MENSUEL N°97 - JUILLET 2007 NE PARAÎT PAS EN DÉCEMBRE ET EN MARS
BUREAU DE DÉPÔT : BXL X 1070 BRUXELLES
BELGIQUE - BELGÏE P. P / P. B 1/1392 1070 BRUXELLES P402037
S L E NU
N ale A S éci GÉ !
CON ition spa plage Éd E à l IE T N R A K à LI A V tie E ! S n i K e d J z I L iale e te le R A JA Spec rand t
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#97
2 BIKINO NIGHT ! > 28 / 07
“Pacific Vibrations” “How To Stuff A Wild Bikini” Live Soundtrack : Super Cosmos + Surf Beach Party
VAMOS A LA PLAYA NIGHT ! > 18 / 08
“Le crayon entre les dents: Reiser” + Special Short FilmS, Live Soundtrack : Black Light Orchestra + Special Dj set
Il n’y a pas de bonnes habitudes On ne change pas une formule qui marche… Les traditions sont faites pour être respectées. Les bonnes habitudes sont beaucoup plus faciles à perdre que les mauvaises… On pourrait en citer à l’infini, des maximes aussi simplettes que celles-là, des petites phrases toutes faites qui nous disent qu’il faut toujours continuer ce qui a été entamé, toujours faire mieux et plus, etc. Au Nova, une question revient chaque année : avons-nous encore l’envie, le temps et l’énergie d’organiser un cinéma en plein air ? Pendant onze étés — dont neuf fois sous le nom de PleinOPENair — la réponse fut “ oui ”. Mais il fallait bien que ça arrive… Cette fois, nous n’avons écouté que nos petits corps fatigués et nous avons égoïstement opté pour des vacances. Un été sans PleinOPENair ! À voir le désarroi que cette nouvelle provoque chez certains, on hésite entre se demander s’ils n’ont rien de mieux à faire de leurs vacances, ou être flatté de voir ce que représente pour eux ce rendez-vous annuel. Le PleinOPENair est attendu et apprécié, on ne va pas s’en plaindre.
Nova & friends present Soul, Rock, Pop & Co with
Misha Moon
The Ultimate Sideral Tribute Gift 15 €
Mais il faut aussi savoir se méfier de l’institutionnalisation. S’adapter au dérèglement climatique. Et réagir à la transformation de plus en plus rapide de Bruxelles, au rétrécissement de l’espace public… C’est pourquoi la formule du PleinOPENair est rediscutée à chaque édition. Itinérant ou sédentaire ? Plus petit ou plus grand ? En juillet ou en aôut ? Avec ou sans pluie ? … Ces trois dernières années, à côté des moments plus festifs, l’accent a été mis sur une série d’activités plus politiques comme des balades à travers la ville, visites guidées, discussions, ateliers, expos, projections, etc. Plus “ petits ” que les traditionnels événements de plein air, ces projets n’en demandent pas moins une préparation minutieuse qui implique de nombreux contacts, la mise en place de collaborations, etc. Or, dépassés par l’ampleur des dix semaines d’anniversaire du Nova, nous nous sommes retrouvés trop tard dans l’année pour préparer un tel PleinOPENair. Et nous en avons lâchement profité pour changer un peu nos habitudes. Chacun à sa manière. Pour certains : goûter à nouveau aux vacances d’été, organiser pour la fin de l’année des activités sur des questions urbaines, voire proposer des soirées bikinis pour l’été… Pour d’autres : préparer la rentrée, ou encore s’atteler à la réalisation d’un programme rédactionnel… Vous voici donc avec entre les mains un numéro du “ journal Nova ” un peu hors normes. Il ne s’agit pas ici de vous proposer une programmation de films, mais plutôt de vous raconter quelques petites histoires de ce qui se passe dans les coulisses du Nova ou de vous dévoiler quelques réflexions qui touchent à des enjeux dans le cinéma rarement répercutés dans la presse belge. Car un constat doit être fait : en Belgique il manque cruellement d’une presse cinéma spécialisée qui pourrait non seulement soutenir des films ou des initiatives qui n’ont pas les moyens de se permettre une promotion tapageuse, mais aussi alimenter une vraie critique cinéma. Serait-ce rêver que d’avoir une publication de telle sorte éditée en français et en néerlandais ? !
BOOK
90 stencil pages
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2h30 videos
CD
40’ minutes audios
deep, funny songs & films in color full design box
guest starsBjörk Daniel Johnston
Lars von Trier
Matthieu Ha & Les Marsistes
some Nova people
Boris Lehman
Bon et sinon, sachez-le : secrètement, tout le monde pense déjà au prochain PleinOPENair…
Gewoontes zijn niet (steeds) goed
& many more surprises en vente à la microboutiek du cinéma Nova & bientôt en tournée promotionnelle à Bruxelles / in verkoop aan microboutiek van kino Nova & weldra in promotiebestelroute in Brussel
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u Nie
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live in Nova 01 / 03 / 2007 with Ecoline, Philippe Sandor, Tes Yeux Rouges & Nena’S Polla
Goede gewoontes, vertrouwde formules, tradities in ere houden… Eindeloos is de reeks moraliserende zinspreuken, ons aansporend om toch maar verder te doen, voortbordurend op wat al begonnen is, om steeds maar méér, steeds maar beter te doen. In Nova stellen we ons elk jaar weer dezelfde vraag : hebben we zin, tijd en energie om PleinOPENair te organiseren ? Gedurende 11 zomers - waarvan 9 onder de naam PleinOPENair luidde het antwoord volmondig “ ja ! ”. Maar het moest er eens van komen… Dit keer kozen we voor vakantie. Een zomer zonder PleinOPENair dus ! Wat nogal wat verontwaardigde reacties opwekt… we vatten het als een complement op : het doet plezier te horen dat velen gehecht zijn aan PleinOPENair. Elk jaar stellen we ons ook de vraag “ hoe ” een PleinOPENair te organiseren : naast de werklast van dit omvangrijke evenement (gedurende verschillende dagen bevinden we ons op terreinen in openlucht die helemaal niet aangepast zijn om evenementen te onthalen) gaat het om inhoud. Oppassen voorvanzelfsprekendheden, institutionalisering. We reageren op een snel veranderende stadsomgeving, en op de vernauwing van de notie “ publieke plaatsen ”. En dan hebben we het nog niet over klimaatswijzigingen ! Vandaar dat de formule van PleinOPENair elk jaar weer ter discussie staat en soms wijzigt. Nomadisch of sedentair ? Kleiner, of net grootschaliger ? In juli of in augustus ? Met of zonder regen ? … De laatste drie jaren werd het accent gelegd op een reeks meer inhoudelijk gerichte activiteiten zoals rondleidingen, ontmoetingen, workshops, documentairevertoningen… Kleiner dan de “ traditionele ” PleinOPENair-weekends, desalniettemin even arbeidsintensief qua voorbereiding. Een beetje overmand - we geven het grif toe - door het tien weken durende verjaardagsprogramma (van januari tot maart), begonnen we laat aan de voorbereiding – te laat om nog een kwalitatieve, echt goede PleinOPENair te organiseren. We profiteerden ervan om routine te vermijden. Voor sommigen wil dit zeggen : vakantie nemen, zich wagen aan de voorbereiding van het jaareinde, of een bikini-avond organiseren. Voor anderen : de start van het nieuwe culturele seizoen of dit redactionele krantje samenstellen. In uw handen bevindt zich dus een wat ongewone editie van het Novakrantje. Géén filmprogrammatie zoals gewoonlijk, maar wel enkele verhaaltjes uit de coulissen van Nova, en een vat vol bedenkingen over de film- en documentaireproduktie in België, zelden te lezen in de pers. Want laten we het erover eens zijn : in België ontbreekt het aan een gespecialiseerd medium dat films en documentaires ondersteunt die geen geoliede promomachine achter zich hebben. Een medium dat zich waagt aan filmkritiek en debat. We durven luidop dromen van een dergelijke uitgave - en waarom niet meteen tweetalig… ? Niet dat wij de ambitie hebben met dit krantje… Wel deden we de ronde van een aantal betrokkenen ; waarvan hier neerslag. Om u toch nog een kans te geven uw zomerliefde tegen het lijf te lopen of net om uw gebroken hart te lijmen, geeft Nova twee feesten vol zand en zonneschijn, film en muziek, met een “ Bikini Beach ” avond en een “ Playa Belga ” avond. En ondertussen denkt iedereen al stilletjes aan PleinOPENair 2008…
cinéma bioscoop 3 rue arenbergstraat 1000 bxxl (OFFICE) 65 RUE DE L’ ÉCUYER SCHILDKNAAPSSTRAAT 65 +32 [0]2 511 24 77 www.nova-cinema.org
[email protected]
Nova-team : Aki, Alain, Alexandra, Alexis, Alexandre, Alice, Amélie, Andy, Arne, Aïcha, Arianne, Arnaud F, Arno, Astrid, Antonine, Aude, Aurélie, Benoît, Bijke, Bruno, Carole, Céline, Claire, Clément O., Denis, Diederik, Dirk, Dominik, Elisabeth, Élise, Ellen, Émilie, Éric, Erick, Evie, Fabien, Fabrizio, Fred, Gabriel, Gérald, Géraldine, Guérin, Guillaume A, Guillaume M, Gwen, Hélène, Hilde, Ioana, Isabelle, Jacques, Jean-Louis, Jérôme, Julia, Julie S., Julie M., Julie B., Katia, Kris, L., Laurent A., Laurent Tz, L. Ter., Lila, Lorenzo, Lotte, Luce, Lucie, Marie, Marie-Eve, Maximilien, Mélanie, Micheline, Milan, Miguel, Mohamed, Nathan, Nico, Olivier, Pauline, Patrick, Peb, Philippe Brrr, Piet, Quentin, Rachel, Ramon, Raph, Remy, rno, Saskia, Serge, Simon, Sophie, Sophie V., Soul, Stephane, Stephanie, Tamara, Toon, Tristan, Véronique, Vince C., Vlad, Windy, Yacine, Yvan…
Éd. resp. Daniele Ferri, 65 Schildknapstraat, 1000 Brussel.
À la recherche des cinémas perdus et retrouvés Op zoek naar verloren filmzalen Q
uand il est venu voir la salle où il devait donner un concert quelques jours plus tard, le saxophoniste afro-américain Noah Howard s’est exclamé, un peu embarrassé devant ses hôtes : “ Et vous croyez que vous aurez fini les travaux pour mon concert ? ”. Cette anecdote, bien des membres de l’équipe l’ont vécue, sous une forme ou l’autre. Les plus anciens parmi nos visiteurs sont parfois quelque peu, comment dire ? désarçonnés par l’esthétique “ destroy ”, en partie revendiquée, de notre salle. Cet aspect brut du lieu, comme s’il avait survécu à un bombardement nucléaire, est tout à fait révélateur du projet lui-même. Il est vrai que cette salle revient de loin (pour un historique détaillé, visitez notre site). Phénix des hôtes de ces rues, sa renaissance s’est faite en réplique du long tremblement de terre qui a fait s’écrouler, l’un après l’autre, les temples de cinéma de notre ville. Et cela fait maintenant dix ans que les murs de l’ancien Studio Arenberg vivent une nouvelle vie. Depuis dix ans, le nombre de salles à Bruxelles n’a guère évolué. Comme nous l’écrivions en mai 1997 dans le supplément au programme #4 (si vous en avez un, gardez-le précieusement, c’est un collector), il reste toujours une douzaine de lieux de cinéma : trois multiplexes totalisant les trois-quarts des salles (Kinepolis, UGC De Brouckère, UGC Toison d’Or), deux cinémas “ art et essai ” (Arenberg, Vendôme), trois cinémas de reprise (Actor’s Studio, Aventure, Styx), deux cinémas de quartier (Movy-Club, Stockel), auxquels il faut ajouter les ciné-clubs, la Cinémathèque, un cinoche porno proche de mettre la clé sous le paillasson… Si l’on laisse de côté les péripéties du Palace (ex-Kladaradatsch), Bruxelles n’a, durant cette décennie, enregistré qu’une seule ouverture de cinéma, en 2002, avec Flagey. Difficile d’imaginer aujourd’hui que Bruxelles a compté jusqu’à 450 enseignes de cinémas (répartis sur 250 lieux), du centre-ville aux faubourgs, des modestes salles de quartier aux prestigieux palaces art deco ou modernistes, délimitant et consacrant de véritables quartiers de la fête. Le centre de la ville à lui seul a recensé 88 de ces “ phares de la nuit ”, principalement le long des boulevards centraux et de la rue Neuve. Les aînés se souviennent que cette concentration de cinémas, imbriqués dans le fort étroit parcellaire bruxellois, avec ses façades accrocheuses et ses nombreuses sorties dans les rues adjacentes, formait une sorte de “ parc ” cinématographique resserré. “ C’était l’époque du cinéma permanent, on entrait et sortait du cinéma, loisir populaire bon marché, sans tenir compte des séances, parfois simplement pour se protéger d’une averse ”, nous rappelle l’historienne du cinéma et conférencière Isabelle Biver, qui cherche à faire revivre, à travers des visites guidées, cet âge d’or des salles obscures, et travaille depuis longtemps sur le sujet. Le cinéma Nova est, bien entendu, sur son trajet. À raison d’une par mois, ces visites de “ cinémas perdus ” permettent de “ découvrir l’histoire de sa ville autrement, de manière ludique, sans le côté rébarbatif des conférences, par une simple déambulation ”. Des documents iconographiques, des plans d’architecture, permettent de jouer “ in situ ” au jeu de l’avant et de l’après, un jeu particulièrement difficile à Bruxelles. Ainsi, vous apprendrez peut-être qu’avant-guerre il y avait un cinéma dans la chapelle de la rue de la Montagne, mais cette moitié de rue, à l’emplacement du complexe Novotel, n’existe plus et la chapelle a été déplacée et collée au flanc de l’église de la Madeleine. “ Le problème est d’encore avoir un support visuel, précise Isabel. Très souvent, il ne reste rien des volumes des anciens cinémas, ou alors juste une façade ”. Cela peut-être un exercice amusant, ou déprimant, c’est selon. Il suffit d’arpenter quelques mètres la chaussée de Louvain pour se familiariser aux nouvelles “ poses ” des anciens “ phares de la nuit ” : le Century (fermé en 1976 après un incendie) en bazar levantin, le Marignan (1979) en centre de conférence pour légumiers, et juste en face le Mirano (1979) en boîte de nuit pedzouille/branchouille sont quelques exemples caractéristiques de reconversion. “ Ce circuit permet de retrouver des traces d’une ville disparue, en perpétuelle mutation ”. À travers ses seules salles de cinéma, c’est tout une ville qui resurgit, avec ses néons, ses affiches de stars, son style publicitaire et sa culture du divertissement. Les projets de réaffectation sont parfois déroutantes ou franchement farfelues. Les architectes et galeristes qui ont acheté et commencé à rénover - sans trop savoir à quoi ils pourraient bien destiner le lieu - l’ancien cinéma “ Molière ”, à la Bascule n’ont reçu jusqu’à présent que des propositions qu’ils ne souhaitent pas explorer plus avant : une salle pour des séances de désenvoûtement, un peep-show, un mont-de-piété… La Communauté française aurait été sollicitée par le tenancier du bar voisin du Variétés, rue de Malines, un des plus beaux et des plus novateurs (sur le plan technique et architectural du moins) cinémas du centre, qu’elle laisse pourrir sur place depuis bientôt vingt-cinq ans. Le bonhomme voyait grand : transformer ce joyau moderniste en centre culturel albanais. Et puis quoi encore ! Et où iraient parquer les quelques huiles du Théâtre national qui s’en servent comme parking - ce qui ce qui permet à la CF de ne pas payer la taxe sur les bâtiments vides… ? “ Si Bruxelles, résume Isabel, s’est souvent distingué par son urbanisme chaotique, l’histoire de ses salles de cinémas ne diffère pas beaucoup de celle de toutes les grandes villes qui ont connu beaucoup de cinémas. Partout, on rencontre la même courbe, de spectacle forain qui se sédentarise rapidement à la construction de véritables palaces comme le Métropole, puis, à partir de 1958, l’inexorable déclin, le morcellement des salles, les désertion et fermetures, accélérée par l’arrivée des multiplexes et du home cinema ”. Réaménagées, disparues ou laissées à l’abandon, les salles de cinéma forment une trame à demi-effacée, à travers de laquelle le flâneur urbain tente de resituer quelque chose de l’épaisseur d’une ville peu à peu engloutie, comme par mégarde, par cette homologation consumériste dont parlait Pasolini, à peu près à l’époque où il venu à Bruxelles présenter l’un de ses films de la “ Trilogie de la vie ” - devinez où ?
VINCENT
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oen hij de zaal kwam bekijken waar hij enkele dagen later een concert zou geven, vroeg de Afro-amerikaanse saxofonist ietwat gegeneerd : “ En denkt u dat de werken beëindigd zullen zijn voor mijn concert ? ”. Deze anekdote is veelzeggend, en het niet de eerste keer dat de Novaploeg met dergelijke vragen geconfronteerd wordt. Zo denken sommige bezoekers, vaak ouderen die de zaal van enkele decennia geleden nog kennen, dat wij de infrastructuur vernield hebben om er een modieuze “ destroy look ” aan te verlenen ! Het ruwe, onafgewerkte aspect van de plek, als was het een restant van een nucleaire aanslag, zegt veel over het project zelf. Iets wat eerst werd ingegeven door gebrek aan financiële middelen (de muur nieuwe aankleding geven was toen gewoon niet haalbaar), is nu een keuze : we tonen de geschiedenis van de zaal via haar muren, die net als vele andere filmtempels slachtoffer was van een ware aardbeving. Sinds de tien jaren dat Cinema Nova de oude bioscoop “ Studio Arenberg ” nieuw leven inblies, zijn er amper nieuwe zalen bijgekomen. Zoals we schreven in mei 1997 in het programmakrantje #4 (als je er nog een exemplaar van hebt, hou het goed bij, ’t is een collector !), blijven er een 12-tal zalen over in Brussel: drie multiplexen die drie vierde van het totaalaanbod van schermen voor hun rekening nemen (een Kinopolis en twee UGC’s), twee arthouse-cinema’s (Arenberg, Vendôme), drie filmzalen die releasefilms hernemen en twee wijkcinema’s (Actor’s Studio, Aventure, Styx, Movy-Club, Stockel). Aan dit lijstje voeg je nog toe: het onontbeerlijke Filmmuseum, een heleboel filmclubs, en enkele pornocinema’s waarvan er waarschijnlijk eentje binnenkort zal sluiten. De perikelen rond Kladaratatsch niet te na gesproken, kwam er gedurende dit decennium slechts één zaal bij, Studio 5 in het Flagey-gebouw in 2002. Kan je je inbeelden dat Brussel op een bepaald moment 450 cinema-uithangborden telde, verdeeld over zo’n 250 plekken, van het stadscentrum tot de buitenwijken, van bescheiden wijkzalen tot prestigieuze art deco paleizen, die van bepaalde wijken ware feestplekken maakten ? Het stadscentrum alleen al had zo’n 88 nachtelijke lichtbakens, voornamelijk aan en rond de centrale lanen en de Nieuwstraat. Sommigen herinneren zich nog deze concentratie aan bioscopen in de aanpalende nauwe straatjes die als het ware een soort van permanente bioscoop vormden, waar je al naar believen binnenwandelde en weer buiten liep, aan een spotprijsje, zonder rekening te houden met de uren van de voorstellingen, soms gewoon om beschutting tegen de regen te zoeken - aldus Isabel Biver, een geschiedkundige die gespecialiseerd is in Brusselse filmzalen en die deze opnieuw leven geeft via rondleidingen en een binnenkort te verschijnen boek. Eén keer per maand tonen deze rondleidingen langs verloren cinema’s de geschiedenis van de stad op een andere manier, door gewoon rond te wandelen en rond te kijken. Door nauwgezet archiefbeelden en plannen van vroeger en nu te vergelijken, komen we soms tot eigenaardige vaststellingen. Bijvoorbeeld dat er tot voor de oorlog een filmzaal was in de kapel van de Bergstraat, maar dat deel van de straat bestaat nu niet meer (er staat een groot hotel in de plaats), de kapel werd verplaatst en aan de Madeleinekerk geplakt. Meestal vind je geen archiefbeelden meer van deze zalen, er blijft enkel de façade over. Begeef je bijvoorbeeld naar de Leuvensesteenweg in Sint-Joost waar je al snel botst op de Century (gesloten in 1976 na een brand), de Marignan (tot 1979, nu een conferentiezaal) en daar tegenover de Mirano (tot 1979, nu een hippe tent). Zoeken naar verloren cinema’s is als de sporen volgen van een stad die constant in beweging is. Met haar filmzalen, verdwenen ook neonlichten, filmaffiches, een reclamestijl en een hele ontspanningscultuur. De herbestemmingsprojecten zijn soms misplaatst of gewoon lelijk. De architecten en de galeriehouders die de voormalige Molière opkochten en begonnen te renoveren, ontvingen tot nu toe voorstellen gaande van een peep-show tot een pandjeshuis. De Franse Gemeenschap, eigenaar van de Variété -ooit één van de mooiste bioscopen, weldra 20 jaar stadskanker- zou benaderd zijn geweest door de eigenaar van een omliggende bar die het groots zag: dit modernistisch juweeltje omvormen tot Albanees cultureel centrum. Waarom niet eigenlijk ? Maar waar kunnen de directeurs van het Théâtre National zich dan parkeren, wat de eigenaar trouwens toelaat om geen leegstandstaks te hoeven betalen… “ Indien Brussel zich vaak onderscheidt van andere steden door haar chaotische stedenbouw, hoeft ze wat filmzalen betreft niet onder te doen voor andere grote steden. Overal ontmoeten we dezelfde evolutie, wat begon als een nomadische kermiskunst werd sedentair en al snel rezen cinema-paleizen als paddenstoelen uit de grond. Vanaf 1958 trad het onvermijdelijke verval in, grote zalen werden opgesplitst, ze sloten de deuren, dit alles versneld door de komst van de multiplexen en home cinema. ” Heringericht, verdwenen of aan hun lot overgelaten, vormen deze cinema’s een half uitgewist raster waar doorheen de stadswandelaar iets van de vergane glorie van een beetje bij beetje verslonden stad kan weder samenstellen, achteloos verloren als was het door onoplettendheid, door dit instemmend consumentisme waarover Pasolini het had, in dezelfde periode waar hij één van de films uit de “ Trilogie van het leven ” kwam voorstellen – raad eens waar ?
Renseignements sur les visites, collecte de témoignages sur la vie de ces cinémas disparus : Inlichtingen over de rondleidingen, getuigenissen over verdwenen bioscopen : T. 0498 522 183 cinemasperdus@hotmail. com
Le blues du programmateur Programmatieblues
toutes les pistes. Et après des dizaines de coups de fil à des sociétés qui n’ont rien à faire de votre demande, vous finissez toujours par en tenir une (piste).
GWEN
T
out commence, par exemple, un lundi soir. Comme chaque mois, c’est la réunion de programmation du Nova. Un ordre du jour chargé. Du retard au démarrage. Des palabres, mais sans grande agitation. Ces longues heures passées dans la cave du cinéma, à proximité d’un frigo rempli de breuvages artisanaux, peuvent inciter à boire plus qu’à l’accoutumée. Et la pause destinée à avaler un repas copieux n’arrange pas toujours les dégâts. À 22 heures, on ne pense déjà plus qu’à son lit. Alors que la moitié de l’ordre du jour seulement a été passée en revue… Le lendemain matin, pas très très frais, on découvre ses notes de réunion non sans un certain effroi. On se rend parfois compte qu’on s’est engagé à beaucoup de choses ! Par exemple, rechercher une série de films évoqués la veille au soir (d’abord des copies de visionnement, puis éventuellement des copies de projection au cas où l’équipe retiendrait ces films). Tant qu’à faire, on s’attelle directement à la tâche. Direction le bureau du Nova. Comme il est encore tôt dans la journée, l’ambiance doit y être calme et potentiellement studieuse (à d’autres heures, il est parfois impossible de s’y concentrer). Et de fait, il n’y a encore personne. Mais le téléphone sonne toutes les cinq minutes. Le réseau informatique et la connexion internet ne fonctionnent pas. Trois coursiers choisissent ce moment pour venir livrer de lourdes copies de films qu’il faut transporter jusqu’au cinéma, trois étages et cent mètres plus loin. Plus tard, l’alarme incendie se déclenche dans la salle (pour rien évidemment). Et une première journée, puis plusieurs autres passent ainsi, d’imprévu en imprévu. Une semaine plus tard, après avoir sillonné les vidéothèques de Bruxelles et passé quelques nuits sur internet, on a néanmoins réussi à établir une première liste de contacts. Plusieurs pistes pour chaque film. E-mails, fax, coups de fil aux quatre coins du monde… Une véritable enquête a commencé. Sans même les avoir tous vus, ces films sont déjà devenus de véritables obsessions. Ils hantent nos rêves dans nos rares heures de sommeil. Nos pensées sont occupées par ces films, pourtant pures abstractions, objets désirés car en apparence introuvables, même si quelqu’un les a bien vu un jour, même si quelqu’un en détient bien encore quelques bobines, quelque part dans le monde… Dès le début des recherches, il n’est pas rare que plusieurs films posent problème. Et l’un ou l’autre en particulier. C’est en général le film le plus intriguant, le plus convoité et forcément le plus rare. Personne dans l’équipe ne l’a vu mais tout donne à penser qu’il s’agit d’un joyau : les dires de quelques rares spectateurs qui l’ont vu à l’époque, les articles de presse glanés ici et là, le parcours du réalisateur, le scénario, les photos… Tout indique que c’est probablement un des films les plus pertinents à présenter sur cette thématique. Mais, impossible d’en trouver un simple DVD ou une cassette de visionnement. La seule trace de distribution de ce film en Europe remonte, disons aux années 70, en France. Le catalogue du distributeur en question a été revendu à une société anglaise au milieu des années 80. Celle-ci ne fit jamais rien du film et ne l’édita pas en DVD. Elle fit ensuite faillite, il y a près de dix ans. Depuis, aucune trace des copies pellicule, pas même une cinémathèque ne semble en disposer. Dans ce genre de cas, plus l’objectif vous paraît lointain plus vous tentez de vous en rapprocher, coûte que coûte. Distributeurs, producteurs, cinémathèques, collectionneurs, chaînes de télévision, éditeurs DVD - vous êtes tenté de suivre
A
lles begint bijvoorbeeld op een maandagavond. Zoals elke maand vindt een programmatie-vergadering plaats in de Nova. Opnieuw een uitgebreide agenda. De vergadering start weer niet op tijd. Eindeloze discussies, zonder veel opwinding. Men drinkt ook al eens meer dan anders tijdens deze lange uren in de kelder van onze bioscoop, in directe nabijheid van een koelkast volgestouwd met artisanale dorstlessers. De pauze, ingelast om zich te goed te doen aan een stevige maaltijd, vangt niet altijd alle schade op. Om 22u denkt iedereen aan niets anders dan zijn of haar bed. Terwijl slechts de helft van de agenda werd besproken… De volgende ochtend vindt men nota’s van de vergadering terug, niet zonder enige verbazing en ontzetting. Blijkt dat men zich tot net iets té veel dingen heeft verbonden. Bijvoorbeeld tot het opsporen van een aantal films die de dag ervoor werden vermeld (in de eerste plaats screeners, indien de ploeg beslist om de film te weerhouden ook een projectie-kopie). Dus maar direct de koe bij de horens vatten. Op naar het Nova-kantoor ! Gezien het vroege uur zal het er kalm zijn ; een serene studiesfeer lijkt zelfs niet uitgesloten. En warempel ; er is nog niemand. Maar de telefoon rinkelt om de haverklap. Netwerk noch internet lijken te werken. Drie loopjongens verkiezen dit ochtendlijke uur om zware stapels filmkopieën te leveren. Die moeten naar de filmzaal worden gebracht, drie verdiepingen en honderd meter verder. Later schelt het brandalarm nog door de zaal. Loos alarm natuurlijk. Zo loopt het op een willekeurige dag, zoals op vele andere; van de ene onvoorziene omstandigheid naar de andere. Een week later. Heel wat Brusselse videotheken werden afgedweild. Vele nachtelijke zoekuren op het internet zijn achter de rug. Een eerste lijst met contactadressen werd samengesteld en voor elke film tekenen zich verschillende pistes af. Contacten in alle uithoeken van de wereld, e-mail, fax en telefoon… Een ware enquête is begonnen. Zelfs zonder ze te hebben gezien, worden deze films ware obsessies. Tijdens de luttele uren slaap die ons resten, achtervolgen ze ons nog, tot in onze dromen. Wij worden volledig ingenomen door deze films, nochtans niet meer dan abstracties, het voorwerp van ons verlangen, blijkbaar onvindbaar, zelfs wanneer ergens iemand ze ooit heeft gezien, zelfs wanneer iemand in het bezit is van de filmspoelen, iemand ergens ter wereld… In dit stadium van de zoektocht gebeurt het niet zelden dat meerdere films voor problemen zorgen. Doorgaans gaat het om de meest intrigerende, de meest begeerde en dus de meest zeldzame film. Niemand van de Nova-ploeg heeft hem ooit gezien, maar alles doet vermoeden dat het om een juweeltje gaat: echo’s van mensen die de film toentertijd mochten aanschouwen, persartikels die her en der werden opgediept, het traject van de regisseur, het scenario, de foto’s… Alles wijst erop dat deze film uitstekend past binnen het op til zijnde programma. Maar… onmogelijk om een eenvoudige DVD of tape op te sporen. Het enige overblijvende spoor voert ons terug naar pakweg de jaren ‘70, naar Frankrijk bijvoorbeeld. De catalogus van de verdeler in kwestie werd midden jaren ‘80 verkocht aan een Engelse maatschappij, die de film links liet liggen. Vervolgens ging deze maatschappij op de fles, zo’n tien jaar geleden. Sindsdien is elk spoor van de oorspronkelijke filmrollen bijster, zelfs filmmusea tasten in het duister… Hoe verder het doel verwijderd lijkt, hoe meer wij geneigd zijn ons in de zaak vast te bijten, koste wat kost. Verdelers, producenten, filmmusea, verzamelaars, televisiezenders, DVD-uitgevers… alle pistes worden uitgeklaard. Na tientallen telefoontjes blijft er één piste over. — Hebt u hem ? ! — Ja, ik heb het nagetrokken. Wij beschikken over de rechten voor België. — Schitterend ! Hebben jullie een kopie met Engelse of Franse ondertitels ? — Een kopie ? Wel nee, wij beschikken niet over filmkopijen. — U heeft dus geen kopie van de films die in uw catalogus zijn opgenomen ?
— Vous l’avez ? ! — Oui, j’ai vérifié. Nous détenons bien les droits pour la Belgique. — Excellent ! Et est-ce que vous auriez une copie sous-titrée anglais ou français ? — Une copie ? Ah non, nous n’avons aucun matériel cinéma. — Vous n’avez aucune copie des films qui sont dans votre catalogue ? — Non monsieur, nous vendons des droits, c’est tout. — Ah… et vous savez qui aurait une copie de ce film ? — Oh, ça, vous m’en demandez beaucoup. Moi je suis au service juridique, alors… Je vous passe ma collègue, un instant. — Oui merci heu… [musique d’attente] — Oui allô ? [d’un ton sec] — Oui bonjour monsieur, je travaille au cinéma Nova à Bruxelles et vous détenez les droits d’un film que nous voulons projeter. Votre collègue m’a dit que vous pourriez peut-être… — Oui ça va, OK, je suis au courant. Un instant ! — Oui merci heu… [musique d’attente] — Voilà. Je ne peux pas vous aider, mais allez voir du côté d’Excelsior Distribution. — Oui, c’est eux qui le distribuaient avant, mais ils ont fait faillite… — Je ne sais pas, vérifiez. — Ah, mais c’est ce que le registre du Centre du cinéma a dit. — Je ne peux pas vous en dire plus. Sinon demandez à la cinémathèque suédoise. — La cinémathèque suédoise ? Ils ont une copie ? — Écoutez, je n’ai pas le temps de m’occuper de ce genre de choses. Je vous ai dit tout ce que je peux vous dire, voilà. Je vous repasse mon collègue. — D’accord, merci heu… [musique d’attente] — Oui ? — Oui c’est de nouveau moi, du Nova à Bruxelles… — Oui, qu’est-ce que vous voulez ? — Hé bien votre collègue m’a donné des pistes pour une copie, je vais chercher et… si ça marche, donc, j’aurais besoin des droits. — C’est 1000 euros par projection. — 1000 euros ! Juste pour les droits ? ? ? — Oui. Mais de toutes façons, vous devez d’abord avoir trouvé une copie et nous dire qui vous la fournit. — Mais d’habitude c’est l’inverse : celui qui dispose d’une copie nous demande l’accord écrit de l’ayant droit… — Arrangez-vous avec lui. Nous vous fournirons l’autorisation quand nous aurons reçu votre paiement. Mais dans un premier temps, vous devez nous fournir les informations sur la copie et ceux qui vous la fournissent. Recontactez-nous à ce moment-là. Au revoir. Négocier n’est pas toujours l’étape la plus aisée dans la recherche d’un film. Il fut un temps pas si lointain où l’on tombait encore sur de petits distributeurs qui connaissaient leurs catalogues, choisissaient les films qu’ils voulaient soutenir, détenaient les droits pendant de longues années, restauraient les copies… Aujourd’hui, on se débat le plus souvent face à des multinationales lointaines, sans mémoire, où les employés changent tous les six mois. Des sociétés qu’on ne peut joindre parfois que via des formulaires électroniques. Sans oublier les faux distributeurs, qui ne font du cinéma que pour blanchir de l’argent et ne font pas tirer de copies des films dont ils ont
— Neen mijnheer, wij verkopen rechten, dat is alles. — Ach zo … hebt u enig idee wie wel een kopie van deze film heeft ? — Ach, daar vraagt u mij wat! Ik behoor tot de juridische dienst, dus … Wacht even, ik verbind u met mijn collega. — Ja euh, bedankt [wachtmuziek] — Ja hallo? [op droge toon] — Dag mijnheer, ik werk voor Nova in Brussel en u beschikt over de rechten van een film die wij willen vertonen. Uw collega vertelde dat u eventueel… — Ja, ça va, ik ben op de hoogte. Een ogenblik! — Ja euh, bedankt [wachtmuziek] — Zo. Ik kan u niet helpen, maar trek het eens na bij Excelsior Distribution. — Ja, zij verzorgden vroeger de verdeling, maar nu is die maatschappij failliet… — Ik weet het niet, trek het eens na. — Ja, maar dat is wat het register van het Filmcentrum mij meegaf. — Ik kan u er niet mee verder helpen. Vraag het anders eens na bij het Zweedse filmmuseum. — Het Zweedse filmmuseum ? Hebben zij een kopie ? — Luister, ik heb geen tijd om mij met dit soort zaken bezig te houden. Ik heb alles gezegd wat ik te zeggen heb, voilà. Ik geef u opnieuw mijn collega door. — Ja euh, bedankt [wachtmuziek] — Ja ? — Ja, ik ben het opnieuw, van Nova te Brussel… — Ja, wat wilt u ? — Wel, uw collega heeft mij op weg geholpen voor een kopie. Indien het iets wordt, zal ik de rechten nodig hebben. — Die bedragen 1000 euro per vertoning. — 1000 euro ? Enkel voor de rechten ? — Ja, maar in ieder geval hebt u eerst een kopie nodig en moet u ons vertellen wie u die bezorgde. — Maar doorgaans is het omgekeerd: diegene die over een kopie beschikt vraagt het schriftelijk akkoord van de rechthebbende… — Probeer een oplossing te vinden met hen. Wij geven toestemming na betaling. Maar in eerste instantie dient u ons de informatie over de kopie te bezorgen en over diegene die de kopie bezorgde. Neem dan opnieuw contact met ons op. Tot ziens. Tijdens de zoektocht naar een film is de onderhandelingsfase niet altijd de meest voor de hand liggende. Nog niet zo lang geleden kwamen wij in contact met kleine verdelers die hun catalogus kenden, de films kozen die zij wilden ondersteunen, vele jaren over de rechten beschikten, kopieën restaureerden,… Vandaag zitten wij veelal tegenover verafgelegen multinationals, zonder geheugen, waar werknemers om het half jaar van job wisselen. Ondernemingen waarmee vaak slechts via elektronische formulieren kan worden gecommuniceerd. Om niet te spreken van valse
les droits. Ceux qui disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés et dont les films sont ensuite bloqués en liquidation judiciaire… Dans ces conditions, il devient de plus en plus rare de trouver une oreille attentive à vos problèmes : vous voulez retrouver une perle rare, vous êtes même prêt à la montrer sans l’avoir vue, mais vous n’avez que peu d’argent, vous travaillez bénévolement dans un cinéma associatif qui blabla… blabla… Plus grand monde n’est sensible à ce genre d’arguments. Personne n’a le temps de les écouter. Alors, il vous faut soit payer les droits à telle société et la copie dans tel pays, plus le transport… Soit renoncer. Et encore faut-il avoir trouvé une copie à projeter ! Une fois que vous avez réussi à dégoter la copie rare, par exemple celle que le patron d’Excelsior a racheté lors de sa propre faillite puis revendue à un collectionneur suédois qui l’a ensuite léguée à la cinémathèque de son pays, vous ne lâchez plus l’affaire. Il faut arriver à négocier les tarifs demandés. Car payer à une société 1000 euros pour les droits d’un film pour lequel la cinémathèque suédoise demande, de son côté, 600 euros pour les frais de vérification de la copie… c’est impayable. On a donc tendance à se féliciter un peu vite lorsqu’on réussit à faire baisser les prétentions financières de ses interlocuteurs. Car l’ardoise fait tout de même mal aux finances. Et les soucis ne sont pas terminés. Il faut encore amener des gens, faire un texte, un flyer, trouver des photos… Il arrive que jusqu’à la dernière minute, la copie semble ne pas vouloir venir à vous. Par exemple, lorsqu’un sous-traitant du sous-traitant du transporteur international chargé de nous l’amener l’a égarée dans un aéroport étranger. Plusieurs jours de retard et d’angoisse. Mais il y a aussi des “ happy end ”, quand le film arrive in extremis et que le public vient nombreux. Les gens sont déjà assis dans la salle depuis déjà plusieurs minutes. Le film ne démarre pas. Stressé, vous courez en cabine. Le projectionniste s’y débat avec une vieille copie toute craquelée. Tout en recollant des dizaines de perforations endommagée, il vous vous jette un regard plein de reproches. Vos interlocuteurs avaient oublié de vous prévenir que la copie était en “ état 4 ” (dans le langage du cinéma, l’état de détérioration dans une échelle de 1 à 5). Et ce n’est qu’après cinq minutes de projection, à la première scène parlante du film, que des spectateurs se mettent à sortir de la salle. “ Ce n’est pas la version annoncée ”, protestent-ils : la copie est sous-titrée anglais et suédois, et non en français comme convenu. Mais il n’y a plus rien à faire. C’est une séance unique. D’ailleurs, la facture a été payée d’avance et l’erreur ne vient même pas des ayants droits. On ne va tout de même pas annuler. Le film est là, regardons-le enfin ! Après ce vrai moment de satisfaction, vous ne serez toutefois libre de toute responsabilité que quand vous aurez retourné le film à son expéditeur. Non sans lui avoir fait part de votre mécontentement, certes, mais auquel il n’opposera probablement qu’une petite musique d’attente… Ainsi va le cinéma. Vous êtes tout de même content. Vous vous sentez bien. Vous êtes prêt pour commencer une nouvelle programmation. P. S. Tous les noms cités dans ce texte sont fictifs, etc.
La fabrique à subsidiologues De subsidiologenfabriek M
GWEN
algré le bénévolat, un projet comme le Nova serait difficilement viable sans soutiens publics. Des subsides oui, mais à quel prix ? Un petit éclairage sur le sujet, sous la forme d’une contribution écrite par un membre du Nova à la demande du journal de “ Culture & démocratie ” dont un numéro était consacré à l’absence d’enjeux culturels dans la dernière campagne électorale. Que la culture ne compte pas parmi les enjeux électoraux n’est pas une surprise. En Belgique, il faut compter avec un État fédéral qui a peu de compétences culturelles, des Communautés qui n’ont pas d’accord culturel et se battent sur Bruxelles, mais aussi autant de régions et de communes qui développent chacune leurs propres actions culturelles sans souci de synergies ni de cohérence générale… Quand des “ états généraux ” sont organisés, c’est par l’une de ces parties, sans impliquer toutes les autres institutions concernées… Et que dire de la presse ? Au minimum, qu’elle n’est pas le lieu du débat culturel. Le débat sur “ les politiques culturelles ” en Belgique relève manifestement du voeu pieu. Et pourtant, ils tournent… Les ministères et administrations de la culture. Les décrets, les arrêtés, les subventions… Différentes politiques, plus ou moins intéressantes, sont élaborées sans aucune concertation. Il existe pourtant des points communs entre les différentes politiques appliquées de chaque côté des différentes frontières intra-belges. Parmi ceux-ci, une tendance notable et persistante à vouloir remplacer la notion d’évaluation (ou, mieux, de co-évaluation entre pouvoirs subsidiants, acteurs et usagers culturels) par des dispositifs de pur contrôle. De plus en plus contraignants, ceux-ci sont en partie axés sur les contenus mais opèrent davantage sur le fonctionnement des structures culturelles et, plus largement, associatives. Déjà, la nouvelle loi sur les ASBL avait laissé préfigurer un durcissement du contrôle des associations. Ces pratiques trouvent aussi leur place au coeur même des décrets sur lesquels se basent l’octroi des subsides culturels, à l’échelle européenne. On demandait déjà aux associations de correspondre à un “ pacte culturel ” pour le moins dépassé (composition des conseils d’administration, etc.). On leur demande à présent d’entrer dans des logiques de rendement, des critères quantitatifs plutôt que qualitatifs, des systèmes à points… Ou encore de remplir des dossiers se complexifiant de décret en décret, de tenir une comptabilité de plus en plus stricte (de préférence finalisée, approuvée en AG et parfois même commentée par un réviseur de comptes, tout ça pour le 31 mars)… Ce type de contraintes se situe bien au-delà d’une nécessité de transparence et de contrôle légitime que doivent exercer les institutions publiques quant aux subsides qu’elles octroient. Ce sont des logiques entrepreneuriales importées dans le champ de l’associatif, qui détournent les acteurs associatifs de leurs intentions et de leur vocation initiales. Ce “ tout-au-contrôle ” manifestement excessif (d’autant que certains doivent aussi cumuler les contraintes de différents dispositifs – notamment ceux qui mettent un point d’honneur à collaborer avec les deux communautés à Bruxelles), est une machine à transformer les associations en espèces de PME. Une machine exclure les petites initiatives, plus spontanées et souvent plus représentatives des attentes de certains publics que ne peuvent l’être les institutions culturelles. Une fabrique à “ subsidiologues ”, à comptables et à managers, des fonctions rendues ainsi incontournables au sein des associations subventionnées.
verdelers, die zich slechts met cinema inlaten om geld wit te wassen en die geen kopieën aanmaken van films waar zij de rechten van hebben. Het soort verdelers dat even snel op het toneel verschijnt als verdwijnt en van wie de films geblokkeerd worden bij faillissementen. In dergelijke omstandigheden vallen onze bekommernissen steeds vaker in dovemansoren: jullie willen een zeldzame filmparel terugvinden, jullie willen die zelfs vertonen zonder die zelf te hebben gezien, maar jullie beschikken over weinig financiële middelen, jullie werken als vrijwilligers in een bioscoopwerking die… blabla… blabla… niet iedereen is nog gevoelig voor dergelijke argumenten. De mogelijkheden die ons resten zijn: ofwel de rechten en kopieën betalen aan één of andere onderneming in één of ander land, samen met de transportkosten, ofwel… opgeven. Zaak is dus de te projecteren kopie op te sporen, denken wij bijvoorbeeld maar aan die zeldzame filmspoelen die de baas van Excelsior opkocht bij het faillissement van zijn bedrijf en vervolgens verpatste aan een Zweeds verzamelaar die dan op zijn beurt de kopie aan het filmmuseum van zijn land toevertrouwde. Eenmaal het kleinood wordt teruggevonden, laten wij niet meer los. Dan komt het er op aan over de gevraagde tarieven te onderhandelen. Want 1000 euro ophoesten voor de rechten van een film en daarnaast nog 600 euro betalen aan het Zweedse filmmuseum om de kopij te controleren, dat ligt buiten onze mogelijkheden. Wij prijzen onszelf niet te snel gelukkig, zelfs wanneer het mogelijk blijkt de financiële eisen van onze gesprekspartners te temperen. Dergelijke onkosten snijden diep in de budgetten. En daarna volgen nog wat kopzorgen. Mensen moeten nog worden bijeengebracht, teksten geschreven, strooibriefjes verspreid, foto’s samengebracht… Het gebeurt dat een kopie tot de allerlaatste minuut zoek blijft. Bijvoorbeeld wanneer de koerier in onderaanneming van de toeleverancier van de internationale transportdienst de kopij is kwijtgeraakt in een of andere luchthaven. Meerdere dagen oponthoud en nagelbijten… Maar dan heb je ook een “ happy end ” wanneer de film in extremis opduikt en een volle zaal opdaagt bij de vertoning. Het publiek zit al ettelijke minuten in de zaal. De film begint niet. Gestresseerd heen-en-weer geloop naar de kabine. Diegene die de filmprojector bedient is in de weer met een aftandse filmband vol barstjes. Misnoegd rijgt hij of zij de tientallen geperforeerde stukken aaneen. Onze zakenpartner had er niet bij vermeld dat de kopie zich in “ staat 4 ” bevond (filmtaal voor de situering op een schaal van verval van 1 tot 5). En na vijf minuten vertoning, bij de eerste scène met dialogen, verlaten mensen ook nog de zaal. “ Het is niet de voorziene versie ”, de kopie heeft ondertitels in het Engels en het Zweeds, maar niet in het Frans. Maar er zit niets anders op. Het is een eenmalige vertoning. De factuur werd bovendien op voorhand betaald en de fout situeert zich zelfs niet bij de rechthebbende. Geen sprake van annulering. De film loopt, laten we kijken -! Na dit moment van voldoening, moet de film nog worden terugbezorgd aan de afzender. Natuurlijk laten wij ons misprijzen blijken, maar dat zal op niet veel meer dan een wachtmuziekje worden onthaald… Zo gaat dat nu eenmaal ! Desalniettemin is men tevreden. Men voelt zich goed. Wij zijn klaar voor een nieuwe programmatie! P.S. Alle namen en situaties in deze tekst zijn fictief.
Alors, place au règne de la méritocratie et des “ professionnels de la culture ” ? Au nom de l’emploi et de la bonne gestion des deniers publics, notamment, c’est bien une professionnalisation - mais dans le pire sens du terme - qui en train de s’opérer. Un déplacement, un détournement de la notion d’association… Et ça, c’est un enjeu de société important, qui charrie notamment le débat sur le “ pacte associatif ”. Mais ce n’est certainement pas un enjeu électoral. Ondanks het vrijwilligerswerk zou een project als Nova nauwelijks levensvatbaar zijn zonder overheidssteun. Subsidies dus, ja, maar aan welke prijs ? Een licht op dit onderwerp via een bijdrage van een Nova-lid in het tijdschrift “ Cultuur en democratie ” waarvan een nummer gewijd was aan het ontbreken van “ cultuur ” in de recentste verkiezingscampagne.
D
at cultuur niet meetelt in de verkiezingscampagne is geen verrassing. In België heeft de federale staat nauwelijks culturele bevoegdheden, de Gemeenschappen (de Vlaamse en de Franse, bevoegd voor cultuur) hebben onderling geen cultureel akkoord en leveren strijd om Brussel, en bovendien ontwikkelen het gewest en elke gemeente op zich hun eigen cultuurbeleid zonder veel bekommernis om om synergie of coherentie. Meestal, bij debatten over dit onderwerp, gaat het initiatief uit van één van de betrokken partijen, zonder de andere instituties… Het debat over “ cultuurbeleid ” in gefederaliseerd België blijft een vrome wens. En nochtans… het is een drukte van jewelste… Decreten, besluiten, subsidiekanalen… Vele beleidslijnen, allen min of meer interessant, worden uitgetekend zonder onderling overleg. Nochtans bestaan er gemeenschappelijke punten tussen die talrijke beleidslijnen die elk toegepast worden aan deze en gene zijde van de taalgrens. Waaronder een nobele en aanhoudende tendens om een mogelijk systeem van evaluatie (of beter gezegd, co-evaluatie tussen subsidiegevers, organisaties en gebruikers) voorrang te geven op controlemechanismen. Deze zijn steeds meer en meer belastend voor de organisatie in kwestie, en veelal gericht op de werking van culturele structuren (en in bredere zin op verenigingen) dan op inhoud. De nieuwe vzw-wetgeving, enkele jaren geleden, liet reeds een verstrakking van de controle vermoeden. Nu vindt deze praktijk ook weerslag in de decreten op basis van weldeke de toekenning van culturele subsidies gebeurt. Verenigingen moeten nu voldoen aan een efficiëntielogica, kwantitatieve criteria (publiekscijfers ipv inhoud), een puntensysteem… Of zeer complexe dossiers invullen, een steeds strikter opgelegd boekhoudkundig systeem volgen (bij voorkeur afgewerkt, goedgekeurd door de algemene vergadering en geaggregeerd door een revisor, luttele maanden na het jaareinde)… Dit type van verplichtingen gaat verder dan de nood aan transparantie en legitieme controle die publieke overheden moeten uitoefenen op de subsidies die ze toekennen. Het zijn ondernemingslogica’s, toegepast op verenigingen, die de actoren van het (culturele) terrein afleiden van hun intenties, motivaties en initiële roeping. Deze totaalcontrole is buitensporig, en is des te sterker voor bvb. Brusselse actoren die opereren in beide gemeenschappen, waarbij de onderlinge eisen veelal niet gelijklopend zijn. Het is een machine om verenigingen klaar te stomen een KMO te worden. Een machine die de kleintjes buitengooit, zij die spontaner zijn en vaak beter beantwoorden aan de verwachtingen van nichepublieken, daar waar de overheid niet kan aan voldoen. Een fabriek van “ subsidiologen ”, boekhouders en managers, functies die onontbeerlijk worden voor gesubsidieerde verenigingen ! Blijven dan uiteindelijk enkel de professionals van de cultuur over ? In naam van tewerkstelling en goed beheer van publieke centen komt er inderdaad een professionalisering van de sector – maar helaas in de slechte zin van het woord : een verschuiving, een omzeiling van de notie “ vereniging ”… Dit is een belangrijk maatschappelijk vraagstuk want het raakt aan de vrijheid van vereniging… maar het vormt géén electorale inzet.
Cineketje
HILDE
S
B
ruxelles a vu se multiplier ces dernières années les initiatives culturelles destinées au public jeune, et même aux tout-petits. Cette déferlante de spectacle “ jeune public ” couvre différents domaines du champ artistique, comme le théâtre, la musique ou le cinéma. Cineketje, le programme pour enfants du Nova, s’inscrit d’une certaine manière dans ce mouvement, tout en y apportant une touche personnelle.
teeds meer culturele initiatieven organiseren, naast hun volwassenprogrammatie, een specifiek aanbod voor kinderen, ja zelfs voor de allerkleinsten… Deze beweging doet zich ook gelden in het Brussels cultuurlandschap en dit in verschillende artistieke domeinen als theater, muziek en film. Cineketje, Nova’s kinderfilmprogramma, volgt deze groeiende tendens. Toch is Cineketje op menig vlak “ eigenzinnig ”.
Chaque mois, Cineketje organise des ateliers de cinéma et des séances de projection de films en tous genres : animations, films d’étudiant ou d’atelier, réalisés par des enfants, classiques du cinéma, etc. Les ateliers et les projections font appel à différentes techniques, qui couvrent toute l’histoire du cinéma : du zootrope et thaumatrope à la caméra digitale et aux animations assistées par ordinateur, en passant par le super 8 ou le 16 mm. Les films réalisés lors des ateliers sont montrés après coup sur grand écran. Programme de film avant tout, Cineketje explore néanmoins de temps à autre différentes disciplines artistiques, comme la musique, le théâtre ou les arts plastiques, dans leurs relations aux images.
Cineketje is een maandelijks filmprogramma voor kinderen én volwassenen. Ze vertoont een diversiteit aan films zoals animatiefilm, klassiekers, filmpjes gemaakt door studenten of kinderen. Ze werkt vaak rond inhoudelijke thema’s die op dat moment in de volwassenprogrammatie aan de orde zijn zoals bijv. werk, grenzen, stad… Daarnaast organiseert Cineketje filmworkshops waarbij verschillende technieken aan bod komen gaande van het fabriceren van een zoötroop of thaumatroop, het hanteren van super 8, 16 mm of digitale videocamera tot het realiseren van een film met behulp van de computer. Deze filmpjes worden na afloop van de workshop vertoond op groot scherm. Alhoewel de focus ligt op cinema, exploreert Cineketje ook andere kunstdisciplines en kruisbestuivingen tussen beeld, muziek en theater.
Cineketje existe maintenant depuis deux ans. Mais dès le début, le Nova a organisé des séances pour enfants. Exemple parmi bien d’autres, en novembre 1997, dans un programme intitulé “ Adultes admis ”, sont montrés le dimanche après-midi “ La guerre des boutons ” d’Yves Robert et “ Fifi Brindacier ”, d’après le célèbre roman d’Astrid Lindgren. Deux films à l’atmosphère bien différente, mais qui ont en commun de donner les rôles principaux à des enfants terribles, au sens littéral du terme. De ce point de vue, Cineketje perpétue cette tradition de films pour enfants “ adultes admis ”. À l’inverse, des films d’adultes sont mis à la portée des enfants. C’est ainsi qu’en mai dernier a été montré “ Alice ” du Tchèque Svankmajer, qui donnait là une interprétation très singulière du récit de Lewis Caroll, à mille lieues de la version de Walt Disney. Le choix des films, d’après ce qui précède, peut sembler évident. Pourtant, chaque programmation apporte son lot de questions et de doutes. Les enfants ne vont-ils pas s’encourir de la salle, ou s’effondrer d’ennui, à la vue du film programmé ? Seront-ils intéressés par les films réalisés par d’autres enfants ? Peut-on passer des films expérimentaux ou d’un certain niveau d’abstraction ? Ou parlés dans des langues que les enfants ne maîtrisent pas ? Et que vont penser les parents si l’on montre à leurs chères têtes blondes des films qu’ils trouvent trop scatologiques ? Des questions pour lesquelles il n’est pas toujours aisé d’imaginer des réponses, mais que l’on veut bien partager avec vous autour d’une collation artisanale dans le bar. Libérez-vous de vos angoisses infantiles, de vos crispations linguistiques et des attaches à votre classe d’âge, et venez rendre visite à Cineketje, seul ou avec tous vos garnements.
Cineketje bestaat nu bijna twee jaar, maar eigenlijk organiseerde Nova reeds van bij het prille begin filmvertoningen voor kinderen. Op het programma van november 1997 met als titel “ volwassenen toegelaten ” stonden de films “ La guerre des boutons ” van Yves Robert en “ Pippi in Taka-tukaland ” gebaseerd op het boek van Astrid Lindgren. Twee films die totaal verschillend zijn van sfeer, maar wel één ding gemeen hebben : eigenwijze kinderen spelen er de hoofdrol. In dat opzicht nam Cineketje gewoon de draad op met het verleden en doet verder met zijn eigenzinnig programma dat ook toegankelijk is voor volwassenen. Eind mei dit jaar vertoonden we “ Alice ”, Svankmajers interpretatie van “ Alice in Wonderland ” naar het boek van Lewis Caroll. In tegenstelling tot de Walt-Disney versie, schept de regisseur hier een universum dat kinderen misschien niet meteen herkennen. Desalniettemin mocht de film niet op het programma van Cineketje ontbreken. We kunnen hier wel overtuigd klinken van onze filmkeuze, maar bij elke programma komen er heel wat vragen opduiken. Zullen kinderen bij het zien van deze film door pure verveling niet de zaal uitlopen ? En zijn kinderen wel geïnteresseerd in amateur-filmpjes gemaakt door andere kinderen ? Is het “ verstandig ” een film te tonen die de kinderen niet begrijpen wat betreft taal of abstractieniveau ? En wat zullen ouders denken als hun welopgevoede kindertjes een filmpje te zien krijgen waarin kak en pis de hoofrol spelen ? Vragen waarop we niet steeds een antwoord kunnen verzinnen, maar die we wel graag met u willen delen onder het genot van een artisanaal hapje in de bar van Cinema Nova. Bevrijd u van uw kinderangsten, taalblokkages en leeftijdsgenoten; tijd voor Cineketje !
VOX
“ Video Organisation for X ”
C
es deux significations sont ici imbriquées, car VOX est un collectif audiovisuel permettant à tous de prendre la parole et d’offrir par la vidéo un autre regard sur la société. Derrière cette noble intention se cachent sept ans d’existence d’un groupe fluctuant, au sein duquel ont émergé une trentaine de films regroupés sur sept compilations. Auxquels il convient d’ajouter ceux en cours de réalisation, et ceux qui germeront dans les esprits après la lecture de ce texte ! Vox est né des rencontres “ TV Nova ”, un module de programmation traitant de ce huitième art qu’est la télévision, mais en explorant plus précisément ses composantes marginales : télévisions indépendantes, télévisions communautaires et médiactivisme. Les initiés tels que Paper Tiger TV, Spectacle ou Indymedia nous ont très vite donné l’envie de lancer à Bruxelles une petite structure dans le plus pur style “ Do It Yourself ”, mettant à disposition du matériel vidéo (caméras et bancs de montage) pour celles et ceux portant le désir de s’exprimer par l’outil vidéo. VOX a démarré en 2001, de la collaboration entre le Cinéma Nova, l’asbl Polymorfilms et City Mine(d). Vox est à tout un chacun, avec ou sans expérience de l’image. Il suffit de désirer exprimer une idée, une parole ou une opinion à travers la vidéo et avec un regard personnel, c’est-à-dire “ autre ”, non formaté. Pour le reste, il peut s’agir d’un documentaire, un reportage, une fiction, un pamphlet, une poésie, un sourire, ou n’importe quoi qui n’entre pas dans ces définitions, ou se situe quelque part entre toutes. Comment fonctionne VOX ? Le collectif se réunit deux fois par mois, le premier et le troisième mercredi soir, et tout le monde est le bienvenu : toutes les personnes présentes constituent le collectif, qu’elles soient présentes depuis 5 minutes ou depuis 7 ans. Les décisions sont prises autant que possible au consensus. Lors d’une réunion, on discute des projets en cours, des questions techniques, de la diffusion, et des nouveaux projets proposés. Nul besoin de démarches compliquées ou d’introduire un dossier, tout se passe au cours de la discussion : on se pose mutuellement des questions, on affine le sujet, on papote, éventuellement on se revoit une seconde fois. La décision peut être prise au cours de la première réunion, ou plus tard. Et le cas échéant, le projet peut être aiguillé vers une structure plus adéquate pour le réaliser. Une fois le projet accepté, la caméra brandie ou le nez sur le banc de montage, des visions collectives du travail en cours sont organisées. Lors de ces dernières, les conseils et remarques fusent, tout en laissant bien entendu à l’auteur le contrôle du propos et des choix de fond et de forme. La formation à la caméra et au montage se fait sur le terrain, car rien de tel qu’ “ apprendre en faisant ”. Avant de proposer un projet, il faut savoir que VOX n’est pas une équipe technique, professionnelle ou spécialiste, qui se mettrait “ à disposition ” sur demande. L’auteur(e) porte son projet elle- ou lui-même, en s’impliquant dans VOX au moins le temps de la réalisation de celui-ci, voire au-delà, pour partager les acquis de l’expérience avec les nouveaux : la connaissance de la réalisation vidéo, du montage… Une fois le film réalisé, et quand il y a assez de films pour le faire, VOX édite une compilation en DVD des dernières œuvres. Cette compilation est programmée au Cinéma Nova lors d’une soirée VOX, et ensuite mise en vente (par exemple à la Nova’s Microboutiek) et distribuée dans divers endroits de Bruxelles et d’ailleurs. Ces films ont été montrés en VHS et en DVD, certains souvent et d’autres moins, sur divers écrans de festivals et d’autres lieux variés, parfois lointains et improbables : Bangalore, Bombay, Barcelone et… Virton ! Une nouvelle fois, les auteurs jouent ici un rôle important en portant leur film et le collectif vers les endroits ou canaux où les diffusions s’organisent. Bilan provisoire : des dizaines de films sur un tas de sujets divers, allant de rencontres dans un café jusqu’à une grève dans une mine d’or au Mali, en passant pas une pièce de théâtre en Tamazight, et d’autres choses encore. Le point commun ? Cet autre regard sur la société, qu’on ne voit pas à la télévision, mais qui existe bel et bien !
MARIE-EVE & PASCAL
V
ox is een audiovisueel collectief voor elkeen die een andere kijk op de maatschappij wil bieden, met video als creatief expressiemiddel. Achter deze nobele intentie gaat een wisselend informeel collectief, een dertigtal films en zeven compilaties schuil. Hieraan moeten we nog enkele films toevoegen die momenteel gerealiseerd worden en wie weet… degene die ontkiemen in jullie geesten ! VoX is geboren uit de “ TV Nova-ontmoetingen ”, een programmamodule over de achtste kunst die televisie zou kunnen zijn, en meer bepaald over onafhankelijke televisiezenders, burgermedia en media-activisme. Gasten als Paper Tiger TV, Spectacle en Indymedia gaven al snel zin om in Brussel een kleine structuur op te richten die op pure DIY-wijze videomateriaal ter beschikking stelt (camera, montagetafel) aan ieder die zich met video uitdrukken wil. Samen met Polymorfilms en City Mine(d) richtte Nova het VoX-collectief op; de eerste films kwamen uit in 2001. VoX is van elkeen, of je nu ervaring met film en beeld hebt of niet. Het volstaat om goesting te hebben om een idee uit te drukken, een woord, een opinie, met video als middel en met een persoonlijke kijk, d.w.z. een “ andere ”, niet-geformatteerde kijk op een onderwerp dat je nauw aan het hart ligt. Het kan gaan om een documentaire, een reportage, een fictie, een pamflet, een gedicht, en alles wat hiertussen valt. Hoe functioneert VoX ? Het collectief komt twee keer per maand bijeen, elke 1ste en 3de woensdagavond van de maand, en iedereen is welkom. Elke aanwezige maakt op dat moment deel uit van het collectief, of je er nu pas 5 minuten bent of al 7 jaar… De beslissingen worden zoveel mogelijk in consensus genomen. Gedurende een vergadering hebben we het over de lopende projecten, technische vragen, distributie, en de nieuwe voorstellen. Onnodig om lange dossiers vol te schrijven, alles gebeurt in een discussie: vragen worden gesteld, het onderwerp wordt afgelijnd, de vormelijk behandeling besproken… Beslist kan er worden op de 1ste vergadering, of eventueel later nadat het project wat gerijpt heeft… en indien nodig wordt het voorstel doorverwezen naar een meer aangepaste produktiestructuur. Eenmaal het project aanvaard, de camera ter hand of de montagetafel voor je neus, zijn er gezamenlijke visies van het werk in wording, zodat de nodige feedback en ondersteuning gegeven wordt, terwijl het laatste woord wat vorm en inhoud betreft bij de auteur blijft. Camera en montage leer je al doende. Vooraleer je een project voorstelt aan VoX moet je weten dat het niet om een technische of gespecialiseerde ploeg gaat die je wensen inwilligt en die “ à la carte ” werkt. De auteur draagt zelf zijn of haar project tijdens de realisatie, en maakt gedurende die tijd deel uit van VoX, en deelt ervaringen en kennis met de groep. Indien er enkele andere films afgewerkt zijn, stelt VoX een compilatie-DVD samen. Er is een vertoning op groot scherm in Nova, de DVD zelf is aan een zacht prijsje te koop (bvb. in Nova’s Microboutiekje) en wordt verdeeld in Brussel en elders. Sommige films worden meermaals her en der vertoond, en anderen niet, en sommigen zelfs ver over de grenzen, op onwaarschijnlijk plaatsen gaande van Bangalore tot… Virton! Ook hier spelen de auteurs een belangrijke rol in het uitdragen van hun film en van VoX zelf. Voorlopig besluit: enkele tientallen films over diverse onderwerpen en in even verschillende stijlen, gaande van ontmoetingen in een volkscafé over een theaterstuk in Tamazight tot een staking in een mijn in Mali… Het gemeenschappelijke punt: een andere kijk op de maatschappij, die je meestal niet ziet op TV maar die weldegelijk bestaat!
www.vox-video.be
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Rue Theodore Verhaeghenstraat 18 - B - 1060 Bruxel T. 0032 (0)2 502 50 65 F. 0032 (0)2 513 48 04
Chronique d’une copie The road to the Nova screen
GUILLAUME
L
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Tout commençait pourtant de façon confortable puisque j’étais assis dans un canapé, à regarder une chaîne câblée dans un coin perdu de France. Je découvre un film anglais, un thriller étonnant et tendu dont je n’avais jamais entendu parler. Il date apparemment du début des années 70. Plusieurs mois plus tard, une petite équipe du Nova préparait un mini cycle dans lequel ce petit film aurait parfaitement sa place. Il fallait alors trouver une copie DVD ou VHS pour que le reste de l’équipe puisse le voir. Premier obstacle donc, le film n’est jamais sorti en vidéo. Commence alors un périple éreintant. Je décide d’appeler la chaîne cablée sur laquelle j’ai vu le film : impossible de parler à un programmateur. À croire qu’il n’y en a pas. Ce mystère restera entier. Pourtant, il doit bien se trouver quelque part une copie vidéo s’il passe à la télé ? Je n’arriverai jamais à mettre la main dessus. Internet, par qui j’avais déjà appris qu’il n’existait pas de support vidéo, me fournit le contact de la secrétaire de l’agent du réalisateur. Ce n’est pas le contact le plus direct, mais soit, je fais avec. Elle prend contact avec le réalisateur qui demande à son producteur à Los Angeles de chercher une copie vidéo, qu’il ne trouve pas. De toutes façons, c’est plutôt une copie 35 mm que je cherche maintenant. Entre temps, je contacte la société qui a produit le film. Du moins, j’essaye. Cette compagnie (célèbre) a fusionné avec une autre (plus grosse, très célèbre). Le département français n’a aucune trace du film, ni le contact d’une personne susceptible de m’aider, pas plus en Angleterre ou qu’aux États-Unis. Je prens donc note d’un contact bidon qui me conduit pourtant à une personne voulant bien faire un effort.
Ziehier het relaas van het tegenovergestelde. Alles begon nochtans in een comfortabele zetel. Kijkend naar een beklijvende Engelse thriller in dat onnavolgbare BBC-Engels, bouwjaar 1971. Deze film paste perfect in de op til zijnde programmatie ! Vlug een kijk-DVD of VHS vinden luidde de boodschap… Maar… nooit werd deze film uitgebracht op video. Aiaiaiaiai, het begin van een eindeloos lijkende speurtocht. Ik besluit contact op te nemen met het kabelnet waar ik deze film zag : niemand gaf thuis. De technici waren misschien een beetje onoplettend en hebben deze film gespeeld zonder dat iemand het merkte ? Een onbeantwoorde vraag. Daar er niet zoiets bestaat als een “ helpdesk voor videozoektochten ”, neem ik contact op met het secretariaat van de agent van de verdeler. Niet het directe contact, maar OK, het is contact. Het secretariaat neemt op haar beurt contact op met de verdeler die op zijn beurt contact opneemt met de producer in LA om een cassette te zoeken die hij niet vindt. Dan maar meteen op zoek naar een 35mm kopie. Direct naar de producerende (onafhankelijke) firma dus die ondertussen is samen gesmolten met een andere firma, een “ major ”. De Europese afdeling van deze firma heeft geen enkel benul van het bestaan van deze film, laat staan een contact met een bevoegd persoon in de VS of Engeland. Men zou denken dat zulke grote bedrijven een afdeling hebben die zich bezighoudt met de rechten op oude films ? Niet dus ! Maar omdat normaal gezien de houdbaarheidsdatum van een film iets langer is dan die van een yoghurtpot, verliezen we de goede hoop er niet op !
e chemin qu’il faut parcourir entre le moment où l’envie de passer un film au Nova se fait sentir et le moment où la copie arrive dans nos murs est parfois sinueux. Parfois, c’est très simple, et quelques coups de fils suffisent à régler les histoires de droits de diffusion, location et transport de copies. La somme se négocie, bref tout va bien. Cette fois ci pourtant, l’enquête allait s’avérer fastidieuse.
On pourrait se dire que ces grosses sociétés ont un département qui gèrent droits et copies de leurs vieux films… Mais il n’en est rien. Un film est un produit à la durée de vie pas plus longue qu’un yaourt. Le film une fois périmé est soit géré par une autre société qui regroupe quelques classiques (il est alors possible d’avoir les droits contre une somme astronomique, le problème de la copie n’étant pas réglé…), soit racheté dans catalogue de films par une société quelconque, qui au mieux sort le film en DVD, en condamne trente autres à l’oubli, et ne se souci pas d’une éventuelle diffusion au cinéma. Ou encore, le film est dans une cinémathèque, qui ne possède en général pas les droits. Pour ce film-ci, je contacte le British Film Institute : aucune trace. Entre temps, le programme du Nova doit être imprimé, le jour de bouclage, un e-mail (dont je ne comprend pas s’il vient d’Angleterre ou des États-Unis) me communique qu’une copie 35 mm est disponible. Je confirme alors le film, il sera dans le programme, mais sera-t-il sur l’écran ? Plusieurs personnes (anglaises ou américaines ?) m’écrivent pour me dire qu’ils ne peuvent pas s’en occuper et qu’ils ne savent pas où est la copie. Je recontacte par téléphone la mystérieuse personne qui me confirmait la copie par e-mail… “ Well, she is not working here anymore ” ! Décontenancé, je dois trouver une autre personne, le calvaire recommence. Entre temps, je dois négocier avec la filiale belge de m’accorder les droits de diffusion, qui sont très chers. Je dois faire intervenir une autre personne pour m’aider à négocier. Finalement, un prix “ novable ” sera possible. Mais reste le problème de la copie… Un e-mail d’une autre personne encore me parvient pour me reconfirmer la copie, mais je ne sais toujours pas si la copie vient d’Angleterre ou des États-Unis, détail très important pour le coût de transport d’un colis de plus de 20 kg par un transporteur rapide (impossible par transporteur national…). Finalement, une semaine avant la projection, la copie arrive d’Angleterre (ouffff…), sûrement pas touchée depuis 1971, pas soignée, elle est cassante et toute rouge, il faudra mettre un filtre devant le projecteur. Le film, rarissime donc, peut-être même jamais montré en Belgique, invisible en vidéo, passe deux fois. Une cinquantaine de personnes se déplacent pour voir un film tout rouge, sans sous titres. La plupart sortent avec des étoiles dans les yeux, et demandent où ils peuvent trouver le film… Bon courage.
et pad dat een film aflegt vanaf het moment dat we denken “ mmmm toffe film ” tot het filmscherm loopt niet altijd over rozen. In het ideale geval vinden we na een telefoontje of twee de verdeler en de kopie, is de vertoonprijs haalbaar en verloopt het transport probleemloos.
Enkel mogelijkheden tekenen zich af : - Eens de film verjaard, werd hij beheerd door een ander bedrijf die klassiekers verzamelt (het is dus mogelijk de rechten te kopen tegen een astronomisch bedrag en de kopie te vergeten) - De film is verdwenen in een catalogus van een of andere maatschappij, die één film uitbrengt en de anderen in de vergeetput smijt, daarna wordt de maatschappij overgenomen en de vergeetput wordt ook vergeten. - Of de film zit in de een of ander filmotheek die zich niet bezighoudt met het verdelen en onderhandelen van de rechten. Ondertussen in het grote Novabos dringt de tijd want het programma gaat in druk ! En zoals in de goede series, net op het laatste moment, komt er een mail binnen met het heugelijke nieuws dat de kopie voorhanden is. Laat maar komen ! De film dus in het programma, maar nog niet in Nova. Enkele weken verlopen zonder veel nieuws. Enigszins ongerust neem ik contact op met het vreemde persoontje dat mij een kopie beloofde, maar aan de andere kant van de lijn klinken de gezegende woorden : “ Well, he’s not working here anymore ”. Argh ! Opnieuw naar af. We speuren naarstig verder. Uiteindelijk een mail van iemand die via via een kopij bezit. Maar waar ? Een belangrijk element, want een zeldzaam vrachtje van 20 kg laat je niet zomaar overkomen van de andere kant van de wereld… Uiteindelijk, enkele dagen voor de voorstelling, komt de film bijna letterlijk aangespoeld uit Engeland : niet aangeraakt sinds 1971, onverzorgd, broos en volledig rood verkleurd…. Maar kom, een unieke kans om deze in België nooit eerder vertoonde film te zien ! Na afloop verlaat een vijftigtal mensen de zaal met fonkelende ogen, zich afvragen in welke videotheek ze deze film kunnen vinden…. Goede moed !
Chaque spectateur est un acteur Elke toeschouwer is een medewerker L
a mondialement célèbre enseigne du numéro 3 de la rue d’Arenberg attire le regard. Photographiée tous les jours, son image s’en va partout. Les brols qui la constituent, précédemment voués à l’abandon, connaissent donc une nouvelle vie, comme le lieu désigné par les lettres qu’ils composent : Cinéma Nova. Plutôt que de partir l’appareil photo en poche, certains regards captés pénètrent l’endroit. Certes pour y voir des films mais pas uniquement, aussi pour y apprendre que cette nouvelle vie est animée par une équipe de volontaires, dont le travail dans la structure est pleinement consenti. Étant donnée l’idéologie de marchandisation de chaque micro-seconde de vie qui nous entoure, nous entendons parfois : “ Quoi ? Et tu travailles toute la soirée et une partie de la nuit pour rien ? Et tous les autres aussi ? ” Hé oui ! Et ça marche ! Des avis variés circulent parfois au sujet de l’ambiance de groupe et de l’accueil humain dans notre équipe. Avec toutes les nuances possibles entre les deux, il est arrivé à certains d’y percevoir un groupe fermé et à d’autres de s’y sentir accueillis comme jamais. Par exemple, originaires l’une de France et l’autre d’Espagne, deux jeunes filles membres de l’équipe exposent de la même manière leur rencontre personnelle avec le Nova, qui fit qu’en attente de repères dans leur nouvelle ville elles pénétrèrent les lieux par hasard : “ Pour la première fois, je me sentis chez moi à Bruxelles ! ” Ces impressions différentes dépendent bien entendu avant tout de la personnalité et de l’état d’esprit du visiteur, mais aussi du moment de la visite. L’inverse serait étonnant : comme pour tout groupe humain des codes de fonctionnement s’installent, ainsi que des moments de courses organisationnelles empêchant parfois la vigilance minimale pour l’accueil. Quoiqu’il en soit, de notre côté la volonté est explicite de permettre l’intégration au sein de l’équipe de celles et ceux qui en émettent le souhait. C’est d’ailleurs en partie ce que signifie l’une des phrases emblématiques du manifeste : “ Chaque spectateur du nova y est un acteur potentiel ”. * Ceci est une intention, encore faut-il savoir qu’y faire. Si vous vous êtes déjà demandé comment intégrer cette équipe, voici un rapide passage en revue des pierres à poser pour soutenir l’édifice et les différentes clefs d’accès à notre collectif. Différents degrés d’implication À l’arrière des programmes du Nova, vous pouvez consulter une liste de prénoms, oscillant autour de la centaine. Pour ces
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et beroemde uithangbord dat zich bevindt in de Arenbergstraat ter hoogte van huisnummer 3 trekt vaak aandacht van toevallige voorbijgangers én bezoekers. Vaak vinden zij het zelfs zo intrigerend dat ze het vereeuwigen op foto. Op het uithangbord kan je de naam lezen van de plek. De letters zijn vervaardigd van oude, afgedankte spullen die hier nieuw leven kregen. Zo verging het ook de oude cinemazaal zelf, de vroegere Studio Arenberg, die in 1997 onder de naam “ Cinema Nova ” opnieuw het licht zag. Sommige bezoekers nemen niet enkel een kiekje, maar gaan ook een film kijken en zijn geïnteresseerd in het reilen en zeilen van onze cinema. Goed om weten is dat Nova volledig wordt gedragen door een ploeg vrijwilligers. Misschien herkent U zich wel in deze bijna uitgestorven mensensoort en inspireert het volgende artikel u om ons op één of andere manier een handje toe te steken. Over de sfeer binnen de ploeg en de manier waarop “ nieuwelingen ” onthaald worden is veel te zeggen, er zijn dan ook verschillende meningen hierover. Sommigen voelen zich onthaald als nooit voordien en ervaren Cinema Nova als een echte thuishaven. Zo bijvoorbeeld twee meisjes, de ene afkomstig uit Frankrijk en de andere uit Spanje, die zich hier meteen thuis voelden en nu deel uitmaken van onze ploeg. Anderen dan weer ervaren onze ploeg als zeer gesloten, zelfs “ sektair ”. Deze verschillende ervaringen hebben te maken met de bezoeker zelf, zijn verwachtingen en natuurlijk ook met het moment waarop hij / zij de cinema betreedt. In het Manifest van Nova staat geschreven : “ elke toeschouwer is een potentiële medewerker ”. Dit wil zeggen dat elke bezoeker uitgenodigd wordt om deel uit te maken van het cinemagebeuren als kritische toeschouwer of als medewerker in spe. Engagement kan op veel verschillende manieren. Op de achterkant van elk programmmaboekje kan je de voornamen lezen van alle vrijwilligers die bij Nova werkzaam zijn. En dit zijn er veel, wel zo’n honderdtal. Natuurlijk doen ze niet allemaal hetzelfde, er zijn zeer verschillende soorten engagement mogelijk, afhankelijk van de tijd en van de goesting. Je kan af en toe een avondje komen tappen in de bar, maar je kan ook een volledige programmatie uit de grond stampen. Een spilfiguur in de werking is diegene die de permanentie tijdens de openingsuren doet. Hij of zij opent en sluit de cinema, telt de inkomsten na en zorgt voor ondersteuning van de ploeg. Let wel: ook hij / zij is vrijwilliger, net zoals iedereen in Nova, een halftijdse post (financiële opvolging) niet te na gesproken…
personnes, les types d’implications sont très variés, et c’est bien entendu le principal ingrédient de la recette maintenant cette liste aussi longue. Il est possible d’apporter une aide au fonctionnement de la structure si on a une soirée de temps en temps mais également si on veut s’y impliquer tous les jours. Lors des soirées d’ouverture, l’équipe du jour est encadrée par un “ permanent ”. Signalons toutefois que l’utilisation de ce terme n’est pas à prendre au sens habituel, le permanent représentant généralement le salarié d’une association. Non, excepté un travailleur mi-temps s’occupant des comptes, tout le monde travaille bénévolement au Nova. Outre le permanent, les postes invariables de l’équipe sont la projection, le bar et la caisse. Ces deux derniers sont les postes les plus courants pour “ débuter ”, pour lesquels l’investissement ne demande aucune autre disponibilité en temps que le jour même où l’implication se réalise. Ils sont aussi les plus socialement exposés, raison pour laquelle les spectateurs réguliers auront l’impression de rencontrer des membres du Nova toujours différents. L’autre rôle assurant la bonne tenue de l’ouverture du jour est donc le poste de projectionniste. Moins exposé et bien planqué dans la cabine surplombant le balcon et la salle, le projectionniste n’en est bien évidemment pas moins indispensable. C’est là-haut qu’elle ou il prépare les copies de films des différents formats diffusables au Nova, et lance la projection. Un travail plus en amont concerne la programmation, pour laquelle certains pensent parfois qu’il y a une équipe fixe, et que ce travail n’est pas concerné par l’ouverture aux bénévoles. Il n’en est rien et, même si les processus de programmation sont très précis et soumis à discussion et acceptation collégiales, cet aspect du fonctionnement est également ouvert à tout apport extérieur. Certaines programmations sont assurées par des gens déjà impliqués au Nova, d’autres par des gens extérieurs intégrant l’équipe à cette occasion, d’autres encore sont mixtes, mais dans tous les cas le programme final est le résultat d’un processus collectif. La réunion de programmation décide collectivement des futurs projets, en fonction de critères de faisabilité de budget, d’agenda, mais aussi de pertinence. Car, même si vous trouverez dans l’équipe des gens motivés à revoir la tétralogie des Alien (oui !), ce lieu s’est créé pour combler un manque en terme de diversité d’offre cinématographique. Comme l’expose l’introduction du Manifeste : “ Dans une société où le rôle de l’image et des
In een wereld waar alle menselijke activiteit wordt gewogen in termen van geld, roept dit bij de buitenstaander wel eens vragen op. “ Dus de permanentie wordt zelfs ’s nachts niet betaald? ” of “ Werken al die vrijwilligers helemaal gratis? ”. Waarop wij antwoorden: “ Eigenlijk wel ja ”. Eén van meest belangrijke rollen - een bioskoop is ondenkbaar zonder hem of haar - is die van de filmoperator. Een haast onzichtbare aanwezigheid maar desalniettemin onontbeerlijk. Boven in de cabine houdt hij / zij toezicht op alle toeschouwers…. Neen, dit is een grap. Hij / zij moet er vooral voor zorgen dat de films, in welk formaat dan ook (35mm, 16mm, video) op een degelijke manier vertoond worden. Bijna elke filmoperator in Nova heeft hier het vak geleerd ! De meest zichtbare taken zijn die van de bar en kassa. Deze zijn ook de meest populaire en worden door zeer veel verschillende vrijwilligers uitgeoefend. Hierdo sommige bezoekers de indruk dat de ploeg van Cinema Nova steeds wisselt van samenstelling. Anderen dan weer hebben de idee dat Nova “ gerund ” wordt door een vaste ploeg, die bestaat uit enkele programmatoren. Vele buitenstaanders of nieuwe vrijwilligers denken dat het werk van programmatie voor hen niet toegankelijk is. Maar niets is minder waar. Eigenlijk kan elk lid van de Nova-ploeg een programmatie voorstellen, maar dan op een geijkte manier m.n. via de programmatievergadering, toegankelijk voor alle actieve leden, waar eigen voorstellen maar ook die van buitenstaanders worden besproken. Cinema Nova is een collectief en beslissingen worden samen genomen. Op deze maandelijkse vergadering wordt rekening gehouden met inhoudelijke en praktische criteria. “ Is het voorstel wel financieel haalbaar? ” of “ Zegt de film ons iets meer dan wat we gewoon zijn te zien? ”. Als iemand bijvoorbeeld zin heeft om de integrale van “ Alien ” te vertonen, moet daar dus eerst wat over nagedacht worden! Nova bestaat namelijk vooral voor die filmprojecten die in het commerciële circuit hun weg niet vinden. Zo staat het ook in het manifest. “ In een samenleving waarin beeldcultuur en communicatiemedia overheersen en tot eenvormigheid leiden, en waarin het fenomeen van privatisering doordringt tot publieke dienstverlening, werd Cinema Nova opgericht vanuit het verlangen om ruimte en middelen ter beschikking te stellen voor research, reflectie, uitwisseling, confrontatie, creatie en experiment rond beeldcultuur en cinema in het bijzonder. ”* Door middel van een krantje maken we ons programma bekend. Omdat we een Brussels initiatief zijn, willen we de teksten in minstens 2 landstalen publiceren. Natuurlijk is niet iedereen
GÉRALD médias de communication est devenu prédominant et tend à l’uniformisation, où le phénomène de privatisation a déjà atteint les services publics, le Nova est né de la volonté d’ouvrir et d’animer des outils et des espaces de recherche, de réflexion, de connexion, de confrontation, de création et d’expérimentation autour de l’image en général et du cinéma en particulier ”. À côté de ces tâches, il existe une série de choses tout aussi nécessaires, mais que nous ne pourrons énumérer exhaustivement ici. Parmi elles le besoin de traducteurs, car si le Nova est un projet bilingue, tous ses membres ne le sont pas. Des traducteurs pour les textes destinés au programme imprimé sont les bienvenus, du français vers le néerlandais et viceversa. Afin d’éviter les fautes, des correcteurs sont également nécessaires, car les rédacteurs sont souvent en état d’urgence au moment du bouclage. Citons encore le moment de travail collectif par excellence qu’est le jour d’envoi postal des milliers de programmes imprimés. Nous nous retrouvons pour coller les étiquettes nominatives, trier les lots par ville et communes, pour finalement emballer le tout avant le dépôt à la poste. Plus nous sommes nombreux ce jour-là, plus c’est agréable et rapide. Les programmes qui ne sont pas envoyés de cette façon sont déposés dans Bruxelles, dans des cafés, restaurants, lieux culturels… Une équipe de distributeurs se constitue pour chaque programme, se répartissant la tâche par zones de Bruxelles. Terminons en évoquant la réunion hebdomadaire du mardi. Au cours de celle-ci sont réglées les questions pratiques d’actualité et les modalités de fonctionnement des quatre jours d’ouverture à venir. Ces réunions servent véritablement de ciment au travail quotidien des lieux. En pratique Si vous désirez en savoir plus, proposer votre aide pour une de ces tâches ou pour autre chose, envoyez un courriel à cette adresse :
[email protected] . Ceci dit, on peut être lent à répondre… mais néanmoins, bienvenue à vous !
* Le Manifeste fut publié en pages 18 et 19 du programme n° 94, constituant la seconde partie de la programmation du dixième anniversaire. Vous pouvez le consulter à cette adresse :
perfect…. en dus ook niet meertalig. Vandaar de nood aan vertalers, aan Nederlandstaligen die de teksten in het Frans vertalen, en andersom. Dit krantje moet ook het publiek bereiken. Van elke editie van het programmakrantje gaan er duizenden exemplaren per post de deur uit. Die moeten allemaal voorzien worden van een etiket met het adres van de bestemmeling. Dus zij die graag “ plakken ”, zeer welkom ! Met een drankje, muziekje en aangenaam gezelschap valt dit monotoon werk wel best mee. En voor de distributie rekenen we, naast de post, op veel voetvolk, fietsers én autobestuurders (verantwoord !) die de krantjes een respectvol plekje geven in cafés, bibliotheken, cultuurhuizen... Praktisch Als één van deze taken je op het lijf geschreven staat of indien je onze ploeg wil vervoegen, mail dan naar
[email protected] . Wel even geduld, want als het goed meevalt krijgen we misschien ontzettend veel mails binnen… ! Misschien krijgt u nu wel de idee dat wij u enkel nodig hebben voor het uitvoeren van taken of het bijwonen van vergaderingen. Wees gerust, Nova blijft een plek waar menselijke ontmoetingen het belangrijkst zijn. * Het Manifest werd gepubliceerd op pagina’s 18 en 19 van het programma nr 94, het tweede deel van de programmatie “ 10 jaar Cinema Nova ”. Je kan het ook lezen op het volgende adres :
www.nova-cinema.org/main.php?page=pre/01manifeste
nova goes to india I
l arrive que le Nova réponde à l’invitation d’un festival ou d’une association et programme hors de ses murs. France, Bénin, Italie - si ces projets sont moins connus du public et des bénévoles qui n’y participent pas, c’est aussi parce qu’il n’existe pas vraiment d’endroit où en témoigner. Ce numéro rédactionnel est donc l’occasion à saisir pour écrire et réfléchir autour d’un tel projet.
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18 mars 2007, Bruxelles . Il est cinq heures, et la valise à peine bouclée… Le groupe : trois réalisateurs, un réalisateur et novaïste, deux novaïstes. Direction : Bombay.
18.03.07 > BXL, 5 am . De koffers nauwelijks gepakt en amper geslapen. Een groep reizigers – 3 regisseurs, 1 novaïst-regisseur, 2 novaïsten. Voorziene vertrektijd : 7 am. Richting : Bombay.
C’est dans une voiture à Bruxelles, lors d’une discussion entre deux invités indiens et deux programmateurs du Nova, que l’idée a germé : et si, suite à la carte blanche que le collectif “ Vikalp : Films For Freedom ” (FFF) a réalisé au Nova en octobre 2005, des films belges programmés par le Nova se retrouvaient à Bombay ? Les liens qui rallient le Nova et FFF sont évidents. Les deux équipes sont actives dans la diffusion des films indépendants, hors standards narratifs ou formatage audiovisuel, que ce soit de forme ou de contenu. En 18 mois, dossiers de subvention, échanges de films, sélection en collaboration avec FFF, et programme sont bouclés. Le projet : un festival de films belges et indiens à Bombay, qui devient une petite aventure, puisqu’il s’est prolongé d’une tournée dans trois villes, pensée pour nous par le groupe indien.
De idee ontstond in een auto in Brussel, tijdens een gesprek tussen twee Indische genodigden en twee Nova-programmatoren. “ En als we na de carte blanche voor het Indische filmmakerscollectief Vikalp: Films For Freedom in Nova (oktober 2005) de rollen eens omdraaien: een carte blanche voor Nova in Bombay ? ”. De affiniteiten tussen Nova en Vikalp zijn duidelijk : beiden zijn actief op het gebied van onafhankelijke filmverdeling, wars van narratieve standaardisering, audiovisuele formats en commerciële criteria.
Ainsi, deux nouvelles étapes prolongent le festival “ Let it BE ! ”, sur le mode de l’errance. Et le contexte dans lequel nous nous retrouvons est parfois déstabilisant, comme le masala. Trois villes, trois couleurs : Bombay, Pune et Bangalore. À Bombay, étape initiale, nous rencontrons les collaborateurs et pionniers de ce festival, nos contacts depuis 2005. À Pune, nous montrons les films dans l’école nationale de cinéma et télévision où Ritwik Ghatak a enseigné (les murs gardent encore la trace du maître et de ce vide qu’il a laissé derrière lui). Notre dernière escale est Bangalore où nous retrouvons une antenne de Films For Freedom dans les sphères de l’intelligentsia culturelle avant-gardiste. La demande pour cette programmation était de montrer diverses approches cinématographiques dans lesquelles la position du réalisateur est rendue visible, et occupe une place proche de l’engagement : vis-à-vis d’une question personnelle (le réalisateur se présente dans le film) ou sociale. Pour FFF, cette réalisation en “ je ” est davantage présente dans les réalisations européennes. L’autre enjeu serait de donner vie à un festival de cinéma qui ramène un public fidèle. Objectif rempli : le public fut au rendez-vous. Bombay. Nous profitons de l’ambiance de la capitale cosmopolite ; les discussions de l’après-midi, organisées dans un espace aux décos très tendance (WC en forme d’œuf, mangas aux murs), nous permettent petit à petit de nous exprimer et de nous connaître (collectif de caméramans “ Combine ”, réalisateurs…). Les questions abordées concernent la manière de filmer : trouver l’image juste par rapport à l’événement, réaliser un film indépendant, en travailler le sujet, le montage, les permissions d’accès… Puis, naturellement, on parle des lieux de diffusion indépendants, et des finances de ceux-ci. En Inde, les mouvements cinéphiles sont nombreux, mais attirer le public en dehors de ces mouvements n’est pas évident. Ici pourrait s’amorcer une question : quel public vient voir une projection de films indépendants dans une salle culturelle indienne ? Il y a un écart entre ces cinéphiles et le public des rues, comme à Bruxelles. Films For Freedom est né d’un rassemblement de cinéphiles lors l’édition 2004 du Mumbai International Film Festival, qui a obtenu le retrait de l’obligation de détention du certificat de censure pour les documentaires indiens en compétition. Ce groupe hétérogène, qui parvient à s’auto-gérer, malgré l’absence de subsides - qui n’existent pas pour de telles activités en Inde - se répartit sur de nombreuses villes, organise des projections mensuelles, agit sur des décisions au niveau audiovisuel afin que certains films soient présents dans des festivals indiens internationaux, dans les programmes de la télévision publique. Chaque “ antenne ” dans les villes gère les événements à sa façon, tout en restant en communication avec tous les autres. Le Nova est un lieu de diffusion subsidié, mais aussi une plateforme en relation avec les associations locales vers laquelle le public se déplace plutôt qu’un collectif cherchant à faire diffuser les films là où se trouve l’audience. À Bangalore et à Bombay, les discussions tant au sein du public que des organisateurs (FFF, Nanicinematheque, etc) tournent autour de l’idée d’indépendance, mais aussi de récupérer un lieu désaffecté et d’en faire un centre culturel pluridisciplinaire (théâtre, films, vidéothèque…). L’idée du lieu acquis comme une force supplémentaire ? Un lieu génère beaucoup d’autres questions pratiques, en terme de gestion, par exemple, que le nomadisme n’entraîne pas. Et suppose un certain nombre d’avantages, en terme de soutien ou d’accueil. Quelque part, ces choix se reformulent à chaque moment dans la vie d’un collectif tout comme la question de l’indépendance. Tout comme les “ voyages ” du Nova. Une fois accueilli dans ces structures extérieures, le contexte de notre initiative sociale et locale ne s’exprime plus de la même façon. Est-ce que cela à un sens que le Nova programme en dehors de ses murs, puisqu’il est avant tout un lieu d’accueil d’expériences, une plateforme attachée à ses choix ? Et dans ces occasions-là, qu’est-ce qui fait la spécificité de notre petite sphère novaïste hors de ses murs ? Le programme qu’elle propose, les personnes qui y sont liées, résonances de cette plateforme et de sa vie nocturne… ?
ELISABETH et gebeurt wel eens dat Nova uitgenodigd wordt door een andere vereniging of een festival en buiten haar muren programmeert. Dat kan over de landsgrenzen heen : Frankrijk, Benin, Italië… Ons publiek weet dat meestal niet, omdat er niet echt een plek is om hierover te getuigen. We grijpen dus de kans om in dit “ redactionele ” krantje dieper in te gaan op zo’n uitnodiging.
Zo gezegd zo gedaan : op 18 maanden tijd zijn er subsidie-aanvragen, uitwisselingen van tapes, filmselecties… Uiteindelijk komt er een omvangrijk programma uit : een festival met Belgische en Indische films in maar liefst drie steden in India. “ Let it BE ” is avontuurlijk gekruid, net als de massala: drie steden, drie kleuren : Bombay, Puna en Bangalore. In Bombay, de eerste etappe, ontmoeten we medewerkers en pioniers van Vikalp, met wie we sinds 2005 in contact zijn. In Puna tonen we films in de nationale filmschool waar filmregisseur Ritwik Ghatak les gaf. In Bangalore ontmoeten we een antenne van Films For Freedom in de avant-gardistische intelligentsia-sfeer. Het filmprogramma ontstond vanuit de vraag om verschillende cinematografische werkwijzen te tonen waarin de positie van de regisseur tot uiting komt, waarin hij of zij stelling neemt of zelfs geëngageerd is. Dit kan zeer persoonlijk zijn (de regisseur op het voorplan) of net sociaal zijn (de regisseur is betrokken). Volgens FFF is deze “ ik-aanpak ” sterker aanwezig in Europese films. De andere inzet was om een publiek te lokken en een levendig festival uit de grond te stampen. Bombay : we genieten van de sfeer van deze kosmopolitische grootstad. De discussies in de namiddagen, georganiseerd in een trendy centrum (WC’s in de vorm van een ei ! Manga’s op de muren !) bieden de gelegenheid om nader kennis te maken, o.a. met het filmcollectief “ Combine ”, met enkele filmmakers… De aangeboorde onderwerpen gaan vooral over “ hoe ” filmen : het juiste beeld voor de gebeurtenis, het onderwerp verkennen, de montage, de toestemmingen bekomen… wat al gauw overvloeit naar onafhankelijke vertoonplaatsen en hun financiering. In India zijn er weldegelijk cinefiele kringen maar ze boren niet makkelijk een breder publiek aan. Hier snijden we een gevoelig onderwerp aan : welk publiek komt onafhankelijke films zien in een cultureel centrum in India ? Er gaapt een kloof tussen deze filmliefhebbers en jan met de pet. Net zoals in Brussel trouwens. Films For Freedom is een heterogene groep verspreid over verschillende steden. Ze zijn autonoom en rooien het zonder subsidies omdat er gewoon geen kader is voor overheidsfinanciering voor dergelijke activiteiten. Ze organiseren maandelijkse voorstellingen en vertonen hun films op internationale festivals en op openbare televisies. Elke lokale afdeling organiseert activiteiten naar eigen goeddunken maar er is een stevige synergie tussen elke groep. Ze danken hun ontstaan aan een actie op het Mumbai International Film Festival in 2004 waar ze bekwamen dat het censuurcertificaat (een hinderpaal om bepaalde films in omloop te brengen) niet meer verplicht is voor films in competitie op dit gerenommeerde festival. Nova is een gesubsidieerd filmhuis, en meer : een platform in wisselwerking met individuen en verenigingen dat een publiek naar haar zaal trekt. FFF is een collectief dat films vertoont daar waar een publiek is. In Bangalore en in Bombay gaan de gesprekken met de organisatoren en met het publiek over de idee van werken in alle onafhankelijkheid maar ook over het toe-eigenen van een verlaten plek om er een multidisciplinair cultureel centrum (theater, film, videotheek…) van te maken. De idee van een vaste plek als een bijkomende kracht? Een eigen plek roept ook vele vragen op (over het beheer bvb) iets wat het nomadisme niet doet. En heeft natuurlijk ook voordelen (ondersteuning, onthaal, zelfstandigheid). In een collectief werkende structuur herformuleren deze keuzes zich voortdurend. Zeker tijdens Nova’s “ excursies ” waar we, éénmaal buiten onze muren, geconfronteerd met andere werkwijzen en standpunten, onze lokale en sociale context moeten expliciteren. Een mooie gelegenheid om stil te staan bij aspecten die vaak vanzelfsprekend lijken voor ons, maar die in confrontatie met Vikalp : Films For Freedom ons des te waardevoller en precieuzer zijn. NB : In het verlengde van deze uitwisseling stellen Nova en Films For Freedom een filmprogramma voor op het festival Esperanzah ! van 3 tot 5 augustus.
Dans la suite de nos échanges, un programme sera présenté par Nova et Films For Freedom lors du festival Esperanzah !, à Floreffe, dans la tente-film du CNCD du 3 au 5 août. info : www.filmsforfreedom.org
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DOCUMENTAIRE MADE IN BELGIUM:
PETITE ENQUETE d de nederlandstalige versie van dit artikel leest u vanaf pagina 13
Tohu-bohu Le documentaire est semble-t-il devenu un grand chaudron où l’on fait cuire un peu de tout et de n’importe quoi. Car qu’entend-on aujourd’hui par ce terme ? Parle-t-on de cinéma, de télévision ? Un reportage peut-il être assimilé à du documentaire ? Peut-on encore parler de cinéma tout court quand on parle de documentaire ? “ Avant, on savait de quoi on parlait quand on faisait référence au documentaire ; aujourd’hui il y a une confusion totale. La notion de reportage par exemple a quasi disparu au sein de la télévision, remplacée par celle de documentaire. Pourtant dans l’histoire de la télé il y a eu une pratique du reportage, liée au journalisme, qui était extrêmement forte. Mais à un moment donné il y a eu un marché plus grand pour le documentaire et le terme est devenu plus porteur, plus aguicheur que celui de reportage. Tout d’un coup tout a pû être repris sous ce terme. ” (9) “ L’arrivée de la télé-réalité, l’avènement de formes de films hybrides, comme le docu-fiction ou les docu-soaps, on introduit une grande confusion dans la perception qu’on a du documentaire. Il y a une confusion des genres, mais aussi une confusion dans la déontologie qu’on pourrait avoir par rapport aux personnes qu’on filme. Même si on est plus du tout en train de cliver la fiction et le documentaire, car l’un se nourrit de l’autre, avec la télé-réalité, on arrive à des langages qui sont d’une certaine manière très pervers. Et qui fait qu’aujourd’hui on peut appeler documentaire tout et n’importe quoi. ” (1) Dès lors ce sont des appellations comme “ documentaire d’auteur ” ou “ de création ” qui sont de plus en plus utilisées dans la tentative de contourner cette confusion. “ C’est fou qu’on en soit arrivé à devoir parler de “ documentaire d’auteur ” alors que le documentaire, au départ, c’est ça, c’est de la création, c’est du cinéma! ” (13) “ Le concept d’auteur est propre aux francophones ; côté flamand pour faire la distinction avec la production télé on parlera de “ documentaire de création ” (15)
Formatage > mettre en forme certaines données, selon un certain format > façon de coder certaines données
Cet amalgame facile, qui ferait que tout film qui touche de façon directe à la réalité soit labellisé “ documentaire ”, s’accompagne du sentiment qu’une série de mécanismes poussent le documentaire à un “ formatage ” auquel plusieurs cinéastes essayent simplement d’échapper, voire de s’y opposer. Jusqu’à il y a peu, quand on parlait de formatage cela faisait souvent référence à des questions d’ordre “ technique ” : le choix du support, la durée du film (26’ ou 52’ pour la télé). Lors de nos interviews ce qui nous a frappé c’est que tout le monde aujourd’hui parle plutôt de formatage des contenus ou des styles d’écriture visuelle. Les documentaires doivent à tout prix aborder des sujets “ globalisants ”, de façon plus ou moins divertissante. Michael Moore, malgré lui, en aurait lancé la recette, au cinéma. Mais c’est surtout la télévision qui est pointée du doigt. “ C’est sans doute Michael Moore qui a ouvert une brèche pour le documentaire grand public. Mais il n’empêche que c’est la télévision qui impose un formatage, énorme. Il y a peu de place pour des films qui essayent d’associer une prise de position éthique avec une recherche esthétique. C’est très difficile aujourd’hui de parler de formalisme dans le documentaire ” (14) “ Le documentaire, à un certain moment, s’est fait avec la télévision, avec la télévision de service public. Par des gens de la télé, avec la télé, mais avec des exigences. Il y a eu une période d’extrême liberté avec La7, Arte, Fr3, la RTBF, la ZDF, avec des programmes improbables qui donnaient des bouffées d’oxygène incroyables au documentaire, sans aucun formatage. Puis il y a eu un basculement énorme à partir de 2000… La télé a énormément changé, avec une main-mise des chargés de programmes de plus en plus forte sur les films. Ça correspond par exemple avec la disparition de “ Carré Noir ” (sur la RTBF), et plus tard avec un formatage sur Arte. ” (11)
T
out le monde s’accorde pour le dire : s’il y a bien un registre dans le cinéma qui permet un reflet immédiat de l’état d’esprit d’une société, c’est bien le documentaire. Non seulement parce que, évidemment, c’est ici que des sujets de société peuvent être abordés de front, mais aussi parce que, bien plus que dans la fiction, le documentaire permet une vraie liberté d’écriture, de style et de ton, et surtout une impertinence dans les propos. Le documentaire, miroir de la société, mais pas seulement, car il s’agit aussi de cinéma, et d’un des plus libres qui soit. Nous sommes partis du débat qui actuellement agite la plateforme documentaire francophone concernant le fait qu’un film documentaire pour avoir accès à des financements publics doit avoir un partenariat avec une chaîne de télé (il s’agit ici de la question des “ 15% ”, qui est expliquée plus loin. Nous en avons profité pour mener une petite enquête auprès de quelques réalisateurs, producteurs, diffuseurs, distributeurs belges, francophones et flamands, en leur demandant de nous donner leur diagnostic sur l’état
“ Ce que je vois, c’est qu’aujourd’hui à la télé il y a une hégémonie des cases, les films doivent rentrer dans des cases. C’est entre autres ça qui a eu des conséquences directes sur “ le formatage ”, parce que en réalité la télévision a toujours formaté ses contenus. Mais autrefois, le formatage était poreux, à plus d’un égard. Pendant longtemps le documentaire à la télé a été pédagogique, didactique, mais en même temps il y avait un espace pour inventer. Puis il y a eu un basculement et aujourd’hui le formatage ne repose que sur une idée de commerce, et donc d’audimat. Mais l’audimat c’est un fantasme ! Car comment est-ce possible de trouver un échantillon de spectateurs vraiment représentatif pour un programme de niche ? Les chiffres, pour des programmes plus difficiles, seront de toute façon “ mauvais ”. Mais tout cela est relatif. Il y a une dizaine d’années un documentaire difficile programmé à 23h30 n’avait pas une grande audience, mais il n’était pas remis en question pour autant. ” (9) “ La RTBF évidemment a un public plus large, qui existe aussi hors des frontières. Nous on a dû toujours se défendre en tant que plus petite chaîne de télévision, flamande. Notre audimat est plus restreint. Notre position (à Canvas) est donc celle d’innover, de bien travailler, et ça donne une énergie intéressante… Je dis souvent à des jeunes réalisateurs qu’avec la télévision il y a des règles de jeu, mais qu’il ne faut pas pour cela rentrer en conflit. Qu’il ne faut pas suivre à tout prix le langage de la télévision, mais en comprendre les logiques, et qu’il est possible de filmer en gardant une marge de liberté. ” (10) “ La télé, pour moi, n’est pas forcément le meilleur medium pour le documentaire. Je ne suis pas contre la télévision, mais je me rends compte que pour l’instant je ne suis pas capable de travailler sur un film pour la télé. Je pense qu’il s’agit vraiment d’un autre langage. Je pense que la télé offre des possibilités énormes qui ne sont pas exploitées… Quand on parle de formatage, l’idée de formatage pour moi est en contradiction avec le documentaire ou l’art en général, car l’art est libre et ce qui est beau avec le documentaire c’est que tout y est possible. Par contre si en parlant de formatage on aborde des questions formelles alors ça peut devenir très intéressant. Mais alors ça n’a plus rien à voir avec des limites imposées par un producteur ou une télévision. ” (12)
Engagement, où es-tu? À une époque où on ne fait que parler ou discutailler de mondialisation ou d’alter-mondialisation, et où on aurait cru qu’on allait revivre des élans contestataires soixante-huitards, on pourrait s’attendre à ce que le documentaire actuel reflète une certaine forme d’ engagement. Or il semblerait que la situation soit tout le contraire. Par rapport à la masse de films produits aujourd’hui trop nombreux seraient les films “ mous ”, voire franchement “ sciants ”, qui manquent de profondeur, d’épaisseur, tout simplement d’un point de vue ! On nous dit aussi que l’avouer c’est courir le risque d’être taxé “ d’incorrect ”. Pour ce qui est des contenus et thèmes abordés, la Belgique n’inspirerait que très peu d’auteurs. Ce seraient avant tout des réalités à l’autre bout du monde, plutôt que ce qui se passe devant le pas de la porte, qui donnerait l’envie de brandir la caméra. “ D’une façon générale, je peux dire qu’on reçoit énormément de films sur les quatre coins du monde, et qu’il y a par contre un déficit de films qui se penchent sur notre réalité à nous, sur la Belgique. Ce n’est pas lié qu’au cinéma, c’est peut-être la réalité de l’engagement socio-politique d’aujourd’hui. C’est plus motivant de s’occuper d’alter-mondialisation que des problèmes de la ville de Charleroi, par exemple! ” (6). Mais après, si c’est pour filmer pendant une demi-heure une mouche qui survole une toilette cracra par exemple au Burundi, est-ce réellement intéressant ? ! Question que se posent plusieurs de nos interlocuteurs… “ Tout le monde peut faire un film aujourd’hui. Mais faire un film est un acte, qui n’est pas facile à franchir. Je pense qu’aujourd’hui il y a un affaiblissement de la volonté de s’exprimer. Il y a certainement de la compétence. Beaucoup de projets
de santé du documentaire en Belgique. Sésame, ouvre toi ! A notre grande surprise, c’est une “ matière ” incroyablement riche que nous avons récoltée, avec plus de vingt heures d’enregistrements. Et c’est une vraie frustration que d’essayer de résumer les propos, réflexions qui nous ont été donnés. C’est pourquoi ce que nous vous livrons ici n’est qu’une petite partie des interviews que nous avons menées, et nous nous en excusons avant tout avec nos interlocuteurs. Au moment où nous mettons sous presse nous nous demandons encore ce que nous pourrions bien faire avec le reste, et s’il faut poursuivre et élargir l’enquête. Peut-être publier le tout, sur papier ou sur le web ? Nous vous tiendrons au courant. Et si vous avez des remarques, elles seront évidemment les bienvenues. Attention! Tout le long du texte vous trouverez des numéros entre parenthèses qui correspondent aux personnes que nous avons interviewées, et dont la liste est reprise à la fin de l’article.
qu’on reçoit sont des bons projets, bien écrits, solides, qui vont se faire de façon tout à fait sérieuse, mais qui ne remettent pas grand chose en question; on aura prévu ce qu’il faut tourner, on aura les bonnes dates, on sera prêts… Mais pourquoi le faire ? Savoir dès le départ comment le film va se faire ne m’intéresse pas, ça ne me suffit pas. ” (5) “ De plus en plus de gens, de jeunes réalisateurs, veulent faire du documentaire, en pensant que finalement faire du documentaire c’est simple, qu’il suffit de prendre la caméra et de filmer dehors. Il y a là un grand malentendu qui demande à être éclairci… ” (9) “ Beaucoup de jeunes réalisateurs mettent de l’énergie dans un projet, et prétendent tout de suite recevoir de l’argent ou un soutien pour le faire. Pourquoi ? Si je fais une comparaison avec la peinture, si je prends l’exemple d’un grand peintre, il dessine, dessine, dessine longtemps avant de décider d’encadrer sa peinture. Aujourd’hui, il y a beaucoup de paresse, tout le monde veut de l’argent très vite. Les gens oublient que le cinéma c’est du boulot, du travail et du travail, et qu’il faut se donner le temps de faire des esquisses avant de travailler sur la vraie œuvre. (10) “ Dans les années ‘60 ou ‘70 je pense que beaucoup de personnes étaient dans une mentalité de découverte. Ce qui s’est installé depuis lors c’est effectivement une société de consommation et pour beaucoup de gens s’interroger sur “ comment faire autrement ” n’est plus une prérogative ”. (4) “ Quand je suis sorti de l’école pour moi le cinéma était un choix de vie, c’était une attitude vis-à-vis de l’existence, une possibilité de poser un regard sur la société, voire de la remettre en question. Peut-être que dans les années ‘70 les films n’étaient pas si bons que ça mais la volonté d’aventure était tout à fait différente qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, beaucoup de gens font du cinéma sérieusement, correctement, professionnellement, avec des compétences certaines, mais pour eux le cinéma est un métier comme un autre, et ce n’est plus un choix de vie. On veut faire du cinéma et on veut vivre le même comfort, la même vie que tout le monde. On termine de travailler à 18h/19h et il n’y a plus beaucoup de monde qui passe la nuit comme avant sur un montage. ” (5) “ Je remarque qu’il y a très peu de pensée sauvage. Il y a une sorte de sagesse normative qui m’angoisse. Trop de gens pensent à l’audimat et cela pousse à l’auto-censure. ” (7)
Question de regard… “ Aujourd’hui il y a une sorte de confort, de douceur de vivre qui ne permet pas la confrontation ou l’investissement. Aujourd’hui les gens pensent que le simple fait d’observer ou de trouver un sujet est suffisant pour faire un film. Puis ils se mettent derrière un mur ou un arbre et pensent pouvoir filmer comme ça. Car il y a la peur de poser des questions dérangeantes. Il y a la peur d’être dans des situations inconfortables. Un exemple. Si on est en train de filmer des enfants qui dessinent des armes et pas des arbres il faut pouvoir dire que quelque chose ne va pas bien. Mais qui ose le faire? Il faut oser dépasser le stade de l’observation ”. (15) “ Prenons l’exemple d’un film sur les Bédouins qui font de la musique. Mais des films sur ce sujet il y a en qui passent tous les jours à la télé ! Mais le rapport “ à l’autre ” n’y est pas, ce rapport a disparu. Les films sont devenus des produits et on en oublie l’essentiel: comment faire une image de l’autre. ” (9) “ La grande question du documentaire aujourd’hui est de traduire un regard au monde et le partager. Qui dit regard dit question, et qui dit question dit mise en commun. Et c’est une vraie question politique qui se pose là, par rapport à laquelle il y a un vrai malaise car les espaces pour dire des choses se rétrecissent. Le documentaire est un cinéma de l’ouverture, et nous sommes héritiers de ce qui a déjà eu lieu et de ce que nous enseigne le passé. Je suis étonnée de comment une génération à venir se conforme à certaines idées, comme si le passé n’existait pas ”. (7)
11 “ Au CBA (Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles), on voit des tas et des tas de dossier débarquer et on sent qu’en amont il y a une lacune. Faire une image aujourd’hui est tellement facile! Tout le monde pense pouvoir s’y adonner. Entre le film d’amateur et le documentaire formaté télé, il est difficile de défendre un territoire qui était celui du documentaire d’autrefois. Il y a une réelle incapacité à voir ce qui ¨faisait cinéma¨ dans ce qui nous a précédé ”. (9)
ABC de l’éducation Pour savoir nager, il faut apprendre. Pour faire du vélo, il faut apprendre. Et pour regarder ou faire des films, faut-il apprendre ? “ L’éducation à l’image est un point essentiel. ” (3). “ Si on fait l’impasse dessus, c’est foutu! ” (7) Dans notre société, où l’image est omniprésente, il semble donc important de s’éduquer aux images. En apprenant à lire une image, à noter sa corrélation avec les autres et à distinguer cette grammaire, nous découvrons son vrai langage, son sens, souvent superficiel et racoleur. Nous voilà donc critique de ce que nous regardons mais surtout libre de choisir, dans cette masse visuelle, sur quoi notre regard va se porter (pour le spectateur) et comment traduire la réalité (pour le cinéaste). Alors que dans la société actuelle de consommation, le risque et la tentation sont grands de ne faire que consommer les images comme on engloutit un hamburger, sans distinction. “ Aujourd’hui, pour beaucoup d’individus, la recherche de nouveauté a disparu. Ils sont formatés à consommer ce qu’ils connaissent. Au point que la différence peut paraître suspecte ” (4) Ce réel apprentissage devient presque une obligation afin de contrer cette menace d’uniformisation. Car si l’on parle d’une certaine uniformisation formelle et de contenu des productions, celle-ci ne peut, malheureusement, qu’aller de pair avec celle des spectateurs. Confrontés au ressassement perpétuel de mêmes images baignées de contenus similaires, les (télé)spectateurs peuvent avoir du mal à aiguiser leur sens de l’objectivité, créant ainsi une distance avec ce qu’ils voient. Il est donc important que des outils soient fournis pour éviter cet enlisement. Mais ces moyens mis en place sont-ils adéquats, suffisants ? Et n’est-il pas déjà trop tard ? “ Aujourd’hui, on pense encore éducation à l’image comme décoder la télévision, faire attention à la publicité. Ces modules scolaires font partie du passé de l’éducation à l’image. ” (9) “ Il est important qu’elle intervienne très tôt chez l’enfant et pour l’instant je ne vois rien qui se fait. Alors qu’ils sont la future génération de spectateurs. ” (3) “ Dans les modules de formations scolaires pour les enseignants, l’éducation à l’image est enfouie dans des sous-groupes, submergée par des modules plus d’actualité. ” (9) “ Comment voulez-vous que les enseignants fassent passer quelque chose aux enfants s’ils ne sont pas formés eux-mêmes ? ” (4) “ Il faut être réaliste. Il est de moins en moins évident de montrer à des élèves un film d’une heure et demie. Car nous sommes dans cette ère du zapping, où l’on passe rapidement d’une chose à l’autre, sans se concentrer. La demande des enseignants est plus portée sur des films d’une vingtaine de minutes. Et cela m’inquiète car, il y a une vingtaine d’années, il était tout à fait possible de présenter un film de deux heures aux étudiants et d’animer une heure de débat après. ” (4) Malgré ce constat, des initiatives voient le jour dans ce domaine. Mais il n’existe pas de recette miracle. “ J’ai participé à la conception d’un outil pédagogique destiné aux enfants, hors et dehors du cadre scolaire. Plusieurs personnes y ont collaboré : réalisateurs, éducateurs scolaire, pédagogues, spécialistes multi-media. L’idée était d’en faire quelque chose de pratique. Pour faire participer directement les enfants en les impliquant dans les différentes facettes de la conception d’un film et en évitant trop de théorie. Nous avons également proposé une introduction simple et basique du langage audiovisuel, permettant aussi aux enseignants, qui n’ont pas reçu de formation, d’utiliser cet outil ” (12)
15% C’est quoi ? Pourquoi ? Pour qui ? Comment ? Quelques décennies passées, plusieurs producteurs indépendants firent pression sur la Communauté française afin d’obliger une participation de la télévision de service public à concurrence de 15% du budget total d’un film documentaire. Sans cela, le projet se voyait refuser toute aide à la production par la Commission de sélection du film de la Communauté française. Cette demande faite expressément par les producteurs visait à assurer l’intervention de la télévision publique dans la pro-
duction des documentaires afin d’en préserver la diffusion hertzienne et une présence dans la grille de programmation. “ Elle ” (la règle des 15%) a été mise en place initialement pour forcer un peu la main à la télévision du service public de la Communauté française pour qu’elle diffuse ce que certains organes de production au sein de la Communauté française, qui faisaient des choix éditoriaux, trouvaient pertinent de soutenir (en documentaire, ndlr). ” (9) Mais depuis lors, la situation a changé, et bien changé. La recherche impérative d’audimat et la concurrence effrénée des chaînes de télévision privées, forcent les télévisions publiques à leur emboîter le pas, pour ne pas perdre davantage d’audimat, pensent-elles. Leurs grilles de programmation ont donc subi de grands changements : plus de rendez-vous de divertissement alléchants calqués sur leurs cousins privés ; les rendez-vous plus culturels certes existent encore, mais subissent l’imposition d’une mise en forme précise, sensée rejoindre les attentes du public et faire grimper l’audimat. “ En télévision il faut essayer de définir des rendez-vous. Et c’est ça la difficulté du documentaire, car chaque film est unique, un prototype et en même temps il faut créer des habitudes. On voit tout de suite que quand un film passe dans une case (de programmation, ndlr) identifiée, il a son public d’habitués, de fidèles. Ce qui est important c’est que le label existe et qu’on en parle. ” (6) C’en est donc fini de cette relative liberté d’expérimentation dont jouissait la production des films documentaires, il y a quelques années encore, au sein de notre télévision publique. “ La règle des 15% a été le levier, à l’époque, qui a permis, avec des gens tout à fait capable au sein de la télévision et avec une vraie politique, de créer une réelle collaboration entre création et télévision. ” (9) Cependant, le service public n’a pas cessé de co-produire des films documentaire. Mais cette aide s’est tournée vers des projets présentant, d’emblée, les caractéristiques exigées par le cahier des charges de la chaîne. Laissant de ce fait, sur le palier, d’autres projets plus atypiques. “ C’est évident qu’il nous arrive de refuser de bons films, soit parce qu’ils ne correspondent pas à ce qu’on recherche, soit parce qu’ils sont en concurrence avec d’autres films sur des thèmes semblables. ” (6) Bien que non dénués d’intérêt ni de qualité, ces projets sont mis à l’écart et se voient refuser l’accès à l’aide de la Commission faute d’avoir obtenu ces fichus 15%. Tollé de la profession qui exige la suppression pure et simple de cette disposition. Pour l’instant, cette levée est effective sur les demandes d’aide pour les premiers films (1er Collège de la Commission). La réponse quant à la levée sur celle d’un deuxième film (2ème Collège) devrait tomber alors que ces lignes sont publiées. Bien que cette demande fasse la quasi unanimité dans la profession que se passerait-il si cette règle était levée ? Premier constat, et peut-être premier soulagement: “ Cette suppression permet de se libérer d’une menace et d’une contrainte au début d’une écriture ou d’un processus de création. Mais après les relations avec la télévision peuvent rester étonnantes. ” (7) “ Cette règle ne fait que mettre en difficulté des tas de projets. ” (5) “ La RTBF n’est pas directement impliquée dans cette question puisqu’il s’agit de 15% d’un diffuseur en général. Là où cela peut nous (comité de lecture) impliquer c’est lorsque nous recevons un projet qui a déjà reçu le soutien de la Communauté française et avec notre refus de le prendre, nous risquons de le mettre en péril. Dans notre comité, nous préférons être dégagé de la responsabilité de trancher, de décider de la vie ou de la mort d’un film. Donc, pour nous, c’est plus confortable qu’il n’y ait pas cette règle des 15%. ” (6)
L’après 15% : rose avenir ou nouveaux problèmes ? “ C’est un conflit entre deux générations de producteurs. Va-t-on permettre, avec cette suppression, l’émergence de jeunes producteurs ou, au contraire, cadenasser l’accès à la profession de producteur ? Car pour obtenir un financement de la télévision il faut de la bouteille, cela demande un travail de production plus professionnel. Alors que, peut-être, le cinéma “ au singulier ” est dans une situation plus semi-professionnelle, plus artisanale ” (3) “ Avec cette suppression ce que je crains c’est que l’on va créer des économies encore plus parallèles et paupériser tout le monde. Dans le sens où toute une série de gens vont faire des films sans l’aide de la télévision, tandis que d’autres non, et du coup, peut-être, ne plus avoir accès à l’aide de la Communauté française, qui raffermira ces lignes éditoriales. ” (6) “ Je suis tout à fait pour que cela tombe, mais je ne crois pas que c’est ça qui va changer grand chose. Le cinéma ne se bâtit pas sur des ‘conneries’ pareilles… ”. (5)
Production: Quel est le menu ? Rapide passage en revue des instances ou organismes octroyant une aide à la production, qu’elle soit financière ou logistique, en Communauté française : la Commission de sélection des films, les ateliers d’acceuil (WIP, CBA), les ateliers de production (CVB, Graphoui, AJC…) et la RTBF. Communément appelés “ guichets ” . “ Chose positive, nous sommes probablement le seul pays en Europe à avoir le statut de producteur associatif, ce qui permet à une asbl de produire un film (long métrage excepté). Avec les ateliers d’acceuil, dont la mission première est le soutien aux jeunes auteurs et à l’émergence de la singularité. On n’a donc pas à se plaindre car l’on a des portes où frapper, des interlocuteurs pour acceuillir des projets qui ne sont pas destinés à la Commission. Ce qui élargit le spectre en matière de production. ” (3)
Et côté flamand ? “ Historiquement il n’y a jamais eu une tradition, côté flamand, pour des ateliers de production. Même le soutien au documentaire de création est quelque chose de vraiment récent. Il y a actuellement ce mythe qui serait que du côté flamand il y a plus d’argent que du côté francophone. C’est vrai et pas vrai. Du côté francophone, il y a une redistribution de l’argent via les ateliers de production, chose qui n’existe pas du côté flamand. Du côté flamand, il y a le VAF (Vlaams Audiovisueel Fond) et c’est tout ! Et donc effectivement, si votre projet est accepté par le VAF, vous aurez probablement la chance d’avoir un budget assez confortable. Mais s’ il est refusé, il n’y a aucune autre porte à laquelle frapper ! ” (13) “ En Flandres, il n’y a pas vraiment une tradition pour le cinéma ou documentaire d’auteur. Cela est certainement lié à des choix politiques, car il faut savoir que, contrairement au théâtre par exemple, le cinéma dépend d’un fond indépendant lié à l’industrie et non au Ministère de la Culture. C’est un modèle de type anglo-saxon qui est très ancré en Flandres. Il y a un peu cette idée qu’il faut que ” ça marche ”… sur le marché ” (15) “ Du côté flamand, il y a quand même pas mal de choses qui sont en train de bouger, et il pourrait être question que des ateliers de production soient mis en place, comme du côté francophone ”. (2/8)
En cuisine Ce copieux menu doit donc rendre possible et faciliter la production de films en Belgique. Mais, sur le terrain… “ En Belgique, un producteur a finalement très peu de guichets où aller chercher de l’argent. Et vu ce manque de guichets, la Belgique est un pays qui a l’habitude de faire des co-productions ”. (1) Ce qui fait de la France un partenaire incontournable pour monter une production en Belgique ”. (11) “ Ces structures (ateliers d’accueil et de production) ont tendance, maintenant, à ronronner. Elles ne doivent pas se référer à la rentabilité du marchand. Elles doivent rester un espace de liberté, et c’est à nous de le revendiquer. Les ateliers sont menacés parce que la pensée et la liberté sont menacées. C’est aux cinéastes d’éviter cette dérive au sein des ateliers ” (7) “ Je serai très prudent par rapport à cette dérive dans les ateliers d’accueil. C’est vrai que, peut-être, les attentes, pour un film produit dans un atelier, sont, ces dernières années, calquées sur celles de la Commission. On en attend des ventes tv, des sélections en festival. Je ne pense pas que ces structures étaient prévues pour cela au départ. Est-ce que leur cahier de charges est toujours vraiment adéquat par rapport à certains films ? ” (3) “ Entre les auteurs, les producteurs indépendants et la télévision il y a un divorce qui, ces dernières années, s’est confirmé. Alors qu’il y a cette obligation d’avoir une partie du financement assuré par la télévision pour obtenir une aide à la Commission. C’est assez problématique. ” (1) “ La télévision flamande a toujours fait beaucoup plus d’autoproductions que la télévision francophone qui, elle, achète beaucoup de films ou de programmes. C’était déjà le cas il y a vingt ans. La différence est qu’autrefois beaucoup de programmes étaient produits par la VRT-même et qu’aujourd’hui ils sont commissionnés à des producteurs et à des boîtes externes ” (15)
Les temps changent. Les recettes aussi… DÎner aux chandelles “ On peut dire que le cinéma d’auteur, le cinéma à la première personne est un peu en perte de vitesse en raison du manque de financements. Parce que, sans se voiler la face, la RTBF n’a plus beaucoup de place pour eux, contrairement au passé. (6) “ Il y a cette chose que je ne comprends pas, c’est cette course effrénée des télévisions les unes après les autres. Des télévisions de services publics qui courent derrières les privées. ” (11) “ À vouloir courir derrière les chaînes privées, les télévisions de service public, en maintenant ce cap, ne vont pas augmenter
12 leur audience. Et si elles n’assurent plus leur missions initiales, qui le fera ? ” (9) “ Nous sommes dans une logique capitaliste, celle de l’offre et de la demande. Et certaines personnes se disent que, voilà, c’est ça la demande du public. Et cela sans se demander si on a bien jugé la demande. ” (13) “ Les chargés de programme (télévisuels, ndlr) sont incroyables. Eux, ils savent ce que veut le public et toi, en tant qu’auteur et réalisateur, tu ne le sais pas ! ” (11) “ Notre nouvelle ligne éditoriale (RTBF, ndlr) est celle d’être ouvert à tout, on ne refuse rien a priori. Mais après il faut intégrer tout cela dans des dosages. ” (6) “ On n’a plus d’échange avec la télévision. La menace se reserre. Même si c’est encore possible de trouver des films d’auteur à la télévision. ” (7) “ Il y a un constat général, propre à toutes les télévisions, qui veut que tout ce qui a trait à la culture est relégué au second plan. C’est en lien direct avec cette recherche d’audience. ” (6)
Un dessert ? “ Notre époque est en train de fragiliser certaines choses. La place du regard est menacée dans notre société car elle veut uniformiser ce regard. Et ce cinéma, ce regard a tendance à être isolé. ” (7)
Création et industrie: la pâte et le rouleau à tarte? Quittons la table pour une promenade digestive. La télévision ne fait pas, à elle seule, la pluie et le beau temps sur le film documentaire. Mais force est de constater que cette tendance à l’uniformisation généralisée a un certain impact sur la création et le processus créatif. “ Je ne vois plus de passion dans ce travail, qui s’est aujourd’hui fort démocratisé, mais aussi affaibli. Je vois des gens intelligents qui savent écrire un projet. Mais après, faire le film, c’est autre chose. Je sens comme un affaiblissement de cette volonté. ” (5) “ Un jour, j’ai reçu plusieurs projets d’un producteur. Tous les sujets étaient différents, mais j’avais l’impression que tous se ressemblaient. Le producteur, à ma question, a répondu que, bien sûr, nous avons quelqu’un ici qui réécrit tous les projets en fonction des critères nécessaires pour obtenir de l’argent. ” (5) “ Les producteurs, actuellement, je les vois comme sortant d’une école de marketing. Je suis face à des gens qui ont une grille de lecture qui est établie en fonction des spectateurs et qui ont une idée très claire de ce que sont le marché, et les critères de diffusion… ” (5) “ Avant on pouvait se permettre de prendre le temps de faire un film. Maintenant on te réponds que six mois sont amplement suffisants pour le boucler. ” (5) “ Il y a peut-être un certain retour au conservatisme. Avec l’idée que l’avant-garde n’existe plus, qu’il ne faut pas quitter certains sentiers battus. ” (12)
Le mot des serveurs En guise de conclusion, laissons la parole aux combattants des premières lignes. Parce que sans eux il n’y aurait rien sur la table ! “ Je suis en deuil ! Certains de mes travaux atypiques ne trouvent pas de visibilité. Mais je ne suis pas en train de pleurer. Je suis aussi en deuil à cause de mes étudiants. J’ai l’impression que je leur parle de quelque chose qui n’existe plus, même si c’est merveilleux. Le deuil, c’est la rupture entre l’amour et la réalité. ” (15) “ Je ne suis pas pessimiste. Je m’adapte à la situation. Et si tu as vraiment envie de le faire, tu y arrives, car tu peux aussi compter sur une réelle solidarité. ” (14) “ Nous nous concentrons sur des projets artistiques, pas de film de commande ni industriel. Ce qui nous intéresse c’est la rencontre avec l’auteur, travailler en petit comité avec des gens qu’on aime. Et c’est clair que notre mode de fonctionnement ne s’inscrit pas dans une lignée commerciale. Mais c’est notre choix, de faire ce que l’on aime, même si l’on est juste deux pour tout faire. ” (2/8) “ Je vois beaucoup de réalisateurs qui refusent de devenir impuissants, qui assument et dépassent le fait d’être solitaires. ” (3) “ Pour tenir le coup, il ne faut pas faire du documentaire. Quand tu en fais, tu n’es rien, tu n’es pas visible. ” (15) “ La question du regard est difficile. Comment grandir avec ça en dehors d’une logique carriériste ? C’est une manière de vivre sa vie et d’assumer une certaine solitude. ” (7) “ Je ne dirais pas que j’ai une vision noire. Je trouve qu’il y a des gens qui font des choses intéressantes de manière individuelle gràce à l’accessibilité technologique. ” (5) “ Je me vois comme un petit soldat du cinéma, qui se bat et fait ses films. ” (14)
Pour conclure… S’il est certain qu’actuellement il y a un engouement certain pour le documentaire, il n’empêche que sa diffusion reste problématique. L’accès aux écrans de cinéma est rare, celui à la télé difficile quand on refuse certains compromis. Il est vrai que par contre le nombre de festivals ne fait que croître, mais dans ce cas-ci on parle de projections ponctuelles et qui trop souvent ne touchent qu’un public averti. L’autre gros problème qui a été pointé du doigt par toutes les personnes interviewées, c’est le manque de soutien pour une circulation des œuvres dans les deux communautés. Qu’il s’agisse d’un documentariste francophone qui voudrait diffuser son film en Flandres, ou inversément, l’impasse est la même : il n’existe aucune aide directe pour faire sous-titrer un film dans l’autre langue. Inutile de dire que cela contribue à une méconnaissance absurde du cinéma qui se fait juste à la porte d’à côté. “ En Belgique il y a une richesse qui est en train de devenir une pauvreté ” (13). À vous d’en juger.
KATIA & LAURENT
Et aussi de retrouver ces tendances dans un espace censé représenter un vivier de diversités pour l’avenir. “ Je le vois quand je donne cours. Je constate que la majorité des étudiants ont comme seule formation et source audiovisuelle, la télévision ” (11) “ Les écoles sont aussi très responsables dans le sens où elles imposent une façon de faire un certain cinéma. ” (5) ” En tant qu’enseignante, je suis confrontée à une autre génération de futurs cinéastes. Et je vois à quel point ils sont conformés, prisonniers de cette menace qui prive d’espace de liberté. Je suis étonnée de voir se former une pensée uniforme sur cette génération qui ne se rend pas compte des espaces qui sont en train de rétrécir. ” (7)
Le sommelier vous conseille Ne nous laissons pourtant pas gâter les papilles par ces constats amers. Dans ce relatif marasme, nous pouvons voir poindre des vapeurs d’espoir que l’on espère enivrantes. “ Pour moi, la chose la plus importante est le choix de l’économie du film. Dans ce contexte précarisé, ce choix est difficile mais indispensable. Il faut savoir quel moyens sont nécessaires pour faire le film. C’est la première question à se poser. ” (3) “ Il y a maintenant une facilité de tourner, de monter chez soi. ” (11) “ La technique n’est plus un problème. Elle est accessible. Mais il n’en demeure pas moins que faire un film, cela demande un vrai travail, qui reste le même qu’hier. ” (1) “ C’est pour le meilleur ou pour le pire. Tu achètes pour un prix abordable une caméra et un ordinateur pour le montage. C’est formidable, tu peux faire un film, mais tu es seul. ” (11) “ Un film avec un petit financement, c’est comme une plante qui va devoir vivre avec peu d’eau. L’auteur doit être conscient qu’il doit tenir avec peu d’eau. ” (3) “ Je pense que dans l’accroissement du nombre de productions, beaucoup émergent du système d’auto-production. Dans cette économie, tu es plus libre de faire ce que tu veux sans t’adresser aux commissions. Mais tous les films ne peuvent être faits dans ce système, il a aussi ses limites. ” (2)
(1). Cyril Bibas - producteur / CVB (2). Karim Cham - producteur / Limited Adventure (3). Xavier Christiaens - cinéaste (4). Joseph Coché distributeur non-commercial / Libération Films (5). Daniel Devalck - producteur, réalisateur / Cobra Films (6). Wilbur Leguebe responsable des co-productions / RTBF (7). Bénédicte Liénard - cinéaste (8). Maarten Loix - producteur / Limited Adventure (9). Javier Packer-Comyn - coordinateur / Le P’tit Ciné (10). Paul Peyskens - producteur / VRT (11). Marc-Antoine Roudil réalisateur, producteur, distributeur / Alter Ego (12). Sarah Vanagt - réalisatrice (13). Laurent Van Lancker - cinéaste, producteur / Polymofilms (14). Bram Van Paesschem - réalisateur (15). Jan Vromman - artiste audiovisuel
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documentaire made in belgiuM:
e e n k l e i n e
rondvraag Tohu-bohu Documentaire is als een soort van grote stoofpot, een audiovisuele stew waarin je vanalles en nog wat kan steken. Wat verstaan we exact onder de term documentaire ? Hebben we het over cinema, televisie ? Is een reportage ook een documentaire ? Is documentaire wel cinema ? “ Vroeger wisten we heel goed waarover we het hadden;nu heerst een totale verwarring. De notie reportage op televisie is nu vervangen door documentaire. Nochtans is er in de geschiedenis van de televisie een traditie van reportage in de journalistieke betekenis, die extreem sterk was. Maar op een gegeven moment was er een grotere markt voor documentaire en de term werd generisch, de term werd uitdagender dan die van reportage. Plots werd alles hernomen onder deze naam. ” (9) “ Met de komst van TV-reality, de komst van hybride filmvormen, zoals docu-fictie en docu-soaps, introduceren we een grote verwarring in de perceptie die we hebben van een documentaire. Er is een verwarring in de genres, maar ook in de deontologie die we kunnen hebben ten opzichte van de personen die we filmen. En wanneer er geen kloof meer is tussen documentaire en fictie - want het ene voedt het andere - in het geval van TV reality, komen we tot een beeldtaal die op een zekere manier zeer pervers is. En die maakt dat we vandaag alles en nog wat documentaire kunnen noemen. ” (1) Derhalve zijn het termen als “ auteursdocumentaire ” of “ creatiedocumentaire ” die het meest courant zijn in de poging om deze verwarring te omzeilen. “ Het is te gek om los te lopen dat we het nu moeten hebben over “ auteursdocumentaire ” terwijl documentaire eigenlijk dit is, creatie, film ! ” (13) “ Het concept “ auteur ” is eigen aan Franstaligen ; aan Nederlandstalige kant hebben we het over “ creatiedocumentaire ” om het onderscheid met televisieproduktie te maken. ” (15)
Formattering > in vorm zetten van bepaalde gegevens volgens een bepaald formaat > een manier om bepaalde gegevens te coderen. De mengelmoes van alles wat realiteit filmt = documentaire, wordt vergezeld van het gevoel dat een serie mechanismen de documentaire in een format dringen, waartegen velen zich trachten te verzetten, of aan te ontsnappen. Tot voor kort, wanneer we het over formattering hadden ging het vaak over technische kwesties : de keuze van drager (video, film), van de duur (26’ of 52’ voor televisie)… Wat ons trof tijdens onze gesprekken is dat iedereen spreekt over formattering op inhoudelijk niveau of over visuele schrijfstijl. Formattering verwijst naar de eenheidsworst die we op tv zien, en steeds meer in de bioscoop. Documentaires moeten ten alle prijzen “ globaliserende ” onderwerpen aanraken op min of meer entertainende wijze. Michael Moore zou, of hij het wil of niet, er het schoolvoorbeeld van zijn en de beweging ingezet hebben tegen wil en dank. Maar het is bovenal televisie die met de vinger gewezen wordt. “ Het is ongetwijfeld Michael Moore die een bres sloeg voor de documentaire naar het grote publiek. Maar het is voornamelijk televisie die een enorme formattering oplegt. Er is weinig plaats voor films die trachten een ethische stellingname te associëren met een esthetisch streven. Het is heel moeilijk om vandaag de dag te praten over vormelijke behandeling in documentaire. ” (14) “ Documentaire, op bepaald moment, werd gemaakt met televisie, met openbare zenders. Door televisiemensen, met televisie, maar met vereisten. Er is een periode van extreme vrijheid geweest met La7, Arte, Fr3, RTBF, ZDF… Met onwaarschijnlijke programma’s die zuurstof gaven aan documentaire, zonder enige formattering. Daarna was er een enorme kanteling vanaf 2000… De televisie is enorm veranderd, met een steeds sterkere houdgreep van de programmagelastigden op de produkties. Dit komt overeen met het verdwijnen van bijvoorbeeld “ Carré Noir ” (op de RTBF), en een steeds verdere formattering op Arte. ” (11).
I
edereen is het erover eens : indien er één register is in de cinema dat de maatschappij een spiegel biedt, dan is het de documentaire. Niet enkel omdat je hier frontaal kan ingaan op onderwerpen die de maatschappij aanreikt en aanbelangt maar ook omdat, meer dan in fictie, de documentaire een vrijheid van schrijven biedt, een onvoorspelbaarheid in stijl en toon, en bovenal een stoutmoedigheid om dingen bij naam te noemen. De documentaire weerspiegelt de maatschappij. Omdat de Franstalige documentairewereld zich onlangs mobiliseerde voor de afschaffing van de “ 15%-regel ” (zie verder) maakten we van de gelegenheid gebruik om een kleine rondvraag te doen bij enkele Belgische regisseurs, producenten, verdelers, Nederlandstaligen én Franstaligen, over hun diagnose van de gezondheidstoestand van de documentaire in België. Sesam open u !
“ Wat ik zie op tv is een hegemonie van hokjes, films moeten passen in hokjes. Het is onder andere dit wat directe gevolgen heeft op de formattering want in realiteit is televisie altijd geformatteerd geweest qua inhoud. Maar ervoor was formattering poreus, in meerdere opzichten. Gedurende lange tijd was de documentaire op tv pedagogisch en didactisch maar tegelijkertijd was er ruimte om uit te vinden. Dan kwam er een ommezwaai, en nu berust de formattering enkel op het idee van winst, kijkcijfers. Maar kijkcijfers, dat is een fantasme ! Want hoe is het mogelijk om een representatief staal van toeschouwers te vinden voor een niche programma ? De cijfers, voor moeilijkere programma’s, zullen in elk geval ‘ slecht ‘ zijn. Maar dat is allemaal relatief. Een tiental jaar gelden trok een moeilijke documentaire, geprogrammeerd om 23u30 geen groot kijkpubliek, maar dat werd niet in vraag gesteld. ” (9) “ De VRT heeft een groter publiek dat ook buiten de landsgrenzen reikt. Wij hebben ons altijd moeten verdedigen als kleinere Vlaamse zender. Ons kijkpubliek is beperkter. Onze positie (Canvas) is dus deze van vernieuwen, goed werk leveren, en dat geeft een interessante energie… Ik zeg vaak aan jonge regisseurs dat er in televisie spelregels gelden, maar dat hoeft niet noodzakelijk conflict op te leveren. Dat je niet ten alle prijzen de televisietaal hoeft te volgen;je moet er de logica van begrijpen en het is mogelijk te filmen terwijl je een vrijheidsmarge bewaart. ” (10) “ Televisie voor mij is niet noodzakelijk het beste medium voor de documentaire. Ik ben niet tegen televisie, maar ik geef me rekenschap dat ik voor ‘t ogenblik niet geschikt ben om te werken voor een televisiefilm. Ik denk dat het echt gaat om een andere taal. Ik denk dat televisie enorme niet verkende mogelijkheden biedt. Wanneer we het hebben over formattering is dat voor mij in tegenspraak met documentaire of kunst in ‘t algemeen, want kunst is vrij en wat mooi is met documentaire is dat alles er mogelijk is. Als we daarentegen al pratend over documentaire vormelijke vragen aanboren, dan kan het wel interessant worden. Maar dat heeft dan niets meer van doen met de opgelegde limieten door een producent of een televisie ”. (12)
Engagement, waar ben je ? In een tijdperk waar mondialisering aan de orde van de dag is, en waar als reactie hierop de contestatie op een bepaald moment zo sterk was dat we ons terug in mei ‘68 waanden, zouden we verwachten dat het documentaire-genre dit engagement weerspiegelt. Het tegendeel blijkt waar. In de massa films die we vandaag zien, is het aandeel “ softe ” en ronduit vervelende films alarmerend hoog. Ze missen diepgang, scherpte, of gewoonweg een standpunt. Dit luidop zeggen wordt als “ oncorrect ” beschouwd … zo zegt men ons. Inhoudelijk en thematisch inspireert België slechts weinig filmmakers. De realiteit aan de andere kant van de aardbol blijkt heel wat spannender en motiveert meer mensen om de camera ter hand te nemen. “ We ontvangen enorm veel films uit alle uithoeken van de wereld. Daarentegen is er een tekort aan films die het hebben over de realiteit hier, in België. Dit geldt niet enkele voor cinema, het is misschien de realiteit van het socio-politieke engagement nu. Het is motiverender om zich bezig te houden met altermondialisme dan met de problemen van Charleroi bijvoorbeeld ! ” (6) Is het echt interessanter om bij wijze van spreken gedurende een half uur een vlieg in latrines in laten we zeggen Burundi te filmen ? Iets wat wel meerdere gesprekspartners zich afvragen. “ Iedereen kan een film maken vandaag. Maar een film maken is een handeling die niet zo gemakkelijk te verrichten is. Ik denk dat er vandaag een verzwakking is in de wil om zich uit te drukken. Zeker, er is concurrentie. Veel projecten die we ontvangen zijn goede projecten, goed geschreven, solide, die ernstig gerealiseerd zullen worden, maar die uiteindelijk niets in vraag stellen. We voorzien wat we gaan filmen, we zullen de juiste data
Tot onze grote verbazing stootten we op rijke materie. We keerden terug met meer dan 20 uur geluidsopnamen. Frustrerend is het om de bewoordingen en gedachten samen te vatten op enkele pagina’s. Wat volgt is dus een met het ruwe kapmes bewerkte samenvatting ; iets waarvoor wij ons in de eerste plaats bij onze gesprekspartners excuseren ! Op het moment dat dit programma in druk gaat stellen we ons de vraag : wat doen we met de rest, en verdiepen we onze rondvraag ? Alles publiceren, op apier of op het web ? We houden je op de hoogte. Opmerkingen en bedenkingen zijn ondertussen welkom ! Opgelet! Doorheen de tekst vindt je, tussen haakjes, nummers die verwijzen naar personen die we hebben geïnterviewd, en die aan het einde van het artikel worden opgesomd.
vastleggen en we zullen klaar zijn… Maar om wat te doen ? Van begin af aan weten hoe een film gemaakt zal worden interesseert me niet, dat is niet genoeg voor mij. ” (5) “ Meer en meer mensen, jonge regisseurs, willen een documentaire maken, denkende dat dit eenvoudiger is, dat het volstaat om een camera te pakken en wat buiten te filmen. Hier dient een groot misverstand opgehelderd te worden. ” (9) “ Vele jonge filmmakers steken energie in een project en willen onmiddellijk geld of ondersteuning. Waarom ? Ik vergelijk het met schilderen, met een groot schilder bijvoorbeeld. Hij tekent lange tijd alvorens hij zijn schilderij in een lijst steekt. Vandaag is er veel luiheid, iedereen wil zo snel mogelijk geld. Mensen vergeten dat cinema werken is, werken en nog eens werken, en dat dit tijd vraagt, en veel schetsen alvorens zich aan het echte “ oeuvre ” te wagen. ” (10) “ In de jaren ‘60 en ‘70 was er een echte ontdekkersmentaliteit. Daarna kwam de consumptiemaatschappij en voor velen is zich vragen stellen over “ hoe anders doen ” geen prioriteit meer. ” (4) “ Toen ik van school kwam was film voor mij een levenskeuze. Het was een attitude tegenover het bestaan, een mogelijkheid om naar de maatschappij te kijken en ze zelfs in vraag te stellen. Misschien waren in de jaren ‘70 de films niet zo goed, maar de wil tot avontuur was heel anders dan vandaag. Vandaag beoefenen veel mensen het filmvak heel serieus, correct, professioneel, met zekere competenties, maar voor hen is cinema een vak als een ander, en geen levenskeuze. We willen films maken en we willen hetzelfde comfort, hetzelfde leven als iedereen, We stoppen met werken om 18u of 19u en nog weinig mensen brengen de nacht door achter de montagetafel. ” (5) “ Ik merk op dat er zeer weinig wilde gedachten zijn;er is een soort van normatieve braafheid die me beangstigt. Teveel mensen denken aan kijkcijfers en dat brengt hen tot autocensuur ! ” (7)
Een kwestie van kijken “ Vandaag is er een soort van comfort dat niet te rijmen valt met confrontatie of investering. Vandaag denken mensen dat gewoon observeren of een interessant onderwerp vinden volstaat om een film te maken;daarna gaan ze achter een muur of boom staan en denken zo te filmen. Er is schrik om verwarrende vragen te stellen. Er is schrik om in ongemakkelijke situaties terecht te komen. Een voorbeeld. Als je kinderen filmt die een geweer tekenen en geen bomen dan moet je zeggen dat er iets mis is. Maar wie durft dat ? Je moet durven verder gaan dan het stadium van observeren. ” (15) “ Nemen we het voorbeeld van een film over Bedoeïenen die muziek maken. Maar dat zie je toch elke dag op TV ! Maar de verhouding tot “ de andere ” is er niet, deze verhouding is verdwenen. Films zijn producten en we vergeten wat essentieel is : hoe een beeld maken van de andere. ” (9) “ De grote vraag van de documentaire vandaag is hoe de kijk op de wereld vertalen en hoe ze te delen. Wie blik zegt zegt vraag en wie vraag zegt, zegt gemeenschappelijk maken. En dat is een echt politieke vraag die je hier stelt, waar een echte malaise heerst, want de ruimte om dingen te zeggen versmalt. Documentaire is opening, en we zijn erfgenamen van wat reeds plaatsvond en wat het verleden ons leert. Ik ben verbaasd te zien hoe een komende generatie zich conformeert aan bepaalde ideeën, alsof het verleden nooit bestond. ” (7) “ In de dossiers die we ontvangen merken we een echte lacune. Beelden maken is zo gemakkelijk vandaag en iedereen waagt er zich aan. Tussen de amateurfilm en geformatteerde televisiedocumentaire is het moeilijk een territorium te verdedigen : dat van de documentaire zoals die vroeger bestond. Er is een onvermogen te zien wat cinema was, in wat er vroeger was. ” (9)
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ABC van de opvoeding Zwemmen moet je leren. Fietsen moet je leren. En films kijken, moet je dat leren ? “ Beeldopvoeding is essentieel ! ” (3) “ Als we dat laten vallen, is alles naar de vaantjes ” (7) In onze maatschappij waar het beeld alomtegenwoordig is, lijkt het onontbeerlijk om aan beeldopvoeding te doen. Door te leren een beeld te lezen, zijn correlatie met andere beelden te begrijpen en door de spraakkunst te onderscheiden, leren we de taal, de echte taal, zijn betekenis. We ontdekken superficiële aspecten en verborgen verleiders. We leren kritisch kijken naar wat ons omringt, en we kunnen bovenal vrij onze keuze maken in deze visuele massa die ons dagelijks overspoelt : de kijker leert hoe zijn blik te focussen en de cineast leert hoe de realiteit te vertalen. Het risico en de verleiding is groot om beelden te consumeren zoals je een hamburger verslindt, zonder onderscheid. “ Voor velen is het zoeken naar het nieuwe verdwenen. Ze zijn gevormd om te consumeren wat ze kennen. In die mate dat iets wat “ anders ” is verdacht lijkt. ” (4) Een leerproces over beelden wordt bijna een verplichting om tegen deze uniformisering in te gaan. Want als we het hebben over formele-inhoudelijke uniformisering dan is dit enkel mogelijk dankzij (?) de uniformisering van de kijker. Geconfronteerd met een eindeloze stroom van steeds dezelfde beelden gebed in gelijkaardige inhouden, kunnen de kijkers het wel eens moeilijk hebben met het aanscherpen van hun objectiviteit. Het is dus belangrijk dat er middelen aangereikt worden om deze vervlakking te vermijden. Maar de middelen die ingezet worden, zijn die afdoend ? Volstaan ze ? En is het niet al te laat ? “ Vandaag denken we nog aan beeldopvoeding als aan ontcijferen van televisie, oppassen voor publiciteit. Deze schoolmodules maken deel uit van het verleden van beeldopvoeding. ” (9) “ Het is belangrijk dat het vroeg start bij kinderen en voor het moment zie ik dat er niets gebeurt. Terwijl zij de toekomstige generatie kijkers zijn. ” (3) “ In de opleiding voor onderwijzers is beeldopvoeding ingedeeld in subgroepen, overspoeld door modules die meer “ actueel ” zijn. ” (9) “ Hoe wil je dat onderwijzers iets leren aan kinderen dat ze zelf niet kennen ? ” (4) “ We moeten realistisch zijn. Het is steeds minder evident om aan kinderen een film van anderhalf uur te tonen. Want wij zijn in een tijdperk van zappen, waar we snel van het ene naar het andere gaan, zonder concentratie. De vraag van onderwijzers is meer gericht naar films van een twintigtal minuten. En dat verontrust me want 20 jaar geleden was het absoluut mogelijk om aan studenten een film van twee uur te tonen met een debat van een uur erna. ” (4) Vertrekkend vanuit deze vaststellingen, zien nieuwe initiatieven het licht, maar een mirakelrecept bestaat niet. “ Ik heb deelgenomen aan het bedenken van een pedagogische methodiek bestemd voor kinderen. Verschillende personen namen deel : regisseur, opvoeder, pedagoog, multi-media specialist. De idee was om er een praktisch ding van te maken. Om de kinderen rechtstreeks deel te laten nemen door ze te impliceren in de verschillende facetten van filmmaken en door te veel theorie te vermijden. Wij stelden ook een eenvoudige en basic introductie in beeldtaal voor, wat toestaat aan onderwijzers die deze opleiding niet hebben, dit middel te gebruiken. ” (12)
15% Wie ? Wat ? Waarom ? Hoe ? Enkele decennia geleden oefenden onafhankelijke producenten druk uit op de Franse Gemeenschap om televisiezenders deel te laten nemen aan de produktie van documentaires à rato van 15% van het totaalbudget. Deze maatregel moest documentaires ten goede komen opdat ze een plaatsje zouden krijgen in de uitzendschema’s. Ondertussen veranderde het televisielandschap drastisch. De kijkcijferwedloop en de bikkelharde concurrentie van privézenders, dwingen de openbare zenders in te binden. Hun uitzendschema’s zijn aan grote wijzigingen onderhevig : meer glamour en glitter en minder cultuur. Wat niet betekent dat er geen cultuur meer in het aanbod zit, wel dat deze uitzendingen een formattering-ingreep ondergaan om te voldoen aan de veronderstelde verwachtingen van de kijkers. “ Televisie moet uitzendschema’s vastleggen. En daar ligt nu net de moeilijkheid met documentaires, want elke film is uniek, een prototype, en tegelijkertijd moeten er gewoontes gecreëerd worden. Je ziet onmiddellijk dat wanneer een film in een bepaald “ vakje ” vertoond wordt, hij een vast publiek trekt, de trouwe kijkers. Het is belangrijk dat dit label bestaat en men erover praat. ” (6) Gedaan dus met de vrijheid van experiment waar de produktie van documentaires van genoot op de openbare zender !
“ De 15%-regel was destijds de hefboom die toestond om met bekwame mensen in de openbare zender en met een echt beleid, een samenwerking te creëren tussen creatie en televisie ” (9) En inderdaad, de openbare zender coproduceerde de ene documentaire na de andere. Maar deze steun keerde zich tegen projecten die niet pasten in de vereiste karakteristieken van het lastenboek van de zender. Atypische projecten komen niet in aanmerking voor de 15%-maatregel, genieten bijgevolg geen steun van de Franse gemeenschap en vallen zodoende uit de boot. “ Het is evident dat het gebeurt dat we goede projecten weigeren, ofwel omdat ze helemaal niet overeenkomen met wat we zoeken, ofwel omdat ze in concurrentie treden met gelijkaardige projecten ” (6) Ondanks hun kwaliteit en belang worden deze projecten opzij geschoven en hebben geen toegang tot die begeerde 15%. De sector eist nu de opheffing van die maatregel. Op dit moment is dit al zo voor steunaanvragen voor eerste films. Wanneer u deze tekst leest, zou deze maatregel volledig afgeschaft moeten zijn. Wat als deze maatregel opgeheven wordt ?
In de keuken Dit uitgebreide menu moet de Belgische filmproduktie vergemakkelijken… Maar natuurlijk… “ In België heeft een producer weinig mogelijkheden om geld te vinden bij openbare zenders. Bij gebrek daaraan is België een land waar het een gewoonte is om coprodukties te doen. ” (1). “ De onthaal- en produktie-ateliers moeten zich niet plooien naar de koopmansgeest. Zij moeten een plek van vrijheid zijn, en het is aan ons om daarover te waken. ” (7) “ Tussen auteurs en onafhankelijke producenten en televisies is er een scheiding die zich de laatste jaren bevestigd heeft. Terwijl er een verplichting is om een ondersteuning te hebben van een zender om van overheidswege steun te krijgen (de 15%-regel – nvdr). Dat is nogal problematisch ” (1)
Een eerste vaststelling is die van algemene opluchting.
Andere tijden, andere recepten… Diner bij kaarslicht.
“ Deze afschaffing bevrijdt ons van een bedreiging en een verplichting die al opduikt in het begin van het schrijf- en een creatieproces, maar natuurlijk kunnen erna nog verrassingen uit de bus vallen. ” (7)
“ We kunnen stellen dat auteurscinema, films in de eerste persoon enkelvoud, snelheid verliest door geldgebrek. Omdat, zonder er doekjes rond te winden, de RTBF er niet veel plaats voor maakt, in tegenstelling tot het verleden. ” (6).
“ Deze regel heeft enkel projecten in moeilijkheden gebracht. ” (5)
“ Er is één ding dat ik niet begrijp, dat is die blinde koers van televisies, de ene tegen de andere, openbare zenders lopen de privé achterna. ” (11).
“ Wat voor ons belangrijk is, is dat we in ons leescomité niet meer moeten beslissen over een project dat al steun heeft van de Franse Gemeenschap, en dat, indien wij als zender het weigeren, we het in gevaar brengen. In ons comité verkiezen we bevrijd te zijn van de beslissing over leven of dood van een film. Voor ons zal het dus comfortabeler zijn. ” (6)
Dus : rooskleurige toekomst of nieuwe problemen ? “ Het is een conflict tussen twee generaties van producenten. Zullen we met de opheffing van de maatregel jonge producenten steunen of zullen we integendeel het beroep van producent moeilijk toegankelijk maken ? Want om een 15% televisieparticipatie te bekomen, moet je professioneel werk kunnen afleveren. Terwijl atypische film eerder in een semi-professionele, ambachtelijke situatie zit. ” (3) “ Ik vrees dat we met deze opheffing een verarming bewerkstelligen. In die zin dat een hele reeks mensen films gaan maken zonder hulp van televisiezenders, en anderen weer wel, zodat zij die niet passen in de krijtlijnen van de Franse Gemeenschap misschien helemaal geen steun meer krijgen. ” (6)
“ Door de privé-zenders na te lopen, hebben openbare zenders hun kaap bereikt, ze gaan hun kijkcijfers niet verhogen. En als ze hun initiële missie niet meer vervullen, wie dan wel ? ” (9) “ Wij zijn in een kapitalistische logica, die van vraag en aanbod. En sommigen zeggen, voilà, da’s wat het publiek vraagt. En dat zonder zich af te vragen of we de vraag wel goed beoordeelden. ” (13) “ De televisieverantwoordelijken zijn ongelofelijk. Zij weten wat het publiek wil en jij, als producent en regisseur, jij weet er niets van ” (11). “ Wij weigeren niets a priori. Maar we moeten dit alles wel in de juiste dosis integreren ”. (6). “ Er is een algemene vaststelling, eigen aan alle televisies : alles wat met cultuur te maken heeft wordt naar het achterplan verwezen. Dit heeft een rechtstreeks verband met de zoektocht naar meer kijkers ”. (6)
Een dessert ?
“ Ik vind het een goede zaak, maar uiteindelijk verandert er niet veel. Film staat of valt niet met zulke kleinigheden ! ” (5)
“ Ons tijdperk maakt bepaalde dingen zeer kwetsbaar. De plaats van de blik is bedreigd in onze maatschappij want ze wil onze kijk op de dingen uniformiseren. En deze cinema, deze blik heeft tendens om geïsoleerd te zijn. ” (7).
Wat staat er op het produktie-menu ?
Creatie en industrie : het deeg en de taartrol ?
Waar kan je in België ondersteuning vinden om je film te maken ? Je kan je tot de overheid wenden : in Vlaanderen is dat het VAF (Vlaamse Audiovisueel Fonds) dat instaat voor o.a. financiële ondersteuning voor de produktie van langspeelfilms, experimentele films en documentaires. In het Franse landsgedeelte heb je naast de selectiecommissie van de Franse Gemeenschap ook de onthaalateliers (WIP, CBA) en de produktieateliers (CVB, Graphoui, AJC… ).
Wat frisse lucht ter bevordering van de spijsvertering. Televisie is niet de enige factor van invloed op documentaires. Maar de algehele uniformisering heeft natuurlijk wel een zekere impact op de creatie en het creatieve proces.
“ Positief is dat we waarschijnlijk het enige land in Europa zijn dat toestaat dat verenigingen ook producent zijn. Dit staat toe aan een vzw om films te produceren. Met de onthaalateliers waar de hoofdopdracht is om jonge auteurs en nieuwe tendensen te ondersteunen (…) Dit verbreedt het produktiespectrum. ” (3) Dit systeem van “ ateliers ” is goed verspreid in Franstalig België. In Vlaanderen waar je indien je geld zoekt van overheidswege om je film te maken sowieso bij het VAF terechtkomt, zou er ook nagedacht worden om dergelijke ondersteuning (die ook logistieke ondersteuning biedt) op te zetten. “ Historisch gezien is er nooit een traditie van produktie-ateliers geweest aan Vlaamse kant. Zelfs de steun aan creatiedocumentaire is iets heel recent… Er is een mythe die zegt dat er aan Vlaamse kant meer geld is dan aan Franstalige;het is niet waar en waar tegelijkertijd. Aan Franstalige kant is er een herverdeling van het geld via de ateliers, iets wat aan Vlaamse kant niet bestaat. Daar heb je het VAF en da’s alles ! En dus inderdaad, als je project aanvaard wordt, heb je waarschijnlijk een comfortabel budget;maar indien het geweigerd wordt kan je nergens meer terecht ! ” (13) “ In Vlaanderen is er niet echt een traditie van cinema of auteursdocumentaire. Dit is te wijten aan politieke keuzes want in tegenstelling tot theater bijvoorbeeld hangt film af van een onafhankelijk fonds dat verbonden is met de industrie. ” (15)
“ Ik ontmoet geen passie meer in dit werk. Het werk is gedemocratiseerd maar ook verzwakt. Ik zie intelligente mensen die een project kunnen schrijven. Maar erna, een film maken, da’s wat anders. Ik voel dat als een verzwakking van deze wil. ” (5). “ Op een dag ontving ik verschillende projecten van een producent. Alle onderwerpen waren verschillend maar ik had de indruk dat alles op elkaar leek. Hierop antwoordde de producent, natuurlijk, wij hebben iemand die de projecten herschrijft in functie van de nodige criteria om geld te bekomen. ” (5). “ De producenten, tegenwoordig, ik zie die als een soort van marketingschool. Ik heb mensen voor me die een interpretatie hebben die vastgelegd is in functie van de kijkers en die een helder idee hebben van wat een markt is, vertoningscriteria… ” (5) “ Vroeger konden we het ons permitteren om tijd te nemen om een film te maken. Nu antwoordt men dat zes maanden ruim volstaan om het af te ronden. ” (5). “ Er is misschien een zekere terugkeer naar behoudsgezindheid. Met de idee dat avant-garde niet meer bestaat, dat je niet buiten de lijnen moet kleuren. ” (12) En dit komt ook terug in wat verondersteld wordt de toekomstige generatie te zijn… “ Ik zie het wanneer ik les geef. Ik stel vast dat de meerderheid van de studenten als enige bron van audiovisuele vorming de televisie hebben. ” (11) “ De scholen zijn ook verantwoordelijk in de zin dat ze een wijze van een bepaalde cinema opleggen. ” (5)
15 “ Als lesgever word ik geconfronteerd met een andere generatie van toekomstige cineasten. En ik zie hoe geconformeerd ze zijn, gevangenen van deze bedreiging die de bewegingsvrijheid berooft. Ik ben verbaasd van het uniforme gedachtengoed van deze generatie die zich geen rekenschap geeft van de ruimte die vernauwt. ” (7).
De keuze van de wijnkenner Laat uw smaakpapillen niet vergallen door deze bittere vaststellingen ! Er zijn hoopvolle tekenen aan de wand ! “ Voor mij is het belangrijkste ding de keuze van de economie van de film. In deze geprecariseerde context is de keuze moeilijk maar onmisbaar. Je moet weten welke middelen nodig zijn om een film te maken. Het is de eerste vraag die je je moet stellen. ” (3) “ Het is nu veel makkelijker om te filmen, om te monteren bij je thuis. ” (11) “ Techniek is geen probleem meer. Ze is toegankelijk. Maar dat neemt niet weg dat een film maken, een echt werk vraagt, wat hetzelfde blijft als vroeger. ” (1). “ Het is geweldig en afschuwelijk tegelijkertijd ! Je koopt voor een redelijke prijs een camera en een computer. Dat is geweldig, je kan een film maken, maar je bent wel alleen. ” (11). “ Een film met een klein budget, dat is als een plant die zal moeten leven met weinig water. De auteur moet bewust zijn dat hij moet toekomen met weinig water. ” (3) “ Ik denk dat met de vermeerdering van het aantal produkties, er veel zijn die uit het systeem van autoproduktie komen. In deze economie ben je vrijer om te doen wat je wilt zonder dat je om overheidssteun moet vragen. Maar niet alle films kunnen zo gemaakt worden;er zijn beperkingen. ” (2) (1). Cyril Bibas - producent / CVB
Wat de kelners ervan vvinden…
(2). Karim Cham - producent / Limited Adventure (3). Xavier Christiaens - filmmaker
Bij wijzer van conclusie laten we het woord aan de voorste linie. Want zonder hen komt er niets op tafel !
(4). Joseph Coché – niet-commerciële verdeler / Libération Films
“ Ik ben in rouw ! Sommige van mijn atypische werken vinden geen zichtbaarheid. Maar ik huil er niet om. Ik rouw ook om mijn studenten. Ik heb de indruk dat ik hen praat over dingen die niet meer bestaan, zelfs als het geweldig was. De rouw, dat is de breuk tussen liefde en realiteit ” (15).
(5). Daniel Devalck - producent, filmmaker / Cobra Films
“ Ik ben geen pessimist. Ik pas me aan de situatie aan. En als je echt zin hebt om te doen, dan kom je er want je kan ook op een echte solidariteit rekenen. ” (14)
(8). Maarten Loix - producent / Limited Adventure
“ Wij concentreren ons op artistieke projecten, niet op bestelfilms of industriële films. Wat ons interesseert is de ontmoeting met de auteur, te werken in klein comité met mensen die we graag zien. En het is duidelijk dat onze werkwijze zich niet inschrijft in een commerciële lijn. Maar dat is onze keuze, te doen wat we graag doen zelfs al zijn we maar met twee om alles te doen. ” (2/8).
(6). Wilbur Leguebe – verantwoordelijke coprodukties / RTBF (7). Bénédicte Liénard – filmmaker
(9). Javier Packer-Comyn - coördinator / Le P’tit Ciné (10). Paul Peyskens - producent / VRT (11). Marc-Antoine Roudil - filmmaker, producent, verdeler / Alter Ego (12). Sarah Vanagt - filmmaker (13). Laurent Van Lancker - filmmaker (14). Bram Van Paesschen - filmmaker
“ Ik zie vele regisseurs die weigeren om machteloos te zijn, die aanvaarden en het feit solitair te zijn overstijgen. ” (3)
(15). Jan Vromman – filmmaker
“ Om vol te houden, moet je geen documentaire maken. Wanneer je er maakt, ben je niets, je bent niet zichtbaar. ” (15) “ De kwestie van de blik is moeilijk. Hoe hiermee groeien buiten een carrièristenlogica ? Het is een manier om je leven te leven en een zekere eenzaamheid te aanvaarden. ” (7) “ Ik zou niet zeggen dat ik een zwartkijker ben. Ik vind dat er mensen zijn die interessante dingen doen op individuele manier dankzij de technologische toegankelijkheid. ” (5). “ Ik zie me als een klein filmsoldaatje dat vecht en films maakt. ” (14)
Een conclusie… Raar maar waar : documentaire is populair én problematisch tegelijkertijd. Zeker op vlak van vertoning. De drempel van filmzalen is hoog, deze van televisie uitermate problematisch, zeker als je compromissen weigert. Het aantal festivals daarentegen schiet als paddestoelen uit de grond, maar dan hebben we het enkel over eenmalige vertoningen voor een select publiek, een incrowd. Vele gesprekspartners hadden het ook over het gebrek aan steun om hun werken en dat van anderen te vertonen en te verdelen over de grenzen heen, de gemeenschapsgrenzen welteverstaan ! Of het nu gaat om een Franstalige documentairemaker die graag zijn film wil verspreiden in Vlaanderen, of omgekeerd, is de impasse dezelfde : er is geen directe ondersteuning om een film te laten ondertitelen in de andere landstaal. Onnodig te zeggen dat dit leidt tot een absurde miskenning van cinema zoals die net naast (en zelfs voor ! ) de deur wordt gemaakt. “ In België is er zo’n rijkdom die een armoede aan ‘t worden is ” Aan u het oordeel.
KATIA & LAURENT
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Bikino !
Bikini Beach Party Cinema
28.07 > 20:00
Vamos a la playa… 18.08 > 20:00 belga !
20:00 > Pacific Vibrations
20:00 > Le crayon entre les dents : Reiser
Jean-Pierre Berckmans, B, 1976, vo fr ov, 48’
22:00 > SUPER COSMOS (fr) / Live Soundtrack on Nudist Cinema Classics
courts-métrages / kortfilms
John Severson, USA, 1969, 16 mm, 85’
24:00 > How To Stuff A Wild Bikini
William Asher, USA, 1965, 16 mm, vo/ov, 90’
Bon Profit
Jean-Pierre Muhlstein, B, 2004, video, 5’
5 / 3,5 €
gratis si vous venez en maillot gratis indien je in badpak komt
02:00 > Surf Beach Party
5 / 3,5 €
22:00 > Black Light Orchestra / Live soundtrack on Monsieur Fantomas
Ernst Moerman, B, 1937, 20’
24:00 > vervolg in de foyer met/ suite au foyer avec
gurkentopf
gratis si vous venez en maillot gratis indien je in badpak komt
Début des sixties, la vague hawaïenne déferle sur les USA qui viennent d’adopter leur 50e État. Les bad boys du rock deviennent ringards, les colliers de fleurs recouvrent les blousons de cuir, le surf et le hula hoop remplacent les courses de bagnoles et le ukulele devient branché ! C’est la naissance de la surf music et d’un genre de film éphémère qui sera vite noyé dans le LSD : le Bikini Beach Party Movie, avec ses variantes allant de la comédie musicale au film d’horreur Z. Le film surf culte “ Pacific Vibrations ” de John Severson (pape de la surf culture) est une sorte de documentaire déjà psychédélique sur la quête de la vague parfaite. La philosophie surf rencontre les expérimentations musicales des inventeurs du Moog et les musiques de Ry Cooder, Cream, Crosby, Stills and Nash ! On enchaîne avec le groupe poitevin SUPERCOSMOS : Antoine, le frère de David Souchaud, aux mélodies synthétiques multi-fingers, Geoffroy, hot bass-liner chevelu, et Antoine, disco-brute à la batterie tout en bras, vous invitent à cosmo-danser le space twist nudiste sur une plage lunaire projetée en Bikini-scope multicolore !. À minuit, retour aux bikinis avec le classique kitch du genre : “ How To Stuff A Wild Bikini ” de William Asher, qui réalisa la plupart des Bikini films. Une histoire d’amour et de fidélité en chanson, avec des scènes de déhanchement mémorables, des guitares électriques au milieu de la plage et bien sûr des bikinis. Sauf pour Annette Funicello, qui reste habillée pour honorer son contrat avec Disney lui interdisant de montrer son nombril ! À ses côtés, la star du genre Frankie Avalon, Mickey Rooney, Brian Wilson et Buster Keaton dans un de ses derniers rôles. Et en avant-programme, “ Bon Profit ”, une ode au monokini, qui n’attire pas que les regards… Bon appétit ! D’autant que des glaces artisanales seront servies aux entractes pour vous rafraîchir : elles vous rappelleront des souvenirs d’enfance sur la plage, ou vous emmèneront sur les rivages inconnus de saveurs nouvelles.
Ah ! Les vacances inoubliables à la côte belge ! Le frigo box bien rempli, on se dépêche en famille, direction: la plage, et puis hop ! on construit un château de sable, on fabrique des fleurs en papier crépon à échanger contre des coquillages, on lèche les glaces qui coulent et tombent dans le sable, on flâne sur la digue à pied ou en cuistax, on joue, faute de mieux, au minigolf, et une fois rentré (et sorti des embouteillages), on soigne nos peaux douloureuses, “ rôties ” à point… Retour nostalgique donc vers les meilleurs années de vos vies -n’est ce pas ?- par un petit tour filmique sur notre littoral chéri… À partir de 20h : “ L’air du large ”, du regretté Patrick Van Antwerpen (B, 1979, 35 mm, 13’) une rencontre insolite sur la plage d’Ostende ; “ C’est encore loin la mer ? ” d’André François (B, 1990, vo fr ov, 12’45”), de la fameuse série Strip-Tease, sur un voyage organisé vers Blankenberg qui tourne plutôt à la farce ; “ L’inutilité de voyager ” de la Finlandaise Marja Pensala (Fin-B, 1983, 16mm, vo fr ov, 8’), peut-être la copie unique d’un portrait désopilant de nos plages en période estivale ; et puis, retour à Blankenberghe en compagnie du dessinateur français Jean-Marc Reiser et sa verve corrosive via ce précieux reportage de la télévision belge francophone (RTBF) “ Le crayon entre les dents : Reiser ”. Rien n’y est épargné : la plage, le camping, les promenades sur la digue… le tout croqué sur le vif par un crayon anar fort impertinent et une caméra complice mais jamais cynique. Puis, dès 22h, musique ! avec Black Light Orchestra, groupe bruxellois proche d’un esprit cabaret loufoque qui accompagnera “ Monsieur Fantomas ” d’Ernst Moerman, une fantaisie poéticosurréaliste autour du célèbre criminel, ici tourné sur la côte belge de 1937, aux accents expérimentaux et avec, pour l’anecdote, Jean Smet, le père de Jean Philippe… euh, de Johnny Halliday. Suivra une fête qui se poursuivra à minuit dans le foyer, avec le duo Gurkentopf.
Begin jaren zestig werden de Verenigde Staten overspoeld door een Hawaiiaanse golf. Het eiland in de Stille Oceaan had zich immers net aangesloten als 50ste staat. De hula hoop, de ukelele, het kleurrijke Aloha hemd en de fleurige bloemenkrans rond de nek waren “ in ”. In het kielzog volgde een sport die weldra de hele Zuidkust van Californië inpalmde : surf. Een gloednieuwe jongerencultuur ontsprong met een eigen slang (“ ho-daddy ”, “ dude ”) en muziek (The Beach Boys). Hollywood, voortdurend op zoek naar manieren om de lucratieve tienermarkt aan te boren, speelde natuurlijk in op deze trend en bedacht de zogenaamde Beach Party film, waar zongebruinde bikini babes, surf boys en beach bums door het zand dollen in wat wel een eindeloze zomer leek. Als opwarmer van deze zwoele zomeravond presenteren we één van Surf Film’s cult klassiekers, Pacific Vibrations, geregisseerd door surf goeroe John Severson (oprichter van Surfer Magazine), een soort van psychedelische documentaire over de zoektocht naar de perfecte golf. De muzikale experimenten van Moog uitvinders Paul Beaver et Bernie Krause onderstrepen de Surf filosofie en de soundtrack wordt vervolledigd met muziek van Ry Cooder, Cream, Crosby, Stills and Nash ! Begin 1960 zag ook de opkomst van de nudistenfilm… De groep Super Cosmos voorziet een compilatie van enkele buitengewone nudie-cuties van een passende soundtrack ! De synthesizermelodietjes van de multi-vingerige Antoine, de hot bass-liners van Geoffroy en de discobeats van Antoine zetten aan tot een kosmos nudistentwist.op een psychedelisch kleurrijk strand ! Om middernacht maken we plaats voor de ultieme Beach Party Kitsch : How To Stuff A Wild Bikini, een klassieker in het genre van William Asher. Deze ode aan het tweedelige badpak en hun voluptueuze inhoud heeft alles : een onwaarschijnlijke plot, wilde strandfuiven, slapstick humor, een kleffe romance, cameo’s van Hollywoodsterren op hun retour (Mickey Rooney, Buster Keaton) en opgewekte tienerklanken. Bovendien worden in de pauze artisanale ijsjes aangeboden die de smaak hebben van zoete jeugdherinneringen op het strand. Of wou u liever proeven van een psychedelisch peperroomijs ?
Ah ! Die goede oude tijd, die onvergetelijke vakantie aan de zee, de Belgische kust ! Eénmaal de frigobox volgestouwd, haast de voltallige familie zich richting strand en hop ! een resem activiteiten ontplooit zich… Eens dat windscherm opgezet bouwen we vlug vlug voor de vloed een zandkasteel, plooien we bloempjes van crêpepapier die we vervolgens tegen schelpjes inwisselen, likken we smeltende frisco’s die in ‘t zand vallen, flaneren we op de dijk te voet of per “ cuistax ”, spelen we bij gebrek aan beter wat minigolf, en eenmaal weer thuis (en uit de file) verzorgen we we onze goed doorbakken en ietwat pijnlijke huid… Pffft, als al deze activiteiten niet traditioneel het label “ vakantie ” kregen, zouden we nauwelijks het verschil zijn met ons gewone leventje ! Een nostalgische terugblik dus naar de mooiste dagen van ons leven, nietwaar, aan onze geliefde kust ! Vanaf 20u, een reeks kortfilms met o.a. “ L’Air du large ” van de betreurde Patrick Van Antwerpen (B, 1979, 35mm, 13’), een soort van postkaart van een ontmoeting op het strand van Oostende met een bizar object ; “ C’est encore loin la mer ? ” van André François (B, 1990, fr ov, 12’) uit de fameuze reeks “ Strip-Tease ” ; “ De nutteloosheid van reizen ” van de Finse Marja Pensala (Fin-B, 1983, 16mm, fr ov, 8’), een satirisch portret van de toerist… Dan terug richting Blankenberge, met de tekenaar Reiser en zijn bijtende humor die niets of niemand spaart : het strand, de camping, de wandelingen op de dijk… En dan muziek ! Black Light Orchestra, een Brusselse groep die geschifte cabaret brengt begeleidt “ Monsieur Fantomas ”, de enige film van Ernst Moerman, een poëtisch-surrealistische film over een beroemde crimineel, gedraaid aan de Belgische kust in 1937, met in de hoofdrol Jean Smet, de vader van Jean-Phillippe oftwel Johnny Halliday ! Waarna je je benen kan uitslaan in de foyer, waar 2 muzikanten van Black Light Orchestra ten dans spelen !
www.myspace.com/supercosmos
www.blacklightorchestra.org