Filozofická fakulta Masarykovy univerzity v Brně Ústav románských jazyků a literatur
Faïza Guène : « Les gens du Balto » Traduction et analyse socio-linguistique d’un discours oralisé
Bakalářská diplomová práce Klára Vrbová
Vedoucì práce PhDr. Alena Polická, Ph.D.
Brno 2010
Prohlašuji, ţe jsem bakalářskou diplomovou práci vypracovala samostatně s uvedenìm všech pouţitých pramenů do seznamu literatury, a ţe tištěná verze práce je shodná s elektronickou formou.
V Brně 25. 4. 2010 Klára Vrbová
Děkuji PhDr. Aleně Polické, Ph.D. za cenné rady a pomoc při vypracovávánì bakalářské diplomové práce a také děkuji své rodině za pomoc a zázemì, kterého se mi po celou dobu studia dostávalo.
Table des matières Introduction ..................................................................................................................... 5 0. Faïza Guène : Son œuvre et ses « Gens du Balto » .................................................. 7 I. Contenu et traduction ................................................................................................. 9 I.1 Joel, zvaný Jojo nebo Kluziště ............................................................................. 11 I.2. Taniel, zvaný Turčìk nebo budiţkničemu ........................................................... 13 I.3. Magalie Fournierová, zvaná bloncka, běhna nebo Turčìkova stará ..................... 18 I.4. Yeva, řečená panì Yeva, matka nebo máti .......................................................... 21 II. Analyse socio-linguistique ....................................................................................... 26 II.1. Style, stylisation littéraire et variation ................................................................ 26 II.2 Analyse morpho-stylistique : tchèque commun ................................................... 28 II.3 Analyse lexicographique : dictionnaires utilisés .................................................. 29 II.4 Analyse socio-linguistique : caractéristique des personnages ............................. 30 II.5 Oppositions .......................................................................................................... 32 II.5.1 Joël vs Yéva .................................................................................................. 32 II.5.1.1 Joël ......................................................................................................... 32 II.5.1.2 Yéva ....................................................................................................... 34 II.5.1.3 Opposition nº 1 ....................................................................................... 37 II.5.2 Tanièl vs Magalie .......................................................................................... 39 II.5.2.1 Traits communs de la langue des jeunes ................................................ 39 II.5.2.2 Magalie ................................................................................................... 48 II.5.2.3 Opposition nº 2 ....................................................................................... 50 II.5.3 Yéva vs Tanièl............................................................................................... 52 II.5.3.1 Opposition nº 3 ....................................................................................... 53 II.6 Mini-enquête sur le tchèque commun .................................................................. 54 Conclusion ..................................................................................................................... 58 Bibliographie ................................................................................................................. 60 Bibliographie primaire ................................................................................................ 60 Dictionnaires ............................................................................................................... 61 Ouvrages consultés ..................................................................................................... 61
Introduction Le présent mémoire de licence est divisé en deux principales parties : la première partie, pratique, présentera notre traduction d’un extrait des premières 37 pages du livre « Les gens du Balto » de Faïza Guène, jeune femme écrivain française d’origine algérienne (roman policier publié en 2008), et la deuxième partie d’analyse que nous allons consacrer à l’analyse socio-linguistique d’un discours oralisé. Tout d’abord, nous allons traduire les premiers chapitres du livre dans lesquels l’auteure fait monologuer quatre personnages qui viennent de différents milieux et qui sont tous liés par un endroit, par le bar qui s’appelle « Le Balto ». Dans cet extrait, l’auteure présente les personnages principaux de son livre et à la fois, elle aborde leurs problèmes quotidiens comme par exemple les problèmes de l’école ou du travail, ainsi qu’elle se réfère aux problèmes de génération entre les adolescents et leurs parents et aux soucis qui se font les parents à cause de ses enfants. En ce qui concerne la traduction de l’extrait dans la partie pratique, il s’agit de l’énonciation de quatre personnages où dans la plupart des cas, l’auteure utilise la langue sub-standard. Il faut donc utiliser la forme de langue de notre traduction qui correspondrait le mieux à la forme sub-standard de la version originale. Car, nous venons de la Bohême de l’Ouest où on ne s’emploie pas beaucoup de régionalismes et bien que maintenant nous étudions à la Moravie du Sud, nous nous sommes décidée à utiliser le tchèque commun qui est le plus fréquent dans la communication courante et qui, d’après nous, par son emploi correspond le mieux à la langue sub-standard de l’original. Nous voudrions que notre traduction soit lisible le plus possible pour les lecteurs de toutes les régions de la République tchèque. La partie d’analyse, consacrée à l’analyse de discours oralisé, sera basée sur trois oppositions du langage de quatre personnages que l’auteure fait parler. Nous allons essayer de relever et de comparer des traits différents et des traits pareils qui se trouvent dans chaque opposition. Les différences que nous allons observer dépendent du sexe, de l’âge et de l’endroit d’où les personnages viennent et cætera. Nous allons opposer un homme âgé (Joël) et une femme âgée (Yéva), deux adolescents (Tanièl vs Magalie) et deux membres de même famille (Yéva vs Tanièl). Nous tenterons de diviser ces oppositions selon les niveaux de langue observés : le niveau de phonologie sera consacré principalement aux trucages d’orthographe, dans le niveau de syntaxe, 5
nous allons observer l’omission de « il » impersonnel et de la particule négative « ne » ainsi que les structures particulières de la phrase, et le niveau de lexique où nous allons nous focaliser sur le lexique sub-standard et les traits d’argot commun des jeunes. Nous
avons
décidé
d’observer
ces
trois
niveaux
de
la
langue
parce que nous supposons que les traits de la langue sub-standard se manifestent dans tous les niveaux de langue. L’observation de la langue sub-standard est un phénomène intéressant pour les linguistes parce qu’ils peuvent regarder son évolution et ses changements incessants. C’est pourquoi nous avons choisi ce thème pour notre mémoire de licence, il est aussi intéressant d’examiner comment s’effectuent les changements langagiers différents de la langue standard, soutenue. Le but de notre travail est présenter une traduction qui sera compréhensible et lisible pour tous les lecteurs ainsi que montrer comment l’âge, le sexe, l’éducation et d’autres facteurs influencent la façon de parler. Ce sont justement ces indicateurs socio-linguistiques qui permettent d’observer l’évolution qui s’effectue dans la langue sub-standard.
6
0. Faïza Guène : Son œuvre et ses « Gens du Balto » Faïza Guène est une jeune femme écrivain française d’origine algérienne née en 1985 à Bobigny, en banlieue parisienne. Âgée de 25 ans, elle vit avec sa famille à Patin (département de la Seine-Saint-Denis) qui se trouve dans la banlieue de Paris. Surnommée
par
les
critiques « La
Sagane
des
cités »1
ou « Bridget
Jones
des banlieues », elle n’est pas seulement écrivain, elle est aussi réalisatrice : en 1999, elle a présenté son premier court-métrage intitulé La Zoznonnière. Malgré son jeune âge, elle a publié trois romans. Son premier roman intitulé Kiffe kiffe demain2 a été publié en 2004. Ayant connu un grand succès, il a été traduit en à peu près 30 langues. L’auteure elle-même dit à ce propos : « J’ai publié mon premier roman en 2004, j’avais 19 ans et en fait c’était un succès vraiment inattendu »3. Le roman raconte l’histoire de jeune Doria d’origine marocaine qui vit avec sa mère dans une banlieue parisienne. Elle nous raconte sa vie et ses problèmes quotidiens. En 2006, deux ans après la publication de son premier roman, Faïza Guène publie son deuxième roman Du rêve pour les oufs4. L’histoire parle d’Ahlème, une fille d’origine algérienne. Elle vit à Ivry, dans la banlieue parisienne. Elle se bat avec beaucoup de problèmes. Sa mère est morte et son père a perdu la raison. À cause de cela, elle doit surveiller ses frères et sœurs. « Dans le roman, l´auteure mélange les éléments de divers domaines. Elle aborde les questions sociales comme par exemple la position des femmes dans les cités, les préjugées envers les immigrés ou bien envers les gens habitant en banlieue en général. »5 Son denier roman qui s’appelle Les gens du Balto6 a été publié en 2008. Nous y voyons les mêmes motifs que dans ses précédents livres : banlieusards et typologie similaire des personnages. Or, ce livre est bien différent des livres cités cidessus où l’écrivain a raconté les histoires via deux jeunes filles. Dans ce troisième roman, l’auteure ose écrire une histoire qui fait parler plusieurs personnages 1
Faïza, La beurette du Balto [en ligne, le 23 novembre 2008], http://www.loranaise.com/2008/11/23/faiza-la-beurette-du-balto/, [consulté le 3 novembre 2009] 2 Hachette Littératures 3 LE PARISIEN, La rentrée littéraire de Faïza Guène, [en ligne, le 31 aout 2008] http://videos.leparisien.fr/video/iLyROoafYGc7.html, [consulté le 3 novembre 2009] 4 Hachette Littératures 5 SOUKALOVÁ Barbora, Faïza Guène : Du rêve pour les oufs, Traduction et analyse des traits d’argot commun des jeunes, Mémoire de licence sur la direction d’Alena Polická, Université Masaryk, Brno 2008, p. 3 6 Hachette Littérature
7
de différents sexes, âges et couches sociales : il y deux vieux hommes, une vieille femme, trois adolescents et un homme handicapé. « Avec une remarquable justesse et beaucoup
d'humour,
Faïza
Guène
se
glisse
dans
la
peau
de chacun de ses personnages, et peaufine un langage chacun d'entre eux. [...] Une polyphonie qui donne quasiment vie au roman, tant l'écrivain sait bien incarner les habitants de cette ville délaissée. [...] Faïza Guène livre ainsi une composition légère, sans fausse note, et qui, jusque dans son dénouement absurde, ne cessera finalement de réhabiliter les "petites gens". »7 Malgré le style différent de ce livre, l’auteure elle-même parle de la ressemblance de tous ses livres : « En fait, pour moi, c’est une continuité de ce travail que je fais depuis 4 ans. Et j’ai toujours l’impression de parler de la même chose [...] »8 Comme pour les autres romans, même s’il s’agit d’un roman policier, Faïza Guène croit qu’il est écrit sous la forme des confessions et des auditions et c’est ce qui relie son œuvre en une entité facilement caractérisable.
7
NGI Céline, Tous suspects : Critique de Les Gens du Balto (Faïza Guène), [en ligne, le 13 août 2008], http://livres.fluctuat.net/faiza-guene/livres/les-gens-du-balto/4853-chronique-tous-suspects.html, [consulté le 30 novembre 2009] 8 FIELD Michel, Faïza Guène : Les Gens du Balto, [en ligne, le 27 août 2008], http://www.dailymotion.com/video/x6kat1_michel-field-faiza-guene-les-gens-d_news, [consulté le 2 novembre 2009]
8
I. Contenu et traduction L’histoire du roman policier « Les gens du Balto » se déroule à Joigny-lesDeux-Bouts. Cette petite ville imaginaire de 4 500 habitants est située, selon l’auteure, à l’extrémité d’une ligne de RER. Une ville ordinaire, avec les gens ordinaires est un jour devenue un lieu de crime. Un samedi, Joël Morvier, le patron du bar « le Balto », a été assassiné et la police commence à enquêter ce crime. Chaque personnage du roman raconte son récit qui est conçu comme un monologue lors d’un interrogatoire. Au fur et à mesure, le lecteur découvre que tous les interrogés avaient les raisons pour lesquelles ils auraient pu être coupables. Joël surnommé Jojo, n’a pas été aimé et il avait beaucoup d’ennemis. Un personnage clé, Madame Yéva, est une femme très vulgaire, mère d’une famille, qui porte des minijupes et qui se croit une Cindy Crawford, selon son fils. Cette femme, secrètement aimée par Joël, doit beaucoup travailler pour financer toute la famille. Elle est mère de deux fils : Tanièl, un bandit à la casquette, ne fréquente plus l’école parce qu’il a frappé son conseilleur d’éducation dont ses parents n’ont aucune idée. Yeznig, un personnage apparemment secondaire et vague, est un jeune homme qui est un peu handicapé et un peu obsédé et qui aime sa Game Boy. Jacques, leur père et le mari de Yéva, est un chômeur qui adore les jeux à la télévision et le casino. Il est un grand joueur qui aime aussi les billets de loterie à gratter. Magalie, un personnage aussi important et la petite amie de Tanièl, est une lycéenne qui vient d’une famille qui est assez riche et qui, selon ses parents, soufre d’une anorexie mental. Puisqu’elle est très attractive, elle fait tourner la tête aux hommes. Ali et Nadie sont les jumeaux venus de Marseille, ce sont les autres personnages qui en même façon que les personnages précédents déposent au commissariat de police. Ali est surnommé « Dictateur » à cause de son grand nez. Pendant tous les interrogatoires suivants, nous apprenons de nouveaux renseignements qui nous donnent l’impression que l’histoire devient plus compliquée et chacun peut être l’assassin. La fin de l’enquête est un peu surprenante et choquante, la police découvre l’assassin partiel et inattendu. L’extrait que nous allons traduire et ensuite analyser, c’est juste le début du livre, précisément, les premiers quatre chapitres. Chaque chapitre représente le monologue d’un personnage qui décrit sa vie et la situation dans laquelle il se trouve.
9
Nous pouvons dire que l’auteure a conçu ces chapitres comme les présentations des personnages principaux. Joël, un homme âgé et maintenant mort, raconte son histoire rétroactivement d’outre-tombe. Nous ne savons pas encore si c’était l’assassinat parce que le corps de Joël Morvier n’était pas encore découvert, il se trouve sur le sol de son bar. Joël était le patron d’un bar qui s’appelle « le Balto ». Il parle de son enfance, de son père, il décrit son bar et les problèmes de ses visiteurs. En dernier mais non par ordre d’importance, il n’oublie pas mentionner son amour Yéva qui va lui manquer le plus. Tanièl, un adolescent qui vient d’une famille franco-arménienne, explique dans sa confession des problèmes que porte sa nationalité. Il a pitié de la vulgarité de sa mère et du handicap de son frère parce qu’il ne peut pas l’aider. Il raconte aussi l’histoire de la première rencontre avec sa petite amie ainsi qu’il parle des problèmes à cause desquels il ne fréquent plus l’école. Magalie, la petite amie de Tanièl, est une jeune lycéenne qui commence sa confession par la description de la situation familiale dans laquelle elle parle principalement du conflit des générations qu’elle a avec ses parents à cause des opinions différentes. Elle aussi raconte l’histoire de sa sœur qui a quitté sa famille et sa ville natale pour aller à la capitale avec un homme qui est âgé et d’une autre religion. Yéva, le dernier personnage de notre extrait, parle de sa famille : de ses fils qui ont des problèmes différents et de son mari qui a causé de grandes difficultés de famille parce qu’il est le joueur incorrigible. Elle doit résoudre la crise financière de sa famille, des problèmes de l’adolescence de ses fils et des problèmes du travail de son mari.
10
I.1 Joel, zvaný Jojo nebo Kluziště Jmenuji se Joel Morvier a rozhodl jsem se, ţe si svůj přìběh budu vyprávět sám. Jiţ třicet let totiţ ţiji v prostředì novin, takţe je to hračka. Vìm totiţ moc dobře, jak zkreslujì realitu, proto se radši spolehnu na vlastnì pusu. V dubnu by mi bylo šedesát dva let, přesněji 12. dubna. Řìkám to jen tak pro informaci, jinak jsem totiţ nikdy narozeniny neslavil. Prý jsem nesympatický člověk. Spìš bych ale řekl, ţe se mi dostalo méně lásky a soucitu neţ, co bych zaslouţil. Smýšlejì o mně špatně, ale já nejsem rasista. Mám prostě svoje hodnoty a to jim očividně vadì. Jsem takový, jakého mě stvořila továrna matky přìrody. Nazývajì mě necitou, ale od počátku jsem neměl na výběr; to nebránilo tomu, aby motor běţel - motor francouzské výroby pro upřesněnì. Kdyţ je tak poslouchám, člověka by mělo dojmout úplně kaţdé znásilněné dìtě. Já taky v televizi vidìm atentáty, nehody, vichřice a starouše, co zkapávajì ve vedrech. Ale co naplat, mě se to netýká. Ztratil jsem otce celkem brzy. Nejsem jediný, otcové dřìve nebo později umìrajì kaţdému. Neřìkám to, abyste se nad tìm rozfňukali, prostě to jen vysvětluji. Pár let jsem ţil se strýcem Louisem v bytě nad barem. Pak přišla řada i na něj, natáhl bačkory. Byla to rakovina. Zato můj otec, ten měl smrt stejně hloupou jako celý ţivot - nehoda při lovu. Ostatně, celý jeho ţivot byla jedna velká nehoda, dokonce i já. Bydlìme v Mzdově nad Výplatou uţ vìc neţ padesát let. Je to městečko, které leţì na konečné jednoho přìměstského vlaku a má 4 500 obyvatel; mìsto, kam byste určitě nikdy nepáchli. Tady mě kaţdý zná. Pro mìstnì jsem byl Jojo nebo „Kluziště“. Tuhle přezdìvku jsem dostal, kvůli své jaksi pokročilé holohlavosti. Koneckonců, tu přezdìvku nemám zas aţ tak dlouho, protoţe ještě během dospìvánì jsem mìval na hlavě bujnou kštici. Zezadu jsem se podobal zpěvačce Dalidě. Dlouhé vlasy si udrţuji uţ jen tak z nostalgie, přestoţe nahoře uţ je pusto a prázdno. Vlastnil jsem bar Balto. Nemuseli jste se ani moc namáhat, abyste ho zajeli. Je to trafika na rohu, srdce vesnice a taky zasraná dìra. Během všech těch let tam jsem si hrál na psychiatrickou ambulanci. Trávil jsem večery tìm, ţe jsem je poslouchal, jak mluvì o svých průserech a vyprávějì o prasárničkách. Vedle mého baru, musì být homoušská ulice Svaté Anny povaţována
11
za čajovnu. Pokoušel jsem se pozvednout úroveň konverzace, ale dostala se nanejvýš k proplácenì poplatků u lékaře. Pokaţdé, kdyţ jsem se lokty opřený o bar podìval nalevo, byla tam Claudine a vţdy na stejném mìstě. Snad jsme ji nikdy neviděli, ţe by trávila čas jinde neţ tam na tom mìstě. Všichni jì tu řìkajì „Černá vdova“. Vyprávì se, ţe několik měsìců po svatbě otrávila svého manţela. Vypadá to, ţe mu do polévky krom tykvì, přidala i nějaké insekticidy. Pokaţdé, kdyţ se napije, má ve zvyku se svlìkat a vţdycky si jako prvnì začìná sundávat punčochy. Budu milosrdný a ušetřìm vás detailů. Yves Legendre byl jeden z těch, kterým se to váţně hnusilo. Je to švagr starosty Mzdova. A opravdu se jmenuje Legendre, to nenì vtip. Měl uţ po krk toho být ve stìnu svého švagra. Jednoho dne se mi velmi důvěrně přiznal, ţe ho nikdy nevolil. Byl jsem jediný, kdo věděl, ţe Legendre volil Komanče. Jednoho dne, bylo to na začátku loňského léta, si u mě objednal předplatné k magazìnu o posilovánì. To jsou ty časopisy pro blázny do nabušených svalů, kde jsou stránky plné reklam na proteiny, co do sebe cpou ty korby na soutěţìch. A samozřejmě, ţe nesmì chybět fotky opálených svalovců, co si patlajì olej na celé tělo. Legendrovi se to rychle zalìbilo, byl z toho úplně pryč. Vìc uţ mě to radši nezajìmalo. Zase dalšì buzìk, řìkal jsem si. Jediný světlý okamţik mého dne býval zhruba kolem 19. hodiny. To si panì Yeva chodila kupovat své lehké Malborky. Je to sakramentsky dobře rostlá a pěkná ţenská, to se musì nechat. Vţdycky za nì zůstává odér jejìho parfému jako velký růţový mrak, mrak lásky. Je to vůně tak sladká, ţe na chvìli zastavuje čas v baru. Ne, ţe bych byl citlivka, ale panì Yeva je prostě jedinečná. Ona je ten druh ţeny, která přinášì inspiraci. Jednou nebo dvakrát se stalo, ţe jsem jì nenápadně poloţil ruku na sedinku. To se jì ale vůbec nelìbilo. Bránil jsem se, ţe to nebylo schválně, ale ona ztropila obrovskou scénu. Během toho, co na mě hulákala jak na lesy, pomyslel jsem si, ţe má váţně charakter, a to mě na nì přitahovalo ještě vìc. Ţije se třemi muţi jeden většì budiţkničemu neţ druhý. Dva synové - jeden lotr v kšiltovce, druhý mentál, a manţel v teplácìch závislý na Sportce. Ona s nìm musì být asi proto, ţe je dobrý v posteli, jinak si to prostě nedokáţu vysvětlit. A to si ještě musìm sakramentsky vymýšlet. Moje Yeva, to je jediná věc, která mi teď bude chybět. Koupu se ve vlastnì krvi, leţìm nahý v neuvěřitelné poloze. Myslel jsem, ţe mi můj ţivot proběhne před očima jako film, ale je to pitomost. Slyšìm jen hlasy. 12
I.2. Taniel, zvaný Turčìk nebo budižkničemu Já nejsem Turek. Ale oni v tom nechtěj vidět rozdìl. Trávì svůj čas tìm, ţe mi řìkaj „Turčìku“, ale já nejsem Turek. Zkrátka a dobře, sem Armén po matce. Jmenuju se Taniel, ale moje máti mi většinou řìká „budiţkničemu“ nebo „hajzle“. Ve škole mi řìkaj Danieli a pro kámoše sem prostě „Turčìk“. Kdyby je slyšel můj děda, vstal by z hrobu a rozbil by jim drţky. Jak se řìká - rychle uděláno, dobře uděláno. Nemám nic proti Turkům, nikdy mi nic neudělali. Ale v našì rodině je moc rádi nemaj, jen mi nikdy neřekli proč. Moje máti, kdyţ nechce něco
udělat,
tak řìká:
„To
se
radši
vyspim
s Turkem,“
takţe
je
jasný,
ţe to prostě neudělá, protoţe pro nì je to horšì neţ smrt. Je to střelená ţenská. Ty historky o „Turčìkovi“ uţ mě fakt unavujou. Kdyţ jdeme na nádro na kebab a kuchař si splete objednávku, kámoši mě vţdycky posìlaj, abych mu to řekl turecky, i kdyţ do prdele neumim turecky ani ň. Tak jako tak, uţ neumim ani arménsky. Oni na mě ţárlì, protoţe sem sbalil Magalii, tu malou bloncku z boháčský ulice Acacias. Všichni z nì šli do kolen, hlavně Ali. Je tu novej, a protoţe je to Arab, co přišel z ulic severnì Marseille, tak z něj máme respekt. Mrtě rád si dělá srandu z ostatnìch. Nejsem blbej, takţe vìm, ţe si z nich dělá prdel, aby zapomněl. Musim řìct, ţe co se týče Aliho vzhledu, tak ten je hustej. Holky nedělaj nic jinýho, neţ ţe vtipkujou o jeho velkým frňáku. Řìkaj, ţe ten jeho velkej nos se chopil moci nad jeho ksichtem a ţe tam způsobil převrat. Právě odsaď je jeho přezdìvka „diktátor“. Ale přesto má Ali celej svět na háku. Je to totiţ tìm, ţe umì dobře mluvit. Chtěl bych to taky umět, ale moc mi to nejde. Ali totiţ čte knìţky. To je šìlenost. Myslim si, ţe holky letěj na chlápky, co čtou. To čtenì z nich dělá týpky všeználky. Teď ale nemluvim o chlapech, jako je třeba Kluziště, co se předvádì jako nějakej intoš jen proto, ţe čte kaţdý ráno Lidovky. Moje matka, no tak ta Aliho nesnášì. Myslim, ţe z mých kámošů je to právě Ali, kterýho nesnášì nejvìc. S nim ona skončila. Řìká, ţe má hlavu akorát na to, aby vyhrabával mrtvoly a šacoval jim kapsy. Řìká mu „krátkopérák“. Kdyţ na mě pìská pod oknem, tak moje máti na něj normálně plive. Chudák Ali z toho má trauma. Jednou na něj hodila totálně nechutnýho kemra. Bylo to tak drsný, ţe tomu nemohl věřit. Tenhle incident obletěl celý město. Bohuţel sem se zase dìky máti zviditelnil. Sere mě. Jo, moje matka je fakt aţ takhle sprostá. Barvì si hlavu na černo jak havran 13
a na pusu si patlá křiklavě červenou rtěnku, ţe uţ snad ani červenějšì bejt nemůţe. Pak si dokonce vedle pusy nakreslì falešný znamìnko krásy. Ta chudinka si o sobě myslì, ţe je Cindy Crawford. Je mi jasný, co si o nì asi musej řìkat, kdyţ jde kolem. Trošku se podobá těm ţenskejm, co šlapou za nádraţìm. A co vìc, nemůţem nic řìct ani jì nic vytknout, jinak je hned oheň na střeše. Krmì nás feministickýma kecama o stylu oblìkánì. Dělá si, co chce, je to svobodná ţenská. Upřìmně s nì souhlasim, to jo, ale copak neexistujou svobodný ţenský, co se oblìkaj normálně? Jediný, co můţe udělat je akorát tak chodit zmalovaná jako plakát a nosit minisukně těsně pod zadek. Byl bych radši, kdyby se podobala matce, jakou má Ali. To je pro mě ta pravá máma. Je trošku při těle, nosì dlouhý šaty a vůbec se nemaluje. Vonì pěkně mejdlem a pokaţdý se ptá, co by sis dal k jìdlu. Dělá si starosti, kdyţ se vracìš pozdě domů. A kdyţ si nemocnej, tak se o tebe stará. Prostě matka, který si váţìš. Vţdycky si vzpomenu na to, jak měl Ali chřipku. Byl sem ho navštìvit a jeho máma mu zrovna dávala na šišku, prsa a týl obklady z pomerančovnìku, aby mu klesla horečka. Ta moje, ta by nikdy nic takovýho neudělala. Ona je spìš takovej ten typ mámy, co má věčně v hubě ţváro a nechává za sebou smrad, co štìpe do očì a do nosu. A kdyţ jì sereš, ukáţe ti fakáče. Miluje, kdyţ to můţe udělat. Asi to nemusim dál rozvádět, určitě chápete, o čem mluvim. Drţì ho pěkně zpřìma a řekne: „Seru na tebe, dřepni si tady!“ To uţ fakt přehánì. Přijde mi, ţe sem dobrej syn, aţ na ten bordel a kravál v pokoji, ale takový sou přece všichni. Řìkám to proto, ţe by mě i přesto všecko mohla poslouchat, kdyţ na nì mluvim. Nosì fakt megakrátký sukně. Do prdele, vţdyť uţ je přece stará. Ty jejì bìlý stehna jdou vidět uţ z dálky. Na fotkách z Arménie se takhle neoblìkala. Jejì táta jì musel drţet asi pěkně zkrátka. Ona vůbec nemá vkus. Nemám rád jejì oblečenì, ani tapety, co sou v obýváku, a uţ vůbec ne záclony. Stydim se k nám pozvat Magalii. Nechci, aby viděla mojì máti, ubrus v obýváku ani gauč s třásněma nebo dokonce fotra, co se na něm válì. Vyrostl sem s klukama ze sìdliště. I kdyţ sem to měl zakázaný, vţdycky večer sem za nima chodil. Pokaţdý se tam hustě pařilo. Je jasný, ţe moje matka by byla radši, kdybych se flákal s klukama z vilek ze sousedstvì, městskýma zazobanýma šaškama. Sou to takový ty týpci, co si schovávaj loktem pìsemky, aby od nich nemohl nikdo opisovat. Ze začátku si kluci ze sìdliště mysleli, ţe sem zazobanej, protoţe bydlim ve vile. Přislo jim super tady ţìt. Řìkali mi: „Aspoň máte centrum a nádraţì hned vedle.“ 14
To sou kecy! Já ani nevìm, jestli se tomu vůbec dá řìkat město. Je tu akorát trţnice na námku, radnice, pošta, lékárna, pekárna, policajti a Balto. To je tak nějak všechno. Abych se ujistil, ţe je rok 2008, musìm sednout na vlak a jet celkem dost daleko. To právě ve vlaku sem tenkrát sbalil Magalii. Zmerčil sem jì uţ asi před dvěma nebo třema tejdnama, byla to fakt roštěnka. Jednou večer sem jì sledoval aţ k nì domů. Oslovil sem jì a pak sem jì vzal na skleničku do Balta. Ten bastard Joel jì normálně očumoval. Řekl jì, ţe bejt jejim tátou, tak by nebyl spokojenej. Ona mu odpověděla, ţe jì to je úplně fuk a ţe by udělal lìp, kdyby se staral sám o sebe. Magalie nemá ráda hnusáky. Ten blbec začal řvát, ţe maj všichni pravdu, kdyţ řìkaj, ţe nenì nic jinýho neţ špinavá coura. Měla na krajìčku, tak jsme se radši zdejchli. Tehdy bych ho nejradši zmlátil, ale bylo to prvnì rande s Magaliì a já sem nechtěl, aby mě povaţovala za nějakýho divocha. Joel, to je ten typ kreténa, kterýho potkáš jednou nebo dvakrát za ţivot.
Jen
vzácně
takový
individuum
potkáš
vìckrát.
Magalie
měla
po tom jeho výstupu takovej vztek, ţe mu tam pak celej tejden vţdycky před otvìračkou chodila chcát před výlohu. Je pravda, ţe je jì asi hrabe, ale komu občas nehrábne. V kaţdym přìpadě to, co se řìká o blonckách, je pravda. Nebylo vůbec těţký jì sbalit. Stačily dvě nebo tři sladký slova do ouška a byla ruka v rukávě. Vlastně nenì moc těţký sbalit jakoukoliv holku. Všiml sem si, ţe milujou, kdyţ sou prvnì v tvým ţivotě. Kdyţ právě ona je ta jediná, lepšì neţ všechny ostatnì. Kdyţ jì třeba řekneš: „Ze všech holek, co sem poznal, si jediná, která mě úplně pobláznila. Nic takovýho se mi nikdy předtìm nestalo. To je poprvý, co něco takovýho cejtim...“ Je to jednoduchý, tyhle sračky se jim lìbì. Ze začátku jim pošleš pár esemesek. To jim udělá dobře, protoţe holky si myslì, ţe je to romantický. Vlastně je to i úsporný. A krom toho, si je můţou po večerech čìst furt dokola a přitom si tě představovat. Zatìmco se rozplývaj nad představou tvýho obličeje, ty aspoň neplácáš kredit. S technikou to celkem umim. Jasně, pak musì nutně přijìt okamţik, kdyţ ti řekne, abys jì napsal něco vìc neţ předtìm. To uţ musìš bejt připravenej na protiúder a odpovědět, ţe bys jì radši, neţ si s nì psal, chtěl viděl. Takţe plán B znì: začneš jì brát na intimnì randìčka na nejrůznějšì skrýše jako je třeba nočnì parkoviště. Tam jestli pouţiješ TU větu, tak budeš stopro skórovat. No, ale Magalie taková nenì. Musìm se přiznat, ţe je mi s nì dobře. Má krásný blonďatý vlasy, tenký prsty, jejì kůţe vonì po citrónu a jejì hlas je sametovej.
15
Ten jemnej hlas je důleţitej, protoţe uţ mám plný zuby toho pronikavýho hlasu mojì máti. Ona má takovej podělanej stresujìcì ječák, kterýho je všude plno. Je to fakt přìšerný. Kdyţ se nasáčkuje k vám domů, dostanete rakovinu ušnìch bubìnků. I můj brácha uţ toho má dost. Yeznig je trošku mentálně postiţenej. Ale vzhled nehraje vůbec ţádnou roli, protoţe matka je stokrát střelenějšì neţ on. Brácha dělá fakt hustý věci. Třeba doslova přesně opakuje všechno, co slyšì. Má fakt neuvěřitelnou paměť. Nemluvì sice moc dobře, ale na to, aby se vyţvejknul, to stačì. Na svýho malýho bráchu nedám dopustit. Nikdy sem na něj nevztáhl ruku. Moţná jednou nebo dvakrát na zahradě, kdyţ jsme byli ještě malý. Kdyţ sem naposled někoho zmlátil, byla to jen taková potyčka ve škole. Jo uznávám, s tìmhle mám fakt problém, nechám se rychle vyprovokovat. No a kvůli tomu mě vylili ze školy. Vrazil sem jednu výchovnýmu poradci Couvretovi. Uţ dva měsìce je na nemocenský. Musìm se přiznat, ţe teď toho lituju. On dokonce ani nepodal stìţnost. Fotřìk mi řekl: „Měl´s, kliku, musì to bejt levičák!“ V kaţdym přìpadě doufám, ţe mu daj do pořádku ty zuby. Měl sem jìt ke speciálnìmu poradci, aby mi našel nějakej gympl, ale tady v okolì ţádnej poradce nenì. Musel bych se k němu plácat půlhodiny vlakem, tak sem se na to vysral. Dokonce i můj malej
brácha
pracuje.
Nedávno
mu
někdo
šlohnul
Game
Boye
s jeho nejoblìbenějšì hrou. To mě vytočilo, tak sem si ty týpky našel a jednoho po druhym sem je zbušil. Nemám rád, kdyţ si z mýho bráchy někdo dělá prdel. Můj brácha nenì idiot, je prostě jen posedlej. Po kaţdym jìdle si třeba počìtá zuby, protoţe má vţdycky stach, ţe mohl nějakej omylem spolknout. Taky potřebuje mìt nějaký zvláštnì mìsto na svoje důleţitý věci. Třeba v komodě má šuplìk, kterej je totálně narvanej baterkama, co jsou do jeho Game Boye. Kdyţ se nudì, pomìchá
nový
baterky
s
těma
vybitejma.
Máti
to
dovádì
k
šìlenstvì,
protoţe pak vţdycky musì vyzkoušet kaţdou zvlášť, aby je mohla roztřìdit. Ale protoţe je to Yeznig, nikdy na něj neřve. Je to přece jejì děťátko. Je mi ho lìto, ale jak trávì čas pořád sám, tak se furt cpe. Pěkně ztloustl. Celý hodiny vysedává v Baltu a hraje Game Boye. Kvůli jeho postiţenì nemá vůbec ţádnej pojem o čase. Plete si „před“ a „po“, „minulost“ a „přìtomnost“. Matka si dělá starosti, tak mě posìlá, abych ho tam šel hledat. Ten bastard Joel ho nikdy nevaruje. Taky se občas stává, ţe ho přivedou policajti. Znajì ho, takţe sou na něj hodný. Chtěl bych pro Yezniga něco udělat, ale nedokáţu udělat nic moc zvláštnìho ani sám pro sebe. Naši dokonce ani nevì, ţe uţ nechodìm do školy. Kaţdý ráno odcházìm
16
v půl osmý, bágl na zádech, ale vevnitř nemám ani knìţky ani propisky. Sebou mám jen Playsta, tabák, papìrky a svůj hašiš.
17
I.3. Magalie Fournierová, zvaná bloncka, běhna nebo Turčìkova stará Mám chuť umřìt. Nevìm, čemu se smrt podobá, ale chci okamţitě umřìt. Chci prostě zdechnout. Otec mi zabavil mobil. Zdálo se mu, ţe sem šìleně přetáhla limit. Vţdycky to přehánì. Počkat, 380 euro, to jde, to nenì zas tak strašný! Co teď budu dělat? „Bez toho se obejdeš! Za nás jsme se bez toho taky obešli!” Lol, jsou fakt k smìchu, kdyţ mě zkoušej kecy tohodle typu. Fakt sorry, ţe sem se nenarodila před Kristem a taky sorry, ţe sem nepoznala dobu kamennou. Jestli se jim dařilo se celý svý mládì dorozumìvat jen pomocì kouřovejch signálů, tìm lìp pro ně. Akorát si nejsem jistá, jestli jim někdo řekl, ţe teď uţ je rok 2008. Naši zakrněli v nějakym časoprostoru. No váţně, ty chudáčci zůstali bloklý v roce 1970. Hej hou! Je tam někdo? Doba prvnìch počìtačů uţ dávno skončila! Hej vy tam, vstávat! Celý odpoledne sem zavřená ve svým pokoji. Kdyţ mi Tani volá, je mi nanic. Měli jsme se sejìt v 18 hodin za parkovištěm Conforama. Bude si myslet, ţe se mu vyhejbám. Tak co si jako myslì? Ţe kdyţ sou rodiče, tak maj všechny práva nebo co? Tady ale nejsme v OSN. A co vìc, maj novou fìntu - výslovně mi zakazujou chodit na sìdliště. Maj totiţ asi bobky, ţe se v nějaký zatáčce nechám oblafnout, ţe mě budou vydìrat, nebo moţná nějaký dalšì kraviny, co viděli v televizi. Jako by nestačilo, ţe mám v 16 letech domácì vězenì. Ale oni mě ještě jednou tejdně vodì k odbornìkovi na správnou výţivu. Protoţe, pozor, podle nich sem anorektička. Třeba mě pošlete zpovìdat se do Pošty pro Tebe. Dělejte cokoliv! Whatever, je mi to fuk. Od tý doby, co se můj fotřìk dozvěděl, ţe chodìm s „cikánem“, tak je to peklo. Nevidì totiţ rozdìl mezi cikánem, Turkem, Arabem nebo třeba opičákem. Můj otec je fakt velkej rasista. Je to hanba. Co já vim, tak rasismus uţ dávno vyšel z módy. Kdyby měl rád lidi aspoň tak jako svýho labradora, jeho ţivot by byl hned veselejšì. A pak je tu ještě ta story, jak mi v báglu našli hašiš. To celou tu věc ještě zhoršilo. Takţe teď do mě máma pořád hustì, abych se kamarádila s Karinou Z., jednou holkou z gymplu Simone-de-Beauvoirové. Ta chudinka si myslì, ţe je to hodná holka, takţe i „dobrá kamarádka“ a často mi to opakuje. No jo, máma uţ je totálně za zenitem. Hlavně jak sem řekla, ţijem v roce 2008. V roce 2008 uţ se nekamarádìme. 18
Flákáme se spolu a při nejhoršìm jdeme ven, ale uţ se prostě nekamarádìme. Měla sem pravdu, naši se chudáci šprajcli v sedmdesátejch letech. No, v kaţdým přìpadě, ten kousek hašiše, co mi našli v báglu, tak ten mi dala ta samá Karina Z. Ta toho mám u sebe vţdycky plno. Takţe co se týče otázky „kamarádstvì“, tak dìk, ale fakt ne. Ta špìna měla zánět v pochvě uţ ve třinácti. V době, kdy já si ještě hrála s Barbìnama, ona uţ měla asi padesátýho chlapa. Jestli lidi maj něco jako datum spotřeby, tak ona uţ by musela bejt dávno prošlá jako nějakej starej hermelìn, co leţì v supermarketu zapadnutej někde v regálu. Doma je teď boj a skoro kaţdej den i nějaká ta potyčka. Vedle Iráku, je to Disneyland. Najednou máma bere hafo nějakejch
prášků proti úzkosti a čte
knìţky, který by jì prej měly pomoc s mojì výchovou. Začìná to od Jak pochopit vašeho puberťáka přes Jak vyřešit krizi, která se prohlubuje a končì to Jak se postavit k anorexii vlastnìho dìtěte. Ať ţijou rady. Měla by radši čìst něco typu Můj manžel má vysokej cholesterol, je to rasista a nespìme spolu. Lol. Týpci, co pìšou takový knìţky, jsou jen tuctový moralisti. Dovolujou si psát takový trapný kecy, ale vsadìm se, ţe jejich ţivot asi taky nebude nějak extra dokonalej. Kdyby jo, psali by o něčem jiným. „Zakazuju ti se vìdat s tìm tvým cikánem! Jinak se naštvu a vytáhnu pistol a odprásknu ho a tebe taky! To je to, co chceš? Co? Chceš skončit jako tvoje sestra? To chceš?“ Ach jo, a je to tady. Uţ jsme zase u toho. To mluvì o Virginii, mojì staršì ségře, co pracuje v televizi. Zdejchla se z týhle prohnilý dìry, nechala tu rodinu a odjela do hlavnìho města. Já si myslim, ţe udělala úplně nejlìp, kdyţ vzala čáru. Je jasný, ţe jakmile budu mìt přìleţitost, udělám to samý. Naši jsou na nì šìleně naštvaný. Vzala roha s jednìm asi padesátiletym producentem. Je ţenatej, má pět dětì a je to marockej Ţid. To uţ bylo na fotřìka jaksi moc. No ne, ale fakt byste ho museli vidět. Lol. Máma, aby ho nějak utěšila, tak občas řìká: „Vìš Julesi, mohl to bejt i černoch.“ Jediný, co fotr dokáţe dělat, kdyţ je mrzutej nebo naštvanej, je mazlit se s našìm labradorem Pernem. To podle hlasatele zpráv v jednu ho pojmenoval takhle. Přišlo mu to roztomilý. Takţe si myslìm, ţe naši se takhle chovaj kvůli tomu, ţe se bojì, abych nezmizela jako Virginie a nenechala je samotný jen se psem a červeným vìnem.
19
Ale jak řìkaj, dozvědět se, ţe jsem otěhotněla s tìm „cikánem“, to by bylo prej to nejhoršì, co by je mohlo potkat.
20
I.4. Yeva, řečená panì Yeva, matka nebo máti V medicìnský hantýrce tomu řìkaj hypochondr. Na to, aby člověk přišel na takovou diagnózu, nepotřebuje snad ani maturitu! Tak ať si se mnou vyměnì svůj bìlej plášť za kuchyňskou zástěru. Pak se uvidì, co vymyslìm já. Kdyţ vidìm ten jejì povýšeneckej výraz, tak bych jì ten stetoskop nejradši strčila vy vìte kam. Určitě mi musela závidět. Moc dobře jsem si toho všimla, kdyţ po mně chtěla, abych se nadechla a vydechla. Šilhala mi po kozách. V ţenskejch vzbuzuju nenávist a v muţskejch rozpoutávám vášeň. Takhle to chodì uţ od puberty. A ještě k tomu šéf, kterej se mi ve tři, přesně uprostřed pauzy, nasáčkuje do kanclu a zjistì, ţe tam zrovna nejsem. To je normálnì, ţe tam nejsem! Byla jsem na... Šla jsem prostě poloţit kabel, nebo uloţit spisy, jestli mu to vyhovuje vìc. Tak to je! To se mu lìbì? Protoţe on je asi dámička, on asi nikdy nechodì na hajzl. Jsem tam jen deset minut a zrovna v tu dobu ho napadne mě jìt zkontrolovat. Mluvìm o novým šéfovi oddělenì Josefu Frédericovi. Přišel mi dát kázánì kvůli mým zdravotnìm přestávkám, který se prej poslednì dobou opakujou. Tomu malýmu arogantnìmu hajzlìkovi je tak málo, ţe bych mohla bejt jeho máma. Takţe mám co dělat, abych ty jeho lekce morálky vydrţela. Já si přece taky nestěţuju na to, ţe on chodì ráno pozdě o deset minut. Kaţdý ráno o deset minut! Ani se neodvaţuju počìtat, kolik by toho ztracenýho času nakonec bylo. A protoţe je jedinej, kdo má klìče, musìm na něj kaţdý ráno čekat u dveřì. Nechtěl mi je nikdy nechat přidělat. Myslì si, ţe kdyţ je šéf, tak si můţe všechno dovolit. Ten blbec vì, jak to chodì padesátce. To uţ se jen maká a drţì huba a krok. Od tý doby, co se objevil v podniku, si vzal do hlavy, ţe oţivì organizaci oddělenì a zmodernizuje naše metody. To je samej process, planning a briefing. Chceš to, máš to mìt. V kanceláři to začìná bejt otravný jako někde v Americe. A co vìc, nutì mě, abych se do telefonu usmìvala, protoţe to prej jde slyšet. To jsou kecy! Je mi trapně, kdyţ se křenìm do prázdna. Jediný, co můţu vidět naproti, je zeď a koťata v kalendáři z Pošty. Machruje ještě vìc, protoţe se kolem něj pořád motá stádo slepic. Jsou to padesátiletý úplně vypatlaný a dokonce ani nenamalovaný babizny, co mu celej den lezou do prdele. „Josefe, nedáte si kávičku?“, „Josefe, vypadáte dobře! Odpočinul jste si o vìkendu?“, „Josefe, vyčistila jsem vám monitor!“.
21
Přijde mi to nechutný, hlavně Patricie se Simonou. To jsou ty největšì vlezdoprdelky, co jsem kdy viděla. Jsou to kolegyně, ze kterejch mě fakt asi trefì. Ze začátku se se mnou chtěly děsně kamarádìčkovat, jenţe já jsem je upozornila, ţe tu nejsem od toho, abych se s nima paktovala. Kdyţ uţ se táhnu vlakem ve špičce, tak proto abych makala a ne abych se bratřìčkovala s barbìnama na sklonku kariéry. A ten jejich způsob, jak okamţitě změnì téma, kdyţ se objevìm v kanceláři. „Pìská mi v ušìch“, řeknu jim. A ty dvě s tim svým falešným úsměvem odpovì: „Ale my jsme nemluvily o tobě. Bavìme se o nový manţelce prezidenta. Viděla si jì?“ Takţe prostě jen odpovìm: „Nic mi po nì nenì, je to jasný? Já radši pracuju, abych vydělala vìc!“ Makám, jezdìm vlakem, kupuju si Malbora v Baltu a domů chodìm kaţdej den zhruba ve stejnou dobu. To akorát dokazuje, ţe se v mým ţivotě neděje nic zvláštnìho. Jakmile překročìm práh, ţivot je najednou černobìlej a to je pěkná otrava. Starýho najdu vţdycky na stejným mìstě - dřepì u bedny. V gauči uţ skoro vyseděl důlek. Co to řìkám? Je tam jáma, co vypadá přesně jako jeho prdel. Zaslechla jsem v rádiu, ţe za 200 000 euro se můţeme ve stokilometrový vejšce dostat na tři minuty do stavu bez tìţe. Tìm chtěj řìct, ţe brzo za to nějakej chlápek vyplázne prachy, který já dám dohromady za celej ţivot. Je čas na cigárko. Koneckonců, jedno je jistý - splněnì mýho snu je mnohem levnejšì. Aspoň jednou v ţivotě bych chtěla vědět, jak vypadá odpočinek, ale ne ten věčnej. I kdyţ jak tak občas leţìm v posteli, tak i ten bych si dala lìbit. Trochu klidu, to toho chci tak moc? Od 5:17 do 0:35 tu kaţdej den jezdì ten přìměstskej vlak. A ještě ke všemu tomu rambajzu bydlìme kousek od jednoho letiště. Takţe o klidu si můţu nechat leda tak zdát. V práci jsou to: Simona na chodbě a ty jejì odchody a přìchody, zvuk automatu na kafe, hajzlìky těsně přilepený k mýmu kanclu a ty jejich splachovacì koncerty, hučenì faxu, zvoněnì telefonu, hlas Josefa, vrčenì klimatizace, nespokojený klienti. Vìm, o čem mluvìm. Mám totiţ na starost evidovanì sporných spisů. K tomu ještě přìmo za našì firmou před týdnem rozjeli stavbu kliniky se všema těma sbìječkama a všìm tìm okolo. Doma je zase pořád zapnutá bedna a hlasitost bejvá na maximum, protoţe můj starej je trochu nahluchlej. V pokoji kluků je zas celou noc puštěnej rap. To hlavně Taniel, ten staršì, poslouchá takový divoký věci. Ten hajzl se hrozně rád
22
courá s ničemama. S takovýma těma, co jsou vidět v televizi, hlavně s těma holohlavýma černochama a Arabama. Boţe můj, co jsem komu provedla, ţe si tohle zaslouţìm? Jen o tom mluvìm a uţ se mi rozbušì srdce. Kdo mi byl dluţen takovýho hňupa? Koupit dům třicet metrů od nádraţì! Prej je to praktický a levný, jak mi řekl. Fakt mě překvapuje. Zatìm jsem to já, kdo se můţe udřìt, jen aby splatil hypotéku. Kdybych já byla poslechla svýho tatìnka, mìr jeho duši, a vzala si jednoho Arménce s pěkným knìrem. Postavil by mi cihlovej dům a já bych se uţ dlouho měla jako v bavlnce. Zatìmco tenhle je přilepenej u bedny jak moucha na mucholapce. Je nemoţný ho odtamtud dostat. Uţ jsem to prostě vzdala. V dubnu 1991, seděl v publiku soutěţe „Uhádni správnou cenu“. To je jeden pořad, co byl v tý době celkem rozšìřenej. Lìbilo se mu to tak, ţe si to pořád dokola přehrává na videu. Je tam vidět někde vzadu jen na chvilinku a zrovna, kdyţ tleská jako blbeček. Nedávno se chtěl dokonce přihlásit do „Ber nebo neber“. Zatelefonoval na nějaký čìslo, kde chtěli 1,54 euro za minutu a oni mu poslali nějakej sloţitej formulář, kterej jsem pak musela vyplnit já. Byly tam kolonky typu: mìry, zaměstnánì, barva očì, zájmy... Srala jsem se s tìm a kvůli těm mìrám jsem omotávala metr kolem toho jeho špekatýho těla. Vyplnila jsem propiskou kaţdý okýnko, ale kdyţ jsem se dostala k zájmům, starej zblednul. Byl to informačnì zkrat. Nic. Nenapadlo ho prostě vůbec nic. Nakonec jsme tam napsali „hazardnì hry a televize“. Kdyby to byly jen ty debilnì televiznì pořady, tak by to ještě šlo... Ale ne, milostpán je gambler. Musì hrát aspoň jednou za den. Je toho vìc, kvůli čemu chodì ven. A jak se jednou rozjede, nemůţu počìtat s tìm, ţe ten prasák Morvier ho zastavì. Naštěstì, skoncoval s kasinem. Protoţe tenkrát se do kasina chodil ničit s kumpánama z práce. Celej vìkend se pak choval jako blázen a aţ do pondělka si vůbec nic neuvědomoval. Bankéř volal: „Pane, můţete mi potvrdit, ţe jste podepsal dva šeky na 4000 franků?“
23
To je ale blbec! Doma to byla fakt komedie. Propleskával si tváře a hulákal: „To nenì moţný! To jsem přece nemohl udělat! Přìsahám ti, musel jsem prohrát nanejvýš 50 babek, vìc ani ťuk!“ Protoţe pak začal podezìrat svý kumpány, ţe mu ty prachy štìpli, začal tam chodit sám a tajně. Vţdycky jsem na to přišla. Týden nato, dalšì telefon z banky a zase ten samej tyátr. Je horšì neţ děcko. Vţdycky, kdyţ začne takhle vyvádět, mám chuť mu kuchyňským noţem rozpárat břicho. Myslìm, ţe s tìm přestal včas. Pěkně mi to hejbalo ţlučì. Jednou jsem ho dokonce přistihla při činu. Je to hanba to vůbec vyprávět. Bylo to v neděli odpoledne, hrál námořnì bitvu s našima klukama. To byli ještě docela malì. Řekla jsem si: „Počkat, počkat, ten blbeček se věnuje dětem! Co si to od nich bere?“ Zjistila jsem, ţe hráli normálně o prachy! Chápete to? Přistihla jsem ho ve chvìli, kdy se sázel o penìze s vlastnìma dětma. Byla jsem na toho hajzla tak nasraná, ţe bych mu nejradši ty figurky nejradši narvala do prdele. To je taková ostuda pro hlavu rodiny! Zasáhla jsem právě včas. Málem by je pumpnul o celý jejich kapesný. Nakonec jsem mu dala ultimátum. Musel přestat s casinem. Nechala jsem ho denně seškrábat jeden nebo dva losy Lota. To bych mu vzìt nemohla, bez toho by nepřeţil. Abych ho donutila souhlasit, rozhodla jsem se, ţe mu nějakou dobu nedám. Vydrţel to dokonce dva měsìce, coţ je na takovýho nardrţence jako je Koko fakt výkon. Skončilo to tak, ţe šel k policajtům, aby mu zakázali hrát. Bylo to uţ docela pozdě. Chtěla jsem, aby to udělal mnohem dřìv. Musela jsem makat dvakrát
tolik
a
brát
si
přesčasy
s
těma
pipinama
Patricìi
a
Simonou.
Nejenom kvůli hypotéce, ale taky abych mu pomohla splatit dluh, co má v bance. Byla to pro něj fakt rána, kdyţ zavřeli továrnu, kde dělal. Krom televize a Balta, uţ pro něj od tý doby nic nemá smysl. Koneckonců trávì tam aţ moc času hranìm těch svých debilnìch her. Abych byla upřìmná, nemám to mìsto moc ráda. Sotva otevřu dveře, praštì mě přes nos ten šìlenej smrad. Je to smrad piva a nezaměstnanosti. Kdyby jinej obchod, kde se dajì koupit cigára, nebyl sedm kilometrů daleko, nikdy bych do Balta nevkročila. Moc dobře vidìm, jak po mně starej Morvier tak divně pokukuje. Vypadá u toho dost nechutně. Jednou jsem mu dokonce musela jednu vrazit. Obešel mě pod záminkou, ţe musì sesbìrat losy ze země. Normálně toho vyuţil, aby mi mohl ochmatávat zadek. Jsem prostě pěkná ţenská a chlapi jsou z toho 24
trochu paf. To ho ale ani trochu neomlouvá. Kdyby byl aspoň trochu přitaţlivej, tak by si to mohl dovolit. Ale Joel Morvier je jeden z těch nejodpornějšìch chlapů, co znám. Chlapi jako on jsou schopný nejhoršìho. Takový je potřeba zavřìt, nebo rovnou vodkrouhnout. Jacquesovi jsem o tom nevyprávěla. Ale kdyby se to dozvěděl, přetrhl by ho jak hada. Teda jestli by se milostpán vůbec uráčil zvednout tu svojì tlustou prdel kvůli svojì ţeně... Za kaţdou cenu ho ale nepotřebuju. Nejsem jako takový ty slabý paničky, co křičì o pomoc. Svoje věci si vyřizuju sama. Vlastně, všechny věci vyřizuju sama, takţe bych mohla poţádat o podporu pro samoţivitelky. Kdyby aspoň mohla počìtat s Tanielem. Ale ten hajzl nestojì za nic. Trávìm čas tìm, ţe na něj ječìm. Zatìmco Yeznig, moje děťátko... To jeho postiţenì mu dává zabrat vìc neţ dřìv; puberta, hormony a všechno ostatnì. Táta mu nabìzel, ţe půjdou za kurvama, ale on nechtěl. Tak co mám dělat? Musìm řešit současně dvě krize dospìvánì a taky nezaměstnanost.
25
II. Analyse socio-linguistique Nous avons quatre personnages. Tous habitent dans l’endroit similaire, mais chacun d’entre eux a une vie et un destin différent. Nous savons que l’endroit, et l’éducation, ce sont des aspects importants qui influencent leur discours. Ces aspects s’appellent les donnés extra-linguistiques.9 Nous postulons que chaque personnage a sa façon de parler unique. Pour analyser les discours de ces personnages, nous avons besoin de définir les différences et les changements qui se passent dans leurs discours. Pour cela, il faut déterminer les termes clés : le style, la stylisation littéraire et la variation. Ce sont les termes très importants de la socio-linguistique qui nous aiderons à nous orienter dans le langage des personnages analysés. Un autre terme important pour la traduction et pour l’analyse, c’est le tchèque commun, c’est pourquoi nous avons décidé de lui consacré un chapitre. Tous ces termes sont importants pour le but de notre travail parce que nous allons essayer d’examiner la mesure dans laquelle l’auteure stylise les personnages de son roman selon les critères socio-linguistiques. Or, ce sont justement ces critères qui nous indiquent les changements essentiels qui se passent dans le langage de chaque personne, non seulement dans le langage de nos personnages analysés.
II.1. Style, stylisation littéraire et variation Le même contenu ne sera pas en toute circonstance exprimé par la même manière par tout le monde. Chaque locuteur a la possibilité de choisir et utiliser de divers moyens lexicaux et syntaxiques qu’offre la langue. Ces moyens sont choisis et adaptés selon l’auteur du discours, selon le destinateur de ce discours, selon le rapport que l’auteur établit avec le destinateur, selon les conditions et les circonstances dans lesquelles le discours est réalisé et aussi selon le milieu où le discours s’effectue. La situation de communication influence la sélection des moyens de langue et la capacité linguistique permet d’adapter adéquatement ces moyens au destinateur du discours. « Cette façon de choisir et classer des moyens de langue pour exprimer le contenu de notre communication s’appelle le style. La question du style contient deux 9
SIOUFFI Gilles, VAN RAEMDONCK Dan, 100 fiches pour comprendre la linguistique, Paris, Bréal, 1999, p. 36.
26
critères : le choix des moyens de langue et aussi le classement du contenu, c’est-à-dire la composition. »10 Le choix stylistique est effectué par le choix parmi les synonymes. Nous pouvons constater qu’une idée unique peut être exprimée par beaucoup de manières. Quand nous parlons du style, il faut nécessairement mentionner la notion de la stylisation littéraire. Cette notion se compose de deux termes : l’adjectif « littéraire » qui signifie tout ce qui se rapporte à la littérature et la notion de la stylisation qui est « une action du styliser. »11 C’est-à-dire, c’est l’auteure-même qui stylise ses personnages; elle choisit les moyens stylistiques par lesquels elle donne les traits spécifiques à chaque personnage. Ces traits font chaque personnage unique en ce qui concerne son comportement, sa façon de parler et de penser. Nous pouvons dire que l’auteure est celle qui crée l’histoire et choisit le contexte, c’est-à-dire l’époque et l’endroit dans lequel l’histoire se déroulera et dans lequel les personnages vont agir. Elle tente le plus efficacement d’adapter ses personnages à l’époque et l’endroit choisi, d’équilibrer tous les éléments de son œuvre. Nous savons que l’auteure est la femme, mais dans le livre elle aussi fait parler les personnages masculins et à cause de cela, elle doit assimiler les traits du discours masculin. Avec la définition du style est étroitement lié un autre élément socio-linguistique très important, celui de la variation. William Labov, fondateur de la sociolinguistique, s’occupait des changements dans la langue. « À l’origine, le changement se réduit à une variation parmi des milliers d’autres, dans le discours de quelques personnes. Puis il se propage, et se voit adopté par tant de locuteurs qu’il s’oppose désormais de front à l’ancienne forme. Enfin il s’accomplit, et atteint à la régularité par l’élimination des formes rivales. »12 Les changements dans la langue se forment premièrement dans le milieu de quelques personnes et puis ces changements se diffusent. C’est un phénomène naturel qui est apparent dans toutes les langues hétérogènes. La variation est « un élément de la variabilité des langues, mise à profit par les locuteurs dans l’expression d’une indentité locale ou social, ou pour s’adapter à l’activité en cours. »13 William Labov distingue la variation selon deux critères :
10
ŠABRŠULA Jan, Základy francouzské stylistiky, Ostrava, Ostravská univerzita, 2008, p. 5, nous traduisons. 11 Le Nouveau Petit Robert, Paris, 2007, Le Robert, p. 2443. 12 La proposition de William Labov; cité de SIOUFFI Gilles, VAN RAEMDONCK Dan, 100 fiches pour comprendre la linguistique, Paris, Bréal, 1999, p. 94. 13 GADET Françoise, La variation sociale en français, Paris, Orphys, 2003, p. 127
27
la géographie et le temps.14 La variation est aujourd’hui comprise selon plusieurs axes qui ont été résumés par Françoise Gadet dans sont livre « La variation sociale en française » où sont distingués ces types : diachronique qui est lié au temps, diatopique qui dépend d’une localité d’où vient le locuteur, diastratique se rapporte aux couches sociales, aux registres et diaphasique qui s’occupe de l’usage selon la situation du discours.15 Nous avons quatre personnages différents dont le langage nous allons analyser, chacun possédant des traits spécifiques.
II.2 Analyse morpho-stylistique : tchèque commun Nous pouvons dire que le tchèque commun est une variante sub-standard de la langue tchèque. L’extrait français que nous traduisons en tchèque et analysons est aussi écrit sous la forme sub-standard, c’est pourquoi nous nous sommes décidée à utiliser le tchèque commun. Le
terme
de
« tchèque
commun »
n’est
pas
strictement
définit,
mais nous pouvons dire que ce terme désigne « une formation langagière nationale qui a une certaine position parmi les autres formations nationales et qui est mise en valeur dans certaines situations de communication. »16 C’est une variante de langue, principalement parlée, est utilisée dans une communication privée ou semi-publique. Elle est utilisée principalement par les locuteurs qui connaissent bien la variante soutenue de la langue ainsi qu’elle n’a pas beaucoup de marques régionales ou sociales, c’est pourquoi elle est devenue une variante de langue acceptable pour tous les habitants de la République tchèque. Dans ce cas, nous parlons de l’interdialecte17 qui est diffusé principalement par les médias, surtout par la télévision et par le radio. Le tchèque commun est caractérisé par les formes différentes du tchèque soutenu, nous citons seulement quelques caractéristiques complétées par les exemples que nous pouvons trouver dans notre traduction :
14
SIOUFFI Gilles, VAN RAEMDONCK Dan, 100 fiches..., op. cit., p. 94. GADET Françoise, La variation..., op. cit., pp. 8-10. 16 KULDMANOVÁ Pavlìna, SVOBODOVÁ Jana, Termìn obecná čeština a různost jejìho chápánì [en ligne, 2003] http://www1.osu.cz/~svobodj/opory/jkult/jzkdd/12.htm [consulté le 9 avril 2010], nous traduisons 17 KARLÍK Petr, NEKULA Marek, PLESKALOVÁ Jana, Encyklopedický slovnìk češtiny, Praha, Lidové noviny, 2002, p. 81, nous traduisons. 15
28
« ì/ý » écrit à la place de « é » qui est plutôt littéraire ou ancien p. e. : z boháčský ulice, nic jinýho, nový manželce « ej » écrit au lieu de « ý » qui est soutenu (ces variantes donnent l’impression d’être plus expressives) p. ex. : nějakej složitej formulář, prej to nejhoršì, musela bejt l’unification des terminaisons de l’instrumental au pluriel par « -ma » p. ex.: s Barbìnama, narvanej baterkama, feministickýma kecama « u » à la place de « i » à la première personne au singulier p. ex. : pracuju, nestěžuju, vzbuzuju, zakazuju abréviation des désinences du verbe « -jì » -> « -j » p. ex. : maj, rozplývaj, schovávaj, musej, nemaj
II.3 Analyse lexicographique : dictionnaires utilisés À
cause
du
fait
que
notre
travail
exige
beaucoup
de
travail
avec des dictionnaires, nous avons décidé de mentionner les dictionnaires utilisés avec leurs abréviations que nous allons utiliser dans notre analyse. Ces abréviations assurent la meilleure clarté de ce travail et elles permettront la meilleure orientation pour les lecteurs de ce travail. Tableau nº 1 : Dictionnaires utilisés et leurs abréviations Titre
Abréviation
Bien ou quoi ?, La langue des jeunes à Vitry-sur-Seine
BOQ
Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités
CTT
Dictionnaire de la Zone
DZ
Le Nouveau Petit Robert
NPR
Pas de blème!
PDB
29
Le dictionnaire Bien ou quoi est un annexe au recueil des textes rédigés par les jeunes dans un atelier d’écriture à Vitry-sur-Seine et traite, comme son sous-titre laisse d’ailleurs supposer, principalement l’argot identitaire des jeunes de cette banlieue sud de Paris. En revanche, le dictionnaire Comment tu tchatches ! est un dictionnaire spécialisé, écrit par un linguiste, qui tente de recueillir l’argot commun des jeunes des cités. Le dernier des dictionnaires visant prioritairement la banlieue parisienne est le Dictionnaire de la Zone qui se trouve sur l’Internet et qui, à la différence des autres dictionnaires papier, est régulièrement actualisé. Ce dictionnaire en ligne traite également le sujet de l’argot commun des jeunes des cités, mais il n’est pas conçu par un linguiste comme le CTT. Le dernier dictionnaire purement argotique, Pas de blème!, est un dictionnaire bilingue (français-tchèque) qui contient les argotismes les plus utilisés en France et leurs équivalents tchèques. En somme, les quatre dictionnaires contiennent des lexèmes et des expressions qui sont crées a priori par les jeunes, le plus souvent par les jeunes immigrés qui enrichissent le vocabulaire du français substandard par des nouveaux mots qui s’intègrent peu à peu à l’argot commun des jeunes. Nous nous servons de ces dictionnaires pour une analyse d’un discours oralisé de nos protagonistes vivant en banlieues. En plus, parmi les personnages analysés, il y a deux adolescents qui utilisent abondamment les mots ou les expressions qui sont repertoriés dans ces dictionnaires. En ce qui concerne le dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, il joue plutôt un rôle comparatif dans notre analyse. Nous comparons les expressions substandard avec leurs équivalents
soutenus.
La
présence
ou
l’absence
des
items
analysés
dans ces dictionnaires nous permettra de préciser les valeurs stylistiques nécessaires à une traduction appropriée.
II.4 Analyse socio-linguistique : caractéristique des personnages Pour notre analyse stylistique, nous avons dressé un tableau à 4 colonnes comportant des renseignements importants pour la comparaison de la variation langagière des personnages. Ce tableau contient les informations qui se rapportent au sexe, à l’âge, au domicile, à l’origine et à la profession. L’âge reste approximatif parce qu’excepté l’âge exact de Joël, les autres personnages ne le disent pas explicitement. Pourtant, grâce au contexte, nous pouvons le deviner.
30
Tableau nº 2 : Caractéristiques fondamentales des personnages analysés nom
Joël
Tanièl
Magalie
Yéva
sexe
masculin
masculin
féminin
féminin
18
17
5019
âge approxim. 6218 origine
française
arménienne
française
arménienne
profession
appartement
sans prof.20
lycéenne
secrétaire
domicile
pavillon
pavillon
villa21
pavillon
Nous avons décidé de citer ces renseignements ci-dessus parce que ce sont les variables socio-linguistiques très importantes pour notre analyse socio-linguistique, basée sur trois oppositions langagières, qui influencent la manière de parler. La première opposition est basée sur la comparaison du langage d’un homme et d’une femme. Nous voulons découvrir les différences de l’expressivité et du lexique utilisé dans les discours de ces deux personnages. Le but de la deuxième opposition est principalement de décrire la langue des jeunes ainsi que montrer les procédés par lesquels les jeunes innovent le vocabulaire et enrichissent le lexique des nouveaux mots. L’observation de l’influence des liens familiaux sur la façon de parler, c’est le sujet de la troisième opposition. Nous allons observer principalement si la manière de s’exprimer d’un membre influence l’autre membre. Notre observation sera principalement orientée vers le niveau de lexique.
18
Ce personnage est mort, mais dans ce livre ses monologues sont prononcés d’outre-tombe juste après son assassinat. 19 Nous avons déterminé l’âge approximatif de ce personnage selon le fait qu’il a deux enfants presqu’adultes. 20 Nous avons décidé d’écrire dans cette colonne qu’il est sans profession parce qu’il a été expulsé d’un lycée. 21 Elle vient d’une famille très riche et même si son domicile n’est pas mentionné dans le livre, nous nous sommes décidée à l’indiquer. Selon le contexte ce n’est pas difficile de déterminer son domicile.
31
II.5 Oppositions Nous allons mutuellement comparer le langage de ces quatre personnages. Par ces comparaisons nous voulons montrer les différences qui sont apparentes dans le langage de ces personnages et les changements langagiers qui s’effectuent dans leurs discours. Dans ces oppositions, nous essayerons de nous orienter à 3 niveaux : le niveau de syntaxe, de lexique et de phonologie.
II.5.1 Joël vs Yéva Or, le langage de ces deux personnages n’est pas trop similaire, nous avons décidé d’analyser les langages de ces personnages individuellement. Puis, à la fin de ce chapitre, nous mentionnerons les traits de leur langage de qui sont communs ou opposés parce que dans la plupart des cas, leur langage diffère. Nous pouvons constater que les générations de ces deux personnages sont très proches, tous les deux personnages sont un peu âgés.
II.5.1.1 Joël Joël a perdu son père quand il était assez jeune. Après il a grandi avec son oncle. Nous pouvons saisir du contexte que son enfance était ni facile ni heureuse. D’après nous, c’est un des grands facteurs qui a influencé sa nature et sa façon de s’exprimer. Le ton de son discours est froid plutôt ignorant. Cet effet est fortement crée par l’utilisation des phrases simples et très courtes qui donnent l’impression du désintérêt, de la supériorité, de l’indifférence ainsi qu’ils donnent du caractère dynamique de son discours. Le ton ignorant et indifférent est souligné par l’utilisation des expressions et des mots très durs. Par exemple : Claquer, v. tr. -> mourir, FAM. Puis à son tour, il a claqué. - Pak přišla řada i na něj, natáhl bačkory. Crever, v. intr. -> mourir FAM. [...] et les vieillards qui crèvent de chaleur - [...] starouše, co zkapávajì ve vedrech.
32
Chialer, v. intr. -> pleurer FAM. C’est pas pour faire chialer que je raconte ça, [...] - Neřìkám to, abyste se nad tìm rozfňukali, [...] Les termes cités comme les exemples appartiennent au groupe des mots familiers. Nous pouvons constater qu’en ce qui concerne globalement le niveau de lexique, ce personnage utilise les mots qui ne sont pas trop émotivement teintés. L’utilisation des expressions qui comportent la marque « FAM. » dans le NPR contribue à un constat qu’il parle la langue familière. « Langage familier est le langage courant de la conversation »22. En ce qui concerne l’orthographe, son discours ne contient pas des fautes, il n’y a pas de trucages d’orthographe. Puisque c’est un énoncé transcrit, nous pouvons noter l’utilisation fréquente de mot « ça ». Ce mot a la valeur d’un pronom, il est familier et très courant dans l’oral. Ce personnage l’a utilisé onze fois dans l’extrait traduit. Une fois, il a la valeur de répétition. Nous pouvons voir que « ça » remplace les surnoms de ce personnage : Ici, tout le monde me connaît. Jojo ou « Patinoire » pour les habitués. On me surnomme comme ça [...] Tady mě každý zná. Pro mìstnì jsem byl Jojo nebo „Kluziště“. Tuhle přezdìvku jsem dostal [...] Au niveau de syntaxe, nous pouvons voir que dans l’extrait traduit, il y a quatre fois l’omission du pronom « il ». Remarquez que c’est toujours « il » impersonnel : À les écouter, _ faudrait s’émouvoir du moindre enfant violé. Když je tak poslouchám, tak by člověka mělo dojmout úplně každé znásilněné dìtě. [...] parce qu’à l’adolescence, _ fallait voir la tignasse. [...] protože ještě během dospìvánì jsem mìval na hlavně bujnou kštici. Elle vit avec trois hommes et _ n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Žije se třemi muži - jeden většì budižkničemu než druhý.
22
BAUCHE Henri, Langage populaire, Paris, Payot, 1920, pp. 18-21.
33
Et encore, _ faut avoir de l’imagination. A to si ještě musìm sakramentsky vymýšlet. La traduction de cette omission n’était pas difficile parce que la langue tchèque ne doit pas obligatoirement utiliser les pronoms personnels et par conséquent l’omission des pronoms est très fréquente aussi dans le tchèque soutenu. En ce qui concerne la négation, dans la plupart des cas, ce personnage utilise la particule négative « ne », mais sept fois il l’a omise. Il est intéressant que ce soit toujours formules stéréotypées, c’est-à-dire dans les phrases qui commencent par exemple par « c’est » ou « il y a ». Dans ces constructions, il omet toujours la particule négative « ne ». Les autres constructions négatives contiennent toutes les deux particules négatives.
II.5.1.2 Yéva Yéva vient d’Arménie, depuis sa venue en France, elle vit dans la banlieue parisienne. Quand nous lisons entre les lignes, nous pouvons apprendre que sa vie n’était pas facile. Comme nous l’avons déjà mentionné, elle a deux fils; l’un est un peu handicapé et l’autre est à problèmes; et un mari qui est joueur. Elle est toute seule à tout faire, elle se conduit d’une manière un peu masculine. Tout cela se manifeste dans son discours. Elle s’exprime d’une façon très vulgaire. Nous pouvons la considérer comme la personne vulgaire. Ces personnes s’expriment particulièrement. « Leur façon de parler est particulière en ce sens qu’elles se font remarquer non pas tant par leurs fautes de français proprement dites, que par un ensemble de tournures, [...] qui n’appartiennent pas au langage habituel [...] »23 . Ici, il faut citer les exemples de quelques tournures qui sont très fortes : [...] je lui aurais bien fichu les pions dans le cul. [...] že bych mu nejradši ty figurky narvala do prdele. [...] j’ai décidé de fermer mes cuisses à double tour. [...] že mu nějakou dobu nedám.
23
BAUCHE Henri, Langage..., op. cit., p. 22
34
Quand nous parlons du niveau de lexique, nous devons constater qu’elle utilise beaucoup de mots grossiers et de vulgarismes comme par exemple les mots « le con » et « le cul », ce sont deux mots qu’elle utilise le plus. À cause de cette raison, nous pouvons considérer son comportement comme étant masculin, car ces expressions vulgaires et grossières sont plus typiques pour les hommes. À l’exception des mots vulgaires, ce personnage parle d’une façon très familière. Nous avons fait une petite statistique en ce qui concerne le lexique sub-standard de ce personnage et nous avons appris que dans sa confession relativement courte, il a utilisé à peu près une centaine des mots sub-standard dont la majorité, ce sont des mots familier qui ont la marque lexicographique « FAM.». Le tableau suivant montre quelques mots sub-standard avec les marques qui ont été utilisés par ce personnage. Nous mentionnons leurs équivalents dans le langage soutenu selon le dictionnaire « Le Nouveau Petite Robert » (NPR) et les équivalent tchèques selon le dictionnaire argotique « Pas de blème » (PDB). Tableau nº 3 : Mots sub-standard avec les marques lexicographiques et les équivalents tchèques Mots sub-standard foutre /FAM./ taper /FAM./
Équivalents soutenus
Équivalents tchèques
(NPR)
(PDB)
mettre emprunter de l’argent à qqn
mrdnout, mrsknout, hodit, vrznout, fiknout pumpnout koho o co
aller sans but ou rester
poflakovat se, flákat se,
longtemps
zevlit, zevlovat
pute /PÉJ. et VULG./
prostituée
kurva, děvka
merde /VULG./
matière fécale
hovno, sračka
traîner /PÉJ. /
Au niveau de lexique, nous pouvons aussi observer qu’elle utilise souvent le verbe « taper ». Ce verbe a beaucoup de significations. Nous ne pouvons pas trouver toutes les significations dans le dictionnaire, elles justement résultent du contexte. C’est phénomène s’appelle « le glissement sémantique ou glissement du sens ». 35
C’est : « un processus général de formation lexicale particulièrement productif en français.»24 Le verbe taper ou se taper peut être dans certain sens transitif, intransitif ainsi que pronominal. Il est intéressant d’observer les cas dans lesquels le personnage utilise ce verbe et les sens que ce verbe peut avoir : Taper, v. intr; v. tr; se taper, v. pron: Si je me tape le RER aux heures [...] -> aller, v. intr. Když už se táhnu vlakem ve špičce [...] J’en ai rien à taper de sa nouvelle femme [...] -> dire, v. tr. Nemám, co bych řekla o nový ženě prezidenta [...] Il se tapait les joues, il chialait. -> battre, v. tr. Propleskával si tváře, hulákal. [...] il aurait tapé tour leur argent de poche. -> emprunter de l’argent à qqn, v. tr. Už by je pumpnul o celý jejich kapesný. Je devais bosser deux fois plus et me taper des heures sup [...] -> prendre, v. tr. Musela jsem makat dvakrát tolik, musela jsem si brát přesčasy [...] En ce qui concerne le niveau de syntaxe, nous pouvons observer un phénomène très intéressant- la négation. Ce personnage n’utilise presque jamais la particule négative « ne ». « La chute de « ne » est l’un des stéréotypes les plus fréquemment soulignés comme signe d’un discours négligé [...] »25 Nous pouvons donc constater que cette omission de « ne » souligne l’effet de la langue parlée et la façon par laquelle ce personnage s’exprime. Nous pensons que la traduction du discours de Yéva en tchèque commun enrichie de quelques vulgarismes, reproduit le mieux sa façon de parler au lecteur tchèque. Quand nous parlons de la syntaxe, nous ne devons pas oublier de mentionner un phénomène très intéressant que nous pouvons voir dans le discours de Yéva. Nous avons remarqué qu’elle utilise souvent les phrases dans lesquelles il n’y pas 24 25
DUBOIS Jean, Dictionnaire de linguistique, Paris, Librairie Larousse, 1973, p. 234. GADET Françoise, Le français ordinaire, Paris, Armand Colin, 1989, p. 127.
36
le verbe. C’est intéressant parce que la phrase typique française a cette structure : sujetverbe-objet (SVO). Dans les exemples suivants, cette structure est troublée par l’omission du verbe : Une fosse, avec un derrière pareil. - Je to jáma, co se podobá jeho prdeli. Pas le repos éternel. - [...] ale ne věčnej odpočinek. Impossible de le bouger de là. - Je nemožný ho odtamtud dostat. Pire qu’un gosse. - Je horšì než děcko. Comme nous pouvons voir dans la traduction tchèque, il est impossible de maintenir la même structure de phrase. Nous avons dû utiliser le verbe « être » ou attacher la phrase à la phrase précédente et créer donc la phrase complexe.
II.5.1.3 Opposition nº 1 Quand nous comparons le niveau de lexique de ces deux personnages, nous apprenons que le lexique de Joël est plutôt neutre sans aucunes émotions ce qui est typique pour ce personnage. En revanche, Yéva utilise le vocabulaire qui contient beaucoup de mots familiers (une centaine des mots) et beaucoup de vulgarismes qui soulignent notre affirmation que le langage et le comportement de ce personnage est très masculin. La langue des femmes est caractérisée par l’utilisation des mots comportant les évaluations émotionnelles. En revanche, la langue des hommes est un exemple typique de l’utilisation des mots comme des injures ou des jurons.26
Nous pouvons constater que ce phénomène
est un peu paradoxal parce que si nous ne savions pas à qui appartiennent ces deux discours, nous pourrions supposer que tous les deux discours appartiennent à l’homme. En ce qui concerne le niveau de syntaxe, nous pouvons regarder des traits communs pour tous les deux personnages. C’est par exemple l’utilisation fréquente du mot « ça ». Chaque personnage l’a utilisé plus que dix fois. Le trait différent
26
ČMEJRKOVÁ Světla, « Jazyk pro druhé pohlavì » In : DANEŠ František a kolektiv, Jazyk na přelomu tisìciletì, Praha, Academia, 1997, p. 150, nous traduisons.
37
du discours de ces personnages, c’est la négation. Dans le discours de Yéva, il y a l’omission de « ne » plus fréquente, elle n’utilise pas beaucoup cette particule négative. En revanche, Joël l’utilise presque toujours, il l’a omis seulement trois fois. Tableau nº 4 : Statistique finale de l’opposition nº 1
fréquence de l’omission de « ne » fréquence de l’utilisation du langage sub-standard
Joël
Yéva
3/32 - 9%
7/19 - 32%
37/918 - 4%
124/1574 - 7%
38
II.5.2 Tanièl vs Magalie Dans ce chapitre, nous avons deux adolescents : Tanièl vient de la cité et Magalie y passe la plupart du temps même si elle vient d’une famille riche qui habite dans une villa. Dans cette opposition, nous allons observer principalement l’argot commun des jeunes ainsi que l’argot commun des jeunes des cités qui est très interéssante et qui change sans cesse. Nous allons essayer de montrer les signes généraux de cette langue et de les illustrer par les exemples concrets de notre extrait traduit. Nous nous sommes décidée à diviser ce chapitre en deux parties : Tout d’abord, nous allons parler et décrire les traits communs du langage de ces deux personnages, c’est-à-dire, de la langue des jeunes où nous commencerons par le plan phonologique, puis nous allons mentionner le plan lexical concernant les procédés de la création et l’utilisation des mots et enfin nous décrirons la structure de la phrase en ce qui concerne le niveau de syntaxe. Ensuite, dans la deuxième partie de ce chapitre, nous voudrions parler spécialement du langage de Magalie dans lequel nous trouvons des traits uniques qui diffèrent du langage de tous les personnages de ce livre de Faïza Guène.
II.5.2.1 Traits communs de la langue des jeunes Quand nous observons le niveau de phonologie du discours de ces deux jeunes personnages, nous pouvons voir un phénomène interéssant qui s’appelle le trucage d’orthographe. C’est « le procédé très répandu qui consiste à mettre une apostrophe pour signaler qu’une voyelle ou une consonne graphique, habituellement prononcée, est absente. »27 Ce phénomène apparaît très souvent dans la langue des jeunes comme les exemples suivants illustrent : J’t’emmerde! - Seru na tebe, [...] Là, si t’as passé cette phrase, t’es le roi du pétrole. - Tam jestli použiješ TU větu, tak budeš skórovat. T’as eu du bol [...] - Měl´s, kliku [...]
27
BLANCHE-BENVENISTE Claire, Approches de la langue parlée en français, Paris, Orphys, 2000, p. 30.
39
J’vais finir par sortir mon fusil et en coller j’le buterai et toi avec! - Jinak se naštvu a vytáhnu pistol odprásknu ho a tebe taky La langue tchèque ne contient pas les éléments similaires et c’est pourquoi nous avons traduit ces trucages par le tchèque commun qui saisit le mieux le caractère parlé du texte original. À cause du fait que dans notre travail, il s’agit de l’analyse de l’écrit, nous ne pouvons pas observer les autres éléments concernant le niveau de phonologie comme par exemple : la prononciation, le rythme ou l’intonation et l’accentuation. Au niveau de phonologie se rapporte un processus au niveau lexicale qui influence la prononciation, c’est le verlan. C’est un processus qui est utilisé et préféré par des jeunes pour s’amuser. Nous pouvons dire que le verlan est un jeu des mots dont le principe est simple - les syllabes d’un mot doivent être dits ou écrits à l’envers. Dans le livre de Faïza Guène, nous pouvons trouver les mots verlanisés. Nous voudrions montrer le procès de la verlanisation selon le dictionnaire de Pierre Goudaillier « Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités »28: femme (žena) [fam] > [famø] > [møfa] > [mœf] > meuf (ženská, baba, holka) fou (blázen) [fu] > [uf] > ouf (blázen, magor) haschisch (hašiš) > [aʃiʃ] > [ʃiʃa] > [ʃiʃõ] > chichon (haš, hašiš, shit) louche (pochybný, podezřelý) > [luʃ] > [luʃø] > [ʃølu] > chelou (divnej, pochybnej) lourd (těžký, tvrdý) > [luʁ] > [luʁø] > [ʁølu] > relou (otravnej, sracì, nudnej, těžkej) bête (hloupý, pitomý, blbý) > [bɛt] > [bɛtø] > [tøbe] > teubé (blbej, vyhrabanej)
Dans le premier cas, il s’agit de la verlanisation avec l’apocope, dans le deuxième
cas,
nous
parlons
de
la
verlanisation
monolosyllabique
et dans le troisième cas nous pouvons observer la verlanisation par resuffixation argotique après la troncation. Ces exemples, ce sont les procédés argotiques que les jeunes préfèrent, nous pouvons les voir par exemple dans le langage de SMS 28
GOUDAILLIER Pierre, Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001
40
ou dans le hip-hop. Nous pouvons constater que le verlan est une façon de la formation des mots argotiques le plus typique. Il existe beaucoup d’exemples de la verlanisation, mais nous citons seulement ceux que nous pouvons trouver dans le livre de Faïza Guène. Comme nous pouvons voir, le processus de la verlanisation est assez facile et c’est peut-être pourquoi il est tellement préféré parmi les jeunes. Dans la langue tchèque, il n’y aucun moyen qui ressemble au verlan, il a y donc le problème avec la traduction. Le traducteur doit décider comment traduire une expression en tchèque. Pendant la traduction, nous devons observer les deux qualités du texte traduit : La qualité sémantique qui porte les deux informations principales (dénotative et connotative). Dans le cas de la verlanisation du mot par exemple
« femme »
il faut garder
pendant
la
traduction
principalement
la connotation (ţena -> holka, baba, ţenská). La qualité pragmatique
est basée
sur la relation entre l’expression et les locuteurs. Dans ce cas, le traducteur doit convenablement adapter l’expression au contexte de la langue dans laquelle il traduit. Dans notre cas, cela signifie adapter la traduction à la langue des jeunes tchèques. En somme, la traduction doit donner la même impression que l’originel ce que, dans notre cas, assure l’utilisation du tchèque commun (p.ex. les désinences -ej). En ce qui concerne le lexique des jeunes, il est très nombreux. Les jeunes jouent avec les mots et ils créent de nouveaux mots. À l’exception du verlan qui a été déjà mentionné, il y les autres procédés comment ils créent les mots. Nous pouvons trouver quelques-uns dans les discours de nos deux adolescents : la troncation, la métaphore, la métonymie, le glissement sémantique et les emprunts. Premièrement
nous
allons
présenter
et
caractériser
ces
procédés
et puis nous montrerons le tableau d’ensemble avec les exemples pour illustrer. Un procédé où nous abrégeons un mot polysyllabique s’appelle la troncation. Nous distinguons deux types de la troncation : l’apocope et l’aphérèse. Dans le livre de Faïza Guène, nous pouvons trouver seulement le premier type de troncation, c’est-àdire l’apocope. C’est un processus où nous abrégeons le mot polysyllabique par l’effacement d’une ou plusieurs syllabes à la fin du mot. Les procédés concernant le sens des mots, que nous pouvons trouver dans ce livre, ce sont : le glissement sémantique, la métaphore et la métonymie. Quand nous avons le mot dont le sens peut être très variable, nous parlons du glissement sémantique. La métaphore et la métonymie, ce sont deux phénomènes qui sont très souvent confondues. La métaphore est une transmission du sens sur la base 41
de la ressemblance extérieure et implicite concernant par exemple la forme, la couleur, la fonction et cætera. En revanche, la métonymie est un procès de la transmission du sens sur la base de contiguïté intérieure. Tableau nº 5 : Procédés de création des mots de notre extrait avec marquage lexicographique selon NPR apocope télé - télévision /FAM./
glissement séman. s’en taper s’en moquer /FAM./
intello - intellectuel
se taper de délires
/ABRÉV. FAM.,
- se divertir, faire
PÉJ./
la fête
toxico - toxicomane /ABRÉV. FAM. /
métaphore tronche - tête /FAM./
métonymie jouer au flipper jouer au billard /ANGLIC./ brancher -
coincé - bloqué,
intéresser
immobilisé
/FAM./
faire les poches taper - aller
voler
choper - attraper
/FAM./
Un autre élément que nous pouvons observer dans la langue des jeunes, c’est l’utilisation des emprunts. C’est un processus de la reprise en adaptant des éléments d’autres langues. Parfois, les emprunts peuvent être nécessaires parce qu’ils n’ont pas l’équivalent français, parfois, les synonymes français déjà existent et les emprunts sont utilisés de façon redondante, seulement pour élargir et innover le vocabulaire argotique. « Emprunt est le phénomène socio-linguistique le plus important dans tous les contacts de langues, c’est-à-dire d’une manière générale toutes les fois qu’il existe un individu apte à se servir totalement ou partiellement de deux parlers différents. »29 À l’époque de globalisation, nous pouvons voir l’utilisation massive des anglicismes dont nous allons parler plus tard. La langue des jeunes Français est dans une grande mesure influencée par le phénomène de l’immigration en France qui s’est massivement propagée au cours du XXe siècle. Depuis cette époque-là, la France est devenue le pays d’accueil pour les immigrés venus principalement des pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), de l’Afrique subsaharienne 29
DUBOIS Jean, Dictionnaire de linguistique, Paris, Librairie Larousse, 1973, p. 188.
42
et notamment des pays asiatiques. Nombreux immigrés vivent dans les banlieues des grandes villes où ils créent une sorte du communautarisme. Ici même, un langage spécifique (l’argot commun des jeunes de cités), qui mêle l’argot français classique avec les mots arabes, naît. Puis, ce langage se répand et il alimente l’argot commun des jeunes. Faïza Guène, comme l’écrivain qui habite aussi dans la banlieue parisienne, aide par ses livres à la diffusion de l’argot commun des jeunes des cités et à son intégration dans l’argot commun des jeunes. Ces emprunts sont qualifiés « propres » parce qu’il s’agit des mots (emprunts) qui sont repris d’une autre langue, dans notre cas de l’arabe. Puisque nous savons que Faïza Guène est d’origine algérienne et elle habite la banlieue parisienne, nous pouvons supposer que l’utilisation des arabismes est intentionnelle car l’auteure se sent algérienne malgré sa naissance en France. Dans ce roman, nous pouvons encore trouver un autre type de l’emprunt qui est qualifié « d’impropre ». Ce sont des mots qui proviennent du vieil argot français. Nous avons dressé le tableau des emprunts que nous avons trouvé dans notre extrait traduit. Comme les emprunts propres nous citerons les arabismes : Tableau nº 6 : Emprunts dans le lexique des jeunes lexème bled (NPR) emprunts propres
shit (NPR)
impropres
terrain, pays; lieu, village éloigné, isolé, offrant peu de ressources
chichon (DZ) verlan « haschisch »; haschisch, résine de cannabis kiffer (BOQ)
emprunts
sémantisme
clope (NPR) daron/ne (BOQ)
1. v. intr. aimer prendre son pied 2. v. tr. aimer, être attiré par, prendre son plaisir haschisch cigarette; mégot de cigare, de cigarette père, mère
Les jeunes gens ou les adolescents veulent différer des autres. Un des moyens importants par lesquels ils peuvent être uniques, c’est sans doute leur langue. Comme nous l’avons déjà dit, les jeunes créent de nouveaux mots, ils aussi empruntent les mots des autres langues, mais il y a encore une tendance que nous pouvons observer 43
principalement dans la langue des jeunes - c’est l’utilisation des intensifs. « On appelle intensif une forme linguistique (souvent dérivée) qui donne au sens d’une forme voisine une intensité plus forte qui le porte à un degré élevé. »30 Un des traits typiques de la langue des jeunes est le besoin d’être expressif; à l’époque de la puberté ou vers l’adolescence les jeunes ont tendance de peindre tous sous les couleurs vives, d’augmenter l’expressivité de leur renseignement et pour cela ils utilisent abondamment des intensifs. Cette tendance est aussi apparente dans les autres langues des jeunes, même dans le tchèque et c’est pourquoi la traduction des intensifs est un travail varié parce que toutes les deux langues évoluent sans cesse et de nouveaux intensifs se forment tous les jours. Pour être plus illustrative, nous nous sommes décidée à citer quelques exemples qui se trouvent aussi dans le livre de Faïza Guène, non seulement dans l’extrait traduit. Nous supposons que grâce à la globalisation, il existe des intensificateurs qui sont pareils ou un peu modifié (par exemple phonétiquement) dans toutes les langues, ce sont par exemple : hyper, super ou extra. Nous pouvons constater que ce sont des mots ou des préfixes
provenant du latin ou du grec qui ont été utilisés
originellement dans le domaine de chimie et de physique; ils sont maintenant employés dans le discours courant dans beaucoup de langues. Grâce à la langue des jeunes, ils ont été diffusés même hors ces domaines. Les intensifs peuvent avoir de différentes formes : la première forme a été déjà mentionnée, ce sont les mots ou les préfixes qui viennent du latin ou du grec que nous pouvons appeler les internationaux (hyper, super, méga, etc.) Même si nous l’appelons internationaux, dans la traduction, nous avons utilisé les équivalents tchèques que nous trouvons plus convenables pour souligner l’ambiance du discours des adolescents. Elle met des jupes super courtes. - Nosì fakt megakrátký sukně. Ils trouvaient ça super de vivre ici. - Přišlo jim super tady žìt. [...] elle a l’air hyper vénère. (p. 78) - [...] vypadala nejvíc nasraně. [...] ça faisait hyper bizarre de le voir en position debout. (p. 89) - [...] bylo hafo divný vidět ho taky jednou stát. En plus, les colonies pour les handicapés, c’est des trucs super bien. (p. 80) Krom toho ještě tábory pro postižený, to jsou fakt hustý vychytávky. 30
MOUNIN Georges, Dictionnaire de la linguistique, Paris, Presses universitaires de France, 1974, p. 180.
44
C’était méga lourd. (p. 144) - Bylo to megatěžký. Une autre forme de l’intensif, ce sont des adverbes qui sont typiques et utilisés le plus souvent (bien, beaucoup, trop, assez, vachement, etc.) : Mais, dans ma famille, on les aime pas beaucoup. - Ale v našì rodině je moc rádi nemaj, [...] Je l’aurais bien marbré ce jour-là, [...] - Ten den bych ho nejradši zmlátil, [...] Maman, elle est complètement à l’ouest. - No jo, máma uţ je totálně za zenitem. Il aime trop se moquer des gens. - Hrozně rád si dělá srandu z ostatnìch. D’après le livre de Françoise Gadet « La variation sociale en français », dans la langue des jeunes, il y a un trait typique pour la langue des jeunes que nous pouvons classer dans ce chapitre parce qu’il se rapporte aux mots qui peuvent être compris comme les intensifs - c’est le changement de la catégorie grammaticale, par exemple des adjectifs (le plus souvent : sérieux et grave). Ici, nous pouvons observer que l’adjectif a changé son catégorie et, dans ce contexte, il est pris pour l’adverbe. : Sérieux, ils sont restés coincés en 1970 les pauvres. - No vážně, ty chudáčci zůstali bloklý v roce 1970. Sérieux, elle déchire grave. (p. 80) - No vážně, jsou fakt dost hustý. Ça me saoule grave. (p. 106) - To mě fakt sere. Dans l’extrait traduit, nous pouvons trouver encore une forme qui aide à augmenter l’intensité, c’est l’utilisation des adjectifs numéraux multiplicatifs. L’utilisation d’un nombre concret aide le lecteur à mieux comprendre la mesure ou le degré de l’intensité : [...] la daronne est dix fois plus timbrée que lui. - [...] matka je stokrát střelenějšì než on. [...] mais après c’est devenu mille fois pire (p. 78) - ale po tomhle to je ještě tisíckrát horšì.
45
Si nous observons le niveau de syntaxe, nous pouvons trouver un phénomène commun avec les deux personnages, Joël et Yéva, analysés précédemment, c’est l’omission de « il impersonnel » dans la phrase, mais il y a une différence parce que dans le discours de Joël et de Yéva, « il impersonnel » est omis seulement dans quelques cas alors que dans le discours de ces deux adolescents, il est toujours omis. Car, il s’agit de « il impersonnel », nous pouvons trouver son omission principalement dans les constructions « il y a » ou « il faut » : [...] mais _ y a bien des femmes libres qui s’habillent normalement ? - Ale copak neexistujou svobodný ženský, co se oblìkaj normálně? _ Faut pas se fier aux apparences, [...] - Ale vzhled nehraje vůbec žádnou roli, [...] _ Y a quelqu’un ? - Je tam někdo? Quand nous parlons de l’omission, il faut aussi mentionner un trait typique pour le langage des jeunes - l’omission de la particule négative « ne » qui était utilisée dans le discours de Magalie seulement deux fois et dans le discours de Tanièl, elle était omise totalement. Au
niveau
de
syntaxe,
concernant
la
phrase,
nous
pouvons
voir
quelques structures et phénomènes intéressants parce que la spécificité de la langue des jeunes n’est pas caractérisée seulement par le lexique, mais aussi par la grammaire et la syntaxe. Puisque les jeunes tâchent de faire leur language spécifique, nous pouvons regarder qu’ils utilisent aussi les schémas qui sont très réguliers comme par exemple : le schéma qui a une structure : « nom, prénom ». C’est un schéma régulier où la phrase commence par un substantif, un adjectif ou un nom et après la virgule, il y a un pronom qui remplace le nom du début de la phrase : Ali, il lit des livres [...] - Ali totiž čte knìžky. Ma daronne, elle déteste Ali [...] - Moje matka, no tak ta Aliho nesnášì. La mienne, elle ferait jamais ça [...] - Ta moje, ta by nikdy nic takovýho neudělala. Mon frère aussi, il en peut plus. - I můj brácha už toho má dost. La pauvre, elle croit que c’est une fille bien. - Ta chudinka si myslì, že je to hodná holka.
46
Comme nous pouvons voir, la traduction de ce schéma peut être très variable, nous pouvons utiliser le même schéma qu’en français, en revanche, nous pouvons aussi utiliser les autres tournures. Dans l’extrait traduit, nous pouvons aussi observer une modulation de ce schéma. C’est la modulation où le pronom est au début de la phrase et le nom ou le substantif se trouvent juste à la fin de la phrase. Ce schéma n’est pas tant typique que le schéma précédent et nous pouvons le voir principalement dans la langue de nos jeunes personnages : Je suis arménien moi. - Zkrátka a dobře jsem Armén [...] Elle est flinguée cette femme. - Je to střelená ženská. [...] elle est vraiment vulgaire ma daronne. - [...] moje matka je fakt až takhle sprostá. Elle se prend pour Cindy Crawford la pauvre. - Ta chudinka si o sobě myslì, že je Cindy Crawford. Un autre phénomène que nous trouvons intéressant, ce sont des constructions avec « c’est ». Nous pouvons dire que cette formule, dans ce cas, joue un rôle du présentatif. Elle a seulement deux formes « c’est » et « ce sont » (dans notre cas, les personnages
n’ont
utilisé
que
la
formule
« c’est »).
Nous
supposons
que cette formule sert d’une incise parce que les phrases font sens même sans le pronom « ce »; elle est donc redondante. Nous pensons que cette formule souligne le caractère de la langue parlée. Ce caractère est très souvent intensifié par le mot « ça ». Nous pouvons voir la structure semblable aux exemples précédents : Mon nom, c’est Tanièl [...] - Jmenuju se Taniel [...] [...] mais ça, c’est tout le monde. - [...] ale takový jsou přece všichni. C’est vraiment un gros raciste mon père. - Můj táta je fakt velkej rasista. C’est démodé le racisme que je sache. - Co vìm, tak rasismus už dávno vyšel z módy. La rupture de la structure classique de la phrase est un phénomène visible dans la langue des jeunes où les adolescentes se jouent de la position du verbe et du sujet. La phrase devient à cause du jeu de l’ordre des mots complètement différente et ce phénomène commence à se diffuser dans le langage des autres générations qui le prennent comme la tendance de mode. 47
II.5.2.2 Magalie Comme nous l’avons avisé au début de ce chapitre, nous allons montrer les traits uniques qui ne se trouvent que dans le langage de ce personnage. Nous savons du discours de Tanièl que Magalie est « la petite blonde de la rue des Acacias ». C’est une rue qui voisine à la riche Avenue des Champs-Élysées, c’est donc ce fait qui nous
conforte
dans
l’affirmation
que
Magalie
vient
d’une
famille
riche.
Nous mentionnons de nouveau ces renseignements parce que même l’origine de famille influence la façon de parler. L’utilisation des emprunts, surtout des anglicismes, est, grâce à la globalisation, un phénomène fréquent dans toutes les langues des pays développés. Il y a des emprunts nécessaires
qui
n’ont
pas
d’équivalents
en
français,
mais
en
revanche,
il y a des emprunts de luxe, comme par exemple des anglicismes, dont nous voulons parler, qui ont les synonymes en français et malgré les tendances puristes de défendre de la langue nationale, leur utilisation augmente sans cesse. Comme nous pouvons voir dans l’extrait traduit et aussi dans tout le livre, Magalie utilise abondamment des anglicismes dans son discours. Ce phénomène est le principal trait du français branché. Le dictionnaire Le Nouveau Petit Robert définit le terme branché comme « au courant de tout ce qui est dans le vent, à la mode »31 mais ce terme est plutôt lié à une classe sociale, passionné par sa profession au haut poste, des bourgeois-bohèmes qui sont apparus aux États-Unis à la fin du XXe siècle. « [...] les membres de cette nouvelle élite ont conservé dans leur façon de vivre certaines caractéristiques de leur vie de bohème d’autrefois [...] »32 L’utilisation du français branché était donc principalement l’affaire des riches classes sociales mais aujourd’hui, elle devient la partie importante de l’argot des jeunes et elle est aussi utilisée par beaucoup de Français. « [...] pour les Français, le fait d’insérer ces mots de jargon anglais dans la conversation va devenir branché. [...] Ceux qu’on peut catégoriser comme « branchés » empruntent également à l’argot commun des jeunes ainsi qu’au français contemporain des cités.»33 Nous savons que Magalie vient d’une famille, nous pouvons dire, bourgeoise, mais elle passe la plupart de son temps avec les jeunes de cité, c’est-à-dire que ce sont principalement ces deux facteurs qui influencent sa façon de parler. 31
Paris, 2007, Le Robert, p. 295. FIÉVET Anne-Caroline, « Propositions pour un dictionnaire du français branché » In : Actes du XXXe colloque de la SILF, 18-21 octobre 2006, Nicosie-Larnaca, Université de Chypre, à paraître. 33 Ibid. 32
48
Pour illustrer ce qui a été dit, nous citons les exemples de l’extrait traduit, mais aussi du livre : Je veux die. - Já chci prostě zdechnout. Whatever, je m’en tape. - Whatever, je mi to fuk. C’est un vrai looser ce mec. (p. 106) - Ten chlap je fakt lůzr/losser. Franchement, il a une life i-nin-té-re-ssante [...]. (p. 106) - No prostě má ne-za-jì-ma-vej lajf/life. La traduction de ces anglicismes en tchèque n’est pas facile. Ces mots sont connus en tchèque, mais ils ne peuvent pas être utilisés dans le même contexte qu’en français. Quelques mots en tchèque peuvent ou non être adaptés phonétiquement, nous citons les deux possibilités. Un autre phénomène intéressant que nous pouvons observer dans le langage de Magalie, c’est utilisation des abréviations et des sigles ce qui est typique pour la langue
des
jeunes.
Nous
pouvons
l’appeler
« le
langage
SMS »
parce que ce type du langage est plutôt typique pour la langue écrite. Nous pouvons le voir surtout dans les SMS et les tchats sur l’Internet qui aident le plus à diffuser cette forme de la langue. « Le langage SMS tend à appliquer un des grands principes du fonctionnement du langage [...] qui consiste à communiquer le mieux - et souvent le plus vite [...] »34 C’est un langage spéciale qui se joue surtout avec la phonétique et l’orthographe de la langue. À l’aide du dictionnaire « Pas de blème » (PDB) nous avons dressé le tableau où se trouvent les sigles et les abréviations qui ont été utilisé par Magalie, leurs sens et leurs traductions tchèques.
34
FAIRON Cédrick, KLEIN Jean René, PAUMIER Sébastien, SMS pour la science, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2006, p. 5.
49
Tableau nº 7 : Langage SMS dans le discours de Magalie abréviation ou sigle
sens (PDB)
traduction tchèque (PDB)
dsl
désolé
promiň, sorry, sry
expldr
explosé de rire
řvu smìchy, rofl rofl
lol35
lot of laugh
hodně se směju
mdr
mort de rire
lol, hodně se směju
ptdr
par terre de rire, pété de rire
valìm/řvu se smìchy, rofl rofl
Dans le livre de Faïza Guène, nous pouvons aussi trouver un exemple d’un texte écrit par ce langage SMS. Pour des gens, par exemple pour les étrangers, qui ne maîtrisent pas assez bien la langue par laquelle le texte est écrit, peut être difficile de s’orienter et de comprendre cette forme langagière. Pour comparaison, nous citons un texte dans la forme « SMS » et aussi dans la forme transcrite : Langage SMS C mor entr nou2, tu mé tro2 plan galR, chui pa ta put1, mar 2 t’attdr, à par lé parking, tu coné Ri1, trouv toa lotr pigon. PS : G 1 gro retar 2 règl... tu 2vré t1kiété. Jvé o Balto ce swar. Rejw1 moa. Nvl 1portante. (p.110) Forme transcrite C’est mort entre nous deux, tu mets trop de plans galères, je suis pas ta putain, ( j'en ai) marre de t'attendre, à part les parkings tu connais rien, trouve toi l’autre pigeon PS : J’ai un gros retard de regle... tu devrais t’inquiéter. Je vais au Balto ce soir. Rejoinsmoi. Nouvelle importante.
II.5.2.3 Opposition nº 2 Car, dans cette opposition, nous avons observé deux adolescents, nous pouvons voir que, dans la plupart des cas, leur langage est presque semblable. Ils utilisent les mêmes procédés pour la création des nouveaux mots (p.e. verlan, apocope, métaphore, emprunts, etc.). Un autre trait commun de ces personnages, concernant la syntaxe, c’est sont des structures de la phrase particulières. 35
C’est le sigle que ce personnage utilise le plus.
50
Malgré le fait que la langue de ces deux personnages est presque semblable, dans le discours de Magalie, nous pouvons voir les différences marquées. À la différence de Tanièl, elle utilise beaucoup d’anglicismes pour souligner le fait qu’elle vient d’une famille riche, nous pouvons dire bourgeoise. Le langage de Magalie est aussi marqué par un phénomène typique pour la langue des jeunes, que nous ne pouvons pas trouver dans le discours de Tanièl, c’est l’utilisation du langage SMS.
51
II.5.3 Yéva vs Tanièl Dans cette opposition, nous allons nous occuper principalement du lexique de ces deux personnages parce que les choses importantes concernant le niveau de phonologie et de syntaxe ont été mentionnées dans les chapitres précédents. Comme nous savons du contexte, ces deux personnages sont de même famille, ce sont la mère et son fils. Nous pouvons deviner du contexte que la relation entre ces deux personnages n’est pas idéale, Yéva appelle son fils « bon à rien » ou « sac à merde » et Tanièl pense que sa mère est « vraiment vulgaire » et « timbrée ». En ce qui concerne les différences dans le langage de Yéva et Tanièl, nous pouvons constater que Yéva est, malgré son âge et son sexe, beaucoup plus vulgaire que Tanièl et son discours à elle donne l’impression d’appartenir plutôt à un homme qu’une femme. Bien que la langue de ces personnages soit dans la plupart des cas différente, nous pouvons y trouver quelques traits communs. Tous les deux personnages utilisent abondamment les mots familiers, en plus, dans le langage de Yéva, nous pouvons voir quelques procédés de la création des mots qui sont typiques pour la langue des jeunes comme l’apocope ou les emprunts. Nous supposons que l’usage de ces mots par Yéva est influencé par le fait qu’elle est la mère de l’adolescent. Nous avons dressé un tableau dans lequel nous pouvons trouver ces procédés et leur sémantismes selon le dictionnaire Le Nouveau Petit Robert : Tableau nº 8 : Procédés de la langue des jeunes dans le discours de Yéva procédé apocope
lexème bac heures sup puer
sémantisme (NPR) baccalauréat heures supplémentaires 1. v. intr. sentir très mauvais, exhaler une odeur infecte 2. v. tr. répandre une très mauvaise odeur de
emprunt clope
cigarette; mégot de cigare, de cigarette
Comme nous l’avons déjà dit, la façon de laquelle s’exprime Yéva est très vulgaire. Comme nous savons, l’éducation est aussi un facteur qui influence la façon de parler. Nous pouvons donc voir que Tanièl utilise quelques mots vulgaires comme sa mère, le plus souvent ce sont des mots « le cul » et « le con ».
52
Nous avons parlé de l’utilisation fréquente du verbe « taper » dans le discours de Yéva, mais comme nous pouvons remarquer, Tanièl l’utilise aussi abondamment. Nous nous sommes décidée à citer deux exemples où ce verbe, dans les discours de ces deux personnages, prend le même sens: Taper -> aller, v. intr. Y : Si je me tape le RER aux heures [...] Když už se táhnu vlakem ve špičce [...] T : Fallait que je me tape une demi-heure de train [...] Musel bych se k němu plácat půlhodiny vlakem [...] Taper -> battre, v. tr. Y : Il se tapait les joues, il chialait. Propleskával si tváře, hulákal. T : La dernière fois que j’ai tapé quelqu’un [...] Naposled, co jsem někoho zmlátil [...]
II.5.3.1 Opposition nº 3 Cette opposition a été consacrée à l’observation de l’influence des liens familiaux sur la manière de parler. Nous pouvons voir que la langue de la mère et de son fils est principalement différente. En revanche, nous supposons que Yéva, malgré la mauvaise relation avec son fils, est un peu influencée par son langage parce que dans son discours à elle, il y a des procédés de la création de mots typiques pour la langue des jeunes (apocope, emprunts). D’après nous, Tanièl est influencé par la vulgarité de sa mère et c’est pourquoi il utilise quelques gros mots comme sa mère. Nous pouvons constater que dans ce cas, c’est principalement le niveau de lexique qui a été influencé par les liens familials.
53
II.6 Mini-enquête sur le tchèque commun Pour observer dans quelle mesure notre traduction est acceptable, du point de vue du tchèque commun, pour les lecteurs tchèques, nous avons fait une minienquête. Nous avons demandé à cinq jeunes gens venus principalement de la Moravie et de la Silésie de lire notre traduction et d’évaluer si notre traduction, c’est-à-dire les moyens du tchèque commun utilisés, est acceptable pour eux comme les gens qui viennent des régions où l’on utilise des dialectes. Nous nous rendons compte que la traduction est toujours marquée par le personnage du traducteur. Le but de cette mini-enquête est donc apprendre dans quelle
mesure
notre
origine
(la
Bohême
de
l’Ouest)
est
projetée
dans notre traduction. Pour que notre recherche soit claire, nous avons décidé de dresser le tableau avec les renseignements concernant les caractéristiques de nos enquêtés : Tableau nº 9 : Caractéristiques des enquêtés nom
âge
domicile
origine
autres
Dana
23
Nový Jičìn36
---
depuis 4 ans étudie à Brno
Jindřich
22
Brno (3 ans)
Orlová37
---
Martina
22
Brno
---
---
Pavel
25
Nové Sady38
---
depuis 6 ans étudie à Brno
Veronika
22
Chlumek39 (7 ans)
Trutnov40
depuis 3 ans étudie à Brno
Comme, nous avons un peu d’enquêtés, nous nous sommes décidée à citer leurs opinions. Les enquêtés ont répondu brièvement à la question : « Est-ce que la traduction semble être lisible et acceptable du point de vue du tchèque commun pour vous-même et pour les autres lecteurs de la République tchèque ? »
36
La région moravo-silésienne. Ibid. 38 La région de Vysočina. 39 Ibid. 40 La Bohême du nord-est. 37
54
Résumons et commentons quelques réponses : « Le texte est très intéressant et lisible, j’aimerais lire tout le livre. Le langage de ce texte est intéressant parce que la traduction observe l’identité de la parole de chaque personnage. Le langage de Tanièl me semble un peu typique pour la Bohême de l’Ouest, mais je trouve son langage acceptable. Pour moi, comme pour quelqu’un qui
vient
de
la
Moravie
du
Nord,
le
tchèque
commun
est
acceptable
et il ne me dérange pas. » (Dana)41 Pour que nous puissions faire une synthèse globale, nous avons exigé de nos enquêtés exprimer des opinions globales qui résumeraient toute la traduction et le tchèque commun. Les enquêtés ont observé principalement les désinences des noms et des verbes qui sont les plus marquantes et les plus différentes du tchèque soutenu. « La traduction est lisible et compréhensible. D’après moi, le tchèque de cet extrait ne se distingue pas des autres livres que j’ai lus. Je n’y trouve aucune expression ou comparaison que je ne comprendrais pas. À mon avis, le tchèque de cet extrait est acceptable et compréhensible pour tous les lecteurs de la République tchèque. » (Jindřich)42 Pendant cette mini-enquête, nous avons appris une curiosité intéressante. Presque tous les enquêtés trouvent le discours de Yéva le plus intéressant. Ils pensent que son discours est vraiment très authentique et qu’il leur permet de se faire une idée précise du caractère de Yéva ainsi que de son apparence et son comportement. Ils aussi trouvent son discours le plus amusant.
41
Nous traduisons, la réponse originale : « Text je velice zajìmavý a čtivý, ráda bych si přečetla celou knihu. Jazyk tohoto textu je velice zajìmavý, jelikož je zachována identita mluvnìho projevu každé postavy. Mluva Taniela mi připadá mìrně typická pro západnì Čechy, ale přijde mi přijatelná. Mně, jako někomu, kdo pocházì ze severnì Moravy, obecná čeština přijde přijatelná a nijak mi nevadì. » 42 Nous traduisons, la réponse originale : « Překlad je čtivý a srozumitelný. Češtinou se dle mého názoru nijak nelišì od ostatnìch knih, které jsem četl. Nenacházìm v něm žádný výraz či přirovnánì, kterému bych nerozuměl. Myslìm si, že překlad je srozumitelný a čtivý pro všechny české čtenáře. »
55
« À mon avis, le texte est traduit par la langue, par laquelle parlent tous les jeunes de la République tchèque. Je pense qu’aujourd’hui, il n’y pas beaucoup de différences entre le tchèque et les dialectes moraves et silésiens comme autrefois. Les jeunes viennent étudier aux grandes villes et grâce à cela, leurs langages se mêlent. » (Martina) 43 À l’exception de Jindřich, tous les enquêtés sont étudiants et tous étudient à Brno. Il est donc logique qu’ils rencontrent les jeunes gens qui viennent de diverses régions de la République tchèque ou de divers pays du monde. Les jeunes font connaissance des différentes façons de s’exprimer, des différents dialectes, même des différentes langues et pour eux, ce n’est pas rien de particulier d’entendre le langage
qui
un
peu
différent
du
leur.
C’est
pourquoi
les
différences
parmi les dialectes sont peu à peu effacées. « Je pense qu’à l’exception du langage du premier personnage, le langage des autres personnages est plus proche au langage des gens de la Moravie. En plus, leurs styles de s’exprimer mutuellement s’interpénètrent. Je pense que ce langage appartient au dialecte morave, mais il est compréhensible pour chaque lecteur du Bohême. » (Pavel)44 Pendant la lecture, les enquêtés ont dû souligner les éléments de la langue qu’ils ne trouvent pas convenables ou compréhensibles. Tous les enquêtés n’ont trouvé rien d’incompréhensible, parfois ils ont eu des observations concernant l’ordre des mots. C’était principalement dans les cas de « to je » X « je to », « byla jsem » X « jsem byla » etc. « Selon moi, la traduction est lisible et le langage donne l’impression d’être naturel. L’utilisation du tchèque commun saisit très bien le caractère et la façon de parler de chaque personnage. Dans cette traduction, je ne trouve aucuns traits 43
Nous traduisons, la réponse originale : « Myslìm si, že text je přeložen jazykem, kterým mluvì mladì po celé České republice. Řekla bych, že v dnešnì době už nejsou rozdìly mezi češtinou, moravskými a slezkými dialekty tak velké jako kdysi. Mladì lidé přijìždějì studovat do velkých měst a dìky tomu se jejich mluva mìsì. » 44 Nous traduisons, la réponse originale : « Myslìm, že s výjimkou prvnì postavy, je mluva ostatnìch postav spìše bližšì mluvě moravské. Navìc se jejich styl vyjadřovánì vzájemně prolìná. Myslìm, že tato řeč patřì do moravského nářečì, ale je srozumitelná pro každého čtenáře z Čech. »
56
de quelque dialecte ou de l’origine du traducteur, elle est donc acceptable pour tous les lecteurs tchèques. » (Veronika)45 Pour conclure cette mini-enquête, nous pouvons constater que la plupart des jeunes enquêtés trouve cette traduction lisible et acceptable pour tous les lecteurs de la République tchèque. En ce qui concerne le langage de cet extrait traduit, ici, les opinions des enquêtés diffèrent un peu. L’un pense que le langage est typique pour la Bohême de l’Ouest, l’autre croit que cette traduction est plutôt typique pour la Moravie. Cela dépend de l’opinion subjective de chaque lecteur. En somme, le processus de la traduction est une action effectuée par une ou plusieurs personnes. Il est logique que chaque traduction soit marquée par la personnalité du traducteur et nous pouvons donc observer que dans une certaine mesure l’origine du traducteur projettera toujours dans la traduction.
45
Nous traduisons, la réponse originale : « Dle mého názoru je překlad je čtivý a působì přirozeně. Použitì obecné češtiny velice dobře vystihuje charakter a způsob vyjadřovánì každé postavy. V překladu nenacházìm žádné známky dialektu nebo původu překladatele, takže je přijatelný pro každého českého čtenáře. »
57
Conclusion Le roman de Faïza Guène « Les gens du Balto » nous présente la vie à « Joignyles-Deux-Bouts », une petite ville de banlieue parisienne, qui était tout à fait ordinaire jusqu’à un certain dimanche. L’auteure nous offre une large gamme de personnalités qu’elle fait parler de leurs plaisirs et de leurs misères quotidiens mais aussi de leur futur et passé. Grâce au fait que l’auteure fait parler plusieurs personnages, nous pouvons très bien voir la description des problèmes de génération du point de vue des parents ainsi que du point de vue des enfants parce que chaque génération ressent les choses différentes. Nous supposons que l’auteure s’est inspirée de sa propre vie parce que nous savons qu’elle habite aussi avec sa famille dans une banlieue parisienne. En ce qui concerne la langue que l’auteure a employée dans son livre, elle comporte beaucoup d’éléments sub-standard. Nous avons tâché d’adapter le mieux possible la langue de la traduction à la langue de l’original, c’est pourquoi nous avons utilisé, dans la plupart des cas, le tchèque commun. Le but de notre traduction était d’offrir au lecteur tchèque une traduction qui serait compréhensible et lisible. Cette condition a exigé l’adaptation de quelques comparaisons, métaphores ou noms à un contexte qui pourrait être archiconnu (p. ex. Sportka, Lidovky, hulákat jako na lesy, etc.) pour les lecteurs tchèques. Notre mini-enquête à la fin de ce travail a montré que cette traduction est dans une grande mesure acceptable pour les lecteurs qui viennent soit de la Bohême, soit de la Moravie, soit de la Silésie. Nous savons que chaque personne a sa propre manière de parler qui est influencée par l’éducation, le lieu d’habitation et d’autres facteurs socio-linguistiques. Pour l’analyse sociolinguistique des changements qui passent dans les discours de nos personnages, il a fallu aborder les principales variables sociolinguistiques (âge, sexe, domicile, profession et niveau d’études) pour pouvoir examiner dans quelle mesure l’auteure avait stylisé ses personnages. Nous pouvons voir l’art de l’auteure de se styliser à la fois en homme âgé et en jeune fille, elle sait très bien attribuer les traits à ses personnages. Les personnages, leurs histoires ainsi que les façons de parler sont soignés. En comparaison avec les livres précédents de Faïza Guène où elle s’est stylisée seulement en jeunes filles qui lui sont proches, dans « Les gens du Balto », elle ose de se styliser aussi en héros masculins.
58
Dans les oppositions, nous avons observé les différences parmi les langages des personnages particuliers (Joël - homme âgé, Yéva - femme âgée, Magalie et Tanièl adolescents). La première opposition a été orientée vers les différences entre le langage d’un homme et celui d’une femme. Nous avons appris que la vie difficile de la femme avait influencé son langage dans telle mesure que cette femme est devenu plus vulgaire que l’homme. La deuxième opposition, dans laquelle nous avons observé le langage de deux adolescents, nous a montré que l’origine de la famille influence beaucoup la façon
de
parler.
Jeune
Tanièl,
d’origine
franco-arménienne,
utilise
beaucoup d’arabismes et la jeune Magalie, la fille d’une famille riche, utilise les anglicismes pour souligner l’origine bourgeoise de sa famille. Cette influence de la famille, nous pouvons voir dans la troisième opposition. La vulgarité de la mère influence le langage de son fils qui utilise les mêmes vulgarismes, et l’âge de fils influence le langage de sa mère dans lequel nous pouvons voir quelques procédés de la création des mots qui sont typique pour les jeunes (emprunts, apocopes). Quand nous concluons au sujet des oppositions analysées, nous voyons que l’auteure a attribué au langage de Joël, un homme qui n’a pas eu la vie facile, les traits de l’insensibilité et de l’ignorance qui soulignent le caractère de son discours. Nous savons que la langue des hommes est moins expressive et que les hommes utilisent beaucoup de vulgarismes. Or, dans le discours de Joël, nous ne trouvons pas beaucoup de ces mots. En revanche, dans le discours de Yéva, nous pouvons observer tous ces traits masculins, une vulgarité excessive. En ce qui concerne la langue des adolescents analysés, la jeune auteure utilise beaucoup de procédés typiques pour le langage des jeunes des cités (verlans, apocopes, emprunts etc.) parce que ce sont les jeunes, dans la plupart des cas immigrés, des cités qui créent de nouveaux mots, la nouvelle langue qui se diffuse des cités vers l’argot commun des jeunes Français. L’auteure a réussi l’adaptation de la langue des personnages à leur âge, à leur sexe et aussi à l’endroit où ils vivent. Le langage en quelque sorte différent de chaque personnage rend le roman vraiment lisible et authentique. Cette authenticité nous donne l’impression que nous nous trouvons vraiment dans une banlieue parisienne. Dans « Les gens du Balto », à la différence de ses livres précédents, Faïza Guène aborde aussi les problèmes quotidiens auxquels font face des gens différents de différentes générations et pas seulement les jeunes ce qui rend le roman attirant pour tous les lecteurs quel que soit leur âge. 59
Bibliographie Bibliographie primaire 1. BACHE Henri, Langage populaire, Paris, Payot, 1920, 288 p. 2. BLANCHE-BENVENISTE Claire, Approches de la langue parlée en français, Paris, Orphys, 2000, 164 p. 3. ČMEJRKOVÁ Světla, « Jazyk pro druhé pohlavì » In : DANEŠ František a kolektiv, Jazyk na přelomu tisìciletì, Praha, 1ère édition, Academia, 1997, 292 p. 4. DUBOIS Jean, Dictionnaire de linguistique, Paris, Librairie Larousse, 1973, 516 p. 5. FAIRON Cédrick, KLEIN Jean René, PAUMIER Sébastien, SMS pour la science, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2006, 51 p. 6. Faïza,
La
beurette
du
Balto
[en
ligne,
le
23
novembre
2008],
http://www.loranaise.com/2008/11/23/faiza-la-beurette-du-balto/, [consulté le 3 novembre 2009]. 7. FIELD Michel, Faïza Guène : Les Gens du Balto, [en ligne, le 27 août 2008], http://www.dailymotion.com/video/x6kat1_michel-field-faiza-guene-les-gensd_news, [consulté le 2 novembre 2009]. 8. FIÉVET Anne-Caroline, « Propositions pour un dictionnaire du français branché » In : Actes du XXXe colloque de la SILF, 18-21 octobre 2006, NicosieLarnaca, Université de Chypre, à paraître 9. GADET Françoise, La variaton sociale en français, Paris, Orphys, 2003, 135 p. 10. GADET Françoise, Le français ordinaire, Paris, Armand Colin, 1989, 188 p. 11. KARLÍK Petr, NEKULA Marek, PLESKALOVÁ Jana, Encyklopedický slovnìk češtiny, Praha, Lidové noviny, 2002, 604 p. 12. KULDMANOVÁ Pavlìna, SVOBODOVÁ Jana, Termìn obecná čeština a různost
jejìho
chápánì
[en
ligne,
2003]
http://www1.osu.cz/~svobodj/opory/jkult/jzkdd/12.htm [consulté le 9 avril 2010]. 13. LAFFITE Roland, YOUNSI Karima, Bien ou quoi ?, La langue des jeunes à Vitry-sur-Seine, Pantin, Selefa, 2004, 101 p.
60
14. LE PARISIEN, La rentrée littéraire de Faïza Guène, [en ligne, le 31 aout 2008] http://videos.leparisien.fr/video/iLyROoafYGc7.html, [consulté le 3 novembre 2009]. 15. MOUNIN Georges, Dictionnaire de la linguistique, Paris, Presses universitaires de France, 1974, 340 p. 16. NGI Céline, Tous suspects : Critique de Les Gens du Balto (Faïza Guène), [en ligne, le 13 août 2008], http://livres.fluctuat.net/faiza-guene/livres/les-gens-dubalto/4853-chronique-tous-suspects.html, [consulté le 30 novembre 2009]. 17. SIOUFFI Gilles, RAEMDONCK Dan van, 100 fiches pour comprendre la linguistique, Paris, 2e édition Bréal, 1999, 224 p. 18. SOUKALOVA Barbora, Faïza Guène : Du rêve pour les oufs, Traduction et analyse des traits d’argot commun des jeunes, Mémoire de licence sous la direction de Ph.Dr. Alena Polická, Université Masaryk, Brno, 2008, 56 p. 19. ŠABRŠULA Jan, Základy francouzské stylistiky, Ostrava, 1ère édition, Ostravská univerzita, 2008, 110 p.
Dictionnaires 1. CYNIQUE
Cobra
le,
Dictionnaire
de
la
Zone,
[en
ligne],
http://www.dictionnairedelazone.fr/, [consulté le 18 février 2010]. 2. GOUDAILLIER Pierre, Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, 304 p. 3. Lingea velký slovnìk, Brno, 1ère édition, Lingea s. r. o., 2007, 1375 p. 4. Pas de blème!, Brno, 1ère édition, Lingea s. r. o., 2009, 140 p. 5. ROBERT Paul, Le Nouveau Petit Robert 2007, Paris, Le Robert, 2007, 2837 p.
Ouvrages consultés 1. ČECHOVÁ Marie, Stylistika současné češtiny, Praha, 1ère édition, ISV, 1997, 282 p. 2. ČMEJRKOVÁ Světla, Čeština jak ji neznáte, Praha, 1ère édition, Academia, 1996, 259 p. 3. ŠABRŠULA Jan, Problèmes de la stylistique comparée française-tchèque et tchèque-française, Praha, 1ère édition, Státnì pedagogické nakladatelstvì, 1986, 304 p.
61