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Une autre façon de passer l’été 2011 CINEMA ARENBERG : www.arenberg.be
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Écran Total 2011 «Le tourisme est le soporifique suprême. C’est un énorme abus de confiance qui donne aux gens l’impression dangereuse qu’il y a quelque chose d’intéressant dans leur vie. C’est le contraire des chaises musicales. Chaque fois que la musique s’arrête, les gens se lèvent et dansent autour du monde, et toujours plus de chaises sont ajoutées au cercle, plus de marinas et d’hôtels Marriott, si bien que tout le monde croit avoir gagné… Le touriste d’aujourd’hui ne va nulle part… Tous les progrès de l’existence mènent aux mêmes aéroports et aux mêmes hôtels sur la plage, à la même pina colada pipeau. Les touristes sourient à leur bronzage et à leurs dents éclatantes, et s’imaginent être heureux… Le voyage est le dernier fantasme que nous a laissé le XXe siècle, l’illusion qu’aller quelque part nous permet de nous réinventer… Il n’y a nulle part où aller. La planète est bourrée à craquer. Vous pouvez aussi bien rester chez vous et dépenser votre argent en glaces au chocolat…»
En cette période estivale, un petit extrait rageur du formidable écrivain britannique J.G. Ballard, pour se rappeler que l’Écran Total peut être un voyage alternatif passionnant....
J.G.Ballard, Millenium People, Folio, 2006 (trad. Philippe Delamare)
«Toerisme is de grootste slaapverwekker. Het geeft de mensen de gevaarlijke indruk dat er iets belangrijks gebeurt in hun leven. Het is een soort tegenovergestelde stoelendans. Elke keer dat de muziek stopt, worden er geen stoelen weggenomen maar bijgeplaatst. Dansend vertrekken toeristen op reis, en worden jachthavens en Marriott hotels gebouwd, waardoor iedereen denkt gewonnen te hebben. De toerist van vandaag gaat nergens heen, tenzij naar dezelfde luchthavens, strandhotels, pina colada’s. Ze achten zich gelukkig met hun teint en witte tanden. Vakantie is het laatste fantasme van de 20e eeuw, de illusie dat ergens heen gaan ons toestaat om onszelf te vernieuwen. Maar men kan nergens meer heen, de planeet is gevuld tot aan de rand, je kan evengoed thuis je geld uitgeven aan ijs en chocolade.»
Voor deze zomer, een klein citaat van de formidabele Britse schrijver J.G. Ballard, om u eraan te herinneren dat Écran Total u een inspirerend alternatief kan bieden....
J.G.Ballard, Millenium People, Folio, 2006 (trad. Philippe Delamare)
3 Pour en savoir plus
Les rencontres
Les films repris à Mons
Inédits...........................................................8
Cycle Peter Watkins..............................56
Classiques..................................................26
Carte blanche Marjane Satrapi.........64
Reprises.....................................................46
Cycle Luchino Visconti......................... 72
Prolongations...........................................94
Documentaires.........................................98
Horaires................................................... 103
Cycle Média Crisis.................................84
A-Z............................................................. 108
Focus Capricci....................................... 100
BNP PARIBAS FORTIS SOUTIENT LE CINÉMA BELGE À TRAVERS LE PROJET CINEVOX.BE
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Reprise de la Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2011 au Cinéma Arenberg du 23 au 28 juin Tous les soirs à 19h15 et 21h30
Avec le soutien de Met de steun van
L’Écran Total à Mons
Cinéma Plaza Art du 12 juillet au 6 septembre Hereafter (Au-delà) Clint Eastwood
Le Cercle rouge Jean-Pierre Melville
A partir du 24 août -----
A partir du 14 juillet -----
Des jours et des nuits dans la forêt Satyajit Ray
Network (Main basse sur la télévision) Sidney Lumet
A partir du 28 juillet -----
Elle ne pleure pas, elle chante Philippe De Pierpont A partir du 13 juillet Avant-première en présence de l’équipe du film : mardi 12 juillet à 20h -----
Femmes du Caire Yousry Nasrallah
A partir du 10 août -----
Monty Python : sacré Graal ! Terry Gilliam & Terry Jones A partir du 14 juillet -----
Punishment Park Peter Watkins A partir du 25 août -----
Rebecca Alfred Hitchcock
A partir du 18 août -----
La Classe ouvrière va au paradis Elio Petri A partir du 4 août -----
A partir du 11 août -----
Rocco et ses frères Luchino Visconti A partir du 28 juillet -----
La Vie au ranch Sophie Letourneur
The Hunter Rafi Pitts
A partir du 28 juillet -----
A partir du 11 août -----
Viridiana Luis Bunuel A partir du 25 août -----
Horaires sur www.plaza-art.be
Cinéma Plaza Art Rue de Nimy, 12 7000 Mons 065/35.15.44
[email protected]
Les rencontres Mercredi 29 juin - 19h Elle ne pleure pas, elle chante
Vendredi 15 juillet - 18h50 Spectres
Rencontre avec le réalisateur Philippe de Pierpont et l’actrice Erika Sainte. Voir p.12 -----
Rencontre débat avec le réalisateur Sven Augustijnen. Voir p. 23 -----
Mercredi 29 juin - 19h10 Soirée Ptit Ciné
Mercredi 31 août - 19h La Bombe
Kashima Paradise (Yann Le Masson & Bénie Deswarte). Présentation du film par Patrick Leboutte. Voir p.83 -----
Leçon de cinéma autour des films de Peter Watkins par Thierry Odeyn (Chargé de cours - l’Insas, Erg, Ihecs). Voir p.58 -----
Jeudi 30 juin - 19h Carte Blanche à Marjane Satrapi
Vendredi 2 septembre - 19h Media Crisis
Rencontre avec Marjane Satrapi et projection de Monty Python Sacré Graal (Terry Jones et Terry Gilliam) voir p. 69 -----
Soirée débat avec Ignacio Ramonet, Hugues Le Paige et Marcel Trillat suite à la projection de Marcel Trillat, le temps du JT (Yves Gaonac’h). voir p.84 -----
Dimanche 3 juillet Focus Capricci
Mercredi 7 septembre - 21h00 Soirée ZinéGlüb
-1 4h00 : Rencontre avec Thierry Lounas (Capricci) autour du film La BM du Seigneur (Jean-Charles Hue) voir p.101 -1 6h10 : Rencontre avec Emmanuel Burdeau (critique cinéma) autour de l’univers de Judd Apatow et du film Supergrave (Greg Mottola) voir p.101 -----
21h00 : Black Music, des chaines de fer au chaines en or 23h30 : Antifa, chasseurs de skins Rencontre avec le réalisateur Marc-Aurèle Vecchione + extrazzz Voir p. 82 -----
Dimanche 3 juillet - 18h50 Le Président
Jeudi 8 septembre - 19h Media Crisis
Rencontre avec le réalisateur Yves Jeuland et son producteur Alexandre Hallier. Voir p.17 -----
Soirée débat avec Pierre Carles autour de son dernier film Fin de Concession. En présence de Gilles Martin (Editions Aden). voir p.88 -----
Jeudi 14 juillet - 21h30 Soirée Ecran d’Art
Dimanche 11 septembre – 19h Soirée Ptit Ciné
Boulevard d’Ypres / Ieperlaan Rencontre avec la réalisatrice Sarah Vanagt. Voir p. 82 -----
l’Autobiographie de Nicolae Ceausescu (Andrei Ujica). Présentation du film par Dominique Nasta (professeur à l’ULB et spécialiste des cinémas de l’Est). Voir p. 79 ------
toutes nos rencontres se dérouleront en français. merci de votre compréhension. al onze ontmoetingen verlopen in het frans. wij danken u voor uw begrip.
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In The Death of Mr. Lazarescu liet de Roemeense regisseur Cristi Puiu ons beklemmend in de ziel kijken van een man die aan het sterven was. In zijn nieuwe film Aurora, waarin hij zelf ijzingwekkend de hoofdrol vertolkt, doet hij iets gelijkaardigs maar de opzet is grimmiger. Deze donkere en zo goed als dialoogloze thriller is een met zwarte humor gekruide studie van een moordenaar. En met studie bedoelen we dat Puiu extreem ver gaat in het zo naturalistisch mogelijk observeren van het doen en laten van deze gestoorde protagonist die we gedurende anderhalve dag volgen tijdens zijn zwerftocht door Boekarest. Het is niet de daad van het moorden zelf die hem interesseert. Zijn film is een meditatie over de stelling dat de menselijke wil ergens gedetermineerd is om te doden. De titel is bedoeld als een soort antwoord op Murnau’s hoopvolle stille klassieker Sunrise.
Aurora Cristi Puiu
Lors de la projection à Cannes en 2010, le cinéaste Cristi Puiu avait déclaré que son film était long, et il s’en excusa. Aurora dure trois heures, soit une demi-heure de plus que La Mort de Dante Lazarescu, qui lui avait valu le prix Un certain regard en 2005. Cette comédie à l’humour noir retraçait la nuit absurde d’une infirmière et d’un pauvre vieillard, trimballé d’un hôpital plein à un autre dans Bucarest jusqu’au décès du malade. [...] Puiu tient lui-même le rôle principal dans Aurora : son personnage, Viorel, 42 ans, semble vivre seul dans un appartement en chantier. On tente de le suivre dans ses différentes activités sans toujours comprendre où il veut en venir... Finalement, il tue à bout portant un homme et une femme dans le parking d’un grand hôtel. On est à la moitié du film. Le principe du regard documentaire agissant dans Lazarescu est maintenu ici mais l’humour n’affleure plus qu’à de rares endroits pour laisser place à un mélange hypnotique d’extrême tension et de totale vacuité. La motivation de Viorel, les causes de son comportement, au début juste bizarre puis carrément psychotique, ne seront données qu’à la toute fin de l’histoire. C’est le portrait d’un homme sans qualité dans une ville sans attrait, la description de crimes prosaïques qui ne seront pas même mentionnés dans les journaux. Puiu a déclaré qu’il se situait dans la filiation des Contes moraux de Rohmer : «J’ai cherché à restituer l’acte criminel en dépeignant le visage noir que je croise quotidiennement chez les gens. Des gens qui n’ont jamais tué.» L’hypocondriaque est aussi souvent un misanthrope et un phobique. La pulsion négative du cinéaste à l’endroit de son pays, et plus largement à l’égard du monde, nous est très sympathique. Son film est à tout point de vue un acte courageux et un suicide commercial. d’après Didier Péron, Libération
avec Cristi Puiu Valentin Popescu Clara Voda Roumanie 2009 179’ - VO st bil
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Bon Ecran Total !
en attendant de découvrir d’autres films belges LE GAMIN AU VÉLO LES GÉANTS LA FÉE A PAS DE LOUP AU CUL DU LOUP BERLIN TELEGRAM DE LEUR VIVANT ELLE NE PLEURE PAS, ELLE CHANTE FELIX ET LES LOIS DE L’INERTIE FILS UNIQUE LA FOLIE ALMAYER LE GRAND’TOUR L’ENVAHISSEUR L’HIVER DERNIER MONTANA THE TAMED ONES VIVA RIVA !
Luc & Jean-Pierre Dardenne
Les Films du Fleuve
Bouli Lanners
Versus production
F. Gordon, D. Abel & B. Romy
Courage mon Amour
Olivier Ringer
Ring Prod
Pierre Duculot
Needs Production
Leila Albayaty
Stempel Films
Géraldine Doignon
Hélicotronc
Philippe de Pierpont
Iota Production
François Hien
CineSilex
Miel Van Hoogenbemt
Entre Chien et Loup
Chantal Akerman
Artémis Productions
J. le Maire, V. Solheid & B. De Cloedt
La Parti Production
Nicolas Provost
Versus production
John Shank
Tarantula Belgique
Stephan Streker
MG Productions
Vincent Lannoo
Left Field Ventures
Djo Tunda Wa Munga
MG Productions
Le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, Communauté française de Belgique 44 Boulevard Léopold II, B-1080 Bruxelles, T +32 (0)2 413 22 19
Voor Boxing Gym trok de inmiddels 81-jarige Amerikaanse documentaire meester Frederick Wiseman gedurende zes weken naar de Lord’s Gym, een bokszaal in Austin, Texas. Mensen van heel verschillende etnische afkomst, leeftijd en sekse komen er zich uit de pleuris werken om de juiste bokstechnieken onder de knie te krijgen. Niet de sport op zich interesseert Wiseman. Wel het thema geweld. Of anders gezegd : hoe de op zich gewelddadige bokssport er zich juist toe leent om dat geweld op de juiste manier te kanaliseren. Wiseman heeft in deze compacte en lyrische sociale documentaire ook bijzonder veel oog voor het menselijke lichaam in beweging. Zijn 38ste film heeft bijgevolg soms meer weg van een soort abstracte dansfilm, een indruk die nog versterkt wordt door de speciale aandacht – zowel auditief als visueel – voor het ritme en de fysieke actie van het boksritueel.
Boxing Gym Frederick Wiseman
Comment filmer la boxe comme sujet à part entière, sans scénario épique pour la soutenir ? Et surtout, pour y montrer quoi ? Frederick Wiseman a son idée sur la question, particulièrement brûlante : tout comme il décomposait le ballet dans La Danse, le ballet de l’Opéra de Paris, le documentariste dépouille ici la discipline jusqu’à l’os, pour isoler le mystérieux fluide primaire qui attire tant les regards de cinéastes. [...] En investissant la salle de boxe texane de Richard Lord, ancien champion décidé à prêcher les profanes, Wiseman privilégie les jeux de jambes sur la parole. Directs, crochets, impacts sonores du cuir sur les mâchoires crispées : le montage flâne d’un corps à un autre, obnubilé par la singulière gestuelle. [...] Une drôle d’inversion se produit : au lieu de voir, comme dans les fictions dédiées à la boxe, de petites gens révéler leur bestialité dans l’arène, on a d’abord affaire ici à des combattants à l’affût, dont l’humanité va graduellement se dessiner. Toute la magie de ce temple sportif – et de la mise en scène – tient à cette prouesse : faire du ring une nébuleuse hors de la société, où notables et prolos trouvent l’entente dans l’affront, précisément parce que celui-ci est maîtrisé. [...] Si une cohésion s’installe, c’est justement que la boxe assume ce moment d’ambiguïté où il est permis de se détester primitivement, sans toutefois se détruire; la haine n’est pas expiée dans l’effort, mais détournée, et circule grâce à un étrange pacte libérateur. Cette ambiguïté, qui fait du sport à la fois une philosophie et un spectacle fascinant, Boxing Gym l’explore sans trop la formuler, réservant sa bande-son aux échanges triviaux et aux collisions résonnantes entre les murs du sanctuaire. Pas besoin de plus : la boxe parle d’elle-même. Yal Sadat, Chronicart
États-Unis 2010 91’ - VO st fr
Frédérick Wiseman Frédérick Wiseman Gallimard/MOMA, 2011
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Elle ne pleure pas, elle chante Philippe de Pierpont
avec Erika Sainte Jules Werner Marijke Pinoy — Belgique 2011 78’ - VO fr st nl
29.06.11 - 19:00 En présence de l’équipe du film
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Elle ne pleure pas, elle chante, Amélie Sarn Albin Michel, 2002 Elle ne pleure pas, elle chante (BD) Eric Corbeyran & Thierry Murat Delcourt, 2004
Ce film, c’est l’histoire d’une délivrance, comme on le dit d’un accouchement : Laura va s’accoucher toute seule. Elle était possédée, sous l’emprise de son père et de ses peurs d’enfant, elle va s’en libérer. Peu à peu, elle va se réapproprier son intégrité, son existence. Ce scénario est tiré d’un roman écrit par Amélie Sarn. J’ai été secoué à la lecture de son livre. Bizarrement et fortement secoué. Nul besoin d’avoir été un enfant abusé sexuellement pour pouvoir être envahi par les émotions et les questions qui traversent cette histoire. La force de la fiction est justement celle-là : le partage intime d’expériences et de sentiments profonds qui pourraient sembler loin de soi. L’argument de départ du film semble lourd : l’inceste. Un sujet vu et revu, un bon sujet pour la télé : du pathos et du mélo, un mélange d’intimité mise à nu et de spectaculaire, un énorme potentiel de confidences ou même d’aveux et de remords. J’en parle tout de suite pour couper l’herbe sous le pied à ces considérations générales... et déplacées ici. En effet, le film ne traitera pas directement de l’inceste, même si c’est bien cette situation qui en est le point de départ hors champ et va teinter fortement toutes les scènes du film. Ce film, c’est l’histoire d’une femme qui se libère en (se) racontant. Une femme dépossédée de sa vie et qui va se la réapproprier. Une femme bloquée dans le passé, qui va se réconcilier avec son enfance et retrouver son intégrité. La question principale n’est pas l’inceste mais bien : «Comment se libère-t-on de ses peurs, de ses blessures pour aller de l’avant et se (re) construire ?». [...] Ce que mon film cherche, c’est cet «apprivoisement» de la douleur, de la monstruosité, cette possibilité de donner une forme et peut-être un sens au chaos des émotions et des sensations brutes. Note d’intention du réalisateur
‘Ik heb het recht niet om normaal te leven omdat ik in mij dat kleine verscheurde meisje draag. Zo lelijk. Zo lelijk.’ Het zijn enkele zinnen uit Elle ne pleure pas, ..., een roman van Amélie Sarn over een incestverhaal dat al tot een stripverhaal bewerkt was en dat nu ook door Philippe de Pierpont - een ex-assistent van de broers Dardenne - verfilmd is. De fragiele dertigjarige Laura (revelatie Erika Sainte) heeft haar hele leven lang haar woede en pijn opgekropt. Totdat haar vader een accident krijgt, in coma komt te liggen en ze uit haar egelstelling kruipt om aan zijn ziekenbed cru haar hart te luchten. En toch krijg je geen wreed afrekeningdrama. Wel een intiem rouwproces over Laura’s verschrikkelijke jeugd dat met veel ingehouden justesse en zonder te willen schokken of in pathetiek en doorwrochte therapiesessies te vervallen toont hoe gecompliceerd het is om te leven met die pijn van seksueel misbruik.
Hoezo Godard een dinosaurus of karikatuur van hemzelf ? In Film socialisme tart hij als vanouds publiek en filmlogica. Om tot een begeesterend politiek-filosofisch essay te komen over de toestand van Europa. Vandaar dat deze onder meer met mobiele telefoon gefilmde ‘symfonie in drie bewegingen’ vooral rond de Middellandse Zee opgenomen is, de grondslag van onze Europese cultuur. Het eerste deel (Des choses comme ça) is gesitueerd op een cruiseschip, symbool voor de Bijbelse toren van Babel. Het tweede deel (Notre Europe) volgt twee kinderen die hun ouders oproepen voor het tribunaal van hun jeugd. Het slotluik (Nos humanités) is een collage van archiefbeelden over historische plaatsen als Odessa, Egypte en Palestina. Uit die overrompelende flux van associatieve beelden en geluiden ontstaat een intrigerend opus waarin Godard – rusteloos, radicaal - zijn commentaar spuit op geschiedenis, politiek, taal en de toekomst van Europa.
Film socialisme Jean-Luc Godard
J’ai le sentiment, un peu déprimant, que les mots qui s’empilent sur le nom de Godard ressemblent de plus en plus à un nuage de fumée qui fait écran entre nous et ses films. [...] Quelque chose s’est enrayé et s’est mis à tourner à vide, et en boucle, autour du nom Godard. Pourquoi aujourd’hui plus encore qu’auparavant ? Sans doute parce qu’il est devenu un médium à lui tout seul, et que ce médium-là a pris plus d’importance que son œuvre dans la culture journalistique dominante. [...] La première fois, à Cannes, où j’ai vu Film socialisme, j’ai eu le sentiment de me trouver devant un film de très grande ampleur, et d’une haute ambition pour le cinéma, dont témoigne la monumentalité du premier volet sur le bateau-métaphore de la pauvre Europe de la consommation «communautaire». Ma surprise a été grande en entrant sans préavis dans le deuxième volet du triptyque, celui du garage Martin, de retrouver à l’improviste, avec une émotion aussi forte que celle suscitée par la première vision de Sauve qui peut (la vie) en 1980, quelque chose dont j’attendais le retour depuis longtemps dans le cinéma de Godard : qu’il nous parle de nous et d’où nous en sommes dans nos propres vies au moment même où nous voyons le film. [...] Godard est toujours le plus doué des cinéastes pour capter avec ses antennes surdéveloppées les failles et les trous de notre présent, qui font que nous ne sommes pas des personnages de notre propre vie et que notre histoire nous échappe et fuit de tous côtés. De l’insaisissable de notre vécu il fait œuvre de cinéma. [...] Il construit le réel d’aujourd’hui, comme il l’a toujours fait, à partir de ce qui n’est pas encore entré dans le champ du perceptible et de l’intelligible. Que pèsent, à côté de ce geste qu’il est l’un des rares créateurs contemporains à accomplir avec passion et ténacité, les bavardages autour du nom Godard ? Alain Bergala, Cahiers du cinéma
avec Catherine Tanvier Christian Sinniger Patti Smith — France/Suisse 2010 102’ - VO fr
Film socialisme : Dialogues avec visages auteurs, Jean-Luc Godard, POL, 2010 Jean-Luc Godard, tout est cinéma, Richard Brody, Presses de la cité, 2011
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The Hunter Rafi Pitts
Shekarchi avec Rafi Pitts Ali Nicksaulat Hassan Ghalenoi Iran/Allemagne 2009 92’ - VO st fr
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A l’heure où le régime iranien serre encore plus la vis et où le cinéaste Jafar Panahi a des ennuis, The Hunter nous donne de bonnes nouvelles cinématographiques d’Iran. [...] A l’image de l’internationalisme de son auteur, The Hunter mixe avec élégance l’universel et le local, à savoir la stylisation du film noir et la réalité politique contemporaine iranienne. Récemment libéré de prison, Ali est veilleur de nuit, ce qui ne rend pas facile sa vie quotidienne avec femme et enfant. Un jour, à la suite d’émeutes sévèrement réprimées par la police, son épouse et sa fillette disparaissent. Ont-elles été arrêtées ? emprisonnées ? liquidées ? Ali se met à leur recherche, se heurtant au désespérant labyrinthe kafkaïen qui caractérise tout appareil administrativo-policier en dictature. [...] A un moment, le film prend la tangente, quitte la ville, file vers la campagne, la lumière, semble passer du noir et blanc à la couleur. Ce n’est ni l’Iran aride des oliviers vu chez Kiarostami, ni le Kurdistan escarpé et montagneux de Ghobadi, mais un paysage forestier de moyenne montagne tel qu’il en existe partout en Europe. Là encore, Pitts montre un Iran inédit, théâtre naturel d’une chasse à l’homme où proie et chasseur se confondent, avec poursuite en voiture, planque, fusillades. Les figures du film noir se succèdent, infusées d’un sens du tragique impressionnant (la fin évoque celle du chef-d’œuvre de Sirk, Le Temps d’aimer et le temps de mourir). Dans un cinéma iranien souvent inscrit dans l’héritage néoréaliste, The Hunter explore une voie plus rare, celle du cinéma de genre, déjà empruntée par Jafar Panahi dans Sang et or ou par Nader Homayoun dans Téhéran. Et Pitts gagne sur les deux tableaux : il stylise son substrat politicosocial et charge le polar avec l’inévitable contexte politique de son pays. The Hunter, du cinéma élégant et utile. Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
Is The Hunter zo een sterke film omdat hij scherp inspeelt op de Iraanse actualiteit of omdat hij op een slimme manier gebruik maakt van de sjablonen van de Hollywoodcultcinema van de jaren zestig ? Beiden. Regisseur Rafi Pitts – hij speelt zelf de hoofdrol – zoomt in dit thrillerdrama in op de identiteitscrisis van een man verstikt door de maatschappij. Het gaat om de pas uit de gevangenis ontslagen Ali, een nachtwaker met als grootste passie jagen. Door een tragisch incident transformeert hij tot een wandelende tijdbom, terwijl hij opgejaagd wordt door de politie. Deze indringende reflectie over de spanningen in het hedendaagse Iran maakt ook op een prachtig contrasterende manier gebruik van de Teheraanse stadsjungle met zijn grote snelwegen en de winterse bossen rondom. Naar een kort verhaal van Bozorg Alavi, een bekend Iraans schrijver die in de jaren vijftig tot politiek ballingschap gedwongen werd en aan wie de film is opgedragen.
Binnen het imposante oeuvre van Rainer Werner Fassbinder (1945-1982) is het zopas digitaal gerestaureerde Ich will doch nur, daß ihr mich liebt tot nu toe altijd onder de radar gebleven. De koortsig productieve Fassbinder draaide dit melodrama, gebaseerd op een psychiatrische studie, in 1976 voor de Duitse tv maar het komt nu dus pas in de bioscoop uit. Alles in deze beenharde kritiek op het kapitalisme en de consumptiedrift in het Duitsland van het Wirtschaftswunder draait om de ‘economie van de liefde.’ Die liefde heeft het hoofdpersonage Peter nooit gekregen. Ook al bouwt hij een huis voor zijn ouders en overlaadt hij zijn vrouw met geschenken. Meteen wordt hij tragisch meegesleept in een neerwaartse spiraal, door Fassbinder meesterlijk in beeld gebracht als een oogverblindend strenge maar broeierige puzzel want heel de film is opgebouwd als een serie flashbacks terwijl Peter in de gevangenis zijn verhaal aan een psychologe vertelt.
Je veux seulement que vous m’aimiez Rainer Werner Fassbinder Après deux curiosités (Berlin Alexanderplatz et Le Monde sur un fil), Carlotta Film exhume un autre Fassbinder inédit, fomenté pour la télévision (la Westdeutscher Rundfunk, WDR) en 1976. En l’état, il s’agit d’un mélodrame stylisé au vernis cruel appliquant la définition fassbindérienne («Pour qu’il soit réussi, il faut du sang, du sperme et des larmes») et trahissant une nouvelle fois l’influence de Douglas Sirk. [...] En cherchant à reproduire le même impact universel et fédérateur dans le cinéma européen, Fassbinder est parti d’un essai de psychiatrie pour autopsier le mal-être d’un marginal qui souffre de trop-plein : il est trop sensible, socialement inadapté et persuadé d’être programmé pour l’échec. [...] La thèse déterministe est inévitable : le personnage principal est le produit de son environnement. Fassbinder s’identifie à lui avec une empathie presque vitale, rappelant incidemment que les misanthropes sont aussi humanistes que les philanthropes. A travers ses obsessions (les rapports sado-maso, le mirage des sociétés libérales), il dépeint avec un sens de la description proche de Balzac la déréliction de l’Allemagne divisée de l’après-guerre, celle du miracle économique de l’ère Adenauer-Willy Brandt secrètement hantée par les démons du passé. A l’arrivée, Je veux seulement ... tient autant de la tragédie humaine d’écorché vif que du pamphlet social sans s’abîmer dans l’anti-idéalisme destructeur. Fassbinder a beau l’avoir fait pour la télévision, il assure à chaque plan que le cinéma est l’art du mensonge (le style théâtral, le cadre dans le cadre). Le cinéaste pensait sans doute que les spectateurs n’y verraient que du feu. Pourtant, avec tous les artifices outranciers utilisés, il ne pouvait pas mieux capter la vérité des rapports humains. Romain Le Vern, Excessif
Ich will doch nur, dass ihr mich liebt avec Vitus Zeplichal Elke Aberle Alexander Allerson — Allemagne 1976 104’ - VO st fr
Fassbinder par lui-même, Robert Fischer, G3J, 2010
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Eind vorig jaar overleed George Frêche, een autoritaire en populistische politicus die bijna dertig jaar lang (tot in 2004) burgemeester van Montpellier was. Maar Frêche werd ook uit de Parti socialiste gezet omwille van zijn controversiële racistische of provocerende cynische uitspraken en daden (zoals het kopen van een standbeeld van Lenin). Het is dan ook niet voor niets dat men hem de ‘Le Pen de gauche’ noemde. In de boeiende documentaire Le Président van Yves Jeuland wordt Frêche gevolgd tijdens zijn laatste campagne om herverkozen te worden tot voorzitter van de regio Languedoc-Roussillon. De camera lost hem geen moment : tijdens werkvergaderingen en op meetings, achter zijn bureau of in de coulissen van de studio’s. Meer dan een intiem portret van een kleurrijk politiek dier is dit document vooral een soms onthutsende kijk op de politieke zeden en het harde politieke leven met zijn sinistere, demagogische kantjes.
Le Président Yves Jeuland
La mort de Georges Frêche, terrassé par une crise cardiaque dans son bureau, le 24 octobre 2010, a précipité la sortie de ce documentaire, tourné pendant la campagne des régionales, jusqu’à sa réélection à la présidence de la région Languedoc-Roussillon, en mars 2010. Réunions de travail, interviews, déplacements, meetings : l’agitateur, exclu du Parti socialiste en 2007, s’est laissé filmer en toutes circonstances. On le découvre tour à tour vieillard pathétique appuyé sur sa canne, enfournant yaourt ou charcuterie, se rongeant compulsivement les ongles; piètre chanteur, fredonnant sans cesse (et faux); truculent héros d’une campagne en forme de baroud d’honneur, stimulé comme jamais lorsque ses provocations verbales (notamment sur Laurent Fabius, en janvier 2010) le placent au cœur d’un scandale. Le Président fait le portrait d’un politicien autoritaire et populiste, dont l’originalité et la liberté impressionnent, pourtant : là où tant d’hommes politiques affichent bienséance et langage policé, Frêche se moque de se montrer menteur, roublard ou grotesque, comme lorsqu’il mâchouille inexplicablement des Post-it en signant ses dossiers... Mais, au-delà de cette personnalité rabelaisienne, Yves Jeuland livre un véritable document sur la vie politique. [...] Un document effrayant, aussi, lorsqu’il dévoile le cynisme du système : le président, en larmes pendant un meeting, évoque son père «parti à pied de Toulouse, les sabots sur le dos», avant de s’esclaffer, le lendemain, avec toute son équipe, devant une arnaque si réussie – Frêche père était un officier installé. La réalisation est discrète, sans interviews ni commentaire. La politique apparaît avec ses passions, ses tricheries – «en campagne, on peut raconter n’importe quoi et mentir» –, ses perdants d’un jour, vainqueurs le lendemain. Comme un jeu. Le constat est sinistre, le film, passionnant. Juliette Bénabent, Télérama
avec Georges Frêche Laurent Blondiau Frédéric Bort — France 2010 98’ - VO fr
03.07.11 - 18:50 En présence du réalisateur
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La Religieuse portugaise Eugène Green
A religiosa portuguesa avec Leonor Baldaque Beatriz Batarda Eugène Green Portugal/France 2008 124’ - VO st fr
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La Religieuse portugaise est un film particulièrement fort et singulier. Comme l’est son auteur, Eugène Green. Après trois films «français», le cinéaste déplace son cinéma à Lisbonne pour nous conter l’histoire d’une jeune actrice française d’origine portugaise (Leonor Baldaque, actrice révélée par Manoel de Oliveira, phénoménale) qui, à l’occasion d’un tournage (c’est le côté Le Mépris du film), découvre enfin le pays de ses ancêtres. Elle va tour à tour y rencontrer une religieuse mystérieuse, un enfant orphelin, le spectre d’un roi du Portugal, la grâce et un sens à sa vie. [...] L’image et le son sont portés à un tel degré de tension, d’intensité et d’attention que le présent de l’enregistrement cinématographique rend soudain compte de l’épiphanie de chaque instant. Mais ces deux outils ne seraient rien sans les deux autres : d’abord les acteurs – qui incarnent leurs personnages au sens propre du terme –, filmés très souvent face caméra, comme s’ils s’adressaient à nous. Ensuite la parole, qui, dans la grande tradition chrétienne, est action, création chez Eugène Green. Comme dans tous ses films, les comédiens font ici les liaisons entre les mots, léger décalage avec la réalité de notre langue qui nous place dans un état de perception et d’écoute extraordinaire. C’est à travers ce dispositif somme toute très technique, artisanal et prosaïque, ce tamis esthétique savamment mis au point au fil des films que Green tisse peu à peu le filet qui va lui permettre de nous révéler l’invisible, de nous convertir peu à peu à un état de sidération purement physique, comme dans la scène proprement hallucinatoire où la religieuse et la jeune actrice semblent soudain ne plus faire qu’une, se superposer l’une à l’autre dans l’image. Et de nous laisser, au final, dans un état d’émotion incomparable. Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
De regisseur Eugène Green woont al een tijdje in Frankrijk. Daar geldt hij als een specialist van het barokke theater. Sinds een tiental jaren maakt hij ook films : rigoureus gecomponeerde Bressoniaanse tableaus - zie Le pont des Arts - rond het thema liefde, literatuur en spiritualiteit. In La religieuse portugaise vertelt hij het verhaal van een jonge passionele Franse actrice die naar Lissabon reist voor de opnamen van een film geïnspireerd op Minnebrieven van een Portugese non, een beroemd 17de-eeuws werk van Guilleragues. In de lumineus gefilmde hoofdstad van de fado ontmoet ze verschillende mensen, waaronder een echte non, die er bij haar voor zorgen dat voor het eerst de betekenis van het leven tot haar doordringt. Greens uitgepuurde minimalistische stijl zet zowel erudiete als speelse karakter van deze contemplatieve en melancholische fantasie over een mystiek ontwaken nog eens extra in de verf.
Een echte liefdesbrief aan de Braziliaanse hoofdstad kan je Rio Sex Comedy niet noemen. Deze semi-geïmproviseerde farce van de Amerikaanse indieregisseur Jonathan Nossiter bekend van Mondovino; Brazilië is zijn adoptieland - steekt immers lustig de draak met de cultuur van deze exotische metropool en sommige rages zoals de cosmetische chirurgie. Deze zowel hilarische als absurde mozaïek over ras, klassen en seksuele aantrekking focust op een aantal expats zoals de Amerikaanse ambassadeur (Bill Pulman) die onderduikt in de favelas, een Franse antropologe (Irène Jacob) die een docu maakt over de sociale ongelijkheid en een plastische chirurg (Charlotte Rampling) die haar cliënten systematisch een operatie uit het hoofd probeert te praten. Nossiters genereuze en delirante, freewheelend gestructureerde caleidoscoop wordt niet voor niets vergeleken met de excessieve komedies van wijlen Marco Ferreri.
Rio Sex Comedy Jonathan Nossiter
Entre exotisme, libertinage et marxisme, le nouveau Jonathan Nossiter s’avère une comédie débridée, extravagante, absurde, coquine, généreuse, étonnante, ouverte et surtout très drôle. Rio Sex Comedy ? Rien à ajouter. Le titre est limpide : lieu, sujet et genre sont résumés. Concrètement, le film met en scène le chassé-croisé de multiples personnages, selon trois grands axes alternant ou mêlant : une célèbre chirurgienne esthétique britannique fuyant son foyer pour vivre enfin libre malgré un mariage heureux; une documentariste anthropologue française tournant un film sur la condition des femmes de ménage avec son beau-frère; et un ambassadeur américain irresponsable qui s’associe avec un guide touristique amoureux d’une Indienne expatriée avec sa tribu à Rio. L’ensemble est foutraque, le rythme débridé, et Nossiter jongle avec le documentaire, apportant une fraîcheur inattendue devant autant à son regard sur les autres que la ville dont il capte la respiration. [...] Dans Rio Sex Comedy, on couche beaucoup; ou si on ne passe pas à l’acte, le désir est quasi climatique. Tel est à la fois le cliché et la vérité de Rio, dont Nossiter se réjouit pour jouer avec les préjugés culturels occidentaux, tout en passant régulièrement côté brésilien afin de contrebalancer les points de vue. L’idée sert surtout à orchestrer un parallèle entre révolution sexuelle et sociale (chaque personnage est à un échelon de la société), questionnant leurs éventualités, voire les mélangeant en alternant les regards. [...] Il pointe des choses d’un œil badin, et préfère les possibilités de la rencontre à la dénonciation. Rio Sex Comedy se veut d’abord une peinture joyeuse, colorée, libératoire, foisonnante, démocratique, parfois caustique, où Bill Pullman (l’ambassadeur), drôle et génial, invente l’ONG des causes irrationnelles. Tout est dit. Jérôme Dittmar, Fluctuat
avec Charlotte Rampling Bill Pullman Irène Jacob jean-marc roulot France/Brésil 2010 112’ - VO st fr
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Soldat de papier Alexeï Guerman, Jr
Boumajnouïe soldat avec Merab Ninidze Choulpan Khamatova Anastasia Cheveliova Russie 2008 118’ - VO st fr
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Soldat de papier fut la grosse sensation du festival de Venise 2008 d’où Guerman repartit avec le Lion d’argent du meilleur réalisateur sous le bras [...]. On regarde le film et on comprend mieux, mais à le voir déployer une maestria pas possible dans sa mise en scène, on se dit surtout qu’il a bien retenu la leçon paternelle. En effet, Soldat de papier s’étire en de grands plans, tous plus compliqués à mettre en place les uns que les autres : immenses panoramiques chorégraphiés à partir d’entrées et de sorties de plans mettant en danger l’équilibre de la scène, la mise au point photo, et le jeu des acteurs (tous extraordinaires) reposant sur d’incessants dialogues existentiels, les pieds dans la boue. [...] L’action se passe en 1961 sur la base en construction de Baïkonour, gadoue kazakhe dans laquelle patauge un médecin qui vient de franchir la quarantaine et se déchire entre deux femmes : son épouse médecin, fille d’une intelligence redoutable, et une jeune nana plus animale, fêlée. Autour d’eux, des cosmonautes qu’on envoie peut-être à la mort, des dromadaires, des chiens, des copains toubibs en pleine middle-age crisis, des paysans vivant de trafics de croûtes à la gloire de Staline... La course spatiale, le désir de fuir dans le cosmos au plus vite, c’est aussi pour s’arracher à cette triste vie sur Terre. L’image de Guerman a, elle, l’air de tomber de rushes inédits du Désert rouge d’Antonioni au point que l’on oublie vite que ce film est notre contemporain. C’est presque le point énigmatique de sa démarche : quel est le sens ou le but exact de cette hibernation esthétique dont il est l’inconscient otage, comme prisonnier du passé, entre grandeur stylistique et échecs politiques ? Il faudra d’autres films pour le savoir, mais, pour l’heure, ce portrait d’un homme qui, fatigué, devint fou, nous plaît beaucoup. Philippe Azoury, Libération
De geest van de Russische meester Tarkovski waart over Paper Soldier, een contemplatief historisch drama van zijn landgenoot Alexei German Jr. dat in Venetië met de Zilveren Leeuw bekroond werd in het jaar dat The Wrestler won. De film mag zich dan nog afspelen tegen de achtergrond van de lancering van de Spoetnik en de eerste bemande ruimtevlucht met kosmonaut Joeri Gagarin, hij is allesbehalve een glorieus of heroïsch eerbetoon. In erg gestileerde en subliem gecomponeerde breedbeeldtableaus zet German via het portret van de begeleidende arts - een man verwikkeld in een dubbele liefdesrelatie - vooral vraagtekens bij het optimisme dat er toen heerste dankzij de politieke dooi onder Chroesjtjsov. Zo krijgen we niet alleen een fascinerend beeld van de opleiding in het ruimtecentrum in een stuk niemandsland in Kazachstan, maar ook een dromerig poëtische meditatie die raakt aan de mythe dat toen alles goed was.
De Japanse regisseur Koji Wakamatsu geldt als een buitenbeentje in zijn land. Kyatapira is de honderdste film van dit enfant terrible die vooral pinku eiga draaide, softpornografische films. Die erotische piste wordt niet echt gevolgd in dit licht subversieve drama, een bittere en woedende commentaar op het militarisme, het Japanse nationalisme en de onderdrukking van de vrouw. De protagonist is een gevierde held uit de tweede Sino-Japanse oorlog die naar zijn vrouw en dorp terugkeert. Alleen heeft hij al zijn ledematen en zijn gehoor verloren. Gewezen yakuza Wakamatsu kijkt met nogal wrede ogen naar deze luitenant. Maar zijn échte aandacht gaat naar Shigeku, zijn temperamentvolle vrouw die zijn vernederingen en seksuele eisen moet ondergaan en die beetje bij beetje begint te rebelleren tegen haar situatie en ‘nationale plicht.’ Actrice Shinobu Terajima is gewoon magnifiek als Shigeku en werd terecht bekroond op de Berlinale.
Le Soldat dieu Koji Wakamatsu
Avec Koji Wakamatsu, aucun risque de s’ennuyer. Virulent, radical, extrémiste, le cinéaste gratte depuis longtemps les plaies de la société japonaise et ce nouveau film prouve de façon éclatante qu’il ne s’est nullement assagi avec l’âge. Le Soldat dieu est un brûlot rageur, un coup de sabre tranchant dans le militarisme, le nationalisme et le patriarcalisme. Pour en donner une vague idée, quelque chose entre L’Empire des sens, Rambo, Freaks et Johnny Got His Gun. Le lieutenant Kurokawa revient de la guerre sino-japonaise couvert de médailles… mais privé de ses bras et de ses jambes, perdus dans les combats. Cet homme-tronc atrocement diminué, à jamais handicapé, fait figure de héros et, sous la double injonction militaire et sociétale, doit être exhibé comme tel dans les rues de son village. […] Il y a un mélange de cruauté et de grotesque dans la façon dont Wakamatsu montre un homme à la fois mutilé et statufié, et une femme contrainte de se plier jusqu’à l’humiliation à un devoir national en forme de grossier simulacre. Mais la révolte sera féminine ou ne sera pas. Shigeko se lasse petit à petit de son rôle (de composition) d’infirmière à perpète de son demi-mari et de vestale du moral national. […] A force de soumission aux hommes et aux devoirs nationaux, Shigeko se rebelle avec une rare stridence. Les hurlements et les reproches qu’elle adresse à son handicapé d’époux explosent les limites du politiquement correct (une victime s’en prend à une autre), mais c’est tout l’opium du peuple nationalo-militariste que le film secoue à travers la révolte de Shigeko. Tel Flaubert, Wakamatsu pourrait sans doute s’écrier «Shigeko, c’est moi !» Le Soldat dieu se passe il y a soixante-dix ans, mais son âpreté, sa colère, son féminisme, son tempérament iconoclaste sont d’aujourd’hui, et probablement de tout temps. Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
Kyatapira avec Shinobu Terajima Shima Onishi — Japon 2010 87’ - VO st fr
Koji Wakamatsu, cinéaste de la révolte, collectif, IMHO, 2010
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Sous toi, la ville Christoph Hochhäusler
Unter dir die Stadt avec Nicolette Krebitz Robert Hunger-Bühler Mark Waschke Allemagne 2010 110’ - VO st fr
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On voit assez clairement ce qui traverse ce nouveau cinéma allemand qui attire notre attention, et ce qu’il met en jeu. L’ordre du monde actuel est construit comme un espace extérieur qui affecte les êtres dans leurs rapports entre eux et dans leur rapport au monde, jusqu’à créer un désordre intérieur. […] Sous toi, la ville est le film qui théorise le mieux cette répercussion de l’objectivité du réel sur la subjectivité des êtres. Le monde qu’il met en scène n’est autre que celui de la haute finance, celle qui siège au sommet de ces tours de verre qui sont devenues le symbole de sa toute-puissance. Christoph Hochhäusler filme ce monde comme une abstraction en accentuant la matière métallique de l’image, d’élégants travellings glissant à la surface des choses dans un magnifique cinémascope, en jouant des lignes droites et de la transparence des grandes baies vitrées des bureaux. Lignes, formes, lumière, matériaux : l’espace s’est transformé en œuvre d’art. Roland, élu banquier de l’année, semble donc vivre dans les peintures de Günther Förg qui sont accrochées aux murs de son bureau. C’est justement au cours d’une exposition d’art contemporain qu’il rencontre Svenja, la femme de l’un de ses employés. Tous deux, installés dans une vie de couple, vont chercher dans cette relation une manière d’éprouver le réel, de s’éprouver dans ce réel qui leur échappe. […] Pour eux, sortir de leur vie de couple, de leur monde, consiste irrémédiablement à sortir d’eux-mêmes, à devenir autres et à se nier. A la déshumanisation de l’espace correspond une désincarnation de la relation amoureuse. Le corps devient à son tour une abstraction. Il n’a plus à être pénétré mais conceptualisé comme allié de sa propre négation. […] Par sa puissante cohérence esthétique et politique, Sous toi, la ville parvient à capter ce qui est en train de nous échapper : rien d’autre que la disparition du réel. Nicolas Azalbert, Cahiers du cinéma
Frankfurt, de stad aan de Main, wordt wel eens ‘Mainhattan’ genoemd omwille van zijn hoge wolkenkrabbers. Maar Frankfurt is ook het financiële hart van Duitsland en net de kille, als een metafoor gebruikte ultramoderne glazen architectuur van de zakenwereld speelt een rol in Unter dir die Stadt, een formeel ijskil psychodrama van Christoph Hochhäusler (hij heeft niet voor niets een diploma van architect). Eigenlijk is dit thrillerdrama een variant op het Bijbelse liefdesverhaal van David en Bathseba. De jonge Svenja begint een relatie met de baas van haar echtgenoot (een invloedrijke rijke bankier), waarop die haar man naar het buitenland overplaatst. Het begin van een zelfdestructieve amour fou door Hochhäusler, in een virtuoze koele beeldregie, opgevat als een zinderend drama over macht, arrogantie en lust én als een omsluierde kritiek op het bedrijfsleven en de huidige financiële crisis.
Samen met Johan Grimonprez is Brusselaar Sven Augustijnen één van de prominente Belgische visuele kunstenaars die zich in zijn werk concentreert op politieke geschiedenis en de dunne grens tussen fictie en werkelijkheid. Zijn interesse voor onderwerpen als macht, het Belgische en Brusselse politieke verleden en vooral de koloniale geschiedenis van Belgisch Congo komt fascinerend aan bod in Spectres. Dit documentaire filmessay is opgevat als een intrigerende dwaaltocht in thrillervorm door dat verleden van Congo met als historisch ankerpunt 17 januari 1961, de dag waarop premier Patrice Lumumba gearresteerd en geëxecuteerd wordt. Augustijnen manipuleert daarbij historische feiten en snijdt ook fictieve plots aan, een werkwijze waarmee hij tegelijk wijst op de ambiguïteit van de documentaire observatie en de positie van de kijker wiens sociaal geheugen gedetermineerd wordt door verleden, verbeelding en de hedendaagse werkelijkheid.
Spectres Sven Augustijnen
Un demi-siècle après l’assassinat de Lumumba, et vingt ans après la conclusion de sa thèse de doctorat, Sven Augustijnen donne la parole au chevalier Jacques Brassinne de La Buissière. Dans Spectres, nous voyons Brassinne rendre visite à des parents proches des protagonistes de l’époque et partir au Congo, sur les lieux où Patrice Lumumba a passé ses dernières heures avant d’être mis à mort. [...] Tout au long de ces pérégrinations, Sven Augustijnen le suit partout avec sa caméra. Régulièrement, l’objectif se déplace de haut en bas ou se décale par rapport à celui ou celle qui est en train de parler. Ainsi, l’environnement de chaque personnage rappelle de manière quasi nonchalante le type de chaos qui précède chaque histoire. Ce sont les environnements qui enclenchent l’imagination : ils font basculer la vision de Brassinne sur cet épisode sombre de l’histoire de la Belgique à travers un regard sur les structures du pouvoir qui paraissent spectrales aujourd’hui, comme si elles étaient le fondement d’un pays que bon nombre d’observateurs voient rapidement s’évaporer. [...] La vérité historique adopte ici l’aspect d’un spectre : une mémoire bien vivante alors que le récit devrait exposer un fait historique, voire aider à le créer. C’est notamment la figure de l’expert académique qui amplifie la complicité de l’événement et les écrits à son sujet. Le 17 janvier 1961, Jacques Brassinne se trouve lui-même au Katanga, où il fait partie du Bureau-Conseil de l’État du Katanga. Aujourd’hui, il se meut dans des cercles qui ressemblent à la cour d’une Belgique archaïque qui disparaît lentement. Presque léger : tel un spectre sur une scène, la vérité nous rappelle qu’à tout moment de l’Histoire, un autre avenir a pu, peut et pourra être pensé. Un spectre qui se prend au sérieux défie en effet volontiers la manière dont nous conjuguons le temps. Lars Kwakkenbos, kunstenfestivaldesarts 2011
Belgique 2011 104’ - VO fr st nl
15.07.11 - 18:50 En présence du réalisateur
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LE NOUVEAU MAD.. POUR SAVOIR CE QUI VAUT LA PEINE D’ÊTRE DÉCOUVERT. Musique, cinéma, art, scènes et jeux vidéo, le nouveau MAD passe chaque mercredi toute l’actualité culturelle en revue. Avec un œil critique, une oreille sans concession. Et une plume affûtée, qui n’hésite pas à vous indiquer ce qui est à fuir et ce qui est à ne pas rater. Le MAD, gratuit avec Le Soir, chaque mercredi.
ON AURA TOUJOURS RAISON DE L’OUVRIR
Mercredi 20 avril 2011
★cinéma P.12
MARCEL PAGNOL TEL QUE LE VIT DANIEL AUTEUIL
★jeux P.28
★musiques P.38 ★scènes P.44
« CRYSIS 2 » : ET SI VOUS REPRENIEZ NYC AUX ALIENS ?
THIERRY DEBROUX L’HÉRITAGE SYMPHONIQUE DE ET SA « POUPÉE THOMAS BEECHAM TITANIC » AU PARC
‘Rohmer chez les pétasses’, schreef de Franse pers met een knipoog over La Vie au ranch, de frisse eerste langspeelfilm van Sophie Letourneur. De talentvolle Franse cineaste is trouwens de eerste om toe te geven dat haar film nooit zou geworden zijn wat hij nu is als ze niet zo onvoorwaardelijke van de cinema van Rohmer had gehouden. Met een schijnbaar documentaire camera – niets is geïmproviseerd; ook niet de vrolijk kwetterende dialogen – vat ze het leven op de ‘ranch’, een appartement op de Parijse Rive Gauche dat een groep studentes met elkaar deelt. Ze doen niets anders dan kletsen, lachen, drinken, feesten en napraten. Uit heel die geestige, geagiteerde en onbezorgde chaos distilleert Letourneur schitterend en met veel gevoel voor authenticiteit een erg aardige, wonderlijk naturel vertolkte semiautobiografische dramatische komedie over opgroeien, vriendschap en groepsprocessen. Entre filles, bien sûr.
La Vie au ranch Sophie Letourneur
Ce n’est pas tous les jours qu’un film français donne une telle impression de vérité. Le «ranch» de Sophie Letourneur, jeune cinéaste formée aux Arts déco, c’est l’appartement de Pam et Manon, devenu de fait le QG d’une bande d’étudiantes parisiennes. Des garçons y défilent aussi, au gré de la cote d’amour qu’on leur attribue. [...] Vif, drôle, léger, construit comme une suite de longues séquences où il ne se passe rien que des conversations téléphoniques, des scènes de concert, des dîners alcoolisés, La Vie au ranch a l’énergie et l’insouciance de la jeunesse. La drôlerie vient de la spontanéité des répliques, de la banalité même des situations et de la vérité qui s’en dégage, à la faveur d’un remarquable travail sur le cadre, le son et le montage. [...] S’il fallait rattacher son film à une tradition cinématographique, ce serait celle, rare, de femmes cinéastes comme Noémie Lvovsky (Petites, La vie ne me fait pas peur) en France, ou plus récemment Drew Barrymore (Bliss) aux États-Unis, qui placent les filles au centre, non comme objets de désir, mais comme sujets actifs, désirant, conquérant, reléguant les garçons au rang d’accessoires, à la limite. On pourrait aussi évoquer Barbara Loden, surtout dans la dernière partie du film, lorsque les filles se retrouvent pour des vacances sur un plateau d’Auvergne, que le flot de paroles s’épuise enfin, comme saturé du vide abyssal qu’il a produit, et qu’une violente mélancolie s’engouffre. Concentré sur une période très fugitive de l’existence, ce moment où la fusion de l’individu au sein d’un collectif amical vient suppléer à l’abandon, encore tout récent, du cocon familial, le film en saisit aussi la fin. L’air de rien, il vous fait courir le long de l’échine le frisson doux et cruel des paradis perdus. Isabelle Regnier, Le Monde
avec Sarah-Jane Sauvegrain Eulalie Juster Mahault Mollaret — France 2009 92’ - VO fr
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‘Listen : Billie Pilgrim has come unstuck in time’. De eerste zin uit Kurt Vonnegut’s cultklassieker is ook de eerste zin uit George Roy Hill’s verdienstelijke adaptatie met dezelfde titel, Slaughterhouse-Five (1972). Die zin vat in zekere zin de essentie van de film samen : nadat Billy Pilgrim (Michael Sacks) het bombardement van Dresden overleeft, leeft hij tegelijkertijd in het verleden als een Amerikaanse krijgsgevangene (in een gewezen slachterij die door de Duitsers werd ingericht als kamp voor oorlogsgevangenen), in de toekomst als ‘trofee’ in de dierentuin van de planeet Tralfamadore en in het heden als een man van middelbare leeftijd in een stadje in New York. Uiteraard verwoorden zowel Vonnegut als Hill de waanzin van de oorlog en de niet te onderschatten effecten ervan op een menselijk leven. Advies van doorwinterde Vonnegutfans : meestal is de combinatie ‘boek lezen – film kijken’ niet zo’n goed idee, maar in dit geval : doen !
Abattoir 5 George Roy Hill
De George Roy Hill, on se souvient plutôt de L’Arnaque et de Butch Cassidy et le Kid, doublé à succès monté autour du tandem Redford-Newman au début des années 1970. Pourtant, l’histoire du cinéma finira sans doute par rendre justice à Abattoir 5, film atypique et ultra-personnel que cet artisan lettré tourna en 1972 entre ces deux mastodontes. Adapté d’un roman homonyme écrit par Kurt Vonnegut en 1969, Abattoir 5 épouse la pathologie mentale de son héros, Billy Pilgrim, exposée dès la séquence d’ouverture, soit une capacité à voyager dans le temps à la faveur de sautes aussi brutales qu’imprévisibles. Pilgrim se déplace ainsi entre trois époques, la seconde guerre mondiale dans la peau d’un soldat yankee fait prisonnier par les nazis, les années soixante au cours desquelles ce rescapé, toujours un peu lunaire, s’est construit une famille aussi superficielle et stérile que celle qui étouffait Dustin Hoffman dans Le Lauréat, et un futur indéterminé qui ressemble à une bulle cotonneuse suspendue quelque part dans l’espace. Pour Vonnegut et Hill, qui semble y croire dur comme fer, le seul moyen de résister aux horreurs de la vie, qu’elle soit collective ou intime, consiste à ne prélever d’elle que des moments présents. [...] Abattoir 5 déroute autant par son désir de ne jamais se fixer sur un registre précis que par sa construction audacieuse. De ce point de vue, l’originalité du film [...] doit, sinon l’essentiel, en tout cas beaucoup à Henry Bumstead, son production designer, et surtout à Dede Allen, monteuse attitrée des meilleurs films d’Arthur Penn que l’on retrouve ici en magicienne des ellipses, des transitions et autres rimes visuelles qui structurent le récit et lui confèrent tant de charme. Jean-Baptiste Thoret, Nouvelobs.com
Slaughterhouse-Five avec Michael Sacks Ron Leibman Eugene Roch — 1972 États-Unis 104’ - VO st fr
Abattoir 5, Kurt Vonnegut, Seuil, “Points”, 2004
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Allemagne, année zéro Roberto Rossellini
Germania, anno zero avec Edmund Moeschke Ernst Pittschau Ingetraud Hinze 1948 Italie 78’ - VO st bil
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C’est quoi, ce zéro dans Allemagne année zéro ? La fin ou le début ? On considère généralement ce zéro comme un point relatif à l’histoire, un moment T sur l’échelle chronologique : fin du nazisme, début d’une Allemagne nouvelle. Ce serait passer à côté de l’essentiel. Le zéro, chiffre-néant, n’est pas relatif à l’histoire ou à la géographie mais à un absolu. C’est beau comme un poème qui commencerait par : «Juste après le déluge...» Dans les décombres d’une ville allemande, Rossellini filme un labyrinthe en cendres. Berlin ? Dresde ? Qu’importe l’Allemagne, il pourrait même s’agir de Grozny. Toute cette réalité-là, Rossellini la magnifie en suivant un gamin qui chaparde pour survivre, qui volette au-dessus du gouffre et tue son père, un malade, invalide, geignard et désespéré. Crime relatif et absolu. C’est la guerre. Pas de méchants ou de victimes, pas de pleurnicheries : dans la ville réduite à presque zéro, un dérisoire morceau de carton devient un trésor pour éloigner un courant d’air. Après Rome ville ouverte et Païsa, dans ce dernier volet de la trilogie qui fonde le néoréalisme italien, Rossellini invente une distance juste. Année zéro. C’est à partir de là que la Nouvelle Vague inventera la notion d’auteur. Le poète a réussi à voler ce monopole qu’avaient jusqu’alors les images d’actualités : la vérité. Vérité inconcevable de cet enfant criminel qui s’égare au milieu d’un labyrinthe de ruines avant de s’effondrer. C’est ici, dans l’absolu de cette tragédie volée au brouhaha de l’actualité, que se situe le zéro. En filmant une tragédie avec les moyens techniques d’une séquence d’actualité, Rossellini invente un langage neuf, le néoréalisme italien. Luc Arbona, Les Inrockuptibles
Op het puin van naoorlogs bezet Berlijn probeert een twaalfjarige jongen (Edmund Moeschke) via de zwarte markt zijn familie te eten te geven. Hij vergiftigt zijn zieke vader om die taak eenvoudiger te maken. Is hij een monster ? Natuurlijk niet. Germania, anno zero (1947) is de laatste neorealistische film van Roberto Rossellini, die voor de vertolkingen beroep deed op slechts één professionele acteur, Franz Kruger (als de zieke vader). Het werd een indrukwekkend, zeer realistisch ogend tijdsbeeld over morele ontreddering. Hoe de euthanasietheorieën van een ex-nazi en de waanzin van de oorlog in het algemeen een kind tot een monsterachtige daad kunnen aanzetten. Doorheen deze harde realiteit schemert Rossellini’s medeleven. Naar het einde van de film zien we hoe de jongen, geïsoleerd van mens en maatschappij, voor hij zijn eigen noodlot beslecht toch nog even de tijd neemt om te spelen als een kind.
Delon, Montand, Bourvil. Het trio Franse sterren, bijgestaan door Gian Maria Volonte, schittert in de voorlaatste film van JeanPierre Melville, Le Cercle rouge (1970). ‘Als mensen elkaar moeten terugvinden, ongeacht of ze dat nu willen of niet, zullen ze ook worden verenigd in de rode cirkel’ voorspelt een Oosterse wijsheid. Corey (Delon) net ontslagen uit de gevangenis, ontmoet Vogel (Volonte), een ontsnapte boef die op de hielen wordt gezeten door Mattei (Bourvil in een ernstige bui, maar zeer goed op dreef), een schijnbaar ongevaarlijke politieman met drie katten. Corey en Vogel doen een beroep op Jansen (Montand), ex-politieman en scherpschutter met een drankprobleem, voor hun volgende, gewaagde juwelenroof. Maar Mattei waakt (en maakt de rode cirkel rond). Franse polar meets Amerikaanse film noir zou een onderkoeld resultaat kunnen opleveren, maar onder het oppervlak roeren zich velerlei emoties.
Le Cercle rouge Jean-Pierre Melville
André Bourvil à contre-emploi en commissaire rompu à la routine de méthodes policières pas toujours avouables, Gian Maria Volonte en criminel endurci, Alain Delon hiératique, amer et désabusé, Yves Montand en ex-policier passé au banditisme et que ne cessent de hanter ses démons, François Périer en truand contraint de forfaire à son honneur : tous sont amenés, inexorablement, à se rejoindre à l’occasion du cambriolage d’une grande bijouterie parisienne. [...] Une citation de Rama Krishna ouvre le film : «Layamuni le solitaire dit Sidartagantama le sage dit le Bouddha se saisit d’un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : Quand les hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge.» Le Cercle rouge témoigne de la fidélité du réalisateur à cet aphorisme et donne à voir tous les ingrédients du film noir à la manière de Melville : la nuit, des policiers et des truands figurent les bons et les méchants. Dans leur succession, les séquences parallèles et la symétrie des plans laissent pressentir que ces hommes, dont on dresse de rapides portraits, vont se rencontrer. Sans beaucoup de suspense, ce film sombre et clos évoque la question de l’ordre, de la police, de la loi et de la justice dans leur rapport avec le désordre et la transgression par le crime. Sont aussi présents les thèmes chers à JeanPierre Melville : l’échec, la solitude, la trahison et la faute.
avec André Bourvil Alain Delon Yves Montand — 1970 France 140’ - VO fr
Philippe Rocher, Critikat.com
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La Classe ouvrière va au paradis Elio Petri
La classe operaia va in paradiso avec Gian Maria Volonte Mariangela Melato Salvo Randone — 1971 Italie 125’ - VO st fr
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«J’ai voulu faire un film sur un ouvrier moyen. Sur sa mentalité, sur ses faiblesses, sur ses déchirements. Et je l’ai réalisé avec un langage populaire.» (Elio Petri) Le cinéma populaire selon Elio Petri, on en redemande. Quel film ! Truculent, explosif, complexe, grotesque, grandiose, burlesque, tragique, tout ça à la fois et sans jamais sombrer dans la facilité, dans le bien-pensant, dans la complaisance. Le personnage de Lulù, incarné par l’époustouflant Gian Maria Volonte, porte sur ses larges épaules de prolo toute la richesse contradictoire du film. Ouvrier performant, la tête dans le guidon, abruti par les cadences autant que par les illusions de la société de consommation, écartelé entre deux familles, incapable de donner corps aux désirs bouillonnants qui le traversent, il va être soumis à une sorte de régime de la douche écossaise, brinquebalé par les événements, soumis à des influences antagonistes, lessivé, essoré… Et le spectateur suit le même parcours, jamais en repos, surpris sans cesse, interrogé, interloqué, bousculé en même temps qu’emporté par la puissance dramatique et narrative d’un vrai spectacle de cinéma. Il faudra un accident du travail, qui lui coûtera un doigt et déclenchera une grève de solidarité, pour que le regard de Lulù sur sa place et son rôle dans l’entreprise change, assez radicalement. Il devient alors un meneur du combat syndical, appelant à la grève illimitée... Sur le monde de l’entreprise, la course à la rentabilité, la machine infernale du travail déshumanisé, sur le miroir aux alouettes de la consommation, la confiscation (par les cadences, par la publicité, par les divertissements standardisés) de la possibilité de réflexion, sur la confusion quant aux modalités de résistance, La Classe ouvrière ... est d’une modernité saisissante. Cinémas Utopia
Lulu (Gian Maria Volonte) is een strebertje. Hij wil als fabriekswerker de hoogste productiequota halen. Geen wonder dat hij niet geliefd is bij zijn collega’s, gebruikt wordt door zijn oversten (om de productie op te voeren) en zijn vriendin (Mariangela Melato) tot wanhoop drijft. Alles verandert als hij na een werkongeval een gepensioneerde collega (Salvo Randone) in een psychiatrische inrichting opzoekt. Lulu wordt een leftie : hij wil de werkomstandigheden in de fabriek verbeteren. De schijnbaar eenvoudige plot van La classe operaia va in paradiso (1971) maskeert een bijzonder gelaagde film waarin Elio Petri op ingenieuze en verrassende manier de corruptie van het kapitalisme aankaart. Tegelijkertijd is hij ook niet blind voor de kleine kantjes van Lulu (met grote klasse vertolkt door Gian Maria Volonte). Mariangela Melato is indrukwekkend als de snuggere vriendin Lidia, die snel doorheeft hoe het leven in elkaar zit.
Zij had hem al gewaarschuwd : ‘Wie hartstochtelijk lief heeft, krijgt er tenslotte genoeg van’. En hij wist ook wel dat zij té mooi, haar man té rijk en diens partner té sluw was om gezond te zijn. Maar toch valt ‘zwarte Ier’ Michael O’Hara (Orson Welles) als een blok voor The Lady from Shanghai, Elsa Bannister (Rita Hayworth). Het duurt dan ook niet lang of O’Hara zit tot aan zijn hals in een wespennest van intriges. De explosieve finale in het spiegelpaleis van een pretpark is ondertussen een klassieker geworden. Orson Welles, die de film ook regisseerde, herwerkte de roman If I Die Before I Wake van Sherwood King tot The Lady from Shangai (1947). Zelf had hij Ida Lupino in gedachten voor de rol van femme fatale, maar studiobaas Harry Cohn schoof Rita Hayworth, van wie Welles op dat moment gescheiden leefde, naar voren. Om zich te wreken, verfde Welles de beroemde rode manen van Hayworth platinablond. Studiobaas Cohn was ‘not amused’.
La Dame de Shanghai Orson Welles
Depuis La Dame de Shanghai, les amoureux clandestins de bien des films se rencontrent dans un aquarium. Et bien des règlements de comptes de films noirs ont lieu dans une galerie de miroirs qui se brisent sous l’impact des balles. La légende veut qu’en téléphonant à Harry Cohn, patron de la Columbia, Welles ait choisi un livre au hasard et le lui ait proposé. En fait, il reçoit un synopsis de dix pages tiré d’un polar de Sherwood King (If I Die Before I Wake) et s’en empare. Isabelle Danel, Le guide cinéma Télérama
Après avoir prouvé avec Le Criminel (1946) qu’il pouvait faire un film classique s’il le voulait, Orson Welles revient ici au genre noir. Adaptant un polar de série choisi presque au hasard, il aboutit à un résultat si déroutant qu’il ne pouvait que contrarier le patron de la Columbia, Harry Cohn. Il faut dire qu’en tondant la longue chevelure rousse de Rita Hayworth (son ex-femme) avant de la teindre en blonde, Welles saccageait délibérément une des valeurs sûres du studio. En outre, loin de la vamp sympathique de Gilda (1946), il lui confie un rôle de femme fatale si méchante que même son indéniable sexappeal en devient déplaisant. Adoptant un accent irlandais improbable, Welles interprète un marin engagé par un avocat invalide (Everett Sloane, reptilien et terrifiant) pour piloter son yacht et peut-être même servir d’amant à sa femme (thème qui reparaîtra dans Une histoire immortelle, 1969). Un meurtre est commis, suivi par un procès où chacun bafoue les règles du droit et ce kaléidoscope fou est pulvérisé par une fusillade finale dans un palais des glaces. À l’image de cette séquence, La Dame de Shanghai est comme le miroir brisé d’un film, fait d’éclats de génie, et qu’on ne parvient pas à reconstituer. Kim Newman, 1001 Films
The Lady from Shanghai avec Rita Hayworth Orson Welles Everett Sloane — 1948 États-Unis 87’ - VO st bil
Orson Welles, André Bazin, Cahiers du cinéma, “Petite bibliothèque”, 2003
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Deep End Jerzy Skolimowski
avec John Moulder-Brown Jane Asher Diana Dors 1970 Allemagne/ Royaume-Uni 90’ - VO st fr
copie neuve
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Sang ou peinture ? La couleur hésite; dès le premier plan, le film s’avoue obsédé par cette ambiguïté du rouge qui revient sans cesse, s’insinue, s’écoule, se condense, flamboie d’un plan à l’autre, tantôt peinture, tantôt sang. Teintes violentes, sensualité, brusques chaleurs au visage, Skolimowski procède par à-coups et bombages. Autour d’un tracé rectiligne, il semble avoir crépi les images et les sons, plaqué çà et là des taches de couleur. Deep End est tour à tour chaud, vivant, humide ou sec : c’est l’un de ces films rares où l’œil ne perçoit pas que la lumière, mais éprouve température et humidité. Mike, un adolescent, entre comme garçon de bains dans une vieille piscine de la banlieue londonienne où il subit, plus qu’il ne la vit, une éducation sentimentale accélérée. Cette piscine, décor principal, conjugue trois lieux en un : lieu d’apprentissage, labyrinthe du désir et surtout lieu spécifiquement cinématographique, immense et clos, simple et multiple, un dédale de couloirs carrelés et sonores où des panneaux renvoient dos à dos hommes et femmes. Au cœur de cette bâtisse détrempée, Mike perd pied à tout instant. L’inadéquation de l’adolescence est aussi celle d’une génération sans issue acculée devant le «triangle d’or» de l’argent, du travail et du sexe. La liberté n’ayant plus pour abri que quelques visions sous-marines et les oscillations d’un vélo rouge à travers les rues. De la même manière, entre Mike et Susan, les chances ne sont pas égales. Au jeu de désir, l’un croit quand l’autre ne fait que jouer. Deep End est plein de l’aigreur triste d’un hiver anglais que réchauffe à peine la musique de Cat Stevens. Pour la décrire, Skolimowski prend la vie de vitesse et côtoie un temps deux êtres en voie de disparition, perdus l’un et l’autre, et qui, posés à la surface des choses, fondent comme neige au soleil. d’après Didier Goldschmidt, Cinématographe
De vijftienjarige Mike (John Moulder-Brown) vindt een baantje in een plaatselijk zwembad. Mag het verbazen dat de aanblik van al die fraaie dames in badpak de hormonen in Mike’s jonge lichaam doen razen ? Hij is bijzonder geïnteresseerd in één van hen, Susan (Jane Asher). Het feit dat zij reeds verloofd is, houdt Mike niet tegen in zijn ongezonde obsessie voor de jonge vrouw. Daar komen uiteraard brokken van. Deep End (1970) was Jerzy Skolimowski zuurzoete repliek op ‘de illusie van de jonge, probleemloze Britse jeugd’ die, volgens hem, eind jaren ’60 evolueerde naar een generatie die lijdt onder de leegheid van seksuele decadentie. De film werd vooral bekend door Cat Stevens’ ‘But I Might Die Tonight’, een song die tijdens de finale van Deep End groot dramatisch effect sorteert. De film was een tijd als verloren beschouwd, maar werd recent teruggevonden en gerestaureerd.
Vier jonge mannen spenderen, even weg van de dagelijkse sleur in de grootstad, een korte vakantie op het platteland. Aan hun ‘maten onder elkaar’ routine komt een einde als ze een paar charmante dames ontmoeten. Er ontwikkelt zich een spel van aantrekken en afstoten, eigen aan een strikt hiërarchisch opgebouwde samenleving waarin normen en waarden heel belangrijk zijn. Satyajit Ray was een fan van Anton Tsjechov en werkte ooit samen met Jean Renoir en dat merk je, vooral in de magische picknickscène. Maar de subtiele karaktertekening, de bedrieglijk eenvoudige filmische effecten en het met opzet trage tempo maken van Aranyer Din Ratri (Days and Nights in the Forest, 1969) een pareltje helemaal eigen aan de Indische grootmeester. Het mag dan ook niet verwonderen dat Satyajit Ray met de beste acteurs kon samenwerken. De twee Chatterjee’s, Soumitra en Subhendu, zijn heerlijk.
Des jours et des nuits dans la forêt Satyajit Ray Le Ray de cette année, Des jours et des nuits ..., est sans doute ce que nous avons vu de plus beau, de plus achevé, de plus satisfaisant pour l’esprit et pour les yeux [au festival de Berlin, 1970]. Succédant à plusieurs films assez contestables dans l’œuvre de son auteur, il témoigne de la force d’un cinéaste en plein épanouissement, sûr de ses moyens et délivré de tout souci formaliste. Cette chronique des aventures mesquines d’un petit groupe de célibataires endurcis partis retrouver la vie à l’état de nature à la faveur de leur congé annuel fait craindre, au départ, l’enlisement dans les marécages de la description naturaliste. Mais très vite, la délicatesse et la retenue de la direction d’acteurs, l’admirable humour de Ray, son don de l’observation chaleureuse et passionnée, cette sérénité qui le fait aller tranquillement au but qu’il s’est fixé sans se préoccuper des spectateurs qu’il peut semer en route font de Des jours et des nuits dans la forêt beaucoup plus qu’une satire très attendue de la moyenne bourgeoisie indienne. Certes, il ne s’agit pas d’une œuvre révolutionnaire et beaucoup sont tentés de lui reprocher son académisme et la minceur de son propos. Autant reprocher à un cinéaste de ne pas battre le tambour chaque fois qu’il veut dire quelque chose qui lui semble essentiel.
Aranyer din ratri avec Sharmila Tagore Kaberi Bose Simi Garewal — 1970 Inde 115’ - VO st fr
Satyajit Ray, Charles Tesson, Cahiers du Cinéma, “Auteurs”, 1992
Michel Pérez, Positif
Les quatre vacanciers de Des jours et nuits dans la forêt sont sans arrêt en mouvement pour ne pas avoir encore trouvé leur propre identité. Fils de la ville, de Calcutta (le pôle urbain de l’univers de Satyajit Ray), employés ou sans emploi, leur voyage indéfini va être l’occasion de rechercher inconsciemment des racines, de découvrir un monde indigène originel, de s’affronter à la nature, à leur vérité. Hubert Niogret, Positif
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Na The Deer Hunter (1978) maakte Michael Cimino Heaven’s Gate (1980), een film die even vaak werd verguisd als The Deer Hunter werd bejubeld, Cimino’s carrière kelderde en bracht United Artists ten val. Heaven’s Gate werd genomineerd voor de Gouden Palm, maar won eveneens een Razzie Award voor slechtste regisseur. Toen Heaven’s Gate – na een moeizaam realisatieproces, een voor die tijd ravissant budget en met een tijdsduur van 3u40 minuten – eindelijk in de zalen kwam, werd de film door de kritiek neergesabeld. Hetzelfde lot onderging ook de ingekorte versie van 2u40 minuten. Terecht ? Geen enkel westerndrama heeft de sfeer van de Western Frontier ooit beter gevat. Sets en kostuums zijn prachtig, net als Vilmos Zsigmond’s fotografie. Maar de uitwerking van het verhaal, gebaseerd op de Johnson County-oorlog in Wyoming in 1892, laat sommige kijkers achter met een melancholisch gevoel van wat had kunnen zijn.
Heaven’s Gate Michael Cimino
La Porte du paradis, anti-western par excellence. Sur le fond, c’est une évidence : l’idéal américain n’a jamais autant souffert que dans ce film dévastateur. Le mythe de l’Ouest ? Ce n’est qu’un flot de bonnes paroles inconsistantes, érigées en idéaux chez les élites dorées de Harvard, puis oubliées sitôt les portes de la prestigieuse université franchies. La dure, la vraie loi de l’Ouest a été rédigée par ces mêmes élites pour lutter contre les vagues d’immigrants déferlant sur le Nouveau Monde à la recherche du rêve américain. C’est une loi légitime, qui défend la propriété privée contre les assauts répétés des miséreux, n’ayant plus d’autre choix que de voler pour vivre. Mais ce n’est pas une loi juste. Voilà ce que raconte La Porte du paradis : le combat du bon droit contre la justice. Le gouvernement des États-Unis et sa cavalerie, tant prisés dans le western classique, défendent le bon droit et font régner l’injustice. [...] Avec La Porte du paradis, fini le temps du western en noir et blanc ou en Technicolor. La beauté éclatante des gigantesques décors est souillée d’une fumée persistante, venue des trains, des cheminées, comme annonciatrice d’un gigantesque incendie à venir. La teinte jaunâtre des images, la forte luminosité de certaines scènes renforce une profonde impression d’irréalité. Le paradis que cherchent en vain les personnages de ce film profondément pessimiste les environne, et reste pourtant inaccessible. De toutes les portes, de toutes les fenêtres, émane une lumière très vive, mais les individus, eux, demeurent dans la pénombre. Fumée, poussière, lumière éclatante : derrière les portes du paradis, ce sont les flammes de l’enfer qui attendent les hommes. Ophélie Wiel, Critikat.com
La Porte du paradis avec Kris Kristofferson Christopher Walken John Hurt isabelle huppert — 1980 États-Unis 225’ - VO st fr version longue
Conversations en miroir, Michael Cimino, Gallimard, 2004
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Je, tu, il, elle Chantal Akerman
avec Chantal Akerman Niels Arestrup Claire Wauthion — 1974 Belgique 86’ - VO fr
Une jeune femme vit seule dans une chambre. Pendant plus d’un mois, elle reste enfermée, mangeant du sucre en poudre et écrivant-raturant une lettre qu’elle abandonnera. Elle fait du stop, rencontre un camionneur avec qui elle noue une brève relation. Elle fait, la nuit, une halte chez son amante et repart au matin. Julie, discrètement désespérée et hors du social, vit trois expériences frustrantes et intenses. Le film est structuré en trois blocs de durées sensiblement égales, constitués chacun de longs plans fixes compris entre trente secondes et neuf minutes. L’action, les relations psychologiques deviennent de plus en plus denses. La première partie retrace un long mois de réclusion dans une chambre et peut être décomposée en deux parties : l’exposition de la réclusion puis l’écriture d’une lettre. On a ainsi les quatre parties annoncées par le titre : «je, tu» dans le premier bloc puis le «il», retraçant la rencontre avec un routier et le «elle», la relation amoureuse avec la jeune amante de l’adolescente. Le générique final, qui fait entendre la comptine Nous n’irons plus au bois, renforce l’idée d’un parcours initiatique d’une adolescente confrontée à son corps, ses rêves, ses espoirs, l’ordre des adultes et son triste modèle du couple incarné ici par le camionneur. Ciné-club de Caen
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Een combinatie van twee vroege werken van Chantal Akerman, waarin ze ook de hoofdrol vertolkt. In Je, tu, il, elle (1974) geeft ze zich letterlijk bloot in haar zoektocht naar haar (seksuele) identiteit. Het wordt wel eens gezegd dat Jean-Luc Godard haar grote inspiratiebron was : ook hij had grote aandacht voor ‘de momenten omheen de plot’. Dat uit zich in lange takes waarin – op het eerste zicht – de tijd gewoon verstrijkt. De echte actie gebeurt onderhuids. Je, tu, il, elle valt uiteen in drie uitgepuurde delen : ‘je’ toont Akerman die in haar appartement een verloren liefde verwerkt, ‘il’ is haar ontmoeting met een truckchauffeur op weg naar haar geliefde, die ze in ‘elle’ opzoekt. Tu, dat zijn wij, het publiek.
Als een snel in elkaar gegooide constructie in een arm district in Napoli instort en er slachtoffers vallen, wordt de ramp een hoofdthema in de op hand zijnde verkiezingen. Le mani sulla città (1963) is een vroeg voorbeeld van Francesco Rosi’s favoriete thema : politieke corruptie. Rosi is somber (weinig kans op een happy end), realistisch (met dank aan zijn meesterlijke ‘documentaire’ stijl) en boos : Napels zit in de greep van de camorra. Geen wonder dat de film op heden nog steeds even actueel oogt. Amerikaan Rod Steiger gooit zijn groot acteertalent, zijn indrukwekkende kop en zijn stevig postuur in de strijd als een sluwe zakenman uit de bouwsector die het politieke spelletje zo goed speelt dat hij uiteindelijk niet als boeman, maar als winnaar uit de strijd komt (en rustig door kan gaan met zijn geknoei). Steiger wordt bijgestaan door een aantal niet-professionele, maar zeer getalenteerde acteurs.
Main basse sur la ville Francesco Rosi
Dans la droite lignée d’un Tempête à Washington, Main basse sur la ville, film éminemment politique, fait de décisions politiques, d’obscures commissions d’enquête et de conciliabules municipaux les enjeux dramatiques de sa narration. Tout en poussant plus loin encore le procédé : là où Otto Preminger romançait son exigeante fresque pour répondre aux canons d’Hollywood, Francesco Rosi refuse toute psychologie superflue. En une heure et demie de film, on n’apprendra finalement rien de la vie de ses personnages principaux, de leurs familles, de leurs occupations et de leurs préoccupations. D’emblée, Main basse sur la ville se pose en constat implacable et débarrassé de tout oripeau, proche du reportage. Pas de théâtralité, mais bel et bien cette exigence de vérité qui aura traversé toute la carrière du réalisateur de Salvatore Giuliano. [...] Ainsi, Main basse sur la ville, plongée documentaire dans la technocratie napolitaine, n’en oublie jamais son but premier : parler aux foules, saisir le spectateur pour ne le lâcher qu’à la fin de son enquête. Tourné dans un magnifique format large noir et blanc, le quatrième long métrage de Francesco Rosi emprunte d’ailleurs au cinéma américain un faste et un sens du rythme digne des meilleurs thrillers : le montage énergique et la science du cadre en imposent d’emblée dans une scène de conseil municipal qui n’est pas sans rappeler les plus belles heures du film de procès américain. [...] Fils spirituel de Visconti, Rosi a hérité de son maître une approche formelle éblouissante et un sens aigu de l’Histoire. À Rossellini, qu’il admire et qui a tant compté pour le cinéma italien d’après-guerre, il emprunte la perspicacité de l’artiste sur son pays d’origine, mélange de pédagogie documentaire et d’acuité politique. Margo Channing, dvdclassik.com
Le Mani sulla città avec Rod Steiger Salvo Randone Guido Alberti 1963 Italie 97’ - VO st bil
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Le Monde sur le fil Rainer Werner Fassbinder
Welt am Draht avec Klaus Löwitsch Barbara Valentin Mascha Rabben 1973 Allemagne 212’ - VO st fr
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Réalisé en 1973 avec des moyens confortables pour la chaîne allemande WDR, Le Monde sur le fil confirme, avec Berlin Alexanderplatz, que Fassbinder produisait des chefs-d’œuvre indifféremment pour la télé et le cinéma. Adapté du roman Simulacron 3, le téléfilm met en scène un scientifique travaillant sur une réalité virtuelle informatisée servant les prévisions économiques de l’État. À l’issue d’une mort mystérieuse, il découvre qu’il pourrait être lui-même un avatar dans un monde artificiel. Entre Matrix, eXistenZ, gnosticisme et film noir, l’idée coule de source pour un auteur dont les personnages sont des outsiders jamais en accord avec l’image qu’ils doivent renvoyer à la société. Exercice de SF parano et distancié façon Alphaville de Godard, Le Monde sur le fil dispense à foison le style fassbindérien pour souligner, sans effets spéciaux, l’artificialité de son univers : miroirs, reflets tordus, cadres carcéraux, poses et jeux affectés où l’on se sait regardé, comme au théâtre ou à travers une vitrine. Le plus piquant est que Fassbinder a cherché son futur proche aliéné dans le Paris giscardien d’alors, au cabaret L’Alcazar et dans des centres commerciaux (qui n’existaient pas encore en Allemagne). Le cauchemar y est à la fois glamour (a-t-on vu secrétaire de rédaction plus stylée qu’Ingrid Caven ?), camp, glacial et digital. Mais Le Monde sur le fil ne serait pas totalement fassbindérien sans le romantisme désolé du héros voulant libérer les siens de leur état littéral de moins-que-rien et, comme il y en a tant chez Fassbinder, d’esclave consentant aux conventions. Ou à l’amour : ici, celui entre une femme réelle et un homme virtuel, poignant car insoluble. Beau, car, pour paraphraser le titre du premier film de RWF, «plus froid que la mort». d’après Léo Soesanto, Les Inrockuptibles
Beginjaren zeventig was de periode waarin Rainer Werner Fassbinder, enfant terrible van de Nieuwe Duitse cinema, tegen groter (internationaal) succes begon aan te kijken. In 1973 maakte hij voor de Duitse televisie ook de tweedelige serie Welt am Draht. Fassbinder en Fritz Müller-Scherz schreven samen het scenario gebaseerd op het boek van Daniel F. Galouye. In het Instituut voor Cybernetica en Futurologie creëert een computer een virtuele realiteit, zichtbaar op een monitor. Heel leuk gadget, tot de directeur van het instituut zelfmoord pleegt. Zijn opvolger begint te twijfelen aan welke kant van het scherm zich de échte werkelijkheid afspeelt. Een filosofisch idee dat teruggaat tot in de grot van Plato. Het bijzondere aan Fassbinder is dat hij, in vergelijking met recente ‘SFX trukendozen’ als The Matrix of Inception, hetzelfde effect bereikt, tegelijk beangstigend en aantrekkelijk, met een minimum aan middelen en een maximum aan sfeer.
Over een periode van vijftig jaar schreef Marguerite Duras zo’n vierendertig romans. Ze maakte ook zestien films. De inspiratie voor het minimalistische Nathalie Granger (1972) vond Duras in haar eigen huis, een besloten cocon waarin de buitenwereld wordt erkend, maar niet kan worden veranderd. In het huis, twee vrouwen – Lucia Bosé en Jeanne Moreau – en twee meisjes, Laurence (Nathalie Bourgeois) en Nathalie Granger (Valerie Mascolo). Het titelpersonage bezorgt haar moeder Isabelle (Bosé) kopzorgen. Nathalie is behoorlijk onhandelbaar en dreigt van school te worden gestuurd. Volgens Isabelle zijn pianolessen de beste remedie. In schril contrast met de stilte en schijnbare sereniteit in het huis gaat, op de achtergrond, het leven door. Er wordt een klopjacht georganiseerd op twee jonge moordenaars, een levendige deur-aan-deurverkoper (een zeer jonge Gerard Dépardieu) probeert de vrouwen een wasmachine aan te smeren.
Nathalie Granger Marguerite Duras
Si l’on peut dire de Nathalie Granger qu’il est le film le plus profondément «ombilical» de Duras, c’est parce qu’il est pris tout entier dans une enceinte, dans les murs d’une grande propriété. Deux femmes – une brune et une blonde – y vivent avec deux petites filles – une brune et une blonde. La petite brune est la fille de la grande brune. L’école la rejette pour cause de violence, de cette violence inexplicable, grandie en elle. La question posée est : que faire de Nathalie, puisque l’école n’en veut plus ? La pension ? Pour sa mère, il ne lui reste que la musique, ces leçons de piano qu’un professeur particulier vient régulièrement donner aux deux filles. Nathalie Granger creuse la question du locus en tant qu’habitat. Qu’est-ce qu’un lieu qu’on habite ? Qu’est-ce que cette façon d’être pris qu’on appelle «habiter» ? Comme tout film sur la propriété, il se fonde sur une opposition très forte entre intérieur et extérieur, entre soi et les autres, entre sécurité et menace; il se fonde sur une limite, sur une frontière, sur une séparation. Tout le film, qui ne quitte presque jamais la maison, ne laisse filtrer que peu de choses de l’extérieur. [...] La maison, l’ensemble qu’elle dessine, rejoint pour Duras l’épineux problème de la subjectivité. En imposant une clôture, elle semble par là même se couper du monde. Mais elle retrouve, en se tournant sur elle-même, vers l’intérieur, un second monde à explorer, moins vaste mais tout aussi inépuisable. C’est l’ignorance du monde en tant que totalité, une certaine forme de repli sur soi, qui conduit à le retrouver en soi, par quelques entrées étroites et comme réduit, à l’image d’une maquette. Mathieu Macheret, critikat.com
avec Lucia Bosé Jeanne Moreau Gérard Depardieu — France 1972 83’ - VO fr
Nathalie Granger, Marguerite Duras, Gallimard, “L’imaginaire”, 2010 L’éden cinéma, Marguerite Duras, Folio, 1989
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La Nuit du chasseur Charles Laughton
The Night of the Hunter avec Robert Mitchum Shelley Winters Lillian Gish — 1956 États-Unis 93’ - VO st bil
La nuit du chasseur, Davis Grubb, Gallimard, “Folio policier”, 2008
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Salué à son apparition en France comme un chef-d’œuvre seulement par une poignée de fanatiques, […] le météore qu’est La Nuit du chasseur, seule réalisation voulue et dirigée par un très grand acteur (qui n’y joue pas), brave les «interprétations» ou plutôt les accepte toutes, comme le diamant (noir, en l’occurrence) résorbe en lui les «feux» que d’autres gemmes dispensent. Histoire de croque-mitaine, parabole anticapitaliste, prêche moralisateur résolument pervers (Laughton, entre autres occupations, a lu la Bible à la TV pour édifier les foules dans le temps même où il incarnait les juges sadiques chez Hitchcock, par exemple), rêverie œdipienne (et contre-œdipienne), exercice d’humour autour de Mitchum, la matière du film a infiniment moins d’importance que le doigté plein d’audace avec lequel Laughton y enchaîne et/ou y brasse les styles les plus divers : expressionnisme «naïf» (le meurtre de Shelley Winters), avant-garde esthétisante des années vingt (la découverte de son cadavre), nursery rhymes, vues documentaires en hélicoptère du prologue, thriller à la Warner, ombres chinoises, profondeur de champ lors de la descente de la rivière, avec l’amorce du crapaud symbolique de l’ambivalence des puissances nocturnes, «retour à Griffith» via l’épisode de Lillian Gish, conclusion «ouverte» sur la reconstitution hasardeuse d’une cellule familiale, opposition campagne-ville qui se réfère, malgré son prosaïsme, à Murnau… on n’en finirait pas d’accumuler ces rappels qui font (très accessoirement) de La Nuit du chasseur un film «chaotique» autant que «cinéphilique». Au fait, cette nuit n’est-elle pas d’abord celle où l’écran s’illumine ? […] La mise en scène de La Nuit du chasseur est le travail non d’un «poète» ou d’un somnambule, mais d’un rêveur éveillé à chaque tournant de son dangereux parcours. Gérard Legrand, Cinémanie
Afgaand op het indrukwekkende resultaat is het verbazend jammer dat acteur Charles Laughton slechts één film regisseerde. The Night of the Hunter (1955) is een nachtmerrieachtig sprookje in de beste Hansje en Grietjetraditie. Predikant/seriemoordenaar Harry Powell (Robert Mitchum, ijzingwekkend goed als de doortrapte psychopaat met de fluwelen stem) heeft geld geroken bij een jonge weduwe met twee kinderen. Met zijn indrukwekkende ‘de strijd tussen Liefde en Haat’ monoloog palmt hij in geen tijd het hart van de weduwe in. En liquideert haar even snel als blijkt dat niet zij, maar enkel haar twee kinderen (Billy Chaplin en Sally Jane Bruce, die de grootmoeder van Christina Ricci zou kunnen zijn) weten waar het geld is. John en Pearl krijgen op hun vlucht voor de duivel op zijn bleke paard onverwacht hulp van een wijs, oud dametje (immer charmante Lillian Gish) met een grote tweeloop.
Peter Sellers speelde in zijn rijke carrière menig grappig typetje, maar zijn Bakshi – de even overijverige als stoïcijnse Indische acteur die ongewild menige catastrofe veroorzaakt – scoort hoog op de lijst ‘beste slapstick aller tijden’. In The Party (1968) wordt Bakshi per ongeluk ‘losgelaten’ op een feestje in de poepsjieke villa van een studiobaas in Hollywood. Een locatie die hij, net als voorheen het peperdure decor van de studiobaas, in geen tijd in de vernieling werkt. The Party is een typisch product uit de sixties, inclusief minijurken, flower power, de combinatie van sitar en elektrische gitaar, snoepkleurtjes en hier en daar een psychedelisch accentje (in dit geval een olifant). Blake Edwards, die vorig jaar stierf op hoge leeftijd, werkte, vaak met zeer grappig resultaat, meermaals met Sellers samen. Al was de samenwerking niet altijd om te lachen. Zei Sellers zelf : ‘Ik ben als veel humoristen, enkel grappig als ik werk’.
The Party Blake Edwards
Le chef-d’œuvre de Blake Edwards et de Peter Sellers. La comédie la plus réussie et la plus drôle qu’on ait vue dans les vingt dernières années. Blake Edwards renouvelle l’ancien burlesque en lui ajoutant les prestiges de la couleur, du luxe, et d’une mise en scène très savante à la lenteur onirique et fascinante. Les gags, nombreux et efficaces, n’ont pas besoin d’être tous originaux pour atteindre la perfection. Ils sont valorisés par trois éléments principaux. D’abord la composition, savoureuse jusqu’au sublime, de Peter Sellers en hindou placide, curieux de tout, enfantin, mais aussi redoutablement collant et destructeur. Le personnage, dans sa nature comique, possède une réelle ambivalence. Être déplacé, venu d’ailleurs, il en appelle à la sympathie du public. On le regarde aussi, du coin de l’œil, avec une attention sadique, guettant les catastrophes que cette calamité vivante va encore susciter. En deuxième lieu, il faut noter la force des gags, décuplée par une mise en scène raffinée, utilisant les plans longs et toutes les ressources d’un unique décor clos aux ramifications complexes. Le héros y effectuera un véritable parcours du combattant. Enfin ces gags eux-mêmes tirent un surcroît de relief de leur insertion dans l’atmosphère – sèche, égoïste, distante – de la party. La plupart des maladresses du héros sont ignorées ou découvertes à la dernière extrémité par les autres convives. Tout comme le décor de la party constitue à lui seul un commentaire social silencieux sur les personnages et les coteries hollywoodiennes, le déroulement de la party elle-même exprime, plastiquement et ironiquement, le climat d’indifférence à autrui, d’hypocrite bienséance qui règle dans cet univers le comportement de chacun. Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma
avec Peter Sellers Claudine Longet 1968 États-Unis 99’ - VO st bil
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Les Poings dans les poches Marco Bellocchio
I pugni in tasca avec Lou Castel Paola Pitagora Marino Masé 1965 Italie 105’ - VO st fr
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1965 : Marco Bellocchio est un apprenti cinéaste de vingt-six ans, auteur d’une poignée de courts métrages, parti étudier à Londres [...]. De retour au pays, il emprunte de l’argent à son frère, réquisitionne la demeure familiale, près de Bobbio, dans les Apennins du Nord, et tourne dans ce paysage de montagne un premier film fulgurant en forme de charge contre la famille. Les Poings dans les poches «fait bouger quelque chose dans le cinéma italien», selon Bernardo Bertolucci : il divise ceux qui y voient une abomination (matricide, inceste) et ceux qui sont subjugués par sa mise en scène (un prix au festival de Locarno). Quarante-cinq ans plus tard, le film frappe encore. Pas seulement par sa superbe photo en noir et blanc et ses gros plans hyper-expressifs, mais surtout par sa force vénéneuse, très dérangeante. Elle s’incarne en Alessandro, rebelle d’une famille en lente décomposition, bien décidé à faire sauter le verrou qui l’entrave. Lou Castel, qui débute ici et qu’on verra ensuite chez Garrel et Fassbinder, lui prête son étrangeté, son imprévisibilité – mais pas sa voix, doublée en italien. Il est toujours en mouvement, une boule de haine, de mal-être. Paola Pitagora, qui joue sa sœur, n’est pas mal non plus en frustrée possessive, submergeant de lettres anonymes la fiancée de son frère aîné... S’agissait-il de la marmite présoixante-huitarde, prête à déborder ? Marco Bellocchio, jamais là où on l’attend, suggère que c’est d’abord dans son personnage, et pas seulement dans la famille, fût-elle oppressive, que se niche la folie. Il ne montre aucune tendresse, aucune indulgence pour ce héros monstrueux. Sa précision clinique annonce déjà les grands films à venir, du Saut dans le vide (un frère, une sœur, à nouveau) à Vincere. Aurélien Ferenczi, Télérama
Een bourgeoisiefamilie die bestaat uit een blinde weduwe (Liliona Gerace), twee epileptische broers en een halfgekke zus (Paola Pitagora) steunt voor haar geestelijk en maatschappelijk welzijn volledig op de schouders van de oudste zoon, Augusto (Marino Masé). Onnodig te zeggen dat de man zelf niet aan leven toekomt. Zijn jongere broer (Lou Castel) besluit hem, op zeer extreme manier, een handje te helpen. Ironische toets : Marco Bellocchio leende voor I pugni in tasca (1965), een schroeiende kritiek op de benepenheid van het bourgeoisiebestaan, geld bij zijn familie. Het scenario schreef hij tijdens een cursus op een Londense filmschool. I pugni in tasca werd een zeer opmerkelijk langspeelfilmdebuut met een intense, claustrofobische atmosfeer en een zeer indringende vertolking van Castel als Deus ex machina. De onderkoelde filmscore van Ennio Morricone sluit perfect aan bij de beklemmende sfeer van de film.
Nadat Alfred Hitchcock Jamaica Inn (1939) had afgewerkt, verfilmde hij opnieuw een roman van Daphné du Maurier. Rebecca (1940) werd zijn eerste film in Amerika. En meteen een succesnummer. Goed voor twee Oscars en met een geweldige cast onder leiding van Sir Laurence Olivier en Joan Fontaine. Fontaine is de zachtaardige gezelschapsdame van een snibbige oude taart die op vakantie in ‘Monte’ als een blok valt voor de getormenteerde Maxim De Winter (Olivier). Ze trouwen halsoverkop en settelen zich in zijn woonstee Manderley. Daar wordt de ‘tweede Mrs. De Winter’ geconfronteerd met een boosaardige huishoudster (Judith Anderson), maar vooral met de verpletterende schaduw van Rebecca, de ‘eerste Mrs. De Winter’, die in mysterieuze omstandigheden om het leven kwam. “Last night I dreamt I went to Manderley again” begint het verhaal. En dan zijn we vertrokken voor ruim twee uur mysterie in de beste Hitchcock traditie.
Rebecca Alfred Hitchcock
Premier film américain d’Hitchcock, invité à travailler à Hollywood par Selznick. Première de ces rêveries romantiques qui occupent une place importante dans son œuvre. Bien qu’il ait parfois déclaré que le matériau qu’on lui avait offert ici (à savoir le romantisme victorien du roman de Daphné du Maurier) ne lui convenait guère, Rebecca s’inscrit parfaitement dans la continuité de son œuvre (et Daphné du Maurier lui fournira vingt ans plus tard la matière des Oiseaux). La relative maladresse du film – rarissime chez Hitchcock – ne l’empêche pas d’être attachant. Une longue introduction, dépourvue d’effets et de péripéties, laisse place à une seconde partie où interviennent deux retournements de taille et passablement artificiels. Curieusement, ces revirements ne modifient en rien l’impression que le spectateur a ressentie tout au long du film en s’identifiant à Joan Fontaine, à savoir ce sentiment d’infériorité dans l’amour qu’elle éprouvait vis-à-vis de son mari et qui a renforcé l’atmosphère à la fois impressionnante et déprimante du château, encore tout imprégné de la présence de Rebecca. Ce sentiment d’infériorité dans l’amour est la vérité du film et Hitchcock le développera beaucoup plus magistralement dans Under Capricorn et dans Vertigo. Cette infériorité est liée au fait que non seulement l’amante (ou l’amant) se sent indigne de l’objet aimé mais ne comprend pas du tout la situation réelle où se trouve l’être aimé qui, ainsi, lui échappe doublement. Cette incompréhension, cette énigme donnent au film un caractère angoissant et parafantastique très hitchcockien.
avec Laurence Olivier Joan Fontaine George Sanders — 1940 États-Unis 128’ - VO st fr
Alfred Hitchcock : Une vie d’ombres et de lumière, Patrick McGilligan, Actes Sud, 2011
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma
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Taking Off Milos Forman
avec Lynn Carlin Buck Henry Georgia Engel 1971 États-Unis 93’ - VO st fr
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Forman et son scénariste Jean-Claude Carrière, débarqués à New York en 1968 en plein mouvement hippie, décident de s’intéresser à cette vague inédite de contestation et de liberté : ils imaginent un film sur une jeune fugueuse de la petite bourgeoisie banlieusarde et le désarroi de ses parents dépassés par la mode et les événements. Le film est un bijou d’observation sociologique et d’analyse comportementale. Forman livre une œuvre d’anthropologue avec un style proche du reportage qui accorde une place importante à l’improvisation, avec des comédiens pour la plupart amateurs, débutants ou semi-professionnels. Malgré son échec commercial à sa sortie, le film demeure un des meilleurs de son auteur et une analyse intelligente de l’époque. Bienveillant mais peu dupe à l’égard des hippies, qui allaient vite être récupérés par le système (dès 1971, année de tournage du film), Forman préfère suivre les angoisses et les hésitations des parents, plus proches de sa génération et complètement largués face à l’évolution des mœurs. Ce sont finalement eux, dans leur maladroit désir de s’émanciper et de se rapprocher de leur progéniture (les scènes très drôles où ils fument de la marijuana ou improvisent une orgie), qui montrent le plus de folie douce et de transgression, tandis que les jeunes rebelles laissent apparaître leur conformisme et leur ennui. Comme toute l’œuvre de Forman, Taking Off est aussi un beau film sur le spectacle comme métaphore de la société. La magnifique scène d’audition de jeunes chanteuses qui ouvre le film est une reprise du premier documentaire de Forman, Konkurs, tourné en 1964. Olivier Père, Les Inrockuptibles
In Taking Off (1971), Milos Forman’ frisse (het was zijn eerste film in de VS), meelevende, maar ook satirische kijk op de verwarde hippiegeneratie (en de moeizame relatie met hun conservatieve ouders), is de zoektocht van de ouders naar hun vermiste dochter ook en vooral een zoektocht naar zichzelf. Of wat dacht u van ouders die onder leiding van een docent marihuana roken om uit te vinden wat er omgaat in het hoofd van hun dochter ? Die dochter (Linnea Heacock) houdt het bij haar licht neurotische ouders (Lynn Carlin en Buck Henry) voor bekeken en meldt zich aan voor een auditie (wat aanleiding geeft tot een aantal amusante beelden van wannabe zangers en zangeressen. Kijk daarbij ook uit naar de auditie van jonge sterren Kathy Bates en Carly Simon). Veel minder bekend als Formans volgende langspeelfilm, One Flew Over the Cuckoo’s Nest (in 1975 goed voor vijf Oscars), maar zeker even interessant.
Bij Luis Buñuel wordt deugdzaamheid niet noodzakelijk beloond. Dat ondervindt ook titelpersonage Viridiana (Silvia Pinal). De arme novice opent na de zelfmoord van haar oom, die haar gebruikte en misbruikte, zijn huis voor kreupelen en bedelaars. Zij wil van het landgoed een christelijke gemeenschap maken, maar haar devotie en grootmoedigheid wordt niet op gepaste wijze onthaald. Viridiana (1961) is de eerste film die Buñuel na een periode van 29 jaar in Spanje maakte. Hoewel het script op haast miraculeuze wijze door de censuur van het Francoregime raakte, werd de film – een zware aanval op de katholieke rituelen en mentaliteit – meteen verboden in Spanje. Ook het Vaticaan kon niet met Buñuels interpretatie van ‘Het Laatste Avondmaal’ lachen. Kritiek en publiek apprecieerden de gitzwarte humor en het antikerkse van Buñuel dan weer wel. Ze verwelkomden hem – ondermeer met een Gouden Palm – opnieuw op het toneel van de wereldcinema.
Viridiana Luis Buñuel
En 1960, la nouvelle génération de cinéastes espagnols persuada Luis Buñuel de tourner à nouveau dans son pays natal, qu’il avait quitté en 1936. Il conçut pour l’occasion un drame ironique : Viridiana, à la veille de prendre le voile, rend visite à son oncle, riche propriétaire terrien. Excité par sa ressemblance avec sa défunte épouse, il songe à la violer puis, rongé par le remords, se suicide, la laissant co-héritière de son domaine avec son fils naturel, un être cynique. Dans son zèle à parfaire le monde autour d’elle, Viridiana s’entoure d’une cour monstrueuse de voleurs, de mendiants et de putains. Inévitablement, sa charité la conduira à la catastrophe et à sa propre perte. Les autorités espagnoles approuvèrent le scénario en réclamant de menus changements mais ne purent viser le film avant sa présentation au festival de Cannes de 1961. En dépit de la Palme d’or, Viridiana fut aussitôt interdit en Espagne (pour plusieurs années). [...] Riche en moments d’observation surréaliste, le film reste l’une de ses plus parfaites illustrations de l’incorrigible folie de la nature humaine et de l’irrépressible comédie de la vie. David Robinson, 1001 Films
Il ne fait aucun doute que Buñuel ait voulu ici, une fois de plus, régler son compte à la religion, qui selon lui stérilise tout ce qu’elle touche. Comme Nazarin, Viridiana accomplit un chemin de croix à rebours : sur le point de faire vœu de chasteté au début du film, elle offre à la fin sa virginité à qui veut bien la prendre... Quoi de plus réjouissant que le spectacle d’une sainte-nitouche qui s’encanaille ! À ses détracteurs, Buñuel confie avec une ironie désarmante : «C’est le hasard qui m’a amené à montrer des images impies; si j’avais des idées pies, peut-être les exposerais-je aussi...» Claude Beylie, Les Films-clés du cinéma
avec Silvia Pinal Francisco Rabal Fernando Rey — 1961 Espagne 90’ - VO st fr
Le réveil de Buñuel, Jean-Claude Carrière, Odile Jacob, 2011
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In 1992 draaide bad boy Abel Ferrara Bad Lieutenant, een hels verlossingsdrama met Harvey Keitel als een laaggezonken, delirante flik. Bad Lieutenant : Port of Call - New Orleans is een vrije bewerking van die subversieve cultfilm in rauwe gootesthetiek waarvan regisseur Werner Herzog zegt dat hij hem nooit gezien heeft. In Herzogs versie wordt die piste van katholieke schuld en redding volledig aan de kant geschoven voor een immorele broeierige neonoir die nog een stuk meer geflipt is. Deze keer is Nicolas Cage de foute cop, één die pijnstillers en coke neemt tegen zijn chronische rugpijn terwijl hij de moord op een immigrantenfamilie tracht op te lossen. Voor Herzog het signaal om totaal onvoorspelbaar – hallucinaties met leguanen – tegen de Hollywoodclichés aan te trappen. Met als resultaat een onderhoudende en atypische flikkenthriller vol waanzin en extreem gedrag in het New Orleans van net na orkaan Katrina.
Bad Lieutenant : Escale à La Nouvelle-Orléans Werner Herzog De Bad Lieutenant, l’original, Werner Herzog ne garde même pas le squelette. Tout au plus quelques lignes : la toxicomanie d’un flic ripou, la toile de fond obsédante de paris qui dégénèrent. Plutôt qu’un remake, un autre film, donc, tout neuf, sans filiation catho – Werner n’aurait jamais vu le film de Ferrara – qui, comble du sacrilège, délaisse New York pour La Nouvelle-Orléans. Dépaysement total que cette escale dans les moiteurs tropicales de la Louisiane : des crocos sortent des marécages, un serpent se love entre les barreaux d’une prison engloutie par Katrina, où un flic retors se pète le dos alors qu’il sauve un détenu des eaux. Un lumbago plus grave que prévu, puisque point de départ du film : pour accélérer la guérison, le flic triple sa posologie, vire junkie, puis pourri intégral. En parallèle, une enquête irrésumable, à la Chandler, accompagne sa décadence. C’est surtout le tempo qui compte, vaste divagation entre complainte bluesy et trip ironique, aiguillée par les shoots de Nicolas Cage et ses picotements de dos. […] Et puis un moment d’anthologie : la géniale séquence des iguanes, où l’on apprend, d’un dialogue sec, que les reptiles, cadrés nets au premier plan devant Nicolas Cage, ne sont que pures hallucinations de ce dernier. Flottement gêné, les autres flics passent à autre chose, Cage fronce les sourcils, les iguanes restent là : ce plan qu’on aurait juré à la troisième personne lui appartient exclusivement. Puis Herzog envoie la musique, zoom avant toute sur l’une des bébêtes. Toute la tension du film, et plus largement la sève du cinéma d’Herzog, semble contenue dans ce regard de prédateur traqué. Grizzly Man amorçait un retour au sommet de pervers Werner, Bad Lieutenant le certifie en tous points : le dangereux routard des seventies est en pleine bourre. Guillaume Loison, Chronicart
The Bad Lieutenant. Port of Call : New Orleans avec Nicolas Cage Eva Mendes Val Kilmer États-Unis 2009 122’ - VO st bil
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Daniel y Ana Michel Franco
avec Dario Yazbek Bernal Marimar Vega Chema Torre Mexique 2009 88’ - VO st bil
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Ce film s’inspire d’une histoire vraie. Issus d’une famille bourgeoise de Mexico, Daniel et Ana sont frère et sœur. Ana, l’aînée, est sur le point de se marier. Daniel est un étudiant insouciant qui commence à fréquenter une jeune fille et s’entraîne pour un marathon. Sous la menace d’une arme, ils sont l’un et l’autre enlevés en plein jour dans la rue, séquestrés dans une villa, et invités à choisir : «On vous viole et on vous tue, ou vous couchez ensemble !» Devant une caméra, of course. [...] Leur prestation sera diffusée sur Internet sous l’étiquette «inceste». Comment raconter un drame pareil sans être suspecté, fut-ce pour la bonne cause, de transformer un traumatisme privé en spectacle public ? Michel Franco réussit à filmer ce double viol sans succomber au voyeurisme. Puis passe à son véritable sujet : comment se remettre de ce choc émotionnel ? Daniel y Ana n’est pas un thriller, c’est un suspense psychologique qui épie la douleur mentale des deux victimes hantées par un secret inavouable. C’est un film sur les ravages du viol, la honte qui en découle, la destruction de soi, la solitude morale, la répulsion immédiate de toute sexualité, la tentation du néant. [...] Mais le cinéaste n’élude pas ce que, consenti ou non, le rapport sexuel incestueux laisse de traces, fusion charnelle avec quelqu’un pour lequel on ressent tendresse voire attirance. Au-delà de la culpabilité, du viol de sa pudeur en présence de quelqu’un appartenant à la cellule familiale, la «scène» quasi primitive qui leur a été imposée a réveillé ce qui est refoulé, le désir entre un frère et une sœur. Le coït a libéré une pulsion dont Daniel se retrouve dépendant, une jalousie dévorante. Autant de tourments, complexes et tabous, que Michel Franco affronte avec une saine distance, sans hystérie ni trémolos, mais avec une lucidité rare. Jean-Luc Douin, Le Monde
Op het menu van de machtige Mexicaanse kartels staat ook kidnapping. Daniel y Ana grijpt zo terug naar een waargebeurd kidnapverhaal, een vreselijke gebeurtenis die het leven van een broer en zus uit een rijke Mexicaanse familie voor altijd zal veranderen. Eens ontvoerd worden de twee gedwongen om seks met elkaar te hebben voor een camera. De kidnappers behoren tot een maffia gespecialiseerd in illegale handel in pornofilms voor het internet. Debuterend regisseur Michel Franco heeft in dit pijnlijke drama vooral aandacht voor de nasleep, voor de manier waarop de 16-jarige Daniel (Dario Yazbek Bernal, broer van Gael Garcia Bernal) en zijn oudere zus Ana (Marimar Vega) heel verschillend met het trauma en de schaamte omgaan. Alles is minimaal in deze troebele shocker, van het acteren en de gereserveerde filmstijl tot de dialogen en de muziek. Het verhoogt in dit geval alleen maar de beknellende sfeer van verontrusting.
Is Exit Through the Gift Shop een documentaire, een mockumentary of een lepe truc van Banksy, de anonieme Britse guerrillastraatkunstenaar die wereldberoemd werd met zijn grijnzende, maatschappijkritische graffitikunst en installaties ? Banksy zelf houdt vol dat het om een gewone documentaire gaat. Hoewel hij zelf ook te zien is, is het vooral een film over Thierry Guetta, een Franse charlatan die in L.A. vintagemode verkoopt, geobsedeerd raakt door de videocamera, het leven van straatartiesten als Space Invader en Shepard Fairey begint te filmen om tenslotte zelf een gladde popartkunstenaar te worden met een megatentoonstelling. En Banksy zijn project - een documentaire over de undergroundkunstbeweging - overneemt. Het is aan de kijker om uit te maken of deze amusante docu echt is of dat Banksy ons om de tuin leidt en Guetta een performanceverzinsel van hem is voor een spottende kritiek op de hype en de nep in de huidige kunstscène.
Exit Through the Gift Shop Banksy Un type masqué consacrant un film à un artiste imposteur ? Ne passez pas votre chemin : Faites le mur ! est un documentaire ludique et réjouissant, savamment iconoclaste, sur le milieu des street artists et sur les excès de l’art contemporain. Derrière la caméra, Banksy, mystérieux «graffeur» britannique dont on ignore la véritable identité. Ses bombages au pochoir ont orné les murs de Bristol, sa ville, puis des grandes capitales, et ses installations provoc sont autant de commentaires pertinents sur le monde d’aujourd’hui. Devant la caméra, Thierry Guetta, Français émigré à Los Angeles, [...] devenu artiste à son tour sous le nom de Mr. Brainwash. Le film raconte l’ascension de cet illustre inconnu, désormais exposé à Los Angeles et New York. Encouragé à se lancer dans l’art par Banksy et ses pairs, Mr. Brainwash trahit leurs espérances (relatives) pour s’affirmer recycleur, photocopieur en gros, fabricant de gadgets visuels qu’un marché frappadingue surcote et surinterprète. [...] Voilà le premier «message» du film : alors que la plupart de ces graphistes «sauvages» – et Banksy le premier – ont pratiqué leur art comme de l’agit-prop, le commerce finit toujours par tout gâcher. Pas besoin d’être grand clerc pour voir la piètre qualité des travaux de Mr. Brainwash. Vieux débat : que vaut une œuvre d’art ? Sa cote financière ou sa valeur esthétique ? Mais la force du film est aussi dans le doute qu’il instille, peu à peu. Ce Thierry Guetta [...] est-il vraiment l’auteur des œuvres exposées ? [...] Manipulation géante, trompe-l’œil virtuose, Faites le mur ! évoquerait presque Borat : un certain art de démontrer les choses par l’absurde, une pirouette virtuose pour permettre aux street artists de continuer à travailler dans l’ombre, créatifs et cachés. Aurélien Ferenczi, Télérama
Faites le mur ! avec Rhys Ifans Banksy Thierry Guetta — États-Unis/Royaume-Uni 2010 86’ - VO st bil
Guerre et spray, Banksy, Alternatives, 2010
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Hereafter Clint Eastwood
Au-delà avec Cécile de France Matt Damon Frankie & George McLaren — États-Unis 2010 128’ - VO st bil
Clint Eastwood : biographie, filmographie illustrée, analyse critique, Patrick Brion, La Martinière, 2010
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Au-delà est construit autour de trois histoires. Journaliste française renommée, Marie est victime d’un tsunami au cours de vacances en Asie, et laissée pour morte avant de revenir à la vie. George a gardé d’une maladie d’enfance un don de médium qui lui permet de faire dialoguer les vivants avec leurs morts, mais le condamne à la solitude. Marcus, un jeune Londonien, est incapable d’affronter la mort (dans un accident de la circulation) de son jumeau et protecteur. Au-delà est l’histoire des liens mystérieux qui unissent les vivants aux morts et que la mort tisse entre les vivants. On songe au beau livre d’Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne, [...] aux Petits Arrangements avec les morts de Pascale Ferran [...], au cinéma de Krzysztof Kieslowski. Eastwood nous avait déjà donné des films sombres, hantés par la mort et la difficulté de la transmission. Ici, la mort est le point de départ et non l’achèvement. Touchant chacun des personnages, elle est ce qui les rapproche, les unit et réoriente leur existence. Alors que les héros d’Eastwood sont souvent aux prises avec des fantômes auxquels ils ne parviennent pas à échapper sinon par la mort, Marie, George et Marcus font un chemin qui va de la mort à la vie, assez exceptionnel dans l’œuvre. [...] Au fond, Clint Eastwood, par-delà les thèmes obsessionnels qui se dégagent de son œuvre (la fin de l’innocence, la difficulté de la filiation), est sans doute le grand mélodiste du cinéma contemporain. «Le style, c’est l’émotion», disait John Gielgud dans Providence. Au moment de conclure, nous revient la belle phrase d’Emmanuel Carrère à la fin de D’autres vies que la mienne : «Ah, et puis : je préfère ce qui me rapproche des autres hommes à ce qui m’en distingue.» Telle est la sensation qu’on éprouve après la projection d’Au-delà. Jean-Dominique Nuttens, Positif
In Hereafter doet Clint Eastwood iets wat hij als acteur of regisseur nog niet gedaan heeft : een uitstap in het bovennatuurlijke. Het uitgebalanceerde scenario van Peter Morgan – de scenarist van The Queen en Frost/Nixon – handelt volledig over het mysterie van de dood en het hiernamaals. Maar verwacht geen doodsgedicht van deze Hollywoodreus. Drie personages staan centraal in dit sober en trefzeker verfilmde drama dat voor Eastwoodnormen opvallend sentimenteel en spiritueel van strekking is : een Amerikaanse arbeider met paranormale gaven (Matt Damon), een Franse journaliste (Cécile de France) die een bijna-doodervaring gehad heeft en een Engels jongetje (Frankie McLaren) dat zijn broer verloren heeft. Die verhaallijnen weeft Eastwood mooi samen tot een metafysische mozaïek, één die misschien naïeve vragen stelt over de dood en de zin van het leven maar die sereen de invulling aftast die we er intuïtief aan kunnen of willen geven.
Remakes, vloek of zegen ? Het laatste in het geval van Im Sang-Soo’s The Housemaid. Het origineel is een cultklassieker uit 1962 van de Zuid-Koreaanse regisseur Kim Ki-Young. Cult omdat hij het verhaal over het overspel van een getrouwde pianoleraar met een dienstmeisje ombuigt tot een intrigerend Hitchcockiaans moraliteitsverhaal maar dan gemengd met een gulp horror en een dosis broeierig sociaal melodrama à la een overkookte Douglas Sirk. In de nieuwe versie is het personage van de pianoleraar een steenrijke zakenman geworden en is de huismeid niet langer de agressieve sociale klimster maar het weerloze, uitgebuite slachtoffer (rol van de Koreanse ster Jeon Do-Yeon). Meer een film dus over de sociale ongelijkheid en het klassenverschil, één die door Im Sang-Soo verpakt is als een bijzonder elegant en stijlrijk soft-erotisch melodrama met sterke satirische en pulpy accenten.
The Housemaid (La Servante) Im Sang-Soo La Servante de Kim Ki-Young (1960) est souvent cité par les Coréens comme l’un des meilleurs films de l’histoire de la cinématographie du Sud. Réalisée sous la dictature de Park Chung-Hee, il exprimait avec une tension proche du film d’horreur un climat extrêmement lourd et étouffant de sexualité, manipulation, jalousie, soumission, masochisme, dans des classes sociales différentes. [...] Im Sang-Soo a su déjouer les pièges de la copie, réussir un film personnel et l’inscrire dans l’époque qui est la sienne et dont il entend dresser un tableau sans concession des tensions entre classes sociales. [...] Si la Corée du Sud est aujourd’hui un pays démocratique, dont les effets de la dictature (si présents dans le film de Kim Ki-Young) ont presque disparu, il subsiste encore des problèmes d’apparence et de différence de classes sociales. Im Sang-Soo, toujours fin observateur de la société et des enracinements dans le passé, s’en fait l’écho ici. Le pouvoir de l’argent, la puissance sociale, le désir de contrôle, la hiérarchie familiale, le rapport aux employés de maison se reflètent dans ce film, dont le huis clos est une expression de luxe et de domination. La capacité du réalisateur à y inscrire les rapports entre les personnages, incarnés par des comédiens tous remarquables, et à mettre en relation ce monde clos avec la société extérieure, confirme Im Sang-Soo comme un des cinéastes passionnants de la génération qui a émergé à la fin des années 1990, ère démocratique après des années de dictatures successives, tandis que s’épanouissait à nouveau l’industrie cinématographique coréenne. [...] La Servante n’est plus une réflexion sur le rapport au passé, mais sur l’état actuel de la société coréenne, gangrenée par le pouvoir et l’argent dans les hautes sphères, alors que dans la rue existe une autre société. Hubert Niogret, Positif
Hanyo avec Jeon Do-Yeon Lee Jung-Jae Youn Yuh-Jung Corée du Sud 2010 107’ - VO st bil
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Tournée Mathieu Amalric
avec Miranda Colclasure Suzanne Ramsey Linda Maracini Mathieu Amalric France 2010 111’ - VO fr st nl
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L’Amérique : il aura fallu que Mathieu Amalric aille par deux fois y plonger son corps d’acteur (dans Munich et Quantum of Solace) pour être en mesure, enfin, de réaliser ce quatrième film, éblouissant, qu’il ne cessait de repousser depuis des années. Lauréat en 2010 d’un Prix de la mise en scène ultramérité au festival de Cannes, Tournée raconte le retour aux pays d’un producteur prodigue, Joachim Zand, accompagné par une troupe de danseuses américaines dont il a booké le spectacle dans plusieurs villes portuaires de province. […] «Éblouissant» est bien le premier mot pour décrire Tournée : éblouissant comme la lumière des néons qui composent le générique de début; éblouissant comme les prestations scéniques des show girls (and boy) s’adonnant au New Burlesque, ce mélange torride de strip-tease et de clownerie, d’incandescence sexy et de grotesque fellinien; éblouissant, enfin, comme l’interprétation sans faute de Mathieu Amalric, qui s’offre là l’un de ses plus beaux rôles, celui d’un producteur inspiré de Paulo Branco, le producteur-flibustier d’Oliveira, Akerman, Honoré, Ruiz et tant d’autres, dont il fut l’assistant étant jeune, et de Cosmo Vittelli, le héros de Meurtre d’un bookmaker chinois de John Cassavetes. […] Amalric a su saisir dans ce personnage aux abois, embarqué dans une constante fuite en avant, toute la mélancolie des rêveurs, leur incapacité à patauger dans la médiocrité du monde tel qu’il va. […] Mais il arrive aussi parfois que le réel résiste, refuse de s’enivrer, et c’est dans la cruauté révélée des rapports entre le show et la vie que le film décolle, se teinte d’une belle noirceur. Tournée est ainsi une ode à la jouissance, à la vitesse et à la fiction. Qu’importe que le refrain soit connu : on l’aura rarement chanté avec une telle ardeur. Jacky Goldberg, Les Inrockuptibles
Met Tournée brengt de Franse acteur en regisseur Mathieu Amalric een even mooi als warm saluut aan de wereld van de music-hall. Amalric zelf is perfect gecast als Joachim, een halfmislukte producer die uit Amerika naar Frankrijk terugkeert om als impresario op tournee te gaan door la France provinciale met een groep extravagante New Yorkse burleske danseressen die een voorstelling geven met muzikale stripteasenummers. Maar de tegenslagen blijven hem achtervolgen. De naturalistische, baanbrekende visuele stijl van John Cassavetes was een belangrijke bron van inspiratie voor Amalric. Het verklaart meteen de energieke cinéma vérité-schwung die van deze vrolijk ongestructureerde roadmovie uitgaat. Amalric kreeg er in Cannes de prijs voor de Beste Regie voor. Zijn frivole en wulpse kijk op het leven achter de schermen van een showrevue ontroert niettemin ook omwille van de teder-flamboyante mix van melancholie en komedie.
Hollywoodacteur Ben Affleck is een kind van Boston. Ook in het gangsterdrama The Town, zijn tweede film als regisseur, speelt de stad een pertinente rol. Deze vastberaden adaptatie van Chuck Hogans roman Prince of Thieves is gesitueerd in Charlestown, een IersAmerikaanse arbeidersbuurt in Boston. Het is de uitvalsbasis van Doug (Affleck) en zijn beste maat Jem (Jeremy Renner, bekend van The Hurt Locker) voor een aantal overvallen die overigens uiterst zenuwslopend in beeld zijn gebracht. Doug wil breken met dat boevenleven wanneer hij verliefd wordt op een lokale bankmanager, de benauwende opzet van deze prima misdaadthriller. Wat volgt is een met vinnige klasse gefotografeerd crimineel avontuur, een meeslepende mix van koortsachtige heistfilm, een explosief spelletje oorlogsvoering tussen flikken en overvallers, troebele romantiek en een sociaal deterministisch gekleurd verhaal over vriendschap, eergevoel en het spook van verraad.
The Town Ben Affleck
Voilà qui devrait définitivement assurer le rang de Boston parmi les capitales du crime. Le titre du second long métrage réalisé par Ben Affleck se réfère à Charlestown, quartier populaire de la capitale du Massachusetts dont on apprend qu’il compte parmi ses habitants une proportion peu ordinaire de braqueurs de banques. [...] Affleck a grandi à Boston. Il y avait situé le scénario, écrit avec Matt Damon, de Will Hunting. Il y a fait ses débuts de réalisateur, avec Gone Baby Gone. Cette fois, c’est un livre de Chuck Hogan (en français : Le Prince des braqueurs) qui l’oblige à revenir sur les lieux de son enfance. Cette sensation d’emprisonnement est en tout cas le ressort principal de ce thriller classique, élégant et énergique. [...] Ben Affleck ne fait même pas mine de renouveler ces figures, vieilles comme les premiers films de James Cagney. Il essaie tout simplement d’en faire du cinéma, pour distraire, pour émouvoir, pour faire frissonner, comme au temps de Public Enemy de William Wellman (1931). The Town retrouve aussi l’esprit politique des films de gangsters des années 1930. C’est sans doute une question de cycles économiques. Après l’automne 2008, la compassion que l’on peut ressentir pour les victimes de Doug et sa bande – les grandes banques à succursales – s’est singulièrement émoussée. Et Jon Hamm est un candidat idéal pour ressortir l’archétype du policier obsessionnel qui finit par être le méchant de l’affaire. L’autre méchant, un fleuriste qui tire toutes les ficelles du crime à Charlestown, est interprété par le regretté Pete Postlethwaite. Son personnage occupe exactement la position de celui de Jack Nicholson dans Les Infiltrés, de Scorsese, et l’acteur britannique en donne une version laconique, économe de moyens, mais aussi impressionnante que celle du monstre sacré. d’après Thomas Sotinel, Le Monde
avec Ben Affleck Rebecca Hall Jon Hamm États-Unis 2010 123’ - VO st bil
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Winter’s Bone Debra Granik
avec Jennifer Lawrence John Hawkes Kevin Breznahan États-Unis 2010 100’ - VO st bil
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Elle a dix-sept ans, un petit frère, une petite sœur ainsi qu’une mère malade et mutique. Ree assure seule la subsistance du foyer et l’éducation des enfants. Quand la police débarque chez elle, elle n’a pas vu son père depuis des mois. Dealer et fabricant de drogue notoire, Jessup Dolly a hypothéqué sa maison pour payer sa caution et sortir de prison. Puis il a pris la fuite. La jeune fille doit donc le retrouver, sous peine de voir sa maison saisie et sa famille à la rue. Commence alors une longue quête à travers les bois, où Ree s’enfonce dans le passé de son père, à la rencontre de personnages de plus en plus inquiétants. «L’ossature de l’hiver» se réfère bien sûr au corps paternel évaporé dans la nature. Mais ce titre étrange donne aussi une belle définition au décor : l’hiver a tout rongé. Pourtant, ces bois et ces marais sans charme particulier appartiennent au domaine du merveilleux. Le second film de Debra Granik nous emporte dans des eaux magiques et ambiguës. La lumière rêche qui prend le vent, la caméra DV qui traque les visages impriment au film une esthétique réaliste et sans apprêt. Cette mise en scène entre au service d’un scénario de conte de fées : l’histoire d’un Petit Poucet et de ses frères à l’orée d’un bois immense et sombre. Il y a dans Winter’s Bone tout ce qu’on aime de l’Amérique, de son cinéma et de sa musique : un mélange d’extrême violence, de solitude et de poésie sans chichis. La description d’un monde rude mais sans mensonge, violent mais baigné d’une certaine grâce. […] A la fin, Teardrop, l’oncle héroïque, le tatoué violent, apporte aux gamins une portée de poussins enveloppée avec soin dans un bandana : «Je les leur offre pour qu’ils les élèvent.» Les enfants sont maintenant eux-mêmes responsables. Ils n’ont plus de père, mais ils ont un toit, un fusil, un banjo et le grand ciel du Missouri. Tout ira bien. Adrien Gombeaud, Positif
Het vier keer voor de Oscars genomineerde en terecht de hemel in geprezen Winter’s Bone komt recht uit de hoek van de Amerikaanse onafhankelijke cinema. De set-up van deze verfilming van Daniel Woodrells gelijknamige ‘country noir’-roman is eenvoudig : de vastberaden 17-jarige Ree Dolly (een intens doorleefde vertolking van rijzende ster Jennifer Lawrence) moet zo snel mogelijk haar afwezige junkievader vinden want als hij niet komt opdagen voor een rechtszaak verliest haar arme familie het huis dat hij in onderpand gaf voor zijn vrijlating. Uit dat summiere gegeven spint regisseuse Debra Granik een grimmige rurale thriller met sociale kritiek die zich afspeelt in de bossen van een bleek Missouri en in het marginale milieu van een gesloten whitetrashgemeenschap. Eén waarin paranoia en ellende betoverend hand in hand gaan met suspense en een memorabel akelig mysterie. Of Rosetta in the woods !
In februari 2009 werd bij Christie’s voor meer dan 370 miljoen euro de privé-collectie van mode-icoon Yves Saint Laurent en zijn lover en zakenpartner Pierre Bergé verkocht. De verzameling bestond uit uniek zilverwerk, Art Deco-meubelen, werken van Oude Meesters en doeken van Mondriaan, Léger, Picasso en Matisse. Die kunstcollectie is het kloppende hart van YSL - Pierre Bergé : l’amour fou, een passionele documentaire van Pierre Thoretton over de vijftig jaar lange relatie tussen de haute-coutureontwerper en Bergé. Dit document neemt je mee naar de beginjaren van hun relatie, het debuut van YSL bij Dior en staat via interviews met naasten ook stil bij zijn drank- en drugverslaving en zijn defilés. Het meest begeesterend zijn echter de bezoeken aan hun magnifiek ingerichte huizen in Marrakech, Parijs en Château Gabriel in Normandië. Plaatsen die vol staan met de door hen samen uitgezochte kunst, als een intieme reflectie op hun relatie.
Yves Saint LaurentPierre Bergé : l’amour fou Pierre Thoretton Film singulier que ce docu réalisé par un artiste contemporain. Pierre Thoretton a choisi, pour raconter la longue et célèbre histoire d’amour de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, un dispositif rappelant le point de vue d’un clerc de notaire qui établit l’inventaire des biens avant le règlement d’une succession. Sur ce mode, le montage alterne trois lignes de récit : 1. la partie immobilière, qui liste avec une précision dans les dates redoutable tous les appartements et maisons loués, achetés, partagés et décorés par le couple; 2. la partie mobilière, ou l’inventaire des œuvres d’art et d’artisanat de grande beauté dont ils furent les acquéreurs soucieux, heureux et généreux; 3. la partie amoureuse, ou le récit chronologique du narrateur principal, Pierre Bergé, parfois illustré ou interrompu par des images d’archives, de l’histoire d’un couple qu’il voudrait exceptionnel mais qui – objectivement et avec tout le respect qu’on lui porte – ressemble, du moins dans ce film, à celle d’à peu près tous les couples […]. Et l’on sent bien vite que le défaut majeur du travail de Thoretton réside dans la difficulté à trouver la bonne distance avec Bergé : trop proche de lui, trop fasciné sans doute aussi. Or, paradoxalement, et c’est le petit miracle du film, c’est Saint Laurent qui emporte le morceau. Pourquoi ? Parce que sur les images trop courtes, souvent intimes (sortes de home vidéo) qui le montrent dans les années 1970 ou 1980, il semble toujours plus gai et vivant que le portrait qu’en donne Bergé – qui a dû en voir et en vivre de belles, on veut bien le croire. Avant d’être celui que les abus de drogues, d’alcool et de médicaments transformèrent peu à peu en momie, on voit grâce à ces images qu’Yves Saint Laurent fut jeune, et s’amusa parfois comme un fou, et donc fut vivant, et pas seulement cet être «né dépressif» fixé par la légende. Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles
France 2009 98’ - vfr st nl
Lettres à Yves, Pierre Bergé, Gallimard, 2010
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Peter Watkins
56 Dire de ce franc-tireur britannique qu’il est un spécialiste de la politique-fiction serait passer à côté de son importance en limitant la portée de ses films à leur sujet. D’avoir abordé des thèmes tels que la guerre, la coercition sociale et la course aux armements nucléaires aura certes exposé Peter Watkins à la censure de ses commanditaires télévisuels. Mais ce qui fait la force de son cinéma, et ce qui le rendait réellement irrecevable aux yeux des censeurs, c’est l’invention d’une forme – acteurs non professionnels, style de pseudo-reportage – qui porte en elle une critique des dispositifs audiovisuels contemporains, de leur prétention à l’objectivité, de leur domination et de leur pouvoir de manipulation. Forme qu’il a su aussi transporter ailleurs pour donner une dimension nouvelle aux genres de la biographie d’artiste ou de l’évocation historique.
Zeggen dat het Britse buitenbeentje Peter Watkins gespecialiseerd is in misdaadfictie, is de reikwijdte van zijn films oneer aandoen. Onderwerpen als nucleaire wapenwedloop, en het geweld en de sociale druk die ermee gepaard gaan, brachten Watkins zeker en vast in de censuurzone van eventuele opdrachtgevende televisiekanalen. Wat de kracht is van zijn films, en hen onontvankelijk maakt voor zaterdagavondkrimi, is zijn pseudodocumentaire stijl. Met zijn gebruik van niet-professionele acteurs, en hun aanspraak op objectiviteit en hun onschuld in het manipuleren van de kijker, gaf hij een nieuwe dimensie aan het genre van de kunstbiografische films en historische getuigenissen.
Media Crisis, Peter Watkins, Homnisphères, 2007 L’insurrection médiatique : Médias, histoire et documentaire dans le cinéma de Peter Watkins, Sébastien Denis & J-P Bertin-Maghit, PU Bordeaux, 2010
We krijgen zelden de kans uitgebreid met het werk van Peter Watkins kennis te maken. Watkins is één van de pioniers van het docudrama. Hij gebruikt de combinatie van drama en documentaire om historische feiten te ontleden of mogelijk toekomstige gebeurtenissen te voorspellen. Zijn werk, waarin hij vaak niet-professionele acteurs gebruikt, ‘zodat ook zij hun mening kunnen verwoorden’, schopt constant tegen de grenzen van klassieke documentaires en films aan. Watkins gelooft niet ‘dat het antiglobalisme tot volle wasdom kan komen, als we radio, tv en film in hun huidige vorm behouden’. Watkins debuteerde op het tv-scherm met Culloden (1964), in opdracht van de BBC. De veldslag van Culloden uit 1746, ‘een vaak foutief voorgestelde en één van de brutaalste veldslagen in Groot-Brittannië die het einde van het Schotse clansysteem inluidde’ wordt gepresenteerd als een hedendaags nieuwsrapport, alsof de veldslag zich afspeelt voor de camera.
La Bataille de Culloden Peter Watkins
Lors de la bataille de Culloden, qui se déroula le 16 avril 1746 dans les landes marécageuses de l’Écosse, les régiments d’élite anglais, sous les ordres du duc de Cumberland, écrasent Charles-Édouard Stuart et ses partisans qui cherchaient à rétablir une Écosse indépendante. Hommage à Peter Watkins, etrangefestival.com
«Mon premier film à la BBC en tant que réalisateur-producteur. Il n’a nécessité que trois semaines de tournage, lequel s’est déroulé en août 1964. S’inspirant d’un livre de l’historien John Prebble, c’est le seul de mes films qui a obtenu en Angleterre un accueil enthousiaste. La Bataille de Culloden reste un film unique par bien des aspects. Le film s’engageait dans une voie, celle du docudrame historique, que personne n’a laissée se développer, certainement parce que les dirigeants de la télévision de l’époque étaient effrayés par l’idée de voir le public participer directement à la recréation de leur propre histoire. Ils étaient aussi horrifiés que le film dévoile au grand jour le mythe savamment entretenu du soit-disant réalisme objectif des reportages télévisuels. Mon film utilisait, en effet, le même langage filmique qu’eux, mais pour mettre en scène un événement s’étant déroulé bien avant l’invention des caméras. Dès l’hiver 1965, le sentiment de la BBC à l’égard de La Bataille de Culloden s’est inversé. En effet, lors d’un des journaux télévisés du soir, la BBC a rendu public un communiqué dans lequel on m’accusait d’avoir piégé les acteurs du film en cachant des câbles dans les taillis afin de les faire chuter de manière plus réaliste. Cette campagne de calomnies – la BBC n’ayant même pas pris la peine de contacter les “acteurs” du film pour vérifier ces accusations – a en fait été le seul moyen qu’a trouvé la chaîne pour salir mon nom et ainsi empêcher, par la suite, la diffusion de La Bombe sur ses antennes.» Peter Watkins
avec Olivier Espitalier-Noel George McBean Robert Oates 1964 Royaume-Uni 75’ - VO st fr
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La Bombe / Journal d’un soldat inconnu Peter Watkins
The War Game avec Michael Aspel Peter Graham 1965 Royaume-Uni 47’ - VO st fr —
The Diary of an Unknown Soldier avec Brian Robertson Peter Watkins 1959 Royaume-Uni 20’ - VO st fr
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31.08.11 - 19:00 Leçon de cinéma
«J’ai réalisé La Bombe à une époque où le gouvernement anglais (et la BBC) faisait l’apologie de la force de dissuasion nucléaire. La propagande officielle assurait la population que les mesures prises par la Protection civile en Grande-Bretagne – une farce aux bonnes intentions – permettraient au pays de se relever après une guerre nucléaire totale. Juste avant de démarrer le tournage du film, j’ai envoyé le scénario au British Home Office, institution gouvernementale en charge du programme de Protection civile. J’avais dans l’idée de leur poser des questions sur la localisation des abris anti-atomiques en Grande-Bretagne. Le British Home Office a appelé la chaîne en état de panique et, dès lors, la BBC a tout fait pour m’empêcher de tourner. Le tournage s’est déroulé au printemps 1965 et les prises de vue ont duré quatre semaines. Une fois le montage achevé, la BBC a saisi le film pour statuer sur son sort. [...] Avec ce documentaire, je n’ai pas cherché à exagérer l’horreur de la situation. Si La Bombe choque le spectateur, ce n’est pas parce qu’on a eu recours à des effets de terreur, mais parce qu’il voit pour la première fois, avec l’évidence de l’image, ce qu’il ne veut pas voir et ce qu’on ne lui laisse pas voir.» Peter Watkins
Dès Journal d’un soldat inconnu, description minutieuse de la vie quotidienne de soldats anglais dans une tranchée en 1916, [...] film tourné avec des moyens modestes, le cinéaste met en place son style. Cette «fiction», élaborée à partir de documents iconographiques (photographies, films, émissions de télévision), est tournée avec des acteurs inconnus, en décors naturels, la caméra portée à l’épaule comme par un opérateur d’actualités, ce qui lui confère un caractère de reportage pris sur le vif. ciné-club de Caen
Nadat de opgemerkte tv-première Culloden, in The Guardian ‘een onvergetelijk experiment’ genoemd werd, bekoelde de liefde tussen documentairemaker Watkins en de BBC snel. In 1965 maakt hij voor de Britse tv-zender het docudrama The War Game, over de gevolgen van een nucleaire aanval op Groot Brittannië. Alle maatregelen die zogenaamd werden voorzien, blijken onbestaand. Om zijn explosieve standpunt kracht bij te zetten, last Watkins interviews in met hooggeplaatste voorstanders van ‘de bom’. De film werd in het Verenigd Koninkrijk verboden (de censuur werd pas 20 jaar later opgeheven). De BBC bedankte Watkins voor bewezen diensten. Vanaf dan zet Watkins al zijn stekels tegen de massamedia op. Zijn pacifisme dateert al van vroeger. Uit 1959 dateert The Diary of an Unknown Soldier, een kortfilm van 20 minuten waarin Watkins de zinloosheid van de oorlog aanklaagt (Watkins vervulde zijn verplichte legerdienst ongewapend).
Na de boycot van The War Game, verlaat Peter Watkins Groot Brittannië. Vanaf nu werkt hij uitsluitend in het buitenland. Gladiatorerna (The Gladiators, 1969) maakt hij in Zweden. Media en politiek (en de problemen voor en de druk op individuen die ze creëren) zijn opnieuw kop van Jut. In de nabije toekomst worden ‘Spelen voor de Vrede’ georganiseerd. Alleen zijn die in de visie van Watkins niet echt bedoeld om een derde wereldoorlog te voorkomen. Ze moeten, vandaar de titel, de zucht naar agressie van de bevolking kanaliseren en nationalistische gevoelens stimuleren. Onder het bevel van generaals bestrijden twee kampen (west tegen oost) van twaalf soldaten elkaar. Tot de dood erop volgt. Watkins wil het publiek waarschuwen voor de gevaren van de massamedia. Hij wil hen opvoeden tot kritische kijkers, die wat ze zien niet noodzakelijk als dé waarheid ervaren.
Les Gladiateurs Peter Watkins
Dans un avenir proche, le monde est scindé en deux blocs : d’un côté, la Chine, et, de l’autre, l’Afrique, l’Europe et le reste de l’Asie, placés sous la surveillance de l’URSS et des ÉtatsUnis. Seul l’équilibre nucléaire maintient l’ordre mondial en empêchant la guerre. On organise cependant des «Jeux de la paix», combats destinés à canaliser puis à sublimer les instincts agressifs. Sous le regard des attachés militaires des deux camps venus suivre l’événement en badinant autour d’une tasse de thé, deux équipes de gladiateurs modernes s’affrontent. L’arbitre est un ordinateur, et il marque les points en comptabilisant la liste des morts sanglantes. Mais, cette fois-ci, le jeu sera perturbé par l’intrusion d’un jeune contestataire français qui va tenter de mettre en échec la Machine. Hommage à Peter Watkins, etrangefestival.com
«Ce fut un film très difficile à faire. Il a été tourné en Suède durant l’été et l’automne 1968. C’est à la suite d’une projection de La Bombe que la société de production Sandrew Film m’a offert cette opportunité. Coécrit par un ami anglais, Nicholas Gosling, Les Gladiateurs posa beaucoup de problèmes sur le plan technique. Je voulais que les mouvements de caméra soient très fluides, mais l’équipement 35 mm d’alors était encore peu maniable. Je me suis donc résolu à adopter un style plus formaliste et plus statique. Le film a été l’objet d’attaques virulentes en Scandinavie au moment de sa distribution en salles. Bien qu’il ait été fait juste après les événements de Mai 68 et sous leur influence, aucune des questions abordées par Les Gladiateurs n’a suscité le moindre débat, ni sa forme allégorique, ni même la critique acerbe de notre société de consommation.» Peter Watkins
Gladiatorerna avec Arthur Pentelow Frederick Danner Hans Bendrik 1969 Suède 102’ - VO st fr
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Punishment Park Peter Watkins
avec Patrick Boland Kent Foreman Carmen Argenziano 1971 États-Unis 90’ - VO st fr
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Réalisé pour 50 000 dollars, Punishment Park reste à peine quatre jours à l’affiche avant d’être retiré suite à des critiques assassines et à la crainte des exploitants de voir des actes de violence se manifester lors des séances. Le film sort en France en 1973, assorti d’une interdiction aux moins de dixhuit ans pour «incitation à la violence». Ce film, qui sera très peu montré aux États-Unis et jamais à la télévision, est pourtant aujourd’hui l’œuvre la plus connue de Peter Watkins. Après The Gladiators réalisé en Suède en 1969, Watkins tourne son premier film américain durant l’été 1970. Le cinéaste profite de la vague du Nouvel Hollywood, qui ébranle alors le modèle des studios, pour réaliser ce brûlot contre la politique de Nixon et contre ce qu’il nomme la monoforme. Punishment Park a donc deux cibles qui sont étroitement imbriquées par les choix de mise en scène de Watkins : l’impérialisme et le fascisme latent du gouvernement américain d’un côté, les mass media de l’autre. [...] Watkins utilise le langage du film documentaire au sein d’une pure fiction afin de proposer une critique de la monoforme. Tout le passage dans le Punishment Park est un survival, récit de chasseurs et de chassés qui se situe dans la longue lignée inaugurée par The Most Dangerous Game en 1932. Mais lorsqu’un embryon de fiction commence à naître, Watkins interrompt sciemment le processus d’identification du spectateur en faisant une transition sur des interviews des protagonistes. Pour rappeler au spectateur qu’il est devant un film, il emploie également les regards caméra, procédé banni par le cinéma classique. [...] Provoquer la distanciation, c’est empêcher le spectateur d’être happé par l’écran, c’est un moyen de le faire réfléchir sur ce qu’il voit et sur la manière dont le film lui est raconté. Olivier Bitoun, dvdclassik.com
In het verlengde van het Kent State incident in 1970 (tijdens oorlogsprotest aan de universiteit van Ohio opent het leger het vuur op ongewapende studenten) verschijnt in Amerika Punishment Park (1971), een zeer opmerkelijk voorbeeld hoe Peter Watkins ons laat koorddansen op de dunne lijn tussen fictie en realiteit (vooral met wat we nu weten over wantoestanden in Abu Ghraib en Guantanamo, is het onderscheid moeilijk te maken). Een groep dienstweigeraars wordt voor de keuze gesteld: ze kunnen hun gevangenisstraf ontlopen als ze op drie dagen tijd een bepaalde plek in de woestijn bereiken. Ondertussen wordt er jacht op hen gemaakt. In geen tijd loopt het bizarre experiment volledig uit de hand. Watkins gebruikt zowel professionele als nietprofessionele acteurs, die zeer overtuigd de standpunten vertolken die ze persoonlijk innemen. Watkins vreest meer dan eens dat ook op de set de situatie uit de hand zal lopen.
Edvard Munch (1974) is, zo zegt hij zelf, Peter Watkins’ meest persoonlijke film. Watkins houdt van de sterkte van het werk van de Noorse schilder, en van de directe manier waarop de mensen op het doek ons in de ogen kijken. Watkins gebruikt een uitgebreide cast van nietprofessionele acteurs, die zich (in het verlengde van het werk van Munch) soms rechtstreeks tot de camera wenden, om leven en werk van Munch te schetsen. In het Noorwegen van de tweede helft van de 19e eeuw zijn de werk- en levensomstandigheden ondermaats, hypocrisie en kleinburgerlijkheid floreren. Munch blijkt geen sant in eigen land. Zo ontstaat zijn zwarte kijk op het leven. De parallel met leven en werk van Watkins ligt voor de hand. Hoewel deze film het tot de selectie van het filmfestival van Cannes schopt, vindt de film, oorspronkelijk gemaakt voor tv, zijn weg naar het grote publiek maar met mondjesmaat. Ingmar Bergman noemt het nochtans ‘een meesterwerk’.
Edvard Munch Peter Watkins
Cinéaste au regard acéré et virulent, Peter Watkins a trouvé un sujet idéal en la personnalité torturée du peintre Edvard Munch. Renouvelant les codes du biopic, entre reportage et reconstitution historique, il invente une symphonie virtuose où se mêlent l’homme, son métier, une époque. Un tourbillon des sens totalement fascinant. Vie d’artiste en marge, reniant ses origines petites-bourgeoises pour une vie de bohème et de voyage, il n’est rien d’étonnant à ce qu’un personnage aussi ambigu et engagé qu’Edvard Munch ait pu intéresser le cinéaste Peter Watkins. Deux ans après l’ultra contemporain et outrancier Punishment Park, l’Anglais retrouvait ici son goût prononcé pour la reconstitution historique «documentaire», un genre qu’il a inventé. Qu’est-ce que le genre historico-documentaire de Watkins ? Un mélange de reconstitution minutieuse de décors, de costumes et de situations historiques, régulièrement «perturbée» par l’incursion d’une voix off journalistique ; celle du réalisateur, qui interviewe «en direct» les personnages. Manière audacieuse d’injecter des informations chiffrées et factuelles dans un récit qui pourrait très bien s’en passer, elle définit la démarche historique critique de Watkins Avec Edvard Munch, Peter Watkins atteint la plénitude de son cinéma. L’humain ne se trouve pas instrumentalisé et asservi à une démonstration, mais pris en compte dans toute sa complexité et sa souffrance. On imagine facilement l’admiration que doit inspirer Munch au cinéaste, pour l’avoir détourné d’un nihilisme forcené et ouvert à une forme d’humanisme et d’empathie. Au bout de 2h45 d’un voyage riche et halluciné, le cinéaste a lui aussi atteint le sublime. Laurence Reymond, fluctuat.net
avec Geir Westby Gro Fraas Kerstii Allum 1974 Suède/Norvège 165’ - VO st fr
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Le Libre-penseur Peter Watkins
Fritänkaren avec Yasmine Garbi Anders Mattsson Lena Settervall 1994 Suède 270’ - VO st fr
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Le Libre-penseur évoque la vie et l’œuvre du dramaturge suédois August Strindberg (1849-1912), de la même manière que l’Edvard Munch du cinéaste évoquait la vie et l’œuvre du grand peintre norvégien, par trois aspects privilégiés d’une vie : l’influence de son enfance sur sa personnalité et sur son œuvre, le sens de sa relation avec sa première femme, et la manière dont il se confronta aux injustices sociales de son temps. Watkins réalise ici un de ses plus grands films. Sa démarche est fondée sur l’humilité : un effacement complet derrière son sujet, qui lui permet de restituer à son héros l’unité de tout destin humain, plongeant celui de Strindberg, contrairement à tant de biographies filmées, dans les méandres de la société de son temps, et démontrant ainsi à quel point toute existence est conditionnée par un contexte – et par-dessus tout par une enfance. [...] Le film tente, à différents niveaux, d’ouvrir l’espace du film au public. Les scènes durent beaucoup plus longtemps que celles auxquelles nous sommes habitués ; très souvent, nous voyons où elles commencent et où elles finissent, dans le respect de leur temporalité réelle : et nous en devenons ainsi en quelque sorte les spectateurs actifs. C’est de cette manière que Watkins, au départ d’un destin singulier, rejoint ses préoccupations sur les mass media d’aujourd’hui. Le Libre-penseur suit un rythme inverse, et la longueur du film, au lieu d’engendrer l’ennui, permet au contraire à chacun de devenir acteur lui aussi, de réfléchir, de réagir, de s’opposer. Mais l’originalité supplémentaire du Libre-penseur vient de ce que son mode de production et de tournage ont concrétisé sur un plateau la thématique même du cinéaste, en faisant de ce film une expérience unique dans l’histoire du cinéma. Emmanuel Leclercq, studiodesursulines.com
Twintig jaar na Edvard Munch waagt Peter Watkins zich opnieuw aan de verfilming van het leven van een kunstenaar. Met Fritänkaren ( The Freethinker, 1994) borstelt hij een portret van toneelschrijver August Strindberg. Watkins, die op dat moment een videocursus doceert aan een Zweedse school, realiseert de film in samenspraak en -werking met zijn studenten. The Freethinker, en natuurlijk hoort het ook zo met zo’n titel – werd in alles het tegengestelde van een conventionele film. Een looptijd van 270 minuten, gefilmd met eenvoudige filmapparatuur en ingaand tegen de traditionele vertelstructuur en de verwachtingen van de kijker. Zo ontspint het verhaal zich in trage, niet noodzakelijke chronologische scènes waarbij de acteurs/studenten bij het vertolken van Strindberg al eens ‘uit hun rol vallen’ door hun persoonlijke interpretatie. Het is Watkins’ streven dat ook het publiek niet alleen ontvangt, maar eveneens participeert.
La Commune (Paris, 1871) is Peter Watkins’ meest recente film, in 2000 gemaakt in zijn huidige thuisland Frankrijk. En de langste (in deze Watkinscyclus). Hij neemt 210 minuten de tijd om de bloedige burgeroorlog die Parijs teisterde (na de nederlaag van Frankrijk tegen Pruisen) opnieuw onder de aandacht te brengen. Opnieuw of voor het eerst? Volgens Watkins wordt de Fransen in de geschiedenisboeken veel wijsgemaakt uit die duistere periode. Met een cast van 200 mensen filmde hij gedurende 13 dagen in een oude loods. De ‘acteurs’ moeten zelf via research hun personage in de Parijse commune invullen. Watkins gebruikt nog een extra vondst om duidelijk te maken dat de inhoud van de boodschap die je ontvangt in grote mate afhangt van de opsteller ervan. Hij schakelt, compleet anachronistisch, twee cameraploegen in, een staats- en een partijzender. Zo kan het publiek zelf het verschil in berichtgeving vaststellen.
La Commune (Paris, 1871) Peter Watkins Militant pour l’émergence d’un processus alternatif et démocratique dans le champ du média audiovisuel, Watkins a inventé un mot, «monoforme», pour définir ce contre quoi il lutte : ce dispositif narratif, employé par la télévision et le cinéma commercial, qui impose un «mitraillage dense et rapide de sons et d’images», avec coupes brusques destinées à créer un effet de choc, et la manipulation. Ce film sur la Commune de 1871 a été enregistré dans un hangar de Montreuil (les locaux de la troupe d’Armand Gatti), avec des comédiens non professionnels, des volontaires qui participèrent aux recherches pour élaborer le scénario, choisirent pour la plupart les personnages qu’ils désiraient interpréter, improvisèrent en grande partie leurs dialogues ou monologues selon une méthode expérimentée dans le génial Edvard Munch (1973). Tourné en treize jours, en suivant scrupuleusement la chronologie des événements, il brouille sciemment les notions de documentaire, de fiction ou de reconstitution historique. Et sape les critères habituels du document télévisuel et de la saga hollywoodienne pour forcer le spectateur à réfléchir sur la forme du film, lui enseigner la méfiance, l’encourager à contester la subordination aux médias. [...] On a pu lire, sous la plume d’historiens du cinéma stigmatisant telle ou telle tentative, qu’il était impossible de filmer une révolution. Watkins prouve le contraire. La Commune se moque des faits, ignore Louise Michel et Jules Vallès, pour filmer une pensée, des idées, donner la parole au peuple, signifier que cette période marqua le début d’une réflexion. Et renvoie des échos contemporains : le racisme, le rôle des femmes, l’inégalité sociale, la censure, l’école... Jean-Luc Douin, Le Monde
avec Éliane Annie Adalto Pierre Barbieux Bernard Bombeau 2000 France 210’ - VO fr
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65 Marjane Satrapi, artiste d’origine iranienne, est reconnue comme auteur de bande-dessinée de renommée internationale grâce notamment à Persepolis et Poulet aux prunes, deux albums qui retracent sa jeunesse en Iran et qui ont donné lieu à une adaptation animée, Persepolis, prix du jury à Cannes en 2007.
Marjane Satrapi, kunstenares van Iranese afkomst, werd reeds internationaal gevierd om haar strips Persepolis en De Muzikant. In de twee albums verteld ze over het Iran van haar jeugd. De geanimeerde verfilming van Persepolis kaapte in 2007 de prijs van de Jury weg in Cannes.
30.06.11 - 19:00 Rencontre avec Marjane Satrapi en introduction à sa carte blanche. Suivi du film : Monty Python Sacré Graal de Terry Jones et Terry Gilliam.
Poulet aux prunes (BD) Marjane Satrapi, L’Association, 2004 Broderies (BD), Marjane Satrapi, L’Association, 2003
Casino Royale John Huston, ea
Val Guest, Ken Hughes, John Huston, Joseph McGrath, Robert Parrish, Richard Talmadge avec David Niven Peter Sellers Ursula Andress Woody Allen Orson Welles 1966 États-Unis 131’ - VO st fr
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Un film «bondé» de James. Ils sont au moins sept doubles zéros, mais ce sont des usurpateurs ou peu s’en faut. Quant à l’original, malgré ses muscles un peu raides et ses tempes grises (comme les roses, les espions se fanent), il rempile pour sauver la prude Albion – et le monde, of course – du méchant de service. Ce dernier n’est autre que son propre neveu, jeune homme sympathique mais à la puberté difficile, qui a décidé de tuer tous les hommes dépassant le mètre quarante (il n’a sans doute pas pensé au péril jaune) pour ensuite transformer tous les laiderons en Ursula Andress. Laquelle est d’ailleurs là, avec son squelette splendide, ses pommettes saillantes, ses seins pointus et menaçants comme de fort jolis revolvers. On voyage beaucoup dans ce film, que ce soit dans la Bentley 1929 de James, autour de sa propriété, ou, à bord d’un brave taxi londonien, jusqu’à Berlin-Est, ville toute barbouillée de peinture rouge et dont s’échappent, dans des poussettes d’enfant, les amis de la liberté et de Thierry Maulnier, comme chacun sait. Mais le nœud de l’intrigue se résout à Londres où, un instant mis en échec par les soucoupes sauvages et les chevaux volants adverses, «Sir» James Bond (la reine, elle aussi, est passée par là. Honni soit...) fait appel à ses amis de la CIA qui lui envoient cow-boys, indiens et dauphins – pas de nègres, sans doute en a-t-on besoin au Vietnam. La poursuite finale est une des meilleures du genre. Et, dans ce film pas trop souvent vulgaire et aux idées nombreuses (il y a presque autant de réalisateurs que de «007») on ne réfléchit pas trop mais on s’amuse beaucoup. Jean-Claude Morellet, Positif
Er wordt wel eens gezegd dat als een filmgenre wordt geparodieerd, dat ook meteen het einde van het genre inluidt. Dat gaat in het geval van Casino Royale (1966) niet op. 007 is still going strong. Sterker nog, 40 jaar later draaide Martin Campbell een ‘serieuze’ versie van de gelijknamige roman van Ian Fleming, met de huidige versie van 007, Daniel Craig. Maar terug naar 1966. Casino Royale is een curieuze productie. Een zestal regisseurs, waaronder John Huston, tekenden officieus of officieel voor de regie. Het lijstje van schrijvers die aan het scenario sleutelden, is schier onuitputtelijk. Onder hen Wolf Mankowitz en John Law en, anoniem, Woody Allen, Peter Sellers en nog een vijftal anderen. De cast werd opgemaakt uit alles wat rond 1966 naam maakte in de filmwereld. Voor de gelegenheid kregen ze ongeveer allemaal de naam ‘Bond’ mee. Bent u nog mee? Prima, dan bent u helemaal klaar voor uw gekste Bondervaring ooit.
Zaterdagavond in een slaperig stadje in het diepe zuiden van de VS. Iedereen drinkt om verveling en allerlei frustraties te verdrijven. Gevaarlijke combinatie in een plaats waar iedereen een wapen draagt. Een zondebok is dan snel gevonden. De plaatselijke zwarte bevolking of – wat een buitenkansje! – een ontsnapte gevangene die niet kan of wil voorkomen dat hij op die broeierige nacht opnieuw ‘thuis’ komt. De sheriff (een magistrale Marlon Brando) is de enige die het hoofd koel houdt, maar hij wordt door niemand ernstig genomen omdat hij een marionet zou zijn van een rijke zakenman die in de hele streek de touwtjes in handen heeft. Toen The Chase (1966) oorspronkelijk in de zalen kwam, werd regisseur Arthur Penn verweten dat hij een overdreven karikatuur van de Amerikaanse samenleving had gemaakt. De geschiedenis heeft Penn helaas overschot van gelijk gegeven. The Chase oogt ook vandaag nog ontstellend actueel.
The Chase Arthur Penn
Un prisonnier qui vient de s’échapper se retrouve après de multiples circonstances de hasard et de malchance à proximité de sa ville natale dans le sud des États-Unis. La population, par désœuvrement comme par haine factice (feinte puis ressentie) décide d’organiser une véritable chasse à l’homme. Le shérif, seul, essaie de lutter contre la haine et l’ivresse de ses concitoyens. […] Comme les éléments dispersés d’une mosaïque imprévisible, The Chase débute par de courtes séquences, des flashes rapides sur des images de fuite du prisonnier en alternance avec des visions d’habitants de la ville encore isolés dans leurs travaux quotidiens, leurs problèmes individuels. Début bien trop long, trop confus, mais riche d’enseignement pour tout le film déjà ! Penn y dévoile sa curieuse démarche, sa volonté de faire de tous ces petits tableaux, de tous ces éléments subjectifs, isolés, le portrait d’une collectivité, de ses sentiments, de ses obsessions, de ses violences communes. […] Il est possible de suivre remarquablement cette naissance, cette infiltration agacée d’une violence imparable et abjecte qui explique et illustre aussi bien toutes les explosions, toutes les émeutes raciales et sanglantes, que le meurtre de Dallas et autres attentats «imprévus», par exemple. Sur un sujet analogue, dans Fury, Lang tirait de la foule certains caractères représentatifs de la violence commune. Ils émergeaient de cet anonymat pour mieux en tracer, en circonscrire les lignes de force. La condamnation de Penn est donc plus vigoureuse. Ici, chaque personne est responsable, démasquée. Sa culpabilité individuelle est sans appel, sans recours, irrémédiable. Elle n’est plus le fait d’une abstraction collective. Un ensemble de torts (partagés) crée cet anonymat qui ensuite devient criminel. Frédéric Vitoux, Positif
La Poursuite impitoyable avec Marlon Brando Jane Fonda Robert Redford 1966 États-Unis 122’ - VO st bil
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Le Manuscrit trouvé à Saragosse Wojciech Has
Rekopis znaleziony w Saragossie avec Zbigniew Cybulski Iga Cembrzynska Elzbieta Czyzewska 1965 Pologne 182’ - VO st fr
Manuscrit trouvé à Saragosse, Jean Potocki, Gallimard, “L’Imaginaire”, 2002
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Le Manuscrit trouvé à Saragosse fait partie de ces rares films mondes qui semblent posséder leurs propres lois et fonctionnent de manière autonome. Empruntant aussi bien aux films fantastiques qu’aux films d’aventures, et même au vaudeville, s’inspirant des expériences scénaristiques avant-gardistes de l’époque tout en abordant des genres populaires dans une forme classique, le film de Has trouve, malgré tout, une cohérence qui semble relever du tour de force tant le récit est foisonnant (c’est le moins qu’on puisse dire). Loin de ressembler à un film à sketches, Le Manuscrit trouvé à Saragosse est sauvé du n’importe quoi qui le guette à chaque instant, par la rigueur absolue du filmage (l’auberge où se retrouve plusieurs fois Von Worden est toujours introduite avec le même plan, seuls quelques éléments dans le cadre changent, pour signifier un autre degré de réalité ou d’histoire) et la construction quasi mathématique de son scénario. Si le film est absolument impossible à résumer (tout du moins après une première vision), il ne semble jamais pour autant illisible : le fil conducteur qui relie les histoires entre elles est tortueux mais miraculeusement limpide. Le spectateur n’est donc jamais largué et ressent au contraire une jubilation de tous les instants face à ce spectacle labyrinthique et infiniment ludique. Les multiples récits s’enchaînent à la vitesse grand V, les protagonistes de chaque histoire ne cessent de se croiser et de se recroiser (surveillez bien les arrière-plans et tendez l’oreille), le ton passe du franchement drôle au franchement inquiétant… Bref, un véritable film de fou orchestré par un savant et un esthète. Simone Choule, dvdclassik.com
Pools regisseur Wojciech Has koos een Franstalige roman van landgenoot Jan Potocki, met in de hoofdrol een Waalse legerofficier, voor de verfilming van Rekopis Znaleziony W Saragossie (1964). Het boek – en de film – is opgebouwd volgens de Chinese doosstructuur: een verhaal in een verhaal in een verhaal. Alfonse Van Worden (een bijzonder aimabele Zbigniew Cybulski) ontmoet in Spanje twee Oosterse prinsessen. Zij zenden hem op een fabelachtige reis waarin hij moet bewijzen de liefde van de schonen waardig te zijn. Mooi in beeld gebrachte ambitieuze verfilming van de roman van Potocki, waarin diens idee van Spanje als een land van romantiek, mysterie en erotiek door Has wordt gerespecteerd. Maak het u gemakkelijk en geniet, want deze ode aan de humaniteit, waaruit blijkt dat mensen ongeacht hun verschillende religie meer met elkaar gemeen hebben dan ze van elkaar verschillen, houdt u 175 minuten lang in de ban.
‘Koning Arthur en een stelletje niet zo heldhaftige ridders ondernemen een low budget trip op zoek naar de Heilige Graal en komen veel idiote obstakels tegen’. Dat is één manier om Monty Python and the Holy Grail te omschrijven. Recent nog als musical van Stany Crets, maar de enige echte blijft uiteraard de filmversie uit 1975, waarin de illustere heren van Monty Python ontelbare figuren vertolken die samen hun eigenzinnige versie van de legende van Koning Arthur maken. Maar één klein voorbeeld hoe Monty Python absurditeit ademt : het gevecht tussen de Groene en de Zwarte krijger dat werd vertolkt door John Cleese en Terry Gilliam. Ze hadden het werk rustig aan stuntmannen kunnen overlaten want beide heren zijn, verstopt onder gigantische helmen, compleet onherkenbaar. Toch gaven ze er de voorkeur aan zelf met de gigantische zwaarden te leren omgaan omdat ‘vechten zo verduiveld leuk is’. Zo ook deze film.
Monty Python and the Holy Grail Terry Gilliam & Terry Jones Cheminant en gentille compagnie, beaux paladins, bons serviteurs et Arthur, leur roi à tous, rencontrent moult merveilles et folies. Oyez plutôt : bêtes féroces (un lapin), chevaliers français (adeptes du lancer de vache), laboureurs (une bande d’excités anarcho-syndicalistes) sont autant d’étapes dans la sainte quête du Graal... Dès le générique, qui promet «un élan [si, si, l’animal, ndlr] dans des positions suggestives», on entre glorieusement en loufoquerie, royaume enchanteur et débridé. Quand les Monty Python s’attaquent au roman arthurien, le pauvre Chrétien de Troyes doit faire des loopings dans sa tombe. Pas une noble figure de légende ne résiste au déluge d’humour foutraque (le nonsense cher à nos voisins anglais). Arthur trottine sans cheval comme un enfant qui joue à dada, suivi d’un valet imitant le bruit des sabots à l’aide de noix de coco ; Galaad le Pur s’égare dans un château bourré de jeunes filles «entre seize et dix-neuf ans et demi». Pour finir, les flics embarquent tout le monde. Chaque membre du groupe multiplie les rôles et les facéties, le heaume de traviole et l’épée en berne. Dérision, absurdité, satire des mythes et des travers de la société britannique : le rire surgit de partout, infiltre tout. Sacré Graal reste à ce jour le plus réussi, le plus hilarant des films hilarants réalisés par la fine équipe.
Monty Python, Sacré Graal avec Graham Chapman John Cleese Eric Idle — 1975 Royaume-Uni 91’ - VO st fr
30.06.11 - 19:00 En présence de Marjane Satrapi
Cécile Mury, Télérama
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Le Narcisse noir Michael Powell & Emeric Pressburger
Black Narcissus avec Deborah Kerr Flora Robson Jean Simmons 1947 royaume-uni 100’ - VO st bil
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Une religieuse de la communauté des Servantes de Marie de Calcutta, Sœur Clodagh, est envoyée, à la tête d’un petit groupe de nonnes, en plein cœur de l’Himalaya dans le palais de Mopu qu’un général hindou a donné à la congrégation pour qu’elle y installe un dispensaire et une école. Autrefois, le palais abritait le harem du père du général. C’est un nid d’aigle situé à quelque huit mille pieds d’altitude. [...] À sujet insolite, traitement insolite. Le sujet, c’est la subtile, violente et mystérieuse influence d’un lieu sur un groupe d’êtres et plus précisément un groupe d’âmes. Powell suggère cette influence, plus qu’il ne l’exprime, à travers des images somptueuses, étranges et presque surréalistes. Comme souvent chez lui, il y a une union parfaite entre le baroque du style, l’utilisation très sophistiquée de la couleur (c’est ici son quatrième film en couleur et nous ne sommes qu’en 1947) et une approche fantastique de la réalité. [...] Cette Inde onirique et crédible à la fois exerce un charme puissant sur les personnages comme sur le spectateur. Elle fut créée de toutes pièces en studio. Powell tourna au studio de Pinewood et dans les jardins Leonardslee dans le Sussex. W. Percy Day, dit Poppa Day, un vétéran qui avait travaillé avec Méliès, régla les différents trucages cinématographiques. Cette décision de rester en Angleterre étonna d’abord et déçut l’équipe qui avait espéré faire un beau voyage, mais Powell estima que c’était le seul moyen de contrôler entièrement l’atmosphère qu’il recherchait. Dans son autobiographie Une vie dans le cinéma, il insiste beaucoup sur le rôle de la musique (notamment dans la séquence de la tentative de meurtre) qu’il a toujours considérée comme une partie intégrante de la mise en scène. Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma
Vlak na WOII kwam het duo Emeric Pressburger/Michael Powell met een film die vrede en harmonie ademt. Of toch niet? Deborah Kerr, stralend in wit nonnenhabijt, wordt naar een afgelegen klooster in de Himalaya gestuurd om er, met de hulp van een plaatselijke generaal en diens assistent Dean, een nieuwe geloofsgemeenschap uit de barre grond te stampen. Door de eenzaamheid en de cultuurclash met de locals komen de vrome, maar soms ook hoogmoedige nonnen al snel zichzelf tegen op het dak van de wereld. Het gekissebis tussen zuster Clodagh (Kerr) en assistent Dean (David Farrar) herinnert haar aan een romance uit haar meisjestijd. Maar Dean roept ook bij zuster Ruth (Tour de force van Kathleen Byron) sterke gevoelens op. Black Narcissus (1947) won terecht twee Oscars: voor setdecoratie en, voor die tijd, prachtige kleurenfotografie (door Jack Cardiff). Melodrama in de beste Pressburger/Powell traditie (denk ook aan The Red Shoes, uit 1948).
Met Tôkyô monogatari (1953) brak de Japanse grootmeester Yasujiro Ozu eindelijk door in het westen. Zelf noemde hij de film ‘een melodrama’. Maar daar is, naar onze westerse normen, deze gevoelige, ontroerende maar ook indringende inkijk in een familie waarvan de leden door tijd en afstand volledig van elkaar zijn vervreemd, veel te scherpzinnig voor. Ozu gebruikt stadsgeluiden en buitenopnames om de subtiele binnensequenties te benadrukken. Zoals wel vaker bij Ozu gaan zijn personages, stuk voor stuk schitterende vertolkingen, gebukt onder zware zorgen, maar vinden uiteindelijk verzoening met de wereld zoals ze is. Dat gaat in dit geval zeker op voor het ouderpaar, wiens trip naar de stad op een zware teleurstelling uitloopt omdat de kinderen geen tijd voor hen hebben, maar ook voor de schoondochter, een arme weduwe die er wel alles voor doet om haar schoonouders warm te ontvangen. In ruil wordt ze voor eeuwig in hun hart gesloten.
Voyage à Tokyo Yasujiro Ozu
Après la guerre, Ozu poursuit sa carrière dans une solitude de plus en plus cloisonnée, sans souci de ce qui agite le cinéma autour de lui. C’est dans ces années de paisible constance qu’il perfectionne son système en explorant toutes les facettes de la cellule familiale japonaise. Toutefois, au-delà de cette apparente pérennité des êtres et des choses, Ozu se rend compte que, depuis la guerre, rien n’est plus comme avant, que le fossé entre les générations se creuse lentement mais sûrement, et que l’intangible famille japonaise commence à se désagréger. Et c’est dans ce film serein et empreint de nostalgie qu’il a voulu le plus montrer cette image pessimiste de la famille. Dominé par le couple Chishu Ryu-Chieko Higashiyama, Voyage à Tokyo montre en effet comment, en visite à Tokyo, ce couple est un poids pour ses enfants, qui ont autre chose à faire que de s’occuper de ces deux vieillards, et les envoient en «villégiature» à la station d’Atami. S’ennuyant et sentant qu’ils sont de trop, ils retournent dans leur petite ville de Honshu (Onomichi), avec, comme seul bon souvenir, l’accueil de leur belle-fille veuve, dont le mari est mort à la guerre.
Tokyo monogatari avec Chishu Ryu Chieko Higashiyama Setsuko Hara 1953 Japon 136’ - VO st bil
d’après Max Tessier, Images du cinéma japonais
Tout ceci est observé, selon l’habitude d’Ozu, par une caméra fixe installée près du sol ; il n’y a qu’un seul plan en mouvement dans tout le film, et la caméra se déplace alors avec modestie et lenteur, alors que le vieux couple décide de rentrer chez lui. Comment s’y prend Ozu pour captiver l’attention alors que ce que nous voyons ou entendons contient si peu de ce que la plupart des spectateurs considèrent comme dramatique ou insolite ? Tout est dans la qualité contemplative de son regard, qui suggère que n’importe quelle activité humaine, aussi insignifiante soit-elle, mérite notre attention. À l’inverse de son style si singulier (et si singulièrement lumineux), les expériences, les émotions et les pensées de ses personnages sont universelles. Geoff Andrew, 1001 films
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72 «Pour que rien ne change, il faut que tout change», dit-on en substance dans Le Guépard. Les films de Visconti sont beaux parce qu’ils racontent un monde et la fin d’un monde. Descendant d’une grande famille italienne, nourri de la pensée de Marx et de Gramsci, mais aussi de Shakespeare et d’art lyrique, Visconti était particulièrement bien placé pour ausculter les bouleversements, les contradictions et ce qu’on pourrait appeler la mélancolie de l’Histoire. Et s’il fut un des fers de lance du néoréalisme, son amour et sa pratique du théâtre l’ont conduit à dépasser le réalisme critique de ses débuts vers une ampleur opératique où son raffinement plastique a trouvé à s’épanouir.
«Alles moet veranderen, opdat er niets zou veranderen» is de kernboodschap in Il Gattopardo. Visconti vertelt over werelden, die net zo bijzonder zijn doordat ze een einde kennen. Afkomstig uit een grote Italiaanse familie, opgegroeid met Marx en Gramsci, maar ook Shakespeare en het lyrisme, was Visconti uitstekend geplaatst om te verhalen over tegenstrijdigheden, veranderingen en wat men de melancholie van de geschiedenis zou kunnen noemen. Een van zijn stokpaardjes was het neorealisme, want hij was het die met zijn liefde voor en ervaring met theater het kritisch realisme tot bloei heeft gedreven met een hoogtepunt van beeldende verfijning.
Zowel Senso (1954) als Il Gattopardo (1963), twee schoonheden van Luchino Visconti die u tijdens Ecran Total kan bewonderen, spelen zich af rond 1860, het moment waarop het oude Italië zich, niet tot ieders vreugde, opmaakt voor nieuwe tijden. Alida Valli is de markiezin die in haar blinde liefde voor een officier (Farley Granger) alles opgeeft: haar man, haar broer, haar land en haar waardigheid. Als haar liefde door de officier wordt verraden, bewerkt ze ook zijn ondergang. De gedoemde minnaars zijn het symbool voor de teloorgang van twee sociale klassen: de Italiaanse (in dit geval Venetiaanse) aristocratie, die twijfelt tussen collaboratie en verzet, en de Oostenrijkse militaire kaste die het land bezet. Senso is de eerste kleurenfilm van Visconti. Camerameesters G.R. Aldo, die overleed tijdens de opnamen, en Robert Krasker kleuren dit liefdesdrama in rijke, warme tinten, die herinneren aan Venetiaanse meesters.
Senso Luchino Visconti
Visconti, en progressant dans le siècle qui l’a vu naître, s’attache à capter les derniers soubresauts d’une aristocratie qui décline, dès 1850. Senso est le premier film sur une passion dévorante, symptôme de la fin d’un monde. Livia, la noble Italienne, est amoureuse d’un jeune officier autrichien veule et intéressé. Quête éperdue de la beauté. Sublimation de la sexualité : Senso, Le Guépard et Les Damnés sont traversés par les mêmes vaincus sublimes, empreints d’un moralisme stendhalien. Senso éclaire le goût de Visconti pour l’opéra, mais aussi pour le mélodrame. Un film magnifique, de bout en bout sublime de beauté, où l’art de la mise en scène et celui de la direction d’acteurs sont portés à la perfection. Christophe Pellet, Télérama
Homme de culture, nourri d’expériences esthétiques différentes, Visconti ne pouvait créer que des objets liés à une multitude de référents ; c’est aussi en cela qu’il échappe nécessairement au réalisme. Dans Senso, autant que de Verdi, l’influence provient de Tchekhov. Les deux personnages traversent le film comme s’ils étaient oubliés du monde dans lequel ils se meuvent sans jamais cesser de lui appartenir. En restituant l’époque où s’inscrit leur destin, Visconti enseigne l’art et l’histoire. Et les correspondances constituent dans cette perspective les éléments essentiels d’un film où le cinéma naît aussi de ce qui lui est étranger. Visconti est à mon sens un des très rares cinéastes à s’être approchés de cet idéal baudelairien des correspondances. Elles éclatent dans Senso, dans cette structure harmonique où les sons, les couleurs, le mouvement, l’histoire sont conjugués par l’habileté suprême de l’art qui invente la vérité à partir du mensonge – le mensonge romanesque. Senso est un pur objet d’art : on prendra l’expression comme on le voudra. Yves Alix, Positif
avec Alida Valli Farley Granger Sergio Fantoni 1954 Italie 115’ - VO st fr
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Rocco et ses frères Luchino Visconti
Rocco e i suoi fratelli avec Renato Salvatori Alain Delon Annie Girardot 1960 Italie 168’ - VO st fr
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Sorti en 1960, Rocco et ses frères marque un tournant dans la carrière de Visconti, commencée avec la libération de l’Italie du joug fasciste, en 1943. Qu’il est loin le jeune assistant-réalisateur de Jean Renoir ! À l’époque où le néoréalisme italien brille de ses derniers feux et où la Nouvelle Vague française s’acharne à briser tous les schémas établis, Visconti parvient à unir les deux mouvements en un film essentiel, sombre et nerveux, qui inspirera le Coppola du Parrain 2 et le Scorsese de Raging Bull. À Milan, ville de la mode et de la richesse, une mère et ses cinq fils, venus du Sud pour échapper à la pauvreté, sont contraints d’habiter dans une cave sans lumière, de dormir dans la même pièce sur des lits de fortune et d’accepter de petits emplois sans perspective d’avenir. Chacun des cinq fils de la mamma Rosaria a une façon différente d’envisager l’avenir. Simone et Rocco ont la même occasion de se démarquer en devenant champions de boxe ; tous deux tomberont amoureux de la même femme. Mais, à l’exemple des deux frères de la mythologie romaine Remus et Romulus, la manière dont chacun aborde les situations va conduire à leur affrontement. Cette dualité à tendance mélodramatique n’est pas le point fort du film. Néanmoins, le traitement que lui donne Visconti vient totalement à contre-courant de l’esthétique néoréaliste qu’il réserve plutôt au décor et au contexte sociologique. Les deux frères sont filmés, comme des héros de la Nouvelle Vague, comme des jeunes «à bout de souffle». Simone et Rocco courent sans but, droit vers le précipice, et dans sa chute, Simone entraîne irrémédiablement Rocco. Visconti adapte sa mise en scène à cette sensation de vitesse incontrôlée en multipliant les ellipses, les coupures, les parallèles entre les scènes et les mouvements brusques des personnages. Ophélie Wiel, critikat.com
Met het veelgeprezen Rocco e i Suoi Fratelli (1960) keert Luchino Visconti nog één keer terug naar zijn oude liefde, het neorealisme. Het verhaal van de arme zuiderlingen die in het ‘rijke’ noorden van Italië een bestaan proberen op te bouwen en daar een zware prijs voor betalen, sluit perfect aan bij Visconti’s geliefde thema’s als moreel verval en de strijd tussen de sociale klassen (tegen de achtergrond van een substantieel veranderende maatschappij). Hij bewijst meteen ook dat onstuimig melodrama de realiteit niet verzoet, maar tastbaarder maakt. De film, opgebouwd in episoden die elk de naam van één van de broers draagt, kreeg Rocco (een ontwapenend mooie Alain Delon, amper 24 jaar oud) als spil van het verhaal. Hij is de broer die het meest zichzelf wil blijven, maar daardoor meest kans loopt zijn onschuld te verliezen. Annie Girardot is onvergetelijk als de tragische prostituee die een wig tussen twee broers drijft.
Luchino Visconti di Modrone stamt af uit de oude Italiaanse adel. Hoewel hij aanvankelijk, tegen zijn afkomst in, één van de grondleggers van het Italiaanse neorealisme werd, legt hij zich vanaf midden jaren ’50 toe op gestileerde, barokke drama’s en epieken. Il Gattopardo (1963) is daar een prachtig voorbeeld van. Burt Lancaster speelt (overduidelijk gedubt) de rol van zijn leven (die meteen ook zijn internationale carrière inluidde) als de Prins van Salina, die met de Risorgimento (de Italiaanse eenmaking) het einde van het adellijk tijdperk ziet naderen. ‘De luipaarden en de leeuwen moeten plaatsmaken voor de jakhalzen en de schapen’ zo verwoordt hij het, en Visconti voelt duidelijk met hem mee. Op het bal, zelfs naar Visconti’s normen zeer rijkelijk in beeld gebracht, dat hij en zijn uitgebreide familie in een prachtig palazzo in Palermo bijwonen, sluit hij vrede met zijn lot. ‘Er moet iets veranderen zodat alles zou blijven als het was’.
Le Guépard Luchino Visconti
En 1860, l’armée de Garibaldi débarque à Marsala. Face à la révolte populaire, le prince de Salina (Burt Lancaster) décide de quitter son palais et de gagner le village de Donnafugata où il possède une vaste demeure. Son neveu, Tancredi (Alain Delon), rejoint les garibaldiens et participe aux diverses batailles de libération de la Sicile. Dans la carrière de Visconti, Le Guépard est le film de la transition, celui après lequel plus rien ne sera jamais plus comme avant. C’est le monument funéraire qui achève une première période avec une acuité stylistique telle que l’on peut s’interroger sur les correspondances étranges entre ce que le film dit d’un monde disparu qui s’apprête à se régénérer et sur l’esthétique d’un cinéaste sur le point de se réinventer. Le bal final clôt tout autant une époque dans l’histoire italienne que dans la carrière du cinéaste. On peut s’aventurer à y voir la raison pour laquelle Le Guépard est le film de l’équilibre parfait, de la tension suprême entre le nouveau et l’ancien, l’œuvre d’harmonie pure au sens classique. Après Senso, Le Guépard complète la réflexion de Visconti sur l’unité italienne. Une phrase prononcée par Tancredi lors de sa première visite au prince éclaire le sens profond du film : «Si nous voulons que tout reste comme avant, il faut que tout change.» Visconti partage avec Lampedusa et le prince de Salina l’idée que rien ne change vraiment en Italie. Ils ont la même vision pessimiste d’un certain transformisme immobile. S’il y a d’apparents bouleversements de modes, si Le Guépard sonne le glas de l’aristocratie féodale, jamais les événements ne permettent aux classes populaires d’accéder à leur liberté. Chez Visconti, la lutte des classes échoue toujours. Sur ce point, le cinéaste poursuit une réflexion engagée depuis longtemps (depuis ses premières rencontres avec Jean Renoir) et dont sa période néoréaliste fut l’expression. Frédéric Mercier, dvdclassik.com
Il Gattopardo avec Burt Lancaster Claudia Cardinale Alain Delon 1963 Italie, France 185’ - VO st bil
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L’Écran Total
aussi en terrasse ! Pour se rafraîchir et se détendre avant ou après chaque film
Luchino Visconti kwam nooit openlijk uit de kast, maar verborg zijn homoseksualiteit ook niet. Hij leefde openlijk met Udo Kier, en later met Helmut Berger. Homoseksualiteit was ook een thema in enkele van zijn films. In Death in Venice (1971), gebaseerd op een korte roman van Thomas Mann, raakt componist Gustav von Aschenbach (mooie, getormenteerde vertolking van Dirk Bogarde) geobsedeerd door een angelieke jongeman die met zijn Poolse adellijke familie in een hotel op het Lido verblijft. Aschenbach is een duidelijke verwijzing van operaliefhebber Visconti naar Gustav Mahler, wiens derde en vijfde symfonie het leitmotiv van de film zijn. In de jongeman vermoedt Aschenbach, ten prooi aan een creatieve burnout en trauma’s uit het verleden, zijn idealen van fysieke schoonheid en spirituele zuiverheid. De hoofdrol in dit prachtige drama gaat misschien wel naar Dogenstad Venetië, zelfs in tijden van cholera van een adembenemende schoonheid.
Mort à Venise Luchino Visconti
Dans ce chef-d’œuvre réalisé en 1971, un vieux compositeur allemand malade, Gustav von Aschenbach s’éprend, dans la Venise du début du siècle, d’un jeune adolescent polonais, Tadzio, représentant pour lui une incarnation de la perfection, de la beauté pure. Visconti a trouvé dans la nouvelle de Thomas Mann tout ce qui constituait ses racines intellectuelles et ses préoccupations, ce qui contribue à faire de cette adaptation un film paradoxalement très personnel, d’où ressortent deux thèmes majeurs universels, la beauté et la mort, et dans lequel Visconti va à l’encontre des attentes, inversant souvent les valeurs. [...] La beauté est au centre du film. Elle est personnifiée par le personnage de Tadzio, qui réveille un sentiment inconnu de désir chez le vieil artiste en quête d’idéal, de perfection. L’idéal qu’il a vécu, les meilleurs moments de sa vie, sont des instants de bonheur familial avec sa femme et sa fille. La mort de cette dernière, créant soudain un vide affectif, l’a probablement plongé dans la crise de création qui l’a, indirectement, mené jusqu’à Venise. [...] Et c’est le jeune Tadzio qui, au-delà du désir et de la réflexion qu’il inspire sur la beauté et la perfection, va combler le vide affectif du vieil Aschenbach. [...] Venise est présentée d’une manière étonnamment terne dans le film. Encore une fois Visconti prend le spectateur à rebours. C’est une Venise grise, brumeuse, moite et étouffante qui nous est révélée. Loin des clichés, à des lieues de la Venise romantique de cartes postales, Visconti et son directeur de la photographie Pasquale de Santis filment avec force une Venise en proie au choléra. Et c’est paradoxalement la laideur même de Venise telle qu’on nous la montre qui contribue à donner toute sa beauté au film. Raphaël Lefèvre, académie nancy-metz.fr
Morte a Venezia avec Dirk Bogarde Silvana Mangano Björn Andrésen 1971 Italie 130’ - VO st bil
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78 Depuis maintenant 15 ans l’association bruxelloise Le P’tit Ciné porte le cinéma documentaire dans les salles de cinéma, jouant avec un bonheur sans cesse renouvelé son rôle de passeur entre des cinéastes qui pensent leur art pour interroger au mieux les évolutions du monde et un public citoyen.
[email protected] http://www.leptitcine.be
De laatste twintig jaar heeft de Roemeense schrijver en documentaire filmmaker Andrei Ujica zich in zijn werk vooral op het einde van het communisme in Europa geconcentreerd. Dat leverde twee magistrale found footage -films op: Out of the Present en Videograms of a Revolution. The Autobiography of Nicolae Ceausescu is het laatste deel van deze briljante trilogie. Ook deze monumentale biografie is een meesterwerk van montage. Uit al het archiefmateriaal over de dictator dat Ujica vond, puurt hij een fascinerende historische non-fictiefilm van drie uur waarin hij de beelden voor zich laat spreken (zonder enige commentaar dus): van officiële reportages van staatsbezoeken (met Mao, Nixon of Brezjnev), partijcongressen en parades tot home movies van Ceausescu. Het resultaat is een soms bijtend geserveerd en indrukwekkend essay of visuele symfonie over de op- en ondergang van deze tiran die van 1965 tot 1989 aan het bewind was.
L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu Andrei Ujica L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu explore un quart de siècle d’archives visuelles : la mise en scène orchestrée par un dictateur suivi dans tous ses mouvements publics et privés par des caméras diligentes et serviles, de 1965 jusqu’en 1989. [...] Pendant vingt-cinq ans, Nicolae Ceausescu se fait filmer au moins une heure par jour, laissant à Andrei Ujica environ 9 000 heures de rushes et autant d’options de montage possibles. Il en résulte un film dévastateur, non tant pour le Conducator dont la cause est entendue, que pour le pouvoir politique en général. [...] Andrei Ujica organise ce matériau à la manière dont Louis Delluc le préconisait : en forme d’étude visuelle sur la dramaturgie, le jeu, le spectacle atroce du pouvoir. [...] Dans le cas d’Andrei Ujica, la collecte des images, l’ajointement des séquences, l’alternance du son et des silences, la structure d’ensemble assurent l’essentiel de la puissance critique – au point de pouvoir se dispenser de tout commentaire. Ujica radicalise encore le parti pris de taciturnité en se dispensant de toute indication de temps et de lieu, ce qui contribue à décoller les images de leur circonstance historique et souligne leur caractère de «séquence obligée» dans la scénographie politique. [...] Il semble impossible de ne pas constater les résonances telluriques qui vibrent entre la fresque de longue haleine consacrée par Ujica au couple des dictateurs roumains et le renversement en chaîne des dictateurs arabes qui s’opère sous nos yeux. [...] Entre ces deux dénis, entre les révolutions des années 1990 et celles de 2011, aucun rapport de cause à effet mais la même appartenance à la fin de deux cycles politiques qui voient les peuples monter à l’assaut contre l’oppression, et entre lesquels de facto le travail critique d’Ujica jette un pont de réflexion. Nicole Brenez, Cahiers du cinéma
Autobiografia lui Nicolae Ceausescu — Roumanie 2010 180’ - VO st bil
11.09.11 - 19:00 Présentation par Dominique Nasta (ULB)
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La Chine est encore loin Malek Bensmaïl
France/Algérie 2008 124’ - VO st fr
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Cinquante-cinq ans ont passé dans les Aurès. Plantant sa caméra à Ghassira, lieu des premiers assassinats qui mirent le feu aux poudres de la guerre d’Algérie, Malek Bensmaïl n’entend pas spécialement prouver, par sa démarche documentaire, que les braises de la révolution sont encore ardentes. Tout au contraire, ce qui frappe, c’est le calme de ce travail d’approche : majesté des parcours qui prennent la mesure de ces paysages vallonnés, rencontres progressives, fil de paroles patiemment recueillies. Cette texture de mouvements et de propos s’étage sur une pyramide des âges : les aïeux, derniers témoins directs du processus d’indépendance, les élèves d’une école primaire et, entre les deux, un duo d’instituteurs. Bien audelà des approches attendues sur la transmission, La Chine est encore loin fait mieux que simplement interroger l’Histoire : il parvient à montrer son processus de décantation. En scrutant les replis du territoire comme en interrogeant les parcours et les mouvements de chacun, le film parvient aussi à rendre tangibles les différentes acceptions d’une «mémoire», d’un «savoir» ou d’un «patrimoine» qui ne sont jamais univoques. L’attentive douceur de la méthode se révèle paradoxalement d’une grande efficacité pour évoquer les situations contradictoires voire schizophréniques issues des acculturations successives d’une région qui somnole aujourd’hui dans son autarcie. Le dépit et la colère peuvent même advenir (impressionnant monologue d’une femme de ménage relayé par un filmage presque bressonnien sur les fragments d’un corps réifié) mais c’est pour mieux faire entendre cette sereine détermination : même en perpétuel projet inachevé, l’émancipation (d’une société comme d’un individu) est toujours en marche. Joachim Lepastier, Cahiers du cinéma
Zoals alle andere documentaires van Malek Bensmaïl is ook La Chine est encore loin een radiografie van de hedendaagse geschiedenis van zijn geboorteland Algerije. In deze kroniek exploreert hij thema’s als nationalisme en integrisme via een doorleefde schets van leerlingen en hun familie van een school in Ghassira. Dit in het noordoosten van Algerije in het Aurèsgebergte gelegen dorp geldt als de bakermat van de Algerijnse revolutie. In 1954 werd hier een Franse leraar en een lokale leider die collaboreerde met de koloniale administratie vermoord, de eerste burgerslachtoffers van de onafhankelijkheidsoorlog. Bensmaïl trekt naar datzelfde schooltje als waar de Franse leraar indertijd onderwees en voert ons zo mee naar een begeesterende reflectie over transmissie, geschiedenis, traditie, het Arabisme en de toekomst van deze kinderen, kortom de politieke en sociale realiteit van een land op de vooravond van de Grote Arabische Revolutie.
In 1954 verraste William Klein de wereld (van de fotografie) met zijn fotoboek ‘New York’. Zo had men Amerika nog nooit gezien. De foto’s van Klein, een veredeld amateurfotograaf, zijn grofkorrelig en niet altijd ‘gestoken scherp’, maar zijn werk is van een genadeloos realisme, een visuele weergave van de heersende gevoelens in die tijd. De ‘in your face’ aanpak werd Kleins handelsmerk. Vanaf eind jaren ’50 maakt Klein ook films, meestal kortfilms en documentaires. Festival panafricain d’Alger (1969) is zijn weergave van een festival dat de cultuur van het Afrikaanse continent viert (waarvan verschillende landen nog gekoloniseerd waren). Solidariteit met de derde wereld was toen erg in zwang. Klein beperkt zich dan ook niet tot de muzikale highlights van het festival (met o.a. Nina Simone, Miriam Makeba en Archie Shepp). Tot zijn geïnterviewden behoren ook Afrikaanse schrijvers en leiders van Afrikaanse vrijheidsbewegingen.
Le Festival panafricain d’Alger William Klein Alger, juillet 1969. Pendant une semaine, une déferlante humaine venue de toute l’Afrique s’abat sur la ville pour 1er Festival culturel panafricain d’Alger. Le mot d’ordre : affirmer la culture d’un continent dont plusieurs pays sont encore colonisés. Dans une alchimie de sons, de couleurs, de langues et de danses, l’Algérie vit un moment unique de l’Histoire africaine : le 1er Festival culturel panafricain d’Alger (Panaf). Photographe, peintre et graphiste engagé, William Klein est présent. L’Américain de Paris a été chargé de coordonner la réalisation d’un documentaire sur cet événement révolutionnaire et festif. Le spectacle est d’abord dans la rue. Au plus près des corps, les caméras de Klein nous immergent dans la foule. Des délégations de toute l’Afrique défilent dans l’exubérance et l’euphorie. La vision de femmes algériennes voilées aux côtés de danseuses ghanéennes aux seins nus vaut tous les discours. Musiciens (Miriam Makeba, Archie Shepp), intellectuels (Cheikh Anta Diop, Amadou Hampaté Bâ), leaders des mouvements de libération africains (Amilcar Cabral, Agostinho Neto), tous se sont emparés d’Alger dans un sentiment de fête et d’espoir d’une Afrique libre, unie et fraternelle. Le film articule instantanés de l’événement et archives dénonçant le passé colonial du continent. Ce film sensible et vivant est à voir absolument même si, quarante ans plus tard, il laisse le goût amer d’un rêve panafricain largement déçu, que n’a pas réussi à réanimer la seconde édition de l’événement en 2009.
1969 Allemagne/France/ Algérie 100’ - VO st fr
Archie Shepp, Live at the Pan African festival, Actuel, Charly Records
Hortense Volle, mondomix.com
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Écran d’Art Sarah Vanagt
14.07 - 21:30 Boulevard d’Ypres / Ieperlaan En présence de/met Sarah Vanagt 2010, vidéo, 65’, couleur, VO fr, nl & engl, st. bil.
Dans le centre de Bruxelles, avec ses grandes boutiques méditerranéennes et colorées, le Boulevard d’Ypres semble tout droit sorti d’un conte des Mille et une nuits. Avant que la gentrification ne chasse ces commerces du quartier, Sarah Vanagt a transformé l’un de ces entrepôts en un studio de cinéma. Un espace où se croisent les histoires de vie de ceux qui peuplent la rue: commerçants, demandeurs d’asile, locataires, résidents de l’armée du Salut. Un conte de fées des temps modernes, au point zéro de l’histoire… De Brusselse Ieperlaan lijkt soms recht uit de Sprookjes van Duizend en Eén Nacht te komen. Vooraleer het proces van gentrificatie de kleurrijke mediterrane groothandels uit de straat verdrijft, vormt Sarah Vanagt één van de leegstaande winkels om tot een filmstudio. Zo ontstaat een ruimte waarin de levensverhalen van de straatbewoners elkaar kruisen: handelaars, vorkliftbestuurders, nieuwkomers en asielzoekers vertellen elk een verhaal, een sprookje.
ZinéGlüb
Marc-Aurele Vecchione 07.09 - 21:00 Black music, des chaînes de fer au chaînes en or, Marc-Aurèle Vecchione & Pierre Evil documentaire, 2008, 100’, VO ST FR Le film sera suivi d’une rencontre avec le réalisateur, organisée en partenariat avec Lezarts Urbains.
— 07.09 - 23:30 ANTIFA Chasseurs de skins, Marc-Aurèle Vecchione documentaire, 2008, 70’, VO ST FR
Plus d’infos sur www.arenberg.be
De Franse veteraan Yann Le Masson werkte als cameraman samen met mensen als Alain Cavalier, Sydney Pollack en Serge Gainsbourg. Le Masson maakte echter vooral naam met zijn militante documentaires. Zijn meesterwerk is het samen met Bénie Deswarte in zwart-wit gedraaide Kashima Paradise, een radicaal anti-imperialistisch portret uit 1973 over het verdwijnen van oude tradities in Japan als het gevolg van sociale en politieke veranderingen. Dit sterk etnologische pamflet stelt scherp op twee symbolische locaties. Enerzijds Kashima, een enorm industrieel complex met uitbreidingsplannen en anderzijds Narita, een plaats waar studenten en boeren samen vechten tegen de aanleg van een luchthaven (Narita is nu de grootste internationale luchthaven van Japan). Omwille van thema’s als milieu en verzet heeft deze radiografie van Japan nog niets aan waarde ingeboet. En blijft dit een opmerkelijk voorbeeld van geëngageerde Direct Cinema.
Kashima Paradise Yann Le Masson & Bénie Deswarte En épigraphe de son film sur La Sixième Face du Pentagone, Chris Marker plaçait ce proverbe : «Si les cinq faces du pentagone te paraissent imprenables, attaque par la sixième.» C’est un peu la tactique qu’ont adoptée Yann Le Masson et Bénie Deswarte pour aborder le Japon. Partant, tout comme Chris Marker en 1965 (JO de Tokyo l’année précédente), d’un événement d’impact mondial (l’Exposition internationale d’Osaka), les réalisateurs prennent d’entrée la mesure de ce qui sépare la fête, la façade, la mise en représentation, de sa réalité sociale et politique : «Vous n’existez que par le groupe. Hors du groupe, vous n’êtes pas libres : vous êtes orphelins.» Et pour rendre concrète leur démonstration, Le Masson et Deswarte centrent leur propos sur un cas individuel : le paysan Zenzaemon, propriétaire d’un petit lopin de terre dans un village dont la population est absorbée peu à peu par le combinat industriel de Kashima, construit à quelques kilomètres de là. [...] Kashima qui tue la terre, lui arrache sa maind’œuvre et transforme la classe paysanne en sous-prolétariat. [...] Jamais peut-être le cinéma n’avait effectué avec une telle précision et avec une telle rigueur idéologique la vivisection d’une société, et mieux d’un système économico-politique : le Japon certes, mais aussi et plus largement le capitalisme. Société et système perçus dans ses moindres rouages, suivant à la fois une démarche didactique et une technique professionnelle elle aussi rarement atteinte par cette forme de cinéma. La superbe photo noir et blanc de Le Masson lui-même et la beauté plastique de nombreuses séquences [...], loin d’affaiblir la démonstration en distrayant l’attention du spectateur, contribuent au contraire à l’installer au sein d’une œuvre exemplaire où fond et forme s’étayent solidement. Guy Braucourt, Écran
France 1973 110’ - VO st fr
29.06.11 - 19:10 Présentation par Patrick Leboutte
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84 L’équipe de l’Ecran Total vous invite à deux rencontres-débats où interviendront journalistes, essayistes et réalisateurs :
De ploeg van Ecran Total nodigt u uit om in debat te gaan met journalisten, schrijvers en filmmakers :
- Le 2 septembre à 19:00, nous accueillerons Ignacio Ramonet (ancien directeur du Monde diplomatique et président de l’association Mémoire des luttes), Marcel Trillat (journaliste et ancien directeur adjoint de l’information sur France 2) et Hugues Le Paige (cinéaste, co-directeur de la revue Politique et ancien journaliste à la RTBF) pour une discussion autour des nouveaux médias et du modèle économique de la presse actuelle.
- Op 2 september om 19:00, heten we Ignacio Ramonet (oud-directeur van Monde diplomatique en voorzitter van de vereniging Mémoire des luttes), Marcel Trillat (journalist en oud-adjunct-directeur informatie France 2) en Hugues Le Paige (Filmmaker en oud-journalist van RTBF) welkom.
- Pierre Carles viendra quant à lui nous parler de son dernier film incisif Fin de concession le 8 septembre à 19:00 aux côtés de Gilles Martin (Editions Aden).
- Pierre Carles komt spreken over zijn laatste film Fin de concession op 8 september om 19:00 samen met Gilles Martin (Editions Aden).
Cycle Media Crisis Pouvoir et indépendance des médias
Macht en onafhankelijkheid van de media
Media Crisis est le titre d’un livre que Peter Watkins a écrit en 2007 pour dénoncer l’irresponsabilité grandissante des médias de masse et l’absence en leur sein d’un discours critique. Plus largement, c’est la crise que traversent les médias actuels, frappés de plein fouet par l’avènement des nouvelles technologies. L’Ecran Total a voulu mettre le doigt sur ce sujet complexe et sensible par une sélection de films classiques et récents.
Media Crisis is de titel van het boek van Peter Watkins uit 2007 waarin hij de steeds groeiende onverantwoordelijkheid van de massamedia en het gebrek aan een kritisch discours ervan aankaart. Deze mediacrisis kan in ruimer verband worden gebracht met het verschijnen van talrijke nieuwe technologieën. Ecran Total kaart dit gevoelig onderwerp aan via een filmprogramma opgebouwd uit klassieke en recente films.
Avec ses fictions et documentaires, mettant en scène les relations entre médias et pouvoir, le cycle Media Crisis a donc pour but de soulever une réflexion sur la pertinence et l’indépendance des médias dits traditionnels (presse papier, télévision, radio), sur leurs techniques de traitement et de diffusion de l’information, et leurs rapports de plus en plus étroits avec un pouvoir politique et un système économique qui semblent dicter leur loi, au détriment du pluralisme démocratique et de la liberté d’expression.
Aan de hand van fictiefilms en documentaires over de macht van de media hebben we het over de relevantie en onafhankelijkheid van de zogenaamde traditionele media (gedrukte pers, televisie, radio). Welk nieuws wordt verspreid, hoe vrij zijn de boodschappen van politieke opvattingen en is er onafhankelijkheid van een economische macht? Wat met democratisch pluralisme en vrijheid van meningsuiting?
Parallèlement, le cycle entend soulever une réflexion sur l’émergence des nouveaux médias et modes d’informations alternatifs dont les derniers événements internationaux, les révolutions actuelles du monde arabe ou l’affaire WikiLeaks pour ne citer qu’elles, ont démontré à quel point ils avaient désormais une place prépondérante sur la scène médiatique internationale. Quel espace dès lors pour le métier de journaliste et particulièrement de journaliste d’investigation dans un contexte mondial où chaque citoyen peut se faire le messager d’une information brute et indépendante via son blog, son smartphone ou sa page Facebook? En un mot : Quelle place pour la démocratie dans ce nouvel ordre médiatique ?
Parallel met de films over de mediacrisis, leggen we de focus op de nieuwe media, de alternatieve manieren van informatieverspreiding. Internationale voorbeelden als de Arabische revolutie en de affaire rond WikiLeaks tonen duidelijk het belang van deze nieuwe kanalen aan. Wat nu met het beroep van de journalist in een wereld waar iedereen zich een blog kan aanmaken en rechtstreeks via zijn smartphone in contact kan treden met de wereld? Kortom: wat met de democratie in deze nieuwe mediaorde?
L’explosion du journalisme. Des médias de masse à la masse de médias, Ignacio Ramonet, Galilée, 2011 La fabrication du consentement : de la propagande médiatique en démocratie, Noam Chomsky & Edward Herman, Agone, 2008 Les Nouveaux Chiens de garde, Serge Halimi, Liber, 2005 L’Affaire des affaires (BD), Denis Robert, Yan Lindingre, Laurent Astier, Dargaud, 2009
85 Avec le partenariat des Amis du Monde diplomatique Belgique, de la revue Politique, et des éditions Aden. In samenwerking met Amis du Monde diplomatique Belgique, Politique, en Aden.
Citizen Kane Orson Welles
avec Orson Welles Joseph Cotten Everett Sloane Dorothy Comingore 1941 États-Unis 115’ - VO st bil
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[Dans Citizen Kane], c’est bien de ce que nous appelons aujourd’hui les médias que Welles parle déjà. C’est penché sur leur berceau qu’il a réussi ses plus beaux coups. Ceux-ci ont longtemps appartenu à l’histoire du cinéma mais plus le temps passe, plus on comprend qu’ils représentent une sorte de «droit de regard» historique d’un cinéaste – Welles, grand médiateur – sur un monde – celui des médias – qui s’éloigne du cinéma (après lui avoir fait la peau). Il suffit de voir le faux reportage sur la vie de Kane (News on the March) qui ouvre le film pour voir à quel point celui-ci anticipe sur les grandes nécrologies pompeuses à base de documents d’archives. Il suffit de voir la façon dont Cotten, Sloane et les autres, grimés et vieillis, sont filmés dans les interviews (avec le reporter en amorce) pour voir comment Welles anticipe déjà sur cette fringale de commémo et de «témoignages» de survivants qui font le bonheur de la radio et de la télé. Autrement dit, l’une des grandes raisons de la modernité du style de Citizen Kane, c’est que Welles filmait déjà avec des styles composites et selon des rhétoriques différentes comme il ferait pour une chaîne (qui serait comme le rêve d’ubiquité de sa propre troupe du Mercury Theatre). Welles n’a cessé d’inventer des monstres comme Kane, Arkadin, Quinlan et autres truqueurs d’info. Il a exorcisé ce qui devait lui apparaître comme son propre démon et celui du siècle : l’art de séduire les victimes et de faire disparaître les témoins. Welles prophète ne s’est trompé que sur un point : ses monstres à lui avaient une part d’enfance et une glauque grandeur qui devait manquer cruellement à leurs successeurs à la tête des grilles et des chaînes. Serge Daney, Libération
Wat nog te vertellen over Citizen Kane (1941)? Het debuut van Orson Welles, die op zijn 25ste deze instantklassieker regisseerde en er meteen de hoofdrol in speelde. Verkozen tot beste speelfilm aller tijden. Een bijzonder invloedrijke film waarin cinematografische technieken worden geïntroduceerd die nog steeds indruk maken. En waar massa’s boeken over werden geschreven (één ervan, The Citizen Kane Book, van de hand van de bekende filmcriticus Pauline Kael). Een mijlpaal in de filmgeschiedenis die de filmkunst voorgoed zou veranderen. Een film die ook behoorlijk wat stof deed opwaaien. Mediatycoon Randolph Hearst voelde zich geviseerd door het verhaal over op- en ondergang van Charles Foster Kane (Welles), een krantenmagnaat die aanvankelijk alles wat hij aanraakt in goud ziet veranderen, maar door zijn hoogmoed eenzaam en verbitterd sterft. Wat was zijn laatste woord ook alweer?
In Egypte is een verhaal vertellen vaak de manier om de soms delicate (politieke) waarheid te benaderen. Ehky ya Shahrazad (2009), de meest recente film van de Egyptische schrijver/ regisseur Yousry Nasrallah, kan je vertalen als ‘Scheherazade (de vertelster van de verhalen van 1001 Nacht), vertel me een verhaal’. Een populaire Egyptische tv-journaliste (Mona Zaki) wordt door haar kersverse echtgenoot (Hassan al Raddad), die een job als hoofdredacteur van de staatskrant ambieert, aangemaand haar directe aanpak van de overheid te temperen. Maar wat blijkt? In Egypte sluipt de harde werkelijkheid zelfs in het meest omfloerste liefdesverhaal binnen. Hoe je het ook bekijkt, vertelt Nasrallah, de situatie van de vrouw in Egypte is precair. Ongewild biedt de regisseur ook inzicht in de recente gebeurtenissen in Egypte, waar een moedige volksopstand president Moebarak op de knieën dwong.
Femmes du Caire Yousry Nasrallah
Film superbe, intense, puissant, féminin et féministe, Femmes du Caire doit autant au défunt Youssef Chahine qu’à Sirk, Bergman ou Almodovar. La première femme que nous présente Yousry Nasrallah est Hebba, sémillante présentatrice télé d’une émission politique, croisement entre Tina Kieffer et Audrey Pulvar. Très critique du régime, le show gêne le compagnon d’Hebba, rédacteur en chef adjoint d’un quotidien important, évidemment contrôlé par le pouvoir. Rusée, Hebba décide alors d’infléchir la ligne de son émission en la déplaçant vers des sujets plus intimes, des faits divers, des portraits de femmes ordinaires. À travers ces histoires personnelles, Hebba semble être passée d’Anne Sinclair à Mireille Dumas, mais c’est une feinte : elle poursuit une critique toujours virulente mais plus indirecte de la société égyptienne, de sa duplicité, de son hypocrisie, de sa corruption, et surtout de son étouffant patriarcat. Nasrallah filme les mésaventures de la femme égyptienne contemporaine avec une inspiration constante, une énergie érotique de chaque instant. Les plans vibrent, exsudent le désir, magnifiant les visages et les corps de ses actrices (et parfois aussi de ses acteurs). Le film glisse parfois vers la comédie farcesque, mais le tragique domine : les coups, les larmes, parfois le sang éclaboussent cet élégant mélodrame feuilletonesque. Dans un geste ample et souverain, Nasrallah réussit de splendides portraits féminins (hommage à ses magnifiques actrices !), embrasse le bouillonnement du Caire, mégapole fascinante où coexistent plusieurs mondes, trace une vue en coupe de l’Égypte d’aujourd’hui, tiraillée entre ses élans vers la modernité, ses mœurs d’un autre âge et son régime politique figé. Dans le contexte égyptien, Femmes du Caire est un brûlot politique et sensuel – politique parce que sensuel. Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
Ehky ya Shahrazad avec Mona Zaki Mahmoud Hemida Nahed El Sebaï 2009 Égypte 134’ - VO st fr
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Fin de concession Pierre Carles
avec Jean-Marie Cavada Jacques Chancel Jean-Pierre Elkabbach France 2009 131’ - VO fr
08.09.11 - 19:00 En présence du réalisateur
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Pour ce retour à la critique de la télévision après une longue parenthèse consacrée à faire des films sur le sociologue Bourdieu ou le plaisir de ne pas travailler, le père Carles revient aux fondamentaux. Et décide de se payer l’entreprise qui devait être depuis toujours au sommet de sa toplist. L’usine du consentement la plus performante du pays. Le mal absolu. L’ennemi des ennemis… TF1. [...] Armé de sa question faussement naïve – le renouvellement automatique de la concession de TF1 à son propriétaire Bouygues –, le réalisateur entame alors une tournée des grosses huiles de la télé. Journalistes influents de la chaîne, grandes figures du PAF, chacun est appelé à s’expliquer sur la grande affaire qui occupe Pierre Carles depuis vingt ans. Les rapports incestueux entre les journalistes, les politiques et les pouvoirs économiques et financiers. C’est le refus des intéressés de répondre, leur langue de bois ou, parfois, leur cynisme assumé et même leur incapacité à comprendre ce qu’on leur reproche qu’on retiendra. [...] Ce qui permet d’arriver rapidement à la thèse du film : personne ne peut rien dire ni rien faire face au pouvoir de la télévision, puisque tout le monde en est responsable, ou y a conservé quelque influence ou poste qu’il risquerait de perdre. [...] A quoi cela sert-il de critiquer le système sans relâche quand on prêche des convaincus ? A informer ou à se faire plaisir ? Faire constructif n’est pas vraiment le but que poursuit Pierre Carles dans Fin de concession. Tant mieux. Parce que voir le scooter de Pujadas repeint en carrosse doré, c’est comme revoir Charles Villeneuve se faire piéger à dix ans d’intervalle, comme regarder BHL prendre une énième tarte à la crème en pleine figure : ça ne sert à rien, mais ça fait quand même plaisir. A celui qui filme comme à celui qui regarde. Jean-Laurent Cassely, Slate
De angels van provocateur Pierre Carles – noem hem en soort Franse Michael Moore - zijn steevast op de televisie gericht. In zijn kritische en atypische documentaires behandelt hij onderwerpen die niet op tv aan bod komen. Of de media en de televisiecultuur zelf, zoals in Fin de concession. Het is meteen de eerste audiovisuele enquête ooit over de privatisering van de Franse staatszender TF1, indertijd een heel schandaal. TF1 kwam in 1987 in handen van de industriële groep Bouygues. Maar welke rol speelde president Nicolas Sarkozy in heel dat toewijzingsproces? Sarkozy was toen de advocaat van Martin Bouygues, de zoon die twee jaar later de PDG van de groep Bouygues zou worden. Carles’ geestige documentaire is zowel een forse kritiek op machtsstructuren en de media in het bijzonder. Al stelt Carles, die het soms moeilijk heeft om zijn vechtlust van vroeger terug te vinden, ook ludiek zijn eigen methodes en onmacht in vraag.
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25 LE FESTIVAL /
HET FESTIVAL /
DU 01 JUILLET / AU 31 AOÛT /
VAN 01 JULI / TOT 31 AUGUSTUS /
CONSERVATOIRE /
CONSERVATORIUM /
12:15’ À/
VINGT-CINQUIÈME ÉDITION /
VIJFENTWINTIGSTE EDITIE /
ÉTÉ /
ZOMER /
2011
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Sidney Lumet is niet meer. Hij stierf op 9 april van dit jaar. Voor eeuwig jammer, want hij maakte uitstekende films. Goedgemaakt en bijzonder intelligent. En vaak met een vlijmscherp kantje. Zo ook deze Network (1976). De cynische strijd op het scherp van de snee voor de voorkeur van de tv-kijker is meer dan 30 jaar later nog geen spat verouderd. Peter Finch, wiens weduwe postuum een Oscar voor zijn vertolking in ontvangst mocht nemen (hij stierf 2 maanden eerder aan een hartaanval) is onvergetelijk als de opzijgeschoven ‘ankerman’, die de onheilsprofeet van tv-kijkend Amerika wordt. Allemaal heel goed zolang de kijkcijfers blijven stijgen. Is scenarioschrijver Paddy Chayefsky een dramaqueen? Nee hoor, hij baseerde zich op keiharde feiten. Faye Dunaway is steengoed als de ijskoude, overambitieuze programmadirecteur die, wel, over lijken gaat om de kijkcijfers op peil te houden.
Network, main basse sur la télévision Sidney Lumet Un journaliste vieillissant perd quelques points d’audience et se voit licencié. Désespéré, il annonce son suicide lors de son dernier journal télévisé et compte mettre fin à ses jours directement devant des milliers de spectateurs. Il se rétracte cependant mais l’annonce provoque chez le public un regain d’intérêt pour cet homme en colère. Devenu prophète médiatique, il anime alors un journal hors norme où des voyantes prédisent l’avenir politique des États-Unis. [...] Network signifie «réseau» en français. Les protagonistes assurent effectivement qu’une toile se tisse autour du média télé, ici la chaîne UBS, et que ce média tisse à son tour une terrifiante toile d’araignée sur un public obéissant. Et le public est ici réduit à peau de chagrin, n’apparaît qu’en foule, anonyme, et exécute des ordres. Il crie sa hargne d’un gouvernement véreux mais reste consciencieusement derrière l’animateur vedette qui sombre progressivement dans la folie. La rue est de fait fort peu filmée, sauf au début lorsque Max Schumacher annonce son éviction à Howard Beale et le confronte à son potentiel public. Justement, bien peu de passants circulent. Les deux hommes sont presque seuls. Network est alors surtout un film d’immeuble − celui de la chaîne UBS. Notons qu’aucune télévision n’avait à l’époque accepté le tournage dans ses locaux et que l’immeuble souvent filmé en contre-plongée est celui de la MGM, à New York. Film d’immeuble, de bureaux, de pièces, un film qui use avec maestria du cadre, de l’encadrement, de la boîte finalement, pour mettre en évidence l’omniprésence de la télévision − la petite lucarne − dans la vie quotidienne. Carole Wrona, critikat.com
Network avec Faye Dunaway Peter Finch William Holden 1976 États-Unis 121’ - VO st bil
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The Social Network David Fincher
avec Jesse Eisenberg Justin Timberlake Andrew Garfield États-Unis 2010 120’ - VO st bil
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À qui attribuer la paternité de The Social Network ? À David Fincher réalisateur, ou à Aaron Sorkin scénariste ? Pas une ponctuation du scénario n’a bougé dans le transfert cinématographique, tout est là, intact et souverain. Il aurait été facile de tirer des mêmes mots de Sorkin un film édifiant, de stabilobosser le drame de Zuckerberg, ce nerd qui a bâti Facebook sur le cadavre de ses copains d’avant. Facile aussi de céder aux sirènes mainstream, de basculer dans le Ron Howard’s movie où un geek en tongs conquiert la Silicon Valley en deux vannes et trois lignes de code. Fincher opte lui pour une voie médiane : alors que sur le papier l’affaire hésitait entre techno-tragédie et comédie pour nerds, c’est une légèreté inconséquente, presque pop, qui va prendre le pas. [...] The Social Network est un film qui va vite, trop vite, si vite que le drame sous-jacent n’en est qu’effleuré. La solitude de Zucky, les illusions perdues, le pouvoir qui change de mains mais pas de visage... Tout ce qui à la lecture apparaissait clairement, devient flou parce qu’on ne peut plus s’arrêter sur les mots. C’est le syndrome Fight Club : un refus de faire sens pour mieux incarner son sujet. [...] Le drame en a-t-il pour autant disparu ? Non, il est toujours là, comme un arrière-goût désagréable, dilué dans le flux crypté d’information, ne surgissant qu’au détour de quelques séquences traumatiques avant d’être abandonné aussi sec : le présent n’attend pas, il est en actualisation perpétuelle. En mettant au dernier moment le film sur pause, Fincher et Sorkin sortent les bacs de fixateur et de révélateur : en fait, The Social Network c’est mieux qu’un film sur Facebook, mieux qu’un biopic de Zuckerberg, mieux qu’un manifeste netocrate. C’est le portrait fidèle, donc secrètement tragique, d’une époque qui croit avancer en appuyant sur F5. Julien Abadie, Chronicart
The Social Network scoorde in heel wat eindejaarslijstjes als de beste film van het afgelopen jaar. Her en der werd dit gefictionaliseerde portret over het ontstaan van Facebook en van zijn stichter Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg) zelfs al vergeleken met Citizen Kane. Ook dat meesterwerk gaat over een student die geen liefde kan uiten en die uitgroeit tot een mediatycoon met meer vijanden dan vrienden. Aan de verbluffende inventiviteit van Orson Welles’ klassieker kan de rond twee rechtszaken opgebouwde film van David Fincher (Se7ven) niet tippen, maar hij heeft zijn merites. Zoals de scherpe dialogen, de puike cast en een zeldzaam energiek gedetailleerde journalistieke aanpak. Wat deze Harvardgeneratiekroniek en karakterstudie bovendien zo speciaal maakt is zijn met melancholisch pervers plezier uitgewerkte paradox: hoewel hij over de succesrijkste sociaalwebsite ooit gaat gaapt er tussen al de mensen in de film een enorme kloof.
Net als zijn vader Max Ophuls voor hem, kiest Duits regisseur Marcel Ophuls voor thema’s als oppressie en vooroordelen. Maar waar zijn vader fictiefilms maakte, werd zoon Marcel vooral bekend als documentairemaker. Zijn meest bekende werk is wellicht Le Chagrin et la pitié (uit 1969), over gebeurtenissen in nazibezet Frankrijk. Marcel Ophuls’ laatste documentaire is Veillées d’armes (1994), een tweedelige documentaire over het werk van oorlogscorrespondenten. Deel één vormt een terugblik op het werk van illustere collega’s uit vroegere oorlogen. Risico’s, heldendaden maar ook handigheidjes worden geanalyseerd. In deel twee komen de oorlogsjournalisten in Bosnië, in ’94 één van de hotspots in de wereld, aan het woord. Hun werk wordt afgewisseld met voorbeelden uit fictiefilms die de theorie van de journalisten staaft. Hoeft geen extra uitleg: het leed dat altijd en overal ter wereld in oorlogsgebied aan de burgerbevolking wordt aangedaan.
Veillées d’armes Marcel Ophuls
«La première victime de la guerre, c’est la vérité» (et non l’innocence, comme le suggérait l’affiche de Platoon d’Oliver Stone). Ce documentaire polyphonique dresse le portrait d’un métier, celui des reporters, photographes et autres envoyés spéciaux et de ce qu’ils estiment être leur rôle et leur devoir, par le biais d’un moment précis, le siège de Sarajevo en 1992. Marcel Ophuls effectue certains détours par d’autres périodes de l’Histoire (la montée du nazisme et la Deuxième Guerre mondiale, le déclenchement de la Première avec l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand) ou d’autres événements liés à l’actualité (la première guerre du Golfe). Il utilise également des extraits de films hollywoodiens et de films de son père. Au fil d’une enquête ample et fouillée, le cinéaste recueille divers témoignages, depuis les «cow-boys» du journalisme venus à Sarajevo pour l’action jusqu’à des personnalités remarquables, capables de porter une salutaire réflexion sur la situation, au-delà de «l’information spectacle» pour réaliser dès le départ qu’il ne s’agit pas d’une guerre ethnique, mais que ce terme est utilisé par les dirigeants serbes eux-mêmes, dans la mesure où il sert leur propagande en occultant le véritable enjeu de ces anciens communistes nationalistes, occupés à conquérir un territoire. Au cours d’une deuxième partie moins kaléidoscopique, le retour en France du cinéaste est l’occasion de réfléchir plus longuement à cette expérience. Il livre par ce biais une vue générale et frappante de ce métier, de la vanité des présentateurs vedettes à une envoyée spéciale, moins médiatisée, en passant par les idéalistes, les pragmatiques, les baroudeurs et les imposteurs (ou journalistes de salon, dira l’un des intervenants). d’après Julien Welter, arte.tv
1994 France/Allemagne/ Royaume-Uni 233’ - VO fr
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Samen met Wajda en Polanksi behoort Jerzy Skolimowski tot de belangrijkste Poolse regisseurs van zijn generatie. Het was al een tijdje stil rond Skolimowski – hij ging schilderen; dit is pas zijn tweede film in bijna twintig jaar – maar met de beklemmende achtervolgingsthriller Essential Killing maakt hij een meesterlijke comeback. Vincent Gallo zegt geen woord maar schittert in deze meedogenloze overlevingsfilm als een moslimstrijder die door Amerikaanse troepen gevangen genomen en gemarteld wordt om vervolgens te ontsnappen als hij naar Europa overgebracht wordt. Dat leidt tot een viscerale klopjacht én studie over het menselijke oerinstinct die duidelijk – hoewel niet uitgesproken – een politieke ondertoon heeft. Maar of het nu om de verlaten canyons van de Afghaanse woestijn gaat of de onherbergzame Europese wildernis in de barre winter: de manier waarop Skolimowski de woeste, realistische actie regisseert is briljant.
Essential Killing Jerzy Skolimowski
Un hélicoptère survole un désert où trois soldats américains accomplissent une mission de reconnaissance. Où sommesnous ? Qui est cet homme qui détale avant d’être vite capturé par l’armée américaine ? Un taliban ? Peut-être. Un terroriste ? Un homme terrorisé, surtout. Aux abois. C’est à peu près la seule chose qui le caractérise – c’est peu, mais c’est essentiel. L’instinct de survie, la peur qui pousse à tuer, tel sera le sujet de cette chasse à l’homme. Haletante, en raison d’un enchaînement ahurissant d’événements, imaginé par Jerzy Skolimowski, au mieux de sa forme. Être radicalement étranger au monde, se sentir partout piégé : c’est précisément ce qui arrive au terroriste présumé d’Essential Killing, lâché en pleine nature, à des milliers de kilomètres de chez lui, au fin fond d’une forêt d’Europe de l’Est. C’est à la faveur d’un accident sur la route qu’il s’est échappé. Mais pour aller où ? Mohammed est un fugitif perpétuel sur cette terra incognita : à chaque fois qu’il se délivre, il se retrouve peu après enchaîné, d’une manière ou d’une autre. C’est un homme réduit à l’état d’animal sauvage. [...] Acteur instinctif, Vincent Gallo illustre à merveille cette animalité. Hagard avec ses yeux de fou et de loup, il porte le film quasiment seul, jusqu’au bout. Au-delà du bien et du mal. En deçà des mots. Rien que le silence, les sapins dressés, l’humus. Et la mer de neige immaculée. C’est le règne de l’énergie pure, en somme. Celle du corps en tension, du cosmos, des mythes. [...] Ce qui advient revêt un caractère d’urgence et semble curieusement hors du temps. L’action s’étale-t-elle, d’ailleurs, sur quelques heures ? Plusieurs jours ? A moins qu’il ne s’agisse d’une vie tout entière passée à se battre et à fuir la mort, ainsi concentrée pour servir de miroir étincelant. Jacques Morice, Télérama
avec Vincent Gallo Emmanuelle Seigner Nicolai Cleve Broch Pologne/Norvège/ Irlande/Hongrie 2010 83’ - VO st bil
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24/05/11 12:06
Er schuilt een heerlijke ironische paradox in Le Gamin au vélo, de nieuwe en weerom magistraal afgemeten diamant van Jean-Pierre en Luc Dardenne. De broers hebben nooit hun affectie voor De Sica’s Ladri di bicicletta en de neorealistische stroming weggestoken. Ook de fiets van de altijd rusteloze twaalfjarige gamin Cyril (een verbijsterende Thomas Doret) wordt gestolen maar voor de rest doet hij niets dan rennen: wegrennen van het kindertehuis waarin hij geplaatst is, uitbreken bij zijn opvangmoeder (kapster Cécile de France) of achter zijn vader (Jérémie Renier) aanlopen die bruusk uit zijn leven vertrokken is. In de slipstream van La Promesse, Rosetta, Le Fils en L’Enfant ontstaat zo opnieuw een prachtige humane parabel met de absorberende kracht van een meeslepende thriller over koppig verzet, weerstand, morele dilemma’s, generositeit en verlossing in een dit keer zomers maar nog altijd door sociale ellende geplaagd Seraing.
Le Gamin au vélo Luc & Jean-Pierre Dardenne Son vélo lui manque, au foyer où il se trouve placé sans intention aucune d’y rester longtemps. Son père lui manque encore plus, même si c’est lui qui l’a fait mettre là, faute de pouvoir assumer sa progéniture. Et comme le père doit avoir gardé le vélo, Cyril s’échappe pour retrouver l’un et l’autre. Le garçon de presque douze ans n’a pas froid aux yeux. Il est déterminé. Il retrouvera le vélo, qu’il pense avoir été volé. Car jamais papa ne l’aurait vendu ! Pourtant, la vente a eu lieu. Vérité dure à encaisser, que le gamin admet difficilement. Jusqu’à ce qu’une jeune femme lui rapporte la bicyclette au foyer qu’il a réintégré. Son geste généreux n’appelle pas de suite. Mais Cyril en décidera autrement... Âpre et déchirant comme le manque d’amour, tendre au cœur comme une promesse d’avenir, captivant comme un thriller à suspense et bouleversant comme ces films néoréalistes italiens centrés sur l’enfance, Le Gamin au vélo poursuit sur un mode lumineux l’œuvre profondément humaniste des Dardenne. La maîtrise formelle des frères se coule dans une action souvent rude et parfois violente, mais filmée avec une rare fluidité, et ce quelque chose d’indicible et de pourtant palpable qu’on pourrait appeler la grâce. Chose nouvelle chez les Dardenne, la musique joue un rôle important, quelques courtes mais poignantes ponctuations beethovéniennes, qui rappellent certains accents de Bach chez Pasolini. La musicalité du Gamin au vélo prenant plus d’une forme, bien au-delà des rares (mais sublimes) notes posées à quatre reprises sur ses images. Il y en a aussi, de la musicalité, dans cette façon de faire circuler le nouvel opus dans la filmographie des frères. Car Cyril pourrait être le bébé de L’Enfant devenu grand. Et quand on le voit rouler sur son vélo, vêtu de rouge, on croit apercevoir le fils de La Promesse sur son vélomoteur... Comme une rime discrète, une touche d’harmonie, une résonance précieuse. Louis Danvers, Le Vif/L’Express
avec Cécile de France Thomas Doret Jérémie Renier Belgique 2011 90’ - VO fr st nl
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5/9/11
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DEVENEZ LE DESSINATEUR ATTITRÉ DE FOCUS VIF ET KNACK FOCUS DURANT UN AN!
QUI PEUT PARTICIPER? Le Focus Strip Award est ouvert à toute personne domiciliée en Belgique. L’âge et la formation n’importent pas. Tentez votre chance! COMMENT PARTICIPER? Envoyez 4 planches de BD à notre collaborateur Nix (
[email protected]). Le thème et le style sont libres. Une histoire continue ou 4 pages de cartoons: tout est possible. Seule contrainte: l’œuvre ne peut pas avoir déjà été publiée en Belgique à plus de 1000 exemplaires. Vous avez jusqu’au mois d’octobre pour soumettre vos candidatures. Notre comité de sélection désignera alors 10 élus qui seront publiés dans le Focus Vif et le Knack Focus, sur une durée de 10 mois et à raison de 4 strips chacun, dès septembre 2011. Au terme de ce road show, le grand vainqueur gagnera la chance d’étaler son talent dans nos pages une année durant. Soit une couverture nationale! Un prix du public sera également décerné par les lecteurs des Focus. Bonne chance!
Aan de hausse van de Roemeense Nieuwe Golf lijkt geen einde te komen. Want ook het jeugdgevangenisdrama If I Want to Whistle, ... getuigt van de verrassende vitaliteit van de huidige Roemeense cinema. De protagonist van deze milieuschets is Silviu (revelatie George Pistereanu), een jonge delinquent die nog een week moet zitten voordat hij vrijkomt. Het noodlot slaat toe in de vorm van een onverwacht familiebezoek. Silviu slaagt er niet in om zich te controleren en meteen komt hij in een heel kwetsbare positie terecht ten opzichte van de gevangenisleiding en zijn medegevangenen. Het materiaal is misschien allemaal vertrouwd maar debuterende cineast Florin Serban - met dank aan de merendeel niet-professionele acteurs en een alerte handgehouden camera - observeert uitstekend en heel intens het fysieke leven, de wanhoop en de crisissen binnen de gevangenismuren.
If I Want to Whistle, I Whistle Florin Serban Silviu, un jeune criminel, s’apprête à sortir de maison de redressement. Il faut qu’il tienne encore cinq jours. Quand il apprend que sa mère est de retour après une longue absence, il n’a qu’une idée en tête : tenir son jeune frère éloigné de cette mère qui, selon lui, est responsable de sa situation... Chérichéri des festivals et surtout de leurs palmarès (Ours d’argent à Berlin, Prix sang neuf au Festival du film policier de Beaune), If I Want to Whistle, ..., avec son titre-hommage à Micheline Dax, joue la partition d’une austérité toute roumaine doublée d’une efficacité narrative, sèche et directe. Un jeune criminel vit ses derniers jours au sein d’une maison de redressement. On ne saura jamais vraiment ce qui l’a mené là, mais on devine en creux les bosses de son parcours, portrait d’une jeunesse à vif, qui siffle si ça lui chante, et qui ne croit déjà plus aux lendemains qu’on lui promet plus beaux, dehors. Florin Serban filme l’espace carcéral comme le lieu d’une impossible reconstruction, un piège dans lequel Silviu s’enferme, se barricade, poussé si bas par un environnement familial qui semble l’avoir déjà condamné, des années auparavant, avant que l’ironie tragique ne se répète. Adaptant très librement un texte théâtral, le jeune cinéaste parvient à afficher une réelle maîtrise, à faire vivre un personnage fort (interprété de façon convaincante par le nouveau venu George Pistereanu), et à se dépêtrer habilement de la rupture de ton (le dénouement faussement tranquille, quasi onirique). Pas si mal pour un début.
Eu cand vreau sa fluier, fluier avec George Pistereanu Ada Condeescu Clara Voda Roumanie/Suède 2010 94’ - VO st BIL
Nicolas Bardot, filmdeculte
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Focus Capricci 03.07.11
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Capricci
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Cette année, nous avions envie de mettre en exergue le travail fait en France par un jeune éditeur : Capricci. Capricci est une revue de cinéma, un label qui regroupe plusieurs activités cinématographiques. Produire, distribuer, éditer sont devenus le prolongement d’un même engagement critique. Pour défendre les œuvres et les auteurs, Capricci diffuse les films et publie les ouvrages qui les accompagnent. Parmi les auteurs du catalogue : Jean Eustache, Straub et Huillet, Robert Kramer, Pedro Costa, Albert Serra, Ingmar Bergman, Monte Hellman...
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Focus Capricci 03.07.11
LA BM DU SEIGNEUR Jean-Charles Hue France, 2010, 1h23, VO st Fr 14:00 : Présentation du film par thierry lounas (Capricci)
La BM du Seigneur marque une grande découverte : l’artiste, vidéaste et plasticien Jean-Charles Hue arrivé au cinéma. Comme Albert Serra, Hue filme des corps et des territoires inédits – les gitans dans un camp de caravanes. Comme tous les grands cinéastes, il mêle indissociablement documentaire et fiction, réalité et mythe. On peut raconter La BM de différentes manières : c’est d’abord l’histoire de Fred le gangster, qui témoigne publiquement d’une étape importante de sa vie : sa conversion ; c’est aussi le récit de la rédemption d’un héros tragique qui semble tout droit sorti d’un western. Chargeant l’objet le plus trivial d’une dimension sacrée, Jean-Charles Hue sublime le quotidien.
THE CAT, THE REVEREND & THE SLAVE Alain Della & Kaori Kinoshita France, 2009, 1h19, VO st Fr - 19:00
les 4 films choisis par Capricci pour cette journée-rencontre.
Alain Della Negra et Kaori Kinoshita sont deux artistes vidéastes produits par Capricci depuis plusieurs années. Avec Neighborhood (2005), ils ont commencé à creuser le thème du double, de l’avatar et du travestissement d’identité. Leurs documentaires sont des portraits en mosaïque de personnages menant plusieurs vies : une vie conventionnelle et une vie fantasmée. The Cat… met au premier plan le monde virtuel Second Life, sphère d’échanges économiques et sociaux, et leurs communautés emblématiques. Della Negra et Kinoshita font un cinéma contemporain en ce qu’il témoigne de l’infiltration de la fiction dans tous les pans de la réalité quotidienne.
LE CHANT DES OISEAUX SUPERGRAVE (SUPERBAD) Greg Mottola USA, 2006, 1h52, VO st Bil 16:10 : Rencontre avec Emmanuel Burdeau autour de l’univers de Judd Apatow
Auteur, scénariste, réalisateur et producteur, Judd Apatow est le chef de file d’une nouvelle génération de comiques juifs américains apparue dans les années 90. Humour phallique, amitié masculine, éternelle adolescence en sont les principaux leitmotiv. Superbad de Gregg Motola représente pour nous le meilleur film de la bande Apatow et de la comédie américaine contemporaine. Petit frère d’un film majeur des années 2000, Boulevard de la mort de Quentin Tarantino, sa variation féminine, Superbad est un concours de vitesse de mots, un travail précis sur la langue où la parole oscille entre verbiage et action. Judd Apatow a accordé une série d’entretiens à Emmanuel Burdeau, parus sous le titre Comédie, mode d’emploi aux éditions Capricci.
Albert Serra Espagne, 2008, 1h38, VO st Fr - 21:10
Grande révélation du Festival de Cannes 2006 où il présentait Honor de cavalleria, son adaptation de Don Quichotte, Albert Serra est le cinéaste emblématique de Capricci : c’est un ami et un partenaire, et son cinéma est à l’image de notre façon de travailler : un système de production – modeste – en totale adéquation avec la nature des projets. Serra travaille avec des acteurs non professionnels et revisite des mythes d’une manière dépouillée. Un mélange entre le néoréalisme italien, Rouch et Pasolini, où l’épopée racontée est en même temps le documentaire de son tournage. Le Chant des oiseaux, présenté à Cannes en 2008, suit l’errance des rois mages à travers les déserts, partis bénir l’enfant Jésus.
Comédie, mode d’emploi, Judd Apatow, Entretien avec Emmanuel Burdeau, Capricci, 2011
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TARIFS 8,00 e PRIX PLEIN* 6,60 e PRIX REDUIT* 60,00 e ABONNEMENT ECRAN TOTAL* VALABLE POUR 10 SEANCES AU CHOIX PASSAGE OBLIGATOIRE PAR LA CAISSE POUR RETIRER LES PLACES
* LE POURBOIRE (0,40 e) EST COMPRIS DANS LE PRIX DU TICKET
CINEMA ARENBERG Galerie de la Reine, 26 1000 Bruxelles RENSEIGNEMENTS ET HORAIRES : 02 512 80 63 www.arenberg.be Édité par Cinédit ASBL Éditeur resp. : Thierry Abel, 28 Galerie de la Reine, 1000 Bruxelles
[email protected]
ECRAN TOTAL Coordination générale : Emmanuel Gaspart Programmation : Emmanuel Gaspart Bernard Noël Caroline Pauwels Communication : Caroline Pauwels Presse : Séverine Provost – SPCC Graphisme : Tenfinger Website : Tentwelve Comptabilité : BVM sprl Opérateurs : Chloé Boura, Victor Iglesias, Nicolas Vidick
Accueil : Laurent Buscaglia, Marie Fortin, Claudine Gustin, Alizée Honoré, Aurelie Neumann, Fanny Roussel, Entretien : Laura Pasquarelli, Eghia Tepanossian Remerciements : Marjane Satrapi, Cinematek (Tonie de Waele), Gsara, Tine Holvoet, Thierry Odeyn, Pauline David, Marc Decoster, Christophe Predari, Anton Aeki, Olivier Lecomte, Jean-Francois Pluijgers, Hugues Le Paige, Gilles Martin, Zineglüb, Ecran d’art, Axel Comeliau, Sabrina Marquez, Coline Escoyez
Avec le soutien de : L’échevinat de la culture de la Ville de Bruxelles, l’échevinat du tourisme de la Ville de Bruxelles La Commission communautaire française de la région bruxelloise, la Communauté française de Belgique Europa Cinemas – Programme Media de l’Union européenne
Un très grand merci à Charles Tatum, Jr pour sa précieuse collaboration www.susauvieuxmonde.canalblog.com Rédaction et Compilation (Fr) : Grégory Escouflaire Thierry et Marc Horguelin Rédaction (NL) : Luc Joris Martine Vancutsem Crédit photo couverture : Deep End © BAVARIA FILMS
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Horaires 29.06 Mercredi 14:00 14:10
Essential Killing Le Cercle rouge
16:30 The Party 17:00 If I Want to Whistle, ...
19:00 Elle ne pleure pas, ... 19:10 Kashima Paradise
21:30 Citizen Kane 21:50 Nathalie Granger
16:30 Bad Lieutenant 16:40 Le Cercle rouge
19:00 Monty Python and ... 19:30 If I Want to Whistle, ...
21:50 Essential Killing 21:30 Sous toi, la ville
16:30 Essential Killing 16:40 Le Gamin au vélo
18:50 The Party 19:10 Nathalie Granger
21:10 Elle ne pleure pas, ... 21:30 Le Président
16:30 Elle ne pleure pas, ... 16:40 Culloden
18:50 Citizen Kane 19:10 Sous toi, la ville
21:10 The Party 21:30 Le Gamin au vélo
16:10 Supergrave 16:40 Kashima Paradise
19:00 The Cat, the Reverend and ... 18:50 Le Président
21:10 Le Chant des oiseaux 21:30 Le Cercle rouge
16:30 Citizen Kane 16:40 Sous toi, la ville
18:50 The Party 19:00 Le Cercle rouge
21:10 Monty Python and ... 21:50 If I Want to Whistle, ...
16:30 Monty Python and ... 16:40 Nathalie Granger
18:50 Bad Lieutenant 19:10 Le Gamin au vélo
21:20 Essential Killing 21:30 Culloden
16:30 Elle ne pleure pas, ... 16:40 Le Cercle rouge
19:00 Casino Royale 19:30 Nathalie Granger
21:40 Essential Killing 21:30 Kashima Paradise
16:30 Citizen Kane 16:40 Le Gamin au vélo
18:50 The Party 19:00 Le Cercle rouge
21:10 Bad Lieutenant 21:50 Nathalie Granger
16:30 Bad Lieutenant 16:40 Le Président
19:00 Casino Royale 19:10 Sous toi, la ville
21:40 Essential Killing 21:30 Le Gamin au vélo
16:50 Essential Killing 16:40 Le Gamin au vélo
18:50 Citizen Kane 19:10 If I Want to Whistle, ...
21:10 Elle ne pleure pas, ... 21:30 Sous toi, la ville
16:30 Casino Royale 17:00 Nathalie Granger
19:20 Elle ne pleure pas, ... 19:10 Le Président
21:10 Bad Lieutenant 21:30 If I Want to Whistle, ...
16:30 The Party 16:40 Sous toi, la ville
18:50 Bad Lieutenant 19:10 Le Gamin au vélo
21:20 Monty Python and ... 21:30 Culloden
16:30 Monty Python and ... 16:40 Le Cercle rouge
18:50 The Party 19:30 Nathalie Granger
21:10 Citizen Kane 21:30 Le Président
30.06 Jeudi 14:00 14:10
Citizen Kane Le Gamin au vélo
01.07 Vendredi 14:00 14:10
Citizen Kane If I Want to Whistle, ...
02.07 Samedi 14:00 14:10
Monty Python and ... Nathalie Granger
03.07 Dimanche 14:00 14:10
La BM du seigneur Sous toi, la ville
04.07 Lundi 14:00 14:10
Elle ne pleure pas, ... Le Gamin au vélo
05.07 Mardi 14:00 14:10
The Party Le Président
06.07 Mercredi 14:00 14:10
Bad Lieutenant Le Gamin au vélo
07.07 Jeudi 14:00 14:10
Monty Python and ... Culloden
08.07 Vendredi 14:00 14:10
Elle ne pleure pas, ... Gladiators
09.07 Samedi 14:00 14:10
Casino Royale Kashima Paradise
10.07 Dimanche 14:00 14:10
Monty Python and ... Le Cercle rouge
11.07 Lundi 14:00 14:10
Citizen Kane If I Want to Whistle, ...
12.07 Mardi 14:00 14:10
Bad Lieutenant Sous toi, la ville
Les rencontres
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Horaires
13.07 Mercredi 14:00 14:10
Le Narcisse noir Le Gamin au vélo
16:10 Des jours et des nuits ... 16:40 If I Want to Whistle, ...
18:30 Casino Royale 21:00 Rocco et ses frères 19:00 Libre penseur
14.07 Jeudi 14:00 14:10
Des jours et des nuits ... Essential Killing
16:20 The Party 18:40 Rocco et ses frères 16:30 Libre penseur
21:50 YSL-Pierre Bergé, ... 21:30 Ecran d’Art
16:30 Le Narcisse noir 16:40 Le Gamin au vélo
18:50 Spectres 19:10 La Vie au ranch
21:40 Casino Royale 21:30 If I Want to Whistle, ...
17:10 YSL-Pierre Bergé, ... 16:40 Gladiators
19:20 The Party 19:10 Festival pan africain d’Alger
21:20 Des jours et des nuits ... 21:30 Taking Off
19:40 Le Narcisse noir 19:10 Taking Off
21:50 The Party 21:30 Le Gamin au vélo
16:20 Des jours et des nuits ... 16:40 Le Gamin au vélo
18:40 Rocco et ses frères 19:10 Gladiators
21:50 YSL-Pierre Bergé, ... 21:30 La Vie au ranch
16:10 Casino Royale 16:40 La Vie au ranch
18:50 Rocco et ses frères 19:10 Le Gamin au vélo
22:00 The Party 21:30 Essential Killing
15.07 Vendredi 14:00 14:10
Des jours et des nuits ... Gladiators
16.07 Samedi 14:00 14:10
Rocco et ses frères La Vie au ranch
17.07 Dimanche 14:00 14:10
Casino Royale 16:30 Rocco et ses frères Libre penseur
18.07 Lundi 14:00 14:10
Spectres Essential Killing
19.07 Mardi 14:00 Festival pan africain d’Alger 14:10 If I Want to Whistle, ...
20.07 Mercredi 14:00 14:10
Aurora La Classe ouvrière ... 16:40 La Vie au ranch
19:20 Heaven’s Gate 19:10 Taking Off 21:30 Des jours et des nuits ...
21.07 Jeudi 14:00 Rocco et ses frères 14:10 Festival pan africain d’Alger
17:20 YSL-Pierre Bergé, ... 16:40 Taking Off
19:30 Aurora 19:10 La Vie au ranch 21:30 Network
22.07 Vendredi 14:00 14:10
Le Narcisse noir Exit Through the Gift Shop
16:30 Heaven’s Gate 16:40 Des jours et des nuits ... 19:10 La Classe ouvrière ...
21:10 Spectres 21:40 Taking Off
23.07 Samedi 14:00 14:10
Rocco et ses frères 17:30 Aurora Libre penseur 19:10 Des jours et des nuits ...
21:10 Le Narcisse noir 21:30 Exit Through the Gift Shop
24.07 Dimanche 14:00 Heaven’s Gate 14:10 Exit Through the Gift Shop 16:40 Taking Off
18:30 Rocco et ses frères 19:10 Festival pan africain d’Alger
21:50 Le Narcisse noir 21:30 La Classe ouvrière ...
25.07 Lundi 14:00 14:10
Le Narcisse noir La Vie au ranch
16:20 Rocco et ses frères 16:40 La Classe ouvrière ...
19:40 Aurora 19:10 Exit Through the Gift Shop 21:30 Taking Off
16:30 Le Narcisse noir 16:40 Network
19:20 Heaven’s Gate 19:10 Des jours et des nuits ... 21:30 La Vie au ranch
26.07 Mardi 14:00 14:10
Spectres Taking Off
27.07 Mercredi 14:00 Heaven’s Gate 14:10 Main basse sur la ville 16:40 Senso
18:40 Voyage à Tokyo 19:10 Network
21:20 Rebecca 21:30 The Hunter
28.07 Jeudi 14:00 Voyage à Tokyo 14:10 La Classe ouvrière ...
16:50 Aurora 16:40 Main basse sur la ville 19:10 The Hunter
20:40 Edvard Munch 21:30 Je veux seulement ...
17:00 Exit Through the Gift ... 16:40 La Classe ouvrière ...
21:30 Voyage à Tokyo 21:20 Network
29.07 Vendredi 13:50 14:10
Edvard Munch Senso
19:00 Rebecca 19:10 Je veux seulement ...
30.07 Samedi 14:00 14:10
Aurora Main basse sur la ville 16:40 The Hunter
19:20 Heaven’s Gate 19:00 Network 21:30 La Classe ouvrière ...
Horaires
105
31.07 Dimanche 14:00 14:10
Rebecca Je veux seulement ...
17:00 Heaven’s Gate 16:40 Network 19:10 Senso
21:20 Exit Through the Gift ... 21:30 La Chine est encore loin
01.08 Lundi 14:00 14:10
Rebecca Network
16:50 Voyage à Tokyo 16:40 Je veux seulement ...
19:30 Aurora 19:10 Main basse sur la ville 21:30 Senso
16:20 Edvard Munch 16:40 La Chine est encore loin
19:30 Heaven’s Gate 19:00 La Classe ouvrière ... 21:30 Network
16:10 Voyage à Tokyo 16:40 Femmes du Caire
18:50 Rebecca 19:20 The Hunter
02.08 Mardi 13:40 Voyage à Tokyo 14:10 The Hunter
03.08 Mercredi 14:00 14:10
Abattoir 5 Main basse sur la ville
21:20 Rio Sex Comedy 21:30 Senso
04.08 Jeudi 14:00 Edvard Munch 14:10 Femmes du Caire
17:30 Le Guépard 16:50 Daniel y Ana 19:10 Senso
21:10 Tournée 21:30 Je tu il elle
16:30 Rio Sex Comedy 16:40 La Chine est encore loin
18:50 Abattoir 5 19:10 Je tu il elle
21:10 Rebecca 21:30 Daniel y Ana
16:30 Rebecca 16:40 The Hunter
19:00 Rio Sex Comedy 19:10 Main basse sur la ville
21:20 Edvard Munch 21:30 Je veux seulement ...
18:40 Voyage à Tokyo 19:10 Je veux seulement ...
21:20 Rio Sex Comedy 21:30 The Hunter
16:00 Edvard Munch 16:40 Senso
19:10 Abattoir 5 19:00 Femmes du Caire
21:20 Rebecca 21:40 La Chine est encore loin
16:30 Abattoir 5 16:40 Je tu il elle
19:00 Le Guépard 19:10 Daniel y Ana 21:30 Main basse sur la ville
16:30 La Nuit du chasseur 16:50 Je tu il elle
18:50 Rio Sex Comedy 19:10 Le Soldat dieu
21:10 Abattoir 5 21:30 Punishment Park
18:50 The Chase 19:10 Punishment Park
21:20 La Nuit du chasseur 21:30 Daniel y Ana
05.08 Vendredi 14:00 14:10
Tournée The Hunter
06.08 Samedi 13:50 Voyage à Tokyo 14:10 Senso
07.08 Dimanche 14:00 14:10
Le Guépard Je tu il elle 16:40 Main basse sur la ville
08.08 Lundi 14:00 14:10
Tournée Daniel y Ana
09.08 Mardi 14:00 14:10
Tournée Je veux seulement ...
10.08 Mercredi 14:00 La Dame de Shanghaï 14:10 Femmes du Caire
11.08 Jeudi 14:00 14:10
Le Guépard Tournée 16:30 Femmes du Caire
12.08 Vendredi 14:00 La Dame de Shanghaï 14:10 Viridiana
17:30 Le Guépard 16:40 Daniel y Ana 19:00 Tournée
21:10 Abattoir 5 21:20 Femmes du Caire
13.08 Samedi 14:00 La Nuit du chasseur 14:10 Femmes du Caire
16:30 The Chase 16:50 Punishment Park
19:00 Le Guépard 19:10 Viridiana 21:30 Je tu il elle
14.08 Dimanche 14:00 Abattoir 5 14:10 Viridiana
17:30 Le Guépard 16:40 Rio Sex Comedy 19:00 Femmes du Caire
21:10 The Chase 21:40 Le Soldat dieu
16:30 Abattoir 5 16:40 Viridiana
18:50 La Nuit du chasseur 19:10 Je tu il elle
21:10 La Dame de Shanghaï 21:30 Tournée
16:30 La Dame de Shanghaï 16:40 Tournée
19:00 Le Guépard 19:10 Le Soldat dieu 21:30 Rio Sex Comedy
16:30 Mort à Venise 16:40 Winter’s Bone
19:20 La Dame de Shanghaï 19:00 La Religieuse portugaise
15.08 Lundi 14:00 14:10
The Chase Rio Sex Comedy
16.08 Mardi 14:00 14:10
La Nuit du chasseur Punishment Park
17.08 Mercredi 14:00 14:10
The Chase Le Soldat dieu
21:20 La Nuit du chasseur 21:30 The Town
106
Horaires
18.08 Jeudi 14:00 Veillées d’armes 14:10 La Commune
18:50 The Chase 19:10 Le Soldat dieu
21:20 Mort à Venise 21:30 Winter’s Bone
19.08 Vendredi 14:00 14:10
Mort à Venise The Town
16:50 La Dame de Shanghaï 16:40 Viridiana
19:00 Le Monde sur un fil 19:10 Film socialisme 21:30 La Religieuse portugaise
20.08 Samedi 14:00 14:10
Le Manuscrit trouvé à Saragosse La Religieuse portugaise 16:40 Winter’s Bone
18:50 La Nuit du chasseur 19:10 Viridiana
21:10 La Dame de Shanghaï 21:30 Punishment Park
21.08 Dimanche 14:00 Le Monde sur un fil 18:50 The Chase 14:10 Viridiana 17:00 La Commune
21:20 Mort à Venise 21:30 Film socialisme
22.08 Lundi 14:00 14:10
La Nuit du chasseur The Town
17:30 Le Manuscrit trouvé à Saragosse 16:40 La Religieuse portugaise 19:10 Winter’s Bone
21:10 The Chase 21:30 Viridiana
16:50 Veillées d’armes 16:40 Punishment Park 19:00 The Town
21:20 La Dame de Shanghaï 21:30 Le Soldat dieu
23.08 Mardi 14:00 Mort à Venise 14:10 Film socialisme
24.08 Mercredi 14:20 Le Monde sur un fil 14:00 Hereafter 16:40 La Religieuse portugaise
18:50 Soldat de papier 21:20 Les Poings dans les poches 19:10 La Commune
25.08 Jeudi 14:00 14:10
Les Poings dans les poches The Town
17:30 Le Manuscrit trouvé à Saragosse 16:40 Winter’s Bone 19:00 Hereafter
21:10 Mort à Venise 21:40 The Housemaid
26.08 Vendredi 14:00 Veillées d’armes 14:10 The Housemaid 16:20 Hereafter
18:50 Film socialisme 19:10 La Religieuse portugaise
21:10 Les Poings dans les poches 21:40 The Town
27.08 Samedi 14:00 Soldat de papier 14:10 Hereafter
17:00 Le Monde sur un fil 16:50 The Housemaid 19:10 The Town
21:10 Film socialisme 21:40 Winter’s Bone
28.08 Dimanche 14:00 14:10
Les Poings dans les poches Winter’s Bone
16:30 Mort à Venise 16:40 Hereafter
19:30 Le Manuscrit trouvé à Saragosse 19:20 The Housemaid 21:30 La Religieuse portugaise
29.08 Lundi 14:00 Film socialisme 16:30 Soldat de papier 14:10 La Commune
19:00 Veillées d’armes 18:50 The Housemaid 21:30 Hereafter
30.08 Mardi 14:00 14:10
Le Manuscrit trouvé à Saragosse La Religieuse portugaise 16:40 The Town
18:50 Mort à Venise 19:10 Winter’s Bone
21:30 Soldat de papier 21:40 The Housemaid
31.08 Mercredi 14:00
Autobiographie de Ceaucescu
19:00 La Bombe + Journal ...
21:50 The Housemaid
01.09 Jeudi 14:00 Hereafter
16:50 Boxing Gym
18:50 Les Poings dans les poches
21:10 Allemagne année zéro
16:30 Fin de concession
19:00 Marcel Trillat, ...
21:40 Soldat de papier
16:30 Les Poings dans les poches
18:50 Deep End
21:10 Fin de concession
16:30 Deep End
19:00 The Social Network
21:40 Les Poings dans les poches
16:30 The Housemaid
18:50 Allemagne année zéro
21:10 Deep End
16:30 Fin de concession
19:20 Boxing Gym
21:20 Hereafter
02.09 Vendredi 14:00
La Bombe + Journal ...
03.09 Samedi 14:00
Allemagne année zéro
04.09 Dimanche 14:00
Soldat de papier
05.09 Lundi 14:00
Les Poings dans les poches
06.09 Mardi 14:00
The Social Network
107
Horaires 07.09 Mercredi 14:00
The Social Network
16:30 Allemagne année zéro
18:50 Deep End
21:10 Zinéglüb spécial Vecchione
16:30 The Social Network
19:00 Fin de concession
16:30 Fin de concession
19:20 Boxing Gym
21:50 Deep End
16:30 Boxing Gym
18:50 Deep End
21:10 Allemagne année zéro
16:50 Deep End
19:00 Autobiographie de Ceaucescu
16:30 La Bombe + Journal ...
18:50 The Social Network
21:20 Allemagne année zéro
18:50 Allemagne année zéro
21:10 Boxing Gym
08.09 Jeudi 14:00
Deep End
22:00 La Bombe + Journal ...
09.09 Vendredi 14:00
Allemagne année zéro
10.09 Samedi 14:00
The Social Network
11.09 Dimanche 14:00 Fin de concession
12.09 Lundi 14:00
Boxing Gym
13.09 Mardi 14:00
Autobiographie de Ceaucescu
108
A ... Z
Abattoir 5 George Roy Hill
P.27
1h44 - VO st fr
Mercredi Vendredi Lundi Mardi Mercredi Vendredi Dimanche Lundi
03-août 05-août 08-août 09-août 10-août 12-août 14-août 15-août
14:00 18:50 19:10 16:30 21:10 21:10 14:00 16:30
Allemagne année zéro Roberto Rossellini 1h18 - VO st bil
P.28
Jeudi Samedi Lundi Mercredi Vendredi Samedi Lundi Mardi
21:10 14:00 18:50 16:30 14:00 21:10 21:20 18:50
01-sept 03-sept 05-sept 07-sept 09-sept 10-sept 12-sept 13-sept
Aurora Cristi Puiu 3h01 - VO st bil
P.09
Mercredi Jeudi Samedi Lundi Jeudi Samedi Lundi
14:00 19:30 17:30 19:40 16:50 14:00 19:30
20-juil 21-juil 23-juil 25-juil 28-juil 30-juil 01-août
Autobiographie de Nicolae Ceaucescu Andrei Ujica 3h00 - VO st bil
P.79
Mercredi 31-août Dimanche 11-sept Mardi 13-sept
14:00 19:00 14:00
La Bombe + Journal d’un soldat inconnu
The Chase (La Poursuite impitoyable)
Peter Watkins 0h47+0h17 - VO st fr
P.58
Arthur Penn 2h02 - VO st bil
P.67
Mercredi Vendredi Jeudi Lundi
19:00 14:00 22:00 16:30
Jeudi Samedi Dimanche Lundi Mercredi Jeudi Dimanche Lundi
18:50 16:30 21:10 14:00 14:00 18:50 18:50 21:10
31-août 02-sept 08-sept 12-sept
Boxing Gym Frederick Wiseman 1h31 - VO st fr
P.11
Jeudi Mardi Vendredi Samedi Lundi Mardi
16:50 19:20 19:20 16:30 14:00 21:10
01-sept 06-sept 09-sept 10-sept 12-sept 13-sept
Casino Royale John Huston, ea 2h11 - VO st fr
P.66
Mercredi Vendredi Samedi Dimanche Mercredi Vendredi Dimanche Mardi
19:00 19:00 14:00 16:30 18:30 21:40 14:00 16:10
06-juil 08-juil 09-juil 10-juil 13-juil 15-juil 17-juil 19-juil
The Cat, the Reverend and the Slave P.101 Alain Della et Kaori Kinoshita 1h19 - VO st fr
Dimanche 03-juil
19:00
Le Cercle rouge
Bad Lieutenant : Port of Call New Orleans Werner Herzog 2h02 - VO st bil
P.47
Jeudi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Dimanche Lundi Mardi
16:30 18:50 14:00 21:10 16:30 21:10 18:50 14:00
30-juin 05-juil 06-juil 07-juil 08-juil 10-juil 11-juil 12-juil
Les rencontres
Jean-Pierre Melville P.29 2h20 - VO fr
Mercredi Jeudi Dimanche Lundi Mercredi Jeudi Dimanche Mardi
29-juin 30-juin 03-juil 04-juil 06-juil 07-juil 10-juil 12-juil
14:10 16:40 21:30 19:00 16:40 19:00 14:10 16:40
Le Chant des oiseaux Albert Serra 1h38 - VO st fr
P.101
Dimanche 03-juil
21:10
11-août 13-août 14-août 15-août 17-août 18-août 21-août 22-août
Culloden
La Chine est encore loin Malek Ben Smaïl 2h04 VO st fr
P.80
Dimanche Mardi Vendredi Lundi
21:30 16:40 16:40 21:40
31-juil 02-août 05-août 08-août
Citizen Kane Orson Welles 1h55 VO st bil
P.86
Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Lundi Jeudi Samedi Lundi Mardi
21:30 14:00 14:00 18:50 16:30 16:30 18:50 14:00 21:10
29-juin 30-juin 01-juil 02-juil 04-juil 07-juil 09-juil 11-juil 12-juil
La Classe ouvrière va au paradis Elio Petri 2h05 VO st fr
P.30
Mercredi Vendredi Dimanche Lundi Jeudi Vendredi Samedi Mardi
14:10 19:10 21:30 16:40 14:10 16:40 21:30 19:00
20-juil 22-juil 24-juil 25-juil 28-juil 29-juil 30-juil 02-août
La Commune Peter Watkins 3h30
VO fr
Jeudi Dimanche Mercredi Lundi
18-août 21-août 24-août 29-août
P.63
14:10 17:00 19:10 14:10
Peter Watkins 1h15 VO st fr
P.57
Samedi Mardi Jeudi Lundi
16:40 21:30 14:10 21:30
02-juil 05-juil 07-juil 11-juil
La Dame de Shanghaï Orson Welles 1h27 VO st bil
P.31
Mercredi Vendredi Lundi Mardi Mercredi Vendredi Samedi Mardi
14:00 14:00 21:10 16:30 19:20 16:50 21:10 21:20
10-août 12-août 15-août 16-août 17-août 19-août 20-août 23-août
Daniel y Ana Michel Franco 1h28 VO st bil
P.48
Jeudi Vendredi Lundi Mardi Jeudi Vendredi
16:50 21:30 14:10 19:10 21:30 16:40
04-août 05-août 08-août 09-août 11-août 12-août
Deep End Jerzy Skolimowski P.32 1h30 VO st fr copie neuve
Samedi Dimanche Lundi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
03-sept 04-sept 05-sept 07-sept 08-sept 09-sept 10-sept 11-sept
18:50 16:30 21:10 18:50 14:00 21:50 18:50 16:50
Des jours et des nuits dans la forêt Satyajit Ray P.33 1h55
VO st fr
Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Lundi Mercredi Vendredi Samedi Mardi
13-juil 14-juil 15-juil 16-juil 18-juil 20-juil 22-juil 23-juil 26-juil
16:10 14:00 14:00 21:20 16:20 21:30 16:40 19:10 19:10
La BM du seigneur
Ecran d’Art Boulevard d’Ypres
Jean-Charles Hue 1h23 - VO fr
P.101
Sarah Vanagt 1h05 VO st fr
P.82
Dimanche 03-juil
14:00
Jeudi
21:30
14-juil
109
A ... Z Edvard Munch Peter Watkins 2h45 VO st fr
P.61
Jeudi Vendredi Mardi Jeudi Samedi Lundi
20:40 13:50 16:20 14:00 21:20 16:00
28-juil 29-juil 02-août 04-août 06-août 08-août
Elle ne pleure pas, elle chante Philippe de Pierpont P.12 1h18 VO fr st nl
Mercredi Vendredi Samedi Lundi Mercredi Vendredi Samedi Dimanche
29-juin 01-juil 02-juil 04-juil 06-juil 08-juil 09-juil 10-juil
19:00 21:10 16:30 14:00 16:30 14:00 21:10 19:20
Essential Killing Jerzy Skolimowski 1h23 VO st bil
P.95
Mercredi Jeudi Vendredi Mardi Mercredi Vendredi Samedi Jeudi Lundi Mardi
14:00 21:50 16:30 21:20 21:40 21:40 16:50 14:10 14:10 21:30
29-juin 30-juin 01-juil 05-juil 06-juil 08-juil 09-juil 14-juil 18-juil 19-juil
Exit Through the Gift Shop Banksy 1h27 VO st bil
P.49
Vendredi Samedi Dimanche Lundi Vendredi Dimanche
14:10 21:30 14:10 19:10 17:00 21:20
22-juil 23-juil 24-juil 25-juil 29-juil 31-juil
Femmes du Caire Yousry Nasrallah 2h15 VO st fr
P.87
Mercredi Jeudi Lundi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
16:40 14:10 19:00 14:10 16:30 21:20 14:10 19:00
03-août 04-août 08-août 10-août 11-août 12-août 13-août 14-août
Festival panafricain d’Alger William Klein 1h40 VO st fr
P.81
Samedi Mardi Jeudi Dimanche
19:10 14:00 14:10 19:10
16-juil 19-juil 21-juil 24-juil
Film socialisme Jean-Luc Godard 1h42 VO fr
P.13
Vendredi Dimanche Mardi Vendredi Samedi Lundi
19:10 21:30 14:10 18:50 21:10 14:00
19-août 21-août 23-août 26-août 27-août 29-août
Fin de concession Pierre Carles 2h10 VO fr
P.88
Vendredi Samedi Mardi Jeudi Vendredi Dimanche
16:30 21:10 16:30 19:00 16:30 14:00
02-sept 03-sept 06-sept 08-sept 09-sept 11-sept
Le Gamin au vélo Jean-Pierre & Luc Dardenne P.97 1h30 VO fr st nl
Jeudi Vendredi Samedi Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Lundi Mercredi Vendredi Dimanche Lundi Mardi
30-juin 01-juil 02-juil 04-juil 05-juil 06-juil 07-juil 08-juil 09-juil 11-juil 13-juil 15-juil 17-juil 18-juil 19-juil
14:10 16:40 21:30 14:10 19:10 14:10 16:40 21:30 16:40 19:10 14:10 16:40 21:30 16:40 19:10
Luchino Visconti 3h05 VO st bil
P.75
Jeudi Dimanche Mardi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Mardi
17:30 14:00 19:00 14:00 17:30 19:00 17:30 19:00
04-août 07-août 09-août 11-août 12-août 13-août 14-août 16-août
Heaven’s Gate Michael Cimino 3h45 VO st fr
P.35
Mercredi Vendredi Dimanche Mardi Mercredi Samedi Dimanche Mardi
19:20 16:30 14:00 19:20 14:00 19:20 17:00 19:30
20-juil 22-juil 24-juil 26-juil 27-juil 30-juil 31-juil 02-août
Hereafter Clint Eastwood 2h08 VO st bil
P.50
Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Jeudi Mardi
14:00 19:00 16:20 14:10 16:40 21:30 14:00 21:20
24-août 25-août 26-août 27-août 28-août 29-août 01-sept 06-sept
The Housemaid Im Sang-Soo 1h47 VO st bil
P.51
Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi Mercredi Lundi
21:40 14:10 16:50 19:20 18:50 21:40 21:50 16:30
25-août 26-août 27-août 28-août 29-août 30-août 31-août 05-sept
The Hunter
Gladiators Peter Watkins 1h45 VO st fr
P.59
Vendredi Vendredi Samedi Lundi
14:10 14:10 16:40 19:10
08-juil 15-juil 16-juil 18-juil
Le Guépard
If I Want to Whistle, I Whistle Florin Serban 1h34 VO st BIL
P.99
Mercredi Jeudi Vendredi Lundi Samedi Dimanche Lundi Mercredi Vendredi Mardi
17:00 19:30 14:10 21:50 19:10 21:30 14:10 16:40 21:30 14:10
29-juin 30-juin 01-juil 04-juil 09-juil 10-juil 11-juil 13-juil 15-juil 19-juil
Je, tu, il, elle Chantal Akerman 1h26 VO fr
P.36
Jeudi Vendredi Dimanche Mardi Mercredi Samedi Lundi
21:30 19:10 14:10 16:40 16:50 21:30 19:10
04-août 05-août 07-août 09-août 10-août 13-août 15-août
Je veux seulement que vous m’aimiez Rainer Werner Fassbinder 1h44 VO st fr
P.15
Jeudi Vendredi Dimanche Lundi Samedi Dimanche Mardi
21:30 19:10 14:10 16:40 21:30 19:10 14:10
28-juil 29-juil 31-juil 01-août 06-août 07-août 09-août
Kashima Paradise Yann Le Masson & Bénie Deswarte 1h50 VO st fr
P.83
Mercredi Dimanche Mercredi Samedi
19:10 16:40 21:30 14:10
29-juin 03-juil 06-juil 09-juil
Le Libre-penseur
Rafi Pitts 1h32 VO st fr
P.14
Peter Watkins 4h30 VO st fr
P.62
Mercredi Jeudi Samedi Mardi Mercredi Vendredi Samedi Dimanche
21:30 19:10 16:40 14:10 19:20 14:10 16:40 21:30
Mercredi Jeudi Dimanche Samedi
19:00 16:30 14:10 14:10
27-juil 28-juil 30-juil 02-août 03-août 05-août 06-août 07-août
13-juil 14-juil 17-juil 23-juil
110
A ... Z
Main basse sur la ville Francesco Rosi 1h37 VO st bil
P.37
Mercredi Jeudi Samedi Lundi Mercredi Samedi Dimanche Mardi
14:10 16:40 14:10 19:10 14:10 19:10 16:40 21:30
27-juil 28-juil 30-juil 01-août 03-août 06-août 07-août 09-août
Le Manuscrit trouvé à Saragosse
Les rencontres
Le Narcisse noir
Michael Powell et Emeric Pressburger P.70 1h40 VO st bil
Mercredi Vendredi Dimanche Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi
13-juil 15-juil 17-juil 22-juil 23-juil 24-juil 25-juil 26-juil
14:00 16:30 19:40 14:00 21:10 21:50 14:00 16:30
Nathalie Granger
Wojciech Has 3h01 VO st fr
P.68
Marguerite Duras 1h23 VO fr
P.39
Samedi Lundi Jeudi Dimanche Mardi
14:00 17:30 17:30 19:30 14:00
Mercredi Vendredi Samedi Mardi Mercredi Jeudi Dimanche Mardi
21:50 19:10 14:10 16:40 19:30 21:50 17:00 19:30
20-août 22-août 25-août 28-août 30-août
Marcel Trillat, le temps du jt Yves Gaonac’h 1h10 VO fr
P.84
Vendredi 02-sept
19:00
Le Monde sur un fil R. W. Fassbinder 3h32 VO st fr
P.38
Vendredi Dimanche Mercredi Samedi
19:00 14:00 14:20 17:00
19-août 21-août 24-août 27-août
Monty Python & the Holy Grail T. Gilliam et T. Jones P.69 1h30 VO st fr
Jeudi Samedi Lundi Mardi Jeudi Dimanche Lundi Mardi
30-juin 02-juil 04-juil 05-juil 07-juil 10-juil 11-juil 12-juil
19:00 14:00 21:10 16:30 14:00 14:00 21:20 16:30
Mort à Venise
29-juin 01-juil 02-juil 05-juil 06-juil 07-juil 10-juil 12-juil
Network (Main basse sur la télévision) Sidney Lumet 2h00 VO st bil
P.91
Jeudi Mardi Mercredi Vendredi Samedi Dimanche Lundi Mardi
21:30 16:40 19:10 21:20 19:00 16:40 14:10 21:30
21-juil 26-juil 27-juil 29-juil 30-juil 31-juil 01-août 02-août
La Nuit du chasseur Charles Laughton 1h33 VO st bil
P.40
Mercredi Jeudi Samedi Lundi Mardi Mercredi Samedi Lundi
16:30 21:20 14:00 18:50 14:00 21:20 18:50 14:00
10-août 11-août 13-août 15-août 16-août 17-août 20-août 22-août
The Party Blake Edwards 1h39 VO st bil
P.41
Mercredi Vendredi Samedi Lundi Mardi Jeudi Lundi Mardi Jeudi Samedi Dimanche Mardi
16:30 18:50 21:10 18:50 14:00 18:50 16:30 18:50 16:20 19:20 21:50 22:00
29-juin 01-juil 02-juil 04-juil 05-juil 07-juil 11-juil 12-juil 14-juil 16-juil 17-juil 19-juil
Les Poings dans les poches Marco Bellocchio 1h45 VO st fr
P.42
Mercredi Jeudi Vendredi Dimanche Jeudi Samedi Dimanche Lundi
21:20 14:00 21:10 14:00 18:50 16:30 21:40 14:00
24-août 25-août 26-août 28-août 01-sept 03-sept 04-sept 05-sept
Le Président Yves Jeuland 1h38 VO fr
P.17
Vendredi Dimanche Mardi Vendredi Dimanche Mardi
21:30 18:50 14:10 16:40 19:10 21:30
01-juil 03-juil 05-juil 08-juil 10-juil 12-juil
Punishment Park Peter Watkins P.60 1h30
VO st fr
Mercredi Jeudi Samedi Mardi Samedi Mardi
10-août 11-août 13-août 16-août 20-août 23-août
21:30 19:10 16:50 14:10 21:30 16:40
Rebecca
Luchino Visconti 2h11 VO st bil
P.77
Alfred Hitchcock 2h08 VO st fr
P.43
Mercredi Jeudi Vendredi Dimanche Mardi Jeudi Dimanche Mardi
16:30 21:20 14:00 21:20 14:00 21:10 16:30 18:50
Mercredi Vendredi Dimanche Lundi Mercredi Vendredi Samedi Lundi
21:20 19:00 14:00 14:00 18:50 21:10 16:30 21:20
17-août 18-août 19-août 21-août 23-août 25-août 28-août 30-août
27-juil 29-juil 31-juil 01-août 03-août 05-août 06-août 08-août
La Religieuse portugaise Eugène Green 2h04 VO st fr
P.18
Mercredi Vendredi Samedi Lundi Mercredi Vendredi Dimanche Mardi
19:00 21:30 14:10 16:40 16:40 19:10 21:30 14:10
17-août 19-août 20-août 22-août 24-août 26-août 28-août 30-août
Rio Sex Comedy Jonathan Nossiter P.19 1h52
VO st fr
Mercredi Vendredi Samedi Dimanche Mercredi Dimanche Lundi Mardi
03-août 05-août 06-août 07-août 10-août 14-août 15-août 16-août
21:20 16:30 19:00 21:20 18:50 16:40 14:10 21:30
Rocco & ses frères Luchino Visconti 2h48 VO st fr
P.74
Mercredi Jeudi Samedi Dimanche Lundi Mardi Jeudi Samedi Dimanche Lundi
21:00 18:40 14:00 16:30 18:40 18:50 14:00 14:00 18:30 16:20
13-juil 14-juil 16-juil 17-juil 18-juil 19-juil 21-juil 23-juil 24-juil 25-juil
Senso Luchino Visconti 1h55 VO st fr
P.73
Mercredi Vendredi Dimanche Lundi Mercredi Jeudi Samedi Lundi
16:40 14:10 19:10 21:30 21:30 19:10 14:10 16:40
27-juil 29-juil 31-juil 01-août 03-août 04-août 06-août 08-août
The Social Network David Fincher 2h01 VO st bil
P.92
Dimanche Mardi Mercredi Jeudi Samedi Lundi
19:00 14:00 14:00 16:30 14:00 18:50
04-sept 06-sept 07-sept 08-sept 10-sept 12-sept
A ... Z Soldat de papier Alexei Guerman, Jr P.20 1h58
VO st fr
Mercredi Samedi Lundi Mardi Vendredi Dimanche
24-août 27-août 29-août 30-août 02-sept 04-sept
18:50 14:00 16:30 21:30 21:40 14:00
Le Soldat dieu Koji Wakamatsu 1h27 VO st fr
P.21
Mercredi Dimanche Mardi Mercredi Jeudi Mardi
19:10 21:40 19:10 14:10 19:10 21:30
10-août 14-août 16-août 17-août 18-août 23-août
Christoph Hochhäusler P.22 1h50 VO st fr
30-juin 02-juil 03-juil 04-juil 08-juil 09-juil 11-juil 12-juil
Voyage à Tokyo
Mathieu Amalric P.52 1h51 VO fr st nl
Yasujiro Ozu 2h16 VO st bil
P.71
Jeudi Vendredi Lundi Mardi Jeudi Vendredi Lundi Mardi
Mercredi Jeudi Vendredi Lundi Mardi Mercredi Samedi Dimanche
18:40 14:00 21:30 16:50 13:40 16:10 13:50 18:40
04-août 05-août 08-août 09-août 11-août 12-août 15-août 16-août
21:10 14:00 14:00 14:00 14:10 19:00 21:30 16:40
The Town
Sous toi, la ville Jeudi Samedi Dimanche Lundi Vendredi Samedi Lundi Mardi
Tournée
21:30 19:10 14:10 16:40 19:10 21:30 16:40 14:10
Winter’s Bone
Ben Affleck 2h03 VO st bil
P.53
Debra Granik 1h40 VO st bil
P.54
Mercredi Vendredi Lundi Mardi Jeudi Vendredi Samedi Mardi
21:30 14:10 14:10 19:00 14:10 21:40 19:10 16:40
Mercredi Jeudi Samedi Lundi Jeudi Samedi Dimanche Mardi
16:40 21:30 16:40 19:10 16:40 21:40 14:10 19:10
17-août 19-août 22-août 23-août 25-août 26-août 27-août 30-août
Veillées d’armes Marcel Ophuls 3h53 VO fr
P.93
Jeudi Mardi Vendredi Lundi
14:00 16:50 14:00 19:00
18-août 23-août 26-août 29-août
Spectres
La Vie au ranch
Sven Augustijnen P.23 1h50 VO fr st nl
Sophie Letourneur 1h31 VO fr
P.25
Vendredi Lundi Vendredi Mardi
Vendredi Samedi Lundi Mardi Mercredi Jeudi Lundi Mardi
19:10 14:10 21:30 16:40 16:40 19:10 14:10 21:30
15-juil 18-juil 22-juil 26-juil
18:50 14:00 21:10 14:00
Supergrave Greg Mottola 1h52 VO st bil
P.101
Dimanche 03-juil
16:10
Milos Forman 1h33 VO st fr
P.44
Samedi Dimanche Mercredi Jeudi Vendredi Dimanche Lundi Mardi
21:30 19:10 19:10 16:40 21:40 16:40 21:30 14:10
16-juil 17-juil 20-juil 21-juil 22-juil 24-juil 25-juil 26-juil
15-juil 16-juil 18-juil 19-juil 20-juil 21-juil 25-juil 26-juil
Viridiana
Taking Off
27-juil 28-juil 29-juil 01-août 02-août 03-août 06-août 07-août
Luis Bunuel 1h30 VO st fr
P.45
Vendredi Samedi Dimanche Lundi Vendredi Samedi Dimanche Lundi
14:10 19:10 14:10 16:40 16:40 19:10 14:10 21:30
12-août 13-août 14-août 15-août 19-août 20-août 21-août 22-août
17-août 18-août 20-août 22-août 25-août 27-août 28-août 30-août
YSL-Pierre Bergé, l’amour fou Pierre Thoretton P.55 1h38 VO fr st nl
Jeudi Samedi Lundi Jeudi
14-juil 16-juil 18-juil 21-juil
21:50 17:10 21:50 17:20
Zinéglüb spécial Marc-Aurèle Vecchione Marc-Aurèle Vecchione P.82 2h49 VO st fr
Mercredi
07-sept
21:10
111
sortie - release :
Sept. 2011 www.cineart.be
EcranTotal_HabemusPapam_Cineart.indd 1
19/05/2011 16:01:02