wordt verleend aan de gelovigen, die de bouw van het klooster steunen en bevorderen10.
De inhoud van deze bisschoppelijke brief werd plechtig afgekondigd in de parochiekerk van Venlo, onder de hoogmis op 4 januari 140011.
Een suppliek werd naar Rome gestuurd, ten einde de apostolische goedkeuring te krijgen. Paus Eugenius IV gelastte op 21 februari 1432 Joannes de Novo Lapide, kapitteldeken van St Servaas te Maastricht, het oprichtingsproces van het nieuw klooster te onderzoeken12. Op 5 juli 1432 ontving hij dit schrijven en op 7 juli oorkondde hij, dat hij, na alles in orde bevonden te hebben, de gewenste goedkeuring had verleend13. Na de goedkeuring van de kloosterstichting door de hoogste
kerkelijke autoriteiten, kon meteen gedacht worden aan de bouw van een definitieve kloosterkerk, die opgetrokken werd in de jaren ca. 1436-ca. 146614.
Intussen waren nieuwe moeilijkheden gerezen aangaande de regeling van de kerkelijke diensten in de St Martinuskerk te Venlo. Ingevolge een schenking van twee huizen, palende aan het St Nikolaasklooster en door Willem van Brede ten voordele van de Kruisbroeders gedaan, hadden de kloosterlingen de verplichting op zich genomen, dagelijks een Mis te celebreren in de pa rochiekerk. Daniel Laecman, abt van Averbode15, stelde een oplossing voor in zijn charter van 18 juli 1437. 9 ...in audiendis conjessionibus et in praedicationibus jaciendis jratres... conformare se habeant et omnino conjorment Sacre Apostolice constitutionis, quam ponit Joannes vicesimus secundus in titulo de sepulturis in capitulo dudum incipientes. Hermans, o.c, II, bl. 183-184.
10 Hermans, o.c, II, bl. 181-184 ; L. Heere, art. cit., in De Maasgouw, LXXII, 1953, kol. 152. 11 L. Heere, ibidem.
13 Rome, Vat. Arch., Reg. Lateran., n° 305, fol. 137v° ; Hermans, o.c, II, bl. 226-228. In 1430 werd de suppliek aan Rome gericht : Rome, Vat. Arch., Pauselijke
archieven, Registrum supplicationum, n° 275, fol. 189^-189^. R. Arnold, Regesten aus den papstlichen Archiven zur Geschichte des deutschen Reichs und seiner Territorien im X/K. und XV. Jahrbundert... Pontificat Eugens IV (1431-1447), I, n° 2739, Berlijn, 1897. 13 Hermans, o.c, II, bl. 234-236.
14 L. Heere, a.c, in Publications..., XCII-XCIII, 1956-1957, bl. 279.
16 V. van Genechten, Daniel Laecman. 22ste abt van Averbode. 1424-1441, in
Analecta 73-163.
Praemonstratensia,
XIX,
1943,
bl.
5-43 ;
XX-XXI,
1944-1945,
bl.
EN DE ABDIJ VAN AVERBODE
115
De Kruisbroeders mogen de dagelijkse Mis, waartoe ze zich krachtens voornoemde schenking verbonden, opdragen tussen zes en zeven uur in de zomertijd en na het offertorium van de pa-
rochiemis tijdens het winterseizoen. De prior en het konvent der Kruisbroeders hebben geen recht, offergiften of dagelijkse uitkeringen voor jaargetijden of andere diensten, welke de parochiekerk rechtens toekomen, te ontvangen. In de kerk en binnen de parochie bezittenze geen rechten. Na de Mis, gecelebreerd zonder zang, moet de celebrant de kerk statim verlaten16. In een dokument van 22 juli 1437 betoont Dirk van Grevenrade, prior van Venlo17, zijn instemming met de abtelijke beslissing. Hij verklaart in de parochie van Venlo geen parochiale rechten, - zoals het berechten van zieken en het dopen van kinderen, rechten, die de pastoor van de kerk de jure toebehoren, - te bezitten. Het dokument werd mede ondertekend door Hendrik van Nijmegen, prior-generaal der Kruisbroeders18.
Voor de volgende decennien der XVe eeuw zwijgen de archivalische bronnen. Vermoedelijk waren toen de verhoudingen tussen het St Nikolaasklooster en de abdij van Averbode gestabiliseerd. Averbode.
Trudo J. GERITS, O. Praem. I
De magistraat en de schepenen van Venlo stemmen toe in de oprichting van een
Kruisherenklooster, op voorwaarde, dat de pastoor van de St Martinusparochie in zijn rechten niet benadeeld zal worden. 26 juni 1399.
KOPIE in het Cartularium der Kruisheren van Venlo (1402-1538), Maastricht, Rijksarchief in Limburg, n° 3139, fol. 283r°-284r° » ; kopie der XVIIIs eeuw in de
38 AAA., I, Reg. 2, fol. 219v°. Dit dokument wordt gepubliceerd in bijlage IV. 17 Dirk van Grevenrade was prior te Venlo van ca. 1435 tot ca. 1453. Hij bouwde het nieuw St.-Nikolaasklooster. In 1440, 1442, 1444, 1446 en 1450 was hij definitor der orde, in 1446 en 1450 visitator. Hij overleed omstreeks 1455. L. Heere, a.c, in Publications, XCII-XCIII, 1956-1957, bl. 333.
18 AAA., I, Reg. 2, fol. 219v°. Dit dokument wordt gepubliceerd in bijlage V. Hendrik van Nijmegen werd tot prior-generaal verkozen op 9 mei 1433. Hij
overleed op 3 december 1451. Zie : A. van de Pasch, Het klooster Clairlieu te Hoei en zijn prioren-generaal. 1210-1796, in Clairlieu, XVIII, I960, bl. 18-20.
19 Het cartularium van de Kruisheren van Venlo (Rijksarchief in Limburg, kerkelijke en kloosterarchieven n° 3139) heeft een perkamenten band, is circa
21 x 31 cm groot en telt 347 fol., nagenoeg alien beschreven, door verschillende handen. Het is een papieren handschrift, daterend uit de XVe en XVIe eeuw,
116
DE KRUISHEREN VAN VENLO
Codex Ponth
Coeli,
Kruisheren
St.
te
biz.
Agatha
67-69,
bewaard
(Cuyk)
en
in
het
archief
afkomstig van
van het klooster der
het klooster
van Briiggen
(Duitsl.) ; hs uit de XVIIP eeuw.
UITG. Hermans, o.c., II, biz. 177-179, volgens de versie van de Codex Ponth Coeli. II
Theodoricus van Bekerdyck, pastoor van Venlo, verleent zijn toelating om Kruisherenklooster binnen het gebied van zijn parochie op te richten.
bet
26 juni 1399. KOPIE in hetzelfde Cartularium, fol. 284r° en in de Codex Ponth Coeli, biz. 69. UITG. Hermans, o.c, II, biz. 179-180, volgens de Codex Ponth Coeli. Ill
Jan VI van Beieren, prins-elekt van Luik, bekrachtigt, onder gestelde voorwaarden, de stichting van het Kruisherenklooster te Venlo en verrijkt het met privileges. 8 augustus
1399-
KOPIE in het Cartularium, fol. 284V°-286r° en in de Codex Ponth Coeli, biz. 69-72.
UITG. Hermans, ox., II, biz. 181-184, volgens de Codex Ponth Coeli. IV
Daniel Laecman, abt van Averbode, stoat toe aan de Kruisbroeders van Venlo, dot zij onder gestelde voorwaarden, een dagelijkse Mis mogen celebreren in de St Martinuskerk te Venlo, om te beantwoorden aan de verpUchting, die zij op zich namen ingevolge de schenking van Willem van Brede. 18 juli 1437.
KOPIE der XVe eeuw, door notaris Hendrik Goethuys, in AAA., I, Reg. 2,
fol. 219 V°. Universis et singulis presentes litteras visuris et audituris Daniel dei pacientia Abbas monasterii Averbodiensis ordinis premonstratensis leodiensis diocesis. Salutem in domino cum noticia veritatis subscriptorum. Ut unus de fratribus sancte crucis monasterii sancti Nicholai in Venloe dicte diocesis occasione donacionis seu collacionis certarum domorum, predicto monasterio sancti Nicholai contiguarum, et iuxta fines eiusdem monasterii sitarum, religiosis viris, priori et fratribus sancte crucis dicti monasterii sancti Nicholai, per venerabilem virum magistrum Wilhelmum de Brede, in utroque iure licentiatum ut asseritur, facte, singulis diebus in estate infra sextam et septimam horas, et tempore hyemali post offertorium summe misse in perpetuum in parochiali ecclesia de Venloe eiusdem diocesis, in qua consuevit ultra memoriam hominum ac solet vacacionis temporibus
met enkele aantekeningen uit de XVIIe eeuw. Het bevat akten betreffende het Venlose Kruisherenklooster uit de jaren 1378-1596 en enkele uit de XVlle eeuw,
dit in tegenstelling met de XIXe eeuwse aantekening ,,1402-1538" op de eerste bladzijde. Mededeling van Dr G.W.A. Panhuysen, rijksarchivaris in Limburgj te
Maastricht.
EN DE ABDIJ VAN AVERBODE
117
pro rectore eiusdem ecclesie prefici et existere prout de presenti et unus de fratribus seu religiosis ipsius monasterii Averbodiensis absque et sine cantu, missam celebrare possit et valeat infrascriptis salvis in quantum in nobis et nostrum damus consensum pariter et assensum, dum tamen consensus superiorum interveniat premissus et ad hoc accedat salvo eciam in premissis, quia predicti prior et fratres ac celebrans missam huiusmodi nullam habeant seu habeat potestatem vel auctoritatem offertoria aut cotidianas distribuciones ratione anniversariorum aut
alias obvenientes in dicta ecclesia de Venloe recipiendi, seu etiam alias in eadem earn infra parochiam ecclesie predicte aliqua iura parochialia seu quidquam ad rectorum pro tempore dicte ecclesie spectat et pertinet ac in futurum spectabit et pertinebit ratione cure ecclesie sepedicte quovismodo faciendi et exercendi, scilicet quia predicta missa absque tamen preiudicio dicti rectoris ac beneficiatorum et beneficiandorum in ipsa ecclesia de Venloe lecta, celebrans missam huiusmodi teneatur et debeat statim ab ipsa ecclesia recedere et nichil iuris in eadem ecclesia sibi vendicare. In quorum premissorum testimonium presentes nostras litteras sigilli nostre abbacialis dignitatis fecimus appensione communiri. Sub anno a nativitate domini millesimo quadringentesimo tricesimo' septimo ecclesia et extra
mensis iulii die decima octava.
V
Prior Dirk van Grevenrade en het konvent der Kruisbroeders van Venlo stellen zich akkoord met de beslissingen van Abt Daniel Laecman en verklaren, dot ze geen parochierechten bezitten te Venlo. 22 juli 1437.
KOPIE der XVe eeuw, door notaris Hendrik Goethuys, in AAA., I, Reg.
2,
fol. 219V°. Universis et singulis presentes litteras visuris et audituris Theodericus de Grevenroede prior necnon ceteri fratres sancte crucis monastery sancti Nicholai siti in opido de Venloe leodiensis diocesis. Salutem in domino cum noticia veritatis subscriptorum. Noveritis quod cum nos ex donacione et collacione duarum domorum dicto monasterio nostro contiguarum ac juxta fines eiusdem existentium et situatarum nobis per venerabilem et circumspectum virum magistrum Wilhelmum de Brede in utroque iure licentiatum facta, teneamur et sumus obligati ad celebrandum singulis diebus in perpetuum unam missam in parochiali ecclesia de Venloe, per unum ex fratribus seu religiosis monasterii Averbodiensis ordinis premonstratensis dicte diocesis ex presentacione domini abbatis pro tempore eiusdem monasterii Averbodiensis, regi et gubernari solita, ac nullum ius parochiale nobis propterea vendicare aut aliquid, quod cedere possit in preiudicium iuris parochialis ecclesie predicte, seu rectoris pro tempore eiusdem in dicta ecclesia seu extra earn exercere intendimus. Idcirco nos prior et fratres supradicti in loco nostro capitulari capitulo adhoc indicto capitulariter congregati pro nobis et nostris successoribus recognoscimus et profitemur per presentes, nos nullam habere potestatem seu auctoritatem aliquas oblaciones seu cotidianas distribuciones racione anniversariorum aut alias in dicta ecclesia pervenientes recipiendi et habendi seu eciam in eadem ecclesia de Venloe, et extra istam infra ipsius ecclesie
parochiam
aliqua iura parochialia, infirmos cum Sacramento eucharistie visitando, pueros baptisando, aut alia quecumque iura et officia ad rectorem pro tempore predicte ecclesie qualitercumque spectancia et pertinentia, et que in futurum ad ipsum rectorum spectabunt et pertinebunt racione cure ecclesie de
118
DE KRUISHEREN VAN VENLO
Venloe sepedicte, aut alias quidquam preiudicium ipsius rectoris quovismodo faciendi et exercendi. Et nichilominus permittimus bona fide pro nobis et successoribus nostris, missam predictam infra sextam et septimam horas in estate et post offertorium summe misse in ecclesia de Venloe celebrande tempore hyemali celebrare necnon oblaciones et distribuciones huiusmodi petere nee recipere nisi per pastorem liberaliter erogaretur neque aliqua jura parochialia seu jura et officia ad rectorem pro tempore dicte ecdesie spectancia et pertinencia, directe vel indirecte quovis quesito colere, absque expresso consensu dominorum abbatis et conventus seu rectoris pro tempore predictorum facere et exercere, quisque, pre-
dicta missa absque tamen preiudicio ipsius rectoris ac beneficiatorum et beneficiandorum in ipsa ecclesia lecta, celebrans missam huiusmodo teneatur et debeat ad statim ecclesiam ipsam exire et nichil juris sibi in eandem vendicare ordinatur. Si non fecerimus ut premissa non servaverimus seu quidquam contra premissa vel aliquid premissorum fecerimus aut per aliquem nostrum confratrum fuerit ex nunc prout ex tune, et ex tune prout ex nunc volumus et consentimus quod
domini Abbas et conventus supradicti possint et valeant nobis coniunctim et divisim inhibere, ne missam huiusmodi in ecclesia de Venloe seu parochie predicta extra monasterium nostrum sepedictum celebremus. In quorum omnium et singulorum fidem et testimonium premissorum presentes litteras fieri ac nostri sigilli appensione facimus communiri. Et ad maiorem roborem firmamentum rogavimus reverendum patrem nostrum fratrem Henricum priorem generalem ordinis nostri, quatenus premissis omnibus et singulis suos consensum et assensum adhibere eaque sigilli sui appensione roborare dignetur. Quod ego frater Henricus prior predictus ad instanciam et peticionem prioris et conventus venlensis sepedicti libenter feci. Datum et actum in loco capitulari nostro predicto sub anno a nativitate domini millesimo quadringentesimo xxxvii0, indictione quintadecima, die vero xxija mensis julii, pontificatus sanctissimi in x° patris et domini nostri domini Eugenii divina providentia pape quarti anno septimo.
KRONIEK
Vanwege de uitgebreide studies van H. van Koojjen, De oorsprong van de Orde der Kruisbroeders of Kruisheren, en
van H.
U.
Weiss, Die Kreuzherren
in Westfalen, die in de jaargangen 1961 en 1962-63 van dit tijdschrijt verschenen\ — en die het normale aantal bladzijden ver overschreden - moest de publikatie van de vele ingezonden bijdragen voor de Kroniek, mededelingen en bibliograjischA gegevens, tot nu worden uitgesteld. Voor de lijst van boeken en artikels van kruisheren, die niet over de ordesgeschiedenis handelen, en die we in vroegere
kronieken steeds opnamen, ordeleden
uitgegeven
verwijzen
tijdschrijt
we voor het vervolg
Vinculum
naar het
voor de
Cruciferorum, dot sinds enkele jaren
deze taak overnam. De medewerkers aan deze kroniek zijn : B. Bax, L. van Belkom, M. Colson, L. Heere, W. Sangers en J. Verzijl.
G.
van
Hoorn,
A.
Ramaekers,
H.
van
Rooijen,
MEDEDELINGEN EN BIBLIOGRAFIE De TWINTIGSTE JAARVERGADERING van de geschiedkundige Kring Clairlieu had plaats te Leuven op 5 april 1961. Aanwezig waren : dr. A. Ra maekers, voorzitter, dr. H. van Rooijen, L. Heere, C. van Dal en M. Colson, secretaris. 1) In zijn openingswoord kon de voorzitter meedelen dat de Koninklijke Comrnissie voor Geschiedenis te Brussel aanvaard had het werk van dr. A. van de Pasch, De Definities van de Generale-Kapittels (van 1410 tot aan de Franse revolutie) in haar uitgaven op te nemen ; wel moesten hierin de vele plaats^ en persoonsnamen zoveel mogelijk gei'dentificeerd worden. Al zal daarom deze uitgave nog wel enkele jaren op zich laten wachten, toch zal dan hiermee een der belangrijkste bronnen voor de Ordesgeschiedenis voor ieder toegankelijk worden. 2) Jaarverslag en financieel verslag door de secretaris. 3) Bespreking van jaargang 1961 van Clairlieu, die vanwege het 750 jaar bestaan der Orde de uitgebreide studie zal bevatten van H. van Rooijen over de oorsprong der Orde. De doctorsthese van H. U. Weiss over de Westfaalse kloosters zou dan verschijnen in de jaargangen 1962-1963. 4) Mededelingen en rondvraag over de aktiviteiten der leden, waarbij nu reeds de aandacht werd gevraagd voor de jubilea der kruisheren te Uden (1468-1968) en te Sint-Agatha (1371-1971), kloosters die vanwege hun rijk
historisch verleden
op passende wijze ook
in
Clairlieu
dienen
herdacht te
worden.
Voor de EEN EN TWINTIGSTE JAARVERGADERING kwamen op 2 mei 1962 te Uden bij elkaar dr. A. Ramaekers, voorzitter, dr. A. van de Pasch, dr. H. van Rooijen, L. Heere, C. van Dal en M. Colson, secretaris. Na inleiding
120
KRONIEK
en financieel verslag gaat de aandacht naar volgende punten : 1) De samenstelling van jaargang 1962-1963 van het tijdschrift, waarin de omvangrijke studie van dr. H. U. Weiss over de Westfaalse kloosters moet verschijnen ; van deze studie die minstens 300 biz. zal tellen, zouden een aantal exemplaren, apart als boek uitgegeven, in Duitsland moeten verkocht worden om de onkosten te kunnen dekken ; daarbij zou een register van persoons- en plaatsnamen moeten worden samengesteld, taak die L. Heere voor zijn rekening neemt. 2) Voor de Dictionnaire d'Hist. et Geographie ecclesiastiques worden artikels gevraagd over de kruisherenkloosters van Falkenhagen, Franeker, Glindfeld, Goes, Hoorn, Helenenberg, Hohnscheid en Hohenbusch, die zullen worden samengesteld door A. van de Pasch en L. Heere. 3) Het opnemen van enkele jongere ordesleden in de kring Clairlieu. 4) Het opmaken van een algemene bibliografie van de orde, voorstel dat voor-
alsnog moeilijk te verwezenlijken lijkt. 5) Rondvraag over de werkzaamheden der
leden.
Op de TWEE EN TWINTIGSTE JAARVERGADERING te Leuven, 23 april 1963 waren aanwezig : dr. A. Ramaekers, voorzitter, dr. A. van Asseldonk, dr. A. van de Pasch, dr. H. van Rooijen, L. Heere, C. van Dal, drs. W. Sangers, M. Colson, secretaris. Behandelde punten : inleiding ; financieel verslag en jaarverslag ; samenstelling van jaargang 1964 ; mogelijkheden voor de verkoop van
het boek van H. U. Weiss over de Westfaalse kloosters ; de aktualiteit van de kring ; het aantrekken van jongere leden en het winnen van meer belangstelling. de samenstelling van een algemene bibliografie waarmee C. van Dal een begin zal maken, rondvraag, keuze van voorzitter, secretaris en redactieraad, waarvoor dezelfde leden herkozen worden, nl. A. Ramaekers, M. Colson, A. van Assel donk en L. Heere.
Over de KRUISHERENORDE in het algemeen verschenen, naast A. van DE Pasch, Kreuzherren, in Lexicon fur Theologie und Kirche, deel VI, Freiburg^ 1961, kol. 619-621 en een kort artikel Croisiers in Grand Larousse encyclopedique, deel III, Parijs, I960, p. 670, een twintigtal artikels in dagbladen en tijdschriften bij gelegenheid van de jubileumviering in 1961 van het zevenhonderdvijftig jaar
bestaan der Orde. Drie daarvan zijn voor de geschiedschrijving der Orde van groter belang. H. van Rooijen, Les Origines des Croisiers, in Bulletin de la Societe d'Art
et d'Histoire du Diocese de Liege, t. XLII, 1961, p. 87-113. In dit artikel geeft dr. van Rooijen een samenvatting van zijn uitvoerige bronnenstudie over de oorsprong der Orde, die verscheen in jaargang XIX, zodat een verdere bespreking hier niet nodig is.
1961
van
dit tijdschrift,
B. VAN Luijk, o.e.s.a., Het Kruisherenideaal en de intensivering van de Volkszielzorg in de dertiende eeuw, in Het Oude Land van Loon, XVI, 1961, p. 135-147. Oorspronkelijk bedoeld en uitgesproken als feestrede bij de jubileumviering der Orde te Amersfoort op 17 augustus 1961, later ter publikatie bijgewerkt, schetst dit artikel een beeld van het dubbele vita-apostolica-ideaal der Xlle en Xllle eeuw : de meer kontemplatief gerichte, monachale omvorming der kanunniken, de eremitische richting ;
en daarnaast de trek van de kontemplatieve monnik
naar de
zielzorgaktiviteit. De kanunnik-eremiet trok zich echter niet terug naar de eenzame plaatsen tot het leiden van een zuiver kontemplatief leven, maar om naast zelfheiliging ook de zielzorg te beoefenen, de eerste vorm van het vita-mlxta-ideaal. Zo zouden dan de eerste kruisbroeders de beleving der apostolische armoede als basis genomen hebben voor hun apostolische aktiviteit. Hun doel was zielzorg, gebaseerd op het nieuwe vita-apostolica-ideaal.
KRONIEK
121
L. Indestege, Bij het zevenhonderdvijftigjarig bestaan van de Orde van het H. Kruis (Een Laudatio), in Het Oude Land van Loon, XVI, 1961, p. 201-219.
AIs feestrede gehouden te Diest op 8 oktober 1961 bij de jubileumviering, is deze laudatio meer geworden dan een voorbijgaand gesproken woord, daar schrijver er op knappe manier enkele faktoren behandelt die na de hervorming van 1410, in het bloeitijdperk der Orde dat ,,enig is in haar geschiedenis", deze bloei aktiveerden, en tevens de wijze waarop hij zich manifesteerde. In het tijdsbeeld der XVe eeuw plaatst hij de moderne devotie, die reeds voorafging aan de kloosterhervormingen ; ze leidde tot een aantal stichtingen van de broeders van het Gemene Leven en bracht een geestescultuur voort die tot een massale boekenproductie aanleiding gaf. Door deze invloed bloeiden ook bij de kruisbroeders de scriptoria op ; en wat zij presteerden behoort tot het ,,onvervangbare cultuurgoed van deze landen". Op anecdotische wijze staaft S. deze bewering, o.a. met enkele merkwaardige handschriften en boekbanden uit het Keulse kruisbroederklooster, waarvan hij de eigenaardige techniek der letterstempels onderlijnt, en met voor-
beelden uit de eveneens
beoefende miniatuurkunst.
Prof. Indestege drukt zijn
overtuiging uit >- al is in dit kort bestek de bewijsvoering hiervan moeilijk te geven - dat de kruisbroeders in dit ,,schitterende tijdperk van hun bestaan het
peil bereikt hebben van de Windesheimers, de Moderne Devoten, ja zelfs de Kartuizers ; het peil nl. van de meest representatieve vertegenwoordigers van de nieuwe opvatting inzake spiritualiteit van die bewogen eeuw". Moge zijn wens inderdaad in vervulling gaan, ,,dat er binnen afzienbare tijd van bevoegde zijde een poging zou worden ondernomen om de in verschillende buiten- en binnenlandse bibliotheken berustende handschriften en boeken van de voornaamste
kruisbroedersconventen uit de vervlogen eeuwen, op een daartoe geschikte plaats, in een uitgebreide, overzichtelijke tentoonstelling samen te brengen, nadat ze voorafgaandelijk, wat betreft inhoud en vorm, het voorwerp zouden hebben uitgemaakt van een grondige studie."
Onder de vele besprekingen die jaargang XIX, 1961 van Clairlieu uitlokte, de ook als apart boek verschenen studie van H. van Rooijen, De Oorsprong van de Orde der Kruisbroeders of Kruisheren, 240 biz., dient hier zeker vermeld te worden die van professor Dr. R. R. Post in het Archie] voor de geschiedenis van de katholieke Kerk in Nederland, Utrecht, 1963, p. 243-253, die tot de omvang van een artikel uitgroeide.
A. R.
Van September 1961 tot januari 1962 gaf dr. H. van Rooijen les in ordesgeschiedenis aan het studiehuis van de Kruisheren in Fort Wayne, Indiana (U.S.A.). De scholastieken hebben de tekst van deze lessen gestencild, en hiermee in bredere
kring ter beschikking gesteld ten dienste van de Amerikaanse ordeleden : Rooijen (H. van), o.s.c, A history of the Crosier Order. An endeavour, Fort Wayne, 1962, 27,5 X 21,5 cm., 288 bl. M. C.
Met vreugde begroeten we de voortzetting van de reeks studies over de Ordesgeschiedenis, vroeger verschenen onder de titel CRUCIFERANA. In 1934 werd hiertoe het initiatief genomen door de frs H. Reichert en C. van Dal te Sine-
Agatha, en verscheen Crucijerana slechts op enkele exemplaren voor het klooster en studiehuis van Sint Agatha. Deze eerste reeks telt 17 nummers. Daarna begon een nieuwe reeks die, gestencild, in alle kloosters van de Orde verspreid werd als Crucijerana. Collectanea historica jratrum Ordinis Sanctae Crucis. Nova Series;
122
KRONIEK
hierin konden van 1939 tot 1955 twintig nummers verschijnen, waaronder meerdere belangrijke studies (vgl. de lijst van de tot 1945 verschenen numraers in Clairlieu,
III, 1945, p. 51-52). Keurig verzorgd vervolgt de reeks nu met als nr. 21 de gedeeltelijke uitgave van een handschriftje uit het klooster van Sint Agatha : Memoriale she Rerum memorabilium Annotatio Conventus Sanctae Agathae 15401636, verzorgd en ingeleid door G. van Hoorn, 1962, 28 biz., een voor dat klooster belangrijke geschiedbron, die door deze uitgave gemakkelijker voor de historici bereikbaar wordt. Graag hadden we een wat langere en klaardere inleiding gezien ; waar gezegd wordt dat dit hs 80 folia telt, waarvan hier slechts een gedeelte gepubliceerd wordt, zou een vollediger beschrijving en inhoudsopgave wenselijk geweest zijn.
Als nr. 22 verscheen L. HEERE, Het Sint-Pietersdal of het Kruisbroedersklooster te Hoorn, Amersfoort, 1963, 36 biz. (in offset met twee fotobladzijden). Al wil deze studie, aldus de inleiding, slechts gegevens bieden over de komst van de kruisbroeders in Hoorn, over hun kerk, weldoeners en over de moeilijkheden die hun in de weg gelegd werden in de korte periode van hun bestaan (1462-1572), toch is het een interessante, hoewel wat fragmentarische geschiedenis van dit klooster geworden, goed gedokumenteerd en van een lijst van bronnen en van literatuur over het klooster zelf en over de geschiedenis van de stad Hoorn voorzien. A. R. Voor
de
LITURGIEGESCHIEDENIS
der
Orde
kunnen
volgende
gegevens
nuttig zijn : Otto Nussbaum, De Altarium Ablutione, in Ephemerides Lhurgicae, Rome, vol. 75, 1961, p. 105-115. Deze plechtigheid van de afwassing der altaren op witte donderdag vond vroeger ook bij de kruisheren plaats. Tegenwoordig wordt ze nog steeds verricht bij het pausaltaar der confessio van de Sint Pieter en bij de dominikanen en karmelieten. J. SMrrs VAN Waesberghe, Muziekcultuur, in Limburgs Verleden (zie p. 138), p. 457 w. schrijft over het mandaium, dat vroeger ook te Sint Agatha op witte donderdag door Hoogw. Heer werd verricht door handwassing. Ook te Maastricht,
aldus de auteur, was het mandatum geen voet- maar een handwassing ; de deken en een der oudere kanunniken van
beide Maastrichtse kapittels
,,cum
stola in
collo" droogden de handen af, waarna ze er met de duim een kruisje op maakten, en ze vervolgens kusten.
W. de Wolf, Haec est Praeclarum Vas, in Liturgisch Woordenboek, RoermondMaaseik, I960, kol. 942-943 bespreekt de eeuwenoude antifoon ter ere van O. L. Vrouw, die ook bij de kruisheren sinds 1586 in gebruik is. L. H.
L. Indestege, Een diets gebedenboek uit het begin der zestiende eeuw, herkomstig uit het voormalig klooster Sint-Hieronymus te Sint-Truiden, Gent, 1961. Uit de samenstelling van de liturgische kalender, die in dit gebedenboek voorkomt, besluit S. terecht dat het herkomstig is uit het Franciskanessenklooster SintHieronymusdal te Sint-Truiden. Tussen de gebeden tot velerlei heiligen krijgt Sint Hieronymus een bijzondere plaats, omdat men hem onsen weerdighen voder noemt. In de kalender wordt een enkel kruisherenfeest vermeld : 18 juli Arnout biscop. Odilia maeghet. (biz. 8). Hiermee moet bedoeld zijn de maagd en martelares Odilia, patrones van de Kruisheren ; niet de heilige abdis Odilia van de Elzas, die op 13 december gevierd wordt. Blijft dan de vraag : waarom staat be doeld feest in de kalender van dit Franciskanessenklooster ? Stond het misschien in betrekking met het nabijgelegen kruisherenklooster van Kerniel ?
M. C.
KRONIEK
123
In de geschiedenis der Orde ontmoet men regelmatig dokumenten of verklaringen van het generaal kapittel waarbij weldoeners der Orde tot PARTICIPANTES gemaakt worden, zodat zij delen in de vruchten van de gebeden en goede werken der kruisheren. Zo bv. bevat het handschrift van het Groot-Seminarie van Luik, 25 D 11 meerdere losse bladen met dergelijke participationes. Vandaar het belang van het boekje van S. P. Wolfs, o.p., Utterae de benejiciis o.p. 1243-1524, Groningen, 1963, XXXI en 92 biz., waar eenzelfde instituut in de Dominikanenorde behandeld wordt. In een inleiding (XII tot XXXI) geeft S. de theologische begronding van dit deelachtig maken van buitenstaanders aan de vruchten van de door de Ordeleden verrichte goede werken, waardoor een zekere conjraternitas ontstond, zodat de Ihterae de benejiciis in bredere zin ook de naam van Utterae conjraternitatis kregen. S. toont het verschil aan van deze brieven met de Utterae
indulgentiales en de confessionalia. Bij de Dominikanen die als mendikanten de hulp van buitenstaanders harder nodig hadden dan anderen, maakte de receptio ad benejicia een hele ontwikkeling door, zodat de wetgeving er zich vanaf 1256 meer uitdrukkelijk mee bezig hield en een uitvoerige beschrijving samenstelde
de modo recipiendi ad benejicia, een ritus om weldoeners ten overstaan van heel
de gemeenschap van kloosterlingen recepti ad benejicia te maken. De gunst kon worden verleend door de generaal namens heel de orde, door de provinciaals namens hun provincie, en door elke prior namens zijn communiteit ; later ook door de vicarius-generalis, die aan *t hoofd van meerdere provincies stond. De generaal verbond zelfs de participatio aan het lidmaatschap van lokale broederschappen. Vooral het generaal of provinciaal kapittel was een gangbare gelegenheid tot het verlenen van de participatio ; soms ook het bezoek van generaal of pro vinciaal, of zelfs van een prior, aan een klooster dat niet tot de orde behoorde. De receptio werd in meerdere vormen verleend : een deelgenootschap aan de vruchten der goede werken van Orde, provincie of klooster ; ofwel daarbij nog een vermelding na overlijden en aanbeveling in de gebeden ; en als derde graad bij de vorige nog het recht op de sujjragia die jaarlijks in de orde werden verricht. In de XVe eeuw werd soms aan de gewone receptio nog het privilege verbonden eenmaal in het leven en daarbij bij het sterven een biechrvader naar eigen vrije keuze te kunnen uitkiezen, die dan uitgebreide absolutiemachten bezat en een voile aflaat kon verlenen.
Waren de begunstigden eerst slechts de grotere weldoeners, later ook leden van eigen broederschappen of zelfs van lekengilden, dan werd men stilaan breder in het toekennen van de receptio, zodat ze gegeven werd aan ieder die een gift aan de terminarii gaf of hen onderdak verleende. Naderhand werden de brieven zelfs gegeven aan hen die wel eens weldoeners konden worden, zodat de participatio een aansporing tot schenkingen werd. Vandaar een massale verspreiding van receptiebrieven, waarmee misbruiken gepaard gingen, ongewenste praktijken die leidden tot beschuldiging van simonie en tot overeenkomsten bv. van dominikanen en franciskanen om elkaar geen weldoeners afhandig te maken ; verder tot maatregelen van de oversten om niet al te lichtvaardig met de receptio om te springen.
Was oorspronkelijk de ritus-receptionis het voornaamste en de Utterae enkel de bevestiging ervan, dan worden weldra de brieven de hoofdzaak, en worden ze
zonder de ritus gegeven. Ook de oorspronkelijk eenvoudige vorm van het formulier van Hubertus van Romans wordt gevarieerd en aangepast aan de stijlgebruiken
van latere tijd.
Na deze interessante inleiding geeft S. p. 1-82 dertig receptiebrieven, meestal aan kloosters of kapittels der noordelijke Nederlanden, waaraan hij notas toevoegt
124
KRONIEK
over gever, bestemmeling, archivalia en bibliografie. Bij een dokument van 1519, gegeven door Jacobus van Kalkar, noteert S. dat deze in het werk van Erasmus,
Dulce Bellum inexpertis, onjuiste formuleringen meende aan te treffen. Gerard Geldenhauer (hier niet als kruisheer vernoemd), bracht Erasmus hiervan op de hoogte en ontving van hem een brief (april 1518, cf Opus epistolarum Des. Erasmi Roterodami, Oxford 1906-1958, deel III, 282) waarin hij dit inderdaad toegaf en aan Geldenhauer vroeg zijn groeten aan van Kalkar over te brengen. Al heeft de participatio bij de kruisheren niet zo'n uitbreiding gekend als bij de dominikanen, toch is dit boekje een welkome hulp bij de verdere bestudering ervan.
A. R.
In de instrukties van de Propaganda Fide voor nieuwe nuntii te Brussel in 1731 en 1736 worden de orden die in de MISSIO BATAVA wonen en werken opgesomd. Zowel in 1731 als 1736 luidt het : ,,sono anche di alti ordini benche in
poco
numero ;
questi
sono
crocigeri,
carmelitani
calzati,
carmeliani
scalzi,
norbertini et di S. Brigida." In 1731 en 1736 : ,,i quali tutti exercitano le missioni sotto la dispenza del vicario apostolico", in 1736 wordt daar aan toegevoegd : ,,e del nunzio in mancanza diquelle." Zie P. Polman o.f.m., Romeinsche Bescheiden
I 1727-1754, in Rjjks Geschiedkundige Publication, n. 103, Den Haag, 1959, biz. 181 en 358.
L. H.
De korte studie van R. Neville Hadoock, The Order of the Holy Cross in
Ireland, in Medieval Studies, presented to Aubry Gwynn S. J., p. 44-53, Dublin, 1961, bewijst opnieuw, hoeveel verwarring er heerst omtrent de geschiedenis van de Orde der Kruisdragers in Engeland, Schotland en Ierland. De kloosters van Crutched Friars, die in Ierland gevonden werden, behoorden niet tot de Fratres Sanctae Crucis van Clairlieu, maar mogelijk tot de tak der Italiaanse Cruciferi, De aanhaling uit Mattheus Parisiensis omtrent de aankomst der Cruciferi op een synode van Rochester in 1244 slaat zeker niet op de Luikse stichting, met meer waarschijnlijkheid op de Italiaanse, die men in de beschrijving der kloosterlingen meent te herkennen. De broeders van Heilig Kruis van Clairlieu werden sinds 1270 Fratres Crucesignati genoemd, de latijnse vorm van Crutched Friars ; de naam Cruciferi komt bij hen eerst voor in de tweede helft van de I4e eeuw. Het opschrift van de kleine studie is eveneens misleidend : de Luikse stichting werd wel Ordo Sanctae Crucis genoemd (de Orde van Heilig Kruis), de Italiaanse komt, voor zover bekend, nooit voor onder die naam. Het klinkt daarom vreemd, als de schrijver zegt, dat hij deze geschiedenis uit de ,,annals of the order" opdiept, maar dan naar C. R. Hermans, Annales O.S.C., Den Bosch, 1858 verwijst. Over de kloosters der Cruciferi in Ierland bevat het artikel overigens enkele interessante gegevens.
H. v. R.
Vermelden we hier tenslotte nog, alvorens tot de bibliografie der afzonderlijke kloosters over te gaan, een werk dat meer algemeen de reguliere kanunniken interesseren zal : Charles Giroud, L'Ordre des Chanoines Reguliers de SaintAugustin
et ses diverses formes de Regime interne,
Essai de synthese historico-
juridique, Editions du Grand-Saint-Bernard, Martigny, 1961, 248 biz., proefschrift voor het doctoraat in kerkelijk recht aan het Lateranum te Rome van een regulier kanunnik van de Grote Sint Bernard. De bedoeling is, de juridische gestalte van de reguliere kanunnik te verduidelijken door de studie van slechts een der aspekten van zijn instellingen, nl.
de vormen van het inwendig bestuur. In een eerste deel geeft de auteur eerst
KRONIEK
125
een historisch overzicht van de reguliere kanunniken (p. 29-55) waarvan hij de oorsprong legt, zoals het trouwens gewoonlijk gebeurt, bij de samenwonende clerus van Eusebius van Verceil en vooral van Sint Augustinus, en de ontwikkeling volgt langs de regels van Metz en Aken en de Gregoriaanse hervorming van 1059 tot het ontstaan van de z.g. Orde der Reguliere Kanunniken, verzamelnaam voor vele kanunnikenstichtingen en kanunnikencongregaties vanaf de Xlle eeuw
tot heden toe. In deze kort geschetste evolutie, waarin alleen de Congregation de France met haar hervormingsstrijd van de XVIIe eeuw wat uitgebreider behandeld wordt, is het niet duidelijk wat volgens de auteur onder de strikte term van Ordre des Chanoines reguliers verstaan moet worden. Normaal hadden hier naast Premonstreit ook de kruisheren moeten vermeld worden, evenals bij de behandeling van de hervormingsbeweging van de Congregation de France; naast de hier genoemde tegenstanders van deze hervorming hebben ook de kruisheren zich uit alle macht tegen een inlijving bij deze Congregatie verzet. Na dit historisch overzicht volgt een sektie over het specifieke doel van de reguliere kanunniken (p. 57-77), ,,le service ordinaire d'une Eglise", wat inhoudt : het verbonden zijn als titulaire clerus aan een bepaalde kerk, om daar de gewone tweevoudige dienst van die kerk uit te oefenen, nl. de dienst van God door opdragen van het H. Sacrificie en de goddelijke lofzang, en de dienst van de naaste door toediening van de sacramenten, door de prediking en andere priesterlijke functies. In twee hoofdstukken wordt dit verder ontwikkeld, uitgaande van en steunend op algemeen en partikulier kerkelijk recht van verleden en heden ; hieruit kan, niettegenstaande enkele tegenstrijdigheden of uitzonderingen tot in
de codex toe, dit dubbele aspekt van het kanunnikenleven, plechtige goddelijke eredienst en zielzorg, ook parochiale zielzorg, duidelijk worden afgeleid. De
conclusie : ,,nous dirons meme que cette activite (le ministere paroissial) lui appartient en propre aussi bien qu'au clerge seculier, et il est regrettable que le Code n'ait pas tenu compte de cette caracteristique" lijkt na de bewijsvoering van
de auteur tenvolle gewettigd.
In het tweede deel komt S. dan tot zijn eigenlijke onderwerp, de inwendige bestuursvormen bij de reguliere kanunniken, nl. eigen oversten en kapittels. In een eerste sektie volgt hij de ontwikkelng van de lokale kapittels vanaf de regel van Metz tot heden doorheen de partikuliere wetgevingen (p. 83-130) ; vervolgens die van de generale kapittels, ontstaan onder invloed van de Charta Caritatis
of latere pauselijke beslissingen (p. 131-165) ; de derde sektie behandelt het bestuur van de vanaf de XVe eeuw ontstane Congregaties van reguliere kanunniken (p. 166-213). Een degelijk uitgewerkte vergelijkende rechtstudie, waarvan een verdere bespreking echter buiten het bestek van dit tijdschrift valt. Over de kruisherenorde wordt gesproken in een appendix Les Families canoniales independantes (p. 221-246) waar S. de inwendige bestuursvorm nagaat van de witheren, de reg. kanunniken van de Onbevlekte Ontvangenis, de (Belgische) kruis heren (p. 231-241), en de kruisheren van Boheme met de rode ster. Voor de (Belgische) kruisheren steunt hij op de Constituties van 1925 en op
het nieuwe concept van A. Ceyssens en et Geogr. eccl., met en die van 1660 en
van het generaal kapittel van 1955 ; verder op de artikels M. Vinken in de Diet, de Droit can. en de Diet. d'Histoire een voorbijgaan van de oorspronkelijke Constituties der Orde 1868. Dit overzicht komt dan ook neer op de korte inhoud van de Constituties van 1925 en 1955 voor alles wat het inwendige bestuur der Orde betreft, met hier en daar een historische nota. Inmiddels zijn de conceptstatuten van
1955
op meerdere plaatsen door het generaal
veranderd, zodat deze bladzijden enigszins achterhaald zijn.
kapittel
van
1961
A. R.
126
KRONIEK
Een der kunstschatten uit het vroegere kruisherenklooster van AKEN wordt uitvoerig beschreven in de Aachener Kunstblatter, Heft 26, door E. G. Grimme, Die grossen Jahrhunderte der Aachener Goldschmiedekunst, Aken, 1962, p. 122 vv. : ,,Ziborienmonstranz ; Kupfer vergoldet ; H. c= 58,5 cm ; Hans von Reutlingen,
Aachen urn 1510 ; Pfarrkirche HI. Kreuz.". Volgt dan de beschrijving van dit stuk, waarvan het onderste gedeelte als ciborie gebruikt kon worden, waarop voor de uitstelling een bovenstuk geplaatst werd ; het rijkversierde geheel vertoont gravuren van de H. Anna, Margareta, Katharina, Rochus, Barbara, Laurentius, en beeldjes van Sint George en Sebastiaan, Rochus en Aegidius en O. L. Vrouw.
L. H.
Een korte geschiedenis van het klooster door L. Heere, De Heren van St Joline te Aken verscheen in Kruistriomf, jg. 43, 1963-1964, p. 84-87. Zie over het klooster van BENTLAGE :
Dr.
Helmut Richtering,
Das
Kreuzherrenkloster
Bentlage,
in
Spindel
und
Schiffchen, Werkzeitung der Firma F. A. Kumpers, Rheine/Westfalen, XXIV, I960, nr. 8, 2 biz. met twee fotos van het klooster en een oorkondekopie van 1437.
Dr. Josef Tonsmeier, Das Landesfiirstentum Rheina-Wolbeck, Rheine, 1962, 208 biz., rijk gei'llustreerd. Al is dit werk in zijn geheel vooral van belang voor de geschiedenis van de streek en het vorstendom Rheine-Wolbeck, en in zoverre tevens voor die van het kruisherenklooster van Bentlage, toch wordt dit laatste er ook apart in behandeld. De eerste hoofdstukken geven de geschiedenis van het geslacht van de graven van Looz-Corswarem en van de eerste Landvorst Hertog Wilhelm Joseph von Looz-Corswarem, die in januari 1803 het kruisheren klooster Bentlage tot zijn residentie maakte. Hij stierf echter reeds voordat het klooster voor hem bewoonbaar gemaakt was. De laatste Prior, Overmann, opende de lijkstoet toen deze op 23 maart 1803 de voormalige kruisherenkerk betrad, waar het lijk in een vorstengraf moest worden bijgezet (p. 38-39). In de rij van hen die getuigen over het leven en sterven van de hertog, treedt op 28 maart
1805 ook prior Overmann als hofkapelaan van de hertog op, die een relaas geeft van zijn laatste bezoek aan het ziekbed van de hertog (p. 52). Van p. 56-64 volgt Die Geschicbte des Kreuzherrenklosters Bentlage, die, min der uitgebreid dan die van Weiss, ook minder gefundeerd lijkt en in meerdere details afwijkt (Orde der Kreuzritter op p. 57, aanleiding tot de bouw der
nieuwe kerk op p. 59, naam van de derde prior op p. 60, jaar van de dood van prior ter Borch e.a.) ; van de and ere kant bevat ze verschillende interessante aanvullingen die we bij Weiss niet terugvinden, zoals de uit een brief van 1868 geciteerde legende over de oorsprong van het klooster, de stichtingsoorkonde, nadere bijzonderheden over de ,,Salzwiese" der kruisbroeders en het verdrag hierover dat voor hen een bron van inkomsten werd. Van de XVe eeuw springt de auteur onmiddellijk over op de XVIIIe en sluit met de lijst der prioren. Nogal sterk is zijn conclusie p. 63, dat dit wel rijke klooster als kultuurcentrum niets heeft betekend, ,,da von ihm keine spiirbare Forderung des Geisteslebens ausgegangen ist", terwijl Weiss het een ,,Pflegestatte der Devotio moderna" noemt en dit ook
inderdaad aantoont. Een aanvulling op Weiss biedt ook het volgende hoofdstuk Die Aufhebung des Kreuzherrenklosters (p. 64-77) met nadere bijzonderheden over prior Overmann, de opheffing van 1803, de inventaris der goederen (de hierbij gemaakte opmerking dat al deze goederen slechts voor 8 konventualen moesten dienen, ,,die ausser ihrem engen Klosterbezirk nicht einmal in der seelsorglichen
KRONIEK
127
Betreuung der Glaiibigen aushalfen" blijkt na lezing van Weiss erg subjectief en onjuist), de namen der laatste kloosterbewoners (waarin Weiss onvolledig is), kloosterbibliotheek en verkoop ervan (met interessant vergelijkingsmateriaal op p. 137 over die der franciskanen bij hun opheffing in 1814), de opruiming van kerk en kerkhof in 1828 en de lijst van kunstschatten. Ook in de verdere geschiedenis van het vorstendom Rheine-Wolbeck p. 78 w. verwerkt S. meerdere gegevens over het klooster van Bentlage (p. 80, 89, 127128, 193) en zijn geschiedenis na de opheffing. Onder de 198 mooie fotos waarmee dit werk geillustreerd is, zijn er 15 van het klooster en zijn kunst schatten.
L. Jadin, Relations des Pays-Bas, de Liege et de Franche-Comte avec le S. Siege d'apres les ,,Lettre di Particolari" conservees aux Archives Vaticanes, in Bull, de I'Institut hist, beige de Rome, fasc. XI. Op p. 725-726 geeft S. een brief van kruisheer Pierre (?) Lambert Meyers, titelprior van Osterberg en definitor der Orde, conventualis van Luik ; hij schrijft op 13 november 1773 aan de nuntius Caprara van Keulen over een voorstel tot hervorming van het klooster Bentlage, dat onder het bestuur van prior Draper, in 1772 afgezet, veel geleden had ; Baron de Furstenberg is het ermee eens op voorwaarde dat Meyers hem eerst een authentieke copie bezorgt van de exemptie van Bentlage, en tevens de namen van hen die inplaats van de Raeth en t'Zuninghausen ter hervorming naar Bentlage zouden gezonden worden... In de inleiding van het werk p. LXXII enkele gegevens over Meyers, reeds eerder bekend. A. R. In het midden der vorige eeuw werkten de kruisheren Petrus Takken en Joannes Carolus Gast een tijd lang op het eiland CURACO ; vgl. Hermans, Annales, I, 2, p. 233. Pater W. Brada, o.p., Kerkgeschiedenis van Curaqao 1680-1707 en 1861 (tot 1961), Curaco, 1961, vermeldt op biz. 40 onder 1861 : ,,Saba had pech, want ook de kruisheer Gast, die enthousiast was begonnen om een kerk te gaan bouwen ter ere van de H. Nicolaas van Tolentijn, was vertrokken. De mensen wilden de pastoor niet laten gaan. Later komt er dan een verzoek om de pastoor toch niet naar Holland te laten gaan of hem van Saba weg te nemen. De Sabanen
beloven braaf te zijn, ze zullen hun leven beteren, zodat de pastoor meer vruchten zal zien van zijn werk..." Duidelijk is deze passage niet. Gast was reeds in 1858 naar Nederland vertrokken en was in I860 kapelaan te Harlingen. L. H. Over het COLLEGE VAN HET H. KRUIS te DIEST, zie enkele biz. bij J. Philippen, Historisch overzicht bij het vijf en zeventigjarig Sint-Jan Berchmans-
college te Diest, Diest, I960, p. 24, 25, 26-28 en 33. Meerdere kruisheren worden vermeld onder oudstudenten, leraars en erecomite, cf. p. 86, 95, 98, 99, 100, 101, 102, 105, 133 en 134. Na de uitgebreide studie die W. Sangers aan het vroegere
kruisherencollege wijdde in De Kruisheren te Diest 1843-1945, Diest, 1945, p. 47-70 met bijlagen p. 130-152 biedt dit werk geen nieuwe gegevens. Een waardevol
hulpmiddel
bij
de
bestuderlng
van
de
geschiedenis
van
het
kruisherenklooster van DUISBURG is het boekje Duisburg im Jahre 1566. Stadtplan des Johannes Corputius. Mit Erlaiiterungen van Giinther v. Roden, Duisburg,
1961, 32 biz. met een prachtig exemplaar van het stadsplan in kleuren. Schrijver stelt
in
zijn
inleiding
een
uitvoeriger
studie
hierover
in
het
vooruitzicht
in
Duisburger Forschungen. Kruisherenkerk en klooster zijn op dit stadsplan zeer goed zichtbaar en worden p. 25-26 beschreven. De straat naast en naar het klooster staat op de kaart aangeduid als Creutzbrs-Straess. In het onderschrift van
128
KRONIEK
de kaart zelf wordt onder F. aangegeven : Die Creutzbruders. Crucigerorum monasterium cum templo. Dictum est S. Peetersdaill. Olim conventiculum erat fratrum 3 regulae Francisci, anno autem 1498 Crucigeri vi o ecupavere. De vertaling der onderschriften geeft de auteur op p. 31.
Over het kruisherenklooster van EHRENSTEIN schreef A. van de Pasch, Ehrenstein, z.p., I960, 16 biz., een korte geschiedenis ten behoeve van de toeristen. Van dezelfde auteur verscheen een artikel Ehrenstein in de Diet. d'Histoire et de Geographie ecclesiastique, XV, Parijs, 1961, kol. 61-62. Over de kapel die in 1761 door de kruisheren te Ehrenstein gebouwd werd, zie F. Wdegard, Die Rochuskapelle in Ehrenstein, in Heimatkalender fur den Kreis Neuwied, Neuwied, 1962, p. 63, met een foto van de kapel.
Voor het kruisherenklooster van EMMERICH, zie A. van de Pasch, Emmerich, in de Diet. d'Histoire et de Geogr. eccl, XV, Parijs, 1961, kol. 430-432. Aan het klooster van FALKENHAGEN wordt een studie gewijd in Dona Westfalica, Georg Schreibet zum 80 Geburtstage dargebracht von der historischen Kommission Westfalens, Miinster, 1963, van de hand van Staatsarchivdirektor Dr. phil. Erich Ktttel, Das Kreuzherrenkloster Falkenhagen, p. 137-166. Wie hier een doorlopende geschiedenis verwacht van het klooster Falkenhagen komt bedrogen uit ; of wellicht beter ge2egd, zal verrast zijn dat deze studie iets heel anders biedt. Ze verscheen korte tijd voordat het uitgebreide werk van Weiss, over de vijf Westfaalse kloosters samen, uitgegeven werd. Schrijver heeft de toen nog niet gedrukte doctorsthese van Weiss kunnen inzien, maar zelf zijn studie heel anders opgevat, zodat ze nu een verrassende aanvulling biedt op de vollediger geschiedenis die Weiss over Falkenhagen schreef. Hij behandelt immers niet heel de geschiedenis van het klooster naar de volgorde der prioren, doch vestigt onze aandacht speciaal op enkele punten die ook Weiss heeft aangegeven, maar die hier dieper worden uitgewerkt en waaraan uiterst interessante beschouwingen worden gewijd.
Na enkele bladzijden inleiding over de Orde en de Rijnlandse en Westfaalse kloosters in het algemeen, geeft S. het ontstaan van het klooster Falkenhagen, waarbij hij wat dieper ingaat op de stichting en vooral het stichtingsjaar, gezien het verschil hierover in de ordestraditie, waar het jaar 1443 wordt vermeld, en in de lokale gegevens die 1432 aanhouden (p. 139-144). Na de eerste moeilijkheden der jonge stichting, waaronder een brand die kerk en klooster in as legde, behandelt S. een andere ramp die het klooster trof ; aan de hand van het dodenregister leren we nl. enkele pestjaren kennen, heel speciaal het jaar 1484 toen in een enkele zomer 29 leden van de kommuniteit aan deze ziekte stierven (p. 144-145). In dit moeilijke begin zoekt S. een der oorzaken waarom Falken hagen in het geheel der orde slechts een geringe rol gespeeld heeft. Naast vele andere belangrijke details wijst S. vooral op de ,,chronikalische Notizen" van procurator Johannes Vrese, die dit ambt bekleedde van 1510-1518 en van 1527-1535, en die hierover twee omvangrijke handgeschreven ambts-
boeken naliet van respectievelijk 250 en 319 bladzijden, met naast ekonomische en huishoudelijke gegevens ook veel waardevolle aantekeningen over het klooster, zijn bewoners en de kloostergeschiedenis. Door Weiss slechts weinig benut, en ook door de auteur zelf volgens eigen zeggen niet uitgeput, is het vervolg van deze studie er grotendeels op gebaseerd. In 1518 stelde Johannes Vrese een
KRONIEK
129
lijst op met bijzonderheden van alle conventuales die toen in leven waren, samen met de donaten 89 in getal ; Kittel heeft deze lijst p. 162-166 overgenomen en aangevuld met de sterfdatum uit het dodenregister. Hierop steunt hij voor zijn op p. 146-159 volgende beschouwingen over de herkomst van de kloosterlingen, over him namen die vaak met hun functie verband houden, en over de klooster-
struktuur die kan worden afgeleid uit de in genoemde lijst aangegeven ambten
van al die personen, zowel op geestelijk als op materieel gebied. Voor het geestelijke is er de Prior, subprior, de cantor en de koster, terwijl het
ambt van pastoor in deze lijst ontbreekt daar de kruisheren de parochie Falkenhagen slechts vanaf 1538 bedienden. Voor het tijdelijke staat de procurator, hierbij door vele anderen geholpen ; hier volgt dan een uitgebreide lijst van functies - naast die voor het dagelijkse huiswerk -, telkens aangevuld met bijzonderheden over de werkzaamheden, geput uit de rijke kroniek van Vrese : de korenbewaarder, keldermeester, dijkmeester, ziekendienaar, barbier die ook het aderlaten tot taak had, de boekbinder en copiist, en de schrijnwerker ; de vele broeders en donaten die met de veeteelt waren belast en de meer dan 1000 stuks vee moesten verzorgen ; verder zij die voor de melkerij zorgden, boter en kaas maakten enz.
Ook voor het landbouwbedrijf - de hopteelt inbegrepen - waren vele krachten nodig, evenals voor keuken en bakhuis, slagerij, maalderij, olieslagerij, brouwerij, schoenmakerij, pannebakkerij, kleermakerij, timmerhuis en smidse. We krijgen hier een beeld van 'n klooster, dat helemaal op zichzelf was aangewezen en voor zichzelf kon instaan, zoals men dit anders alleen in grote abdijen aantreft. Alvorens erg kort de ondergang van het klooster te vermelden, wijdt S. nog enkele bladzijden aan een soort kolonie, die het klooster in Sabbenhausen een tijdlang gehad heeft, en waar een zestal broeders een bedrijf leidden om de inkomsten van het klooster te verhogen en het gebrek aan graan aan te vullen ; een priester vervulde er de taak van rector.
Het door de auteur gemaakte onderscheid bij de kloosterbewoners tussen clerici, geprofeste donaten en donaten zonder professie, doet vreemd aan, gezien we in andere kloosters het onderscheid tussen fratres clerici, fratres conversi (de lekebroeders) en donati gewoon zijn. Volgens de lijst van Vrese lijkt de conclusie van Kittel, dat de donaten zijn samengesmolten met de vroegere lekebroeders tot een enkele groep, inderdaad gewettigd:
Door tai van interessante bijzonderheden is het artikel van Kittel
boeiende
lectuur geworden, historisch verantwoord ; de opmerkingen die hij maakt over
het werk van Weiss zijn door aanvulling en verbetering bij de uitgave ervan achterhaald.
Zie over het klooster van FRANEKER : L. Heere, De Kruisheren van Jeruzalem, in Kruistriomj, jg. 42, 1962-63, p. 94-95 ; geillustreerd. Over GOES (Zuid-Beveland), NIEUWENWERVE (Walcheren), SINT ANNALAND (Tholen): L. Heere, Onze Zeeuwse kloosters, ibidem, jg. 41, 1961-62. p. 76-77.
Voor HELENENBERG, het vroegere Kruisherenklooster Schneider, s.o.c, Rheinische Handschrijten in englischen Rheinische Vierteljahrsblatter, XXVII, 1962, biz. 222-224, handschriften opsomt die nu berusten in Engelse bibliotheken.
A. R.
bij Trier, vgl. A. Bibliotheken, in de waar de auteur 14 Hieronder als nr. 5
een manuscript van het klooster Helenenberg :
,,Claudius Ptolomaeus, Cosmographiae libri VIII ; Petrus de Alliaco, Compen dium Cosmographiae. Perg. u. Pap. 2 + 189 Bll (290X200 mm.), 1448. Be-
130
KRONIEK
sitzvermerk : Liber fratrum sancte cruets montis s. Helene prope Welschbilch (Welschbillig) Treverensis diocesis. London, Brit. Museum MS. Harl. 3290." L. v. B.
Een zilveren ciborie afkomstig van het klooster van 'S-HERTOGENBOSCH, nu bewaard in het kruisherenklooster te Diest, prijkte op de tentoonstelling 1962 in het stedelijk museum te Leuven en wordt uitvoerig beschreven in de catalogus Ars sacra antiqua, Leuven,
1962,
p. 97-98.
Een korte doch rijk geillustreerde geschiedenis van het klooster schreef L. Heere, De Kruisheren van den Bosch, in Kruistriomj, jg. 40, 1960-61, p. 71-73 en 93-95 ; over het wonderlijke kruis, dat de kruisheren van den Bosch later meenamen naar Uden, zie J. DoNKERS, Vragen rond sen wonderkruis, ibidem, 74-77.
A. R.
In de Bossche Bijdragen, 25 (i960), schrijft H. Th. Heyman o. praem. over : Prelaat Spierinck van Wei en Franciscus Sonnius (eerste bisschop van '-Hertogenbosch). Op p. 99 : ,,...niet zonder grond mag worden aangenomen, dat prelaat Spierinck van Well iets van een mecenas in zich had ... de kruisheren van 'sHertogenbosch waren hem dankbaar voor het aandeel dat hij nam aan de bouw van het koorgestoelte en het herstel van het hoogaltaar in hun kloosterkerk ... (Vgl. Hermans, Annales O.S.C., II, 336). In 1573 suspendeerde bisschop Metsius de kapitteldeken Lucas Dielen en enkele kanunniken.
De meer direkte aanleiding daartoe schijnt geweest te zijn, dat het kapittel van de Bossche kruisheren, wegens de oprichting van de parochie van Sint Cathrien in hun kloosterkerk, een jaarlijkse vergoeding van 4 gulden en
4 stuivers eiste. De bisschop liet het suspensiedekreet aan de kerkdeuren der Sint-Jan aanplakken en stelde wachters aan om afscheuring te beletten. De suspensie bracht geen oplossing. Zie A. M. Erenken, De gescbillen tussen de Bis schoppen en het kathedrale kapittel van *s Hertogenbosch, 1563-1629, in Bossche
Bijdragen, 26 (1962), p. 69, 109.
L. H.
Voor de verdere bestudering van het KRUISHERENKLOOSTER VAN HOEI zullen volgende werken dienstig zijn : F. Discry, Notice historique et nouvel inventaire des archives de la ville de
Huy, (Hoei, 1962), 33 X 21 cm., 88 biz. De stadsarchivaris F. Discry heeft gedurende dertien jaar gewerkt aan het ordenen van dit archief en deze inventaris opgesteld. In een inleiding beschrijft hij uitvoerig de vele wederwaardigheden, die
deze verzameling heeft
meegemaakt
sinds
de
Franse
tijd
(1794-1814).
In
1959 liet het stadsbestuur definitieve lokalen inrichten, waarin tevens de bibliotheek van de ,,Cercle hutois des Sciences et des Beaux Arts" werd ondergebracht. Thans is dit archief behoorlijk gehuisvest en toegankelijk voor belangstellenden. Men bezit er geen enkel dokument, dat uit het vroegere kruisherenklooster af komstig is, noch enig stuk of handschrift dat handelt over de orde. De afdeling die gewijd is aan kerken en kloosters omvat :
algemeen ;
2.
het klooster
van
S.
Quirinus ;
1. de kerkelijke instellingen in het
3. van de Augustijnen ; 4. van Solieres. Toch is het zeker dat vele bundels inlichtingen bevatten over de Kruis heren. In dit verband verwees ons de archivaris vroeger reeds naar het belangrijke Fwds Vierset-Godin : archives du chateau d'Abee, dat stukken bevat van de 15e, I6e, vooral echter van de 17e en 18e eeuw. Het werd in 1901 aan het stadsarchief geschonken.
KRONIEK
131
F. Discry, Nouveaux documents sur les conjlits d'Erard de la Marck avec la ville de Huy, 1511-1516, in Handelingen van de koninklijke Commissie voor Ge~ schiedenis, Brussel, jg. 130 (1964), bl. 1-109. Zoals reeds gemeld bij A. van de Pasch, Het klooster Clairlieu te Hoei en zijn prioren-generaal 1210-1796, in Clairlieu, jg. 18, I960, bl. 28 is de priorgeneraal Willem van den Oever (a Rivo) in 1516 opgetreden als scheidsrechter in een betwisting tussen de prinsbisschop van Luik, Everard van der Marck, en de stad Hoei. Meer bijzonderheden hierover verschenen nu in dit artikel. Hieruit blijkt o.m. dat op 29 en 30 april 1516 bijeenkomsten werden belegd in het kruisheren-
klooster te Hoei : in aula parva ante puteum of in maiori aula in oppositum
coquine (biz. 103 en 108). Van de kant van de bisschop speelt de vice-kanselier Hieronymus Aleander hierbij een belangrijke rol. Deze geleerde humanist werd reeds in 1501 naar Rome geroepen en sindsdien met vele opdrachten belast.
Heeft hij misschien bemiddeld om op 20 augustus 1516 aan Willem van den Oever het belangrijke privlege van de Kruisherenaflaat te doen toekennen door
pans Leo X ?
G. Hansotte, Inventaire des archives de I'abbaye de Neufmoustier, Tome I Inventaire, Regestes (1125-1530), Brussel, I960, 29 X 21 cm., 304 biz. G. Hansotte heeft de archieven van het klooster Neufmoustier te Hoei (thans bewaard in het Rijksarchief te Luik) geordend en er een uitgebreide inventaris van opgesteld. De Kruisheren van Hoei worden er enkele keren in vermeld : bl. 5, n. 25 : ,,L'abbe du Neufmoustier est rec.u membre de la confraternite des Croi-
siers de Huy, 1627." De korte inhoud van dit stuk zal verschijnen in deel II onder Regestes, n. 1067.
Verder vier stukken, die betrekking hebben op onroerende goederen van 14 juni 1428 (bl. 40, n. 371 en bl. 179, n. 244) ; van 24 dec. 1436 (bl. 62, n. 584, en bl. 195, n. 298), waarbij de procurator van het klooster, Joris van Briiggen, optreedt ; van 24 dec. 1438 (bl. 9, n. 53, acte n. 92 en bl. 197, n. 306), weer met dezelfde procurator ; van 28 augustus 1460 (bl. 66t n. 626 en bl. 229 v., n. 424).
A. Joris, La ville de Huy au moyen age. Des origines a la fin du XlVe siecle, Parijs, 1959, 514 biz. Uitgegeven in de reeks Bibliotbeques de la Faculte de Philosophie et Lettres de I'Universite de Liege, Fasc. CLII.
S. behandelt de geschiedenis van de stad Hoei tot rond het jaar 1400. Daarna gaat haar betekenis als internationaal handelscentrum stilaan verloren. Achtereenvolgens behandelt hij : 1) de oorsprong van de stad ; 2) haar ligging; 3) het ekonomisch leven ; 4) het maatschappelijk leven ; 5) het politiek leven. In afdeling IV gaat het over de bevolking en de sociale struktuur. Bij de geestelijkheid vermeldt hij in *t kort de stichting van de Kruisheren (bl. 350-351). Er is weinig bekend, schrijft hij, over de invloed die de Kruisheren op de be volking gehad hebben en die zou moeten blijken uit het aantal roepingen uit de stad afkomstig en uit de aangroei van de eigendommen door schenkingen. Wei wijst hij op de intellektuele bedrijvigheid bij de Kruisheren, die blijkt uit de
bewaard gebleven handschriften. Misschien hebben zij het hunne ertoe bijgedragen om de papiermolens op de Hoyoux in te richten. Voor de rest wordt er slechts enkele malen terloops gesproken over het klooster of over de Porte des Croisiers (een
stadspoort).
Toch heeft dit boek grote betekenis voor de geschiedenis van de Kruisheren.
Ten eerste : om de uitzonderlijke rijke bibliografie, die wellicht nieuwe gegevens aan het licht kan brengen. Ten tweede : om het tijdsbeeld, dat hier met zoveel bijzonderheden geschetst wordt, waardoor de bekende feiten uit de stichting van
132
KRONIEK
het klooster te Hoei in een gans nieuw perspektief zullen staan. Ten derde : in verband met de eerste stichtingen van de orde in Engeland verneemt men met belangstelling, dat Hoei rond 1240 drukke handelsbetrekkingen onderhield met dit land : aankoop van Engelse wol voor de stedelijke spinnerijen, die in het begin van de dertiende eeuw een grote bloei kenden. Tenslotte mag hier vermeld, dat de kaarten en plannen uit dit boek uitstekende diensten zullen bewijzen bij het bestuderen van de ordesgeschiedenis. Raoul
van
der
Made,
Inventaire
andytique
d'actes
relatifs
au
prieure
de
Sainte-AIdegonde de VOrdre des Dames Chanoinesses de Saint-Augustin a Huy, Brussel (Kon. Kommissie voor Geschiedenis), I960, 22 X 14 cm., 202 biz., gei'llustreerd. Deze inventaris spreekt op enkele plaatsen over de Kruisheren van Hoei. Zij hebben tijdelijk de leiding gehad van het Sint-Aldegondisklooster tussen 1449-1475 (bl. 6). De stichteres Jeanne de Berlaimont vermaakte hen op 12 sept. 1471 twee breviers (bl. 35, akte n. 37). Verder is sprake van renten op 24 dec. 1527 (bl. 65, akte n. 88) en 7 maart 1613 (bl. 132, akte n. 217) ; de wijngaarden van de kruisheren worden vermeld op 3 juni 1605 (bl. 124, akte n. 203). M. C.
Enkele hier nog niet vermelde documenten over het klooster van Hoei geven de Analecta Vaticano-Belgica, section B, Nonciature de Cologne, vol.
I, Correspon-
dance de Martino Alfieri (1634-1639), Brussel-Rome, 1956. Nr 228 van 21 mei 1638 over visitatiemoeilijkheden van de Generaal der kruisheren bij de zusters van Saint-Quirin te Hoei ; nr. 242 van 4 oktober 1638 over een proces der Orde tegen Servatius Dans, kruisheer van Hoei en fugitivus. In section B, vol. Ill, Inventaire anal, de documents relatifs a I'bistoire du Diocese de Liege sous le Regime des Nonces de Cologne (1606-1634), Brussel-Rome, 1958, nr. 736 van 7 aug. 1626 over een dispensatie ,,super defectum aetatis" voor de wijding van drie conventuales van Hoei, Servatius Dans, Gilles de Saint-Vit en Jacques de Brabant ; nr. 971 over eenzelfde dispensatie voor Aegidius Wanzoul.
Op 14 oktober 1961 werd in de Rijksuniversiteit te Gent geopend, die gewijd is aan Boekbanden uit vijf eeuwen. Ze mede werking - en ,,dank zij de bereidwilligheid" - van Indestege (Dilbeek). Hij verzorgde de beschrijving van al
L. H.
een tentoonstelling werd ingericht met professor Dr. Luc de tentoongestelde
banden.
Deze verzameling behoort, op een gering aantal na, tot het fonds van de centrale bibliotheek der rijksuniversiteit. In de inleiding van de kataloog zegt professor Indestege, ,,dat alle banden, zonder uitzondering, belangrijk mogen genoemd worden, niet enkel op zich zelf, maar ook in hun geheel, omdat ze een beeld geven - het moge dan nog zo onvolledig zijn - van een boekbinderskunst die eeuwenlang in deze gewesten heeft gebloeid". Nr. Ill van deze tentoonstelling is een boekband van het vroegere kruisherenklooster SINT PIETERSDAL van Hoorn (thans eigendom van de rijksuniversiteit), waarin een Venetiaanse inkunabel Biblia latina cum postillis Nicolai de Lyra, Venetie, O. Scotus, 1491. Binnenin, tegen het voorberd, dat beplakt is met een
perkamenten blad uit een latijns missaal, staat geschreven Liber fratrum sancte crucis vallis sancti petri In Hoirn quern legavit no bis Andreas jilius Andree tymmani in testamento qui obijt anno domini m°cccc°xciij° in profesto sancti bartbolomei apostoli. De eerste regel werd later gedeeltelijk doorgehaald en er boven geschreven magistri henrici back. Het eigendomsmerk van het klooster
KRONIEK
133
wordt in rood herhaald bovenaan de titelpagina, en achter het colophon. Vgl. Boekbanden uit vijf eeuwen. Catalogus van de tentoonstelling, Gent, 1961, bl, 60-61 en plaat XXXIX (n. 3a en 3b).
M. C.
Over het klooster van HOORN schreef verder L. Heere, Sint Pietersdd te Hoorn, in Kruistriomj, jg. 42, p. 40-41 ; L. Heere, Het Sint Pietersdd of het
kruisbroedersklooster te Hoorn, in de reeks Crucrferana, zie boven p. 122.
In de catalogus van de Hasseltse tentoonstelling Duizend jaar kerkelijke Kunst in LJmburg, Hasselt, 1961, wordt onder nr. 21 het reliekschrijn van de H. Odilia
van KERNIEL voorgesteld, met foto van een der zijkanten. Zie hierover ook Pulinkx, R., Tien eeuwen kristelijke kultuut in Limburg, in De Tijdspiegelf Hasselt, jg. 16, 1961, p. 196-202, waar het reliekschrijn op p. 197 besproken wordt.
Het Sint Christoffelbeeld van Thomas Haesaert uit hetzelfde klooster bevond zich op de tentoonstelling Mechelen, vier eeuwen aartsbisschoppelijke stad van juli tot oktober 1961, en wordt in de catalogus onder nr. 849 op p. 184 aangegeven.
Bij gelegenheid van de Limburgvaart der Vlaamse letterkundigen van 7-8 juli 1962 werd ook het klooster van Kerniel bezocht, waaraan in vele bijdragen in
Mededelingen (Vereniging van Vlaamse Letterkundigen), nr. 44, 1962 herinnerd wordt op p. 23, 40, 46, 53, 59, 60, 71, 87, 88, 96, 101, 102, 103, 106, 109, 123, 125.
Op de kunstschatten van het klooster die herinneren aan Sint Lutgart en aan
de H. Odilia wijst R. Vandersmissen, Sinte Lutgart achterna, in De Belleman, Leuven, jg. 33, 1964, p. 32-33.
A. R.
Henricus van Langenacker, kruisheer van Kerniel kocht in 1797 de kloostergoederen op zijn naam terug, legde in 1798 de verboden eed af en werd toch tot deportatie veroordeeld. Hij overleed te Tongeren in 1856. Dit was ons reeds
bekend uit H. VAN LffiSHOUT, Rond het Reliekschrijn van Sint Odilia, Hasselt 1935, biz. 87, 151.
In Henry Baillien, te Tongeren (Werken de provincie Limburg, op 1-2-1823 door de
gekozen werd.
De oude stedelijke lnstellingen voor openbare Weldadigheid uitgegeven onder auspicien van de bestendige deputatie van n. 2), 1956, biz. 121 leest men, dat genoemde kruisheer gemeenteraad tot lid van het armbestuur van Tongeren L
H.
The Encyclopedia Americana; The international Reference Work, (Americana Corporation) New York-Chicago-Washington D.C., I960, 30 delen. In Volume 8 (1960) 264, 2de kol. staat een nietondertekend artikeltje over de ,,Crutched Friars". S. spreekt voornamelijk over de Italiaanse kruisbroeders ; op het einde vermeldt hij in een zinnetje het bestaan van de ,,Fratres Cruciferi in the Low
Countries".
Vanuit Bologna zou in 1245 een klooster gesticht zijn te Colchester en in 1249 een huis ,,near Tower Hill in a section long called Crutch Friars". Bij ons neemt men aan (Clair-Lieu, 8 (1950), 93) dat het LONDENSE KLOOSTER van de Luikse kruisbroeders, definitief gesticht in 1298, even ten noorden van Tower Hill gestaan heeft, waar nu nog de straat ,,Crutched Friars" ligt. Voor de stichtingsdatum 1249 zou S. kunnen steunen op de, door Chettle niet geloofwaar-
dig geachte, mening van M. D. Knowles, Religious Houses of Medieval England, biz. 117 (aangehaald bij H. F. Chettle, History 1949, 212).
134
KRONIEK
Uit de toegevoegde plaatsbepaling blijkt, dat S. de Italiaanse kruisbroeders met hun naamgenoten in de lage landen verwart, - als het tenminste zeker is, dat het de Luikse kruisbroeders waren die een klooster nabij Tower Hill bezeten hebben.
L.
v.
B.
De Engelse Kruisheren worden vermeld in een akte van 13 april 1534 : ,,George Brown, prior o.e.s.a. London appointed by the king provincial of the whole Order of Friars Hermits in England, and Jehon Hilsey o.p. appointed provincial of the whole Order of Friars Preachers, professors of sacred Theology Commission to visit the houses of all friars of whatever Order, viz. Friars Minor of the Order of St. Francis, Friars Preachers, Carmelite Friars and Crossed Friars, to make inquiry concerning their Lives, morals and fealty to the king ; instruct then how to conduct thenselves with safety and to reduce then to uniformity, calling in, if necessary the aid of the secular arm." Zie F. Roth, Sources for a History of the English Austin Friars, in Augustiniana, 11 (1961), 445. L. H.
Weaver's Funeral Monuments van
1631
bevat enkele mededelingen over de
kruisheren. De volledige titel van dit werk luidt : Ancient Funeral Monuments within the united monarchie of Great Britaine, Ireland, and the Islands adiacent,
with the dissolved monasteries therein contained : eminent Persons have beene in the same interred.
nothing of their opinion Op biz. 141-142 wordt nothing of their opinion Saints Peters disciple and it is received for more
their
Founders,
and
what
(being altogether unprofitable) who hold that Cletus, gesproken over de stichting van de Orde : ,,To speake (being altogether unprofitable) who hold that Cletus, Bishops of Rome, was the first founder of this order, truth, that one Cyriacus Patriarch of Ierusalem (who
shewed S. Helen (the mother of Great Constantine, where the Crosse was whereon our blessed Saviour was crucified) was the first that instituded this Order, in memoriale of the invention of the Crosse, and gave order that these
Friers should ever afterwards carrie a Crosse in their hands : but by reason of Cyriacus his martyrdome, under the Apostata lulian, and the cruell persecutions of the Christians, this order became almost quite extinquished, untill Pope Innocent
the third gave it new life : Since which time it hath ever flourished here and beyond Seas with some little reformation like the rest of its fellowes. This holy order came into England in the yeare of our salvation 1244. Their first Cloister was at Colchester, their greatest Monasterie was neare unto the Tower hill London, as yet called by the name of Cruched Friers. They did not of late as the first institution, carry the Crosse in their hands, but ware a crosse of red cloth or skarlet fixed to their habit on their breast." Over het klooster in Colchester weet schr. alleen te vermelden (biz. 613) : ,,Here was another religious house wherein were placed brethren of the holy Crosse,
but
by
whom
founded
I
cannot
finde.
Valued
at
the
suppression
to
7 £, 7 s., 8 d. per annum." (vgl. H. F. Chettle, in History 1949 Nr. 122, biz. 210).
lets uitvoeriger spreekt de schr. over het klooster in Londen (biz. 423) : ,,Within this parish (Saints Olaves Hart Street) was a Friery or Brotherhood
founded by Raph Hofiar and William Sabernes, Anno
1298. These Friers by
their order were called Fratres Sanctae Crucis, Brethren of the holy Crosse, so denominated of wearing a Crosse (anciently called a Crouch) upon their garments, and of bearing the crosse for the badge and Armes of their house. This house
was valued at the suppression to 52 £, 13 s. 2 d. of annuall profits."
KRONIEK
135
Hierna volgt onmiddellijk de tekst van a Petition to Secretary Cromwell against the Prior of this house a little before the dissolution thereof. Links in de marge staat de vage bronvermelding Ex quibusd. Collect, in sepe diet. bib. Cot., rechts de aanduiding van de inhoud The Priore of Crouched Friars found in bed with wench. Datering van de petitie ontbreekt. In zijn artikel The friars of the
holy Cross in England vermeldt Chertle (biz. 214) ,,About this time (1535)
Cromwell's agents blackmailed him (the prior) for incontinence ; in February, 1536, one of the friars warned a penitent against Latimer, and the bishop of Rochester, Hilsey, forbade some of them to hear confessions." Hij verwijst daarna (noot 80) naar Letters and Papers, x. 346, p. 190 ; Three Chapters of Letters relating to the Suppression of the Monasteries, (edit. T. Wright),(Camden First Series, No. 26), p. 37. Ik heb niet kunnen nagaan, of op de vermelde plaatsen ook de petitie staat afgedrukt die ik in Weavers's Funeral Monuments vond.
Daarom laat ik de tekst daarvan in zijn geheel volgen. wPleasethe it your honourable mastoreship to be aduertesid, that in the time
of Lent last past, your continuall orator lohn Bartelote, with others, to the number of fiue persons of good conuersation, found the Priore of the Crossyd Friores in London, at that time, being in bed with his whoore both naked about XI of the clocke in the forenoone upon a Friday ; at which time the said Priore to the
intent his misdemeanour and shamefull fact should not be knowne, whereby he should sustaine open shame, kneeled upon his knees, and not onlly desired your said orator and his company to keepe secret his said act, and not to disclose in any wise the same, but for the same intent freely, and of his owne motion, gave amongst them about xxx £ which he then possessed of ; of the which summe your Orator had by the said gift about vll £. And also the said Priore promised to give amongst the said company xxx £ more by a certaine day, and after by mediation of friends of the said Priore, the said xxx £ was released to the summe of vl £ which fixe pounds the said Priore bound himself to pay to the said Orator by his Bill obligatory at a certaine day in the same limeted : yet this
notwithstanding, for by cause your said Orator for non paiment of the said vl £
did arrest the said Priore, he hath so hainously informed the Lord Chancelour against your Orator, that he will onely put him to shewertie, making the pre misses a hainous Robbery, saying openly that your Orator is worthy to be hanged but also will by his high authoritie, compell your Orator to repay agen to the said Priore the some of xxx £ unlesse your most charetable goodnesse bee therein otherwise shewed. It may therefore plese your good Mastershipe of your abundant goodnesse to provide that the premeses may be duly examined, according to equitie ; for thisis the very and hole truth in the same. And your said Orator shall prey to God for your honor and preservation long to endure. By your humble Oratore to his power during his life, lohn Bartelote»
L
v
B
Tussen de KRUISHERENKERK te MAASEIK en het fraai barokke huis, bewoond door Dr. Van der Zijl, ,,Het Stenen Huis" in de Bosstraat, lag tot
mei 1963 het huis ,,Het Gulden Hooft", een gebouw zonder kunsthistorische waarde, waarschijnlijk in de vorige eeuw herbouwd op dezelfde plaats waar ,,Het Gulden Hooft" reeds eeuwen terug gestaan had.
Bij de afbraak van dit huis kwam men tot de ontdekking, dat de fundering van de oostelijke absiszijde van de kruisherenkerk wel breed maar niet diep was aangelegd. Die fundering stond op de hogere zandlaag en niet op de lagere
136
KRONIEK
grintlaag. Over het aanleggen van die kerkfundering ontstonden toentertijd moeilijkheden met de bewoners van ,,Het Gulden Hooft". Omstreeks 1750 werden de kruisheren hun oude kloosterkerk waarschijnlijk moe. Ze was een gotisch geval met renaissance en barok meubilair. Voor mensen van de rococotijd was hun kerk kloosterkerk. Reeds in 1766 was fundamenten gelegd, ofschoon de de aide kerk van de Kreutsheere de
selve
plaetse
neu
op
niet zwierig genoeg. Ze wilden een nieuwe men met de herbouw begonnen en waren de Kroniek van Roosteren zegt :
,,Anno 1767 is van Maeseyck aef gebroke en is wederom op
getuemmert".
Bij het leggen van de fundamenten van de absis schijnt men de fundamenten van het huis,, Het Gulden Hooft" verzwakt te hebben, waardoor dit huis uit zijn lood zakte. Waarschijnlijk verzakte alleen de westelijke muur, ofschoon dit
invloed op het gehele huis kan gehad hebben. Vanzelfsprekend namen de eigenaars van dit huis, de Kinderen Geelen, geen genoegen met dit geval. Ze bespraken hun moeilijkheid met hun broer, Petrus Joannes Geelen, een kruisheer of kruisbroeder, waarschijnlijk niet tot het Maaseikse klooster behorend. Vermoedelijk werd eerst met de Maaseikse prior, Henricus Vossen, over deze aangelegenheid gesproken, maar volgens het oordeel van de Kinderen Geelen zonder bevredigend succes. De familie Geelen en de kruisheren verzochten de bemiddeling van de magistraat.
De adjunkt-burgemeesters J. M. Thijssens en G. L. Waegemans, zonden, bij afwezigheid der burgemeesters Turcken en Naegels, de schout, de stadstimmerman Francis Tulleners Vereyden en de beedigde metselaar Hindpeltier of Hendrik Peltier naar ,,Het Gulden Hooft". Op 19 September 1766 verklaren timmerman en metselaar, dat ze het bouwwerk der kruisheren en ook de gevel en de gesteltenis van ,,Het Gulden Hooft" hebben onderzocht. Volgens hen was ,,Het Gulden Hooft" een goed gebouwd huis en in zijn lood opgetrokken. Nu lag het tot aan ,,die borsten" (borstwering) geheel uit zijn lood, ook de ramen. Dit was een gevolg van het graven en leggen der fundamenten van de kruisherenkerk. De kruisheren zouden dus volgens hen verplicht zijn om Mathijs Geelen, waar
schijnlijk de hoofdbewoner, schadeloos te stellen en het huis, voor zover het beschadigd was, op hun kosten in zijn vorige staat terug te brengen. Dit (huis of gevel ?) zou geheel moeten worden afgebroken. Vier dagen later, op 23 September 1766 sloten de kruisheren met de zusters en broers Geelen een overeenkomst bij notaris J. A. Prinsen, binnen het klooster der eerwaarde heren canonici regulates sanctae cruets binnen Maeseyck, in de kamer van de prior, aan de ene zijde prior Vossen en aan de andere zijde de eerwaarde Petrus Joannes Geelen namens zijn zusters en broers. Ze kwamen tot een vergelijk over de schade, die ,,Het Gulden Hooft" volgens de bewering van Petrus Joannes Geelen door het graven van de fundamenten der kerk zou hebben geleden. Prior Vossen beloofde, dat hij 25 vaten kalk zou leveren om het beschadigde gedeelte te herstellen. Verder zou hij het halve metselloon, drie pattacons, betalen. Er werd ook bepaald, dat de pilaar van de poort niet hoger dan e£n voet boven de boog van de poort mocht uitsteken. Die pilaar mocht een steen dikker worden dan de toen bestaande. Beide partijen, de Kinderen Geelen en de kruisheren, zouden van de funda menten mogen profiteren, die de kruisheren gelegd hadden. De akte werd door fr. Henricus Vossen, prior, namens zichzelf en zijn onderdanen ondertekend, ook door
fr.
Petrus Joannes
Geelen,
de
Claessen en de notaris J. A. Prinssen.
getuigen
Peter
Joseph
Deprez
en
Joannes
KRONIEK
137
Men vindt het verslag van timmerman en metselaar in de Magistraatsrollen van 19-9-1766 ; de notariele akte van J. A. Prinssen in de minuten
II van School-
meesters. Beide dokumenten berusten in het stadsarchief.
L. H.
De archivaris van de stad Maaseik, M. Hendrickx-Godelaine, tekende een kadasterkaart van de voormalige gemeente Heppeneert, zoals die in 1774 was inge-
deeld. De archivaris gebruikte daarbij een oude kadasterkaart, door S. Drost O.S.C. gevonden en nagelaten, en een ,,schatkaart" of ,,boenderboek", ,,Register der Landerien, Bempden en Bossen gelegen tusschen de Limieten des Dorps Heppener, verdeelt in twee Classen,
volgens
rapporte der gronden,
involgens
trans-
actie van den jaeren 1771 en 1773 met de stad Maeseyck ingegaen door d'ingesetenen en geerfdens der selve dorp voor 't eerste jaer 1774 in schattingen gestelt, te weten de beste gronden ad 5 en de sleghste ad 3 guldens par bounder".
Er bestaat nog een ouder bunderboek, waarin ook delen van Heppeneert voorkomen, begonnen in 1749, waarvan de percelering van die van de kaart van 1774 verschilt. Op de kaart van 1774 staan behalve de gemeentelijke en partikuliere eigenook de bezittingen van vele kerkelijke instellingen aangegeven : die
dommen
van de parochie en de Armen (het armbestuur) van Heppeneert, die van het kollegiale kapittel te Maaseik, van het Agnetenklooster en het Sionskonvent te Maaseik, die van de Armen te Elen, van de Kommanderij
der Duitse Orde te Gruitrode
en van het beneficie van Sint Landrada te Bilsen. Daartussen lagen ook beemden en landerijen van de KRUISHEREN VAN MAASEIK EN VAN ROERMOND. De
eigendommen
,,Nucheler
Quartier"
van
en
de
Roermondse
bedroegen
priorij
tezamen
lagen
3256
in
roeden
1774
of
alleen
tussen
de
in
het
zes
en
zeven hektaren volgens onze moderne opmeting.
De bezittingen van de Maaseiker kruisheren lagen toen over vier van de vijf kwartieren van Heppeneert verspreid.
,,Int Crouwelboscher Quartier" : 435 roeden aan beemden ; ,,Int Wayer Quartier" : 745 roeden aan landerijen ; ,,Int Heppener Quartier" :
1628 roeden idem ;
,,Int Nucheler Quartier" : 626 roeden idem,
tezamen : 3434 roeden of meer dan zeven hektaren.
Daar de parochie Heppeneert circa 1570 bij het kruisherenklooster te Maaseik ge'inkorporeerd of ingelijfd was en kruisheren van Maaseik die parochie als pastoors bedienden, genoten ze ook de inkomsten van de parochiebezittingen, minstens voor een groot deel, misschien wel in hun geheel. ,,Int Wayer Quartier" bezat de parochie van Heppeneert : 947 roeden ; ,,Int Heppener Quartier" :
1007
roeden ;
,,Int Nucheler Quartier" : 195,5 roeden ;
tezamen : 2149,5 roeden of meer dan vier hektaren. De Maaseiker kruisheren konden dus op de inkomsten van bijna twaalf hektaren land in de gemeente Heppeneert rekenen. Langs de zuidzijde van het Crouwelboskwartier liep een weg, de ,,Cruysheeren Dreeft naer de Heyde", naar de gemeenteweide ten westen van Crouwelsbos, waar misschien ook de kruisheren schapen lieten grazen. L. H.
Zie verder over het Maaseiker kruisherenklooster : Trudo Gerits, Un anniversaire d'Averbode jonde chez les Croisiers de Maaseik (1522), in de Analecta Praemonstratensia, XXXVI, I960, p. 113-119, waarbij
138
KRONIEK
twee dokumenten uit het Algemeen Rijksarchief te Bmssel en uit het archief der abdij van Averbode worden gepubliceerd. Trudo Gerits, Vijftig jaar geleden kreeg Neeroeteren-Voorshoven zijn eerste kapel, in De Zondag in Umburg, Hasselt, 19 nov. 1961, p. 5, waar hij J. Bergervoort, kruisheer van Maaseik vermeldt, die in de noodkapel van Voorshoven in 1911-1913 en later van 1915-1917 de diensten waarnam. L. HEERE, De kruisherenkerk te Maaseik, in Vox. Studenten- en oudstudentenblad H. Kruiscollege Maaseik, XVII, juni 1963, p.
3-6.
L. Heere, De Agneten van Maaseik, in De Maasgouw, LXXXI, 1962, kol. 101-114, over oorsprong en geschiedenis van de reguliere kanunnikessen van de orde van Sint Augustinus (1429-1797) ; hierin enkele gegevens over de kruisheren van Maaseik die rond 1648 (Antoon Herck) en 1699 (Jacob Wanson) rector der Agneten waren ; in 1754 was prior H. Vossen eveneens betrokken bij het bestuur van het klooster. L. HEERE, Crisis van het Maaseikse kruisherenklooster, in De Maasgouw, LXXXII, 1963, kol. 15-18, over de krisis van het begin der XVIIe eeuw, toen de bisschop van Luik de kloostergebouwen der kruisheren wilde gebruiken voor de oprichting van een seminarie voor de duitssprekende seminaristen van zijn diocees.
L. Heere, De Processie van Maaseik naar Kevelaar en het Processieverbod, in De Maasgouw, LXXXIII, 1964, kol. 25-30, over de door de kruisheren van Maaseik ingerichte processie naar Kevelaar - ze bestond reeds voor de Franse revolutie en werd in 1859 hernomen - en de moeilijkheden in 1878 en 1879 vanwege een processieverbod door de Nederlandse regering. A. R.
Naar aanleiding van zijn bespreking De kerk van Meyel en iets over gewelven in Katholiek Bouwblad, 28 (1961), 361-370 plaatst ir. A. W. P. Theunissen op biz. 366 'n afbeelding van het laatgotische netgewelf der MAASTRICHTSE KRUISHERENKERK, om het verschil van oplossing van overgang tussen zuil en gewelf te Meyel en te Maastricht te laten zien. Hij wil laten voelen, dat er verwantschap tussen laatgotiek en Meyel bestaat. Meer bijzonderheden over deze kerk geeft prof. Timmers in : Limburgs Verleden, geschiedenis van Nederlands Umburg tot 1815, onder redactie van Dr. E. Batta, prof. mr. B. Hermesdorf, A. Munsters, Dr. G. Panhuysen, prof. dr. J. Timmers, mr. drs. H. Wouters. Deel I, Maastricht, Limb. Geschied- en Oudheidk. Genootschap, z.j.
(1961).
Element in de gotiek van de Maasstreek is o.a. het verleggen van de hoofdingang (ener kerk) naar de noordelijke lange zijde, meestal in de hoek van schip en transept
(Meerssen, Torn, voorheen ook Sittard). Als het transept ont-
breekt, zoals in de Maastrichtse Sint-Jan en kruisherenkerk, bevindt zich die ingang des ondanks aan de noordzijde en wel in de voorlaatste zijbeuktravee (404). De voormalige kruisherenkerk bevat belangrijke resten van schilderingen. Vooreerst tegen de gewelven van het koor. Het zijn plantslingers met figurale motieven vermengd, terwijl het wapen der Orde diverse malen voorkomt. Tevens zijn er de jaartallen 1461 en 1571 te lezen. Hierbij dient te worden opgemerkt, dat dit koor tussen
1440 en
1459
is
gebouwd
door
twee bouwmeesters,
Petrus
Toons
en Joannes van Haeren, terwijl de gewelfschilderingen in 1461 zijn aangebracht door mr. Gerardus. Het jaartal 1571 zou duiden op de restauratie en uitbreiding der schildering met allerlei I6e eeuwse realistische elementen. Merkwaardiger nog is de beschildering der middelste kapel
aan de zuidzijde van het schip. In deze kapel, die de vorm heeft van een hoge met een spitsboog gesloten nis, staat links, tegen de oostwand dus, een altaar. Al de verdere
KRONIEK
139
muurvlakken zijn met schilderingen bedekt : boven het altaar is een schip op zee uitgebeeld en op de smalle wand daartegenover de voorstelling van de StGeerten-minnedronk. De achterwand is in zeven vlakken verdeeld, een in de top en vervolgens nog drie maal twee naast elkaar. Elk vlak bevat een episode uit het leven van St. Gertrudis van Nyvel (423).
Een sacramentshuisje in renaissancevormen en blijkens de resten geheel en al in de stijl van Frans Floris, bevond zich in de kruisherenkerk. De schamele
resten ervan berusten thans in het Bonnefantenmuseum. Het werd in 1561 vervaardigd door de Luikenaar Guillaume de Jonckeu. Aangezien de overeenkomst tussen de toenmalige prior en ,,meyster Wilhelm Joncku van Ludich, steynmetser
en steynhouwer" bewaard bleef, waarin het op te richten sacramentshuis tot in details omschreven wordt, weten we ongeveer, hoe het er heeft uitgezien. Daar het geheel uit mergelsteen gebouwd en gekapt was, hebben de resterende fragmenten veel geleden (435).
l jj
Over de werkzaamheden in de zielzorg schreef L. Heere, Zielzorg in de kapel van de Grote H. Geest te Maastricht, in De Maasgouw, jg. 81, 1962, kol. 175-180 ; de kruisheren van Maastricht verzorgden de zielzorg in de kapel van 1629-1776.
A. R.
Over Gerardus Moormans (Mormans, Moermans), kruisheer van Maastricht, zie regest in de Analecta Vaticano-Belgica, 2e serie, section B, vol. Ill, nr. 966 ; hij ontvangt van de Nuntius van Keulen Caraffa de dispensatie om niettegenstaande gebrek aan leeftijd priester gewijd te worden, om te voorzien in het gebrek aan priesters in de Maastrichtse communiteit.
L H
Middeleeuwse handschriften en oude drukken uit Maastricht, Maastricht, 1962,
22 X 16 cm., 47 bladzijden, kataloog van de tentoonstelling, die te Maastricht
gehouden werd in het Bonnefantenmuseum, onder de titel Van Pen en Pers. Ze
was geopend van 5-20 oktober en werd ingericht bij gelegenheid van de herdenking van het driehonderdjarig bestaan van de Stadsbibliotheek. Tien van de 98 tentoongestelde handschriften zijn afkomstig van de Kruisheren van Maastricht. Ze worden beschreven onder de nummers 76-85 (bl. 26-29). In
de inleiding wordt het scriptorium herhaalde malen vermeld (bl. 4-5) en tevens de namen van enkele Kruisheren : Petrus van Maastricht, Daniel (uit het klooster
van Keulen) en Andries Dreis (bl. 5).
In de kleine verzameling tentoongestelde Banden is er eveneens een Kruishe-
renband (n. 4, bl. 35).
M. C
De Heer J. Verzijl zond ons enkele testamentaire beschikkingen ten gunste van de kruisheren te Maastricht, die we hier verkort weergeven. Ze berusten in het Rijksarchief in Limburg te Maastricht.
1) Reg. 2104. Minuten van Notaris P. Frederix, Maastricht 1769. Op 30 maart verschenen voor genoemde notaris te Maastricht de Prior van de kruisheren, fr. Wilhelmus Jacobs, samen met de kruisheren Johannes Verliers, G. Crets, Jos. Leon. Franssen en A. Hellinx, seniores, van de ene kant, en Sr Nicolaes Michael van Brabant, inwonend burger van Hasselt van de andere kant. De zoon van
deze laatste, Franciscus Arnoldus van Brabant wil bij de kruisheren van Maastricht intreden en is daartoe reeds aangenomen. Voor de kosten van de kleding, van verdere studie, solemnele professie en eerste h. mis komen beide partijen overeen dat Van Brabant 1200 brabantse guldens zal betalen in twee termijnen, de ene
140
KRONIEK
helft voor de kleding, de andere voor de professie. Daarbij zal hij aan zijn zoon de nodige kleren geven en alles wat hij naar gebruik op zijn kamer nodig heeft als beddegoed, tafels, stoelen enz. De zoon zal in de kloosterkerk het orgel bespelen, en zich daartoe, zo hij onvoldoende bekwaam zou zijn, op kosten van zijn vader verder bekwamen. Zou hij het klooster verlaten, weggestuurd worden, of sterven in de loop van het noviciaat, dan moet de vader nog 50 pattacons bijbetalen voor de maaltijd bij de kleding, terwijl hij ook instaat voor de voeding van zijn zoon gedurende de tijd die hij in het noviciaat zal doorbrengen ,,ad ratam temporis tegen vijftig pattacons op het jaar". Zou hij na de professie weggaan,
,,hetgeen
gegevene
niets
echter God gelieve te verhoeden", dan kan hij
van al het
terugvorderen.
Naast genoemde kruisheren, tekent de notaris en een getuige Reynier Geelen, samen met N.M. van Brabant. 2) Reg. 2386. Minuten van Notaris A. Ruyters te Maastricht, 1784. Voor de notaris verschenen in het kruisherenklooster : van de ene kant prior Joseph Leurs, subprior Andreas Hellings (Hellinx ; de notaris schreef de namen soms
anders dan de ondertekenaars, zodat we hun handteken tussen haakjes plaatsen), procurator Petrus Vryndts (Vrindts), Joannes Haenen, Joannes van Utrecht, Antonius Mulkens (Mulckens), Franciscus van Braband (Brabant), Petrus Dungelof (Dungeloeff), Gerardus Willems, Joannes Piters (Peeters), Joannes Franssen (J.D. Franken), religieuzen ; van de andere kant H.M. Nijpels ,,greffier van den Eeden Leenzaale der Hooge Proostdije van Sint Servaas" als zaakgelasligde van J. H. Haenen, deken en gegradueerd kanunnik van de Sint Rombout en officiaal van Mechelen. Wijlen Joannes De Keyser, burger van Maastricht,
heeft bij testament van 6-11-1781 opgemaakt bij notaris H. Hupkens, waarbij deken Haenen tot universeel erfgenaam benoemd is, de deken verzocht na zijn dood een eeuwig jaargetijde te stichten in de kruisherenkerk, nl. een plechtige Mis gevolgd door Miserere en De projundis, en 10 gelezen missen. Daarvoor moest de deken 1000 brabantse guldens maastrichter cours uitkeren, wat door Nijpels meteen verricht wordt. De kruisheren verplichten zich voor zichzelf en hun opvolgers dit jaargetijde zonder onderbreking te houden en van te voren een der naaste vrienden van De Keyser uit te nodigen. Getuigen zijn Christiaan Poulussen en Peter Castermans, burgers van Maastricht. Nadat alien getekend hadden (de prior tekende inplaats van Joannes Franssen, die ook zelf nog met ,,fr. J. D. Franken"
tekent), kwamen ze onderling overeen dat aan elk der celebrerende priesters op de dag van het jaargetijde 10 stuivers zouden gegeven worden, dat alle priesters van het klooster een halve pot wijn, en alle leden van het klooster een extra portie vlees of vis zouden ontvangen. Verzameling Kostbare Werken. Ontstaan en ontwikkeltng van een afdeling van de Koninklijke Bibliotheek, Brussel, 1961, 25,5 X 18 cm., 249 bladzijden en 30 platen.
Kataloog van een tentoonstelling, te Brussel in de tentoonstellingszaal van de Albert I-biblioteek gehouden van einde december 1961 tot 11 februari 1962. Nummer 16 was een Band van de KRUISHEREN TE NAMEN. Hij werd beschreven door L. Indestege (bl. 39-41) en afgedrukt bij de illustraties (plaat IV). De band bevat twee boeken die in 1501 en 1502 te Straatsburg gedrukt werden.
Hij behooorde achtereenvolgens toe aan een zekere Jacobus Olardi, aan de Minderbroeders te Nijvel en aan de Stad Brussel. Hij werd door J. Brassine gei'dentificeerd als afkomstig van de boekbinderij van de Kruisheren te Namen. Er bestaat ook een Franse uitgave van deze kataloog.
M. C.
KRONIEK
141
De eerwaarde Zuster M. Josefine van de Roermondse Karmel schreef een do-
kumentenstudie over de eerste Roermondse Karmel, die tussen 1698 en 1797 bestaan heeft, en titelde dit werk van 138 bladzijden A Deo et Rege. Doet het woord ,,dokumentenstudie" aan iets droogs denken, dit werk is een en al leven.i De meeste hoofdstukken zijn zeer interessant en levendig van stijl. De KRUISHEREN VAN ROERMOND worden op biz. 74 vernoemd, omdat ze de Karmel geld leenden om de kloosterkerk te bouwen. Op biz. 75 vernemen we, dat de Venlose kruisheer Philippus Cornelius Wassenberg (1737-1781) een heeroom bij de ongeschoeide Karmelieten had, pater Willibrord van Jezus, in de wereld Gerardus Wassenberg, (1706-1763) zoon van Bernard Hendrik Wassen berg en Helena Faessen, die de grootouders van de kruisheer waren. Deze kruisheer was het vierde van de tien kinderen van de oudste broer van de karmeliet, Hendrik Wassenberg en van Maria Gertrudis Hermans, (vgl. Jan Verzijl in Umburgs Jaarboek, 23 (1917), 43). L. H. Meta Harssen, Mediaeval and Reniassance miniatures in the John Frederick Lewis Collection in Philadelphia, in Scriptorium, Antwerpen, jg. 14 (I960), bl. 75-79.
S. trekt hierin de aandacht op een rijke verzameling miniaturen: de ,,Lewis Collection" van de ,,Rare Book Department of the Free Library of Philadelphia", tussen
1910-1926 verzameld door John Frederick Lewis.
De miniaturen
komen
uit bijna alle landen van west-Europa : Italie, Frankrijk, Oostenrijk, Duitsland,
Vlaanderen, Engeland, Spanje, Portugal en Nederland.
Bij deze laatste vermeldt S. miniaturen uit een antifonarium van de Kruisheren van Roermond en zegt hierover : bl. 76 : ,,To the corpus of Dutch manuscripts
published by Prof. A. W. Byvanck the Lewis Collection can add ... three leaves from an Antiphonary of the mid-fifteenth century. One of these leaves has a display page, M 67 : 13 (pi. 9), whose quality and style suggest that it is an early, carefully supervised work of Nicolaus Spierinck. The borders are replete with emblems of Saints Cornelius and Augustine, and others wich stress the Passion and Cross of Christ, permitting a localization of the manuscript at Roermond, where the house of the Knights of the Cross, who were under the Rule of St. Augustine, was dedicated to St. Cornelius." M. C. Het werk van J. A. B. M. de Jong, Inventaris van het Oud-archief van de Gemeente Nijmegen, Nijmegen, I960, bevat slechts weinige stukken die op het nabije kruisherenklooster van SINT AGATHA betrekking hebben. We tekenden aan n. 2464 en 4122 waarin het gaat over de grenzen van een stuk grond te
Maiden (1514) en over een cijns ten behoeve van de kruisheren in de Plaatmakerstraat (1425) ; n. 2482 over een ruilovereenkomst aangaande twee percelen land te Maiden (1560), brief n. 305 over een erf waarover een scheidingsgeschil ontstaan was tussen de kruisheren en de bevolking van Overasselt (1554) ; uit het oud-rechterlijk archief n. 1832 f. 2 r. blijkt dat de kruisheren van S. Agatha in 1478 van de stad Nijmegen een subsidie krijgen, zoals vele anderen, voor het leggen van een leiendak op hun termijnhuis in de Stikkeheselstraat : ,,die van St Agathen II (g.) IX(st) I (o)".
L. H.
Een merkwaardige inzending kunstschatten van het klooster Sint Agatha was op de tentoonstelling die van 20 juli tot 1 September 1963 gehouden werd in het Centraal Noord-Brabants Museum te den Bosch ; vgl. de nummers 2, 6, 13-16,
142
KRONIEK
18, 24, 31, 56 en de illustraties op p. 9, 14 en 32 in de catalogus Uit Brabants kerkelijke verzamelingen, 's-Hertogenbosch, 1963. Voor de betrekkingen van het klooster met de Oranjes, zie L. Heere, Oranje en de Kruisheren, in Kruistriomf, jg. 43, 1963-1964, p. 100-103. Over een der vele kostbaarheden van de kloosterbibliotheek, een Ars moriendi, schreef J. Donkers, De Kunst om te sterven, in Kruistriomj, jg. 42, 1962-1963, p. 10-15, rijk gei'llustreerd. Voor de uitgave van het Memoriale S. Agathae 1540-1636, zie boven, p. L. Heere, Godefrida Noetelaers van den Bergb, in Numaga, Tijdschrift gewijd aan de geschiedenis van Nijmegen en omgeving, VIII, 1961, p. 43 bevat een korte nota over de schenking van een zilveren crucifix door Godefrida Noetelaersvan den Bergh aan haar neef Cornelis van den Bergh, kruisheer te S. Agatha,
bij zijn professie in 1646 ; ook schonk deze weldoenster nog twee zilveren bloem-
vazen en een vergulde kelk aan hetzelfde klooster. Heere geeft enkele bijzonderheden over het kruisbeeld, de schenkster en kruisheer Van den Bergh. A. R.
In hetzelfde tijdschrift, p. 157-168 schrijft L. J. Rogier, Kroonprinselijk bezoek aan Nijmegen, over de reis die de oudste zoon van koning Willem III, de kroonprins Willem Nicolaas, 13 jaar oud, in 1853 maakte door Nederland. Op 23 juli leidde de route over Maiden en Heumen, bij Katwijk over de Maas naar het
klooster van Sint Agatha, dat grondig van buiten en binnen werd bekeken.L. H. Simon Willem Gielen werd 3 mei 1781 te Ohe en Laak (Nederlands Limburg) geboren op ,,Huize Geno". Ingetreden bij de Kruisheren te Sint-Agatha op 17 januari 1804, werd hij reeds 8 juni 1805 priester gewijd en een jaar later (27 mei 1806) prior gekozen. Hij bleef dit ambt vervullen tot aan zijn dood, 13 februari 1855, in een zeer bewogen tijd, niet alleen voor het klooster Sint-Agatha maar ook voor heel de orde. (Voor verdere bijzonderheden vgl. J. W. Steinmetz, OSC, Simon Willem Gielen, prior van St-Agatha, in W. Sangers, OSC, en A. H. Simonis, Er ligt een eiland in de Maas, Echt, 1955, bl. 421-427.) Ter gelegenheid van het geven van nieuwe straatnamen heeft het gemeentebestuur van zijn geboorteplaats hulde willen brengen aan deze eminente dorpsgenoot door zijn naam te geven aan een gedeelte van de straat, te Ohe gelegen tussen de woningen van W. Seegers en Jos Sangers. Huize Geno ligt voortaan in de Prior Gielenstraat.
W.
S.
De Zuid-Nederlandsche Drukkerij S.V. St. Jorisstraat 37 's-Hertogenbosch gaf voor 1963 een kalender uit, formaat 50 X 30 cm., getiteld : De Boekillustratie; een greep uit de geschiedenis van het ge'illustreerde boek. De laatste bladzijde geeft een bespreking van elke afbeelding, zodanig dat er een ,,Korte Geschiedenis der Illustratiekunst" ontstond, samengesteld met medewerking van prof. Dr. G. W. Ovink, Amsterdam. Voor de maand november was een pentekening gekozen van Fernand L£ger voor Blaise Cendrars La Fin du monde,
Parijs 1919- Voor december een kleurenreproduktie van een : Miniatuur van fr. Joannes van Deventer, voor een Graduate Romanum, voltooid 1512. Fol. 180 v. Cuyk-St. Agatha. Orig. afm. 55.7 X 40,1 cm." Gereproduceerd in 4 kleuren offset met goud boekdruk. Daarbij schreef prof. Dr. G. W. Ovink volgende tekst : ,,Uit de blasfemische, revolutionaire experimenten van Cendrars en Leger uit 1919 wordt de afstand duidelijk die ons scheidt van het geestelijk leven in het laatst der Middeleeuwen, waarin dit verluchte handschrift ontstond. Het contrast is zo te tendentieus gesteld. Leger was geen godsdienstig man, zoals de vervaardiger van
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het grote Cuykse Graduale, de Kruisheer Joannes van Deventer, stellig wel was, maar aan zijn mensenliefde behoeft men niet te twijfelen. Men kan Legers ceuvre
verafschuwen, maar niet ontkennen dat het ingegeven werd door verlangen naar een betere samenleving en verheffing van de verworpenen. Leger baande nieuwe wegen, met alle onvermijdelijke tekortkomingen van dien ; de miniaturist schiep
iets schoons binnen een gevestigde traditie, ongestoord binnen de veiligheid van zijn kloostermuren. Moedwillig onconventioneel de een, conventioneel de ander, hebben zij beiden met overgave hun grote talenten in het werk ontplooid. Wat wij in deze middeleeuwse handschriften niet in de laatste plaats bewonderen is de liefde en het geduld van de verluchter die wij er uit aflezen en die zich nu veelal - minder spectaculair voor het nageslacht - richten op theologische, pastorale of maatschappelijke arbeid. De boekdrukkunst met losse letters werd tijdens het ontstaan van dit handschrift al een dertigtal jaren in de Lage Landen
beoefend, ook voor muziekdruk. In de loop der I6e eeuw zou het steeds minder lonen de algemene boeken voor de eredienst te schrijven ; zij werden gedrukt, en de bijzondere werken bij ontstentenis van bekwame schrijvers ook wel geschabloneerd. Dit Graduale behoort tot de eindperiode der laatmiddeleeuwse tra ditie en ontleent daar zijn zeer levendige en rijke ornamentiek en zijn fijne
coloriet aan. Deze schone vorm lijkt meer voortgekomen te zijn uit de behoefte van de schrijver om zijn ziel in het werk te leggen, dan uit verwachtingen omtrent het genot dat zijn kloosterbroeders er bij het gebruik aan zouden kunnen beleven ; het is meer een eigen loflied, dan een door anderen gewenste verrijking." Copyright van deze kleurenreproduktie : Fotobureau Farla, fs-Hertogenbosch. Ontwerp en typografische vormgeving : A. H. M. Schippers ,'s-Hertogenbosch. Bij de maand januari is een houtsnede afgedrukt van een onbekende meester, voor de oudste, als blokboek gedrukte Biblia pauperu?n (Armenbijbel), Haarlem, tussen 1430 en 1440. Ovink merkt daarbij op :
,,Deze Armenbijbel valt chronologisch tussen het oudste Haarlemse blokboek - een Apocalyps van omstreeks 1420 - en de druk van lange teksten met behulp van losse gegoten letters, door Johann Gutenbeg na zijn eerste experimenten omstreeks 1450 geperfectioneerd. Men vergelijke ook het zeventig jaar later ontstane handschrift, voor gebruik in eigen kring vervaardigd, dat bij de maand december werd gereproduceerd." L. v. B. In de Bossche Bijdragen, deel 25 (1961), 157-240 en 241-271 publiceerde A. M. Frencken Brieven van Dr. Juliaan Bogaers, sinds 1852 pastoor van Groot-Linden en deken van Cuyk. In februari 1855 schreef de deken aan Mgr. Zwijsen, bisschop van Den Bosch : „... De Prior van St Agatha is overleden. Het Hoogwaardig Heer van Uden, Guillaume le Taciturne, was denzelfden dag reeds met mijter en staf te Sint-Agatha. Men zegt, dat hij er zal blijven ; nu het is er ook vrij wat beter dan in het schrale Uden ... De Prior zaliger was een exemplare deftige priester, doch hij was er niet op uit om zijne jongelui in de studien te laten doorzetten. Of dit nu beter zal gaan, mag men betwijfelen, want te Uden niet meer als hier bevinden zich grote liefhebbers voor de studie ... Van dien kant is het te Boxmeer veel beter gesteld ; daar spreken die jonge Paters eens gaarne over theologie ..."
Prior van St. Agatha was sinds 1806 Simon Gielen. Merkwaardig wordt hier Hoogw. Heer Van de Wijmelenberg met Will em de Zwijger
vergeleken.
Op 31 Jan. 1876 schrijft de deken aan de bisschop : ,,Te Katwijk (aan de Maas) bij die nonnetjes uit Pruisen (Klarissen) gaat het niet naar mijn zin. Zij hebben een pater (o.f.m.) uit Megen, die er de Mis doet. Pater Van den Dries,
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olim redemptorist, thans kruisheer, gaat ze wekelijks biechten en begint zich met alles te bemoeien. Hij is zelfs werkende om dat huis, hoe ongeschikt ook, te kopen en er een publieke kapel bij te bouwen voor die van Katwijk etc., alles zaken die hem niet aangaan. Reeds heb ik dit den generaal van Sint-Agatha onder het oog gebracht ... edoch dit haalt niet uit ... Intussen geeft het nu reeds ruzie in dat gehucht. Die van Katwijk, kort bij het nonnenklooster wonende, zijn het eens met Van den Dries, maar die van Klein-Linden, digt bij de oude openbare kapel wonende, zijn er tegen uit vrees dat deze dan zoude vervallen en willen daarom niet contriberen" (245). J. J. van den Dries ,geboren Den Bosch 24-11-1824 ; eerst redemptorist ; kruisheer, geprofest 8-9-1869 ; vertrok met Van den Heuvel naar Engeland ; overleden te Tauton (E.) 23-5-1901. Vgl. ook de brieven van 12 oktober 1878 over Bogaers' reis naar Rome en van dec. 1879 over het jurisdictie-examen van H. Hollman. De puntjes, die de uitgever van deze brieven plaatst, geven aan dat hij enige gegevens weglaat, die hij niet belangrijk vindt, maar die voor het Sint-Agathaklooster toch wel belangrijk kunnen zijn, waarom het goed zou zijn het bisschoppelijk archief te Den Bosch nog eens in te zien. L. H. Enkele gegevens over het klooster van SCHARMER bij L. Heere, De Sint Helena Priori/ te Scharmer, in Kruistroiomj, jg. 43, 1963-1964, p. 38 ; over het klooster van SCHIEDAM : L. Heere, Het Broershuis te Schiedam, ibidem, jg. 42, 1962-1963, p. 24-27, geillustreerd ; over het klooster van SNEEK : L. Heere, De Crucebroederen van Snits, ibidem, p. 59-61, gei'llustreerd.
In het kasteel van de familie de Merode te Westerlo vonden we enkele herinneringen aan het Kruisherenklooster van SCHWARZENBROICH, dat door ridder Werner de Merode werd gesticht in 1340. a) In het boek, dat de familie-stamboom bevat, staat het volgende grafschrift vermeld : Hie jacet Wernerus nobilis Baro Dominus de Rode Andermont, fun-
dator Claustri Cruciferorum in Nigri Palude. Genoemde Wernerus ligt begraven in het klooster Wenau.
b) Een schilderij van de ruine van het klooster, in 1912 voor de prins de Merode geschilderd door E. H. Milo Bertram, Witheer van Tongerlo. c) De medaillons uit de ramen van de kapittelzaal van het klooster van Schw. werden in de ramen van de kapel van het kasteel te Westerlo geplaatst. In het geheel waren het er 44, doch 10 werden de tweede wereldoorlog vernield. d) De Heer Joseph Renders, die ons het kasteel liet bezichtigen, vertelde, dat een zekere Josef Lothman (Harpstrasse 83, Schlich iiber Duren), een studie klaar had liggen over het klooster. Een retabel van de kloosterkerk van Schw. staat thans in de parochiekerk van Langerwehe. W. S. In de verzameling Resolutien der Staten Generaal 1604-1606, gepubliceerd door H. H. Rijperman in de Rijksgeschiedkundige Publicaties, Den Haag, 1957, staat biz. 793
een Resolutie van de Staten
Generaal van
22 September
1606 omtrent
TER APEL : ,,Opte remonstrantie van Johannes Emmen, prior ende administrator
van het arme-convent des Godtshuys Ter Apel in der heerlicheyt van Wedde, is geaccordeert omme redenen, in de voirs. requeste in 't lange gededuceert, dat die
remonstrant eenige bequame manspersonen tot hem in 't voirs. clooster sal moegen aannemen, die hen stede ende vast in het convent ende Godtshuys sullen begeven ende d'ordinnantie van dien onderwerpen, daermede hij die ampten besetten, het
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werck voirderen ende alles in eeren houden moege tot troost der armen ende gerieff van alle andere passagiers, in conformity van de fundatie, verstaende d'heeren Staten dat niet anders als arbeyders en sullen wordden aengezet, die haer leven lanck in 't gasthuys van cost ende cleederen sullen versekert zijn soelange zij daer
continueren willen, sonder deselve anders tot eenigen monickenregel ofte vota sullen verbonden moegen wordden, anders als den administratoren als brootheer schuldige Christelijke gehoorsaemheyt te toonen soelange als zij daer blijven
willen."
Er gaan geruchten, dat toen aan Joannes Emmen, vanaf 1584 laatste prior van
Ter Apel, in 1604 werd voorgesteld, dat hij, ofwel voor een hervormd predikant plaats zou maken ofwel zelf de nieuwe leer zou aannemen, hij het laatste koos. Ook zou hij gehuwd zijn. De kloostergoederen werden ,,ad pios usus" bestemd. Het gebouw werd een huis voor vreemdelingen en verdertrekkende reizigers om hun voedsel, drank en onderdak te verschaffen. Zou Jan Emmen in 1606 toch nog getracht hebben om het kloosterleven te herstellen door ,,eenige bequame manspersonen" (= kruisheren) op te nemen ? Hebben de Staten dit misschien ook vermoed, toen ze hem verboden, deze arbeiders tot ,,eenigen monnickenregel ofte vota" te verplichten ?
L H
Een beschrijving van het klooster Ter Apel in zijn tegenwoordige toestand geeft E. Zani>st.ra, Onbekend Nederland, Amsterdam, 1959, p. 253, met fotos op p. 257 en 263 ; Een korte geschiedenis L. Heere, Ter Nyenlhhte, in Kruis-
triomf, jg. 43, 1963-64, p. 36-38. Het klooster wordt ook besproken in Kunstrehboek voor Nederland, Amsterdam, 1956-59, in deel II, evenals Franeker ; in
deel I Hoorn, in IV Maastricht, den Bosch en Sint-Agatha.
Walter Peynenburg (Pynenborg), kruisheer van UDEN, werd geboren te Dinther, en studeerde te Leuven waar hij ,,cursus philosophiae primus academicus" werd ; hij was de oprichter van de latijnse school te Uden in 1743 en overleed als prior van Uden in 1773. In De Brabantse Leeuw, VIII, 1959, p. 80 en IX, I960, p. 144 en 192 verschenen gegevens over enige leden van een familie Peynenburgh uit Heeswijk en Dinther, die omstreeks 1700 geleefd hebben. Een Wouter Peynenburgh liet duidelijk sporen in de Dintherse archivalia achter. De Bossche Bijdragen, 25, 1961, p. 267, n. 240 geven nadere bijzonderheden over Petrus van den Brand, geboren te Uden 14-8-1802, de latere lector theologiae te Boxmeer. In 1827 was hij conrector van de latijnse school der kruis
heren te Uden, daarna rector. Ingetreden bij de Karmelieten te Boxmeer in 1842, overleed hij er
13 januari
1880.
In Brabantia, IX, I960, p. 190 schrijft J.B.M. Laudy over Wies Grips,' die voor de kerk van Sint Odiliapeel, de vanuit Uden gestichte parochie der kruis heren, een madonna maakte, een van haar mooiste werkstukken. ,,De majestei-
telijke waardigheid van de Moeder Gods gaat hier samen getogenheid en eerbied voor het goddelijk Kind dat Zij rust en ingekeerdheid vormen ook hier de aantrekkelijke ristiek voor haar (Wies Grips) persoon". De kunstenares
met een volstrekte inmag dragen. De grote elementen, zo karakteoverleed op 8 oktober
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I960, toen het beeldje nog niet afgeleverd was. Naar ons werd medegedeeld trachtten de erfgenamen het te behouden en maakten bezwaar het aan de parochie te geven.
L. H.
Over het klooster van Uden na 1840, zie L. Heere, De Udense Kruisheren, in Kruistriomf, jg. 41, 1961-62, p. 31. De Udense kruisheer pater Linnebank wordt meermalen vermeld bij L. van Puyvelde, Vloams Leven te Leuven in het begin
van deze eeuw, in Dietse Wdrande en Belfort, jg. 106, 1961, p. 253-268. Enkele anecdoten over hem vertelt L. Heere, Mijnheer Linnebank, in Udense Klanken, Uden, 1962, nr. 98, p. 942-946.
De geschiedenis van het KRUISHERENKLOOSTER TE VENLO wordt vervolledigd door een uitgebreid en degelijk artikel van L. Heere, Het kruisherenklooster te Venlo, 1643-1836, in Publications de la Societe historique et archeologique dans le Limbourg a Maestricht, deel 94-95, 1958-1959, p. 209-300, jaargang die echter slechts in 1961 verschijnen kon. Reeds vroeger, in de Publications van 1956-1957 publiceerde L. Heere de geschiedenis van het Venlose klooster vanaf de stichting in 1399 tot 1642. Dit gedeelte brengt het vervolg daarvan tot na de opheffing van het klooster.
S. behandelt eerst het kloosterlijk en apostolaatsleven van 1643-1753, de liturgische vieringen en processies, het koorofficie, de beleving der geloften en enkele misbruiken in deze periode, de predikatie en het catechismusonderricht, de bestaande broederschappen, de devotie tot de in Venlo 20 bekende Zwarte Lieve Vrouw, de bibliotheek en studie (p. 211-218). Een apart hoofdstuk is gewijd aan de Latijnse School, die de kruisheren sinds 1619 in handen hadden en bestuurden tot 1733, toen ze hen door het stadsbestuur ontnomen werd en toevertrouwd aan enkele seculiere priesters ; zes jaar later werd ze echter weer aan de kruisheren teruggegeven (p. 218-231). Vanaf 1718 werd in het klooster ook de theologie gedoceerd (p. 232). Van p. 232-240 worden de weldoeners van het klooster behandeld, de betrekkingen met het ordesbestuur te Hoei, en met andere kloosters, met de bisschop en de parochiegeestelijkheid, het stadsbestuur en en kele voorname families der stad. Een tweede gedeelte beschrijft van p. 240-259 de situatie van het klooster van 1753-1794 : enkele misbruiken in de beleving der geloften, de grotere inmenging van het burgerlijk bestuur in kloosteraangelegenheden, de toename van de Mariaverering in de kruisherenkerk, de broederschap van het H. Kruis, de theologische studies, de verfraaiing van kerk en klooster, de latijnse school en de
financiele toestand van het klooster die in deze periode door slecht beheer moeilijk en soms kritiek wordt ; verder de relaties van het klooster met Staats- en stads bestuur, met bisschop e.a. Heel deze periode werd het klooster bestuurd door dezelfde prior van Oeyen, zodat ook de grote rol die hij speelde in de statutenstrijd van 1765 en bij de dreigende opheffing van het klooster van Luik hier geschetst wordt.
Erg kort volgt tenslotte de situatie van het klooster in de Franse tijd,
de
periode van 1794-1836 (p. 260-267), daar de opheffing van het klooster met alles wat eraan voorafging en erop volgde reeds vroeger uitgebreid door M. Colson beschreven werd (vgl. Clairlieu, 1955, p. 49-79 en 1956, p. 3-59). Bijlage I, De Bibliotheek van het Kruisherenklooster te Venlo door dr A. Ceyssens, biedt ons, na een korte inleiding, de kataloog van de bibliotheek (p. 268-284) die in 1795 op last van de Fransen werd opgemaakt, doch hier geordend volgens de rubrieken : Vaders, H. Schrift, dogmatische theologie, moraal-
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theologie, philosofie, liturgie, kerkelijk recht, geestelijk leven en meditatieboeken, heiligenlevens, predikatie, geschiedenis, letteren, geneeskunde en varia ; van p. 284-288 volgen dan enkele beschouwingen over de bibliotheek. Bijlage II is een lijst van de kloosterbewoners met levensbijzonderheden, p. 289-300.
Deze korte inhoudsopgave toont reeds aan dat hier de geschiedenis van het Venlose klooster grondig bestudeerd en tot in de details beschreven werd ; tal van
bijzonderheden maken dit artikel tot interessante lectuur, terwijl het geheel een
historisch verantwoorde studie is, die nu, samen met de vroeger verschenen artikels, de geschiedenis van het klooster van Venlo volledig maakt. A. R. Na het verschijnen van het hierboven besproken artikel, zond de Maastrichtse genealoog Jan Verzijl enige aanvullingen op de lijst van kloosterbewoners : 1669 JOHAN DE GROOT is vermoedelijk Joannes de Groot, gedoopt te Venlo 17-2-1636, zoon van Joannes de Groot en Catharina Aerssen, ofwel Joannes de Groot, ged. Venlo 19-11-1628 als zoon van Theodorus de Groot en Catharina Ingenroespot. cf. Limburgse Leeuw, 5 (1956-57), 71 e.v. 1669 FRANS ALBERT (VAN DEN) HASSELHOLT was zoon van Joost van den Hasselholt, verwalter van de ambten Kriekenbeck en Erkelenz en stadhouder
van de stad en het land van Wachtendonck, en van diens tweede vrouw Gisberta Magdalena van Ewick. Hij wordt op 28-12-1662 en 25-7-1667 als doopgetuige vermeld.
1674 JAN BAPTIST REYPKENS (Ingenreepken) ged. te Roermond 3-8-1650, zoon van Joannes Reypkens, apotheker, raadsverwant 1657-1659, peyburgemeester 1658, en Anna Pelgroms. 1715 JOHAN VAN OOLL e= Joannes Mathias van Ool, ged. te Venlo 3-3-1673, zoon van Judocus van Ool en Wilhelmina Conrards (Conraetz). 1717 J. DE PADERBORN vermoedelijk identiek met Joannes Antonius De
Paderborn, ged. te Venlo 12-7-1663, zoon van Antonius De Paderborn en Petro-
nella Boesems (Bossems).
1719 FRANS GERARD SCHERERS, jongste zoon van Petrus Scherers en Christina
Elisabeth Horens, ged. te Venlo 23-7-1688. In zijn doopakte wordt hij Scheris genoemd. cf. Jan Verzijl, Genealogie Scberers, in manuscript onder n. 966, samengesteld 26-4-1925.
1757 CORNELIUS BARTHOLOMEUS SWINCKELS, ged. te Venlo 29-3-1733, zoon van Joannes Baptista Swinckels en Joanna Catharina Canoy.
Verder geeft J. Verzijl in De Limburgse Leeuw, 9 (1961), 23 de genealogie van de Venlose Schepenfamilie Moeitz. Als vijfde van de zeven kinderen van Leonard Moeitz werd op 1-2-1637 gedoopt PETRUS MOEITZ die omstreeks 1688-1691 als kruisheer te Venlo voorkomt. Leonard Moeitz was schepen te Venlo tussen 1651-1659, burgemeester in 1659, rentmeester tussen 1651 en 1653 ; hij huwde op 6-3-1629 Aleida van Bueren te Venlo.
Op p. 40 vermeldt hij dat Gerardus Mooren, schepen van Venlo op 3-8-1765 in de kruisherenkerk te Venlo begraven werd ; zijn vrouw Judith Franssen was
daar reeds op 2-9-1747 begraven. Op p. 122, onder de rubriek : Genealogieen van Venlose Schepenfamities, n. "32 (de familie De Paderborn), deelt Verzijl in voetnoot 22 mede, dat in het Venlose R. K. Begrafenisregister op 24-1-1783 staat aangetekend : ,,consulentissimus Dominus Arnoldus Joannes de Paderborn, coelebs filius Pauli de Paderborne et Mariae Catharinae Crane conjugum, sepultus est in Ecclesia DD. Crucigerorum...
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Deze Arn. J. de Paderborn werd gedoopt op 4-3-1714 en begraven op 24-1-1783. 15-6-1741 werd hij als Juris Candidates aan de universiteit te Duisburg ingeschreven, promoveerde aldaar op 10-11-1742 en legde de eed als advokaat af. Op
Nadere bijzonderheden over de afstamming en familie van de kruisheer JOHAN ook wel Johannes Andreas of Andreas Amezaga genoemd, waarschijnlijk kruisheer te Venlo (waar hij dan in 1618 procurator en in 1629 prefekt van de latijnse school, in 1632 supprior en prefekt was, en overleed tussen 1639 en 1644), publiceert F. J. LiECK, Die Vorjahren des aus Aachen stammenden Klosterrather Abtes Mathias Amezaga, in Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, j. 72, I960, p. 171-174. Johannes de Amazag, gehuwd met donna Maria de la AMEZAGA,
Cerda, natuurlijke dochter van de hertog van Medina-Celi, was de vader van Johannes de Amezaga, die in dienst van keizer Karel V van Spanje naar de Nederlanden kwam rond 1531, en gehuwd was met Jenne van Nevelle. Hun zoon Christophe de Amezaga huwde Margaretha d'Amours (der Minnen). Uit het huwelijk van hun zoon, Antonius de Amezaga, schilder, en Jenne van der Meeren kwamen vier kinderen voort, die alien de geestelijke stand kozen, de zonen bij kruisheren en karmelieten, de dochters beiden bij de Annunciaten. Ook Antonius stond in Spaanse dienst, nl. tijdens het stadhouderschap van de Prins van Parma en onder Albrecht en Isabella. Later woonde hij in Aken, en had uit zijn derde huwelijk met Agnes Belgens nog twee zonen : Mathias, abt van Rolduc 1664-1666, en Johan-Willem, die in dienst stond van de koning van Spanje. Vgl. over An
tonius hetzelfde tijdschrift jaargang 34, p. 46-52 : Richard I^ick, Ein verschollener Aachener Maler des 17 Jahrhunderts. Over enkele goederen van 't klooster schrijft J. Funken, Das Kreuzherrenkloster zu Venlo als Grundeigentumer in Leuth, in Heimatbuch 1962 des X?renzkreises Kempen-Krefeld, deel 13, 1961, p. 177-180, terwijl professor Hermesdorf, Het rechtsleven tussen Jeker en Niers, in Limburgs Verleden (zie boven p. 138) verwijst naar allerlei overeenkomsten tussen het kruisherenklooster en de buren in de XVe en XVIe eeuw betreffende erfdienstbaarheden en buurrechtelijke verhoudingen (Vgl. Publications ... de Limbourg, 1956-57, p. 295 w.) L. H. In Edam op de Preekstoel te Venlo, in Clairlieu, XVIII, I960, p. 93-94 over een passiepreek van Van Lit, werd als bron van Van Lit 's verhaal aangehaald : Tymp. in theat. vind. divinae. Dit werk bevindt zich op de kloosterbibliotheek te Sint Agatha : Matthaeus Tympius, Theatrum historicum, continens Vindictas divinas et Praemia christianarum Virtutum... per locos communes hixta alphabet! seriem) dispositum, studio D. Matthaei Tympii..., Monasterii Westphaliae, Michael Dalius, 1625. Blijkens de opdracht van de drukker is dit werk een herdruk : Annus iam voluitur undecimus, quod Lumen Westphaliae nostrae Matthaeus Tympius, multorum saluti collectum a se Exemplorum hoc volumen... in lucem jo eliciter dedit...
Op p. 35-36 vindt men het verhaal, dat door Godfried van Lit bijna letterlijk is overgenomen. Tympius geeft als zijn bron aan : Haec tragoedia Edamensis Bruxellis Belgice est impressa apud Clairlieu, I960, p. 91.
Rotg.
Velp.
an.
1602.
Zie
over
Tympius
Pastoor J. Maas te Mill bezit Cornelius JANSENIUS, ep. Iprensis, ... Tetrateuchus she commentarius in Sancta Christi Evangelia, Edith III. emendatior et correctior, Lovanii, M. Hullegaerde, 1685. Aan de kop van het titelblad staat de inscriptie : pp. Crucig. Venlonensium. De pastoor vermoedt, dat hij dit boek op
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'n verkoping van oude pastoorsbibliotheken op het seminarie gekocht heeft. Is het uiteindelijk misschien van Gerardus Hermans, laatste procurator der Venlose
kruisheren afkomstig ?
G
v
H
H. BoERMANS, Het Kruisherenklooster te Venlo, in De Maasgouw, Maastricht,
jg. 82, 1963, kol. 25-28 geeft als correctie op bovenbesproken studie van Heere
enkele inlichtingen over de gezamenlijke grafsteen der Venlose Prioren van Lit,
Op den Hoff, Hertsworms, Branten en Petersen.
Bertilo DE Boer, De Klaasbroeders en de Minderbroeders van Venlo kregen de bons tn 1191, in Bijdragen voor de geschiedenh van de provincie der Minder^ broeders in de Nederlanden, Roosendaal, deel X, bundel 30, 1959, p. 354-363. Schrijver steunt hier hoofdzakelijk op de gegevens die over de opheffing van deze kloosters te Venlo te vinden zijn in de geschiedenis van M. Golson, De Kruis heren van Venlo tijdens de Franse Revolutie (vgl. Clairlieu, XIII 1955 p 49-79
en XIV, 1956, 3-59.)
A. R.
Over het vroegere kruisherenklooster van WOUDRICHEM zie L. Heere, De kruisheren van Woudrichem, in Kruistriomj, jg. 41, 1961-62, p. 94-95.
N Hilling, Die Uebertagung der Seelsorge und Verwaltung der Pfarrei St Suitbertus in Wuppertal-Elberfeld an die Kreuzherren, in Archiv fur katholisches Kirchenrecht, Band 128, 1957-1958, S. 423-429. Dit artikel is een korte kommentaar op de overdracht van de parochie van Sankt Suitbertus te Elberfeld met de volledige duitse tekst van het verdrag tussen het bisdom Keulen en de Kruis-
herenorde.
^
Jd.
~
Jd.
Drtik N.y. Vonksteeh, Langemark
Uitgeverij LICHTLAND H. Verstappenplein 12, Diest (B.)
B. fr.
C. R. Hermans, Annales Canonicorurn Regularium Ordinis S. Cruets, INDEX, Diest 1953, 205 biz. . A. VAN ASSELDONK, i
.
110,-
us Vae.s van Tougere)/, St/ch-
ter der kloostethibliciteek van Koleu,
l-J9')1550.
Met een voorwoord van Dr. G. I. LIEFTINCK, Has-
selt, 1958, 209 biz
150,-
H. van Rooijen, De oorsprong van dt Ordc der Kruis-
broeders of Kruhheren. De geschiedbrnnnen, Diest, 1961, 24o biz
. 150,-
H. II. Weiss, Du
n in Westfalen, Diest, 1963,
U9 biz. .
...
.
H. Russeui;-:
neon Cruciferorum, sive Synopsis me
mo
: i el cannnici Ordinis Siinclae Cruets,
Cploniae, Apud XXVI-206 biz
275,-
tm Kraft, 1635. Diest, 1964, 1.86,-