Masarykova univerzita v Brně Filozofická fakulta
Ústav románských jazyků a literatur Obor Francouzský jazyk a literatura
Tereza Soušková
L’Analyse et la traduction de l’oeuvre « La Voie Lactée » – Louise Dupré
Bakalářská diplomová práce
Vedoucì práce: Mgr. Petr Vurm, Ph.D.
2010
Prohlašuji, že jsem bakalářskou diplomovou práci vypracovala samostatně a že jsem uvedla veškerou použitou literaturu. Zároveň prohlašuji, že tištěná verze práce se shoduje s verzì elektronickou.
V Brně dne 30.4.2010
Tereza Soušková
Děkuji panu Mgr. Petru Vurmovi, Ph.D., vedoucìmu mé bakalářské diplomové práce, za trpělivost a cenné odborné rady, které mi poskytl.
Table de matière 1. Introduction 2. Information générale 2.1. La biographie de l’auteur – Louise Dupré 2.2. Quelques informations sur l’oeuvre 2.3. Le résumé de l’oeuvre « La Voie lactée » 2.4. La description des personnages principaux
3. Analyse littéraire 3.1. La définition des thèmes 3.2. L’analyse thématique de chaque partie
4. Traduction 4.1. La traduction d’un extrait
5. Analyse lexicale et stylistique 5.1. La définition du style et du vocabulaire de l’auteur 5.2. L’analyse de l’extrait traduit
6. Conclusion 7. Bibliographie 8. Webographie 9. Annexe
1. Introduction Le présent mémoire a pour l‘objet l’analyse littéraire et la traduction d’un extrait de l’oeuvre de Louise Dupré, La Voie lactée. La traduction sera suivie d’une analyse stylistique et lexicale. En lisant ce roman de l’écrivaine québécoise Louise Dupré, nous sommes fascinés par sa poésie, sa tendresse, sa douceur et son originalité. Elle écrit ses romans d’une manière féminine, c’est-à-dire ce qui est relatif aux pensées et sentiments des femmes. Cette impression a inspiré le choix d’analyser plus profondément ce livre. Louise Dupré appartient aux auteurs modernes au Québec. Comme la littérature québécoise n’est pas encore trop publiée en République tchèque, il est très efficace d’examiner une oeuvre québécoise qui en plus n’était pas traduite en tchèque. En outre, la littérature québécoise réunit les deux cultures, la culture française et la culture anglaise ce que nous pouvons aussi remarquer dans certains passages du livre. En premier lieu, nous présenterons les informations générales de l’auteur et de l’oeuvre, le résumé du livre qui expliquera l’intrigue de l’histoire et nous décrirons les personnages principaux pour mieux connaître leurs qualités, leur comportement. Deuxièmement, nous nous concentrerons sur l’analyse de l’ouvrage La Voie lactée. Après avoir mentionné quelques informations théoriques, nous définirons les problématiques principales du roman. Nous essayerons de réfléchir sur plusieurs points de vue et sur plusieurs niveaux de ces thèmes principaux, de quelle manière ils se manifestent, comment ils sont présentés à travers tout le roman. Et nous appliquerons nos commentaires sur les thèmes principaux dans l’analyse thématique de chaque partie du livre qui nous aide à mieux comprendre les pensées et les points de vues de l’auteur, ce qu’il nous a voulu dire. Puis nous nous occuperons du traduction d’un extrait choisi. Pour faire une bonne traduction, il est certain que nous devons maîtriser plusieurs points essentiels. On y compte la connaissance de la langue de départ, la connaissance de la langue d’arrivée et les connaissances concernant la culture du pays dont provient le texte original. Dans cette partie, nous essayerons de bien comprendre le texte français, puis nous l’interpréterons, nous tenterons le bien rédigé en tant qu’un texte tchèque. Ensuite, nous allons procéder à une analyse stylistique et lexicale d’une façon générale, pas trop
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détaillée et comme le dernier point nous analyserons l’extrait traduit du point de vue stylistique et lexicale et nous nous focaliserons sur les exemples de l’extrait, cette analyse est plus étendue. Ici, nous pouvons découvrir l’écriture de Louise Dupré plus précisément. Le but de notre travail est de faire l’analyse du roman La Voie lactée à l’aide de laquelle nous présenterons aux lecteurs non seulement le livre étudié, mais aussi le style de l’auteur. Nous tenterons de traduire le texte choisi le mieux possible en prenant en considération les différences entre le tchèque et le français. Nous voudrions montrer les spécificités de l’écriture et de raisonnement de Louise Dupré.
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2. Information générale 2.1. La biographie de l’auteur – Louise Dupré Louise Dupré est une poète, romancière, critique littéraire et professeure québécoise. « Elle a fait paraître des textes dans de nombreuses publications au Québec, au Canada anglophone et à l'étranger. »1 Elle est née le 9 juillet 1949 à Sherbrooke au Québec. Elle a fait ses études à l’Université de Sherbrooke où elle a obtenu une licence et une maîtrise de la littérature. Puis en défendant sa dissertation sur le thème « La poésie féminine au Québec », elle a obtenu un doctorat de littérature française en 1987. Elle a été enseignante de lycée et en même temps, elle a été également une professeure à l’Université de Concordia et l’Université de Montréal. Maintenant elle enseigne à l’Université du Québec à Montréal. Depuis 1999, elle est membre de l’Académie des lettres du Québec. En 1984 Louise Dupré, auteure de plusieurs livres, a mérité le prix Alfred Desrochers pour le recueil de poèmes La Peau familière (1983). Elle a obtenu aussi le Grand prix de la poésie de la Fondation des Forges pour Noir déjà (le Noroît, 1993), ainsi que le prix de la Société des écrivains canadiens et le prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec pour La memoria (XYZ, 1996) en 1997. Elle se concentre sur la thématique féminine. Dans ses oeuvres elle se plonge dans les sentiments des autres comme s’ils étaient les siens. Sa poésie tend vers l’histoire. Parmi les oeuvres poétiques, nous pouvons citer : La Peau familière (1983), Où (1984), Bonheur (1988), Noir déjà (1993), Tout près (1998), Les mots secrets (2002). Elle a aussi écrit une pièce de théâtre : Si Cendrillon pouvait mourir! (1980) et les romans La Memoria (1996) et La Voie Lactée (2001) qu’on va analyser dans ce travail. 2.2. Quelques informations sur l’oeuvre C’est le roman le plus récent de Louise Dupré qui a rencontré le succès chez les lecteurs, surtout chez les femmes. C’est le deuxième roman le plus fameux de Louise Dupré après La Memoria (1996). La Voie Lactée a été publiée en 2001 par l’édition 1
http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurD/dupre_l/dupre.html.
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XYZ, collection Romanichels, à Montréal. La maison XYZ a été fondée en 1985 par Gaëtan Lévesque et Maurice Soudeyns. Au fil des ans la production de l’éditeur a évolué de 4 titres à 300 titres par an. Il publit les romans, des essais littéraires, des récits biographiques, etc. L’oeuvre n’a pas été traduite de l’original français en tchèque, c’est aussi pourquoi j’ai choisi d’en traduire un extrait. Le livre est fragmenté en cinq parties. Chaque partie est divisée en plusieurs chapitres qui sont numérotés. On n’y trouve ni préface, ni postface. L’histoire est racontée à la première personne, c’est le personnage principal lui-même qui nous parle de sa vie. En ce qui concerne le titre, il est un peu mystérieux, et difficile à déchiffrer. C’est plutôt un titre métaphorique. La voie lactée symbolise une certaine distance qui est traitée dans le livre. Par exemple, la relation entre le personnage principal et son amant fonctionne à distance. Une autre explication est apportée par le motif du panneau lumineux, appellé « La Voie Lactée » qui représente les lèvres rieuses d’une femme audessus du musée dans le ciel (dans la deuxième partie, chapitre neuf). C’est une femme aussi mystérieuse que le titre. Elle rappelle une chute dans le vide dont l’héroïne a peur (le suicide de la tante de Fanny, la peur des choses qui finissent mal). Cela peut symboliser une voie qui se dirige vers l’inconnu. 2.3. Le résumé de l’oeuvre « La Voie Lactée » Ce livre raconte une histoire d’amour à distance avec toutes les difficultés de la séparation. Il parle de la vie du personnage principal, Anne Martin, une femme entre deux âges. Elle travaille comme architecte à Montréal. Un jour, pendant sa participation à un colloque, elle rencontre un archéologue de Rome, Alessandro Moretti. Ils passent ensemble quelques magnifiques jours à Carthage et à Tunis et l’amour naît. Sa femme Jasmina venait de Tunis, mais elle est décédée des suites d’un cancer. Ils ont eu ensemble deux enfants, Marco et Gianni. Anne ne peut pas rester sereine devant le fait qu’Alessandro a vécu avec Jasmina pendant 35 ans et qu’il l’a beaucoup aimée. Quand elle revient à sa vie quotidienne, elle pense sans cesse à Alessandro. Elle n’est pas capable de se concentrer sur son travail. Son meilleur ami au travail, un homosexuel prénommé Jean-Bernard lui offre son grand soutien, mais il n’est pas seul. 8
Elle fait connaissance d’une jeune fille nommée Fanny dont la tante s’est jetée de son balcon, a longtemps vécu près d’Anne. Ces deux femmes, Fanny et Anne, deviennent de très bonnes amies. Anne et Alessandro gardent le contact par courrier électronique et aussi par téléphone. Ils ont l’intention de passer Noël ensemble. Finalement, ils vivent quelque temps l’un à côté de l’autre. Elle ne voulait pas le présenter tout de suite à ses amis, mais Jean-Bernard les a invités à une soirée où tout le monde fêterait le Nouvel An, donc elle a cédé. Elle emmène aussi Fanny qui s’est séparée de son amant. Tout le monde s’amuse. Fanny fait la connaissance d’Étienne, le fils de Jérôme Langlois, l’excollaborateur d’Anne et Jean-Bernard. Étienne Langlois est metteur en scène et il propose à Fanny de jouer dans un film qu’il s’apprête à tourner dans un collège. Alessandro part et elle se retrouve de nouveau seule dans son appartement vide. Pendant toute l’histoire elle se souvient de son enfance, comment le père quittait elle et sa mère. Son père commençait à vivre une autre vie avec Eileen, sa nouvelle femme, et son fils Michael. Anne pense de temps en temps que Michael pourrait être le fils de son père. Sa relation avec son père, Richard Martin, est un peu compliquée. Elle lui reproche ce qui s’est passé, elle le déteste pour l’avoir abandonnée. Un jour, sa mère téléphone pour informer qu’Anna, la folle tante d’Anne et la soeur de Richard, est hospitalisée. Sa mère passait beaucoup de temps avec la soeur de son ex-mari, il est intéressant de noter à quel point les deux femmes étaient proches, plus proches qu’Anna et son frère. Après le divorce, leur relation s’est transformée et ils ne se sont plus parlés comme auparavant, ils ne se sont même plus vus. Anna était vraiment malade, il était nécessaire de mettre un terme à sa vie, elle est tombée dans le coma et Richard a ordonné de la débrancher. Anna a continué à respirer pendant quelques jours et Anne a pensé sans cesse à sa vie et sa folie. Puis elle s’est décidée à rentrer à la maison. Le lendemain, son père lui a laissé le message qu’Anna est morte et elle a emporté le mystère de sa folie avec elle. Beaucoup de monde s’est réuni à ses funérailles. Anne est vraiment fâchée contre son père parce qu’il a emmené Eileen et Michael, qui vient de finir ses études d’architecture, pour qu’ils fassent leurs adieux à Anna, bien qu’ils ne la connaissaient pas... Quelle impertinence! Il était nécessaire de vider l’appartement d’Anna. C’est à Anne et à sa mère de le faire. Elle a l’occasion de pénétrer dans la vraie vie de sa tante. Elle passe plusieurs jours avec sa mère et enfin, elle se confie auprès d’elle et lui revèle ses sentiments envers Alessandro Moretti. Sa mère lui a toujours dit : « Fais attention, 9
Anne! » Un soir elle reçoit un appel téléphonique de Gianni, le fils d’Alessandro, qui souffre de la mort de sa mère et c’est pourquoi elle a peur qu’il ne l’accepte pas. Il a des affaires à traiter à New York et veut fixer un rendez-vous avec elle. Lors de cette rencontre, Gianni raconte sa vie et celle de sa mère. Anne le supporte étonnement bien. Il lui semble que Gianni se comporte comme un séducteur, d’autant plus qu’il souhaite garder cette rencontre pour eux. La projection du film d’Étienne où joue Fanny évoque chez Anne des sentiments désagréables. Dans le film Fanny a joué une folle, elle a excellé et Anne a été effrayée. Elle craint que Fanny plaisante avec la mort peu après le suicide de sa tante France qui était aussi folle comme sa tante d’Anne. Finalement Anne, Jean-Bernard et Fanny partent à la montagne. Fanny est une femme poète, elle écrit des poèmes et le soir après l’excursion à la montagne, elle en fait la lecture. Jean-Bernard a dit que ses écrits reprennaient des clichés. Fanny va dormir et Anne discute avec Jean-Bernard, il lui dit qu’elle doit prendre une décision en ce qui concerne Alessandro et leur relation. Un soir, Anne est resté au bureau et après le départ de ses collègues le téléphone a sonné. Alessandro l’attendait chez elle, il est venu la voir. Elle était surprise et enthousiaste de le revoir. Le lendemain soir Alessandro a voulu connaître la mère d’Anne avant qu’elles partent au théâtre. Il lui a plu, mais elle n’a pas pu s’empêcher de dire à Anne qu’Alessandro n’oublierait jamais Jasmina. Anne n’est plus parvenue à chasser cette idée de sa tête. Au bureau elle téléphone à son père pour l’informer que le fils d’Eileen, Michael, a été pris pour passer le stage dans l’entreprise où Anne travaille. Michael est ravi de cette occasion. Anne n’était pas heureuse au départ, mais peu après, elle s’est rendue compte que cela venait à point pour elle car elle se présente à un concours d’architecture, le Prix de Rome. Ce prix comporte un stage pour un an à Rome. Quand elle a dit cette nouvelle à Alessandro, il était passionné. Il lui tout de suite décrit la ville de Rome et ses beautés. Alessandro retourne à Rome et Anne reste seule. Elle a pesé tous les avantages et les inconvénients et elle a décidé de partir. Elle a saisi sa chance de s’investir pour la première fois dans une relation sérieuse. Elle propose à Michael son appartement et la possibilité de reprendre son travail dans l’entreprise. Alessandro s’engage à reconstruire son ancien appartement à lui et à Jasmina en vue d’accueillir Anne et commencer une nouvelle relation. Il est nécessaire d’annoncer sa décision à ses proches. Ils lui manqueront, notamment Fanny, Jean-Bernard et sa mère. Sa mère espère qu’elle a pris la bonne décision. Anne souhaite que sa mère et Fanny lui rendent visite pour Noël. 10
Malheureusement, Anne n’a pas reçu le Prix de Rome, mais pourtant ce fait ne l’empêche pas de partir et elle essaie de réaliser son projet. Elle passe ces derniers jours à Montréal avec Fanny qui a publié ses premiers poèmes dans une revue. Elle voudrait rédiger un recueil de ses poèmes avant la fin de cette année pour les donner à Anne comme cadeau de Noël qu’elles passeront à Rome. La fin de cette oeuvre La Voie lactée est remplie des idées pour l’avenir et des pensées pour Alessandro. En résumé il s’agit de l’histoire d’une architecte fructueuse qui n’a jamais connu une relation vraiment sérieuse. Elle rencontre un archéologue plus âgé et elle devient folle amoureuse de lui. Ils vivent leur amour à distance, mais cela ne suffit pas sur une longue durée. Tout au long du livre nous apprenons dans un ordre chaotique ce qui s’est passé dans sa vie. 2.4 La description des personnages principaux Anne Martin – une femme de presque 40 ans. Elle est belle et elle a du succès. Le personnage le plus important qui figure presque dans la plupart des scènes. C’est elle qui nous raconte cette histoire. Jusqu’à présent, elle a réussi à arranger sa vie professionnelle et personnelle rationnellement, mais elle vit une vie de solitude. L’auteur n’essaie pas de nous influencer la perception de sa héroïne principale. Sa relation avec son père et sa mère est compliquée, leur attitude compassée. Malgré le fait qu’elle soit adulte, elle n’est pas capable de s’accommoder du divorce de ses parents. Elle reproche à son père qu’il les a abandonnées et en plus, elle fait des reproches aussi à sa mère sur son comportement, car elle s’est laissée blesser. À cause de cette situation avec ses parents, elle a peur des sentiments profonds et des relations de longues durées entre couples. À beaucoup d’égards, elle agit de façon égoïste. Mais plus tard, elle s’intéresse aux sentiments des autres parce que les autres, ses amis, ses proches, l’aiment et ils s’intéressent à sa vie. Elle se rend compte de ce fait quand elle part à Rome vivre avec son amour et les gens qu’elle se prépare à quitter lui manqueront. Alessandro Moretti – un archéologue de Rome. Il est plus âgé, presque de l’âge du père d’Anne. Il est veuf, sa femme Jasmina est morte d’un cancer. Il a deux enfants, deux fils, Marco et Gianni, l’un habite Florence, l’autre Rome. C’est un homme prudent et stoïque qui sait ce qu’il veut. Il a passé 35 ans avec sa femme et il l’adorait. Il a une 11
soeur Elsa dont il ne parle pas beaucoup. Sa mère, Sofia Moretti est aussi veuve. Le père d’Alessandro est mort à la guerre quand il était petit. Fanny – une belle jeune fille, le visage encadré de cheveux rouges. Un jour elle frappe à la porte d’Anne qui habite dans le même immeuble que la tante de Fanny. France, la tante de Fanny, s’est jetée de son balcon et Anne l’a vue tomber. On voit un lien avec ces deux personnages, Fanny et Anne, toutes les deux ont dans leurs familles une tante folle. Mais Fanny n’a pas peur de la folie comme Anne. Elle ne prend pas les choses si sérieusement, elle est encore jeune, mais quand même elle n’est pas naïve et elle dit ce qu’elle pense d’une façon franche. Elle écrit des poèmes où elle exprime ses sentiments. Anne considère Fanny comme une bonne amie, mais aussi comme une fille qu’elle craint. Anne lui rappelle un ange rouge parce qu’elle lui donne un grand soutien. Fanny est encore pleine d’enthousiasme. Jean-Bernard – le meilleur ami d’Anne. Ils travaillent dans la même entreprise. Il est homosexuel, on peut donc remarquer qu’il est plus sensible que les autres hommes et parle avec Anne de ses problèmes plus souvent que quiconque. Malgré cela il se comporte comme un homme et il lui donne des conseils utiles concernant la relation avec Alessandro. Il la connaissait très bien au cours des années. C’est un homme de bon sens qui est capable de comprendre Anne. Si cela était possible, elle vivrait avec lui. Cela serait facile, ils s’entendent bien.
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3. Analyse littéraire L’analyse littéraire est la plus importante partie de l’exposé. Le Petit Robert définit l’analyse comme une « action de décomposer un tout en ses éléments constituants. »2 Ce procédé devrait fonctionner dans toutes les sortes d’analyses, à titre d’exemple l’analyse stylistique, l’analyse lexicale et bien sûr l’analyse littéraire. Elle nous permet de mieux comprendre un texte littéraire et elle nous conduit à sa compréhension la plus complète possible. « L'analyse littéraire désigne alors l'acte de "lire méthodiquement" un texte, de saisir tout ce qu'il nous révèle. Analyser un texte, ce n'est pas dire en d'autres mots ce que dit un texte, mais c'est découvrir la pensée de l'auteur et les moyens que lui offre le langage pour l'exprimer. »3 La compréhension d’une oeuvre reste sur nous, sur nos associations que nous offre le texte. L’analyse littéraire est en principe l’interprétation du texte. Nous nous intéressons donc non seulement au contenu de l’oeuvre, mais surtout à la façon de l’exprimer, de ranger les pensées de l’auteur. Il nous signale quelque chose dans sa narration et nous tâchons de révéler tout ce que l’auteur nous a voulu déclarer. Dans cette partie de mémoire nous allons nous concentrer sur les problématiques, les thèmes principaux de l’oeuvre et nous allons analyser partie par partie pour suggérer l’histoire dans un ordre logique, même si les pensées et l’histoire du livre ne sont pas tout à fait systématiques. Il faut mentionner que les différentes parties se mêlent. Les informations, les idées acquises dans une partie apparaissent dans une autre. 3.1. La définition des thèmes Pour la plus grande clarté de ce travail nous avons décidé de diviser les thématiques en groupes fondamentaux, bien qu’il soit assez évident qu’ils se mêlent toujours ce qui crée le style « propre » de Louise Dupré dans cet ouvrage.
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Rey-Debove J. et Rey A., Le nouveau Petit Robert de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2007. 3 Lessard Charles-Eugène, L’analyse littéraire, 2001 : http://lessard.iquebec.com/textelitteraire/.
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Le Trésor de la langue française apporte une définition de la thématique : « ensemble, système organisé de thèmes. » Nous découvrons le thème d’une oeuvre pendant la lecture, il n’est pas préfixé. Et dans l’oeuvre La Voie lactée nous trouvons plusieurs thématiques, c’est-à-dire plusieurs thèmes qui nous entourent pendant toute l’histoire. Le thème est : « rovina zobrazenì skutečnosti sloţená z postav, vypravěče, vnějšìho světa a děje, zakotvená v souslednosti významových elementů jazyka »4 Cette ligne de représentation de la réalité comporte donc plusieurs thèmes ancrés dans l’histoire du livre. En outre, l’écriture de Louise Dupré dans cette oeuvre est notamment marquée par l’amour et la mort. L’amour est le thème le plus visible dans cette oeuvre, tout le monde le reconnaît à première vue. L’amour parcourt la littérature depuis ses origines. L’histoire elle-même parle de l’amour à distance, c’est le thème principal du livre. Nous pouvons qualifier cette relation comme épistolaire. Les amoureux tiennent le contact par le courrier ce qui donne à l’histoire une certaine tension et une attente. Cette affection change la vie du personnage principal, elle change la vue au monde, aux entourages. Comme elle a traversé quelques relations pas trop sérieuse, maintenant elle reconnaît un sentiment très fort, une passion. Cependant, ce n’est pas seulement la relation avec Alessandro qui lui donne un amour de la vie, mais aussi la relation avec Fanny grâce à laquelle elle commence à se rendre compte de son entourage que les autres personnes dans sa vie sont importantes et ils l’aiment. L’auteur peut utiliser ce fait, ce sentiment comme un outil pour décrire plus clairement le caractère et les émotions du personnage principal. Les traits fondamentaux de l’amour, à titre d’exemple, la fragilité, la méchanceté et la faiblesse, peuvent être reconnaissables plus facilement. La thématique de la mort est essentielle dans cette oeuvre. Comme l’amour, la mort aussi parcourt la littérature depuis ses origines. Nous pouvons l’observer dans plusieurs passages du livre. Par exemple, la triste mort de la tante d’Anne et sûrement le suicide de la tante de Fanny que le personnage principal a aperçu. À cause de ces faits Anne réfléchit de plus en plus souvent à la vie d’Anna et à la folie qui l’a touchée et intéressée. Pour tout être vivant, la mort est une réalité inéluctable et il faut mentionner qu’Anne voit cette réalité un peu de manière catastrophique, autrement dit elle imagine la chute de l’avion quand Alessandro s’éloigne. Son imagination est provoquée 4
Vlašìn Štěpán a kol., Slovnìk literárnì teorie, Československý spisovatel, Praha, 1977. « une ligne de représentation de la réalité composée des personnages, du narrateur, du monde extérieur et de l’action ancrée dans la concordance des élémets sémantiques de la langue. »
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également par un tableau qu’elle avait vu au musée, un tableau d’une femme qui s’est suicidée comme la tante de Fanny. La question de la mort se rattache à la problématique de la peur, surtout la peur de ses proches. Ces deux thèmes, l’amour et la mort, représentent une pensée centrale. Mais il existe les autres thématique qui donnent à l’action un contexte nécessaire. La mort nous amène à la thématique de la peur ou l’incertitude. Ce thème caractérise le personnage principal. Avec l’amour arrive aussi une incertitude, une méfiance torturante en ce qui concerne la durée des relations émotionnelles due au divorce de se parents pendant son adolescence. Elle a peur d’un choc émotif qui pourrait déboucher sur la folie, ce qui nous amène à l’autre thème de l’oeuvre, la folie. Anne a le trauma du destin de sa propre tante qui souffre d’une maladie mentale. Elle porte son nom Anna et en plus elle lui ressemble. C’est pourquoi elle craint de suivre le même destin. La folie de sa tante reste entourée de mystère qui évoque en elle beaucoup de questions. Anna a entendu des voix dans sa tête, elle a vécu dans une vie enfermée. Néanmoins, elle n’était pas la seule femme folle qui apparaissait sur la scène. La tante de Fanny atteignait d’une sorte de folie qui l’a menée à une mauvaise fin, elle s’est suicidée. Peu après Anna, la soeur du père d’Anne, est morte. Ces deux événements forcent Anne à penser à la mort dont nous avons déjà parlée. Les souvenirs ou les rêves forment l’axe essentiel de l’oeuvre de Louise Dupré. Par l’intermédiaire des rêves et des souvenirs, les héros se déplacent dans le temps et dans l’espace comme l’auteur l’entend. Du côté des parents de la protagoniste, elle se souvient de leur cohabitation et puis le divorce qui l’a beaucoup touchée. Nous percevons son comportement quant à ce fait infantile. D’une part, elle reproche à son père de les avoir quittées, mais d’autre part elle reproche à sa mère de ne rien faire pour l’empêcher et sa supervision. Les rêves appartiennent surtout à son amant Alessandro Moretti et aussi à ses craintes. Le dernier thème indispensable est la solitude. La solitude entoure Anne Martin pendant toute sa vie et maintenant elle a l’occasion de le changer. Elle vit dans le vide des jours ordinaires. Elle surmonte la solitude seulement en compagnie de son cher Alessandro. Par exemple, quand Alessandro vole à Rome, Anne se retrouve seule de nouveau et elle dit : « ... je reprendrai mon chemin, seule, je retrouverai ma chambre vide. »5 Elle sent presque le même en rentrant chez elle, après la rencontre à Carthage
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Dupré Louise, La Voie lactée, édition XYZ, collection Romanichels, Montréal, 2001, pp. 179.
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avec Alessandro. Jusqu’à ce moment, la solitude a signifié pour Anne une bonne amie et maintenant elle devient une ennemie. 3.2. L’analyse thématique de chaque partie Ce roman est divisé en cinq parties ce qui fait naître une impression, une image du drame. Le conflit se déroule sous la surface, à l’intérieur du personnage principal. Une composante de l’action est affaiblie de la description des sentiments, des humeurs, du classement des raisonnements et des signalements courtes comme dans les drames lyriques ou dans les proses. Il faut noter que c’est le fil des images, des imaginations conscientes et inconscientes rangées au mépris de contexte logique ou temporel, sans souligner le principe des causes et des conséquences. Un rôle important joue une association. L’histoire est racontée en première personne du singulier (ich-forme), le narrateur est homodiégétique, c’est le personnage principal qui nous raconte son histoire, ce qui mène à l’insertion plus intensive du lecteur de même que le rangement des motifs associatifs et ce qui mène à l’utilisation plus active de sa fantaisie (du lecteur) pendant l’achèvement des contours d’action de l’histoire. Bien sûr, ce type de prose n’est pas nouveau dans la littérature, il apparaît déjà dans les proses de James Joyce ou Marcel Proust etc. Nous allons analyser partie par partie, mais il est difficile de séparer toutes les idées, tous les événements dans les différentes parties, il est donc possible de les mélanger à cause de l’histoire un peu chaotique. Première partie Première partie est formée par onze chapitres. Nous pourrions la considérer comme l’exposition de toute oeuvre en respectant la division du drame classique. Le lecteur fait successivement connaissance avec les personnages principaux du livre. Les événements émergent dans la mémoire de l’héroïne sans égard pour l’ordre chronologique. Les images de l’enfance, du présent, du passé proche ou éloigné alternent esquissés par le vécu le plus important des derniers jours, la rencontre d’Anne avec archéologue Alessandro Moretti. La narratrice est Anne Martin elle-même qui vient d’arriver d’un colloque à Carthage où elle a rencontré son amour de sa vie. Elle 16
rentre donc dans le vide de ses jours, elle a vécu pour son travail jusqu’à maintenant, toutes ses décisions ont été prises rationnellement et soudainement elle se trouve dans une nouvelle situation imprévue et elle est obligée d’avouer qu’elle n’est pas capable d’empêcher le désir pour un sentiment fort et profond comme l’amour. Mais Anne est tenaillée par l’incertitude et la méfiance à l’égard des relations à cause du divorce de ses parents. C’est pourquoi elle a peur de s’attacher sensiblement à une personne. Elle a peur aussi de la folie dont nous avons déjà parlé en expliquant les problématiques traitées dans le livre. Elle sent une angoisse de la solitude qui pourrait pousser l’homme au suicide, la peur des nuits quand l’homme fait face à l’insomnie et les imaginations effrayantes. Exemple : « La peur, la peur qui brûle les mots dans la bouche. La peur est un animal enterré vivant dans le silence de la nuit, ... » (p. 105, la troisième partie) C’est une image expressive dont la répétition des mêmes mots exprime et gradue l’intensité. Nous utilisons les sensations des images pour exprimer le sentiment de la peur. « Animal enterré vivant » s’apparente aux images d’Edvard Munch. Dans la première partie, l’auteur ne nous présente pas seulement les protagonistes de l’histoire, mais aussi les motifs, nous pouvons dire les problématiques principales, c’est-à-dire le désir de l’amour, la peur, l’incertitude, la solitude, le naufrage des relations émotionnelles. C’est justement l’amour qui apporte la contradiction des sentiments. Autrement dit, une sensation du bonheur absolu et à la fois une sensation de la peur écrasante de possibilité de sa perte forme le conflit fondamental dramatique. Dans cette partie nous pouvons remarquer aussi l’important motif du voyage, non seulement dans propre sens du mot (le voyage du colloque en Afrique, voyage au Québec pour aller voir sa tante mourante), mais aussi dans le sens symbolique (le voyage comme le nouveau commencement, le voyage à Rome qui signifierait la décision pour la vie commune avec son nouveau partenaire – la quatrième partie. Ou le voyage comme la chute dans l’abîme et la fin définitive. Nous faisons allusions à la chute suicidaire de la tante de Fanny de son balcon dont Anne devient le témoin. Ainsi que la chute possible de l’avion qui évoque la mort de tous les voyageurs et qui passe par les têtes des passagers aux aéroports – incluse dans la première partie. Ce motif est
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toujours chargé des sentiments de l’incertitude et de la peur de l’inconnu et avec l’intuition d’une catastrophe possible. En outre, le premier chapitre contient le motif de la rencontre qui peut être le motif positif, par exemple la rencontre d’Anne avec Alessandro de même que la connaissance d’Anne avec Fanny, une jeune fille dont la tante s’est jetée de son balcon près de l’appartement d’Anne. Au contraire, dans la troisième partie la rencontre est un élément traumatisé, la rencontre avec la nouvelle famille du père d’Anne Martin à l’hôpital près de lit d’Anna qui meurt ou plus tard la réunion avec le fils cadet d’Alessandro Moretti. Cependant, la rencontre peut symboliser aussi une tentative de compréhension,
de
renouvellement
des
anciennes
relations
familières,
de
rapprochement. Par exemple, après la mort de la tante d’Anne, la mère et sa fille Anne, elles se rencontrent plusieurs fois, voire il suffit une soirée avec les amis et les collègues du bureau qui aidaient Anne de souffrir la solitude. Deuxième partie Nous pouvons désigner la deuxième partie en parallèle du drame comme la collision de l’oeuvre. Dans cette partie apparaît une ébauche d’un conflit réel. L’action se déplace de la sphère de souvenirs, d’idées et d’imaginations dans une ligne réelle. La partie est divisée en treize chapitres. Elle parle de l’arrivée d’Alessandro à Montréal. Anne et Alessandro passent ensemble les fêtes de Noël et cela permet les deux protagonistes de découvrir, s’ils seront capables de vivre l’un à côté de l’autre pour toujours. Mais en même temps, ces beaux instants signifient la nécessité d’une décision. La décision s’ils veulent subir un risque de la vie commune. Anne se sent très heureuse. Exemple : « On se sent libre, légère, on accepte le commencement sans penser à la fin, on ne voit pas son corps comme celui d’un grand oiseau qui se replie dans le mouvement de sa chute. On ne voit pas qu’on est une chute, le vertige d’une chute infinie dans l’abîme. » (p. 52) Pourtant les doutes durent et la ville tout autour d’elle les encourage. 18
Exemple : « Tout est gris maintenant, les arbres, la route, le ciel, même les flocons qui s’écrasent mollement sur le parebrise du taxi, et les autoroutes qui s’accrochent aux autoroutes, un lacis, un labyrinthe. Puis la ville, les néons, les rues grouillantes de l’heure de pointe, les bouchons. » (p. 54) Les descriptions prononcées et comprimées font partie de l’histoire. Ils témoignent un talent d’une vision artistique du monde. De temps en temps, ils évoquent les tableaux des impressionnistes. Par exemple, le premier paragraphe du deuxième chapitre de la première partie. Si on parle d’une vue de la fenêtre en regardant le fleuve et la montagne éloignée. Exemple : « La montagne, on ne la voit presque pas. À peine en devine-t-on les contours à travers la brume. Elle semble flotter dans l’espace, diamant, cône, banquise qui aurait glissé sur les nuages et se serait immobilisée ici, Dieu seul sait pourquoi. Le fleuve non plus, on ne le distingue pas. Pas un navire dont on pourrait identifier les drapeaux, il roule ses eaux grises dans le gris du paysage, il les roulera jusqu’au golfe avant de les laisser avaler par la mer. Au coin de la fenêtre, une tache plus claire, qui grossit, cherche à s’imposer. Avant la fin de l’avant-midi, le soleil aura réussi à percer, et la ville aura retrouvé sa lumière des dimanches. » (p. 19) Une autre fois, ils décrivent très expressivement les états qui provoquent en homme l’arrière-saison à Montréal. Exemple : « Où nous reverrons-nous, Alessandro Moretti, à Rome ou à Carthage? Pas ici, non, pas ici. Déjà, un vent frais s’engouffre sous les cheveux, et la nuque est offerte à sa morsure. ..., le froid paralysera les arbres et les immeubles. Puis le fleuve, au loin, et les navires déserteront pour des mers d’été. Ce froid qui nous guette la nuit, l’hiver, même dans le sommeil, ... On rêve à des déserts de glace, à une lumière de glace, aux loups de l’enfance qui hurlent dans les chambres, cette lutte de chaque instant pour la survie. » (p. 16)
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Troisième partie Nous sommes de nouveau dans le centre d’une situation réelle qui suggère que le développement suivant devra se porter dans une autre direction aussi bien que dans le drame la phase de la crise. Cette partie se comporte de douze chapitres. Le contenu de cette partie constitue l’agonie et la mort de la folle tante d’Anne. La famille s’est réunie près de son lit et peu après à ses funérailles. À Toronto arrive aussi la nouvelle famille de Richard Martin, le père d’Anne. Elle éprouve de nouveau la douleur et la colère de l’abandon de son père. Elle se rend compte qu’elle n’a pas réussi à s’accommoder de cette réalité même après les années. La composition de la troisième partie est intéressante. Elle commence par le départ d’Alessandro de Montréal à Rome. Anne touche beaucoup cette perte provisoire d’une personne aimée et la porte de tristesse et de solitude s’ouvre. Ces sentiments graduent dans les scènes où Anna est alitée et à ses funérailles. Son décès est pourtant définitif à l’opposition du départ d’Alessandro. À l’hôpital, près de lit d’Anna, le personnage principal réfléchit à sa folie. Exemple : « Parle-moi, Anna, dis-moi comment la tête se dérègle, un jour, la tête torpillée, des trous, des tranchées qui s’agrandissent, les mots qui coulent au fond d’un abîme dont on ne revient pas. Et la peur. Je sais à quel point tu as eu peur, Anna, le vertige de la souffrance quand on est possédée par une âme trop puissante pour soi. » (p. 103) Il est temps de bouger, de passer outre à sa vie. Anne se dit : Exemple : « Je n’ai jamais abandonné, moi, même au moment où ça se déchirait dans ma tête, j’ai avancé en posant les pieds l’un devant l’autre, j’ai pu continuer, par quel miracle? » (p. 103) La mort d’Anna aide à Anne de mieux connaître soi-même, elle pouvait avancer. Dans cette partie, pour la plupart la partie soi-réflexe, nous trouvons les descriptions plus détaillée. Par exemple, l’interception de l’ambiance d’une chambre à l’hôpital ou la description du voyage au Québec. 20
Exemple : « Je suis dans un oeil blanc, il n’en finit pas de tout filtrer. Les murs, blancs et nus, seul un crucifix qui pend, un Christ blanc. Le lit blanc, avec des draps blancs, et l’oreiller, blanc immaculé. La fenêtre blanche, et la rue, et la ville, et le fleuve. La journée qui n’en finit pas de neiger blanc. » (p. 99) Exemple : « L’autobus se cramponne à la route en agitant ses essuie-glaces, on dirait de lourdes paupières. J’ai peur. J’ai choisi une place près de la sortie de secours, je me répète que le chauffeur connaît son métier, mais je n’y peux rien, j’ai peur. La lumière entre à peine, elle reste tapie derrière un rideau de mousse, de plus en plus épais, qui colle à la fenêtre, de petits insectes blancs. Dans le cadre de la fenêtre, une dépanneuse essaie de sortir une auto d’un fossé. » (p. 96) Quatrième partie Quatrième partie correspond à la quatrième partie du drame classique, soi-disant péripétie. Elle est divisée en treize chapitres. Apparemment, nous pouvons trouver une autre solution et se soustraire à une décision importante et irrésistible. L’auteur offre au personnage principal le temps, tout est encore ouvert et la situation peut se renverser. Anne rentre à Montréal pour continuer à travailler, avant elle parle avec sa mère de sa relation avec son nouvel amant. Pour sa description et sa caractéristique, l’auteur utilise des phrases nominales dont nous avons parlé dans le chapitre suivant de ce mémoire, c’est-à-dire l’analyse lexicale et stylistique. Cependant, nous pouvons mentionner un exemple de cette partie. Exemple : « Un étranger. Presque de l’âge de papa. Veuf, avec des enfants en plus. » (p. 133) Tout est dit clairement, sans excuses, et c’est pourquoi la mère s’inquiète. Après son retour à la maison, Anne réfléchit à ses relations auprès des gens qui l’entourent et qui lui substituent la famille. Les collègues du travail, surtout son meilleur ami Jean-Bernard, Fanny, une jeune fille, leur relation avec Anne est entre amie et la
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mère et fille. Anne commence à se rendre compte qu’elle-même a aussi une importance pour les gens qui lui sont proches. À titre d’exemple, Fanny dit sans équivoque : Exemple : « Je ne veux pas que tu partes. » (p. 158) Jean-Bernard, plus âgés et avec plus d’expériences avance : Exemple : « Il faudra bien que vous en veniez à prendre une décision, Alessandro et toi. » Mais il aimerait entendre dire Anne, qu’elle ne partira pas. Cinquième partie Cette partie est comprise comme la conclusion de l’oeuvre. Elle se compose de quatorze chapitres. Elle apporte la solution de la relation entre les personnages principaux. Anne essaie de faciliter sa décision par présenter une demande pour un stage annuel à Rome. Cela lui permettrait de mieux connaître son partenaire et lui offrirait une mesure d’indépendance nécessaire à une relation émotionnelle. Alessandro revient voir Anne à Montréal et il est enthousiaste d’une possibilité de stage. Mais finalement, Anne n’a pas gagné le concours de stage, pourtant elle a décidé de partir à Rome. Elle comprend qu’une personne a besoin de croire et savoir rêver dans la vie, aussi bien qu’elle rêve des voyages entre les galaxies auprès desquelles le pont formerait la voie lactée. La voie lactée cesse d’être pour Anne un symbole de la chute dans le néant comme nous pouvons observer dans le motif de suicide de la tante de Fanny qui finit sa vie par se jeter du balcon, ou la représentation de la chute d’une autre femme réelle comme l’a saisi un peintre sur le tableau exposé dans la galerie municipale. Il ne l’effraie plus le panneau lumineux nommé La Voie lactée représentant un sourire sur les joues d’une femme qui tombe en bas. La symbolique de La Voie lactée acquiert un sens positif dans la conclusion du livre. L’homme doit être la force pour se mettre en route dont la fin il ne connaît pas et qu’il ne réussit pas à évaluer. À la fin de cette oeuvre, Anne pense à Alessandro et à l’avenir. 22
Exemple : « Je voudrais que tu sois ici avec nous. Nous prendrions un dernier verre sur le balcon, dans le plus parfait silence, éblouis par l’arche de lumière qui traverse le ciel avant d’aller se jeter dans des mondes qui nous resteront inconnus. Mais qu’importe, on ne peut pas tout connaître. Nous contemplerions la nuit, nous tracerions des trajets possibles dans les galaxies. Il suffit d’imaginer. » (p. 199)
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4. Traduction Cette partie de mémoire se concentre sur la traduction libre d’un extrait français du livre La Voie lactée en langue tchèque. Marianne Lederer dans son livre la traduction aujourd’hui déclare : « l’acte de traduire consiste à comprendre un texte, puis, en une deuxième étape, à réexprimer ce texte dans une autre langue. »6 Dans notre cas, il faut dire qu’il s’agit de la traduction artistique, c’est-à-dire que c’est une réalisation d’une oeuvre qui existe déjà dans une autre langue et dans un milieu culturel différent. « Un linguiste américain, E. A. Nida, considère comme le but principal de la traduction la transmission des informations de contenu aussi bien que de la forme. »7 La traduction est une sorte particulière de communication. « La traduction est une opération qui cherche à établir des équivalences entre deux textes exprimés en des langues différentes. »8 Un bon traducteur doit maîtriser les deux langues. « La traduction est le fait d'interpréter le sens d'un texte dans une langue (langue source, ou langue de départ), et de produire un texte ayant un sens et un effet équivalents sur un lecteur ayant une langue et une culture différentes (langue cible, ou langue d'arrivée). »9 Il est nécessaire de connaître l’histoire et la civilisation du pays d’où provient l’auteur du texte original. Dans ce cas, il s’agit du Canada francophone, de la province du Québec. En outre, il faut prendre en compte la comparaison des deux langues. Il est sûr de sentir les différences entre le français et notre langue maternelle, le tchèque. Nous devons prendre en considération aussi le choix des mots convenables parce que toutes les expressions ne sont pas traduisibles ou en tchèque certains mots sonnent autrement etc. Sans doute, nous heurtons aux problèmes à propos de la langue. Il est nécessaire de constater que les expressions les plus connues forment la majorité de notre vocabulaire, par conséquent ils sont les plus pauvres en ce qui concerne le sens. Tout cela dépend de la créativité linguistique et des capacités du traducteur.
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Lederer Marianne, la traduction aujourd’hui, le modèle interprétatif, lettres modernes minard, Caen, 2006. 7 Knittlová Dagmar, Teorie překladu, Univerzita Palackého v Olomouci, 1995. 8 Srpová Milena, La traduction, confrontation de deux expériences cognitives, Intellectica I, 1995, pp. 158. Cité par Šabršula Jan, Teorie a praxe překladu, Ostravská univerzita Ostrava, Filozofická fakulta, Ostrava, 2000. 9 Glossaire des termes relatifs à la traduction : http://www.message-net.com/glossaire.html.
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« Le traducteur ne traduit pas un texte en lui appliquant seulement ses connaissances linguistiques. À tout moment, d’autres connaissances sont réactivées et reconstituent dans son esprit l’ensemble explicite/implicite, qui est le sens derrière les mots et le vouloir dire de l’auteur. »10 En traduisant, nous devons toujours penser à l’aspect esthétique. Dans le paragraphe précédent nous avons parlé plutôt d’une norme de reproduction, c’est-à-dire une demande d’une certaine fidélité et vérité du texte traduit, mais ici nous demandons une norme d’art. À savoir, nous sommes obligés de transmettre un effet au lecteur. C’est le principe de la traduction et de toutes les interprétations. La traduction donc consiste à transporter un texte d’une langue dans une autre, en l’espèce du français en tchèque. De plus, elle doit être soumise au plusieurs procédés pour laisser au lecteur un certain effet et l’esthétique indispensable. Dans la partie suivante, la traduction sera suivie d’une analyse stylistique et lexicale.
4.1. La traduction d’un extrait Nous avons choisi l’extrait de la deuxième partie du livre, c’est-à-dire les pages 51-67. Alessandro vient voir Anne pour Noël et ils passent plusieurs jours ensemble. Ce passage constitue beaucoup de souvenirs à l’enfance d’Anne, elle s’inquiète pour Jasmina, une épouse morte d’Alessandro et leur relation. Dans cet extrait nous remarquons toutes les problématiques dont nous avons déjà parlé. C’est pourquoi nous l’avons traduit, pour instruire l’écriture de Louise Dupré et la compréhension des pensées d’Anne Martin. Kapitola prvnì Neumìm si představit jeho gesta a přiřadit je ke gestům muţů svlékajìcìch ţenu. Knoflìčky ţivůtku, sukně, spodnì prádlo pečlivě vybrané kus po kusu a které skončì opuštěné na koberci jako malá kupa hadřìků. Od té doby, co jsem slyšela jeho hlas po telefonu, nejsem schopná si ho představit. „Dobrý den, Anno.“ Tato věta stačila k tomu, aby se jeho obraz zakalil, dostala se mi pod kůţi a spustila známou úzkost. Bezpochyby 10
Lederer Marianne, la traduction aujourd’hui, le modèle interprétatif, lettres modernes minard, Caen, 2006.
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ho překvapilo zachvěnì mého hlasu, kdyţ jsem řekla: „Čekám na Vás.“ Bezpochyby, jelikoţ zašeptal: „Mám strach, Anno.“ Na to jsem neodpověděla. Dlouhé ticho, které jako by zesìlilo zvuky z letiště Fiumicino, a uprostřed tohoto ticha mi mé černé spodnì prádlo rozházené na posteli přišlo hloupé. Směšné. Nezbývalo mi neţ se soustředit, abych mu řekla: „Brzy naviděnou, Alessandro“, kdyţ zavěsil. Chycena při činu, vše jsem uklidila. Spodnì prádlo, láhev šampaňského i květiny v pokoji. Tentokrát budu hrát bez předchozì přìpravy. Křest ohněm. I já se bojìm, Alessandro. Vţdy poprvé. Ten známý strach, hluchý, který roste uvnitř břicha, pokaţdé, kdyţ se projevì strach, ţe objevìme něco přìliš velkého pro obyčejné lidské bytosti. Splynete v jedno tělo. Je třeba ukolébat strach. Vymýšlìme si scénáře, vytvořìme si schránku z nového těla, do které schováme to naše, kůţi přiměřenou obrázku našì lásky, hledáme šperky, podvazky, zdůrazňujeme linii ňader, lìčìme se a tìm všìm se rozptýlìme. To nás uklidnì. Citìme se svobodné, volné, přijìmáme začátek bez konce. Nevidìme své tělo jinak neţ jako vlaštovka, která stáhne svá křìdla ve volném pádu a nevnìmá závrať letu do propasti. To Vy teď letìte, Alessandro. Vyzýváte moře s najeţenými vlnami, rozbouřené a vyhroţujìcì, ale Vy se pohltit nenecháte. Odhalen dojdete aţ ke mně. Já Vás zahřeji, pohladìm a přikryji nekonečnostì svého těla. Láska. Je potřeba vìry, abychom se mohli zamilovat. Jako věřìcìho si Vás, Alessandro, představuji. Vidìm vás, jak klečìte na půdě Kartága, rudé nehty zabořené do rudé země, jemnost kaţdého vašeho pohybu, vìra, která je potřeba k tomu jìt dál, kdyţ půda nechce plodit. A sklìčenost, touha přenechat minulost jejìm záhadám, kapitulace. Uţ se nesnaţìme utkat plátno z přìčin a jejich následků. Vám by se nejspìš lìbil můj pavouk stále zavěšený v rohu mé koupelny. Bojovnìk. Stejně tak jako Fanny, která kaţdý den pìše své básně. A stejně tak jako já, Alessandro. Jsem bledá strachy, ale navţdy Vás budu milovat i přes své bláznivé jméno.11 Kapitola druhá Letadlo přilétá, jako by v dálce vyrostlo z krajiny a vláčelo svou těţkou kabinu z růţové vaty. Snìh dočista zasypal přistávacì dráhu a všude kolem nás je bělostná
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Le prénom fou porte référence à la ressemblance avec le prénom Anna, sa tante folle.
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pokrývka. To je prvnì obrázek, který se Alessandrovi naskytl, pohled na jeden velký kus bìlé země, zmrzlé a vylidněné. Bez vůně a bez zápachu. Jestlipak uţ se mu stýská po Řìmě pohodlně usazenému v jeho křesle? Jestlipak se sám sebe ptá, proč se rozhodl strávit svátky u ţeny, jejìţ hlas sotva zná? Moţná uţ odpočìtává dny, které ho dělì od tamnìho ţivota, který mi nenáleţì. Já jsem také počìtala. Okolo patnácti minut na přistánì, poté celnì kontrola a zavazadla a za méně neţ hodinu se setkáme tvářì v tvář, oba vystrašenì a nemotornì. Vyměnìme si pár zdvořilostnìch frázì: „Jaká byla cesta?“ Budeme se snaţit ze všech sil, abychom prolomili ticho. Často jsem obracela zrak k hodinám nad námi, které nám připomìnaly utìkajìcì čas. Nutila jsem se k trpělivosti, jako pokaţdé, kdyţ jsem musela maminku doprovázet na nádraţì. Tatìnek byl na cestě z Toronta a já musela zanechat stavbu budov z malých červených kostiček. Ošplìchla jsem si obličej a naschvál silně zabouchla dveře od Meteoru12. Ale maminka to neslyšela. Mìsto toho ţertovně drţela volant kvůli čerstvě nalakovaným nehtům. Rychle překontrolovala make-up ve zpětném zrcátku a pobroukávala si. Jiţ u zákusku tatìnek zìval a chtěl jìt brzy spát, coţ mamince nevadilo a já se ani neodvaţovala zeptat, zda se mohu dìvat na televizi. Nasadila jsem masku hodné malé holčičky a rodiče se mi znovu začali věnovat druhý den ráno. Nynì je tu rozruch. Dveře přìletové haly se otvìrajì a zavìrajì jako obrovský otvor, který chrlì cestujìcì. Ţena s růţovým pudlem, pár novomanţelů, několik podnikatelů a stařì lidé v černém tak hrbatì, ţe se aţ divìme, jak je moţné, ţe dokáţì posouvat vozìk s tou spoustou krabic. Postrkáváme se, křičìme, objìmáme se, pláčeme. Je to jako v italských filmech natočených po válce o krádeţìch kol a o bìdě, ve vlasti Alessandra z dob jeho mládì, kdyţ nadbìhal šestnáctiletým děvčatům. Tady ho mám, trochu shrbený a unavený. Zastavì se, přimhouřì oči v ostrém světle, hledá mě a já se prodìrám davem, běţìm mu naproti a vrhám se mu do náručì. Jaký asi tvořìme navenek pár, on a já, mé černé kudrliny zamotané do jeho bìlých? Vše je uţ šedé, stromy, cesta, obloha i vločky, které se třìštì o čelnì sklo taxìku, dálnice napojujìcì se jedna na druhou a tvořìcì sloţitou spleť labyrintu. Nynì je tu město a jeho neonová světla, ulice hemţìcì se v dopravnì špičce, zácpy. Řidič si povzdechl a ulevil si větou v arabštině. Alessandro upustil mou ruku, oţivl a jiţ si povìdá s řidičem v arabštině, vzpomìnaje na Kartágo. Pochytila jsem jen pár názvů měst, Tunis, Sousse, které znějì jako jména ţen, a za nimi se náhle vynořì slavný portrét Jasmìny. Zavìrám
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Une voiture
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oči a prosìm o záchranu. Vidìm v dáli obrys Fanny, jak mi podává svůj zapalovač a já se snaţìm zapálit hranici pro Jasmìnu, na které bychom nejpìš shořely obě dvě. Kapitola třetì Kruhy, spirály, závity. Alessandro kreslì špičkami svých prstů na chmýřì mých paţì, postupně přijìmá naši lásku. Ještě si netroufá dotýkat se křehké kůţe na krku, sklouznout dlanì do vlhkosti mých ňader. Zadrţuji dech, neodvaţuji se pohnout. Od smrti Jasmìny nepohladil tělo jiné ţeny, teď uţ to vìm. A dřìve, kdyţ byla Jasmìna naţivu? Tuto otázku mu nikdy nepoloţìm. Mìstnost se jiţ oteplila, dřìvì jiţ shořelo, je třeba přiloţit. Tak ať. Hlavně se nepohnout, nic nevyrušit, počkat, aţ touha zvìtězì nad smrtì. To ticho okolo nás je jako rozjìmánì. Alessandro vklouzl rukou pod můj svetýrek. Tento dotek, jen stěţì postřehnutelný, nás posunul k temnotě lásky spoutané ve společné samotě. Jaká otázka doprovázì v této chvìli záblesk v jeho očìch? Jeho plačìcì matka, která slibuje věrnost jeho otci nebo Jasmìna, která prosì, ať na ni nezapomene? Přibliţuji své rty k jeho jemné kůţi na tváři, k vousům, cudně ke rtům, přitom riskuji prvnì přiznánì. „Moje lásko.“ Tato slova vyletěla přìliš rychle z mých úst, z úst ţeny, která nikoho neoplakává. Zdalipak to Alessandro slyšel? Jeho rty se drsně přitiskly na mé a jeho jazyk se ponořil do mých úst, jako by chtěl spolknout všechna má slova. Podléhá mi, vìm to, celým svým tělem, krvì v ţilách, i přes vzpomìnky, poţehnanou hřìvu Jasmìny, hádky, výbuchy smìchu, tlumené světlo domu v Tunisu, vytrţenì z odpoledne během odpočinku, okouzlen tělesnostì, která opět dovršila slib lásky. „Miluji Tě, Alessandro.“ Tykám mu, vláčená vìrem k nezastavenì. Mezi námi uţ nenì nic jiného neţ my, ţijìcì, třesoucì se, my a neskutečná pýcha zapomněnì. Miluji tě. Nenì to ţádné přiznánì, spìše způsob, jakým jej k sobě přilákat, zatìmco on do mě zaráţì svoje tělo pulzujìcì krvì, teplem, jemnostì, násilìm, a potom výbuch, jako kdyby vlákna našich těl létala vesmìrem, roztřìštila se ve vìru buněk jako zlatý prach a návrat k blahodárné temnotě propasti před rozdělenìm země a vody. Uţ nejsme nikým. Alessandro bere mou hlavu do svých dlanì a dìvá se na mě, pomalu, jako by si zvykal na můj obličej. Upřeně mě pozoruje, vyděšený, smutný, vinen, Jasmìna se obrátila v prach, nedokázal ji udrţet naţivu navěky. Chtěla bych najìt ta správná slova, útěchu a vykoupenì, ale mé ticho se mìsì s tichem noci. Dlouze mě zamrazilo podél 28
páteře. Opět je tu přìtomnost a tělo se doţaduje trochy tepla, křičì silněji neţ všechny obavy. Zachvěla jsem se a Alessandro zachytil mou tvář. Usmál se na mě, přitiskl mě k sobě a přehodil přes mě svůj kabát. Gesto milence, přìtele nebo vdovce? Nevìm, jako pokaţdé, kdyţ mě zasáhne lìtost. Nesnaţìm se porozumět. Kapitola čtvrtá Spì. Přitisknutý k mé kůţi, usnul ponechán na pospas své únavě. Jeho dech na mé šìji je lehce chraptivý. Nechrápe, spìše syčì, sténá jako špatně naladěný hudebnì nástroj, jako nemotorné pohlazenì. Budu bdìt, dokud nás noc nepřikryje svou vlìdnostì. Světla města kreslì přìzraky na závěsech, které nás však neohroţujì. Alessandro odpočìvá v poklidu na mých horkých zádech. Sny nelţou a oddělily mé a Jasmìnino tělo. Uţ nemám strach. Alessandro se nynì ode mě zlehka odtáhl, prudce gestikuluje a škube sebou. Hladìm ho jemně po paţi a on se znovu přitiskl k mému tělu, hledá mé chloupky a šeptá „Anno“ a uklidnì se, kdyţ mě rozpozná. Nemusìm se ničeho bát, naše těla jsou spojena v jedno ve velmi dlouhém přìběhu, kterému nikdy neporozumìme. „Ve spánku nelžeme.“ Kolikrát mi tuto větu maminka opakovala? Ale nedávala jsem pozor, přìliš zaměstnaná, vytìţená ţivotem, školou, pracì, svými milenci, studenty architektury. A taky je tu ten krásný Američan, kterého jsem potkala v baru u Citadely, kde pracuji. Maminka za mnou občas přijde na skleničku, od té doby, co táta bydlì s Eileen v Torontu. Kdovì, zda by nepokračoval v této hře na klidné štěstì, kdyby se mu divadýlko nerozpadlo přìmo uprostřed hry před našima očima? Ten zděšený pohled Alessandra, kdyţ jsem mu to vyprávěla. Naráz do sebe obrátil skleničku, hleděl do prázdna a opakoval: „Námět pro televiznì pořad.“ A přitom k tomu stačila jedna neškodná otázka. „A tvůj otec, Anno?“ Hodila jsem stud za hlavu a dala se do vyprávěnì. Spojenì otcovy společnosti s firmou v Torontu, jeho sluţebnì cesty, stále delšì a delšì pobyty, nová pracovnì pozice v Torontu, nové výzvy, konec konců je mu jen pětačtyřicet let. Naproti tomu maminka jakoţto zdravotnì sestra se tak dobře stará o Annu, aţ bychom si mohli myslet, ţe se jedná o jejì sestru nikoli o švagrovou. Já studuji na univerzitě. Vţdy, kdyţ se otec vracì, je to pro nás malý svátek, maminka obleče upnuté šaty a vezme nás pokaţdé do nové restaurace. Přesně si ten okamţik vybavuji, jsme u stolu. Tatìnek se mě ptá na studia, vesele mu odpovìdám s lehkostì dětského hlasu, jako tehdy, kdyţ jsme se procházeli okolo řeky a pozorovali 29
lodě plujìcì z neznámých krajin a vychutnávali přitom kornout čokoládové zmrzliny. Ano, vzpomìnám si. Zatìmco čìšnìk přinášì talìře, náhle se objevil tento muţ. Jako by nás ani nevnìmal, jde přìmo k otci, kterého v angličtině oslovuje Richard. Mluvì neskutečně rychle, přijel sem jen na kongres a zìtra se vracì do Toronta. A kdy se vracì Richard? Eileen tu s tebou nenì, zůstala doma s malým Michaelem? Jaký roztomilý chlapec! Slyšìm, jak otec tlumeným hlasem odpovìdá: „Ano.“ A najednou tu vedle mě sedì mìsto mého otce neznámý pan Richard Martin, s anglicky znějìcìm jménem, milenec, moţná i ţivotnì partner jisté Eileen. Alessandro upustil mou ruku a přitiskl se mi k hrudi. Maminka něco tušila, moţná i o Eileen věděla, takové věci ţena vycìtì, řìkávala. Snaţìme se věřit, ţe se jedná o únavu z dlouhých cest vlakem či o problémy v práci, ale spánek nikdy nelţe. I kdyţ se snaţila si to nepřipouštět, určitě to věděla. Stejně tak i já vìm, ţe se nemusìm bát o Alessandra. Kapitola pátá Probouzì mě vůně čerstvě upraţené kávy a tabáku vycházejìcìho z hlavičky dýmky, hořìcì javorové poleno a závan po noci strávené s Alessandrem v mých peřinách. Tento rok uţ nebudu o Vánocìch sama v prázdném bytě. Kolik je hodin? Jak dlouho uţ je Alessandro vzhůru? Hlavou se mi honì otázky. Nechávám je plout, ještě otupena spánkem, nechci se vzdát tohoto jemného snu, jako bychom se procházeli vzduchoprázdnem, bez rizika roztřìštěnì kostì. Fanny by řekla, ţe by to byl dobrý začátek básně a vytáhla by si červený zápisnìk. Fanny dnes odjede za svým přìtelem na vesnici, navštìvì jeho rodinu, otce a matku, kteřì spolu šťastně ţijì, sestry, bratry i psa. Rodinná idylka. Jen jsem se bez komentáře pousmála. My budeme s Alessandrem na Štědrý den sami. Trpělivě jsem přichystala menu, potrpìm si na přìpravy. Umýt houby do salátu, osušit slzu neţ stihne dopadnout na čerstvě nakrájenou cibuli a poté spočìtat, nikoli rozměry budovy, ale dobu vařenì husy a přesný čas pro servìrovánì předkrmu. Alessandro se naklánì nad městem, lìně bafá dýmku a snaţì se rozpoznat davy proudìcì zasněţeným ránem. Tam je kostel, rozpoznatelný dìky své vysoké věţi, všelijaké stavby, na obzoru věţe a sklady v přìstavu. Pomalu se k němu přiblìţìm, zlehka se dotknu jeho paţe, on se otočì a ptá se: „Jak jsi se vyspala, Anno?“ Odhrne mi z tváře nezbedný pramìnek vlasů, který mi zakrývá pravé oko. „Připravil jsem ti vodu 30
z kaluže, kterou považuješ za kávu.“ Vypláznu na něj jazyk a on se usměje. Minulá noc nás neodloučila. Plameny stoupajì, vysoko, silně a vìtězně, kupa polen se bortì. Alessandro se otočì s úsměvem na tváři. „Jsem tu spokojený.“ Beru ho za ruku a snaţìm se představit si jeho ţivot v Řìmě, jeho byt v pronikavém hluku Řìma. Aţ budu připravená, poţádám ho, aby mi o nich vyprávěl. Prozatìm se nám náš vztah vejde do dlaně. Jedno odpoledne v Kartágu, jeden večer v Tunisu a vzpomìnka na tři noci strávené v peřinách. I přesto tu jsou vzpomìnky. Nekonečné čekánì v prosinci, zprávy, obavy. Fotka Jasmìny. Naštěstì je tu Fanny, můj červený anděl, který se zjevil ve správný okamţik, jako dřìve, kdyţ andělé sestupovali z nebe, aby nás zachránili. „Alessandro, jsou v Kartágu andělé?“ Pobaveně se na mě podìvá, vnořì svou ruku do mého ţupánku. Na tuto otázku uţ neodpovì. Kapitola šestá Noc se pomalu line a my ji nechali volně plynout, aţ pohltila křesla, lampy, vánočnì stromeček, ani okna či nebe nebyly ušetřeny této růţové sametové tmy. Chtěla jsem se zvednout a vyměnit disk v přehrávači, ale Alessandro mě zadrţel. Proč nás připravit o to ticho a v srdci ticha o ţivot domu, který k nám doléhá v pomalých vlnách. A zrovna jsme z chodby zaslechli smìch Jeţìška a výkřiky malých dětì, které nás rozesmály a přenesly do minulosti, která v nás vzbudila utlumené vzpomìnky na dětstvì. Alessandro vstal a poslepu došel aţ do pokoje, vrátil se s dárkem, který poloţil pod stromeček. Já jsem vzala ze zásuvky knihu o uměnì, kterou mi Fanny pomohla zabalit, i jednu pro ni, antologii poezie, kterou mi knihovnice doporučila. Škoda, ţe jì dárek nemohu dnes večer předat a slyšet jejì nadšenì. Do jakého věku vyţadujeme dětské projevy radosti jako chichotánì a slabý povyk, které nás ujišťujì, ţe jsme milováni? Alessandro si přál zavolat svému vnukovi. Slyšela jsem jeho hlas mluvìcì zpěvnou italštinou, znenadále hlasitě, jako by se nejednalo o stejného muţe, kdyţ mluvì svým rodným jazykem. Jeho vánočnì hlas je jakoby mladšì a veselejšì, oproštěn od nostalgie. Náhle přerušil hovor, poloţil ruku na sluchátko a řekl: „Anno, chtěl by tě pozdravit Marco.“ V rozpacìch jsem odpověděla: „Neumìm italsky,“ a pak mě napadlo, nebyla náhodou Jasmìna Tunisanka? Marco se určitě naučil francouzštinu spolu s arabštinou a italštinou.
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Najednou jsem se ocitla zpřìma proti městu připravenému přijmout ukřiţované dìtě, hovořila jsem s malým Markem, s tìm drzým chlapcem z fotografie, jehoţ obrázek jsem s pomocì Fanny spálila. Zaslechla jsem se, jak mu přeji veselé Vánoce. Kdyţ jsem zavěsila, mé oči se setkaly s Alessandrovými, jeho syn mu předal dárek, v který doufal, propojil minulost s jeho novým ţivotem. Tento článek zatìm nenì definitivnì, ale jiţ existuje. Řekla jsem mu: „Tvůj syn je velmi sympatický.“ Pár slz mu zmáčelo vousy a dodal: „S Giannim to nebude tak snadné.“ Znovu se mi zjevila fotografie Jasmìny a po jejì pravé straně baculaté děťátko, spokojené v jejì náruči. Proč jsem jen tu fotografii spálila? Ráda bych si ji znovu prohlédla, zaměřila se na postoj Gianniho, výraz v jeho tváři a rozebrala detaily, které mi unikly. Sotva jsem si tyto dvě děti prohlédla a uţ jsou tu, dva muţi schopni rozhodnutì, zda ano či ne, dva skutečnì muţi, které jiţ nemůţu schovat do fotoalba. Opět mám tu závrať v hlavě, ţenské šaty otevřené jako padák, ztuhlé rty a oči, které se na mě chvilku usmìvajì. Zaslechla jsem vedle sebe vzdychánì a plakali jsme, jemně, i já, která jsem nikdy neviděla plakat muţe. Alessandro vzlykal, zestárlý, uzavřený sám do sebe. Poraţený. Objala jsem ho v tichosti do náručì, jako to dělávala jeho matka, Jasmìna i sestra a moţná i dalšì ţeny, o kterých zatìm nic nevìm, kamarádky, milenky či známosti z Kartága, s nimiţ se scházel, kdyţ se chtěl ukrýt před rozpáleným sluncem. Náhle jsem byla jinou ţenou. Jakou? Na tom nezáleţì. Alessandro vzlykal, potřeboval uklidnit, a tak jsem ho utěšovala. Na stěně se utvořilo obrovské dvouhlavé stvořenì pomalu se kolébajìcì ve svém stìnu. Moţná jsem jiţ nebyla ţenou, moţná jsme jiţ nebyli lidmi, Alessandro a já, ale netvorové, létajìcì ryby a krabi, kteřì se snaţì společně zavrtat do zemského povrchu. Pro nás jsme byli jen my dva a náš křehký přìběh. Nikde nejsme v bezpečì. Kapitola sedmá „Podobáte se mému dědečkovi.“ Alessandro poloţil vidličku do talìře a rozesmál se upřìmným smìchem, hlasitě, přerývavě, jako by dostal záchvat kašle. Fanny sklopila oči a řekla: „Můj dědeček je hodný.“ Alessandro si usušil oči, poplácal ji po ruce, aby jì ukázal, ţe jì rozumì. Potom se jeho ramena opět roztančila a dal se znovu do smìchu. Abych ji uklidnila, řekla jsem: „Vidìš, lidé si neuvědomujì, jak ten čas letì.“ O hodinu dřìve jsme se stavily s Fanny na nákup a já jsem poskočila, kdyţ jeden muţ řekl: „Matka s dcerou. Jak rád vás vidìm.“ Fanny mě vzala v podpaţì a oslnivě se 32
na muţe usmála, zatìmco já se snaţila mdle pohnout rty. Poté ve výtahu mi Fanny řekla: „To je srandovnì, že tě považujì za moji matku!“ Chtěla jsem zakřičet: „Ne, Fanny, nechci, aby mě považovali za tvou matku.“ Ale mìsto toho jsem se jen zdvořile usmála. Osso buco13 jiţ vychládlo na mém talìři, stačilo k tomu jen pár minut. Pozoruji hnědou skvrnu na své levé ruce jako polozavřené oko, které se na mě dìvá. Zpočátku vypadá jako rána, zranila jsem se o zárubeň dveřì, ale to oko nezmizelo, stále nás sleduje. Jednoho dne si uvědomìme, ţe ty stařecké skvrny na rukou jiţ zůstanou a podobajì se rukám našich matek, čìm dál vìce i rukám našich babiček, s jejich tlustými fialovými ţìlami, které nám připomìnaly ruce čarodějnic, kdyţ jsme byli malé děti. Maminka měla přìjemný hlas, kdyţ mi včera volala s přánìm pěkných svátků. Slunce, moře, hotel, vše mi popisovala. „Tvé tetě Anně se dařì skvěle,“ řìkala a kladla přitom důraz na kaţdou slabiku, abych jì dobře porozuměla. Rozumìm, nedělejme z komára velblouda, přestaňme s výčitkami, na jihu se jì vţdy dařilo dobře, hlasy v jejì hlavě se utišily. Prozatìm. Znovu se objevì, jakmile letadlo dosedne na zmrzlý asfalt. Poţádala jsem maminku, aby za mě popřála Anně. Z rohu pokoje jsem uslyšela tetu, jak volá: „Veselé Vánoce,“ coţ bylo opravdu dobré znamenì, kolik let na mě jiţ nepromluvila? Jednoho dne jsem ve skřìni spatřila mnou zabalený dárek, který jsem poslala Anně. Ona jej odmìtla, maminka jen jako obvykle pokrčila rameny, nesnaţila se porozumět. Uţ si u Anny zvykla na náhlé změny nálady. Stejně jako na změny počasì, na protichůdné větry v zimě, které bojujì nad našimi hlavami, aniţ bychom tomu mohli zabránit, zbývá jen čekat na zklidněnì nebe. Alessandro chtěl o Anně všechno vědět, řekla jsem mu vše, co vìm, coţ popravdě řečeno mnoho nenì. Jednalo se o bláznovstvì bez dalšìch vysvětlenì, obyčejné bláznovstvì, to, o kterém se netočì ţádné televiznì pořady. Došla jsem pro fotografie. Ukázala jsem mu ty malé zaţloutlé obdélnìčky, Anna, otec a jejich rodiče, Anna a prvnì přijìmánì, dospìvajìcì Anna a Anna proměněná v elegantnì mladou dámu. „Podobáš se své tetě.“ Ano, často mi to všichni opakovali. Této ţeně bych se ráda podobala, ale ne té dalšì, té, kterou jsem znala, silné ţeně na elektrošocìch a lécìch. Bývala krásná aţ do svých dvaceti dvou let, řìkával otec. Pak propukla tato válka v jejì hlavě, válka dobra a zla, mozek byl bombardován jako město, které jsme jiţ nedokázali opravit. Jeden večer jsem se ve své dìvčì postýlce snaţila odehnat všechny vojáky, kteřì se ke mně chtěli přiblìţit. 13
Une spécialité italienne, le plat traditionnel milanais, très parfumé, réalisé à partir de tronçons de jarret de veau
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Alessandro se smál, on se šìlenstvì nikdy nebál. Zeptal se mě: „Nikdy jsi nechtěla psát?“ Pokrčila jsem rameny. Já mám ráda čáry a rovnice, pokoje správně seřazené podél chodeb, stěny z betonu. Psanì, to je jemné šìlenstvì Fanny. To jì se teď posmìvá. „Netvař se tak na mě, vždyť já vìm, že vypadám jako děda.“ Zachvěla jsem se, brzy mu bude šedesát dva let, co ho asi čeká? To, co nás čeká všechny, i Fanny, a to mně veselé nepřipadá. Zaslechla jsem Alessandra, jak se ptá Fanny: „Myslìš, že jednou Anne rozesmějeme?“ Od té doby mě jiţ nenazývá Anna14.
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Dans cet extrait Alessandro appelle Anne Martin comme Anna, c’est le nom de sa folle tante, mais en entendant l’histoire de cette tante, il n’a plus adressé la parole à elle comme Anna. Il a eu le respect de ce prénom parce qu’il savait qu’Anne aurait peur du même destin.
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5. Analyse lexicale et stylistique Dans ce chapitre du mémoire, nous allons analyser le style et le vocabulaire de l’auteur appliqué dans le livre. « La langue crée un système, une méthode intérieurement alliée. »15 En analysant une oeuvre, il est indispensable d’examiner le texte dans le cadre thématique ou littéraire, mais aussi dans le cadre stylistique. Ces deux éléments se relient l’un à l’autre étroitement. « La stylistique étudie donc les faits d’expressions du langage organisé au point de vue de leur contenu affectif, c’est-à-dire l’expression des faits de la sensibilité par le langage et l’action des faits de langage sur la sensibilité. »16 5.1. La définition du style et du vocabulaire de l’auteur Tout autre chose est d’étudier le style. Le Trésor de la langue française apporte deux définitions du style : 1° « Mode d'expression verbale qui est spécifique de tel genre ou sujet littéraire, qui correspond ou non à certaines normes formelles, »17 2° « Ensemble des moyens d'expression (vocabulaire, images, tours de phrase, rythme) qui traduisent de façon originale les pensées, les sentiments, toute la personnalité d'un auteur. »18 L’auteur utilise plusieurs moyens pour montrer son intention, ce qu’il veut révéler au lecteur. « Le style fait de la langue un emploi volontaire et conscient, il emploie la langue dans une intention esthétique ; il veut faire de la beauté avec les mots comme le peintre en fait avec les couleurs et le musicien avec les sons. »19 M. Jelìnek, linguiste et bohémiste tchèque rénommé, définit le style d’une manière suivante : « Jazykový styl je souhrn specifických výrazových rysů promluvy, který vzniká výběrem (ojediněle tvorbou) lexikálnìch a gramatických prostředků z jazykového systému a jejich jednotìcìm uspořádánìm v závislosti na objektivnìch podmìnkách promluvy a na vlastnostech i subjektivnìch rozhodnutìch původce
15
Šabršula Jan, Základy francouzské skladby I., Univerzita Karlova v Praze, 1967. Bally Charles, Traité de stylistique française I., Heidelberg, 1921. 17 http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?12;s=200575350;r=1;nat=;sol=1. 18 Ibid. 19 Bally Charles, Traité de stylistique française I., Heidelberg, 1921. 16
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promluvy ».20 Le style doit fonctionner dans l’écriture aussi bien que dans le discours. C’est une façon individuelle de s’exprimer. En général, l’écriture de Louise Dupré n’est pas difficile en ce qui concerne le langage. Sa langue est bien compréhensible. Il est vrai que nous pouvons y trouver quelques québécismes, par exemple : la tuque ou tangerine, mais ce sont les cas uniques. L’auteur a écrit ce roman avec beaucoup de passion pour la description. Il utilise de longues phrases pour détailler tous les endroits, les situations et les souvenirs. Louise Dupré dit, écrit ses idées d’une façon féminine, avec tendresse. Nous pouvons l’observer sur le vocabulaire. Le changement de la manière de vivre la vie provoqué par l’amour, la perception de ses beautés beaucoup plus intensive et les chutes dans la dépression plus profondes, tout cela se reflète dans la langue. L’alternance vite et chaotique des images qui lui viennent à l’esprit, le fil des souvenirs, qui attaquent le présent, est exprimé par l’accumulation
des
phrases
nominales,
la
réduction
des
verbes
narratifs,
l’amoncellement des expressions synonymiques et l’utilisation des membres de phrase multiples. Exemple : « C’est la ville, la ville bleue, bruyante, bigarrée, ... Près de la porte d’entrée, les bagages attendent, et les plantes qu’il faut arroser, les meubles couverts d’un film de poussière, et le courrier. » (p. 15) Exemple : « ... le mot oui est tellement usé qu’il ne promet plus rien. On doit le renforcer, empiler les mots, les cimenter, on ajoute, on précise, parfois on répète. » (p. 15) La formulation d’intensité d’un certain sentiment souligne aussi la répétition d’une même construction de phrase.
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Vitvar Václav, Současná stylistika v odborné literatuře, Ústav pro učitelské vzdělánì na UK, Praha, 1968. « Le style linguistique est un ensemble des traits caractéristiques expressives du discours basé sur le choix (plus rarement à la création) des moyens lexicaux et grammaticaux du système linguistique et de leur organisation unissante dépendant des conditions objectives du discours, et aussi bien que des proprietés et des décisions subjectives du locuteur. »
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Exemple : « Je ne voulais pas revenir. » et plusieurs lignes après de nouveau, cette fois au début du paragraphe : « Je ne voulais pas revenir. Je ne suis pas revenue, non. » (p. 15) Ce sont les mots qu’Anne prononce de son retour à Montréal. Exemple : « Et notre solitude, pas la belle solitude du recueillement, mais l’isolement des dimanches déserts, les minutes qui tombent comme les gouttes d’eau d’un robinet mal fermé. » (p. 41) De nouveau une expression d’un sentiment à l’aide des images concrètes dans lesquelles prédominent les énonciations nominales. L’étude d’un texte comporte deux étapes essentielles : l’approche globale puis l’étude de détail qui sera traitée dans la partie suivante 5.2. L’analyse de l’extrait où nous allons nous occuper de l’analyse stylistique et lexicale plus en détail parce que nous pouvons nous appuyer sur la traduction pour démontrer le style de l’écriture de Louise Dupré. 5.2 L’analyse de l’extrait traduit En faisant une analyse du texte, on se demande ce qui peut être significatif, en ne conservant que les observations auxquelles on peut donner une interprétation, en relation avec les résultats de l’analyse globale. Le contexte global : Le livre La Voie lactée est un roman, dont le thème principal est la peur qui accompagne une naissance d’une nouvelle histoire d’amour combinée avec des souvenirs de l’enfance. Comme l’écrivaine est une canadienne, elle a choisi de situer son roman dans le milieu qu’elle connaît bien, le Canada francophone. L’histoire se déroule au présent. Chaque lecteur, plutôt chaque lectrice, peut facilement s’identifier avec l’héroïne principale. Le public visé est essentiellement féminin.
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La place du texte dans l’oeuvre : Un texte fait généralement partie d’un ensemble plus vaste que lui, ici un roman. De la place qu’il occupe dans l’oeuvre, l’extrait tire des caractères particuliers. Notre extrait provient de la deuxième partie du livre qui contient treize chapitres et nous avons traduit les sept premiers chapitres. Le type de texte : Les types de textes renvoient à différents actes de communication (raconter, enseigner, convaincre,...). À l’intérieur d’une oeuvre, l’auteur peut passer d’un type à un autre. Nous distinguons trois types de texte dans notre extrait : le texte narratif, le texte descriptif et le texte expressif. Le texte narratif raconte un fait, un événement en situant son déroulement dans le temps et dans l’espace. Le texte descriptif aide l’auteur à évoquer une réalité que le lecteur ne voit pas, mais qu’il est capable d’imaginer. Il renseigne sur un espace, sur un physique et peut traduire les impressions ressenties par le descripteur. Tout au long de notre extrait, voire dans le livre entier, ces deux styles se mélangent, difficile de les dissocier. Exemple : « Tout est gris maintenant, les arbres, la route, le ciel, même les flocons qui s’écrasent mollement sur le parebrise du taxi, et les autoroutes qui s’accrochent aux autoroutes, un lacis, un labyrinthe. » (p. 54) Le texte expressif permet d’exprimer des sentiments et des émotions. Exemple : « J’ai peur moi aussi, Alessandro. Chaque première fois. Une ancienne terreur, sourde, qui monte du fond du ventre, chaque fois l’angoisse devant un exploit trop grand pour les humains que nous sommes. » (p. 51) Les genres de textes : Le genre utilisé est un genre romanesque. Un roman est une oeuvre narrative en prose. C’est un récit d’imagination, il se distingue par sa longueur et par sa vraisemblance. Ce genre est caractérisé par sa diversité, sa capacité à aborder tous les 38
sujets. Dans notre extrait nous retrouvons la plupart des thèmes principaux de livre : l’amour, la peur, les souvenirs d’enfance, la folie. Les registres de langue : Tout écrivain utilise un langage adapté à la situation de communication ou au milieu social. Le choix entre plusieurs registres de langue permet des effets d’humour. Registre courant : phrase simple, vocabulaire usuel. Exemple : « L’épreuve du corps. J’ai peur moi aussi, Alessandro. Chaque première fois. » (p. 51) Registre soutenu : vocabulaire nuancé, mots composés, phrase complexe souvent longue, construction rigoureuse et recherchée. Exemple : « Ce n’est pas un aveu, plutôt une façon de l’amener à moi, tandis qu’il enfonce en moi sa chair gorgée de sang, chaleur, douceur, violence, puis éclatement, comme si toutes nos fibres volaient dans l’espace, tourbillon de cellules, poussière dorée, retour à l’opacité bienfaisante de l’abîme avant la séparation de la terre et des eaux. » (p. 56) Le discours : Nous remarquons les deux types de discours : Le discours direct et le discours indirect. Les discours directs sont différenciés dans le texte en cursive. Exemple : « Sans doute, puisqu’il a murmuré, J’ai peur, Anna. » (p. 51) Le système énonciatif : Nous distinguons deux systèmes énonciatifs : le discours et le récit. Tout livre est écrit en mode de discours. Ces caractéristiques sont : le locuteur est présent, la première personne est utilisé dans le texte, la prédominance du présent, le repérage se fait par rapport à la situation d’énonciation.
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Les marqueurs d’énonciation : Des indices de la première personne se trouvent sous forme de pronoms personnels (je, me, moi, ...) et d’adjectifs possessifs (mon, mes, notre, ...). Des indices de l’espace et du temps (à tout moment, aujourd’hui, une heure plus tôt, ...), les temps verbaux (essentiellement le présent, le passé composé et l’imparfait) sont typiques pour les textes narratifs. Pour accentuer les plus fortes émotions, les mots, les phrases ou les expressions sont souvent répétées. Exemple : « Maman savait pour Eileen, elle le savait sans savoir, on sait ces choses-là, dit-elle. » (p. 58-59) La tonalité : L’écrivain a rempli l’oeuvre par une richesse d’adverbes et d’adjectifs qui lui permettent d’exprimer ses sentiments plus intensivement et passer par les tonalités variées. Le ton comique : provoque l’amusement, le rire. Exemple : « Vous ressemblez à mon grand-père. Alessandro a déposé sa fourchette dans son assiette, il s’est mis à rire, d’un rire franc, bruyant, en cascade, comme une quinte de toux. » (p. 65) Le ton tragique : suscite une émotion née de la conviction intime qu’il n’y a plus d’issu. Exemple : « Je frissonne, soixante-deux ans bientôt, qu’est-ce qui l’attend? Ce qui nous attend tous, même Fanny, et je n’ai pas le goût de rire. » (p. 67) Le ton lyrique : crée entre l’auteur et le lecteur le même état d’âme. Exemple : « Justement, dans le corridor s’est élevé le rire d’un père Noël, de jeunes enfants ont poussé de petits cris de joie, et nous nous sommes mis à rire, joyeux nous aussi, captifs d’un vieux passé qui se réveillait en nous, comme s’il s’était simplement assoupi. » (p. 62) 40
Le ton oratoire : entraîne l’adhésion du lecteur, il le pousse à agir. Exemple : « Se demandait-il pourquoi il avait décidé de venir passer les fêtes chez une femme dont il connaissait à peine la voix? » (p. 53) En nous concentrant sur l’analyse du texte plus en détail, nous constatons les différences entre les deux langues, le français et le tchèque. Cette différence est visible notamment dans la stylistique, elle nécessite une modification en cours de traduction pour garder le sens des phrases. En tchèque il existe la règle que la place du rhème (c’est-à-dire d’une nouvelle information) se trouve à la fin de la phrase, logiquement nous avons changé l’ordre des mots dans les phrases. Pendant le processus de traduction, certaines expressions typiquement françaises ont dû être remplacées par autres expressions tchèques en traduction libre. Certaines expressions n’ont pas pu être traduites du tout, par exemple une spécialité italienne Osso buco, c’est le nom propre d’un plat très populaire. La tradition culturelle du père Noël n’existe pas en République tchèque, c’est « Jeţìšek » qui distribue les cadeaux, c’est un personnage imaginaire. Du coup il est impossible de le rencontrer en personne. Le passage dans le livre qui décrit cette rencontre perdrait totalement son sens, nous avons décidé de garder le mot tchèque « Jeţìšek » en respectant son intérêt et la tradition qu’il emporte. Néanmoins le père Noël ressemble plutôt au St. Nicolas qui visite les enfants le 5 décembre. Sûrement, il existe plusieurs possibilités comment traduire une phrase ou un seul mot. Et nous pouvons mentionner quelques-uns. À titre d’exemple, nous avons traduit l’expression « l’épreuve du corps » comme « křest ohněm », il est mieux de traduire cette expression librement, la traduction mot à mot sonne inachèvement, « zkouška těla », mais cette variante est aussi applicable. Cependant, la première variante accentue la situation, donc nous l’avons utilisée. La phrase « Je to jako v italských filmech natočených po válce » est possible de présenter autrement : « Je to jako Itálie z filmů točených po válce » ou bien « Je to jako scéna vytrţená z italských filmů natočených po válce. » Nous avons heurté au problème dans la phrase : « Ce diamant entre les cils d’Alessandro, ... », le mot diamant est difficilement traduisible pour faire naître la même impression. Nous essayons de nous approcher de ce mot par le mot tchèque 41
« záblesk » et aussi le mot « jiskra » fonctionne très bien. « ... kdyby se mu divadýlko nerozpadlo přìmo uprostřed hry před našima očima? », cette phrase joue avec l’ironie. Nous pouvons utiliser un autre verbe, par exemple : neseszpalo, nezhroutilo, nedospělo k fiasku. Nous trouvons donc plusieurs possibilités comment profiter de notre vocabulaire, mais souvent nous nous concentrons sur la première version qui nous vient à l’esprit. Puis, il est compliqué de s’apercevoir des autres variantes ou de temps en temps il est difficile de trouver une seule et à la fois une bonne version. Il y a des autres curiosités qu’il faut prendre en compte dans notre traduction. Dans le premier chapitre, nous pouvons remarquer une différence du genre en tchèque contrairement au français. En tchèque une araignée est du genre masculin. La traduction ne reflète pas bien la comparaison de personnage principal à l’araignée courageuse. La langue tchèque est plus succincte, brève que le français. Quelques phrases beaucoup trop complexes ont été réduites en phrases moins complexes, plus courtes ou séparées en deux. Une autre différence marquante est l’utilisation des articles en langue française (le tchèque n’en a pas). Louise Dupré utilise dans son œuvre plusieurs métaphores pour animer la fantaisie du lecteur afin que celui-ci peut imaginer mieux la situation. Exemple : « L’avion est là, au loin, comme s’il sortait de la campagne, traînant sa lourde carlingue dans une ouate un peu rosée. » (p. 53) « La porte d’arrivée s’ouvre et se ferme, c’est une gueule monstrueuse qui crache les voyageurs. » (p. 54) Un autre moyen de réveiller l’imagination des lecteurs et l’emploi des comparaisons. Exemple : « Vous aimerez peut-être mon araignée, toujours suspendue dans le coin de la salle de bains. Une survivante. » (p. 52) Pour attirer l’attention du lecteur, l’écrivaine applique dans les moments stratégiques les questions rhétoriques. Exemple : « ..., quelle phrase le hante en ce moment? Sa mère en pleurs qui jure fidélité à son père ou Jasmina qui le supplie de ne jamais l’oublier? » (p. 55)
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Fréquemment, l’auteur pose une question manifestement rhétorique à laquelle il répond par la suite, mais n’apporte pas une solution. Exemple : « Geste d’amant, d’ami ou de veuf? Je ne sais pas, comme chaque fois que s’impose la compassion. Je ne cherche pas à savoir. » (p. 56) Dans cette partie de l’exposé, nous nous sommes concentrés sur le contexte général et la place de l’extrait dans l’oeuvre. Ceci nous a permis d’évaluer le style et la langue selon plusieurs critères. Nous avons prouvé le style de Louise Dupré sur les exemples du livre. L’avantage de cette partie est celle que nous nous appuyons sur le texte en originale et aussi sur le texte traduit. Sur la base de la comparaison des deux langues nous avons établi une série des problèmes avec lesquels nous étions obligés d’aborder pour démontrer les solutions possibles.
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6. Conclusion Ce mémoire de licence se compose de quatre parties dont les deux sont essentielles, c’est-à-dire l’analyse de l’oeuvre et la traduction et son analyse qui sont plus en détail. Les deux autres, les informations générales et l’analyse lexicale et stylistique, nous introduisent dans l’explication de l’oeuvre du côté général. En effet, nous avons essayé de faire une analyse du roman La Voie lactée de Louise Dupré de plusieurs aspects. Premièrement, nous avons fait connaissance de l’auteur québécois Louise Dupré et son oeuvre. Nous avons aussi mentionné quelques prix qu’elle a obtenus pendant sa carrière de l’écrivain. Et notamment nous avons présenté l’intrigue du roman et les personnages principaux. Dans le résumé nous avons déjà heurté aux problématiques du livre ce qui nous a amené à la deuxième partie du travail. En ce qui concerne la deuxième partie du mémoire, elle se voue directement à l’analyse du livre La Voie lactée elle-même. Après avoir noté quelques informations théoriques nécessaires, nous avons établi une liste des thématiques, c’est-à-dire des thèmes principaux du roman : l’amour et la mort, les thèmes essentiels auxquels enchaînent les autres thématiques : la peur ou l’incertitude, la folie, les souvenirs ou les rêves et la solitude. Nous les avons donnés dans le contexte pour expliquer la perception de l’auteur de ces thèmes dans le roman un peu chaotique. Nous avons eu la possibilité de remarquer ce chaos dans l’analyse de chaque partie qui était vraiment compliquée à propos de la séparation des idées et des informations dans l’oeuvre. Pendant toute l’histoire, les souvenirs, les idées et les événements se mêlent. Nous nous sommes orientés vers les moments essentiels dans le texte et vers la vue de situation qui pèse au personnage principal. En s’orientant vers les détails et les sentiments qu’Anne a ressenti presque dans chaque partie, nous avons découvert un motif très intéressant qui pourrait expliquer le titre de l’oeuvre. C’est le motif du voyage qui nous rappelle des voyages en étranger ou dans une autre ville, des nouveaux commencement avec son amant, mais aussi de la chute suicidaire de la tante de Fanny et d’une femme de tableau au musée. « La Voie lactée » sûrement signifie une certaine distance, au bon ou mauvais sens du mot.
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En avançant, nous nous poussons à la troisième partie du travail qui implique la traduction des pages 51-67. La traduction demande beaucoup de connaissances. Il ne suffit pas seulement de posséder de bonnes notions de la langue française (langue source) et tchèque (langue cible), mais aussi des connaissances approfondies s’agissant du lexique et du syntaxe. À propos de la traduction, il était parfois difficile de trouver un équivalent tchèque adéquat. Louise Dupré s’exprime poétiquement. En général, elle utilise des mots courants bien traduisibles, mais il est nécessaire de vraiment réfléchir comment cet ensemble des mots traduire en tchèque pour essayer d’imiter le même effet que l’auteur a voulu nous céder. Enfin, nous avons examiné l’oeuvre du point de vue de la langue. Nous avons voulu démontrer le style de l’écriture de Louise Dupré. Il faut constater que quelques aspects concernant le style de l’écriture de l’auteur, nous avons dit dans l’analyse thématique de chaque partie. Nous pouvons spécifier l’écriture de Louise Dupré comme une écriture féminine. Elle se concentre beaucoup sur la description et sa description comporte une certaine tendresse. Il faut dire que c’est seulement la femme qui est capable de détailler une situation d’une façon très sensitive. La majorité d’analyse de style est traitée dans la dernière partie du mémoire concernant l’analyse d’un extrait traduit parce que nous pouvons nous appuyer sur le texte. Il faut noter que les différences entre le français et le tchèque existent. Par exemple, l’ordre des mots en français est fixe tandis qu’en tchèque il est plus libre. Louise Dupré applique des phrases longues et complexes et en tchèque il est souvent indispensable de raccourcir ces phrases ou les découper en deux. Elle utilise aussi de longues phrases pour nous faire connaître plus en détail l’ambiance du roman. En somme, cette analyse nous a permis de bien comprendre les différences entre ces deux langues et elle nous pousse à la recherche et la solution des problèmes à propos de la traduction. Nous considérons notre texte comme bien structuré et nous voyons que l’auteur a écrit son roman d’une façon professionnelle, mais aussi très sensitive. Pendant toute l’oeuvre l’écrivaine emploie la première personne du singulier, c’est donc l’héroïne qui nous raconte l’histoire. Le style de Louise Dupré est surtout marqué par la description qui donne au roman une image précise et aussi par d’autres moyens pour attirer l’attention du lecteur, à titre d’exemple, les questions rhétoriques, utilisation fréquent des adjectifs et adverbes etc. Tout cela permet au lecteur de mieux connaître le lieu, les situations et les émotions dans le livre.
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Pour conclure, il faut noter que pour une bonne traduction et pour une bonne analyse de l’oeuvre, il est important d’avoir beaucoup de patience, d’activité et avoir envie de rechercher, de vérifier et de consulter les différents dictionnaires pour atteindre le meilleur succès en ce qui concerne l’effet laissé chez lecteurs, en ce cas plutôt lectrices. Rien à faire, le travail est toujours accompagné des efforts et des expériences que nous devons gagner, à savoir : pratiquer.
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8. Webographie Glossaire des termes relatifs à la traduction : http://www.messagenet.com/glossaire.html http://atilf.atilf.fr/ (Le Trésor de la Langue Française informatisé) http://felix.cyberscol.qc.ca/LQ/auteurD/dupre_l/dupre.html http://slovnik.seznam.cz/?q=&lang=cz_fr http://slovnik.seznam.cz/?q=&lang=fr_cz http://www.autorskecteni.cz/2008/autor/louise-dupre/ http://www.espacefrancais.com Lessard Charles-Eugène, L’analyse littéraire, 2001 : http://lessard.iquebec.com/textelitteraire/ www.pravidla.cz
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9. Annexe
Chapitre un
J
e n'arrive pas à imaginer ses gestes, à les accorder aux
gestes des hommes quand ils déshabillent une femme. Les boutons du corsage, la jupe, les dessous qu'on a choisis un à un et qui seront abandonnés sur le tapis, petit tas de guenilles. Depuis que j'ai entendu sa voix au téléphone, je suis incapable de le voir. Bonjour, Anna. Il a suffi de cette phrase pour que son image se brouille, elle a pénétré les pores de ma peau pour s'installer dans une vieille angoisse. Sans doute a-t-il surpris le tremblement de ma voix quand j'ai dit, Je vous attends. Sans doute, puisqu'il a murmuré, J'ai peur, Anna. Je n'ai pas répondu. Un long silence, qui a amplifié les bruits de l'aéroport Fiumicino, et au milieu de ce silence, les sous-vêtements noirs, là, sur le lit, m'ont paru ridicules. Dérisoires. Il m'a fallu me concentrer pour dire, À tout de suite, Alessandro, quand il a raccroché. Comme si j'étais prise en faute, j'ai tout rangé. Les sousvêtements, la bouteille de Champagne, même les fleurs dans la chambre. Je jouerais sans mise en scène cette fois. L'épreuve du corps. J'ai peur moi aussi, Alessandro. Chaque première fois. Une ancienne terreur, sourde, qui monte du fond du ventre, chaque fois l'angoisse devant un exploit trop grand pour les humains que nous sommes. Vous ne serez qu'une seule chair. Il faut endormir la peur. On invente des scénarios, on se crée un corps qui cache le 52 La Voie lactée corps, une peau semblable à l'image de l'amour convenable, on cherche des bijoux, des jarretelles, on accentue la ligne des seins, on se maquille, on se distrait. Alors, on est rassurée. On se sent libre, légère, on accepte le commencement sans penser à la fin, on ne voit pas son corps comme celui d'un grand oiseau qui se replie dans le mouvement de sa chute. On ne voit pas qu'on est une chute, le vertige d'une chute infinie dans l'abîme. Vous volez en ce moment, Alessandro. Vous défiez la mer, hérissée au bout de ses pointes, elle tempête, elle menace, mais vous ne vous laisserez pas engloutir. Vous arriverez jusqu'à moi avec votre nudité. Je vous réchaufferai, je vous caresserai, je vous recouvrirai de la lenteur de mon corps. L'amour. Peut-être faut-il croire pour devenir amoureux. Croyant, c'est ainsi que je vous imagine, Alessandro, agenouillé dans la terre de Carthage, les ongles rouges
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dans la terre rouge, la douceur obligée de chaque mouvement, la foi qu'il faut pour continuer quand le sol ne veut rien donner. Et le découragement, l'envie d'abandonner le passé à ses mystères, le renoncement. On ne cherche plus à tisser la toile entre les effets et leurs pauvres causes. Vous aimerez peut-être mon araignée, toujours suspendue dans le coin de la salle de bains. Une survivante. Comme Fanny, qui écrit chaque jour ses poèmes. Comme moi aussi, Alessandro. Je suis blanche de peur, mais je vous aimerai, je vous aimerai dans la terreur de mon prénom fou.
Chapitre deux
L
'avion est là, au loin, comme s'il sortait de la campagne,
traînant sa lourde carlingue dans une ouate un peu rosée. La neige a presque effacé la piste d'atterrissage et, autour, tout est d'une blancheur uniforme. C'est la première image qu'Alessandro a eue, une longue bande de terre blanchie, congelée, désertique. Sans odeurs ni parfums. Regrettait-il déjà Rome, bien calé dans son siège? Se demandait-il pourquoi il avait décidé de venir passer les fêtes chez une femme dont il connaissait à peine la voix ? Peut-être comptait-il déjà les jours qui le séparaient de cette vie, là-bas, qui ne m'appartient pas. J'ai compté moi aussi. Environ quinze minutes pour le débarquement, ensuite la douane et les valises, dans moins d'une heure nous nous retrouverions l'un face à l'autre, intimidés, maladroits. Il y aurait les banalités d'usage, Vous avez fait bon voyage ? Nous travaillerions très fort pour abolir le silence. À tout moment, je tournais les yeux vers la grosse horloge, là-haut, qui ne nous laissait pas oublier le temps. J'exerçais ma patience, comme quand maman m'obligeait à l'accompagner à la gare. Papa revenait de Toronto, il fallait abandonner l'édifice que j'étais en train de construire, avec de minuscules briques rouget. Je me débarbouillais, puis je m'engouffrais dans la Meteor en claquant la portière, exprès. Mais maman n'entendait pas. Elle tenait le volant d'une drôle de manière, à cause du 54 La Voie lactée beau vernis à ongles, tout frais. Elle vérifiait son maquillage dans le rétroviseur, elle chantonnait. Au dessert, papa bâillerait, il voudrait se coucher tôt, maman approuverait, inutile de demander si je pourrais regarder le film à la télévision. Je mettais mon masque de petite fille sage, on recommencerait à s'occuper de moi le lendemain matin. L'agitation maintenant. La porte d'arrivée s'ouvre et se ferme, c'est une gueule monstrueuse qui crache les voyageurs. 51
Une femme, avec son caniche rose, un couple de nouveaux mariés, quelques hommes d'affaires, et des vieux, en noir, si courbés qu'on s'étonne qu'ils soient capables de pousser leur chariot plein de boîtes. On se bouscule, on crie, on s'embrasse, on pleure, c'est l'Italie des films tournés après la guerre, celle des voleurs de bicyclettes et de la misère, la patrie d'Alessandro quand il courait les filles de seize ans. Le voilà, un peu voûté, fatigué. Il s'arrête, il plisse les yeux dans la lumière crue, il me cherche, et je fends la foule, je cours vers lui, je me jette dans ses bras. Quel couple faisons-nous, lui et moi, mes boucles noires emmêlées à ses boucles blanches ? Tout est gris maintenant, les arbres, la route, le ciel, même les flocons qui s'écrasent mollement sur le parebrise du taxi, et les autoroutes qui s'accrochent aux autoroutes, un lacis, un labyrinthe. Puis la ville, les néons, les rues grouillantes de l'heure de pointe, les bouchons. Le chauffeur soupire, il lance une phrase en arabe. Alessandro me laisse la main, il lui répond en arabe, il s'anime, le voici à Carthage. Je ne saisis que des noms de ville, Tunis, Sousse, qui résonnent comme des noms de femmes à travers lesquels surgit le visage glorieux de Jasmina. Je ferme les yeux, j'implore une présence qui pourrait me sauver. Je vois la silhouette de Fanny, elle me tend son briquet, j'allume. J'essaie d'allumer un bûcher pour Jasmina, mais je ne réussirai peut-être qu'à brûler avec elle.
Chapitre trois
D
es cercles, des spirales, des volutes. Alessandro dessine,
du bout des doigts, sur le duvet de mes bras, comme pour accepter lentement la volonté de l'amour. Il n'ose pas encore effleurer la peau fragile du cou, glisser la paume jusqu'à la moiteur de mes seins. Je retiens mon souffle, je n'ose pas bouger. Il n'a pas caressé le corps d'une autre femme depuis la mort de Jasmina, je sais cela, maintenant, je le sais. Et avant, quand Jasmina était vivante ? C'est une question que je ne lui poserai jamais. La pièce est déjà plus fraîche, les bûches ont donné tout leur feu, il faudrait raviver les flammes. Tant pis. Surtout ne pas bouger, ne rien déranger, attendre que le désir l'emporte sur la mort. Ce silence, autour de nous, ce recueillement. Alessandro glisse la main sous mon chandail. Puis ce frôlement, à peine perceptible, nous voici dans le noir de l'amour, déjà noués en une même solitude. Ce diamant entre les cils d'Alessandro, quelle phrase le hante en ce moment? Sa mère en pleurs qui jure fidélité à son père ou Jasmina qui 52
le supplie de ne jamais l'oublier ? J'approche les ièvres, j'effleure sa peau douce, juste en dessous de l'oeil puis la barbe et les lèvres, pudiquement les lèvres, comme on risque un premier aveu. Mon amour. Les mots se sont formés trop vite dans ma bouche, ce sont les mots d'une 56 La Voie lactée femme qui n'a personne à pleurer. Alessandro a-t-il entendu? Ses lèvres, presque dures sur mes lèvres, puis sa langue pénètre ma bouche, il me lèche, il veut avaler tous mes mots. Il acquiesce maintenant, je le sais, tout son corps, le sang dans les veines, malgré la mémoire, la chevelure bénie de Jasmina, les disputes, les fous rires, la lumière tamisée de la maison de Tunis, l'extase l'après-midi durant la sieste des garçons, l'éblouissement de la chair qui, une fois de plus, a accompli la promesse de l'amour. Je t'aime, Alessandro. Je l'ai tutoyé, entraînée par un tourbillon que rien ne peut désormais arrêter. Entre nous, il n'y a plus que nous, vivants, tremblants, nous et l'orgueil démesuré de l'oubli. Je t'aime. Ce n'est pas un aveu, plutôt une façon de l'amener à moi, tandis qu'il enfonce en moi sa chair gorgée de sang, chaleur, douceur, violence, puis éclatement, comme si toutes nos fibres volaient dans l'espace, tourbillon de cellules, poussière dorée, retour à l'opacité bienfaisante de l'abîme avant la séparation de la terre et des eaux. Nous ne sommes plus personne. Alessandro prend ma tête entre ses mains et me regarde, lentement, comme pour se faire à l'épreuve de mon visage. Il me fixe, ahuri, triste, coupable, Jasmina vient de retourner à ses cendres, il n'a pas su la garder vivante, éternellement, dans la mort. Je voudrais trouver une parole, consolation, rédemption, mais mon silence se mêle au silence de la nuit. Un long frisson le long de ma colonne vertébrale. De nouveau, c'est le présent, le corps qui réclame un peu de chaleur, crie plus fort que toutes les inquiétudes. J'ai frissonné et Alessandro reconnaît mon visage. Il me sourit, me colle contre lui, m'enveloppe de sa veste. Geste d'amant, d'ami ou de veuf ? Je ne sais pas, comme chaque fois que s'impose la compassion. Je ne cherche pas à savoir.
Chapitre quatre
I
l dort. Collé contre ma peau, il dort, abandonné à sa fatigue.
Son souffle sur ma nuque, un peu rauque. Ce n'est pas un ronflement, quelque chose comme un sifflement, une plainte, un instrument de musique mal accordé, une caresse maladroite. Je veillerai jusqu'à ce que la nuit nous 53
recouvre de sa bonté. Les lumières de la ville dessinent des spectres sur le rideau, mais ils ne nous menacent pas. Alessandro repose dans la chaleur de mon dos, sans culpabilité. Dans la vérité du sommeil, il a séparé mon corps du corps de Jasmina. Je n'ai pas peur. Alessandro s'éloigne un peu de moi maintenant, il fait des gestes brusques, il se débat. Je lui caresse le bras doucement et il se colle à nouveau contre mon corps, il cherche ma fourrure, entre les dents il murmure, Anna, il me reconnaît et s'apaise, voilà, il est apaisé. Non, je n'ai pas à avoir peur, nos corps sont déjà soudés l'un à l'autre dans une très vieille histoire que nous ne connaîtrons jamais. On ne ment pas dans le sommeil. Cette phrase, combien de fois maman l'a-t-elle prononcée ? Mais je ne faisais pas attention, trop préoccupée, la vie qui prend toute \a place, les études, le travail, mes amants, des étudiants en architecture. Et puis ce bel Américain rencontré au bar où je travaille, près de la Citadelle. Maman vient parfois prendre un verre depuis que papa vit auprès d'Eileen, à Toronto. 58 La Voie lactée Aurait-il continué à jouer le bonheur tranquille si le théâtre ne s'était pas effondré en pleine représentation sous nos yeux ? Le regard halluciné d'Alessandro quand je lui ai raconté. Il a vidé son verre d'un trait, les yeux dans le vide, en répétant, Une histoire pour la télévision. Il avait suffi d'une question anodine. Ton père, Anna ? J'avais oublié la honte, j'avais raconté. L'entreprise de papa qui fusionne avec une compagnie de Toronto, les voyages de papa, des séjours de plus en plus fréquents, puis son poste là, besoin de défis, il n'a que quarante-cinq ans après tout. Maman, elle, a son métier d'infirmière, et elle s'occupe si bien d'Anna, à croire que c'est sa soeur à elle plutôt que la soeur de papa ! Moi, je suis à l'université. Tout de même, c'est la fête quand il vient, maman porte des robes qui moulent les hanches, elle nous amène manger chaque fois dans un nouveau restaurant. Nous sommes à table, je me souviens parfaitement. Papa me pose une question sur mes études, je lui réponds avec un reste d'enfance dans la voix, les promenades près du fleuve pour regarder les bateaux venus de pays de légende, et l'inévitable cornet de crème glacée au chocolat. Oui, je me souviens. Puis cet homme qui surgit de nulle part, tandis que le serveur apporte les assiettes. Il ne semble pas nous voir, nous, seulement papa, qu'il appelle Richard, en anglais. Il parle vite, très vite, il est ici pour un congrès, il retournera à Toronto demain. Et papa, lui, quand rentre-t-il ? Eileen n'est pas venue, elle est restée à la maison avec son petit Michael ? Quel charmant
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bambin elle a ! J'entends, Yes, d'une voix éteinte. Un inconnu avec un nom anglophone, Richard Martin, l'amant, peut-être même le conjoint d'une certaine Eileen, vient de prendre la place de mon père à table. Alessandro a détaché sa main de moi, il cherche mes seins maintenant. Maman savait pour Eileen, elle le savait La Voie lactée 59 sans savoir, on sait ces choses-là, dit-elle. On essaie de croire à la fatigue, les longs voyages en train, les problèmes au bureau, mais le sommeil ne ment pas. Elle savait, mais elle faisait semblant de ne pas le voir. Comme je sais pour Alessandro. Je n'ai pas à avoir peur.
Chapitre cinq
L
e café frais moulu, le tabac qui grille dans le fourneau
d'une pipe, une bûche d'érable, et l'odeur du sommeil d'Alessandro entre les draps, j'ouvre les yeux dans un espace habité. Cette année, je passerai le jour de Noël dans un espace habité. Quelle heure est-il ? Depuis combien de temps Alessandro est-il levé ? Ces questions qui flottent. Je les laisse flotter, encore engourdie de sommeil, accrochée à un rêve dont je garde une sensation de douceur, comme si on pouvait marcher dans le vide sans risquer de se fracasser les os. Ce serait un bon début de poème, dirait Fanny. Elle sortirait de sa poche son carnet rouge. Aujourd'hui, elle va rejoindre son nouveau copain à la campagne, elle rencontre sa famille, un père une mère qui vivent ensemble, des soeurs et des frères, un chien. L'enchantement. J'ai souri, sans commenter. Alessandro et moi, nous passerons le réveillon seuls. J'ai patiemment fait le menu, j'ai le goût des gestes sans conséquence. Laver des champignons pour la salade, essuyer une larme qui risque de tomber sur l'oignon frais coupé, puis calculer, non pas les dimensions d'un immeuble, mais le temps de cuisson de l'oie ou l'heure à laquelle il faudra prendre l'entrée. Penché au-dessus de la ville, Alessandro mâche paresseusement sa pipe, il essaie de reconnaître les masses verticales qui s'étirent dans la lumière neigeuse du matin. Une La Voie lactée 61 église, repérable à son clocher, les édifices, les tours au loin, les silos du port. Je m'approche doucement, je frôle son bras, il se retourne, Bien dormi, Anna ? Puis il glisse derrière mon oreille une mèche rebelle qui couvre mon oeil droit. Je 55
t'ai préparé l'eau de vaisselle que tu appelles du café. Je lui tire la langue, il rit. La nuit ne nous a pas séparés. Les flammes montent, hautes, grasses, triomphantes, puis la bûche s'effondre. Alessandro se retourne en souriant. Je suis bien ici. Je prends sa main dans la mienne, j'essaie d'imaginer sa vie à Rome, son appartement dans le bruit strident de Rome. Je lui demanderai de me le dessiner, quand je m'en sentirai capable. Pour l'instant, notre histoire à nous tient dans le fond de notre main. Un aprèsmidi à Carthage, une soirée à Tunis, la mémoire de trois nuits au fond des draps. Mais tout de même, il y a des souvenirs. L'attente interminable de décembre, les messages, les doutes. La photo de Jasmina. Et puis Fanny, heureusement, mon ange rouge, qui est apparue au bon moment, comme dans les temps où les anges descendaient du ciel pour nous sauver. Alessandro, il y avait des anges à Carthage ? Il me regarde, amusé, il plonge la main dans l'ouverture de ma robe de chambre. Il ne répondra pas.
Chapitre six
L
a nuit s'est répandue doucement et nous l'avons laissée
se répandre, jusqu'à ce que tout soit englouti, les fauteuils, les lampes, l'arbre de Noël, même la fenêtre n'a pas été épargnée, ni le ciel, d'un noir rosé, velouté. J'ai voulu me lever pour aller placer un disque dans le lecteur, mais Alessandro a posé sa main sur mon bras, pourquoi nous priver du silence et, au coeur du silence, de la vie de l'immeuble qui nous arrive par vagues lentes ? Justement, dans le corridor s'est élevé le rire d'un père Noël, de jeunes enfants ont poussé de petits cris de joie, et nous nous sommes mis à rire, joyeux nous aussi, captifs d'un vieux passé qui se réveillait en nous, comme s'il s'était simplement assoupi. Alessandro s'est levé, il a cherché à tâtons son chemin jusque dans la chambre, il est revenu avec un cadeau, l'a déposé sous l'arbre de Noël. Alors, j'ai pris dans le placard un livre d'art que Fanny m'avait aidée à emballer. Et son cadeau à elle, une anthologie de poésie que la libraire m'avait conseillée. Dommage, je ne pourrais pas la lui donner ce soir. Je ne l'entendrais pas battre des mains, puis s'exclamer. Jusqu'à quel âge les joies de la première enfance réclamentelles du bruit, des gloussements, des petits vacarmes qui nous rassurent sur notre capacité d'être aimé ? Alessandro a voulu parler à son petit-fils. J'ai entendu sa voix en italien, chantante, sonore soudain, ce n'était plus
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La Voie lactée 63 tout à fait le même homme, comme quand on retrouve sa première langue. Plus jeune, plus enjouée, sa voix de Noël, coupée de toute nostalgie. Il s'est interrompu brusquement, il a posé sa main sur le récepteur, il a dit, Anna, Marco voudrait te saluer. Interloquée, j'ai répondu, Je ne parle pas italien, puis j'ai pensé, Jasmina n'était-elle pas tunisienne? Marco avait sans doute appris le français en même temps que l'arabe et l'italien. Je me suis retrouvée debout, face à la ville maintenant prête à accueillir l'enfant crucifié, j'ai conversé avec le petit Marco de la photographie, le bambin effronté que j'avais réduit en flammes avec l'aide de Fanny. Je me suis entendue lui souhaiter joyeux Noël. Lorsque j'ai raccroché, mes yeux ont rencontré ceux d'Alessandro, son fils venait de lui offrir le cadeau de Noël qu'il espérait, il avait dessiné une ligne entre le passé et le présent. Une ligne poreuse, mais un trait tout de même, une démarcation. J'ai dit, Il est très bien, ton fils. De petites gouttes ont glissé dans la barbe d'Alessandro, il a ajouté, Ce sera moins facile avec Gianni. La photographie a ressurgi encore une fois de ses cendres, et, un peu à droite, un bébé grassouillet, lové dans la chaleur du corps de Jasmina. Pourquoi avoir brûlé la photographie ? J'aurais aimé la revoir, observer la posture de Gianni, l'expression de son visage, isoler les détails qui m'avaient échappé. J'avais à peine regardé les deux enfants, et voilà qu'ils se mettaient à exister, ils devenaient des hommes susceptibles de dire oui ou non, des hommes bien vivants qu'on ne pouvait plus ranger dans un album-souvenir. C'était le vertige de nouveau dans ma tête, la robe de la femme ouverte comme un parachute, ses lèvres figées, ses yeux qui un instant me sourient. J'ai entendu un renâclement à côté de moi, on pleurait, doucement, moi qui n'avais jamais vu pleurer un homme. Alessandro sanglotait, vieilli, tassé sur lui-même. Défait. Je l'ai entouré de 64 La Voie lactée mes bras, en silence, comme avaient dû le faire sa mère, Jasmina, et sa soeur peut-être, et d'autres femmes encore dont j'ignorerais toujours le prénom, des amies, des amantes d'un soir ou de quelques mois rencontrées à Carthage, à l'heure où il faut se cacher du soleil brûlant. J'étais soudain une autre femme, qui ?, peu importait. Alessandro sanglotait, il fallait le consoler, je le consolais. Sur le mur, une immense créature à deux têtes s'était formée, elle se berçait lentement dans son ombre, peut-être n'étais-je plus une femme, peut-être n'étions-nous plus des humains, Alessandro et moi, mais des monstres, des poissons volants, des crabes qui essayaient de creuser ensemble une
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brèche dans l'écorce terrestre. Entre nous, il n'y avait que nous, avec notre histoire fragile. Nulle part nous n'étions à l'abri.
Chapitre sept
V
ous ressemblez à mon grand père. Alessandro a déposé sa
fourchette dans son assiette, il s’est mis à rire, d’un rire franc, bruyant, en cascade, comme une quinte de toux. Fanny a baissé les yeux, elle a dit, II est bien, mon grand-père. En s'essuyant les yeux, Alessandro lui a tapoté la main pour lui montrer qu'il comprenait, puis de nouveau les épaules se sont mises à lui sauter, le rire a recommencé. Pour la rassurer, j'ai dit, Tu sais, on ne se rend pas compte du temps qui passe. Une heure plus tôt, j'étais descendue avec Fanny chez le marchand de l'immeuble, et j'avais sursauté quand un homme avait dit, Mère et fille. C'est beau de vous voir. Fanny avait glissé son bras sous le mien, elle avait fait à l'homme un sourire éblouissant, tandis que j'essayais d'étirer mollement les lèvres. Dans l'ascenseur, elle avait dit, C'est chouette, non, que tu passes pour ma mère! J'aurais crié, Non, Fanny, je ne veux pas passer pour ta mère. Mais j'avais fait un autre sourire poli. L'osso buco est tiède déjà dans mon assiette, il a suffi de quelques minutes seulement. J'observe la tache brune sur ma main gauche, un oeil à demi fermé qui me regarde. Au début, on pense à une blessure, on s'est frappée contre un chambranle, mais l'oeil ne disparaît pas, il continue à nous surveiller. Un jour, on sait qu'il est là pour rester, et on 66 La Voie lactée songe aux mains de sa mère, de plus en plus semblables aux mains de sa grand-mère, avec ces grosses veines violettes qui nous faisaient penser à des mains de sorcière quand on était enfant. Maman avait une bonne voix quand elle a téléphoné, hier, pour me faire ses voeux. Le soleil, la mer, l'hôtel, elle décrivait tout, Et puis ta tante Anna se porte à merveille, a-t-elle dit en détachant chacune des syllabes pour que je comprenne. J'ai compris, oui, pas de crises pour des riens, pas de reproches, le Sud lui faisait toujours le plus grand bien, les voix dans sa tête s'étaient assoupies. Pour l'instant. Elles réapparaîtraient quand l'avion se poserait sur l'asphalte gelé. J'ai demandé à maman de faire mes bons voeux à Anna. J'ai entendu ma tante, du fond de la chambre, me lancer, Joyeux Noël, c'était un bon signe, vraiment, depuis 58
combien d'années ne m'avait-elle pas adressé la parole? Un jour, en ouvrant le placard chez maman, j'avais aperçu une boîte enrubannée que j'avais laissée pour Anna. Elle avait refusé le cadeau, maman avait fait son haussement d'épaules habituel, pourquoi chercher à comprendre ? Elle s'était habituée aux changements brusques d'humeur chez Anna. Comme aux changements de température, l'hiver, lorsque les vents contraires se livrent bataille au-dessus de nos têtes sans qu'on n'y puisse rien, sinon attendre la clémence des cieux. Alessandro avait voulu tout savoir d'Anna, je répétais ce que je savais, pas grand-chose à vrai dire, c'était la folie sans explications, la folie ordinaire, celle qu'on ne montre jamais dans les reportages à la télévision. J'étais allée chercher des photos. Je lui avais montré les petits rectangles jaunis, Anna et papa avec leurs parents, Anna à sa première communion, Anna adolescente, et Anna métamorphosée en élégante jeune femme. Tu ressembles à ta tante. Oui, on me l'avait tellement répété. À cette femme-là, je La Voie lactée 67 voulais bien ressembler, mais pas à l'autre, celle que j'avais connue, la grosse femme des électrochocs et des médicaments. Elle avait été belle, Anna, jusqu'à vingt-deux ans, disait papa. Puis il y avait eu cette guerre dans sa tête, des bons et des méchants, le cerveau avait été bombardé comme une ville, on n'arrivait plus à le reconstruire. Le soir, dans mon lit de petite fille, j'essayais de chasser tous les soldats qui auraient pu s'approcher de moi. Alessandro riait, il n'a jamais eu peur de la folie, lui. Il m'a demandé, Tu n'as jamais eu envie d'écrire? J'ai haussé les épaules. Il me faut des lignes et des équations, des chambres bien alignées le long des corridors, des murs de béton. Écrire, c'est la folie douce de Fanny. C'est d'elle qu'il se moque maintenant. Ne fais pas cette tête-là, je vois bien que j'ai l'air d'un grand-père. Je frissonne, soixante-deux ans bientôt, qu'est-ce qui l'attend? Ce qui nous attend tous, même Fanny, et je n'ai pas le goût de rire. Mais j'entends Alessandro dire à Fanny, On réussira à faire rire Anne, tu crois ? Il ne m'appelle plus Anna.
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